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Eaux troubles {PV Mercy
Alice C. Donovan


Eaux troubles
///
J'aurais probablement davantage réfléchi à un semblant de déguisement si j'avais eu plus du temps. Mais en fait, quand j'ai appelé pour réserver un créneau afin de livrer mon premier match, je crois que j'ai plus ou moins oublié que du coup, cela voulait dire que j'allais devoir m'occuper du minimum vital rapidement. Et que je ne pouvais plus reculer, pour le coup, sauf en reculant piteusement comme une lâche, ce qui était fondamentalement hors de question.
En même temps, je me sens étrange, depuis quelques jours, et je me rappelle très bien que c'était encore plus intense lorsque j'ai passé mon coup de fil. J'avais l'impression que ce match serait une formalité, une chose à faire et à oublier rapidement, alors, arrogamment, je m'étais dit qu'il fallait s'en débarrasser au plus vite. Je ne dirais pas que je n'étais pas moi-même, car la détermination qui m'anime est bien semblable, mais clairement, je n'étais pas aussi incertaine quant au déroulement des événements à venir.

La même sensation vrombit dans mon ventre, mais je la sens plus agitée, plus instable, moins froide et ferme qu'il y a quelques jours. Peu à peu, la brûlure pénible dans ma poitrine s'est transformée en une sensation étrange de froideur distante, grommelant toujours au creux dans mes tripes, ne me permettant ni de l'oublier, ni d'y penser sérieusement. Je ne sais pas ce qui se passe, mais depuis que j'ai décidé que j'allais commencer à récolter mes badges, je me sens étrange. Comme si quelque chose clochait, mais... Mais non, rien ne cloche, n'est-ce pas ? J'ai décidé de me reprendre en main, c'est tout. Il faut bien ça pour que ça aille mieux. Ce serait quoi, la solution inverse ? Continuer à avoir mal ? Merci bien, j'ai assez soupé comme ça. Oui, c'est légitime, comme réaction. Ce doit être légitime.
J'admets toutefois que j'ai été plus inspirée, quand je vois ce que j'ai choisi pour dissimuler mon visage. Car oui, je n'ai pas très envie que ça se sache, que c'est moi. Pas tout de suite. Fin, j'ai prévu un truc bien dramatique, où je l'enlèverais à la fin pour faire une vidéo surprise sur ma chaine, un truc du genre. Mais en attendant, il faut bien que je préserve le secret, donc... Donc j'ai dû me mettre quelque chose sur le visage, et j'ai pris ce que j'ai pu, soit un sac plastique avec des trous pour les yeux  et qui se trouve simplement au dessus de ma tête. Et oui, hein, je fais avec ce que je veux. On s'en fiche, c'est temporaire ! Personne ne ricanera, de toute façon, quand ça sera fini. Moi, ça ne m'intéresse pas de cacher mon identité ; j'comprends pas trop pourquoi Papa fait un foin à chaque fois qu'il voit quelqu'un de mon âge qui ne se cache pas durant un match. C'est pas ses oignons, non ? C'est les oignons de personne, ce que je fais. C'est bien pour ça que je vais faire ce que je veux. Et que... Que je n'ai AUCUNE raison d'hésiter à faire quoi que ce soit.

Je ne suis pourtant pas très à l'aise alors que j'avance progressivement dans l'arène. J'ai choisi Dimaras pour des raisons purement pragmatiques, hein. C'est simplement que j'ai un avantage de type plutôt axé contre l'eau pour le moment, e-et... Et c'est tout. Je n'irais pas là pour des raisons aussi puériles que parce que je connais vaguement la championne grâce à papa et que je l'admirais énormément quand j'étais enfant. Carrément pas. Ce serait vraiment, vraiment, trop un comportement de gros bébé. Et même qu'une fois arrivé à ma place, je garde la tête bien haute, absolument pas impressionnée ou même intimidée.

« B'jour, m'dame Mercy. »

Et bizarrement, j'm'en veux un peu d'être aussi austère. Bon, sûr que là, elle me reconnaitra pas. J'veux dire, j'suis venue avec le nom de Medjed, c'est tout, et je cache mon visage : y'a peu de raisons que ça arrive. Mais ça me fait du bien aussi, je crois, d'agir ainsi.
Dans un mouvement un peu paresseux, je libère sans grande pression le Lanturn qui se trouvait dans la ball que j'ai amené. Sidon ne se gêne pas pour exécuter une petite figure avant de plonger dans l'eau, puis de remonter avec tout autant de panache. Le poisson rose aime être vu et apprécié ; je ne sais pas si je partage son enthousiasme, en soi, mais bon, tant qu'il se bat bien... Cela m'indiffère pas mal qu'il s'occupe plus du public que moi.

Mon choix n'est pas très compliqué, mais en réalité, c'est l'un des seuls qui a accepté de m'accompagner aujourd'hui : mes autres pokémon, étrangement, n'étaient pas bien chauds. Et cela me fait un peu de peine, je dois l'avouer. Ils comprendront, mais... Mais c'est pénible. Je ne sais pas vraiment pourquoi ils en font des tonnes, à vrai dire, que je parte en arène maintenant : il faudra bien le faire, de toute façon !
Je dois toutefois penser à autre chose. Crispée et tendue, je réussis pourtant à prononcer quelques mots de politesse, que je dois toutefois forcer hors de moi.

« Bon match. »

Je n'en dis pas plus, même si ça me démange. Je crois que ce serait un peu excessif, de toute façon, non ? J'aime pas en faire des tonnes, je crois, parce que ça me fait penser à Papa, et que, bah, j'suis pas Papa. Je n'ai pas besoin de surjouer et de faire comme si j'étais de bonne humeur alors que, clairement, je n'ai pas vraiment envie d'être là ; et ce doit sûrement être ça à chaque match, car je ne m'explique pas mon manque d'enthousiasme autrement. Pour me rassurer, je me dis que je n'aurais sûrement pas de soucis à terminer ça vite, non... ? Alors pourquoi est-ce que je doute, là ?
1 NOVEMBRE (APREM)VS Mercedes L. Blanchett
Alice C. Donovan
Alice C. Donovan
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Mer 7 Nov 2018 - 0:36
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Mercedes L. Blanchett



EAUX TROUBLESfeat. Alice Donovan


Il n’existe qu’un lieu où je me sens pleinement en contrôle. Paradoxal qu’il doive être un des seuls où je n’en aurai jamais véritablement. Avant même le match, j’ai rejoint la piscine de Dimaras pour m’y préparer en toute quiétude, goûtant avec soulagement au silence caverneux qui règne ici. J’ai erré plusieurs minutes près des eaux, le regard rivé vers les hauts plafonds, à savourer quelques rares instants de calme. J’ai parfois le sentiment, ces derniers temps, d’être sollicitée au-delà de mes capacités, mais il y a toujours cet appel pour me réchauffer, celui du combat. Malgré toutes mes indisponibilités et les lourdeurs qui rendent parfois ma progression difficile, j’ai au moins cette échappatoire. Cet endroit qui m’appartient. Les minutes qui ont suivi, j’en ai profité pour organiser un petit entraînement, laissant le loisir à Marvel et DC de mieux connaître leurs compagnons dans un lieu sécuritaire. S’ils ne se mêlent pas beaucoup aux autres, j’ai pu constater qu’au moins, ils sont de plus en plus à l’aise au sein de notre équipe. Ce n’était peut-être pas une mauvaise décision de les accueillir au final. Mes alliés pour leur part leur ont laissé tout l’espace pour se sentir bien mais certains sont plus curieux que d’autres. Le Krabby a déclenché plus d’un conflit avec les autres, même qu’une petite rivalité s’est installée entre lui et Kinu. C’était à s’y attendre vu leurs personnalités semblables.

Puis, j’ai passé un moment à revêtir mon costume de «scène», ma redingote bleue et blanche, mes pantalons des mêmes teintes et ma ceinture aux quatre Poké Balls. J’ai pris un moment pour soigner mes cheveux, les boucler de manière à ce qu’ils retombent bien sur le côté après les avoir noués dans une queue de cheval qui se veut élégante. J’ai aussi appliqué un maquillage tout simple qui illumine mes traits et dissimule les poches sous mes yeux. Autrefois, je le faisais pour l’imagine. À présent, prendre cet instant pour moi a quelque chose de thérapeutique. J’ai le sentiment de prendre soin de moi pour une rare fois. Je sors de ma loge après l’arrivée de la foule, prête à accueillir ma challenger. Elle s’avance devant moi d’un pas très décidé, trop peut-être. Le sac sur sa tête provoque chez moi un léger rire empreint de malaise. J’ai plus l’impression qu’elle est venue braquer l’Arène plutôt que d’y mener un match. Cette idée me fait frissonner. J’ai un peu de mal avec les masques depuis une certaine époque où le blanc était à la mode. Néanmoins, je me calme rapidement. Mes alliés sont là, je suis chez moi.

La challenger prend la parole et sa voix me paraît jeune, mais c’est difficile à dire avec ce sac sur la tête. J’essaie de ne pas avoir l’air déstabilisée par son costume, sauf que le fait de ne pas pouvoir voir ses traits m’empêche un peu de connecter avec elle. Je prends une grande inspiration, me disant que bon, tant pis. Elle mérite tout de même un accueil au même titre que les autres, il me faudra simplement faire abstraction de cette distraction. En plus elle est sérieuse comme tout… Arceus, ce match va être long.

«Bonjour, Medjed et bienvenue dans mon Arène! J’espère que tu n’as pas trop peur de te mouiller, car je promets de faire des vagues cet après-midi!»

Oui, les jeux de mots font partie du spectacle, tant pis si ça vous plaît pas! Moi je me trouve très drôle. Mon adversaire dévoile son premier Pokémon, un Lanturn aux couleurs exceptionnelles. Voilà qui est intéressant. Je me penche un peu au-dessus de la piscine pour mieux le voir tandis qu’il parcourt les eaux avec enthousiasme. Trop mignon. Au vu du Pokémon, je ne peux définitivement pas opter pour Kinu, que je réserve aux challengers les plus expérimentés. Opalyn prendrait méchamment les décharges de ce Pokémon de type électrique alors… Luth fera le candidat parfait. Le Viskuse apparaît à son tour dans la piscine, heureux de retrouver un adversaire énergique en face. Il fait onduler ses tentacules pour saluer le Lanturn.

«Pareillement!»

Prudente, je décide d’attendre de voir quel sera le premier geste posé par mon étrange challenger et son Lanturn chromatique.
(c)Golden
Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
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Dim 11 Nov 2018 - 22:20
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Alice C. Donovan


Eaux troubles
///
Les matchs sérieux ne peuvent pas être plaisants : c'est la conclusion que j'ai tiré depuis quelques jours. Je veux dire, quand je me concentre, quand je me focalise sur ce que je dois faire pour le moment, je n'ai qu'une sensation sourde d'apathie dans ma poitrine pour le répondre. Je suis là pour... Je ne sais pas trop. Pour faire quelque chose, je suppose, pour arrêter de... De ne rien faire ? Oui, je venais pour ça, à la base, mais d'un coup, tout ça me semble stupide.
Une nervosité étrange me parcoure le corps sous forme de longs et pénibles frissons, remontant le long de mon échine pour aller finir par se nouer dans le creux de ma gorge, la laissant sèche et tendue. Quelque chose me secoue et me paralyse en même temps, crispant mes muscles de telle sorte à ce que je sois quasiment incapable de sortir mes mains de mes poches. Droite comme un bâton, je force mon visage à paraître le plus neutre possible, alors même qu'il est déjà caché par mon déguisement de fortune. Sans me l'avouer, je crois que j'essaie de me faire croire que tout est parfaitement normal.

La championne est à l'aise, ou du moins, c'est ce que je vois, de son côté. Elle m'a l'air si adroite et assurée que j'en suis un peu déconcertée, et agacée. Je ne considère même pas le Viskuse, le voyant comme un adversaire quelconque, oubliable. Si je m'entendais penser, sûrement que je me révulserais moi-même.
Non, mais pas besoin de surjouer, aussi, j'ai pas cinq ans !
Je ne comprends pas pourquoi je pense cela. Pourquoi mon premier réflexe est d'être agressive, vitriolique, quand j'imagine qu'elle fait cela pour se faire remarquer. Bizarrement, cette pensée me tend et je me retrouve à grogner dans ma barbe inexistante, comme si la voir s'assumer avec amusement me gênait profondément, remuant mes tripes d'une manière quasi douloureuse. Quelque chose en moi semble ne pas apprécier cette idée. Et en même temps... En même temps, je ne sais pas, je me sens bizarrement insultée, pour je ne sais quelle raison. Mais je ne devrais pas, non ? Je m'en fiche, des autres, je viens justement ici pour le montrer. J'en sais rien. Ça m'énerve. Je suis persuadée, plutôt, que c'est de l'énervement, et non un malaise qui m'étouffe de plus en plus.

« Ondes étranges, puis Coup d'Jus. »

Mon ton est plutôt sec. Sidon ne s'en préoccupe pas : tout ce qui l'intéresse, lui, c'est de faire son combat, et de se faire remarquer. Je ne lui en demande pas plus, et de toute façon, je ne pourrais pas : mes autres pokémon ne m'écoutent même pas, ces temps-ci. Je fais avec les armes que j'ai, et ils verront bien.
Le Lanturn plonge. Il donne de la vigueur à ses coups de nageoire pour parvenir rapidement à un petit mètre de profondeur, et une fois cela fait, ouvre sa bouche. L'eau se met à trembler, comme animée de spasmes internes. De petites couches d'écume se forment à la surface, soufflée vers le haut par de grandes bulles d'air. Les vibrations utilisées par mon ami auront au moins le mérite de diminuer l'attaque de ce Viskuse si jamais l'offense de Sidon touche. Car oui, je ne me suis pas vraiment renseigné sur mon adversaire. De toute façon, est-ce que j'ai besoin d'y penser ? Tout ce que j'ai vu, c'est que les gens, dans un match, ne veulent que gagner. Alors ils tapent, ils bourrinent, ils sont brusques. Le but, ce n'est pas de jouer, pas d'être créatif, hein ? C'est ça, le but. Gagner, un point c'est tout. Je devais me mentir, en pensant autre chose. Et si j'arrête de penser ça, alors j'aurais moins mal. Alors j'arrêterais d'avoir mal quand je vois que les autres veulent juste m'humilier pour se sentir mieux eux-mêmes.

La seconde attaque de Sidon sera donc une bête offensive brusque. Irréfléchie et aussi violente que possible, car c'est cela que l'on attend de moi, après tout ; pourquoi est-ce que j'agirais autrement ? Le Lanturn l'a parfaitement compris : au bout de sa lumière, une épaisse et large boule d’électricité est en train de grossir. L'air craquelle, et de brefs grognements statiques semblent se répéter de plus en plus rapidement. Je sens bien qu'il a du mal à porter son attaque ; cette concentration semble lui demander beaucoup d'investissement. Il en oublie d'ailleurs un peu le reste. Sa position varie juste un peu, mais je m'en fiche. Qui diable s'en fiche, qu'il change vaguement d'angle ?

« Allez ! »

Mon exclamation donne le signal à mon Lanturn. Le voilà qui relâche brusquement son attaque, sans plus attendre. Le poids et la puissance de cette dernière, toutefois, semble être de trop ; voilà qu'il trébuche dans ses propres mouvements, et que son offensive s'écrase à toute vitesse contre l'un des murs de l'arène.

Le son brusque me fait sursauter. Du bruit. Un bruit qui, de loin, ressemblerait presque à un autre que je ne me permets même pas de nommer dans ma tête. Un boom, presque. J'ai froid, d'un coup.

Mes épaules se rétractent, et je laisse échapper une inspiration rapide, alors que mes poumons se bloquent. Encore plus crispée, je mime l'indifférence maximale. C'est... C'était dangereux, là, je crois, non ? L'attaque n'aurait pas dû tomber là, mais c'est ce qui s'est passé, car je n'ai pas bien dirigé Sidon. Lui-même semble embêté, enfin, il a l'air de trouver ça vaguement dommage, mais il ne s'en occupe pas. Je devrais le rappeler à l'ordre, en vérité : c'est mon travail, non... ? Mais cela voudrait dire que je fais quelque chose de mal, pour le moment. Et si je fais quelque chose de mal, alors, alors... Alors peut-être que...
Non, non, ça arrive. Tout le monde le fait, alors si on me le reproche, c'est parce que je laisse les gens me le reprocher, parce que je ne dis rien et que j'attends que ça passe. Je ne compte plus faire ça. Je me garde donc d'un quelconque commentaire, gardant mon regard sur le match et la championne, jaugeant la situation et sa réaction, comme pour m'en défendre si jamais elle venait à dire un truc. Tant qu'elle ne dit rien, alors c'est que je dois avoir raison. C'est comme  ça que ça marche, non ?

Ma poitrine se lève et s'élève plus rapidement. Sans que je ne le remarque, de la sueur commence à humidifier mes mains.
1 NOVEMBRE (APREM)VS Mercedes L. Blanchett
Alice C. Donovan
Alice C. Donovan
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Mer 14 Nov 2018 - 16:09
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Mercedes L. Blanchett



EAUX TROUBLESfeat. Alice Donovan


Bon. Il ne faut pas croire tout ce que les Champions disent à la télévision, sous les feux de la rampe, avec leurs jolis sourires assurés. Ce n’est pas tous les matchs qui nous font ressentir cette passion, pas tous les challengers que nous avons envie d’aider au maximum à «atteindre leurs objectifs et repousser sans cesse leurs limites!». Ça c’est la foutaise qu’on sert pour éviter que certains ne se vexent d’être tout simplement peu mémorables dans le lot des matchs que nous avons. Il m’est arrivé à quelques reprises des moments gênants où j’ai dû expliquer à un ancien challenger que non… Je ne me souvenais pas de lui ou elle. Ce n’est pas de la mauvaise foi; certains nous marquent juste plus que d’autres. Et les autres tombent dans l’oubli du quotidien. Je crois que cette jeune fille va me marquer de par son étrange costume, mais autrement, je crois bien que j’aurais rapidement fait fi d’elle avec son attitude presque robotique et les ordres qu’elle distribue de manière détachée et sèche à son Pokémon. Le pauvre, ce n’est pas sa chose. Je fais une brève moue devant le ton utilisé, mais je me dis que je n’ai pas assez d’information pour juger. Je ne verrai peut-être pas de belle démonstration d’un lien fort entre humain et son allié aujourd’hui. Tant pis, ce n’est pas pourquoi je suis là de toute manière.

L’attaque Ondes Étranges du Lanturn fait rouler les flots et déstabiliser un peu Luth qui sent bien que ses offensives de loin seront mis à mal par tous ces remous. Malheureusement ses attaques sont habituellement de ce type. Nous pourrions faire appel à la pluie mais j’ai bien peur que cela avantagerait notre adversaire. Non, il vaut mieux se concentrer sur nos forces. Et vite, car le Lanturn prépare déjà son offensive en se chargeant d’électricité. S’il doit toucher, je ne donne pas cher de mon ami. Ce qui me surprend un peu, c’est que notre adversaire ne nous vise pas directement… peut-être que cela fait partie de sa manière de viser? La maîtrise de cette attaque semble difficile et Luth plonge déjà pour éviter le contre-coup de cette électricité… sauf que le Coup d’Jus finit sa course directement sur le bord de la piscine où le choc provoque un bruit infernal dans l’Arène. Il… a raté? Le Viskuse n’est pas facile à toucher sauf que là on y était même pas près. Je redresse la tête vers la challenger qui a sursauté. Probablement est-elle surprise de ce piètre résultat. Personnellement, je suis un peu mal à l’aise devant cet échec. Ils se reprendront bientôt, je n’en doute pas.

«Ça va?»

Je ne dis pas ça pour être condescendante, je veux juste m’assurer que tout baigne après ce mauvais pas. Je souris pour ne pas l’alerter. Ce n’est pas grave après tout. Par contre, il faut qu’elle sache aussi que ça ne nous arrêtera pas, que les matchs sont faits pour départager qui sont prêts pour la suite et qui ne le sont pas.

«Luth, Ombre Nocturne, maintenant!»

Au moins, il y a une attaque parmi notre arsenal qui n’est pas affectée par les Ondes Étranges de notre adversaire. L’eau se teinte d’encre soudain et des ténèbres émergent des mains noires prêtes à s’emparer du dauphin. Luth reparaît à sa surface pour mieux gérer leur descente sur l’ennemi, son petit visage mignon maintenant teinté de concentration.
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Dim 25 Nov 2018 - 23:08
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Alice C. Donovan


Eaux troubles
///
Mes mains suent. J'aimerais bien dire que je ne sais pas pourquoi, mais c'est entièrement faux, et un mensonge tel que j'ai presque honte d'avoir été tentée de le dire dans le simple but d'échapper. Le son repasse dans ma tête encore une fois, alors que Sidon fait de son mieux pour supporter les offensives de notre adversaire, sans mon aide. Je ne réalise pas tout de suite que j'en oublie de le commander, d'un seul coup. Le Lanturn n'est pas de ceux qui ont absolument besoin qu'on les guide tout le long, néanmoins, alors il parvient malgré tout à ne pas céder à une quelconque forme de panique. Malgré tout, il me jette des coups d'oeil anxieux, ne comprenant pas mon silence soudain. Je ne le comprends pas moi-même, ou du moins je le comprends bien trop, et j'ai du mal à croire qu'une raison aussi bête est la cause soudaine de la pression pénible dans ma poitrine. Je n'ai pas... Ce n'est pas à ce point, non ? Je ne suis plus une gamine paniquée qui sursaute et pleurniche au moindre petit bruit de rien du tout. Hors de question de l'être, en tous cas. De quoi j'aurais l'air, si c'était vraiment le cas...? L'idée fait monter des frissons le long de mon dos, réveillant au fond de ma gorge et sous mes veines le souffle froid d'une hantise que j'avais pris soin de bloquer entre les quatre murs de mon inconscient pendant un temps. Mes mains sont devenues moites en si peu de temps que je ne réalise que lorsque je les sens glisser en tentant d'enfoncer mes ongles dans ma peau pour garder un pied dans la réalité.

Elle s'efface, pourtant, lentement. Ou du moins, j'ai la sensation que c'est lent, car tout va très vite, mais c'est comme si tout mon cerveau fonctionnait actuellement au ralenti. Ma respiration s'est accélérée, et mes épaules se haussent, puis s'abaissent, de plus en plus rapidement. Je sens que des fourmillements passent de mes poumons à mes bras, puis mes mains, allant bloquer le mouvement de mes doigts sans même que je ne saisisse pourquoi je n'arrive plus à les bouger. Ce n'est qu'à ce moment, alors que j'hésitais à redresser distraitement mes lunettes sous mon « masque » d'occasion, que je me rends compte qu'elles resteront immobiles, et que je ne peux rien faire contre ça. Mon corps tout entier, seconde après seconde, s'est paralysé. Mes poumons ne m'obéissent plus. Je les sens se contracter si péniblement que j'en ai le souffle coupé, faisant trembler mes épaules agitées.
… Ca... Ca fait mal ? Pourquoi est-ce que... ?

J'ai l'impression de me rendre compte de l'existence de quelque chose qui sommeillait jusque là au fond de mon ventre, mais que j'ignorais jusque lors. La sensation étrange qui m'enveloppait les tripes a disparu, laissant derrière elle un vide froid et pesant. Il n'y a plus que cette douleur dans ma poitrine, et le bruit qui résonne encore dans ma tête. Un son brusque, sec, fort. Un son si semblable à une explosion que pendant quelques instants, je n'ai plus vu les décors colorés et lumineux d'une arène, mais les murs éventrés et délabrés de mon enfance. Les murmures d'incrédulité du public ne me parviennent qu'au moment où en même temps, le son erratique et aigu de ma propre respiration arrive enfin à mes oreilles. Sidon s'est arrêté. Tout, il me semble, s'est arrêté.
La sensation que tous les regards sont sur moi, d'un coup, me crispe de tout mon corps. Tendue, je sens ma gorge se serrer. Même mon Lanturn, dont j'évite piteusement le regard, ne semble plus aussi intéressé par le Viskuse qu'il affronte maintenant. Les mots de la championne résonnent à mes oreilles comme si ils étaient étrangement lointains et particulièrement proches en même temps, ce à quoi je ne peux définitivement pas donner de sens. Non, tout va très bien. Tout ira très bien. Je me force à parler, malgré ma gorge sèche et mon envie de partir en courant, d'un coup. J'ai dit que je le ferais, ce match, non ? Je ne serais qu'une grosse pleure, si j'abandonnais pour je ne sais quelle raison. Car c'est comme ça que ça marche, n'est-ce pas ? Avoir peur, se sentir mal, c'est stupide, il faut faire avec, « se relever » et tous ces trucs à la con auquel je ne crois même pas, et...

« … C-c'est bon. Sidon, on reprend et on-... »

Face à mon signal à peine amorcé, le Lanturn en avait profité pour tenter de une nouvelle attaque. Ou du moins, en amorcer l'esquisse, car je n'ai que le temps d'entendre les crépitements d'une nouvelle attaque électrique ; dans ma tête, le son de l'explosion me revient violemment en tête. J'ai l'impression que ce son imaginaire m'a soufflé, faisant lâcher mes jambes.
Mes mains s'agrippent à mes oreilles. Je les couvre avec violence, manquant presque de planter mes ongles dans la peau qui les entoure. J'ai mal, mais ce n'est rien comparé à cette sensation insupportable que j'aimerais arracher de ma propre tête. Je ne m'entends même pas geindre, atteinte par une douleur complètement invisible.

Je ne vois pas Sidon me fixer avec un air interdit et hésitant. Il jette des coups d'oeil nerveux entre ma personne et son adversaire, et si pendant quelques secondes il pense à continuer le combat, se disant probablement qu'il doit s'agir d'une occasion de profiter d'un instant d'inattention, il y renonce. Sans que je ne le vois, le Lanturn se retourne vers moi, puis vers la championne, qu'il hèle par des sons aigus. Moi, de mon côté, je suis loin, pour le moment.
J'étais persuadée, pourtant, que tout irait comme je le pensais.
1 NOVEMBRE (APREM)VS Mercedes L. Blanchett
Alice C. Donovan
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Jeu 27 Déc 2018 - 0:24
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Mercedes L. Blanchett



EAUX TROUBLESfeat. Alice Donovan


Quelque chose dans ce portrait cloche. Quelque chose qui augmente progressivement mon malaise et effrite ma concentration. Je n’ai pas le loisir ici de me plonger pleinement dans le combat, pas avec tous ces ratés et ces tâtonnements. Ce n’est pas contre mon adversaire, au contraire. Je m’inquiète plus que m’irrite de ce qui se produit ici. Malgré la distance j’ai l’impression grandissante que la jeune fille a perdu pied d’une manière ou d’une autre. Je ne la connais pas assez pour voir de quoi il s’agit, tâche par respect pour elle et pour sa démarche aujourd’hui d’agir le plus normalement possible et de faire ce qui est demandé de moi : combattre. Sauf que plus les minutes passent plus j’ai du mal à le faire. Le Lanturn a pris les commandes dans son équipe mais il lui manque l’appui de sa dresseuse, sa dresseuse que je sens mal malgré sa voix qui m’assure qu’elle tient bon. Sauf qu’encore une fois, je préfère obéir à sa demande explicite plutôt que l’interroger. Ce n’est pas exactement le lieu, devant cette foule. Elle est jeune, je n’ai aucun désir d’attirer l’attention sur ses malaises. Luth s’est retourné en ma direction pour chercher mon approbation. De toute évidence le rythme haché de ce combat a miné même son enthousiasme obstiné, le rendant un peu nerveux et fébrile.

Alors que le dauphin prépare une nouvelle attaque, j’ai espoir que notre challenger reprendra ses esprits et trouvera le courage de mener à bien ce combat… sauf que je constate rapidement que j’avais tort. Rapidement, le poisson s’interrompt à nouveau, confus, tourné vers sa dresseuse qui enserre maintenant sa tête comme si sa vie en dépendait. Le Lanturn se retourne vers moi pour m’interpeler devant la difficulté de l’adolescente. Une migraine soudaine et excessive? Je crois plus à une crise de panique pour en avoir observé quelques-unes au centre pour femmes aux prises avec des problèmes de santé mentale. Ou un truc du genre. Dans tous les cas, ça ne peut plus continuer ainsi. Je lève la main en direction de l’arbitre pour lui signifier de mettre le combat en pause, avertissant aussi le Viskuse qui préparait une contre-attaque. Je ne vais pas les attaquer maintenant. Je dois d’abord assurer la sécurité de ma challenger, de la manière la plus discrète possible. Pour ce faire, j’ai une idée : je fais appel à Elyson mon Léviator pour que de son corps il dissimule ce qui se passe près de la jeune fille aux yeux du public que l’on entend s’agiter et protester devant le spectacle interrompu.

«J’me disais bien que ça clochait pas. Je suis là pour t’aider. Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-moi. Nous pouvons aller dans ma loge pour plus de discrétion.»

J’essaie d’être gentille sans être trop envahissante. Je sais pour l’avoir vécu qu’on ne peut pas faire grand-chose contre une crise d’angoisse, que ces choses là passent. Tant qu’elle est en sécurité, ça me satisfait. Dans tous les cas, je voudrais lui demander de retirer le sac sur sa tête pour améliorer sa respiration mais je sais qu’elle pourrait tenir à son anonymat, surtout si elle est jeune. Luth, derrière moi, émet un petit son inquiet et confus. Je me retourne vers lui avec un sourire pour le rassurer; ce n’est bien sûr pas sa faute ce qui s’est produit. J’attends la réponse de l’adolescente pour connaître le chemin à suivre dans les prochaines minutes, en espérant qu’elle se sentira vite mieux.
(c)Golden

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Mercedes L. Blanchett
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Jeu 3 Jan 2019 - 22:56
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Alice C. Donovan


Eaux troubles
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Ma poitrine se tord. Ou se compresse, je n'en suis pas vraiment sûre. Je sais simplement que c'est particulièrement pénible et désagréable, comme si quelqu'un venait d'attraper mes poumons et de les tordre dans ses mains, avant de les écraser dans ses paumes. Ma cage thoracique est petite, si petite d'un coup, que j'en viens à me demander si je ne suis pas en train de rapetisser, quelque part. Je n'en serais même pas consciente, de toute façon, vu que ma vision se brouille à une vitesse alarmante, sans que je puisse faire quoi que ce soit pour endiguer ce processus. Le reste m'est complètement oublié, comme ce match dans lequel j'avais mis tant d'importance.
Mes tympans m'ont l'air sonnés, ne laissant passer que l'affreux son aigu d'un acouphène particulièrement puissant. Mes doigts ankylosés ne me répondent plus. J'entends tout et je n'entends rien à la fois : des bruits parviennent à mes oreilles fatiguées, mais ils n'ont pas le moindre sens. Je crois, pourtant, distinguer des couleurs. Le bleu d'écailles, le beige d'un grand corps serpentin ; un Léviathor. Elle a dû sortir un Léviathor. Est-ce que l'on serait déjà à la deuxième manche... ? Non, non, ça ne fait pas de sens.

J'entends une voix, toutefois, qui s'approche pour me parler. Je la reconnais, mais elle sonne forte, à mes oreilles, trop forte pour que je ne presse pas mes mains contre mes tympans pour espérer les protéger de cette agression soudaine ; sans doute que ma sensibilité a simplement perdu ses limites. Ce qu'elle me dit ne fait pas sens au début, et il me faut plusieurs longues secondes pour comprendre ce qui se dit, même si mes pensées sont disséminées et confuses. La respiration longue, les épaules tressautantes, je saisis pourtant une information qui devient bien vite la plus importante pour moi.

« Ailleurs. »

C'est tout ce qui m'importe. Je ne crois pas que quoi que ce soit changera en restant ici, et tout me fait tourner la tête. L'envie de me dissimuler quelque part est telle que j'en viens à me dire qu'une loge sera forcément toujours plus agréable qu'une pièce aussi grande, aux murs qui me paraissent gigantesques, délavés, sans vie, étouffants.
C'est un exploit incroyable que j'arrive à marcher. Souvent, ça m'est impossible, mais cette fois-ci, je suppose que c'est le hasard qui me permet de suivre la championne jusqu'à sa loge. Mes doigts, eux, sont si crispés que je ressens une vive douleur dès lors que je tente de les bouger : ils m'ont l'air figés comme de la pierre, et plusieurs fois, je geins en tentant de les bouger. Frustrée, j'essaie de les secouer, mais tout ce que j'obtiens est de réussi à déplacer le haut de mon corps, comme si mes neurones ne me répondaient plus correctement. Je ne me rends pas tout de suite compte qu'il y a un souci.
Puis, d'un coup, je sens le froid contre mon visage.

« N-non ! Non, non, non ! »

Mon « masque » a glissé. Durant mon mouvement, il est passé de ma tête au sol, et je me retrouve maintenant à découvert. Mon visage, plus particulièrement, se retrouve à découvert. Mon visage que, même de loin, la championne connait, et qui pourrait amener à une conclusion que je ne veux très certainement pas se voir réalisée.

« … L'a-pp-ellez p-pas, s'i-il vous plait... »

Ma respiration se hache encore davantage. C'est une peur brûlante, dévorante, tout à coup. Davantage que d'avoir mon identité révélée, car ce n'est au fond qu'un petit quelque chose, j'ai bien plus la crainte que mon père apprenne ce qui s'est passé. Lui, ou qui que ce soit que je connaisse, à vrai dire. Je n'ai pas envie qu'ils me voient comme ça ; qu'ils se rendent compte que je ne suis qu'une gamine. J'en arrive à une seule conclusion, insupportable mais pour le moment, mais qui s'impose à moi : ils avaient raison. Ils avaient raison, à l'école, ceux qui disaient que je n'aurais jamais le « talent » que j'essayais d'atteindre. Ils avaient raison, ceux sur le net qui disaient que je n'étais qu'une petite peste prétentieuse qui ferait bien d'arrêter d'essayer d'être plus que ce qu'elle est. Ils avaient raison, et je n'ai pas envie que cela se sache.
1 NOVEMBRE (APREM)VS Mercedes L. Blanchett
Alice C. Donovan
Alice C. Donovan
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Mer 16 Jan 2019 - 4:03
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Mercedes L. Blanchett



EAUX TROUBLESfeat. Alice Donovan


Je me sens démunie, comme tous le seraient dans cette position je suppose. Alors que la jeune fille place ses mains contre ses oreilles, je crois qu’elle tente de se couper de moi et de l’aide que je propose. Je ne peux pas la forcer à quitter la pièce principale de l’Arène. Sauf que j’envisage tout de même de faire appel à des soins plus particuliers si elle continue à respirer aussi mal. Peut-être est-ce une crise d’asthme… J’avoue que je ne saurais pas reconnaître. Je veux seulement qu’elle soit en sécurité. Je lève un regard désemparé vers Elyson qui ne peut que nous fournir un peu d’intimité. Si ma voix seule fait réagir ma challenger, alors je ne peux pas imaginer ce que lui ferait l’étreinte d’un Léviator compatissant. Je tâche de me montrer patiente malgré la détresse que je ressens face à la situation. Une patience qui porte ses fruits puisque l’adolescente me répond par un mot auquel j’acquiesce tout en sachant qu’elle ne le verra probablement pas. Ailleurs. J’y vois là la permission de la diriger autre part. Avec soulagement je me redresse, lui proposant ma main tel un appui. J’ai peur qu’elle tombe mais miraculeusement, elle réussit à se lever et à me suivre. Tandis que nous quittons la pièce, Elyson nous suit pour poursuivre son travail d’écran. J’entends de nombreuses protestations à notre suite. C’est dans ces moments que j’aurais aimé que Marilou soit présente comme mon assistante comme elle le fait souvent. Elle aurait probablement été en mesure de calmer les esprits.

La loge est enfin là. J’ouvre la porte et laisse entrer la jeune fille, jetant un regard derrière nous pour m’assurer que nous ne soyons pas suivis. Je la laisse ensuite entrouverte pour laisser un peu d’air rentrer et aider la challenger à respirer. En me retournant vers elle, je constate qu’elle n’a plus le sac qui dissimulait ses traits. Je la reconnais aussitôt, même si elle a grandi. Alice. Mon cœur bondit à sa vue. Quelque part, je suis rassurée que ce soit d’elle, mais d’autre part je suis aussi vraiment très inquiète. J’ai envie de la serrer dans mes bras, sauf que je ne sais pas si ce geste serait le bienvenue. La pauvre semble horrifiée à l’idée que je rapporte l’incident à son père. Je reste à distance, confuse. Maintenant que je comprends la position de parent, ce n’est pas simple de faire ce genre de choix. Sauf qu’Alice est une adolescente. Elle a le droit au bénéfice du doute. La brusquer en lui disant que j’irai tout répéter à son père n’est pas une bonne idée. Mon objectif ici est qu’elle se calme. Je lève deux mains dans les airs en guise de paix.

«Calme-toi, Alice, je t’en prie. Je ne vais rien lui dire si c’est ce que tu souhaites. Essaie seulement de respirer.»

Mon dieu que ça me fait bizarre. La dernière fois que je l’ai vue, c’était quand j’ai vécu chez Faust, il y a quelques années, après mon divorce. Elle était une enfant à l’époque. Et la voilà adolescente et mal. Je ne sais pas pourquoi, cette idée me fait une drôle de sensation. Je me dis qu’il y a probablement d’autres ados comme elle, ayant vécu le Régime, qui ont un lourd bagage déjà. Mais après, je ne connais pas assez Alice ou sa situation pour faire des hypothèses. Je la regarde telle une égale, pas comme une enfant. Je sais qu’elle ne dira rien si je la traite ainsi. J’aimerais qu’elle aille confiance, même si ça ne se fera pas si vite. Je vais prudemment à l’évier pour lui servir un verre d’eau. Elle doit avoir la gorge sèche après tout ça. Je le pose sur la table de la loge et vais m’asseoir sur le fauteuil trois places.

«Tu es ici comme chez toi. Tu restes aussi longtemps que tu veux. Si tu veux parler, alors je t’écouterai. Si tu veux juste te calmer, pleurer toutes les larmes de ton corps, ou même rentrer chez toi tout de suite, tu peux.»

Je reste très prudente. Tant qu’elle ne sera pas plus calme, je ne crois pas que nous pourrons faire quoi que ce soit. Mais dans tous les cas, je suis là. En tout cas, j’essaie, malgré ma maladresse.
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Mercedes L. Blanchett
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Jeu 24 Jan 2019 - 19:40
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Alice C. Donovan


Eaux troubles
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Pas grand chose ne fait sens, actuellement. Certainement pas ma situation, à me retrouver là, pleurnichant comme une gamine devant une adulte qui, et sans doute ce qui rend toute cette situation encore pire, sait qui je suis. Parce que ce serait tellement plus simple, si c'était une inconnue qui n'aurait plus jamais à voir mon visage rougi par les pleurs, mon teint pâli, et mon expression ridicule, déformée par la crainte, la panique. L'intense sentiment de peur qui m'agite les tripes n'a pas disparu, et je fixe la championne avec incertitude, considérant presque durant un instant l'idée de fuir en courant. Ce n'est pas crédible, et à vrai dire, ce n'est même pas quelque chose me fait envie ; pour l'instant, j'ai juste les pensées en morceaux. Des pensées qui ne font pas sens, qui s'agitent, qui s'étiolent.
Je sens toutefois ma respiration s'apaiser juste un peu lorsque la rose m'assure qu'elle ne compte pas appeler mon père : une information qui a au moins le mérite de me calmer très légèrement. C'est bien la chose qui me terrifie le plus, à l'heure actuelle, et le fait qu'elle ne soit pas du genre à me dénoncer ou à m'embarquer dans une situation encore plus complexe pour la simple raison qu'elle soit adulte me rassure plus que je ne l'aurais cru. Je me retrouve à la fixer, attendant la suite de ses paroles, encore incertaine quant à ma réaction et, à vrai dire, au comportement que je dois afficher. J'ai du mal à me sentir en sécurité, pour le moment, encore à mi-chemin entre la tétanie et la panique.

Respirer. Je peux faire ça, oui, du moins je le crois. J'ai plus ou moins oublié comment cela fonctionnait, mais je crois que j'y arrive, quelque part, serrant toujours intensément la ball de Sidon dans ma main. L'environnement autour de moi tourne toujours, mais j'arrive à l'identfier, à lui donner une nature. Il n'est pas oppressant, du moins, il l'est moins que le terrain contre lequel j'étais tout à l'heure. Tremblante, je reste silencieuse, gardant mon regard fixé sur l'adulte pour m'assurer qu'elle ne fasse aucun geste menaçant, l'observant me sortir un verre d'eau avec ce qui semble être une tranquilité imperturbable. Ce comportement m'assure qu'elle ne fera aucun mouvement brusque, et je sens mes muscles se détendre très légèrement.

« Je... je sais pas ce que je veux. »

Les mots m'ont échappé d'une manière assez bête, et mes balbutiements me feraient presque honte. De quoi est-ce que j'ai l'air, actuellement, sinon d'une idiote instable et pleurnicheuse au possible ? Dans le fond, pourtant, je ne mens pas. Je pensais sincèrement savoir ce que je voulais : c'était simpliste, après tout. Si simpliste que je ne voyais pas que ce n'était qu'un ensemble de fils grossiers  que j'avais mis en place avec toute l'absence d'adresse d'une gamine qui ne cherche qu'à se mentir à elle-même. Le dire est quelque chose, pourtant, et je ravale ma salive avec difficulté, un courant d'ait froid me traversant la poitrine. Tout ça, au fond, est ridicule. Je n'ai pas l'énergie d'esquisser un rictus désabusé, toutefois. Quelque chose est coincé dans ma gorge, comme un poids, un nœud qui se serre un peu plus à chaque fois que j'y pense. Tout ce cinéma, tout ce match ridicule et pathétique n'avait qu'une raison, à la base, qui me paraît tellement imbécile maintenant que je suis dans cette situation. Je grimace, sentant une pique douloureuse refluer dans ma poitrine.

« Je voulais... Je voulais qu'ils arrêtent de r-rire, m-mais... M-mais ça marche pas e-et... »

Non, bien sûr que non, que ça ne marche pas. Je n'étais pas si idiote pour y croire, en vérité, mais j'ai comme l'impression que j'avais besoin d'y croire. L'inverse m'était, et m'est toujours insupportable. L'idée que je ne puisse pas enrayer des moqueries et du mépris par une simple démonstration de force est pénible, bien plus pénible que celle où je pouvais considérer que la méchanceté que je recevais n'était que le résultat de mon propre comportement. Et en même temps, c'est ce qu'on m'avait fait comprendre. Que ce soit mes camarades, ou dans les séries, dans les films, dans tellement de petites phrases que j'entendais de la bouche de personnes diverses... J'avais fini par m'en convaincre, au bout d'un moment. Et en même temps, de mon observation, adopter ce comportement brusque et sec était efficace, du moins, pendant un temps.

« Y'a que quand je fais des matchs, qu'ils arrêtent de rire. Mais j'aime pas. J'aime pas, c'est p-pas... Ça fait mal. »

Je porte une main à ma poitrine. Ca fait toujours mal, à vrai dire. Bien plus qu'avant, et je ne comprends pas pourquoi. Comme si, tout à coup, un vieux barrage avait fini par craquer, et me lacérait la cage thoracique à chaque nouvelle vague débordante.
Avouer tout ceci me coûte beaucoup, mais c'est la vérité. Je ne prends aucun plaisir dans ce type de match et je sais, au fond, que ce n'est pas normal. Qu'il n'y a jamais de vraie satisfaction lorsque je mets mon ego dans ces affrontements, et quand je tente simplement de prouver aux autres que je ne suis pas « faible » ; tout ce qu'il en reste au fond de ma poitrine, c'est un creux froid et effrayant.

« J'suis m-même pas capable de supporter le bruit, aha. »

L'amertume me remonte jusqu'à la gorge. Je ne voulais pas prendre mon casque, aujour'hui. Je voulais montrer que je n'en avais pas besoin. Toujours est-il que la constation est cruellement réaliste : je ne peux pas m'en passer, que je le veuille ou non. Quelque part, je crois que je ne pourrai jamais m'en débarrasser, et l'idée ne fait que comprimer ma poitrine davantage. Au fond, sûrement ont-ils raison ; je devrais sans doute arrêter d'essayer du cinéma et accepter mon propre ridicule.
1 NOVEMBRE (APREM)VS Mercedes L. Blanchett
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Dim 27 Jan 2019 - 16:41
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Mercedes L. Blanchett



EAUX TROUBLESfeat. Alice Donovan


Je me souviens du drame adolescent. Comment chaque événement pouvait prendre des proportions gigantesques dans la psyché influençable de la jeune fille que j’étais à son âge. Comment tout devait être trop… trop. Pas facile de faire la part des choses à l’adolescence, il paraît que ça à voir avec le développement du cerveau et des capacités d’autogestion. Malgré tout, j’ai le sentiment que cette crise a plus qu’un teen drama habituel. Alice souffre. Je ne sais pas pourquoi ni ce qui a causé sa chute aujourd’hui. Mais la détresse dans ses yeux, cette crise d’angoisse… Qu’est-ce qui a bien pu la mettre dans un tel état? J’ai vu des challengers nerveux craquer sous la pression auparavant mais ça n’avait rien à voir. Je suis mal de voir la fille de Faust ainsi. N’importe quelle jeune fille ainsi affectée aurait eu le don de me revirer à l’envers, me ramène un peu à certaines choses très douloureuses que j’ai pu vivre à cet âge… Elle n’a pas pu vivre ça quand même n’est-ce pas? J’ai beau ne pas avoir vu Alice depuis des années, de par sa parenté avec mon bon ami j’ai d’autant plus le désir de la protéger de ce qui l’afflige. Je me sens étrangement coupable, mais j’ai au moins la décence de me dire que je n’ai absolument rien à voir avec tout ceci. Je dois juste me montrer patiente, même si la voir ainsi est très pénible. J’aimerais tellement pouvoir faire plus.

Alice tente de mettre de l’ordre dans ses idées on dirait, si une telle chose est possible. Si elle est encore en état de panique, je peux voir que l’assurance de ne rien dire à son père l’a un peu apaisée, même si elle ignore quoi faire à ce point-ci. J’imagine que ça doit être plutôt gênant. À sa place, je n’aurais pas voulu en parler, j’aurais souhaité qu’on me laisse tranquille. J’ai été longtemps ainsi, à farouchement m’opposer à toute forme d’aide. Ça m’a mené le long d’une route très glissante. Au fond d’un trou même, dont seize ans plus tard je n’ai pas même émergé. Sauf que même si ça me peine et que je m’inquiète, je ne peux pas la forcer. D’elle-même, elle dévoile, à mots qui font sens pour elle, ce qui a causé cette crise. «Je voulais qu’ils arrêtent de rire». Mon regard s’assombrit. Qui? Qui pour rire d’elle? Ses copains de classe? Est-elle victime d’intimidation? De rejet? Pas… pas Alice tout de même? Qui pourrait vouloir lui faire du mal, c’est insensé. Je sens la colère qui monte en moi mais je sais qu’elle n’a pas besoin de ça. Les matchs, c’est devenu une manière pour elle d’échapper à ça, peu importe ce que ça veut dire, de ce que je comprends. Je vois mal en quoi ça aurait pu régler son souci, mais après je ne connais pas toute l’histoire.

Lorsque l’adolescente évoque le bruit néanmoins je soupire un peu. Non, ce n’était pas une bonne idée de venir ici si elle souffre des bruits trop forts. Il n’y a pas plus cacophonique que mon Arène et ses très hauts plafonds et ses échos interminables.

«J-je ne suis pas sûre de tout saisir Alice. Il y a des gens à l’école qui se moquent de toi? Et tu utilises les combats pour les faire taire… pour leur prouver qu’ils ont tort ou leur rabattre le clapet?»


J’y vais doucement encore une fois. Elle pourrait se refermer. Je tente surtout de la faire parler car je ne sais pas exactement quoi lui dire. J’ai toujours fait partie de la masse majoritaire des témoins de l’intimidation plutôt qu’être intimidatrice ou intimidée.

«T’as pas à avoir honte si les bruits te font réagir. On a tous une sensibilité différente, surtout après certaines choses que nous avons pu vivre dans le passé. Te flagelle pas pour ça Alice.»

C’est facile à dire de mon côté. Mais je sais à quel point ces sensibilités peuvent devenir handicapantes. J’ai eu la chance de pouvoir les traiter en thérapie, en prison. Alice, elle, doit le faire dans la houle de l’adolescence, sous l’œil scrutateur et cruel des autres.
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Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
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Mar 12 Fév 2019 - 0:12
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Alice C. Donovan


Eaux troubles
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Bien évidemment, qu'elle ne peut pas saisir. Madame Blanchett (car oui, je l'appelle par son nom complet) n'est pas à ma place et ne peut pas, fondamentalement, comprendre ce que je ressens. C'est dur, mais je le sais. J'aimerais bien, pourtant, que le ressenti intense qui me vrombit l'estomac soit aussi facile à transmettre et faire comprendre que l'aisance que ce dernier a pour me tenir les tripes. Pour moi, tout ceci est évident, clair et constant. En même temps, j'ai l'impression que la sensation ne m'a pas quitté depuis un moment déjà. Elle sommeillait au fond de ma tête auparavant, mais je n'ai plus rien pour la dissimuler maintenant, ou même pour l'étouffer. Je suis juste... Je suis juste là, à parler sans vraiment donner de sens à mes paroles, comme la dernière des idiotes incapable de se contrôler, comme une espèce de cliché de gamine en crise dans une mauvaise fiction qui passerait tard le soir en semaine à la télévision. Franchement, c'était bien la peine de prendre des grands airs et de s'énerver de ne « jamais être prise au sérieux » pour finir par déverser le grand drama de ma vie dans le salon d'une amie de mon père. Même pour une sitcom un peu nanardesque, j'y aurais pas cru.
Je me sens honteuse. J'ai honte de m'être exposée ainsi, sans la moindre pudeur, croyant pour je ne sais quelle raison que c'était légitime que je le fasse. De toute façon, tout ce que je raconte n'a aucun sens. Ce n'est qu'un amas de borborygmes confus et chaotiques, qui, dans le fond, ne sont sûrement pas... Je veux dire, ça n'a sûrement pas grande importance. Je suis juste en train de pleurnicher comme un bébé.

Maintenant qu'elle dit les choses, tout cela me semble particulièrement prompt à rire. Oui, ça a l'air... Arceus, ça a l'air stupide. Est-ce que j'y ai cru ? Est-ce que j'ai sincèrement cru que ça allait changer quoi que ce soit, que de jouer aux petites brutes de cour de récréation, comme si les choses étaient aussi simples ? Je me sens incroyablement naïve et stupide. Inconsciente, aussi. Je n'y pense que maintenant, mais est-ce que je n'en ai pas trop demandé à mes pokémon, également ? Je me doutais bien qu'Altair ne m'évitait pas juste parce qu'il ne « voulait pas comprendre » ou « ne faisait aucun effort ». Je n'ai vu que moi. J'ai l'impression, encore maintenant, de ne voir que moi. Est-ce que ce n'est pas ce que je fais, en parlant ainsi à une adulte qui n'a rien demandé ? Je n'ose pas répondre à sa question tout de suite : ma gorge est lourde.
Mais qu'est-ce que je fais, là ? « Ouin ouin, j'ai des traumatismes et ouin ouin, plaignez-moi » ? je dois savoir, au fond, que ce n'est pas ça. Que c'est réducteur et insultant que de grossir le trait de cette manière, de tout caricaturer pour me donner la sensation d'avoir un peu de contrôle sur moi-même, quitte à en devenir méprisante avec toutes les expériences semblables à la mienne. C'est juste qu'actuellement, le tableau que j'ai devant moi me semble si gris et si austère que j'ai bien du mal à le regarder sans avoir envie de l'arracher des murs. Il me frustre. Il me frustre car il est aussi réaliste qu'il est cruel, et je ne peux pas juste fermer les yeux comme je le fais quotidiennement. Je ne peux plus le faire. Alors, dans une exhalation lente, je m'explique à nouveau.

« C'est juste... C'est tout le temps ça, avec moi. »

Je ravale un peu ma salive, davantage crispée sur moi-même. J'ai du mal à parler. Ma gorge est toujours serrée, sèche, douloureuse. Je ne fais que dire ce que j'ai déjà entendu plus d'une fois, comme un vieux disque rayé. Je crois que ça m'aide, de dire ça. Ça ne sert à rien et sûrement qu'au fond, ça ne fait qu'empire ma situation, mais je me sens un peu moins coupable en m'en mettant davantage sur les épaules. Si j'avoue être responsable, alors on m'en voudra sûrement moins, n'est-ce pas ? Si j'avoue que c'est moi, la cause de tout ça, alors ça sera plus simple d'oublier et de laisser de côté, même si quelque chose dans ma poitrine me brûle quand j'y pense trop longtemps. Je dois juste... Juste apprendre à anesthésier tout ça de nouveau. Je le faisais bien, avant, alors pourquoi est-ce que cela me semble si dur, d'un coup ?
Je rouvre la bouche pour parler malgré les difficultés et la gêne que cela fait naître dans mon ventre. Je suis malgré tout persuadée de lui devoir une explication, ne serait-ce que pour le tracas et le drama que j'ai provoqué par ma petite crise. « Petite crise » que j'estime terminée, non sans une prétention de personne voulant à tout prix s'en convaincre alors que mes yeux sont encore rouges et qu'elle a encore la perturbante sensation que plus rien ne fait sens dans sa tête.

« Au lycée, ils m'ont dit que si j'arrêtais d'en faire des caisses, bah ça irait mieux et on arrêterait de se fout-ficher de moi, mais, mais... »

Oui, oui, je viens d'essayer de censurer mon langage car 'quand même' et tout ça. En me repliant un peu sur ma chaise, je prierais presque pour une disparition rapide de ma personne. En disant les choses, je sens ma gorge se serrer et mes muscles se crisper. C'est... C'est pénible, de dire tout ça. C'est bien plus complexe que ce que j'aurais cru ; à ce rythme, je comprends vite pourquoi je n'arrivais pas à discuter de ça, ou d'autres choses en l’occurrence, avec papa.

« Je voulais juste... Je voulais juste qu'ils me respectent, mais je sais même pas si en vaut la peine. »

Est-ce que vraiment, ça serait utile, que tous ces idiots du lycée arrêtent de me regarder comme une bête bizarre et me considèrent comme leur égale ? Est-ce que ça aurait le moindre impact positif pour ma personne ? Vraiment ? Est-ce que c'est même ce que je désirais... ? Je ne crois pas vraiment. Je crois que je voulais leur faire peur. Les intimider et les faire taire par la crainte, comme ils arrivaient à me faire taire par les moqueries qu'ils me lançaient, et l'angoisse que provoquait en retour chez moi l'idée de prendre à la parole en classe, par exemple. Je voulais... Je voulais leur faire mal. Leur pourrir la vie. Les humilier en leur montrant qu'ils avaient tort. Je voulais être la stupide petite brute, pour qu'au moins, on me fiche la paix.
Et j'y ai cru. J'ai été assez stupide et désespérée pour croire que cela marcherait.

J'exhale lentement. Bon sang. Mais qu'est-ce qui déconne, chez moi ?! Quelle forme de bêtise s'est... Je serre un peu les dents. Non, ce n'est pas une « bêtise » qui s'est emparée moi, ce sont mes actions. Mes pensées. Mes gestes, que j'assumais encore il y a quelques instants, quand m'enfoncer dans ces convictions me permettaient de me sentir un peu mieux. Vide, creuse et apathique, mais comme anesthésiée. Je pouvais arrêter de penser au froid dans ma poitrine pendant quelques instants et, contre ça, j'étais prête à continuer. Je ne sais même pas à quoi tout mon cinéma est en train de porter. C'est vrai ; qu'est-ce que je vais faire, après ? Rentrer piteusement chez moi, pleurnicher dans ma chambre pendant trois jours, et basta ? Vraiment ? C'est ça, mon programme ? Tout ça pour ça ?
Au moins, quitte à devoir faire cette marche de la honte jusqu'à chez moi, je suppose que je... Que je dois faire quelque chose avant. Plus je parle, plus cela presse. Je relève donc difficilement les yeux pour porter mon regard vers la championne, retenant comme je le peux le sanglot bloqué dans ma gorge. On respire. On respire, et on arrête de pleurer. Plus je le refoulerais, plus j'apprendrais à faire avec, hein ?

« J'-j'suis désolée. Je voulais pas... Je voulais pas vous mêler à ça, vous et vos pokémon. C'était égoïste de ma part. »

Pas la peine de mettre du sucre là-dessus. L'image d'Altair me passe en tête, puis celle de Sidon, que j'ai poussé dans ses défauts, bien contente d'avoir avec moi un allié qui me suivrait même dans mes comportements les plus cruels. Je repense à ces pokémon que j'ai laissé mes compagnons battre sans grande pitié, sans ce fair-play et ce respect mutuel que papa m'avait tant de fois répété comme étant la chose la plus importante dans un match. Et même, au delà, j'ai impliqué madame Blanchette là-dedans, tout comme sa Viskuse. C'était aussi égocentrique que puant. Je devais m'en douter avant, même si je l'ignorais, alors je n'ai vraiment aucune excuse. Je n'en cherche pas. Je veux juste... Juste le dire, je crois.
J'inspire de nouveau. Toujours prostrée sur ma chaise, crispée comme un baton, je manquerais presque de reprendre mes affaires pour m'enfuir jusqu'à chez moi. Ce serait une bonne situation pour m'échapper de mon problème, mais est-ce que ce serait vraiment mieux, une fois que je serais dans ma chambre ? Oh, évidemment, sur le chemin, je pourrais me dire que oui. La réalité me rattraperait bien vite, toutefois. Et encore, toujours, une question reviendrait : celle-là même que je me pose à l'heure actuelle, maintenant que mes actions jusqu'à maintenant me semblent devenues complètement... Je ne sais pas. Vides de sens ? Peut-être pas, plus...  Incorrectes. Quelque chose cloche, je le sais, mais je ne sais pas comment identifier ce qui pose problème. Une idée me passe soudainement par la tête, et je relève la tête, légèrement curieuse.

« Pourquoi... Pourquoi vous l'avez fait, vous, la compétition... ? »

J'ai parlé sans trop réfléchir. C'était instinctuel, comme le fait de se gratter un peu la tête quand quelque chose picote. Sauf qu'il me faut quelques secondes pour me rendre compte de ce que je viens de dire. Quand je le fais, j'ouvre finalement de grands yeux épouvantés et grimace, mes joues rougissant d'un coup net sous l'effet de la gêne.

« Enfin, je, pardon, c'est peut-être trop intime ! »

Mais quel boulet, quel boulet !
1 NOVEMBRE (APREM)Avec Mercedes L. Blanchett
Alice C. Donovan
Alice C. Donovan
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Dim 24 Fév 2019 - 17:21
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Mercedes L. Blanchett



EAUX TROUBLESfeat. Alice Donovan


À vrai dire, la position me rend plutôt inconfortable. Ce n’est pas le fait de l’écouter ou de la soutenir. C’est de le faire en étant presque une étrangère, à ses yeux du moins. Je ne crois pas ici que le lien que nous avions quand elle était petite influence notre discussion ou la confiance qu’elle pourrait placer en moi. Elle me vouvoie et m’appellerait «madame» j’en suis presque certaine. Comme si elle voulait se distancer, ce qui n’est pas un mal. Même que je comprends parfaitement qu’elle veuille le faire. Sauf que moi nécessairement ça me place dans une très étrange position. Comme un peu… un psychologue improvisé. Ou un intervenant social quelconque. Dans tous les cas, je n’ai pas les compétences requises du tout. Mais si elle me vouvoie ainsi, que je suis pour elle une «madame», une étrangère alors… Comment puis-je l’aider de la seule manière que je connais, c’est-à-dire en me montrant affectueuse et à l’écoute? Je commence à me demander si je suis à la hauteur pour tout ceci et à me sentir un peu mal à l’aise. Encore une fois pas avec sa détresse, mais avec mon propre rôle dans cette histoire. Je veux l’aider. J’ai le sentiment que cette crise est très importante et que chaque mot compte. Sauf que malgré la tentation de jouer les psys, je n’en ferai rien. Aussi bien me planter en étant moi-même qu’en jouant un rôle qui ne me correspond pas.

Et moi, je suis un être sensible. J’écoute Alice avec un grand intérêt, tentant de recoller les morceaux de sa réalité dans mon esprit. La souffrance qu’elle vit, je ne l’ai jamais vécue, j’ai du mal à me l’imaginer. Sauf que je peux m’en faire une tête tout au moins. Et surtout me dire qu’à cet âge, ce n’est pas si facile de trouver une manière de ne pas se laisser atteindre par tout le reste.

«Le respect ça part de soi, Alice. Si tu ne te respectes pas et qui tu es, c’est pas possible que les autres le fassent. Je sais que ça a l’air simple dit comme ça. Je ne te mentirai pas, c’est l’affaire d’une vie.»

Je replace une mèche qui m’entravait le visage en me disant qu’il s’agit d’un processus que je n’ai pas terminé moi-même. Loin de là.

«Tu es ce que tu es. Avec tes forces et tes faiblesses. Tu as tes limites et tes sensibilités comme j’ai dit. Si c’est «en faire des caisses» pour les autres, sérieusement… qu’ils aillent chez le diable. Y’aura toujours des gens pour te dire que tu n’as pas raison de te sentir comme tu le fais. Essaie au moins de ne pas faire partie de ces personnes-là.»

Je lui souris, mais pas de manière éclatante ou joyeuse. Plus en voulant dire que rien de tout ce que j’ai nommé n’est aisé. Le genre de sourire qu’on offre pour se donner du courage à soi-même. Je me perds un peu dans mes pensées.

«Tu n’as rien fait d’égoïste sinon, Alice. Je… t’en fais pas avec ça.»

Cette fois je souris vraiment. Je préfère cette discussion à l’arrogance de certains challengers, voire même la cruauté. Puis je refuse qu’elle s’en veuille pour une erreur commise sous le coup de l’émotion. Sa question par la suite vient me surprendre. Tout à coup, je lis en elle cette curiosité qu’elle avait de son jeune âge. Elle se ravise presque aussitôt ce qui me tire un petit rire.

«Tu sais, y’a pas de mal hein. C’est juste que c’est une drôle d’histoire. Quand je suis arrivée à Enola, j’enquêtais sur le Régime pour un journal…. Je… j’étais journaliste avant. La Compétition c’était ma couverture alors j’y étais un peu obligée.»

Ça me paraît si loin maintenant que c’est presque ridicule à expliquer maintenant

«Sauf que j’y ai pris goût. Pardon pour le cliché mais… la foule, la tension des combats, passer du temps avec mes Pokémon… J’ai adoré ça. J’ai continué pour voir jusqu’où je pourrais me rendre au final et j’ai tellement appris sur moi. Je ne regrette rien en tout cas. Toi, tu te questionnes si tu devrais continuer, c’est ça?»

J’imagine qu’elle s’est lancée dans l’aventure pour faire taire ceux qui s’amusent à ses dépens mais elle a bien vu aujourd’hui que cette source de motivation ne lui a pas apporté l’effet escompté. Qu’est-ce qu’elle va faire maintenant?
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
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Elite
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Lun 11 Mar 2019 - 22:32
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