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Churros à l'eau de mer {PV Sam-Sam
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Natsume Enodril-Miyano

Churros à l'eau de mer

Martine va à la mer version dorks
Roh, mais il va me le passer, mon masque, oui ? Je lui offre ma plus belle expression blasée face à sa question, roulant des yeux aux ciel dans un grognement de cringe, et manquerait presque de tapoter du pied sous le coup de l'impatience si nous n'étions pas en pleine mer. Marmonnant un « nianiania » ma foi très nature, je n'attends pas pour me saisir de ce qu'il tend et laisse un sourire satisfait se dessiner sur mes traits alors que, après avoir maladrotiement enfilé l'objet, je passe rapidement la tête sous l'eau.
Et me rappelle que je devrais éviter de tenter de faire des trucs quand je ne suis pas sûr de ce que fait mon copain. Tout particulièrement puisque ce dernier, intenable, prend un certain plaisir à sauter à l'eau avec une grande, grande énergie. Je relève maladroitement la tête devant la vague qui vient qui vient de passer par mon tuba et me faire une sale surprise, toussotant maladroitement la tasse que je viens d'avoir. Mon regard se reporte bien vite sur l'individu responsable,  à qui j'offre une tête dépassée. Bon, d'ordinaire, je le trouve touchant quand il est enthousiaste pour tout et rien (même quand il me lasse à parler de Polaris pendant trois heures), mais là, je fais un peu ma tête de cochon aussi, il faut le dire. Sa blague achève de me tirer un grognement de déplaisir ; je sais qu'il fait ça pour me faire cringer et me voir m'exaspérer, alors je m'efforce d'afficher l'air le plus neutre possible.

« J'aurais plutôt dit un boulet, mais si tu veux, hein. »

Je sais bien pourtant que c'est parce qu'il est particulièrement désireux d'attention, aujourd'hui. Quand Samaël est aussi... Bon, disons pas « pénible », mais quelque peu exaspérant, c'est qu'il compense pour un trop-plein de besoin d'attention. Je ne le regarde donc que d'un air semi-blasé semi-amusé, bien conscient de ce qu'il essaie de faire mais suffisamment poli pour ne pas le dire à haute voix.
En revanche, il semble que les environs attisent sa curiosité, ce qui ne me surprend pas des masses non plus. Satisfait de voir qu'il ne soit pas ennuyé par mon désir de fouiner, je hoche de la tête lorsqu'il déclare s'éloigner un peu. Et non, je n'ai pas répliqué après son énième blague (sérieux qu'est-ce qu'il a aujourd'hui), bien que la tentation de le faire ait été grande, je vous l'assure, je suis assez mature pour-

« Je gère assez bien les mollusques d'habitude, alors ça devrait aller. »

… Oh oui, bon, ça va, hein. Quand on m'cherche, on m'trouve. Puis, c'est un peu mon honneur, aussi, alors hein. Voilà.
Bref. Dans tous les cas, je le laisse vaquer à ses occupations, m'intéressant de mon côté à un gros rocher grisâtre qui, du peu que je vois, abrite tout une pléthore de formes de vies végétales en sa base. Je ne me permets pas de le soulever – je préfère éviter de réveiller des crabes, ces choses peuvent être assez vicieuses et rancunières pour vous poursuivre – mais garde toutefois un œil curieux sur son contours. Je ne suis pas très mer, je vous l'avoue. Sans avoir de soucis avec les zones aquatiques ou même les pokémon de ce type que j'apprécie assez bien (en vérité, dans un autre univers, peut-être que j'en aurais fait une spécialité annexe), disons que la terre m'intéresse plus. Mais les organismes aquatiques sont véritablement fascinants, et je ne cache pas une certaine curiosité de gamin lorsque je remarque quelques petits poissons de très petite taille passer entre mes jambes.
Et en parlant de mes jambes, voilà que je sens une pression sur l'une d'entre elles, subitement. Mes yeux s'ouvrent d'un seul coup sous l'effet de la surprise. Je ne reconnais pas tout de suite la cause, mais... Bon, disons clairement que je suis très nerveux et anxieux de nature, et que lorsqu'on me touche par surprise, surtout quand le toucher en question est une poigne, disons que mes réflexes défensifs s'enflamment très vite. Comme maintenant, alors que, laissant mon instinct parler pour moi (et honnêtement vu tout ce que l'on peut retrouver sous l'eau, c'est un bon plan), je me débats vivement, donnant par ailleurs un grand coup de pied à la chose qui a tenté de m'attraper.
… Chose qui se trouve être mon copain. Oups, on va dire... ? J'espère que je ne lui ai pas fait mal, en tous cas. Même si... Même si il l'a bien cherché ! Non mais je vous jure, il s'attendait à quoi, avec ce genre de jeux stupides ? Grmblr, crétin. En plus, là, si ça se trouve il va avoir un bleu et avoir mal e-et... Barf. Il rigole, de toute façon, cet idiot. Je le laisse donc faire, marmonnant des excuses à demie-voix alors que je le considère avec une légère inquiétude malgré moi. Il a beau me rassurer, j'ai toujours du mal (sans trop de surprises) avec le fait de le voir dans la douleur.

Il l'a vite oublié, toutefois, et c'est sans grande surprise que je le vois s'intéresser à la première chose qu'il remarque. Si je ne suis au début pas très intéressé (c'est vrai quoi c'est juste des poissons qui passent), je dois avouer que je hausse les sourcils quand je l'entends déclarer la présence d'un Magicarpe chromatique. Allons bon, aurait-il rêvé... ? J'en doute, toutefois, vu le sourire qu'il affiche – et Arceus qu'il arrête de faire ça on dirait le soleil ça fait bourdonner ma poitrine bien trop chaudement, gngngn. Je ne suis pas très intéressé par les chromatiques dans les faits, même si je commence à en avoir un certain nombre dans mon équipe (mais là encore, c'est surtout une histoire de proportion, je crois), mais l'enthousiasme de Samaël engendre mon envie de l'aider à retrouver ce qu'il cherche. Parce que, sans surprise, j'aime bien quand il est de bonne humeur. De toute façon, ça ne serait pas bien long, si il disait vrai.
Pendant qu'il plonge, je je reste à la surface en jetant des coups d'oeil autour de moi, on ne sait jamais. Je crois pourtant que ça ne sert à rien, vu la vitesse à laquelle il remonte, débordant d'une jovialité qui me provoque des petits picotements agréables au creux de mon thorax. Je le suis sans un mot, même si notre recherche n'est cette fois pas concluante. Je manquerais presque de lui dire que ce n'est pas grave, que je n'ai pas besoin de voir le pokémon pour le croire, mais, dans les faits, je n'en ai pas le temps.

Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe. Au début, je mets un temps à piger, comme si c'était une blague, alors que très clairement, on ne plonge pas de cette façon normalement. Après quelques secondes, pourtant, mon adrénaline monte en flèche d'un coup, et j'ouvre de grands yeux horrifiés en voyant la vitesse avec laquelle Samaël disparaît sous les eaux. J'essaie, dans un réflexe rapide mais vain, d'attraper sa main pour le retenir ; cela ne sert à rien, puisqu'il est déjà trop loin. J'ai peur, d'un coup. Mon sang se glace, et un frisson désagréable me dévale l'échine instantanément.
Si je suis fier d'une seule chose chez moi, ce sont bien mes réflexes. Je n'ai clairement les capacités physiques d'un Aquaman prêt à plonger dans une demie seconde à peine, en revanche, je suis assez vif de tête pour me relever vivement et attraper avec une assez grande vitesse l'une des deux seules pokéballs que j'ai emmené avec moi, alors même que je sens pourtant mes mains se mettre à trembloter au fur et à mesure que les secondes passent.
Heureusement pourmoi, je sais encore reconnaître la ball de ma Ludicolo de celle de mon Alakazam. Et si la créature mi-terrestre mi-aquatique semble confuse quant à mon expression, elle attend bien vite ce que j'attends d'elle lorsque je m'accroche à sa cuvette pour lui faire signe de plonger au plus vite. Je prends une grande inspiration, et prie pour que mon asthme ne me joue pas de mauvais tours maintenant ; je sens déjà mon cœur battre à tout rompre, alors j'aimerais que pour une fois dans ma vie, mes poumons tiennent le coup.

Notre plongeon va vite, ou du moins, assez vite pour nous approcher en quelques petites secondes du fond. Nous ne sommes pas si loin de la côte, dans les faits, ce qui explique que le plongeon ne soit pas excessivement long. Et en vrai, je sens bien qu'Azami met toute son énergie dans cette descente.
Descente qui s'arrête bien vite lorsque je remarque enfin Samaël, et le tentacule rouge qui est accroché à l'une de ses jambes. Je ne mets pas bien longtemps à comprendre ce que c'est : un Octillery. Bon sang de merde, c'est censé être rare ces bestioles, surtout près des rivages, et l'on tombe dessus aussi vite ?! Je sens l'énervement me brûler la poitrine, presque autant que mon inquiétude, mais je n'ai pas que ça à faire. Même en remarquant distraitement le banc de Magicarpes qui semble se cacher du prédateur marin, je ne leur accorde pas un regard, préférant indiquer par un signal à ma Ludicolo qu'elle peut s'élancer.

Je la lâche au même moment. Ses attaques Force-Nature et Méga-Sangsue devraient être assez pour déloger l'Octillery de Samaël, à qui j'attrape la main, puis la taille, avec insistance. Dès lors que je sens que le prise de la bestiole se défait légèrement, je tire d'un coup sec, et parvient à en sortir sa prise. Plus loin, la Ludicolo s'engage dans un combat que je qualifierais presue de féroce, si le terme n'était pas étrange à utiliser lorsque l'on parle d'une créature si douce et joviale qu'elle ne fait rien de violent d'ordinaire. Pourtant, les faits sont là : la femelle vient d'ailleurs d'utiliser une Méga-Sangsue si violente que j'en ai senti les vagues bouger d'ici, alors même que je m'efforce de remonter à la surface.

Je lui fais confiance pour la suite : elle a l'air de dominer la situation, et de toute façon, vu la tâche d'encre noire que je remarque plus bas, l'Octillery l'a sûrement remarqué. Il prendra la fuite ou sera battu ; l'un comme l'autre, cela me va. J'ai plus urgent à faire.
Mon cœur bat toujours à tout rompre dans ma poitrine alors que nous arrivons à la surface et que j'attrape d'une main l'échelle menant au bateau. Immédiatemment, mon réflexe est de pencher mon copain pour qu'il puisse cracher toute l'eau qu'il a bien pu ingérer durant cette mésaventure. Je sens encore des frissons de peur me traverser alors que je le dévisage sous tous les angles, l'inquiétude crispant chacun de mes traits. Ma main libre passe un peu partout à la recherche de blessures, une lueur paniquée dans les yeux. Même ma voix tremble un peu lorsque je reprends la parole.

« Ne me refais plus JAMAIS ça. »

J'ai du mal à teinter mon ton d'humour, parce que, bah, ça ne me fait pas rire des masses, ce genre de choses. Bon, d'accord, nous avons déjà eu des mésaventures avec des pokémon, mais... Mais ça ne veut pas dire que je m'y habitude quand ça arrive ! Et certainement pas quand j'espérais justement avoir la paix.
Une exhalation nerveuse m'échappe. Je tente de donner sens à ce qui s'est passé, même si ça n'a pas grande importance. Je crois que c'est davantage pour occuper mes pensées. De ce que j'ai remarqué au fond, le comportement de l'Octillery n'a qu'un sens, pour moi. C'est vrai, de base, nous ne sommes pas du tout des proies pour cette espèce, et je doute que la créature ait voulu le goûter : je crois plutôt qu'il voulait l'éloigner au plus vite, quitte à utiliser des moyens violents.

« On dirait que tu as éloigné son repas et que ça l'a agacé. »

Et en perlant de repas, voilà que le Magicarpe doré que je cherchais Samaël apparaît à la surface. Je ne sais pas trop ce qu'il veut, mais ça m'indiffère pas mal, à vrai dire. Je lui jette même un regard torve malgré moi.

« .. Tiens, t'es là, toi. Content de ne pas avoir fini dans le gosier du gros prédateur ? »

Ce n'est pas mon genre, de me montrer plutôt sec avec les pokémon, d'ordinaire. Mais là, entre la peur que je viens d'avoir et ce qui s'est passé, je manque de patience. Je n'ai pas de raison, toutefois, de m'intéresser bien longtemps à ce Magicarpe, même si il tourne autour du bateau avec curiosité. Pour l'instant, ma préoccupation principale se trouve dans mes bras, et je n'ai pas vraiment l'intention de la laisser retourner faire ploufplouf tout de suite. De toute façon, Azami gère le poisson pour nous ; elle a bien le droit à une petite soirée dans la mer, si ça lui chante. Ainsi, je jette un coup d'oeil affectueux à Samaël, peinant malgré tout à dissimuler toute l'inquiétude qui sommeille au creux de mes iris. L'une de mes mains s'en va caresser l'une de ses joues avec la plus grande tendresse.

« Je crois que l'on va remonter un peu, si ça te va. »

Ce n'est pas vraiment une question dans les faits, je l'avoue. Disons plutôt une forme d'insistance polie ; et généralement, il tend à écouter quand j'y mêle un peu d'affection. De toute façon, je crois que nous avons fait assez trempette comme ça pour le moment
Je garde ma main contre sa taille lorsque nous remontons, désireux de lui éviter de perdre l'équilibre. D'accord, d'accord, j'en fais peut-être un peu trop, c'est vrai, mais euh, voilà, ça arrive, hein. Je prends la liberté de le poser contre la banquette alors que, me saisissant de serviettes que nous avions laissé là, je le couvre et m'occupe de passer un distrait coup sur ses cheveux ; ça ne sert pas de le sécher entièrement puisqu'il faudra bien passer à la douche pour se débarasser du sel, mais l'idée est là. Puis, en vrai, c'est surtout une raison pour pouvoir caresser sa tête et le dorloter, mais bon. Une fois cela fait, je m'éloigne un peu pour m'occuper de mon propre corps et j'enroule une des serviettes autour de ma taille.

« Si tu veux, j'ai, euh... J'ai fait des bentos, enfin, si t'as faim, quoi. »

Je désigne d'un petit mouvement de la tête les petites boites bleues que j'ai laissé dans la glacière. Rien de bien complexe, dans les faits. Du karaage, des udons froid au sésame, et du chou rapé ; juste assez, toutefois, pour que cela lui fasse plaisir, du moins de mon souvenir de ses goûts. Je me dis que cela aura peut-être le mérite de le mettre de bonne humeur, enfin, qu'est-ce que j'en sais.
Je m'installe finalement à ses côtés sur la banquette, prenant la liberté de le ramener contre moi, l'esquisse d'une grimace mi-embêtée, mi-amusée se dessinant sur mon visage.

« Donc, euh, toujours... Toujours content d'être ici ? »

J'essaie de plaisanter un peu. En vrai, personnellement, si je viens d'avoir la frousse, je dois avouer que j'espère que cela n'a pas gâché sa journée. Pas égoïstement, hein. Il aurait tout à fait le droit de réclamer de rentrer, là. Mais... J'espère que ce court repos pourra malgré tout rester un bon souvenir.


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ft. Sam-sam
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
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Jeu 7 Fév 2019 - 0:08
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Samaël Enodril-Miyano

&&&



Churros à l'eau de mer
feat Natsu et sa smala
"ou comment avoir l'air con devant sa belle-famille"

Je ne comprends pas ce qui se passe. Je ne comprends plus ce qui se passe. Je me sens juste entraîné vers le fond par quelque chose que je n'arrive pas à identifier. Un Pokémon, sans doute, si ce n'est une créature inconnue mais qui, dans tous les cas, ne nous veut pas du bien. Et a décidé de s'en prendre à moi. À force de jouer les curieux, ça finit par nous se retourner contre nous. Dans cette angoisse qui me prend aux tripes alors que j'ignore ce qui m'attend, je tente désespérément de me débattre, agité de mouvements violents qui traduisent mon envie irrépressible de survivre à cette journée, et surtout à cet ennemi mystérieux dont je ne connais rien. En bougeant ma tête, j'arrive à apercevoir néanmoins une forme rouge qui se déplace en-dessous de moi. Là, tout de suite, dans la panique, aucun Pokémon ne me vient à l'esprit pour me permettre de l'identifier, mais il semble plutôt gros. Mon cœur s'affole alors que le stress monte en flèche.
J'vais quand même pas crever maintenant ! Hors de question !
Je ne me voyais pas quitter ce monde avec une mort aussi débile. Limite j'aurais préféré me faire bouffer par un Sharpedo. Cela aurait eu un peu plus de gueule, quand même, même si je n'imagine pas la violence que ça aurait engendré. Je prie Arceus pour parvenir à dégager ma cheville avant qu'il ne soit trop tard. Mais l'énergie vient à manquer et sous l'eau mes mouvements sont encore plus restreints. Cela n'aide pas.

Puis, je vois des nuances de couleurs vertes s'approcher de moi par le haut. Là encore, difficile de distinguer clairement le Pokémon qui s'en vient, car je continue de bouger pour m'échapper, mais j'aperçois ensuite de vives lumières qui créent des ondes si violentes dans l'eau qu'elles me surprennent. Je sens ce qui me retenait me lâcher, puis une main prendre la mienne. C'est Natsume, j'en suis sûr. Avec une vitesse effarante et une force que je ne lui connaissais pas, il s'empare de ma taille et me tire à la surface alors que j'étais sur le point de perdre connaissance à cause du manque d'oxygène. Enfin à l'air libre, je prends une grande inspiration avant de cracher le peu d'eau de mer que j'ai avalé en remontant. J'ai sous-estimé la puissance de cette mer, mais je crois que j'ai failli y passer ; même si cette perspective m'effraie et me frustre tout à la fois. Mais je n'ai pas eu aussi peur pour moi que mon copain, de ce que j'entends. Il était mort d'inquiétude -ce qui est normal- et cette dernière transparaît aisément dans sa voix quand il me parle. Encore trop sonné pour lui répondre ou formuler des mots clairs, je reste muet, encore un peu choqué moi-même de ce que j'ai évité de peu. Je suis juste extrêmement soulagé, me promettant intérieurement de faire plus attention à l'avenir. Même si ça fait un bail que je me promets ça. Bon, on va dire que je me méfierai plus des Pokémon aquatiques. En jetant un bref coup d'œil au fond de l'eau, reprenant peu à peu mon souffle, je reconnais enfin un Octillery dans le Pokémon qui nous a agressé. J'ignorais que ça bouffait de la viande, tiens... J'imagine qu'à défaut d'être pas passé loin d'aller dire bonjour à papa et belle-maman, je me coucherai moins bête.

Lentement, j'acquiesce quand il me propose de remonter à bord. Sa présence a le don de calmer ma poitrine qui s'est mise à tambouriner au point de me faire presque mal. Progressivement, mon cœur s'apaise, suivant la voix de Natsume qui s'est faite plus douce désormais. Une fois de nouveau sur le bateau, il m'installe sur la banquette avant de me passer une serviette sur le corps pour me sécher. Je le laisse s'occuper de moi, encore en train de me remettre de ce qui s'est passé. J'ai eu vraiment très peur, maintenant que je m'en rends compte. Plonger dans le vide ne m'effraie plus car j'ai appris à avoir la confiance de mes Pokémon Vol et que je connais les cieux, mais l'océan et ses profondeurs... Cela demeure un univers inconnu pour moi. Ou du moins, si bien sûr j'ai été très souvent à la mer, je n'ai jamais pratiqué de plongée ou toute autre activité qui s'en approche, alors j'ignore tout de ses limites.
Pour une fois, je n'arrive même pas à me concentrer sur le repas quand il me présente les bentos qu'il a fait spécialement pour l'occasion. Une attention qui me fait plaisir mais devant laquelle je n'arrive pas à m'arrêter alors que je repense à l'Octillery qui vient de nous lâcher, pour de bon je l'espère, tandis que mon copain tente un trait d'humour pour que nous puissions nous tourner vers quelque chose de positif en jouant sur notre malheureuse aventure passée. Si je prends la peine d'émettre un léger ricanement blasé, ce n'est toutefois pas seulement pour sa vanne.

« Pfft... Manquer de me faire noyer par un poulpe stone... Va chercher une mort plus merdique. »

Sérieux, on aurait lu quoi, dans les journées ? 'Sirius étouffé par des tentacules' ? Et sur mon épitaphe, alors ? J'aurais eu l'air fin, devant papa. Les épisodes plage dans les animes ne se terminent pas aussi tragiquement, pourtant. C'est juste pour faire du fan-service et que les personnages se matent entre eux. Enfin... pour regarder Natsume d'un peu trop près, je n'ai pas besoin de ça. Je ne me plains d'ailleurs pas quand il me ramène contre lui, penchant même ma tête pour me reposer sur son épaule. Cela fait du bien de profiter d'un moment de repos pour souffler, après tout ça. Je ne dirais pas non à une douche par la suite, mais sentir sa présence tend à me rasséréner. J'en profite allègrement pour me coller, mais je ne pense pas qu'il soit fondamentalement contre, de toute façon. Le bruit des vagues qui s'agitent de moins en moins après la débâcle sont apaisantes. Je laisse un petit silence s'installer pour être sûr qu'il ne reprendra pas la parole tout de suite avant de lui glisser quelques mots au creux de son cou en esquissant un sourire affectueux.

« … Tu es mon héros. »

Pas de blague. Même pas de chute. Une manière de le remercier et en même temps une confession sincère exprimant de manière plus vaste tout un rôle qu'il représente pour moi depuis toujours. Quand nous faisons des parties de Donjons et Dragons, ce n'est jamais lui qui s'accapare le paladin brave et leader du groupe, mais c'est le mage qui me soigne toujours quand j'en ai besoin et qui assure mes arrières. Discret mais indispensable, à l'image du Miyano qui ne va jamais être celui qui ira discuter en premier mais qui demeure là quand on en a besoin.
La tempête à présent terminé, voilà qu'un curieux Pokémon à la couleur assez particulière vient nous rendre visite. Son expression de poisson mort et stupide le rend reconnaissable l'a rendu bien populaire mais il a, cette fois-ci, abandonné ses écailles rouges pour un beau doré brillant qui monopolisait mon attention tout à l'heure.

« J'avais raison... pour le Magicarpe. »

Ce n'est pas le bon moment pour ramener ça sur le tapis, mais je tenais à ce que cet incident ne soit pas vain. Certes, j'ai failli y passer, mais ça aurait été encore plus idiot que tous ces efforts aient été faits en vain. Je me doute néanmoins que ce n'est pas lui dont mon petit-ami aimerait qu'on parle aujourd'hui puisque ce Magicarpe, aussi peu commun soit-il, a entraîné indirectement le danger jusqu'à nous alors que nous ne voulions blesser personne et surtout pas les Pokémon sauvages devant lesquels nous sommes plus que respectueux tous les deux.

« Ça m'apprendra, à m'éloigner de toi. »

La terreur et le stress passés, je me permets de me frotter au cadet et de passer mes bras autour de sa taille pour me rapprocher davantage. Quand la Ludicolo fait réapparaître sa tête de l'eau, je n'oublie toutefois pas de la remercier pour son sauvetage. J'aurais fini en chair à Pokémon, si elle et son dresseur n'étaient pas intervenus. Mais en me relevant un peu et en sentant mon ventre grogner, je réalise, en effet, que j'ai bien envie de manger.

« Je ne dirais pas non à tes bentos. Et à une douche, juste après. »

C'est qu'il m'a donné envie, là. En ouvrant en plus les boîtes qu'il a amené, l'odeur qui s'en dégage et l'aspect me donnent drôlement envie et me donne l'eau à la bouche. Maintenant que je me sens un peu mieux, je me lève pour déplier la table qui se trouve à l'arrière du bateau et installe le couvert. Et sans grande surprise, les plats typiques japonais qu'il a préparé sont aussi bons qu'ils sont agréables à regarder, et je ne suis pas déçu. Je m'empiffre d'ailleurs un peu comme un malpropre quand je prends les premières bouchées en prenant le temps de les savourer et que je me rends compte durant les suivantes que j'avais, en réalité, assez faim.

« Je ne sais pas comment cuisinait Miyu, mais... Je dirais à ta grand-mère que t'es plutôt pas mal non plus, quand tu veux. »

J'aime bien blaguer en disant que Natsume ne sait pas tenir une poêle, mais c'est bien loin de la vérité. Surtout quand ça concerne les plats de son pays natal, évidemment. Quand il veut vraiment et qu'il y met du sien, il sait faire des repas succulents, et je ne manque jamais une occasion pour le complimenter là-dessus.
Une fois le ventre bien rempli, je profite un peu de la vue crépuscule qui s'étend à l'horizon. Le soleil se couche lentement mais sûrement, et je me pose un peu contre le banquette le temps de digérer. En faisant dérivant le regard, je constate que le Magicarpe est toujours là. Il n'a pas bougé d'une nageoire depuis tout à l'heure. Avec l'accord de mon compagnon, je lui lance un peu de nourriture pour qu'il puisse se nourrir. Toutefois, il lui faut bien cinq minutes pour comprendre que les restes traînent à côté de lui et attendent d'être mangées. Je glousse devant sa réaction lente avant de lui désigner ce que je lui ai lancé, et, enfin, il comprend et va les ramasser avec sa bouche en forme de 'o'. Il est désespérant, mais il est rigolo. C'est un Magicarpe, quoi. Je m'étire, décidant de passer à autre chose quand la nuit tombe enfin. Allumant les lumières sur le bateau, je me tourne ensuite vers mon copain avec un sourire doux, me laissant fondre devant lui une seconde de trop. Puis, me rappelant le sel qui colle à notre peau, je lui prends doucement la main pour le conduire jusqu'à la cabine où se trouve une salle de bain de riche. Bah oui, à partir du moment où t'as une baignoire dans un bateau c'est que t'as de la thune. Enfin bon, c'est mon cas, non ? Puis je tenais à lui faire plaisir, alors... Bah baignoire. Mais d'abord, douche. Alors j'allume le pommeau avant de me mettre dessous et invite le hérissé à faire de même. J'avoue que se débarrasser du sel, pour le coup, c'est pas du luxe, aussi ironique soit cette phrase quand on considère ma situation.
Et je vois clairement la différence quand je me rince avec le shampoing, le contact sur mon épiderme n'est plus aussi désagréable au toucher. Je dirais même avec une pointe d'humour débile qu'il n'y a pas que mon corps, qui se rince, y'a aussi mon œil. Voir le plus jeune sans vêtement, ce n'est clairement pas une première, mais je crois que son acte de tout à l'heure et surtout mon humeur de la journée entière doivent jouer à apprécier sa vue plus que d'ordinaire. C'est pour cela je pense que je profite de ce moment aussi pour le laver, surtout au niveau des cheveux dans lesquels mes doigts administrent des massages dont je le sais friand. Une fois qu'il est propre et que j'ai passé le jet d'eau sur lui pour enlever le savon, je l'attire avec douceur contre moi en lui lançant un sourire transi avant de m'emparer tendrement de ses lèvres. C'est dans ces moments de tranquillité que je me sens bien idiot (encore plus que d'habitude je veux dire) d'avoir laissé un burn out gâché mon énergie au point de ne plus lui accorder autant d'attention qu'avant. S'il y a une promesse que je n'ai jamais encore rompu, c'est celle de ne plus laisser mon travail empiété sur ma vie privée et ma santé. Et à aucun moment je n'ai eu de regrets.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Mer 13 Fév 2019 - 1:42
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Natsume Enodril-Miyano

Churros à l'eau de mer

Martine va à la mer version dorks
Il va vraiment me tuer jeune, celui-là. J'essaie de détendre l'atmosphère en prenant un air de 'ouais je suis à l'aise et calme car je suis cool moi monsieur' pour ne pas trop rappeler le fait que ce qui s'est passé aurait pu être beaucoup moins drôle, mais bon, j'ai un peu du mal malgré tout. Et je vous vois, à vous moquer de mes tentatives ratées de me donner des airs, hein ! C'est juste que... Bon. Je ne vais pas vous faire un topo sur le fait que j'aimerais garder Samaël en vie et que par conséquent, j'ai un peu de mal à reprendre des couleurs immédiatement après la frayeur qu'il m'a fait. Ou du moins, avec la frayeur que cet Octillery de malheur nous a fait. Je dois avouer que pour le coup, j'ai esquissé un sourire satisfait et un poil cruel sur les bords en voyant Azami remonter, tout particulièrement quand elle me fit comprendre par le biais de son sourire que le problème était réglé. Oh, ne vous agitez pas hein, il n'est pas mort ; je ne suis pas un monstre. Il est juste très, très bien assommé et devrait se rappeler de la leçon pour quelques dizaines d'années au moins. Tant mieux. J'éviterais peut-être de faire un AVC et de mourir à vingt-six ans (même si je ne me fais aucune illusion quant au fait que je ne risque pas de finir très vieux) par la crainte que je peux me faire pour ce idiot.
Idiot que j'ai peut-être un peu trop tendance à couvrir, là. Sans m'en rendre compte, je le dorlote quasiment inconsciemment, m'assurant qu'il ne prenne pas froid, me replaçant dès lors que je sens qu'une position le mettra plus à l'aise et ne cessant pas de le dévisager pour essayer de trouver la moindre trace d'inconfort sur son visage. Non, dans les faits, je suis juste encore un peu stressé. J'ai du mal à faire comme lui et ricaner librement, ne pouvant pas m'empêcher de me tendre quand il parle de 'mort', même pour la blague. Oui, non, mais non merci, on va éviter ça si possible. Brr. Non mais sérieux, j'ai une tête à aller fleurir une tombe tous les mois ?! Je vous jure, en plus, en plus... E-eh bah, euh, ça demande d'abîmer des fleurs, puis, euh, ça prend du temps et puis... Et puis non, zut ! J'vais tout de même pas m'expliquer non plus ! Je le serre davantage contre moi, m'assurant de coller ma main à ma taille. L'action a le mérite de me calmer très légèrement, détendant mes traits et mes muscles crispés. Oui, peut-être que je peux continuer à le couver un peu ; ça ne tuera personne.

Je sens mon rythme cardiaque se tranquilliser, même si mon regard n'arrive pas à le quitter, s'arrêtant distraitement sur ses mains, les traits de son visage ou sur ma main droite qui s'est posée sur sa poitrine pour sentir les battements de son cœur sous ma paume. Mes yeux se fermeraient presque si j'étais capable de me relaxer entièrement à l'entente des remous des vagues, mais je n'en suis pas loin.
Il me surprend en reprenant la parole. Je laisse mon regard se bouger distraitement sur son visage et reste muet sur le coup. Qu'est-ce que... ? Mes joues prennent aussitôt une teinte rougeâtre malgré toutes mes tentatives de garder l'air le plus indifférent possible. La gorge serrée, je ne sais pas vraiment pourquoi son commentaire met met dans un tel état, le dos dressé et le regard attentif, devenu vif voir même un peu nerveux. En un sens, ce n'est pas vraiment logique aux premiers abords, en plus : j'ai horreur du concept même de l'héroïsme. Et ce n'est pas juste pour faire l'edgelord de service qui veut dire 'ouin ouin j'aime pas ça car le monde il est cruel d'abord regardez comme je suis philosophe', c'est juré. C'est juste que... Derrière tout ça, il y a un ensemble de concepts et de notions qui me font me tendre si vite que c'en est ridicule. Enfin, c'est plus complexe, si complexe que je n'ai moi-même vraiment saisi. Peut-être que c'est l'idée que l'action d'un individu est plus importante que celle de la collectivité, j'en sais rien. Toujours est-il que c'est généralement quelque chose qui m'agace sans que je comprenne et que je rejette en bloc. Déjà l'époque de la résistance, l'on m'entendait toujours râler dans un coin quand venait le débat sur « qui qui se comporte comme un héros de guerre », et ça n'a pas changé. Maintenant, je suis plus calme, mais tout de même. Vous me trouverez toujours à faire des commentaires de petit gamin capricieux qui lève les yeux au ciel quand un film se met à faire un speech métaphorique sur la valeur de l'héroïsme et toutes ces conneries.
Toutefois, ce n'est pas la même chose ici. Je ne sais pas si c'est par pure hypocrisie ou parce que je lis un sens différent aux propos de mon copain, mais... Mais je vois ce qu'il veut dire. Ou du moins, il ne parle pas vraiment du simple fait de lui avoir rendre service sous l'eau ; et ça, je vous avoue que ça a le mérite de me couper un peu le siflet. Je sens une chaleur se propager dans mon ventre. C'est un peu cucul la praline, mais je suis content de savoir que je lui fais du bien. Que ma place auprès de la sienne est désirée, je veux dire. C'est important, pour moi. Je ne vais pas vous faire un speech, mais disons que c'est quelque chose que j'apprends encore à découvrir depuis quelques années. Embarrassé mais bizarrement content, je laisse le début d'un sourire timide mais bancal arquer le coin de mes lèvres.

… Sauf qu'évidemment, il faut qu'il ruine tout en parlant de ce Magicarpe. Non mais... Mais sérieux ! Je le fixe d'un regard neutre, mais en vrai, je suis blasé, et j'afficherais presque une réaction indignée. Vexé comme un pou, je tourne la tête pour ignorer volontairement le poisson pourri et grommeler dans ma barbe inexistante, le bas de mon visage lové dans ma propre paume et le coude bien droit sur le bord du bateau. Grmbl. On était plutôt bien, là, et, et... Et oui bon, d'accord, j'exagère énormément, là. J'en fais peut-être un peu trop. Par conséquent, je finis par poser un coup d’œil ennuyé vers la bestiole avant de marmonner quelques paroles à demie-voix.

« Bah, t'as qu'à le capturer si tu l'aimes autant. »

Oui, on est au niveau bac à sable de maternelle, je suis au courant. Toutefois, ça a le mérite de me défouler. De toute façon, il finit bien vite par revenir à mes côtés, me faisant esquisser un rictus arrogant, prétentieux et bêtement satisfaite. Ne vous trompez pas, je ne fais pas un délire malsain à base de 'oui si tu vis ta vie de ton côté c'est pas bon', c'est juste assez flatteur d'entendre ça pour mon ego, voilà tout.
Enfin, de toute manière, l'heure du dîner approche. On est en avance, certes, mais j'estime qu'après un plongeon et une petite frayeur, ce n'est pas non plus le pire des choix que de se porter vers ça. Je hoche de la tête distraitement en prenant mes distances (bah oui, il va pas manger sur mes genoux non plus) pour que nous puissions chacun manger. La douche est tentante, en effet. J'ai horreur de la sensation de ma peau collante et salée. Une chose à la fois, néanmoins ; puis, c'est toujours plus agréable de se laver après avoir mangé, tout le monde le sait.

Je laisse Samaël s’atteler à la tâche en installant pour ma part négligemment les quelques trucs que nous avons ramené, dont les boissons et les petits paquets de sauce soja en forme de poisson que je ramène toujours avec moi (le mien il s'appelle Toto). Je suis plutôt discret quand je mange, alors je ne dis pas grand chose. Puis, généralement, c'est Sam qui meuble les repas. Pas que ça me dérange, hein, j'aime bien l'entendre parler : bizarrement, entendre sa voix me calme. C'est juste que je préfère pour ma part me taire et en finir vite fait avec cette activité un peu accessoire à mes yeux.
Le commentaire qu'il fait quant à ma cuisine me fait m'arrêter une seconde. Immédiatement, je me force à lever les yeux au ciel et affiche une moue mi-blasée, mi-moqueuse, dans un réflexe puéril de 'oui bah roooh t'es niais hein' alors qu'au fond, ce n'est pas pour me déplaire. Je garde le silence, sûrement conscient dans un coin de ma tête que je ne ferais que rendre ça évident si je prenais la parole en plus. Bon, d'un autre côté, c'est aussi pour éviter de ruiner de faire offense à l'esprit de ma mère : pas sûre que ce soit très cool, de dire que son niveau de cuisine était moyen et que ce qui la rendait bonne à mes yeux était qu'elle avait le goût de la maison. Toutefois, je n'arrive pas à m'empêcher de sourire un peu, alors je cache ça derrière une plaisanterie narquoise.

« Pfff, arrête voir tes flatteries et mange, espèce de goinfre. »

Oui, c'est un peu la grosse facilité que de dire ça, mais au moins, j'arrive à me reconcentrer sur ma nourriture pendant quelques instants. Si Sam s'amuse (encore) avec son Magicarpe, je me charge de débarrasser la table sans trop me presser, plutôt lent à la réaction. Il revient toutefois assez vite vers moi. Je l'observe d'un air intrigué lorsqu'il me prend la main, un sourire doux au visage. Alors certes, cette expression a le mérite de me faire le suivre si docilement que c'en est ridicule, mais j'aimerais bien qu'il m'explique où il veut aller là parce que-... Oh, la douche. Logique, ouais. Vrai qu'on pue un peu et que en plus, j'ai beau l'aimer, mais je crois que je ne supporterais pas trop de dormir avec quelqu'un dont le contact me gratte à cause du sel.

... Wow, j'avais oublié à quel point ça fait du bien, de ne plus être un pot de sauce soja.
L'eau chaude, je ne vais pas vous mentir, est un peu une bénédiction après tout ça. Un sourire béat sur le visage, je reste immobile pendant quelques secondes, clairement très heureux de ma situation. Un peu trop béat, d'ailleurs, tellement que je manquerais presque de laisser mon âme être aspirée par le carrelage de la douche, le regard un peu vide. Non mais, mine de rien, c'est agréable, hein, alors on oublie très vite tout le reste. D'ordinaire, je n'oublie pas Sam lorsque l'on se douche, mais vu qu'il a l'air de vouloir se nettoyer seul aujourd'hui, je ne vais pas l'en empêcher. Puis, j'ai moi-même à gérer et-...
Ah, bah, visiblement, faire un trip endormi devant un mur, ça mène au fait que ce soit votre copain qui s'occupe de vous laver. Le contact me fait sursauter d'un coup car j'avais presque oublié sa présence. Cette dernière se rappelle à moi par ses doigts qui glissent entre mes cheveux, me faisant pencher la tête en sa direction tandis qu'il s'occupe de le les laver. Ooooh, ça, c'est sympa. Très, très sympa, même. Des frissons agréable passent par mon corps tandis que je le laisse faire, un air particulièrement stupide dessiné sur le visage. D'accord, c'est mon point faible donc je me transforme en marshmallow sur place et je suis donc devenu une grosse loque, mais je suis une grosse loque qui passe un bon moment et c'est le principal. Toutefois, j'esquisse le début d'un sourire, légèrement embarrassé par mon moment d'absence lorsqu'il se met à me rincer, fermant à moitié les yeux pour ne pas avoir la mauvaise surprise de finir avec du savon dans les yeux (et passer ma soirée à chigner parce que « ouin ouin ça pique »).

« Euh, désolé, j'étais plus trop là. »

J'ai toujours eu de grosses difficultés à me concentrer et des tendances à, disons... Ne plus trop être là, quoi, si l'on veut. Rien de bien grave, mais de temps à autre, j'ai tendance à disparaître on ne sait où, comme là. Il a l'habitude, car dans les faits, c'est pas nouveau qu'il faut parfois claquer des doigts devant mes yeux pour que je réagisse. De toute façon, mon attention, il l'a toute entière.
Je hausse un peu les sourcils en le sentant me rapprocher de lui, un air intensément gaga au visage. Par réflexe, cette observation me fait ricaner doucement, l'amorce d'un sourire tendre relevant mes pommettes. Bah, j'y peux rien si je le trouve mignon même quand il est tellement mièvre que ça en ferait vomir un arc-en-ciel ; moi-même, je ne comprends pas mes goûts. Toujours est-il que je glousse très légèrement en sentant ses lèvres se glisser contre les miennes avec une tendresse qui lui est habituelle. C'était un peu prévisible et en même temps, c'est ce qui m'attendrit à ce point. Il faut dire que ce n'est pas pour me déplaire, loin de là, mais ça, il le sait ; il n'est pas le seul à profiter de notre intimité retrouvée depuis quelques semaines. Il faut dire que durant les semaines précédent son malaise vagal, puis celles d'après, j'ai... J'ai préféré le laisser se reposer que de l'approcher. Il n'est donc pas surprenant que maintenant que je suis plus à l'aise avec son état, je ne cherche nullement à m'éloigner, au contraire. La manière que j'ai de glisser paresseusement mes mains contre ses flancs pour encercler sa taille en est une preuve assez claire, à mes yeux.

Une chaleur agréable bourdonne dans ma poitrine alors que je m'efforce de lui rendre son baiser, jouant distraitement avec ses lèvres qui, décidément, m'ont manquées. Mes doigts se resserrent sans que j'y pense contre son corps, s'amusant tout de même à tracer des formes invisibles dans son dos et contre son ventre. Je sens quelque chose fourmiller dans ma gorge ; ou peut-être est-ce juste ma sensibilité qui vient me jouer des tours. Il faut dire que depuis tout à l'heure, je, hm... Disons que  mon comportement actuel, qui me pousse à raffermir ma prise contre lui et à continuer les caresse de mes lèvres contre les siennes, n'est peut-être pas totalement déconnecté du fait que je me sens particulièrement réceptif à son toucher depuis quelques heures. Je viens même le chercher ; inconsciemment, je me rapproche pour coller mon épiderme contre le sien, laissant échapper un soupir de satisfaction. La sensation, grisante, fait monter de longs frissons du bas de mon échine à ma nuque. Pour une fois, j'en ai presque oublié le bain : c'est un miracle suffisamment rare pour être noté, je le sais.
Il est assez difficile de m'éloigner à l'heure actuelle. Probablement que son approche de tout à l'heure, qui m'avait déjà plus titillé qu'il ne serait digne de l'avouer, joue un rôle quant à mon enflamement  présent. Je me montre plus radin de son odeur et de son toucher, ou même de la sensation de sa peau contre mes mains, qui s'amusent actuellement à remonter vers sa nuque. Entre deux baisers rendus plus rapides et vifs par le fait de ma respiration accélérée, ma langue glisse taquiner ses lèvres. J'ose timidement approcher de la sienne, lui demandant une confirmation muette, ne préférant pas trop m'avancer tant que je ne suis pas pleinement sûr de son accord. Oui, les précautions, c'est pas juste une fois tous les six ans, hein. Le fait d'avoir passé presque dix ans ensemble ne m'empêche pas d'être attentif à ces choses-là.

La tension qui m'habite, palpable, très palpable (un peu comme l'arrière-train de l'autre andouille et oups ma main s'est perdue là par hasard), me rend toutefois plus taquin. Un sourire joueur et enjôleur s'en va étirer mes traits détendus et tranquilles alors que je me penche pour lui susurrer quelques paroles d'un ton amusé, à la limite de la provocation (oui, ça s'appelle être un petit con drama queen et un peu beauf).

« J'avais promis de te le rendre, non... ? »

C'est au moment même où l'une de mes mains s'en va se porter vers sa nuque pour le ramener une nouvelle fois vers moi afin saisir ses lèvres un peu trop tentantes à mes yeux que l'eau devient glacée. Si glacée que j'en pousse un jappement aussi aigu que soudain, ouvrant bien grand les yeux avant de m'éloigner vivement de mon copain et la douche. Gmmgmrl, foutu pommeau ! Qu'est-ce qu'il a à m'embêter quand je suis occupé, lui, hein ?! Il n'a pas vu que j'avais mieux à me-... Hm, mieux à faire que de m'énerver contre un souci technique ?

« Qu'est-ce que... ? »

Fronçant les sourcils, je remarque que nous ne sommes pas dans une situation de « ohlalala y'a plus d'eau », mais que clairement, l'eau chaude s'est faite la malle. Une pensée me passe alors par la tête et je grimace en imaginant que ce puisse être vrai. Assez rapidement, délaissant par ailleurs totalement mon petit-ami qui était pourtant au centre de mes pensées il y a quelques secondes, je m'en vais relever le robinet d'eau chaude de la baignoire. Pas de bourdonnement caractéristique, cette fois-ci. Avec horreur, je comprends que le liquide aquatique ne se réchauffera pas ; il va falloir que j'en fasse le deuil. Soit nous avons vidé le stock, soit il y a un souci et aucun de nous deux n'est ingénieur, que je sache. Je pousse un long soupir, aussi agacé que frustré (oui bon ça va hein).

« Bon, je crois que pour le bain, c'est raté. »

Ou du moins, pour le bain chaud. Certes, rien ne nous empêche de prendre un bain d'eau fraîche, mais... Bah, c'est pas pareil, quoi. Je grommelle un peu. Je ne vais pas vous cacher que j'avais attendu ce moment et que je suis quelque peu déçu, je crois que ça se voit assez comme ça sur mon visage de grumpy cat vivant. Toutefois... Bon, bah, c'est pas si grave, hein. Clairement, j'ai eu de pires moments dans ma vie et je ne vais pas tirer la tronche cinquante ans alors que nous avons encore toute la soirée pour nous. Je me sens juste un peu bête d'être aussi déçu sur un truc qui n'est qu'accessoire, d'autant plus que des bains, nous en prenons déjà un sacré paquet à la maison. Par réflexe, je me masse donc la nuque, une moue embêtée au visage ; j'aime moyennement avoir l'air d'un gamin capricieux devant Sam, dans les faits.

« Je, hm... J'ai ramené la switch, si ça te tente, en remplacement. »

Oui, d'accord, c'est plus pour sauver ma face et faire comme si je n'étais absolument pas en train de boudoyer dans ma tête car je suis un peu déçu et que j'aimerais bien un câlin, là. Je sais que je suis transparent comme de l'eau de mer-... Héhé, l'eau de mer, parce que, vous voyez, on est sur la mer. Ahaha. Hrm. Au fond, aussi, il y a une petite partie de moi qui ne voudrait pas qu'il soit déçu non plus, alors je brode un peu ; de toute façon, je ne suis jamais difficile quand il s'agit de lui.


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ft. Sam-sam
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Dim 17 Fév 2019 - 20:45
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Samaël Enodril-Miyano

&&&



Churros à l'eau de mer
feat Natsu et sa smala
"ou comment avoir l'air con devant sa belle-famille"

Naturellement, mes doigts viennent se glisser dans ses cheveux. C'est bien normal qu'il me rende mon affection, mais je me sens toujours flatté quelque part quand je sens la passion et la douceur qu'il réserve à ses gestes. Même lorsque sa langue vient doucement s'annoncer entre mes lèvres, il y a une forme d'hésitation, qui ne vient pas d'une quelconque timidité mais plutôt d'une attente d'approbation. Approbation que je lui donne bien évidemment, puisque je ne saurais de toute façon rien lui refuser et que je désirais son contact depuis plus longtemps que je ne le pensais. Les sorties en famille c'est chouette, mais ça fait du bien aussi d'avoir de l'intimité, et c'est ce que j'ai fini par comprendre peu de temps après que j'ai fait mes cartons. J'avais un peu ce blues de quitter la maison dans laquelle j'ai grandi, mais il était temps que je vole de mes propres ailes à ce niveau-là aussi, tout comme ma mère qui préférait demander directement à Kagami si elle pouvait venir habiter avec elle à l'auberge en échange de services pour les tâches quotidiennes. Il aurait été ridicule qu'elles continuent à se voir sans qu'une officialisation soit faite. De plus, Amanil commençait à perdre de sa vie d'autrefois, et les clients venaient à manquer pour maman. Il était mieux qu'elle déménage sa clinique jusqu'à Vanawi où elle aurait plus de chance de retrouver des patients. Et je crois que je ne l'ai jamais vu aussi heureuse depuis la mort de papa. Quand je vois son sourire radieux à chacune de mes visites chez les Donovan, toutefois, je sais qu'on s'occupe bien d'elle. De temps à autre, elles ont également besoin de temps seules, j'imagine. Et puis, il fallait vendre la maison, un moment, aussi, pour qu'elle continue à vivre à travers d'autres personnes. Tant de raisons qui font que je ne regrette pas du tout ma nouvelle vie avec Natsume, même si j'ai fait l'erreur de ne pas en profiter tant que je le pouvais. Je ne la referai pas deux fois.

Mais parmi tout ça, est-ce que mon nerd préféré est au courant de tout l'effet qu'il me fait ? Oui. Oui, sûrement. La chaleur qui s'est emparée vivement de moi n'a rien à voir avec la vapeur que produit l'eau de la douche. Son sourire taquin quand il se sépare est bien clair. Il profite largement de tout ça pour me mettre dans un état pas possible en étant conscient que ça marchera à tous les coups. J'espère que son ego en est flatté, en tout cas, car c'est réellement le seul à me tirer des frissons aussi agréables. J'aime son rictus de petit con arrogant, et en même temps ça m'énerver de le voir aussi fier de lui. Pfft... Je sais que je suis faible en sa présence. Ce n'est pas une nouveauté et ce serait vain de le cacher. Mais qu'il n'oublie pas que je peux également le prendre à son propre jeu et provoquer la réciproque, quand je veux. Je sais très bien ce qui se passe au niveau de ses joues quand je mets des lunettes, entre autre. C'est pourtant vrai, qu'il me promettait un baiser en retour de celui que je lui ai offert un peu plus tôt dans la journée. Je suis d'ailleurs plutôt content qu'il s'en soit rappelé. Et encore plus satisfait quand il se rapproche une nouvelle fois pour continuer notre échange, que je ne veux pas trop faire attendre non plus. Enfin, ça, c'était avant que la température de la douche change drastiquement pour tomber dans le négatif et nous éloigner tous deux d'un mouvement brusque, me faisant pousser un hoquet de surprise qui transforme mon expression en une grimace mauvaise à l'encontre du jet. Vivement, j'éteins derrière celui-ci avant d'attraper des serviettes. J'ai bien assez d'un enfant et d'un Straum à la maison pour ruiner tous nos instants romantiques sans que le mobilier s'y mette aussi. J'imagine que sur un bateau c'est le genre d'inconvénient qui peut arriver, mais... Mais mince, j'avais encore un peu d'espoir qu'un bain bien chaud nous fasse oublier la frayeur de tout à l'heure ! Même Natsume ne semble pas trouver l'origine de la panne. Il va donc falloir qu'on attende un peu avant que ça revienne, ou alors on a décidément pas de chance et on devra s'en passer jusqu'à notre retour. Rooh, c'est pas juste...

« En effet... Désolé, je pensais vraiment que tout était bien fonctionnel. Au moins, on en tout juste eu pour nous rincer. Elle devait être jalouse, hé. »

Et on m'en avait promis un, de bateau fonctionnel ! Franchement, à quoi ça sert d'avoir de la thune en trop si on peut pas s'en servir pour faire des trucs de riche et être capricieux ? Tant pis, au moins, j'essaye de faire passer la pilule avec un peu d'humour. J'espère juste que ce n'est qu'une question de temps avant que l'eau chaude revienne... Allons, Sam, arrête de faire le gamin. Des bains, on peut aussi en prendre à la maison quand on veut, après tout. Cela aurait juste été bien pour se détendre. Mais je peux largement penser à autre chose.

« La Switch ?.. »

Ah oui, c'est vrai qu'il a toujours cette console à la maison. Elle commence à dater, tiens, mais ça reste encore fun d'y jouer, remarque. Les parties de Smash chez Faust me manquent, parfois, quand on jouait avec Isaac, Natsu, Nagisa, parfois Clive et Alice... C'est différent, aujourd'hui. L'ambiance est devenue différente. Je ne suis pas sans savoir surtout que la relation entre Faust et Natsume est... Particulière également. Mais ça aussi, ça fait partie de la vie, je suppose. Il y a aussi d'autres choses qui m'amusent maintenant et qui ne le faisaient pas à cette époque. En passant rapidement un coup de peigne dans mes cheveux et la serviette autour de mon corps pour le sécher, je fais de même pour mon copain que j'entoure également d'une serviette. Avec la température ambiante, un peu de frais ne nous fait pas de mal mais je ne voudrais pas qu'il attrape froid. Et puis j'ai besoin que nous soyons secs aussi. D'ordinaire, je ne dis jamais non pour une partie de jeux vidéos, c'est un fait, mais...

« Tu sais bien que je ne suis jamais contre. Mais j'avais une autre idée à te proposer. »

Disons que la console ne m'attirait pas des masses pour ce soir. Tout ce que je veux, c'est lui. Je m'en étais rendu compte déjà au roller coaster quand je me suis montré un petit peu entreprenant. Une drôle de sensation pourtant familière ne m'avait pas quitté depuis, mais difficile d'en parler à mon petit-ami tant que nous n'étions pas seuls. Je ne voulais pas non plus tout de suite l'embêter avec ça une fois que nous serions isolés sur le bateau. Je souhaitais aussi profiter de ce moment avec lui pour nous baigner et se coller l'un contre l'autre au milieu de l'océan, pendant qu'un petit monstre ne serait pas dans nos pattes pour quérir de l'attention auprès de son pap-... J'allais dire... Oh, peu importe, vous avez compris. J'ai appris à apprécier Mell, mais disons que des fois sa présence n'est pas forcément voulue non plus dans certains moments ; et c'est assez problématique quand il ne comprend pas la majorité du temps. À part toutefois si une créature marine décide soudainement de nous attaquer, il n'y a pas énormément de chance pour que nous soyons dérangés cette fois. C'est d'autant moins drôle que nous sommes tous deux assez vulnérables dans l'eau si jamais nous venions à nous noyer. Ludicolo est pratique et forte, mais il serait préférable de ne pas abuser de toute son énergie non plus. Une petite baignade de minuit n'est heureusement pas prévue au programme ; cela ne fait pas partie du mien, en tout cas. Connaissant l'avis de Natsume sur les peaux couvertes du sel de mer, je suis certain au moins que ce n'est pas ce qu'il désire tout de suite non plus. C'est pour cela que je me permets alors de me rapprocher comme tout à l'heure pour l'embrasser de nouveau, avec la même tendresse que quelques minutes plus tôt. En même temps, je le débarrasse de la serviette que je jette négligemment sans savoir où elle atterrit, et pose mes mains autour de sa taille pour qu'elles en fassent le tour par des caresses douces. Je ne sais pas si je réussirai à ramener l'ambiance de tout à l'heure, mais ce ne serait pas la première fois, alors je tente ma chance. J'espère seulement qu'il comprendra. Après dix ans de relation, il devrait me connaître assez pour ça. Il faut savoir que je ne suis pas le plus subtil de nous deux non plus. Peut-être a-t-il déjà deviné mes intentions.
Au bout d'un moment, ma langue, un peu hésitante, finit par glisser entre ses lèvres. Puis, ma bouche se sépare de la sienne pour embrasser ses joues, son oreille, son cou, tandis que mes mains se baladent plus bas. L'une d'elle vient prendre la sienne, le guidant cette fois-ci jusqu'à la chambre. Il m'arrive d'être plus fougueux dans ces moments-là mais je veux lui laisser le choix de faire autre chose s'il en a envie. Peut-être voulait-il juste que nous jouions vraiment à la Switch. Depuis le temps, il sait me dire quand une activité le tente ou pas, et je sais, comme c'est le cas ici, ce que peuvent représenter certains de ses silences, remplacés parfois par d'autres sons que j'ai appris à interpréter. Pas besoin donc de confirmation en théorie, mais je reste toute ouïe. Vu néanmoins que ça ne semble pas le déranger, je l'amène alors jusqu'au lit sur lequel je l'allonge avec son accord, avant de me placer au-dessus de lui pour capturer ses lèvres une énième fois et coller mon corps contre le sien.


« Hé... L'eau chaude est revenue ! »

Un peu plus tard, dans la soirée, je suis allé voir s'il était de nouveau possible de prendre un bain. Mes prières ont été entendues : nous avions finalement de l'eau chaude à nouveau. Alors, j'ai fait couler un bain pour que nous puissions en profiter un peu. Cela aurait été dommage, quand même. Je me suis donc installé dans le bain une fois que cette dernière fut remplie, avant de laisser mon copain s'installer. Tranquillement, et totalement détendu, je me permets de m'étirer. Il règne vraiment sur le bateau (et dedans) un silence religieux que seules nos voix et les vagues arrivent à briser. Et de temps à autre, ça fait un peu de bien de ne pas avoir d'enfants qui crient à la maison. C'est bénéfique pour moi, mais... Aussi pour lui.

« Je peux capter si tu manques à Axel, mais... Sérieux, tu avais besoin de repos, toi aussi. »

Mes mains glissent contre son dos pour y faire des massages. J'ai moi-même du travail, bien sûr, mais je n'imagine pas ce que doit représenter tous les efforts qu'il doit produire pour s'occuper à la fois de la Pension, du gamin, de ses cours... Il a un paquet de trucs à gérer, quand j'y pense. Un peu de vacances ne peut pas lui faire de mal, si on a quelqu'un pour garder l'enfant. Je dois avouer que j'étais plutôt soulagé de savoir que les grands-parents de Natsume s'entendaient bien avec le petit. Cela nous fait gagner au moins du temps pour se vider l'esprit et reprendre de l'énergie.

« Il se pourrait que je me sois habitué à sa présence, d'ailleurs. »

Puisque j'y pense, tiens, il est vrai que je parle de son filleul avec bien plus de naturel qu'avant. À force, je suppose que je ne pouvais pas faire autrement non plus, mais ce n'est pas désagréable. Je suis encore très maladroit avec Axel et j'ignore comment il me considère exactement, mais je n'ai plus ce malaise étrange du début, où je ne savais pas trop comment situer sa place -et la mienne- dans tout ça. En poussant un soupir d'aise, je repose ma tête contre son épaule, l'air pensif et en même temps, paisible.

« En fin de compte... Quand je suis tombé amoureux de toi, c'était peut-être la vie que je m'étais imaginé pour le futur. »

Quand j'avais dix-sept ans, l'âge auquel j'ai rencontré le Miyano, je rêvais encore très fortement de Compétition et de gloire. Mais pas que.

« Toi, moi, un petit nid tranquille... des enfants et des Pokémon. »

Quand j'ai commencé à développer des sentiments pour lui, je me suis mis à fantasmer. Beaucoup. Pour compenser sûrement la peur qui me prenait chaque fois que j'avais une opportunité de lui avouer ce que je ressentais et que je la laissais lâchement filer entre mes doigts. J'ai écrit son nom sur une bonne centaine de papier en espérant que mon affection préférerait se loger dans sa calligraphie plutôt que de rester m'étreindre aussi douloureusement. Comme je m'y attendais, malgré divers techniques de dissuasion, aucune n'a marché, et je gardais secrètement enfoui ces sentiments qui commençaient à me ronger chaque fois que je le croisais. Il était alors en effet plus beau de rêver à ce que serait notre vie ensemble plutôt que d'amorcer le premier pas qui ferait de ces songes une réalité. Aujourd'hui, je sais toutefois que je n'aurais jamais pu trouver le bonheur autrement même si je l'avais voulu ; et je suis sûr d'une chose : si ce n'est pas la vie dont j'ai tant rêvé, elle est peut-être même encore mieux que tout ce que j'aurais pu imaginer. J'en suis inconscient pour le moment, mais la présence d'Axel a chamboulé nos existences peut-être plus que ce que j'aurais pu prévoir. Cela m'a fait réaliser au moins diverses choses importantes.

« Peu importe ce qui arrive... Je serais heureux si tu es avec moi. Je croyais avoir déjà saisi ces mots auparavant. En fait, je ne les comprends que maintenant. Mais... Je les pense sincèrement. »

Il y avait des sacrifices que j'étais prêt à faire si cela voulait dire rester avec lui. Néanmoins... Je ne me rendais peut-être pas compte de l'impact de ces pensées. Je n'avais pas réfléchi à tout ce que ça impliquait, mais plus j'y pense, plus je prends conscience de tout ça. Axel est l'exemple le plus flagrant, mais si j'avais encore du mal il y a quelques temps à me faire à une vie avec lui (puisque Natsume est son tuteur), je me suis dit récemment... Que je pouvais bien faire avec. Il a besoin de l'éleveur, après tout, c'est un fait que personne ne pourrait contredire. Mais l'Hôte représente pour moi une lumière dont je dépends aussi ; et elle a fini par prendre le pas sur le malaise que m'inspirait l'enfant, me poussant à faire des efforts de mon côté afin de l'accepter. Je ne suis pas celui qui ai fait le premier pas pour entrer dans la vie du Miyano, mais il n'est jamais trop tard, je suppose, pour faire partie de celle du garçon qu'il a adopté.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 10 Mar 2019 - 17:20
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Natsume Enodril-Miyano

Churros à l'eau de mer

Martine va à la mer version dorks
Grmbl. J'aime pas quand mes plans sont mis à bas par des éléments imprévus, sérieusement, ça me rend particulièrement grincheux d'une seconde à l'autre. Un peu ridicule en soi, j'en ai tout à fait conscience, car je n'ai actuellement pas l'air bien malin. Fixer un pommeau de douche en grognant à moitié, ce n'est pas exactement la quintessence de la classe.
Enfin, au moins, Sam a l'air de trouver ça drôle. J'avoue qu'il parvient, par son humour moisi que j'ai déjà entendu quatre mille cinq cent fois (sérieux il se répète dans ses blagues), à me tirer le début d'une petite mimique amusée. Mais bon, ça, c'est surtout son super-pouvoir bizarre qui lui permet de me donner envie de ricaner bêtement pour n'importe quoi. Même quand je le trouve lourdingue, il est rare que quelque chose ne titille pas ma poitrine lorsque je le vois sourire et se distraire d'un rien. Surtout quand je ne comprends pas nécessairement, en fait : j'admire plus que je n'aimerais l'admettre sa capacité à tirer de l'amusement de choses qui me sont totalement incompréhensibles. Bon, par contre, des fois, j'aimerais qu'il change un peu de disque, clairement.

Visiblement, toutefois, je ne l'ai pas vraiment convaincu avec ma proposition. Perplexe, j'esquisse un sourire bancal en le voyant retoucher ses cheveux (mais quel princelet j'vous jure) puis s'approcher avec une serviette qu'il enroule autour de moi. Si je le remercie brièvement, je prends mon temps, pas franchement pressé et quelque peu incertain quant à la marche à suivre.
Enfin, du moins, jusqu'à ce qu'il reprenne la parole. Interloqué, je le fixe pendant quelques secondes avec un regard  perplexe qui veut très grossièrement dire 'bah explique j'attends' jusqu'au moment où mes neurones semblent se réveiller. Je cligne des yeux, pas vraiment surpris par son audace à vrai dire puisque c'était probablement la direction vers laquelle nous nous dirigions avant que le jet d'eau glacé ne me calme quelque peu. Je ne vais pas vous mentir, quand on vit avec un gamin et que vos potes ont tendance à squatter souvent, bah, on ne fait pas trop les difficiles quand un peu de temps libre et exclusif pointe le bout de son nez. Je ne suis pas le dernier pour venir le chercher, d'ailleurs, mais hé, je suis tout de même plus subtil que lui, donc, euh, voilà.

Toutefois, je dois avouer que je m'y attendais pas sur le moment, ou du moins j'avais la tête ailleurs ; j'esquisse donc une moue joueuse et amusée en le voyant se rapprocher de moi pour venir m'embrasser de nouveau. C'est avec une certaine avarice que je profite du contact chaleureux de ses lèvres contre les miennes et de ses mains qui passent autour de ma taille. Il me faut quelques secondes, toutefois, pour me rendre compte que quelque chose a disparu. Lorsque je vois d'où du coin de l'oeil, je ne peux m'empêcher de m'éloigner un peu pour marmonner.

« Hé, pas par terre, la serviette ! »

Non, mais, quand même, nous ne sommes pas des porcs ! Et les bactéries, il y a pensé, aux bactéries ?! Mes grognements, toutefois, ont bien du mal à persister. Il n'en faut pas beaucoup pour que mes pensées s'éloignent bien vite de cette serviette délaissée pour se concentrer sur les petits pics de chaleurs que font naître le toucher de mon copain. Un bourdonnement agréable mais entêtant fleurit dans mon corps pour s'y propager rapidement ; depuis le temps, j'ai l'habitude, mais je suis toujours assez déconcerté par l'aisance qu'il a de me mettre dans cet état avec franchement pas grand chose. C'est assez ridicule, en somme. Il suffit que sa langue vienne passer contre mes lèvres, que sa bouche s'amuse à caresser ma peau et que ses mains me touchent à peine pour que je hoche vivement de la tête lorsqu'il me prend la main pour nous emmener vers un endroit plus confortable. Hé, très clairement, ça m'arrange quand il est direct ; je ne passe pas quarante minutes à lui poser des questions parce que je mets toujours un temps à piger quand les gens sont « subtils » (pour ne pas dire obtus). Distraitement, je joue avec ses doigts tandis que mon autre main s'est déjà nouée autour de son cou. Je le laisse m'emmener jusqu'au lit et noue mes jambes autour de sa taille, devenu impatient alors que ses lèvres viennent enfin (il en aura mis, du temps) chercher les miennes. Un frisson me dévale l'échine lorsque nos corps se collent, mais je trouve malgré tout la lucidité nécessaire pour glousser, amusé par son impatience, tandis qu'un rictus enjoué vient déformer mes traits joviaux.

« Minute, minute, on a le temps ! »

Enfin, je dis ça, mais ai-je aussi tiré d'un seul coup sur sa nuque pour pouvoir mordiller ses lèvres de nouveau et, qu'accidentellement, j'ai donc fait se percuter nos fronts, ce qui est moyennement agréable je vous l'accorde. Enfin, ça, c'est une rumeur ; et de toute façon, personne ne le saura jamais.


En vrai, il est probablement magicien. Quand il était parti vérifier que l'eau chaude était revenue, j'étais particulièrement dubitatif. D'accord, je suis peut-être un poil trop pessimiste des fois, mais pour moi, il était clair que l'on allait pouvoir s'asseoir sur notre bain. Toutefois, je suis un crétin qui a bien souvent tort et vous pouvez me citer au besoin car il se trouve que je suis actuellement en train de larver comme une totale loque dans une baignoire bien chaude, l'expression rêveuse, mes petites angoisses de tout à l'heure entièrement disparues. Satisfait, je suis devenu silencieux. Souvent très calme et tranquille dans ce genre de cas, je tends à ne pas parler. Pas parce que je n'aime pas le faire, hein, soyons clairs, mais plutôt parce que j'estime que ce n'est pas toujours nécessaire pour profiter du temps que j'ai avec Sam. Ce dernier se charge généralement de faire la discussion pour nous deux, donc ça m'arrange. Bien souvent, je l'écoute d'une oreille en me laissant masser par l'eau contre mon corps, un sourire un peu gaga au coin des lèvres alors que le son de sa voix m'apaise assez pour que j'en arrive à un état quasi léthargique (enfin, même quand il dit n'importe quoi, c'est assez ridicule). Franchement, je n'ai pas besoin de beaucoup plus que ça pour être parfaitement à l'aise.

… Mais visiblement, Sam a une habitude que je commence à trouver assez récurrente, c'est-à-dire celle de se mettre à parler de sujets très sérieux dès lors que je suis très détendu. Je ne vais pas mentir, c'est une assez bonne méthode avec moi puisqu'elle permet d'éviter les crises de panique subites à cause de la surcharge émotionnelle, mais je ne peux pas m'empêcher de le considérer d'un air un peu blasé quand il commence à me parler d'Axel. Roh, ça va, j'suis pas si chargé non plus... J'ai juste ma thèse, mes cours, mon élevage, un gamin de six ans et une vie sociale à jongler, rien de bien drastique, hein. Héhé. Hm. Bref, autre sujet, oui, voilà, ooooh, les mains dans le dos, ça, c'est bien. Une expression béate et stupide fit se détendre mes traits en une moue très, très idiote, dont j'aurais probablement un peu honte si je la voyais telle qu'elle était. Arceus sait que je suis friand de ses massages. C'est donc sans surprise que je me colle davantage à ses paumes, manquant presque de lui faire les yeux doux pour lui réclamer des grattouilles en plus de ça. Enfin, du moins, j'avais bien commencé jusqu'au moment où il s'est remis à parler du gamin.

Je plisse les yeux. Ça y est, je comprends que ce n'est plus juste une simple énonciation. J'en oublie temporairement son toucher pour me concentrer sur ses propos, attentif mais quelque peu confus par sa décision d'en discuter maintenant. Je sais bien, toutefois, que le sujet lui est cher. Ce n'est pas la première fois que nous nous retrouvons dans une situation semblable et c'est loin d'être anormal. J'essaie d'être le plus à l'écoute possible quand il me parle de ses angoisses liées à Axel, même si je regrette toujours cette sensation de ne pas pouvoir en faire beaucoup plus pour lui. Je suis toutefois quelque peu perplexe quant à ce qu'il me dit. Je ne comprends pas tout de suite le besoin de me dire qu'il n'est plus aussi peu habitué au gamin que ça. Passées quelques secondes néanmoins, je finis par saisir et ouvre bêtement la bouche dans un « oh » quelque peu inutile. Je... Je n'avais pas nécessairement pensé qu'il serait plus à l'aise avec le petit un jour, en fait. E-enfin, pas au sens qu'il lui serait toujours insupportable, hein, mais dans le sens où il aurait probablement toujours un peu d'écart avec le gosse, ce que je ne voyais pas comme une grande abomination en soi. Je suis donc étonné et garde mes sourcils levés pendant plusieurs secondes, le laissant continuer malgré ma curiosité grandissante.
Lorsque sa tête se pose sur mon épaule, je le laisse faire sans un mot. Je n'ose pas tout de suite caresser son crâne, les fesses entre deux chaises. La suite me prend de court. Je n'avais jamais vraiment réfléchi à ce qu'il avait imaginé pour notre... Disons « futur » même si le terme me fait grincer des dents. Ou du moins, je n'aurais jamais pensé qu'il avait des idées il y a une dizaine d'années maintenant (bon sang, ça ne me rajeunit clairement pas). Moi, de mon côté j'étais tellement à l'ouest et très loin de m'imaginer tout ça que je suis toujours un peu surpris par le fait de voir d'autres personnes le faire. Je sais bien, pourtant qu'il voulait des enfants. Il m'en avait déjà parlé quand il m'avait demandé si je souhaitais que l'on se marie, mais à cette période, j'étais encore trop... Bon, d'accord, complètement paniqué pour être même capable d'y réfléchir et de faire autre chose qu'anesthésier la pensée pour ne pas me mettre à me rouler en boule dans un coin en pleurant.  Je suis plus calme à ce sujet dorénavant, même si je ne peux malgré tout pas m'empêcher de gigoter nerveusement, rendu légèrement agité par la complexité de la discussion. Ce n'est pas la même chose que lorsque nous en discutions pour la première fois, toutefois. Je sais qu'il n'y aucune pression et qu'il ne fait que partager ses pensées, ce qui m'aide tant à relativiser qu'à me sentir en sécurité.

Je ne réponds pas tout de suite, hésitant quant au comportement à adopter. Je glousse un peu face à sa niaiserie ; je manquerais presque de plaisanter à ce sujet si je ne savais pas que ce devait être important pour lui. Puis, j'ai beau faire le kéké edgy 'qui-est-pas-si-cucul', reste que je ne peux pas nier que je retrouve toujours une petite boule de chaleur logée dans mon ventre quand il me dit ce genre de choses. Alors, certes, je suis nerveux. Fondamentalement, je crois que c'est impossible pour moi de ne pas l'être dans mon cas lorsqu'on aborde ces problématiques. Je ne me sens néanmoins pas jugé en parlant, alors c'est sans doute pour cela que, malgré mon hésitation, je me permets de reprendre la parole, le regard maladroitement posé sur un élément du décor.

« Je sais pas, si... Si je veux des enfants un jour ou non. Enfin, je pensais que je ne les aimais pas, mais en vrai, depuis Axel, je me rends compte que j'avais juste... Peur, si on veut, de mal faire. De leur faire du mal. »

Un sentiment de malaise pétille dans ma poitrine quand j'y pense. Je n'ai pas vraiment besoin d'expliquer les raisons de cette crainte irrationnelle puisqu'il me connaît assez pour que je n'ai pas besoin de remettre mon enfance sur un plateau. Dans les faits, j'avais beau déguiser la réalité autant que possible, il reste que non, mon souci avec les gamins ne tenait pas tant d'une pseudo détestation edgy, mais plutôt d'une véritable crainte de faire n'importe quoi. Je l'avais partiellement remarqué avec Ludwig, du temps qu'il avait passé chez nous. J'étais sincèrement préoccupé par son état, mais dans le fond, je restais très apeuré de faire quoi que ce soit qui aurait pu le blesser, bien que l'idée même m'aurait donné envie de vomir. Avec Axel, il s'est passé une chose semblable, expliquant ma longue période d'adaptation à son égard. L'idée qu'un gamin aille mal par ma faute me rend malade, agitant une nausée dans mon ventre sous le coup d'un effroi pourtant purement imaginaire. Probablement que je préférais donc faire passer cela pour un simple « oui je les aime pas trop », alors que dans les faits, je suis complètement incapable de laisser n'importe quel gosse, ou même un adulte que je pourrais mépriser, dans une situation de malheur. Pas que ce soit nécessairement une bonne chose dans le second cas, hein, mais... J'en viens à me dire que peut-être, juste un peu, je suis loin de les détester. Un autre élément, en outre, m'amène à penser ainsi.

« C'est pas... C'est pas aisé tous les jours avec lui, tu le sais. Mais je... Je suis heureux quand il l'est, c'est bizarre. »

Je gigote un peu, rendu nerveux par cette admission dont j'ai presque... Honte ? Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me sens très pudique, tout à coup. Les rougeurs embarrassées sur mes joues doivent me faire passer pour un idiot total, j'en suis bien conscient. Pourquoi diable est-ce si dur à dire, pour moi ? Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'il vient le moment d'exprimer une forme d'affection pour quelqu'un, une idée ou quelque chose, je me rétracte comme si je craignais que n'arrive un danger ou que l'on me réprimand-... Oh. Ah. Oui, peut-être que... Peut-être que ce n'est pas si étonnant, en vrai, quand on considère mon passif à ce sujet.
Je sais pourtant que tout ça est ridicule. Toutes les difficultés que j'ai eu à me faire à la relation que je partageais avec Samaël, et les sentiments que je développais pour lui, ne venaient pas de nulle part. Je ne le remercierais jamais assez, d'ailleurs, d'avoir été si patient et tolérant alors que j'étais parfois franchement insupportable du temps de mes réactions volontairement contradictoires, simplement car j'étais paniqué de constater la force de l'attachement que je lui portais. Je crois que ce n'est pas différent avec les autres, et par là, mon affection pour les enfants. Je n'ai pas ce souci avec les pokémon car ma relation avec ces derniers est complètement coupée de tout jugement et contexte social, mais avec ces derniers, c'est différent. Quelque part... Peut-être que je me dis que je n'ai pas le droit d'être heureux en m'en occupant, car, d'une façon ou d'une autre, je ne peux pas bien le faire. Je sais, je sais, dit comme ça, c'est stupide. Tout bourdonne dans ma tête, pourtant, quand j'y pense, et je vous assure que je fais de mon mieux pour m'y retrouver dans ce foutoir.

Quelque chose reste toutefois parfaitement clair. Le dire m'intimide néanmoins bien plus que ce qui est raisonnable. Je sais bien que le dire ne va pas provoquer de mauvais réactions chez lui (et quand bien même je n'ai rien à craindre de mon copain), mais je ressens malgré tout une forte timidité alors que, le regard éloigné, je ravale ma salive dans l'espoir d'arriver à parler. Peut-être que... Peut-être que je ne me sens pas légitime, en réalité. Que ce soit pour ça, ou pour autre chose, en l’occurrence. La probabilité que je n'ai répondu à sa demande pendant des mois en partie pour cette potentielle raison me met assez mal à l'aise pour me donner l'énergie nécessaire afin de prendre la parole (que voulez-vous, changer de sujet dans ma propre tête est très tentant).

« Si un jour je veux, enfin... Si un jour je veux en élever d'autres, j'aimerais que ce soit avec toi. »

La difficulté de cet aveu me fait garder le silence. Je ne le regrette pas, et je ne me suis nullement forcé de le faire. Je voulais sincèrement lui dire ; toutefois, cette forme de timidité honteuse est difficile à éloigner, surtout quand il s'agit d'exprimer quelque chose que je pourrais désirais personnellement par rapport à et avec  lui. Mes mains sont moites, mais ce n'est probablement pas à cause de la chaleur de l'eau.


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Natsume Enodril-Miyano
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Dim 17 Mar 2019 - 17:31
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Samaël Enodril-Miyano

&&&



Churros à l'eau de mer
feat Natsu et sa smala
"ou comment avoir l'air con devant sa belle-famille"


J'ai parlé d'enfants pour notre avenir en sachant pertinemment que ce n'était probablement pas au programme de Natsume. Du moins, pas tout de suite. Nous avons du temps pour aborder cette discussion, de toute façon, même si légalement, ça reste encore un peu compliqué pour bien des raisons. Je voulais surtout lui dire que je n'étais plus aussi mal à l'aise avec Axel qu'auparavant, et que... Je crois même que je commence à l'aimer un peu, cet enfant. Et que Natsume se débrouille de mieux en mieux de son côté aussi. On ne peut que progresser, après tout, quand il y a un gamin sous notre toit au quotidien. Je n'aurais pas pu continuer éternellement à être anxieux à ses côtés, et il l'aurait senti bien assez tôt. Que ce soit pour Axel, mon petit-ami ou moi, ce n'était pas une situation qui allait être vraiment confortable. Récemment, j'ai finalement pu me dire que le fils de Clive ne me dérangeait pas. Que je pouvais vivre avec sans que ça ne soit un problème. Mieux : que le fait qu'il reste pour une durée très indéterminée ne me gênait plus. Il a bien fallu que je me fasse une raison, au bout d'un moment, et je suis soulagé d'avoir pu passer ce cap. Après, bien sûr que je n'allai pas parler tout de suite des projets que j'avais envisagé pour nous. Je voulais attendre que nous soyons tous les deux prêts, il n'était clairement pas question d'avoir des enfants maintenant, ce n'était pas mon point. Néanmoins, ça me rassérène de savoir qu'il ne les déteste pas et que le problème vient d'ailleurs. Je suis peut-être surpris, toutefois, d'apprendre qu'il était aussi craintif avec les petits, quand bien même je pensais qu'il aurait pu s'y accoutumé vu qu'il a vécu dans la maison de Faust à une période où Alice était bien plus jeune. Mais après tout, ce n'est pas vraiment la même chose, il ne s'en occupait pas à temps plein. Cependant, il n'est pas difficile de deviner, maintenant que j'y pense, d'où vient cette angoisse particulière. Son passif ne doit pas être étranger à cette peur qui l'habite.

Un sourire attendri apparaît sur mon visage tandis qu'il décrit le bonheur qu'il ressent à l'idée de rendre Axel heureux. Il semble se demander comment est-ce possible alors que c'est pourtant si évident. Il s'est attaché au petit Donovan plus qu'il ne l'aurait imaginé, sans doute. Une chose de plus que je constate : plus de jalousie, pour ma part. Ou du moins, plus autant qu'avant. Je ne vais pas commencer à être présomptueux et dire que je n'en ai plus du tout car j'ignore moi-même si ça ne finira pas par refaire surface, mais je comprends bien mieux quand son filleul a besoin de chercher son attention, et je ne cherche pas à garder l'Hôte pour moi tout seul. Ce que la possessivité peut rendre stupide... Ce n'est pas sans fierté alors que j'ai pu lui avouer tout ça ce soir. J'espère que ça lui aura enlevé également un peu de poids sur ses épaules. La relation entre Axel et moi n'a pas dû être évidente tous les jours. Mais je ne veux plus lui causer de soucis là-dessus. Je souhaite m'améliorer pour qu'il n'ait pas à gérer tout seul les tâches que nous pouvons partager. Ce n'est pas à moi qu'on a confié le neveu de Faust, mais... Je peux au moins alléger le cadet à ce niveau de temps à autre. S'occuper d'un enfant -surtout à nos âges et à l'âge de l'enfant- n'est jamais chose aisée. Cela amène des complications, des imprévus, du travail supplémentaire... Et Natsume n'a pas besoin de ça en plus. Autant que je sois utile de temps à autre, c'est ce que je me dis. Et c'est ce que je veux qu'il mémorise. Si en plus il aime Axel... Alors je veux l'aimer aussi.

Quel était le pourcentage de chance que cette conversation aille aussi loin, pourtant ? Il aura suffit d'une simple confession avouée timidement pour que mon cœur rate un battement. Je relève la tête subitement vers lui, comme si ses dernières paroles n'avaient été qu'un rêve, ou que je les avais mal entendu. Surpris est bien peu comparé à ce que je ressens quand j'assimile ce qu'il tente de me dire implicitement. Il était très clair que je ne voulais pas d'enfants seul de mon côté tant que j'étais en couple avec Natsume. Si nous en avions un jour, c'était avec lui et seulement lui ; nous en avions déjà brièvement parlé. La réciproque ne s'était toutefois jamais déclarée, alors maintenant qu'elle s'offre à moi, j'en reste bouche bée. Je ne pensais pas, pour être honnête, qu'il m'en parlerait si tôt. Je ne lui en demandais pas tant pour ce soir, même si j'ai, il est vrai, exprimé mes fantasmes d'avoir une vie de famille comme j'en ai toujours désiré une avec lui. Mais je n'en parlais pas pour tout de suite. Je pouvais ne pas l'aborder du tout s'il ne se sentait pas prêt à ce qu'on ait cette discussion maintenant. Rien ne nous obligeait à le faire et pourtant... Pourtant il me confirme bien que si enfants il y a, il aimerait que ça soit à deux. Nous deux.

Je ne lui réponds pas. C'est à peine si je réagis plus sur le moment qu'avec un air étonné au possible avec des yeux ronds comme des soucoupes, comme presque sous le choc. Au fur et à mesure que l'information finit par s'infiltrer d'elle-même, je baisse lentement le regard, avant de venir coller mon front contre son dos. Ma prise se raffermit d'elle-même contre sa taille sans trop le serrer. Difficile de décrire clairement ce que je ressens quand je suis plus impressionné qu'autre chose par la rapidité à laquelle mes yeux s'humidifient. En moins d'une minute, des larmes viennent s'ajouter à l'eau mousseuse du bain. Ma gorge se noue. Mais je suis rassuré. Immensément, même. Plutôt que rassuré, je dirais heureux. Il serait égoïste que je sois soulagé qu'il accepte d'avoir des enfants avec moi alors que je lui laisse le choix. Je mentirais si je disais toutefois que je ne l'ai pas ardemment désiré. Si je n'ai pas fantasmé qu'il me dise toutes ces choses. Cela me confortait d'imaginer un soir où, à l'heure où nous nous couchons habituellement, il ait soudainement une révélation de ce genre à me faire. Je n'aurais pas cru pouvoir entendre de si belles choses maintenant, dans ces conditions, alors que j'ai parlé d'Axel de manière un peu hasardeuse mais uniquement dans le but de le soutenir. En me collant à lui, je me laisse pleurer un peu, déversant cette peur que j'ai pu accumulé au fil des jours. Ce n'était pas grave si Natsume m'avait avoué ne jamais vouloir élever des enfants, mais je ne peux pas nier que ce qu'il me dit là me réchauffe le cœur, le brûle, même, d'une chaleur si douce et surprenante.
Il faudrait bien que je lui réponde un jour. Je n'ai pas envie qu'il crois m'avoir déçu ou attristé d'une quelconque manière tandis qu'il ne m'a donné au contraire que des bonnes nouvelles, même une que je n'espérais plus. C'est cependant avec beaucoup de mal pour articuler que je finis par reprendre la parole, devant faire fi des sanglots qui coulent toujours.

« A-Avec qui d'autre... t'aurais voulu de toute façon. Y'a...Y'a que moi qu-qui arrive à te supporter... »

D'habitude si honnête avec lui quand il s'agit d'exprimer mes sentiments, je ne parviens pas à lui dire à quel point je suis rassuré. C'est bête, mais j'aurais l'impression d'être égocentrique en faisant ça. Je me contente d'un vague trait d'humour plat pour ne pas dire directement ce à quoi je pense.

« J'espère que... que ce sont pas des paroles en l'air, hein, i-idiot... Si-Sinon j'te boude. »

Ce mécanisme de réponse, c'est davantage lui qui l'utilise. Sans que je ne m'en sois rendu compte, les rôles se sont pourtant inversés puisqu'il devient celui qui s'ouvre et moi celui qui cache son embarras avec des stupidités alors que je suis heureux mais que j'ignore comment le dire.
Respirant un grand coup, je tente de sécher mes larmes comme je peux et de reprendre un débit de paroles à peu près correct pour arrêter de balbutier. Plusieurs secondes sont néanmoins nécessaires avant que je n'y arrive.

« Je suis sûr que tu ne pensais pas à tout ça, il y a quelques temps... C'est le contact avec Axel qui t'a fait changer d'avis ? »

Mes yeux toujours rouges finiront par se calmer. Mon sourire doux et honnête, lui, continuera pour la soirée, je le sens. Ma curiosité, quant à elle, se trouve piquée par ce revirement de la part du Miyano. J'ai regretté sur le coup d'avoir parlé de mon désir de fonder une famille avec lui parce que j'avais peur de lui mettre de la pression, mais au final, c'était bien plus important que ç. J'ignorais que ça allait être un moyen pour lui d'avouer certaines choses, mais je suis heureux qu'il l'ait fait. Très heureux, même.
Samaël Enodril-Miyano
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Lun 25 Mar 2019 - 2:08
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Natsume Enodril-Miyano

Churros à l'eau de mer

Martine va à la mer version dorks
Mais quel âge j'ai, sérieux, on dirait un ado, là... En temps normal, ça ne serait pas un souci ; mais ça n'arrive jamais, évidemment, parce que c'est pas drôle sinon. C'est juste que j'aimerais arrêter de me décomposer aussi vite quand je viens à aborder des sujets aussi sérieux, notamment quand ils concernent ce que je pourrais vouloir de moi-même. Parce que, comprenez, je suis très, très doué pour m'habituer aux envies des autres et ce n'est pas une qualité du tout dans mon cas ; toutefois, quand il s'agit de moi-même, eh bien, ça bloque. Comme maintenant. Ou du moins, je préfère regarder ailleurs et siffloter jusqu'à ce que la question disparaisse. Dans ce cas de figure, toutefois, ce n'était pas possible, clairement. Au bout d'un moment, il fallait bien que je réfléchisse pour que je parle, et c'est ce que j'ai fait, pendant un temps. Réfléchir, toutefois, ce n'est pas la même chose qu'ouvrir sa bouche et très clairement, je le ressens maintenant, alors que j'attends nerveusement sa réaction.
Je ne suis toutefois pas surpris du temps qu'il prend. Je me doutais déjà qu'il risquerait d'être surpris comme il l'est maintenant, visiblement ébahi et complètement sonné par mes propos. J'avais juste peur que... Je ne sais pas trop. J'étais préoccupé, probablement par des craintes complètement insensées, qui disparaissent vite quand je l'observe se serrer contre moi et se coller à mon dos. Malgré le nœud qui se forme dans ma poitrine et dans ma gorge, je le laisse faire, mon expression se déridant progressivement pour afficher une mine plus morne. Une sensation désagréable fourmille dans mon thorax, comme une pression froide que je connais assez bien, puisqu'il s'agit de culpabilité. Je sais que... Je sais que cette attente a été douloureuse pour lui. Je sais qu'il a angoissé en silence, seul, sans être capable de m'en parler ou de se confier par peur d'en mettre plus sur mes épaules. Je le laisse donc faire, quand bien même le son de ses pleurs me lacère le cœur et me donne envie de me retourner pour le prendre dans mes bras et tenter d'apaiser sa peine.

Parfois, pleurer fait beaucoup de bien. J'espère, ironiquement, qu'il a pu se relâcher auparavant, tant la force de ses émotions me surprennent et me font craindre ce qui a bien pu passer dans sa tête pendant ces derniers mois. Ou du moins, disons plutôt que je réalise qu'il a peut-être intériorisé et refoulé tout ça, ce qui n'est pas quelque chose qu'il me plaît énormément à imaginer. Je ne peux pas vraiment détourner le regard, toutefois, ce serait complètement égocentrique. Toutefois, bouger dans ma situation est compliqué et je ne veux pas le repousser, alors je laisse mes mains venir se poser sur les siennes, comme pour l'assurer de ma présence et de mon écoute si il en a besoin.
Sa plaisanterie qui n'en est pas une, et que je prends comme une façon comme une autre qu'il a d'exprimer son soulagement, me tire un gloussement. Il n'est pas habituel qu'il ne soit pas brutalement honnête, tiens, mais au vu des circonstances, je ne suis pas si surpris que ça. Il arrive, quand il est vraiment troublé, qu'il ait ce genre de comportements, alors cela m'arrache une expression plus attendrie qu'autre chose. Je suis peiné de le voir dans cet état, mais j'ose croire, au vu de ses propos, que ce n'est pas juste de la douleur. Dans ce cas de figure, je ne peux donc qu'essayer de l'aider à se mettre à l'aise, ceci expliquant sans doute le rictus faussement désabusé qui s'étire sur mon visage et le regard bienveillant que je lui offre alors que je parle d'une voix qui peine à être narquoise, même pour le spectacle.

« Qui voudrait voir ta sale tronche sur celle d'un môme, tiens ? »

J'espère le dérider un peu, même si c'est épouvantablement maladroit. La suite, malgré toute la pression d'angoisse qui contracte ma poitrine, me tire une inspiration légère sous l'effet de l'amusement, mais également de l'attendrissement. Il est vraiment touchant, je dois l'avouer ; j'ai du mal à me retenir de le prendre contre moi quand je vois comment il peine à s'exprimer. Je ne lui en veux aucunement de passer par des méthodes divergentes, puisque j'avais tendance à faire la même chose il y a encore quelques années. Puis, sincèrement, vu le cinéma que j'ai fait quand il m'a demandé en mariage, c'est de très bonne guerre.
Il a l'air, toutefois, de reprendre lentement le contrôle de ses émotions. Je n'aime pas trop l'idée qu'il se force à afficher un air calme si il n'en a pas envie, mais je crois comprendre, vu sa question, qu'il est confus quant à ce que je viens de lui dire. Pour être tout à fait honnête, je le suis tout autant. Je n'y réfléchissais pas au fait de lui dire tout ça il y a quelques minutes, ni même ce matin, hier ou même la semaine dernière. C'est simplement que pendant quelques secondes, quand j'y ai pensé, c'est devenu de plus en plus évident au fur et à mesure que je faisais le point dans ma tête. Les faits se sont comme imposés à moi. Comme si, en somme, une partie de moi-même avait déjà décidé il y a un moment déjà et que je venais seulement de l'apprendre en esquissant le début de mes phrases. Je peine, toutefois, à l'exprimer. Dans cette position, toutefois, je n'y arriverai probablement pas.

C'est d'ailleurs pour cela que, très doucement, je me retourne pour que nous nous faisions face. Puis, car j'en meurs d'envie depuis tout à l'heure et que j'ai besoin de le sentir contre moi pour me tranquilliser, je porte une de mes mains sur sa nuque pour rapprocher sa tête de mon torse, alors que mon autre main s'enroule autour de sa taille. J'inspire un grand coup contre son cou, même si avec l'humidité il n'y a pas véritablement d'odeur qui puisse parvenir à mes narines sensibles si ce n'est celle du gel douche. Je mets plusieurs secondes à parler, mais quand je le fais, c'est avec une tranquillité que je m'ignorais jusqu'alors.

« J'sais pas trop, je suppose que... C'était un peu un mélange de tout, on va dire. Entre Axel, Alice, Morgane et Ludwig, je crois que j'ai eu le temps de piger que c'était pas vraiment les gamins, les soucis et que, enfin, peut-être que... Peut-être que j'avais un faible pour eux, quoi. »

J'ai plus de mal à finir ma phrase, l'air légèrement embarrassé. Bon, je vous vois venir ; non, ce n'est pas au sens cradingue de la chose, merci bien. Disons simplement que malgré tout le cinéma que je fais et malgré le fait que j'ai l'impression de ne pas avoir le droit de faire cette admission, il se trouve que j'ai peut-être bien plus d'affection pour les mômes que ce que j'aurais aimé croire pour ne pas avoir à regarder mes craintes les plus profondes en face. Ce qui fait donc que sans trop de surprises, j'ai un peu la honte d'avoir bêtement tourné autour du pot pendant si longtemps.
Je suis toutefois conscient qu'autre chose a joué de manière non-négligeable, mais... Mais en jetant un coup d’œil à notre environnement, je me reprends. Non, probablement que ce n'est pas exactement le meilleur timing, à l'heure actuelle. D'autant plus qu'il y a sûrement un meilleur endroit pour parler de ça que dans une baignoire, à poil et après avoir chouiné comme des bébés. Je dois au moins à mon copain un peu de repos, surtout si, enfin... Bref. C'est donc non sans une certaine délicatesse que je me mets à masser ses épaules pour l'amener à se relaxer, décidé à ce que nous nos concentrions sur le bain dont nous avons finalement réussi à profiter après quelques galères. Un sourire doux sur le visage, je me permets d'embrasser son front, jouant distraitement avec ses mèches de cheveux.

« Mais si tu es un gentil garçon et te repose un peu dans le bain, je te le dirai. »

Je crois qu'il a le droit à un peu de repos, pour l'instant.

Et moi aussi, dans les faits, mais je ne le remarque que lorsque nous finissons par sortir et nous sécher. Mes muscles me semblent moins tendus, moins crispés sous l'effet de l'anxiété qui me rongeait tout à l'heure et qui a fini par se détendre très légèrement. Ma tête, également, est bien moins lourde. Disons simplement que je suis bizarrement moins sensible une fois que je n'ai plus la tête occupée par l'inquiétude constante et que je peux me permettre de souffler pour prendre une pause.
C'est en terminant d'enfiler mon peignoir moche (hé, ne me jugez pas, d'accord, le vert à carreaux c'est hideux, mais c'est confortable et c'est tout ce qui m'importe) que je me rappelle toutefois, ne serait-ce que par le fait que mes doigts tripotent encore nerveusement ma ceinture que je rajuste, que notre conversation n'est pas exactement terminée. Enfin, disons plutôt que je l'ai repoussée très légèrement car j'estimais qu'il valait mieux laisser un peu de temps à Sam, et... Et soyons honnêtes, à moi aussi, en fait. Mine de rien, je sens que la nervosité n'a pas entièrement disparue, me rendant silencieux depuis ma sortie de l'eau. Je sais toutefois qu'elle n'est pas logique, dans le fond, alors ça ne m'empêche pas de bouger.

Distraitement, je viens chercher sa main et lui offre un léger sourire, me voulant rassurant alors que je la tiens le plus tendrement possible. Sans un mot, je le guide vers l'extérieur du bateau, prenant le temps de nous amener jusqu'à l'étrave pour poser mes fesses sur le sol, l'invitant à faire de même par un regard malicieux et le début d'un rictus joueur.

« Trébuche pas, sinon tu vas vraiment devoir te laver à l'eau froide. »

Et soit dit au passage, j'ai pas très envie de retourner à la douche car il m'y aura traîné à force de pleurnicher qu'il ne veut pas être tout seul. Même si je fais le malin avec mon air calme – ou du moins il ne sert qu'à dissimuler ma propre nervosité -, j'ai besoin de plaisanter un peu pour ne pas trop l'angoisser quand à ce que je vais lui dire. J'espère simplement qu'il n'y a pas trop pensé pendant que nous nous baignions, mais de toute façon... Bah, je vais l'ouvrir, ma bouche, donc patience. Je sens la nervosité remonter, lentement, mais je l'ignore comme je le peux, portant mon regard vers l'immensité bleutée au dessus de nos têtes qui s'est teintée d'étoiles et d'un voile de safre. Je sens mon rythme cardiaque se calmer, mais malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de reposer mes bras ainsi que ma tête contre mes genoux ; oui, j'ai mes postures favorites et je ne sais pas m'asseoir, je sais. Disons que ça m'aide à être pleinement à l'aise, comme maintenant, où j'ai besoin d'aller gratter au fond de ma tête le peu de courage que je peux avoir. Finalement, je prends la parole avec un rictus désabusé, la voix tranquille.

« T'avais pas tort, tout à l'heure. Y'a effectivement quelque chose qui m'a, enfin... Fait réfléchir, on va dire, par rapport aux gamins et à, enfin... Tu vois. »

Je grimace un peu, mais c'est avec un mélange d'amusement et de moquerie face à ma propre personne. Je crois qu'il comprendra vite que je parle de la question qu'il m'a posé il y a maintenant... Six mois, je crois... ? Peut-être plus. Toujours est-il que cela fait un moment que je l'ai laissé sur « vu », si vous me permettez la métaphore. Si je culpabilise de l'avoir fait attendre aussi longtemps, je ne peux pas dire que c'était évitable ; sincèrement, j'en avais besoin. Je me rappelle assez bien des tremblements et de la panique totale qui m'avaient parcouru ce jour-là, comme de ma mollesse et de mon air piteux pour  la soirée qui avait suivi, même si il m'avait fait de son mieux pour me faire penser à autre chose. Maintenant, je ne ressens plus cette angoisse tétanisante qui m'avaient rappelé de très, très sales souvenirs à ce moment-là. Il m'a fallu du temps, mais je n'ai plus envie de pleurnicher dans un coin en me balançant et en tétant mon pouce quand il s'agit d'aborder tout ça.
Je ne peux pas prétendre, toutefois, que j'ai « accompli » tout cela de mon propre chef. Ce n'est pas vrai et ce n'est pas anormal, mais jusque là, je n'en avais jamais parlé avec Samaël car tout ceci était plus ou moins resté dans ma tête. Enfin, jusqu'à aujourd'hui, disons. L'air un peu gêné, je glousse distraitement, le début d'un sourire au visage.

« Je t'avoue que quand mes grands-parents ont débarqué, j'ai pas mal flippé. Enfin, j'avais jamais, je... Une forme de famille biologique pas malsaine, j'ai jamais trop connu. Alors on en a discuté, un peu. C'était pas franchement glorieux. »

Je glousse avec une certaine amertume, pas très fier de mon énième crise de panique ridicule ; d'ailleurs, je lui épargne un peu les détails, ne serait-ce que pour sauvegarder le reste de ma fierté. Toutefois, ce n'est pas pour rien que je lui parle de ça. Mes doigts tapotent nerveusement sur mon genou alors que je prends le temps de mettre les bons mots sur mes pensées.

« Je sais que ça va paraître un peu naïf, mais j'avais jamais réfléchi au fait que, eh bien... Je n'étais pas obligé, tu vois ? Que je pouvais donner le sens que je voulais à tout ça, que ce soit l'idée de famille ou, enfin... »

Je ne termine pas ma phrase tout de suite, pris de court par l'hésitation. Je sais que ça a doit avoir l'air de charabia, dit comme ça, et ce n'est franchement pas étonnant : je suis bien incapable d'être concis quand il le faut. Souvent, j'ai besoin de tout analyser avec précision avant de pouvoir m'exprimer. De ce fait, mes explications tendent à être inutilement longues. Je n'ai pas envie, toutefois, de faire une bourde. C'est pour ça que j'ai coupé ma phrase avant d'en arriver au point qui m'angoisse le plus, mais dont je veux définitivement parler maintenant.  

« Et je me suis dit que... En pensant au fait que je veux rester avec toi parce que je t'aime et que je veux être avec toi dans les bons moments ou dans les mauvais, eh bien... »

Je retourne doucement mon regard vers lui, moins timoré et étrangement plus assuré, un sourire plus doux sur mon visage.

« Ça fait un bout de temps que je considère que tu es ma famille, en fait.»

Je n'y avais jamais vraiment pensé. C'était comme une pensée logée au fond de ma tête, qui faisait parfaitement sens, mais que je ne prenais jamais vraiment en compte car elle était aussi évidente dans mon esprit que l'existence du ciel ou du soleil. Alors dans ce sens de « famille » que je préfère, il la compose, lui, et... Enfin, quelques autres personnes, mais une chose à la fois. Toutefois, je ne voulais pas simplement parler de ça pour lui dire des détails qu'il doit déjà connaître, depuis le temps. Une autre chose me tourne en tête.

« Je ne suis pas très attaché à l'idée du mariage, mais... »

Non, clairement pas. Tout ça, les trucs à base de fêtes inutilement longues, compliquées et tous les cinémas de traditions qui me provoquent des grognements de douleur tant ils peuvent être agaçants, ça n'est pas mon style. Toutefois... Je détends légèrement mon corps, mettant un terme à ma position contractée sur moi-même pour me tourner plus doucement vers lui. Je lui offre un sourire doux, plus calme et posé.

« J'aimerais que... J'aimerais que tu puisses t'en rappeler, quand tu as peur ou quand tu en as besoin. »

Car, après tout, n'avais-je moi même pas eu besoin de prendre mon temps pour me rassurer à ce propos ? N'avais-je pas passé plus d'une soirée à me trifouiller l'esprit, incertain et confus quant à mes propres questions ? La réponse était pourtant diablement évidente, maintenant que j'y pense. Pour moi, pourtant, dire tout cela n'a rien changé. Ce n'était qu'une confirmation de quelque chose qui était déjà évident naturellement, et qui n'avait besoin que d'un habillage de mots pour que je puisse en faire part à mon compagnon. En un sens, je trouve ça presque... Ordinaire. Souvent, il arrive que j'ai du mal à mettre les mots sur les choses et que nous nous arrivions face à des malentendus aussi fréquents que ridicules (le fait que le français ne soit pas ma langue natale n'aide d'ailleurs franchement pas). Toutefois, cela ne nous empêche pas de nous comprendre et j'ai même remarqué que nous nous sommes habitués aux tics langagiers de l'un et l'autre (quoique il faut encore que je lui demande ce que ça veut dire, 'yolo'). C'est... Un peu semblable, ici. C'est différent, certes, ne me prenez pas pour un idiot incapable de ne pas être littéral, mais... Pour moi, ce serait une façon comme une autre de mettre des mots, ou même des symboles, derrière des sens qui me sont parfaitement clairs. Je retourne mon regard vers l'étendue d'eau, l'expression tranquille.

« Je peux comprendre l'idée de mariage, si c'est comme ce que j'ai dit pour la famille, et que le sens est celui qu'on choisit de lui donner. »

Un sens qui, en somme, ne serait qu'à nous ; pas une abomination née de millénaires de structures dégoûtantes et archaïques. Quelque chose qui aurait sens par rapport à nos vies, et pas par rapport à un sens donné et que nous devrions suivre, c'est-à-dire ce qui m'avait effrayé. Pas un cadre étouffant, rigide, imbibée d'idées et d'idéologies qui me donnent des frissons de dégoût tant elles ont ruiné mon enfance. Je voudrais... Quelque chose pour lui dire et lui permettre de se le rappeler au besoin, et non ce n'est pas une façon de prouver par Arceus, ce que je vois quand je le regarde et ce que j'aimerais partager avec lui. J'ai envie de glousser, en y réfléchissant. Bon sang, que c'est ridicule.
Un léger sourire, mi-amusé, mi-attendri, étire mes lèvres alors que mes yeux, éclairés par de petites lueurs d'affection et de douceur, se posent sur son visage que je n'aurais probablement jamais cesse de dévisager. Finalement, c'est d'une voix légère et presque rieuse que, la main se glissant vers la sienne pour venir le saisir, je pose mon regard dans le sien et parle d'une voix claire et dénuée de la moindre d'hésitation.

« Hé... Tu veux toujours m'épouser ? »

Je ne ris pas, pourtant. Mes doigts ne tremblent pas. Mon ton est limpide. Je ne sens aucune crainte venir troubler mon esprit ; aucun nœud n'est venu serrer ma gorge ou mon ventre. Cette fois-ci, je n'ai plus le besoin, ni l'envie, de détourner les yeux. Je suis parfaitement sérieux.


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21H
ft. Sam-sam
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Dim 31 Mar 2019 - 3:22
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Samaël Enodril-Miyano

&&&



Churros à l'eau de mer
feat Natsu et sa smala
"ou comment avoir l'air con devant sa belle-famille"


Peu à peu, mes pleurs se calment. Mon souffle se reprend de façon à peu près normale. La surprise a fini par passer, et je prends lentement conscience des propos qu'il me confie, et qu'il continue de m'avouer. Sans encore savoir ce qui m'attend à la fin de cette soirée, il arrive déjà m'émouvoir même par l'ironie. On se demande, hein, Natsu, qui voudrait voir ma tronche sur celle d'un gamin... Et encore le but n'est pas de créer des clones, mais j'ai saisi l'idée, bien sûr. J'aurais tant voulu cependant, je l'avoue, que nous puissions avoir des enfants avec nos caractéristiques mélangées à la manière des couples hétérosexuels. Je ne vais pas m'en plaindre plus que ça, évidemment, puisqu'au final cela importe assez peu, mais j'imagine qu'un jour, ça sera réellement possible. J'imagine que de toute évidence, l'idée d'avoir des enfants est encore un projet bien lointain, et c'est normal. Nous ne sommes pas encore prêts, je le sais, à en élever davantage. Dans quelques temps, peut-être...
En silence, je le laisse me rapprocher de lui, profitant de ce changement de position pour me blottir contre lui et expirer un grand coup afin de me détendre. La température de l'eau commence à faire son effet, et je sens mes muscles se relâcher progressivement. Le rapport que Natsume a avec les enfants, maintenant que j'y pense, peut-être était-il clair, quand on y réfléchit. Je n'ai jamais senti qu'il ne les aimait pas, mais un certain sentiment de malaise était visible ; même s'il s'efforçait de gérer mieux que moi la situation puisqu'il avait décidé de son plein gré de prendre en charge son filleul. Il n'était pas préparé à ça, c'est sûr. Mais je sais qu'il a fait et qu'il fait encore toujours de son mieux pour donner à cet enfant la meilleure vie possible, alors je n'avais aucun doute sur le fait qu'il pourrait être un bon père, s'il désirait le devenir un jour. Je ne vais pas mentir, cependant : je ne suis pas mécontent qu'il ait trouvé l'origine de son sentiment de peur quant aux gosses. Et c'est tout à fait normal de craindre leur faire du mal. Ils sont plus petits, plus faibles, plus innocents... Facile à briser, dans tous les sens du terme. Je ne sais pas si j'aurais dit qu'il a 'un faible pour eux' mais cette manière de l'exprimer ainsi m'attendrit assez.
Un ronronnement de satisfaction sortirait presque de moi au moment où je sens ses massages parcourir mon dos. Il connaît bien les endroits sensibles, depuis le temps. Au moins, ça a le mérite aussi de me relaxer complètement. En fermant les yeux, je me cale un peu plus contre lui, muet tandis que je me mets à imaginer ce que pourrait être notre vie dans quelques années. Nous avons notre temps, mais cette histoire d'enfants me travaille. Ou plutôt, elle fait marcher mon imagination, m'entraîne dans des rêves. Des rêves illusoires, mais qui ne sont peut-être pas si impossible à réaliser, finalement... Il est toutefois facile d'en sortir puisque mon copain réussit à piquer ma curiosité. Je ne vois pas tout de suite de quoi il parle, et après coup je ne comprends pas non plus, mais s'il a quelque chose à me révéler, alors j'ai hâte de savoir ce que c'est.

L'air du dehors nous permet de respirer un peu après les vapeurs que la salle de bain commençait à dégager. Je n'ai enfilé qu'une chemise ouverte et un pantacourt, mais avant le coucher je n'ai pas besoin d'autre chose pour me sentir à l'aise. Je pourrais me balader sans vêtement, puisque nous ne sommes que tous les deux, mais j'ai peur malgré tout qu'un coup de froid nous surprenne, puisque l'air marin peut apporter des vents plus frais. Je ne retiens d'ailleurs pas un frisson de déplaisir en m'imaginant replonger dans l'océan sombre et glacé alors que nous sortons d'un bain qui était tout sauf désagréable et que je ne désire plus que profiter du calme nocturne que seul le bruit des vagues vient perturber. Me guidant jusqu'à l'avant du bateau, il m'intime de m'asseoir et je m'exécute donc en esquissant un sourire doux et transi. C'est égoïste de ma part, mais notre discussion m'a fait un bien fou et m'a offert un soulagement inespéré que je n'attendais même plus. Comme quoi, il faut parfois laisser les choses se faire... Dans le cas de Natsume il était sûr que c'était avant tout une question de temps et de réflexion, mais depuis que je le lui ai accordé, je me rends compte qu'il semble bien plus à l'aise sur ce genre de sujet, et ça me fait plaisir. Avec attention, je l'écoute en observant distraitement ses traits que la lueur de la lune fait doucement pâlir, contrastant avec les lumières chaudes provenant de notre embarcation. Même après tout ce temps, ma capacité à le contempler d'un œil affectueux me surprend encore. L'observer ainsi ne m'empêche pas d'avoir l'oreille attentive, toutefois, et c'est alors que je me rappelle sa promesse de me révéler quelque chose, quand nous étions au bain. Il faisait sûrement encore allusion à son point de vue sur les enfants.

Je ne vais pas dire que je m'y attendais, mais après avoir fait la connaissance des grands-parents maternels de l'Hôte, je peux comprendre en quoi une discussion avec eux aurait pu l'aider, puisque c'est ce qu'il semble vouloir me dire. En effet, les membres de sa famille biologique qui ne sont pas pourris jusqu'à l'os se comptent sur les doigts d'une seule main, littéralement. Tsuzume et Ryuchi, du peu que j'en ai vu, semblent bien fonctionner ensemble. Un exemple de couple qui marche comme il a rarement dû en connaître de son côté. Après tout, c'était ce qui lui faisait peur, aussi, qu'il devienne comme son père si nous nous engagions dans une voie similaire au sein de notre relation, à savoir devenir parents un jour. Je ne comprends pas encore, pauvre de moi, qu'il veut également me rappeler la question fatidique que je lui ai posé il y a plusieurs mois maintenant. En soit, Natsume n'a pas besoin d'entretenir de bons rapports à sa famille si ça ne lui manque pas plus que ça. Néanmoins, je crois pouvoir affirmer qu'il n'était pas mécontent d'apprendre à mieux connaître les parents de Miyu pour découvrir quel genre de personnes ils pouvaient être. S'ils l'avaient maltraités, de toute façon, j'aurais fini par le savoir ; et il n'aurait pas passé un mois entier là-bas, j'espère. Pas après tout ce qu'il a pu déjà connaître durant son enfance ainsi que les mauvais souvenirs que sa venue au Japon aurait pu lui rapporter. Alors à sa place, j'aurais également été assez anxieux à l'idée de les rencontrer.
J'ai du mal pourtant à le suivre dans certaines de ses pensées. C'est plutôt que je ne vois pas où il veut en venir, surtout. Mais j'imagine que l'écouter jusqu'au bout rendra le tout plus clair. Bien sûr que s'il n'avait pas voulu fonder de famille, je ne l'aurais pas forcé. Je n'ai jamais voulu le priver de sa liberté même à ce niveau. J'espère que ce n'est pas ce qu'il a cru. L'idée d'élever des enfants avec lui me tiendrait à cœur, mais je n'irai pas le forcer, cela va de soi. Silencieux mais perplexe, je ne tente pas de prédire la suite. Elle me fait cependant l'effet d'un chaud et doux rayon de soleil sur la poitrine.

J'ai toujours considéré Natsume comme un membre de ma famille. Pas durant les premiers jours où je découvrais ce que c'était réellement une relation amoureuse, mais au bout d'un an, deux ans, trois ans, ça a commencé à être une évidence à mes yeux. Je l'ai rapidement accepté comme je l'ai fait pour d'autres avant lui, mais... C'était encore différent. Je ne pouvais bien sûr pas le mettre au même niveau que Faust ; de toute manière je ne pouvais le mettre au niveau de personne puisqu'il occupe une place importante qu'aucun.e autre n'a pu s'approprier jusque là, et que j'espère que ça ne se fera jamais. Comment ne pas être flatté toutefois de comprendre que cette appartenance était réciproque alors que je sais quel rapport entretient Natsume avec sa famille, ou du moins les proches qui sont censés en faire partie. Le concept de famille a dû prendre une tournure très particulière pour lui quand on considère le cadre dans lequel il a grandi. Je suis heureux d'avoir pu contribuer à lui donner une définition toute nouvelle de ce que ça pourrait être. Personne n'a besoin de demander comment il considère Kazuo, après tout.
Là, tout de suite, je n'arrive pas à faire le rapprochement avec son idée de mariage. Je ne comprends même pas pourquoi il parle tout à coup de ça. Face à son sourire serein qui m'attendrit tout de même, je lui réponds par un regard un peu confus qui tente de comprendre le message qu'il essaye de me faire passer, si tant est qu'il y en ait un. J'ai la vague impression d'oublier quelque chose, mais impossible de me rappeler quoi. En soit, puisqu'il parle de mariage... j'ai envie de dire qu'il fait ce qu'il veut avec. Ce n'est qu'un bout de papier et quelques formules administratives, en soit. Je suppose qu'on distingue juste ceux qui en font des caisses et ceux qui veulent au contraire rester dans l'intimité pour ne pas faire de vagues.

Au fond de moi, quelque chose s'agite. Sa main vient prendre doucement la mienne. Je lui souris, encore un peu perturbé et nerveux quant à cette soudaine honnêteté de sa part. Il ne me ment presque jamais (et encore c'est surtout les 'ça va ?' ''ouais ouais tkt'' alors que ça ne va pas), mais ça reste rare qu'il soit aussi spontané de cette manière. De nous deux il est celui qui aime le moins tourner autour du pot mais ses sentiments ne sont pas toujours aussi accessibles même à moi. Mais c'est autre chose : je le connais bien, depuis le temps, alors il y a certaines émotions que je peux deviner sans qu'il ne m'en parle. Je n'arrive cependant pas à savoir où il veut en venir, avec toute cette histoire. S'il voulait parler de tout ça, je me demande s'il n'aurait pas pu le faire dans la baignoire quand nous y étions. Préfère-t-il le cadre du ciel étoilé se reflétant sur la mer ?..
C'est son ultime question qui me fait définitivement tourné le visage vers lui, les yeux tout à coup grand ouverts alors qu'il m'observe pourtant avec une expression qui me fait fondre d'ordinaire. La surprise me prend tant et si bien que je ne m'attarde pas, pour une fois, là-dessus.

« T-T'épouser ?.. »

Mes paroles s'envolent dans les airs en même temps que mon cerveau qui semble réfléchir au rapport que Natsume a entretenu avec son discours et sa dernière demande.

« Pourquoi faire ? Depuis quand est-ce que tu-... »

Un peu moins de cinq secondes fut le temps nécessaire pour que je fasse le lien avec tout ce qu'il vient de me dire et une demande, certes, qui ne venait pas de lui à la base et qui commence à dater de plusieurs mois mais qui abordait bel et bien le sujet du mariage.

« … Ah... Ah !.. Aaaaaaah ! »

Je me prends la tête entre mes mains avec un air paniqué comme si je venais de me rappeler de quelque chose de très important. Ma demande en mariage, quand j'ai désiré savoir s'il était favorable à me donner sa main. C'est à ça qu'il fait indirectement allusion, sans toutefois le dire. Et je viens de le comprendre.

« Ma demande... J'avais fini par l'oublier, après tout ce temps... »

Tout ce temps, tout ce temps... Bon d'accord, j'exagère peut-être, ça fait pas six ans non plus mais quand même six mois que je me suis jeté à l'eau pour parler de notre avenir à deux. J'ai essuyé un refus monumental qui n'était pas très glorieux, mais il a promis d'y réfléchir si je voulais bien attendre encore un peu pour qu'il puisse faire le point. Patiemment, j'ai donc espéré. Espéré... Je ne sais plus trop quoi, au final, puisque s'il m'avait dit non une fois, il aurait pu recommencer et j'aurais dû faire avec ; c'est-à-dire éventuellement faire une croix sur la potentielle famille idyllique que je m'étais imaginé fonder avec lui. Pour être honnête, d'ailleurs, je n'aurais pas été étonné qu'il rejette à nouveau ma proposition. C'est donc avec le désarroi le plus total que je le scrute, abasourdi et surtout d'abord muet puisque je ne sais pas quoi dire. Lentement, les rouages dans ma tête s'enclenchent et je saisis peu à peu le sens de ses propos puisque je viens de replacer le contexte. Un court blanc s'installe, et j'ose à peine alors que ma voix finit par se briser quand je mets des mots sur la situation ; ou du moins que je tente de le faire.

« Ma demande en mariage... Natsu... Tu... »

Je me souviens. Je me souviens de l'épouvante qui l'a traversé à ce moment-là, quand de mon côté j'avais réussi à mettre ma timidité de côté pour me lancer. Même si la réponse n'avait pas été si imprévisible que ça, il avait été difficile de cacher ma déception et ma peine et il a dû le remarquer. Ce n'est jamais agréable de se faire rejeter ainsi même si j'ai capté ses attentions et qu'il est évident qu'il ne me ferait jamais de mal intentionnellement, qu'il n'a pas eu d'autres choix que de me repousser ce jour-là et qu'il a pu m'exposer ses raisons. J'ai été un peu triste, je ne peux pas mentir, mais je préfère que les choses soient claires entre nous et qu'il prenne le temps nécessaire pour se poser les bonnes questions à notre sujet. Je voulais savoir s'il avait imaginé autre chose pour notre futur. Visiblement, pourtant, il semblerait que je sois le seul à m'être projeté aussi loin. Typique de mon caractère mièvre, ça. Mais s'il avait prévu tout autre chose, qui suis-je pour l'abandonner en cours de route. Est-ce que je ne serais pas prêt à le suivre jusqu'au bout du monde ?.. Notre monde, à nous, si je dois revenir dessus, dois-je comprendre qu'il est sur le point de changer ?..

« Tu l'acceptes ?.. »

Ma poitrine... Je la sens qui menace d'exploser. L'information se répète, s'enregistre, se traduit. Je ne suis pas un fin limier, mais je comprends. Je comprends ce qu'il vient de me dire et les réactions de mon propre corps me font peur, pour une fois. Je n'ai apparemment pas assez pleuré tout à l'heure puisque des larmes remontent à une vitesse prodigieuses pour envahir mes joues. Incontrôlables, imprévues, elles déforment mon visage en une expression de stupéfaction complète qu'un début de sourire vient tout de même éclairer un peu. Je ne tente pas d'arrêter ces pleurs car mes doigts tremblent bien trop pour que je puisse y faire quoi que ce soit. J'abandonne donc avant d'avoir essayé.
Réaction démesurée sûrement, l'étonnement finit par s'évaporer bien vite quand je prends conscience de l'étendue de la peur secrète qui m'a envahi ces derniers mois ainsi que du soulagement qui prend possession de moi désormais. Je ne parle plus, et je ne tente pas de le faire : ne sortiraient je suis sûr que des borborygmes incompréhensibles dites sous le coup de l'émotion. Alors bien sûr comme d'habitude dans les moments où je n'arrive pas à parler, c'est mon corps qui le fait à ma place. Sans hésiter plus, je me jette brusquement à son cou pour y enfouir mon visage devenu humide, accompagné d'une voix tremblante mais émotive.

« B-B-Bien sûr que je-je-je veux t-toujours t-t-t'épouser, b-... Baaakaaaa !.. »

Je peine à réaliser le moment présent. Sans doute que ça ne se fera que lorsque j'aurais averti le monde entier. Mais qu'il ait accepté ma demande signifie tant de choses, nous mènerait à tant de portes ouvertes... Je me demande s'il y a pensé aussi. Peut-être. Peut-être pas. Chaque chose en son temps, j'imagine. Je ne vais pas dire que je ne suis pas confus. Ma tête est actuellement en ébullition pour digérer tout ce qu'il vient de m'avouer en une seule soirée. Mais si je peux dire une chose, c'est que je suis heureux. Probablement un peu trop pour mon bien, d'ailleurs.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
Elite
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Jeu 11 Avr 2019 - 1:06
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Natsume Enodril-Miyano

Churros à l'eau de mer

Martine va à la mer version dorks
C'est bizarre, un peu, tout ça, en vrai. Je veux dire, quand on y pense cinq secondes... C'est même franchement ridicule. Tout ça, c'est que des blablas juridiques, des procédures à la con et des trucs qui sont totalement superficiels. Alors oui, évidemment, l'on ne peut pas prétendre que quelque chose n'est pas chargé idéologiquement parce qu'on le veut et qu'on est une petite chose pure et détachée de toutes normes sociales, mais disons que dans mon cas, je trouve que j'aurais probablement pu ne pas faire une crise de panique aussi intense que celle que j'ai fait. Six mois, c'est long. Et ces six mois d'attente ont donné ceci comme résultat ; autant dire que c'est peut-être un peu beaucoup. Toutefois...
Toutefois, je me doute que ma réponse n'aurait pas été chargée du même sens si j'avais accepté par défaut, pour lui faire plaisir, comme je m'étais imaginé, stupidement, le faire, à l'époque où tout ceci me donnait envie de me terrer un coin pour mourir dans la terre. Aujourd'hui, je peux dire que ce n'est pas un 'oui' dénué de sens ou même trop chargé, trop pénible à prononcer. Il m'est aisé à énoncer, comme l'on ferait simplement pour une formalité et ce n'est pas sans raison : c'est exactement ce que j'y vois. Une formalité. Une formalité qui a toutefois un sens dans son existence et dans son objectif, mais que je ne vois pas comme quelque chose de majeur en soi. Simplement, je n'ai pas l'envie de partager quelque chose de vide et fade pour compenser une forme de crainte quelconque ; et c'est bien pour ça que ma décision de maintenant me semble presque un soulagement, la fin d'une longue période d'angoisse qui me faisait du mal jusqu'à présent.

Je me doutais, toutefois, que ce que je disais allait le faire réagir. Je ne peux pas dire que j'avais prévu le coup de sa panne de cerveau, par contre, car il a l'air de... De ne pas voir de quoi je parle. Erf. Je grimacerais presque, et j'avoue que je serais presque vexé, si je ne savais pas reconnaître chez lui ce qui n'est qu'un délai de compréhension. Malgré moi, un sourire attendri se dessine sur mon visage et je glousse doucement, définitivement bien trop facile à gagater quand il s'agit de lui, surtour quand je vois les efforts qu'il fait pour saisir. Oui, des fois, il est un peu bête, mais... Mais disons qu'il y a une forme de sincérité chez lui qui me transforme en guimauve idiote et me donnerait presque envie de tirer ses joues si je n'avais pas un minimum conscience que ce n'est pas le bon timing (et l'on parle d'un type qui oublie qu'il ne doit pas poser de questions indélicates aux gens en permanence, donc c'est déjà ça).

« Bah je t'ai fait tout ce discours pour rien, j'adore ça. »

Je roule des yeux, ne trouvant toutefois pas la force de grogner pleinement, même pour jouer, face à sa « découverte » qui me fait glousser plus qu'autre chose. Je sens bien, toutefois, que l'information monte à son cerveau et qu'il réalise que je ne parle pas vraiment du fait d'aller planter des choux. Enfin, j'aime bien, mais là n'est pas le sujet. Toujours est-il qu'il me prend de court par son « tout ce temps » qui me fait me tendre très légèrement, un sourire nerveux au visage. Héhé, hahah, euh... Vrai que six mois pour ne serait-ce qu'aborder le sujet une nouvelle fois, c'est peut-être un peu, comment dire, hm, long. J'en avais conscience, ne nous leurrons pas, et je ne me serais pas pressé pour cette information. Il fallait que le temps passe, mais j'aurais tout de même aimé que mon cerveau cesse de faire des convulsions au sol et fonctionne un peu plus rapidement, pour une fois. Enfin, au moins, c'est plus ou moins derrière nous, tout ce temps.
Entendre sa voix se briser ne me fait pas des masses plaisir, je vous l'assure. Je sens bien, toutefois, que ce n'est pas de la peine et que c'est avant tout l'effet de l'émotion ; voilà donc pourquoi une moue mi-attendrie, mi-amusée, vient prendre place sur mes traits. Je le laisse formuler sa question, même si je sais déjà ce qu'il va dire et que je m'attends tout à fait à ce qu'il me fasse confirmer de nouveau ce que j'ai déjà dit. C'est assez fréquent qu'il ait besoin que je me répète (quoi comment ça je suis pas clair parce que je suis un flippé qui ait du mal à être honnête sur les sujets sérieux), donc je ne le relève pas. Je hoche doucement de la tête, ne voyant pas vraiment l'intérêt de parler pour ce qui est déjà parfaitement compris.

Les larmes étaient attendues, malheureusement. Aucune forme de désabus sur mon visage, néanmoins, je me contente de l'accueillir dans mes bras avec tendresse et fermeté tout à la fois, veillant bien à refermer mes bras autour de son corps lorsqu'il se jette contre ma personne. Je n'ai pas envie qu'il s'éloigne, à l'heure actuelle ; tout ce que je désire, c'est le garder contre moi et calmer ses pleurs incontrôlables. Et, je vous l'avoue, je ne peux pas m'empêcher de laisser échapper un éclat de rire face à sa... Je ne sais pas trop comment dire ça, on va parler de « plaisanterie » ? Oui, voilà, je ris face à sa plaisanterie, puisque la situation me paraît presque désamorcée par le ridicule de tout ceci et le soulagement que nous ressentons tous les deux. Bon sang, il en aura fallu du temps, des discussions, des crises, aussi, pour en arriver à si peu, au final, qui me semble pourtant tant. Je laisse une de mes mains vaguer contre son crâne dans l'espoir de l'apaiser, un sourire bienveillant au coin des lèvres.

« Désolé de t'avoir fait attendre. »

C'est une figure plus qu'autre chose, ne me regardez avec ces yeux inquiets. Disons que, aussi calme que je sois à l'heure actuelle, je ne sais pas exactement comment m'exprimer pour le moment et j'essaie, même maladroitement, d'être assez désinvolte pour réduire au moins en partie le trouble que je sens chez lui. Voilà pourquoi j'ébouriffe affectueusement ses cheveux lisses, des étincelles de tendresse dans le creux des yeux.

« Je sais que je t'en ai fait voir beaucoup, aujourd'hui. Par contre, c'est promis, pour le reste du week-end, ça sera calme.»

Les bonnes nouvelles, c'est agréable, certes, mais le repos, c'est aussi le fait de ne pas trop s'épuiser émotionnellement quand on cherche justement à penser à autre chose. Nous avons du temps, toutefois, et la soirée n'est pas terminée, même si elle est déjà bien entamée car  je ne suis pas du genre à me coucher tardivement. Enfin, il y aura demain, aussi, mais... Mais déjà, je crois pouvoir dire que l'ambiance ne devrait pas être ternie par ce que je lui ai confié, si j'en crois sa réaction.
Quelque chose, toutefois, me trotte toujours en tête. Cela s'exprime par la petite intervention que je me laisse faire, le début d'un rictus peint sur le visage.

« En vrai, je ne devrais pas vraiment m'excuser, mais... Plutôt te dire 'merci' de m'avoir toujours attendu. »

Mon rictus n'est qu'une vague façade pour le sourire plus tranquille qui a pris place sur mes traits, néanmoins. Je n'irais pas partir dans les longues explications ou les longues déclarations maintenant : je les trouve un peu superflues, à l'heure actuelle, je vous l'avoue. Toutefois, je voulais qu'il l'entende, quitte à ce qu'il proteste en disant que c'est tout à fait normal et que c'était pas de l'attente mais du respect et blablabla. Pour moi, c'est important, alors je suis soulagé de l'avoir dit. J'ai beau y penser, y repenser et encore y repenser, il n'empêche que c'est un fait : à chaque fois que quelque chose m'effrayait ou m'était compliqué, il a toujours pris le temps de m'aider ou de me laisser mon espace en fonction de ce qui m'était préférable. Bien sûr, il y a eu des erreurs de part et d'autre de temps à autre, car franchement, personne n'est au delà de ces choses, mais...  Mais si il y a bien une qualité parmi les siennes dont je voulais lui signaler mon appréciation, c'était bien celle-là.  Même quand nous étions ados et que, sincèrement, nous étions tous les deux des petits crétins arrogants et casse-pieds, je me souviens qu'il a toujours fait de son mieux, et c'est justement ce qui m'a inspiré à faire de même. En somme, il me donne envie d'être une meilleure personne ; pour cela, je crois que je ne pourrais jamais le remercier assez. Je préfère, toutefois, éviter de trop en faire pour ce soir : j'ai peur qu'il finisse par faire couler le bateau avec le poids de ses larmes, à ce rythme !

Avec douceur, je laisse mon pouce descendre vers sa nuque pour la masser avec délicatesse, appuyant juste très légèrement ce dernier pour lui rappeler ma présence.  Mon regard se perd dans la distance, sur l'océan qui nous entoure et qui contribue au calme total, parfaitement rassurant, qui m'apaise. Mon rythme cardiaque est plus élevé que d'ordinaire, mais je ne panique pas ; c'est davantage l'adrénaline de l'instant, que je ne remarque que maintenant, qui me rend un peu nerveux. Toutefois, dans cette étendue d'eau d'encre, je perçois quelques petits points lumineux, comme des lucioles qui frôleraient sa surface. Je sais qu'il n'en est rien, néanmoins. Je relève très légèrement la tête, remarquant (enfin) que la nuit a pris le relais et que le ciel a fini de se draper de sa couette nocturne. Sans trop savoir pourquoi... Sans trop savoir pourquoi, tout ça me rend nostalgique. Assez nostalgique pour que, dans un mouvement que j'avais déjà réalisé il y a presque dix ans pour la première fois et que j'ai réalisé tant de fois depuis lors, ma main vienne se poser doucement contre la sienne, la saisissant avec une quasi timidité. Et en même temps, vu la manière dont mes joues rougissent, ce n'est pas étonnant ; j'ai conscience de ce que je vais dire, et en même temps, non. Un gloussement s'échappe donc tout seul de ma gorge, sans que je ne l'ai vu venir. Même ma voix me semble plus calme que prévu.

« C'est drôle, hé, quand j'y pense... J'ai commencé à avoir un béguin pour toi la première fois où on était dans les airs, mais... Depuis, c'est la première fois que je trouve les étoiles aussi jolies. »

Ce n'est pas mon genre, normalement, ce genre de propos. Je suis honnête, pourtant. Bien évidemment, c'est loin d'être la même chose. Je me souviens vaguement de ma panique, à l'époque, de sa propre peine, et , d'une manière très, très lointaine, de l'impression que j'avais eu de pouvoir lui faire confiance. J'ignorais à l'époque complètement ce qui en découlerait, ni même que tout ceci irait aussi loin. Je ne peux pas dire que je suis mécontent, pourtant, ce serait un grave contresens. Mais aujourd'hui, une chose m'est remontée en tête, pour une raison très simple, qui me rend particulièrement mièvre. Même mon sourire s'est fait bête au possible, me faisant afficher toutes mes dents comme le dernier des gamins jovials et enamourés.

« Je suis content de tout ce qui s'est passé, et... J'ai envie de voir la suite avec toi. »

Mais nous avons, après tout, tout le temps pour la découvrir. Simplement, comme je l'ai lentement compris, c'est bien plus agréable quand la compagnie est souhaitée, comme maintenant, avant, et, je l'espère, un très long temps encore.


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ft. Sam-sam
Natsume Enodril-Miyano
Natsume Enodril-Miyano
Eleveur
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Ven 12 Avr 2019 - 2:29
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Samaël Enodril-Miyano

&&&



Churros à l'eau de mer
feat Natsu et sa smala
"ou comment avoir l'air con devant sa belle-famille"

En commençant cette journée par une visite au parc avec la famille de Natsume, il est clair que je ne m'attendais pas à ce qu'elle finisse comme ça. Par l'accomplissement d'un rêve secret que j'ai gardé au fond de moi quand je savais que le Miyano aurait pu ne jamais vouloir de la même chose. Rien n'est décidé, encore, ce n'est que le début, mais je peux me permettre de dire qu'on a passé la plus grosse partie, alors même que je n'imaginais plus la franchir. Je me remets tout juste de mes émotions pour le moment. Enfin... Si on peut appeler ça se remettre. En vérité il me faudra sûrement une semaine pour totalement passer au-dessus. Je sais qu'il ne faut pas trop que je m'avance mais c'est un moment important dans nos vies, et je suis si heureux qu'on puisse avancer dans cette direction ensemble. Mes larmes doivent pourtant me rendre méconnaissables, puisqu'elles tombent sans s'arrêter et que mes joues sont à présent inondées. Je ne voulais pas mouiller son peignoir non plus ma transformation en fontaine rend vaine mes tentatives pour calmer mes pleurs. Sans mentir, cela me fait du bien, aussi, de me lâcher enfin sur cette histoire alors que je tentais de ne pas le faire. Je savais que ce serait ridicule et que ça ne ferait qu'inquiéter mon petit-ami s'il m'avait vu en train de m'attrister à propos de sa réponse négative il y a quelques mois. J'avais de la peine, c'est vrai, mais il aurait été encore plus pénible pour l'éleveur d'avoir à supporter ça tandis qu'il avait pris une décision qu'il savait douloureuse pour moi mais nécessaire. Il a eu raison, sur le coup, et j'ai fini par le comprendre. Mais sur le moment, j'ai eu tellement l'impression de juste me prendre une énorme claque... La vie n'ira pas toujours dans le sens que je veux, c'est ce que j'ai enfin saisi. Bon, finalement il s'avère que si, là elle part dans la direction que j'ai toujours espéré, mais si Natsume avait fini par me sortir un 'non' définitif, j'aurais fait avec.

C'est pour la forme, je le sais bien, mais je ne lui en veux même pas pour m'avoir fait patienter six mois. Il en avait besoin, et moi aussi. Il s'est après tout passé plus de choses que ce que je pensais au cours de ce laps de temps, et je me rends compte que le soulagement qui me parcoure est si puissant qu'il occulte le reste et ses excuses deviennent alors bien futiles. Surtout que c'était indispensable, comme il me l'a expliqué. Il ne m'aurait pas fait attendre tout ce temps pour rien, après tout, il savait comme c'était important pour moi. C'est sans doute exagéré que je pleure pour ça, aussi, mais j'ai beau sécher mes larmes, elles reviennent si facilement que je n'en vois pas le bout, et je cesse alors de les chasser. Qu'elles sortent, ce sera ça de fait, au moins. Durant ce moment d'intimité dont nous disposons actuellement, je ne voudrais pas tout gâcher à chouiner comme un bébé le reste du week-end. Je suis juste... tellement surpris et ému, je crois. L'émotion mettra quelques jours pour se calmer, mais ça fait longtemps que je n'avais pas ressenti un bonheur aussi intense. En le serrant un peu plus contre moi, je respire son odeur, désolé de lui montrer des yeux rougis même s'il n'est pas question d'une triste nouvelle. J'espère au moins que mon grand sourire réussira à dissimuler mes larmes. La semaine prochaine sera sans doute plus calme, mais moi je sais que je ne pourrai pas tenir en place. Il faudra mettre tout le monde au courant, commencer l'organisation des préparatifs... Bon, d'accord, je vais peut-être vite en besogne. Mais je sens que l'excitation va me tenir éveillé de nombreuses nuits, alors j'en aurai, du temps pour y réfléchir.

Mon regard se lève vers lui, toujours aussi brillant mais avec une lueur de curiosité dansante. Je suis timidement flatté par ses mots quand bien même j'ignore s'il fait référence à cette histoire-là ou s'il parle de... toutes les autres fois où j'ai dû prendre mon mal en patience dans des situations compliquées en espérant que ça aille mieux plus tard. Le plus bel exemple étant le chapitre de son amnésie qui m'a apporté des nuits longues et difficiles, parfois sans fins, en me torturant l'esprit de peur qu'il ne se souvienne jamais de moi. Mais j'ai fait mon possible pour l'accompagner durant cette période qui n'était évidente pour personne. J'ai toujours voulu faire de mon mieux qu'il soit à l'aise et qu'il se sente bien. Je me plie volontiers en quatre chaque fois qu'il en éprouve le besoin, et je suis toujours le premier à vouloir l'aider quand ça ne va pas. Du souci que je lui accorde et que je sais réciproque puisqu'il m'aime autant que je l'aime. Et chaque jour je n'oublie pas la chance que j'ai de l'avoir à mes côtés, quand bien même je suis loin d'être parfait et que je continue à faire des erreurs, parfois désastreuses. Il me faudra du temps avant de me dire que cet homme est celui que je vais épouser, mais je suis prêt à attendre le temps qu'il faudra pour m'y faire.

J'aimerais lui dire que c'est tout à fait normal et que c'était pas de l'attente mais du respect et blablabla. Mais je garde le silence. Tout ça, il le sait déjà, je n'en doute pas. Je suppose que le mieux à faire est donc de profiter de ce moment d'attention sur moi comme un goujat. Avare de compliments de sa part, si ce n'est clairement pas ce qui manque non plus, je ne vais pas dire que ça ne me fait pas plaisir de l'entendre. Je ne sais pas ce qui le rend si... niais ce soir. Quoique ce n'est peut-être pas le terme approprié. Natsume n'en donne clairement pas les airs, mais je sais que c'est une grosse guimauve, alors je ne vais pas dire que je suis surpris par ses déclarations soudaines, mais ça reste rare qu'il parle autant avec ses sentiments, ou du moins qu'il ose exprimer ce qu'il ressent au plus profond de lui. Je ne m'attends jamais à ce genre d'aveux quand il me les dit en face, mais mon cœur s'entoure toujours d'une enveloppe chaude et très douce quand il les prononce. Sa voix -que j'aime tant- me berce avec un son que je trouve suave et délicieux pour mes oreilles. Il ne cesse de me surprendre, aujourd'hui. En regardant à mon tour le ciel, je me trouve tout à coup moi-même nostalgique et me rappelle du moment qu'il évoque. Les souvenirs sont un peu flous, mais c'est de ces moments que je n'ai pas oublié malgré les années. Je suis encore impressionné par tout le chemin accompli jusqu'ici. Mes joues se mettent à rougir tandis que je me cale un peu plus contre lui. J'adore quand il me dit des trucs comme ça. Tant pis si ça fait 'cucul la praline'. Chacune de ses paroles me touche avec sincérité et je suis heureux d'être là pour les entendre. Les étoiles, pour ma part, m'ont toujours paru belles. Même quand nous sommes éloignés, je sais que nous partageons tous deux cette toison argentée, où que nous soyons. Leur lueur me fait penser à lui.

Je voudrais pourtant lui dire d'arrêter. De se taire un peu, car mes yeux recommencent à s'humidifier. Arceus sait pourtant que j'avais réussi à leur faire reprendre une couleur normale. Avait-il préparé un speech ou a-t-il tout improvisé ? Il m'énerve, à toujours savoir comment me faire fondre. Et moi je ne peux rien faire d'autre que me blottir davantage contre sa poitrine en enfonçant mon visage dans son cou. Ses doigts sur ma nuque et dans mes cheveux me feraient ronronner, si je pouvais le faire ; son toucher est si agréable... Je ne m'en lasserai jamais. Sommes-nous plus proches ce soir-là que les autres ?.. C'est peut-être parce qu'il me comble de bonheur et que ce soir est particulier, mais c'est l'impression que j'ai. Dois-je répondre ? Et si oui, comment le faire ? Comment lui dire à quel point il compte pour moi sans faire de répétition ? Il me donne un travail bien compliqué. J'aimerais qu'il sache comme je l'aime. Il l'a déjà entendu et compris des tonnes de fois, mais... Je voudrais lui dire d'aussi belles choses que lui ce soir. J'ai peur d'avoir l'air idiot, si j'essaye. Je suis bien nul avec les mots... On dirait qu'il a tellement réponse à tout, des fois... Je me demande comment il fait. Comment il fait pour savoir quoi dire. J'imagine que c'est pour ça aussi qu'il est si merveilleux. Aah... Je redeviens une flaque. Mon attention se porte vers les étoiles qu'il a évoqué.

« Les étoiles... »

Je les ai toujours admiré. Elles me faisaient rêver. Je souhaitais en être une. Je souhaitais devenir aussi lumineux. Je m'en suis même approprié le nom. Je voulais devenir une étoile montante. Une étoile qui serait un modèle pour les autres, comme j'en ai eu moi-même plus jeune. Je voulais briller plus que les autres. Mais c'est un rêve qui m'est apparu comme impossible dès que je suis tombé amoureux de Natsume. J'avais trouvé une étoile, une vraie. Et c'était la plus étincelante de toutes.

« Elles sont comme toi. Elles sont petites, brillantes... Et elles me guident quand je suis perdu. C'est peut-être des étoiles dont tu viens, Nat'. »

Non, j'en suis convaincu. Natsume est un cadeau du ciel. Et peut-être que je suis mort le jour où je me suis mis à l'aimer. Il n'y a qu'au paradis qu'on trouve de tels anges.
Doucement, je me relève un peu pour me caler davantage sur son épaule. Au-dessus de nos têtes, le disque blanc nocturne nous éclaire d'un doux halo. C'est vers cette source de lumière qui se trouve la plus imposante que je pointe mon doigt afin de la désigner tout à coup, les yeux éclatants.

« Moi, je la connais, la suite. On va aller plus haut que les étoiles. Avec toi, je suis sûr de pouvoir atteindre la Lune !.. Parce que... »

Je me mets un peu à délirer, cherchant tout à coup mes mots. Je ne sais pas pourquoi je me trouve tout à coup un peu timide à dire tout ça. Probablement que j'ai conscience d'avoir l'air bien bête. Il me dit des choses si belles, et je lui renvoie des réponses si stupides... Mais c'est vrai. C'est mon cœur qui lui parle. Qui lui parle ce soir. Qui lui parle toujours. Qui continuera à s'adresser avec lui, même si je suis maladroit. Tendrement, je lui prends ses mains et je me redresse pour cette fois-ci lui faire face. Mes pleurs se sont un peu calmés pour laisser place à un sourire jovial mais qui cache une légère timidité.

« Parce que c'est un voyage que je ne voudrais faire avec personne d'autre. »

Il y en a qui savent exprimer ce qu'ils ressentent. Pas moi. Mais rien ne pourrait être suffisant, à mes yeux, pour lui transmettre toute la joie qu'il m'apporte au quotidien. Alors s'il veut continuer à faire ce chemin avec moi, je serais la personne la plus heureuse du monde. Le silence règne, les lumières ne sont pas aveuglantes, et on n'entend plus que le son des vagues pour nous apaiser. Bientôt, nous devrons rentrer. Axel réclamera son parrain. Je devrais de nouveau le partager avec lui. Une perspective qui ne m'enchante pas totalement mais à laquelle j'ai fini par m'habituer. Ce serait mentir si je disais qu'il n'accordait plus aucun temps pour nous quand l'enfant est là. Loin actuellement de cette future réalité, je me permets de profiter de cet instant de paix temporaire qui nous fait toutefois le plus grand bien. Je ne vais pas nier non plus une chose : les caprices d'Axel me sembleront bien loin quand j'aurai autre chose dans les idées. Après tout, dans quelques mois, j'aurai une cérémonie à préparer.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Mar 23 Avr 2019 - 3:02
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