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L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
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Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Ferme des Green-Onizuka - Décembre 2023 à Janvier 2024
     
Je ne pensais pas que les choses pouvaient aussi bien se passer, après tout ça. Ce n’est pas que j’étais pessimiste, mais j’avais du mal à espérer quelque chose des profs et de l’administration qui n’avaient absolument « rien vu » à l’époque où je me faisais embêter par mes camarades. Enfin, Soltan non plus ne savais pas, c’est vrai, mais ce n’est pas pareil, il avait l’impression que ça n’allait pas bien, mais, lui, il avait au moins l’excuse de ne pas assister à ça en direct presque tous les jours. Je suis probablement plus indulgent avec mon tuteur qu’avec les autres adultes et peut-être pas très objectif, mais reste que j’en veux à ceux du bahut. Mais dans tous les cas et pour revenir à ce que je disais au départ, je ne m’attendais pas à ce que ce changement de classe se fasse si facilement… se fasse tout court, en fait ? J’imagine que Soltan sait être très persuasif… Le rendez-vous chez l’assistance sociale a sûrement aidé aussi. Même si on s’y était préparé, ça n’a pas été franchement reposant. Bien entendu, la madame savait pour ma fugue et il a fallu lui expliquer. Ça ne me mettait pas franchement à l’aise et mon tuteur a fait une bonne partie du boulot en expliquant la situation et en me laissant la liberté de confirmer ou de rectifier de temps à autre. J’aurais aimé que d’autres personnes ne soient pas trop au courant à ce moment-là, mais c’était inévitable pour que les choses se passent sans complications. Rebelotte avec l’administration du collège, d’ailleurs. Ils avaient l’air de tomber des nues et Soltan avait pesté quelque chose une fois sorti du bahut comme « ah bah ça leur troue le cul quand ils pigent que tous leurs gamins sont pas des anges avec leur programme pédagogique exceptionnel, hein… », c’était assez drôle car après avoir bugué pendant deux secondes, on a tous explosé de rire dans la voiture avec Marilyn et Zlatan car on aime tous un peu de Soltan rageux dans notre vie. Et puis, il ne faisait que dire la vérité.

Ceci fait, j’ai fini par retourner au collège, non sans appréhension à l’idée de croiser mes anciens camarades. Les choses se sont bien passées et le prof principal de ma nouvelle classe de 4e a été plutôt discret pour ne pas trop m’afficher en annonçant que j’allais passer le reste de l’année avec eux. Par un heureux hasard, je me suis retrouvé dans la même classe que Lise (en un sens, sur 2 classes de 4e dans ce bahut, c’était vite vu), mais je n’ai pas voulu me faire remarquer de suite et même si j’ai répondu à son signe de main discret, je me suis installé sur le côté et vers le rang du milieu, en espérant passer inaperçu. J’ai pu échapper aux gens qui trouvaient que ma présence était un soucis, alors, je préférais faire profil bas dans un premier temps. Et je me suis fait encore plus petit quand l'administration a jugé bon de nus faire une séance « prévention » contre le harcèlement scolaire (sans parler de mon cas, bien sur, hein). Quand j'ai raconté ça à Soltan et Zlatan, ils ont levé les yeux au ciel en ricanant entre deux cigarettes et le fermier à encore grogné quelque chose comme « ouais bah l'était temps ».

Les premières semaines ont été chargées en devoirs, même si Lise s’est portée volontaire pour m’aider (je lui avais dit qu’elle n’était pas obligée mais elle avait l’air d’y tenir), j’avais beaucoup à rattraper et je n’avais toujours pas des notes très réjouissantes. Mais je m’en fichais un peu dans la mesure où tout ce qui comptait pour moi dans l’absolu, c’était de ne plus me sentir oppressé quotidiennement. Certes, je me crispais dès que j’apercevais Raoul et les autres qui me regardaient de travers, ce qui m’a fait prendre l’habitude de ne pas trainer tout seul durant les pauses. Je tentais de rester avec Lise ou non loin des gens de ma classe (peu importe s’ils m’ignoraient ou si j’étais invisible, c’est toujours mieux que se faire emmerder) et je rentrais de toute façon pour manger à midi, ou sortais manger mon sandwich. On peut dire que ça se passait bien, que je baissais mes défenses petit à petit, me détendant durant les cours et à la maison au fil des semaines, jusqu’à me réhabituer plus ou moins au rythme, notamment grâce à mon sommeil qui redevint à peu près régulier.

Toutefois, tout n’était pas réglé dans mon esprit, notamment vis-à-vis d’Ellias à qui je ne voulais pas vraiment penser. Il y avait aussi Marilyn… cela m’attristait, mais j’avais la sensation qu’il y avait une distance entre nous, que c’était plus comme avant. J’étais encore mal à l’aise par rapport à ce que j’avais pu lui dire avant de péter un câble, au début de l’année scolaire et je me demandais si elle m’en voulait encore. Mais comme la brunette a d’autres préoccupations, notamment avec sa maman, je craignais encore d’interférer et d’empirer les choses. Ce qui m’attristait quand même, étant donné qu’elle est quand même une de mes plus proches amies et nos délires et nos fausses disputes débiles me manquaient. Je pouvais le voir, qu’à la maison, enfin, chez Soltan, les choses ne s’étaient pas complètement réglées avec mon retour. Monsieur Eriksen était là depuis presque deux mois, pas que ça me dérange, hein, en plus Soltan semblait avoir régulièrement besoin de lui pour ne pas devenir taré. Shizune ne revenait pas encore pour sa part, j’ai l’impression qu’en dehors de ses enfants qui posait la question de plus en plus souvent, le sujet devenait franchement délicat à aborder. Même si je ne peux pas faire grand-chose d’autre que rester en dehors de ça, on ne peut pas dire que ça ne me fasse rien de voir Marilyn, Iris, Mikoto et leur père être lassés et frustrés de cette absence.

Mais, malgré tout, le temps reprenait son cours normal et le stress me lâchait un peu, et c’est ce qui m’importait le plus dans l’instant présent.


***


10 décembre 2023
L’hiver se ressent plus qu’à d’autres endroits d’Enola, quand on vit à Cayagane. Parfois, on peut même voir la neige dans les hivers particulièrement froid, et cette année annonçait déjà des bourrasques régulières dans le nord. Dans la cour de récréation du bahut, néanmoins, il fait encore bon sortir pendant les pauses de midi. En sortant du cours d’anglais pour sortir manger nos sandwich, Lise et moi discutions du contrôle surprise que nous avait donné le prof sur nos verbes irréguliers. Je dois dire que je ne m’en sors pas trop mal avec l’anglais (enfin, disons que ce n’est pas du tout là que j’ai mes pires résultats), mais c’est surtout parce que je triche un peu d’avoir un tuteur anglophone que j’entends souvent parler dans sa langue maternelle à la maison. Enfin, c’est surtout pour comprendre la langue à l’oral, à l’écrit c’est un autre monde… On peut quand même dire que depuis que je suis arrivé sur Enola, j’ai été habitué à vivre dans des endroits où on ne parlait pas que l’allemand qui est ma langue d’origine et il m’a fallu m’adapter. C’est plus une habitude qu’autre chose, quoi. Dans tous les cas, cela faisait bien longtemps que je n’étais pas sorti d’un devoir avec une impression de ne pas avoir tout foiré et ça a quelque chose de rassurant.

« Du coup, pour les cours de français, tu avais bien tout… »


Lise s’était mise à parler des cours de l’après-midi. Elle est encore aux petits soins avec moi et… ce n’est pas que je ne l’apprécie pas avec tout ce qu’elle fait, mais ce n’est pas son rôle de s’occuper de moi à l’école ! On a le même âge, quand même… Enfin, ça me gêne un peu qu’elle se donne autant de mal car j’ai l’impression qu’elle en fait trop, parfois. Je veux dire, si j’aime qu’on traine ensemble c’est parce que je la considère comme une amie, pas comme une aide ou je ne sais quoi. L’idée que la rouquine se mette la pression à ce sujet ne me met pas vraiment à l’aise mais je ne veux pas qu’elle se braque si je la refuse, ni paraître ingrat. C’est pour ça qu’à chaque fois, je prends des pincettes car je ne veux surtout pas de mauvais sang entre nous, mais je veux aussi rester sincère.

« Hm, tu sais, ça fait déjà presque 1 moins, je me suis réhabitué au rythme, t’es pas obligée de te donner autant de mal… »

Je vois que Lise se tend un peu. Elle n’est pas tout à fait à l’aise, mais a l’ait de comprendre ou je veu en venir. Ma camarade n’est pas responsable de moi, mais ce n’est pas totalement sa faute non plus…

« Bah, en même temps c’est moi qui t’avais suggéré de changer de classe alors… et puis ma mère et les profs disaient que… »


C’est vrai que les profs la réfèrent un peu trop souvent à mon sens pour moi. Certains marchent un peu sur des œufs. Quand j’ai dit ça à mon tuteur, il avait ricané avec un air un peu désabusé et était retourné s’occuper du tracteur avec Monsieur Eriksen en marmonnant quelque chose comme « shittin’ their pants, héhé ». Enfin bref. Il est salé, en ce moment, mon tuteur. Toutefois, pour revenir à Lise, Soltan avait dit qu’il ne fallait pas que j’abuse de sa gentillesse. Ce n’est pas mon genre, mais je préférais quand même un peu répéter ce que mon tuteur avait dit, comme j’étais assez d’accord et que ce n’est surement pas à Lise de m’aider à m’adapter mieux.

« Oui, m’enfin, t’es pas responsable de… »

Avais-je dit en reprenant les mots de mon tuteur. Lise eut l’air pendant un instant de réaliser quelque chose et serra la bretelle de son sac avec nervosité avant de s’empourprer. Elle fit la moue et regarda ses pieds tout en marchant.

« Excuses-moi, alors… »

Mais pourquoi est-ce qu’elle s’excuse ?! Aaaaaaah, mais que je suis con, elle se sent coupable maintenant. Je sais aussi qu’elle m’a souvent raconté qu’elle voulait être institutrice depuis qu’elle état petite et que c’est pour ça qu’elle aimait à ce point m’aider mais… je voudrais y arriver par moi-même aussi et je veux pas qu’elle y passe des heures qu’elle pourrait utiliser pour aller glander, par exemple. Car glander, c’est quand même la base… hein ? Entre nous j’aime bien plus trainer et parler de tout et de rien avec Lise que parler encore et encore des cours mais sur ce point, j’ai parfois l’impression qu’on se ressemble peut-être un peu. C’est-à-dire qu’on veut absolument mettre les autres à l’aise et s’assurer qu’ils ne manquent de rien avant de penser à nous.

« Non, mais, c’est pas grave, tu sais, c’est super ce que tu as fait m-mais, c’mon tuteur qui a dit que c’est les profs qui devraient-- »


J’essayais de me rattraper mais une voix familière et fort désagréable nous a interrompu sans même prévenir de sa présence avant.

« Alors Lulu, ça va la vie, depuis que t’as changé de classe pour passer tes journées avec ta petite copine ? »

« Vraiment mieux, oui, depuis que je ne suis plus obligé de croiser ta sale tronche de vieux Keckleon moisi à chaque détour de couloir », ai-je très, très envie de lancer à Raoul mais les paroles restent bloquées en travers de ma gorge. Il nous observe avec son sourire le plus forcé et insolent et avec une flamme provocatrice dans le regard. Je sais qu’il ne cherche qu’à me mettre mal à l’aise… il devrait pas plutôt aller faire la queue pour manger à la cantine… ? Ce serait bête qu’il oublie et qu’il tombe dans les pommes d’hypoglycémie, hein… Alors là, ça me ferait mal. Ok, ok, je sais que c’est pas drôle l’hypoglycémie mais hé, hein, c’est pas moi qui ait commencé. Fulminant intérieurement, je me force à soutenir le regard de mon ancien camarade de classe, mais son rire mauvais me déstabilise et dois me faire violence pour ne pas baisser les yeux. Je ne veux plus, pas face à lui, ni en présence de Lise. Je déteste qu’il s’imagine pouvoir mêler d’autres personnes que lui et moi à ça. Surtout Lise qui a déjà vécu de genre de choses par le passé. Pourtant, c’est elle qui ose reprendre la parole en premier.

« …Fiches-lui la paix. »

Sa voix est aussi peu assurée que serait la mienne dans ce contexte. Raoul lui rit également au nez et je sens immédiatement une envie folle de lui coller mon poing dans la tronche dans la seconde. Les phallanges de mes doigts se ressentant les uns contre les autres pourraient blanchir sous la tension de mon corps mais je ne vais pas craquer. En me mordant la lèvre, je me prépare à sa prochaine tirade de gros débile arrogant. Je sais qu’il va encore cracher son venin et que ça va me faire mal. C’est pas parce que j’ai envie de me faire bolosser que je reste, c’est juste que j’ai besoin de me confronter à ça pour me rendre compte du vide abyssal du cerveau de mon ancien camarade.

« Eh beh. Heureusement que t’as la côte pour te faire défendre par des filles… Enfin, sors pas trop seul du bahut, ‘pourrait t’arriver des bricoles… »

…Quoi, vraiment ? Ohlala, je m’attendais à plus méchant, venant de lui… Ce serait marrant, tiens, de les voir m’attendre à la sortir et de les regarder se décomposer à la vue de Soltan et de son regard patibulaire… Faites que ça arrive un jour. La colère me tend toujours les muscles et je veux encore lui sauter à la gorge mais… je préfère garder mon énergie pour manger mon sandwich au chaud et tranquille dans la salle de pause du bahut. Et pour parler avec Lise, aussi. Je pousse un long soupir pour me détendre puis finis par regarder ailleurs, en direction de notre destination de midi.

« Viens, Lise, c’est pas la peine de se fatiguer, on s’en va. »


Je n'ai pas adressé à Raoul un regard de plus. Dommage, car il était surement outré qu’on ne lui donne pas plus d’attention. Soltan et Monsieur Zlatan avaient raison de me dire que le plus pénible pour ce genre de crétins, c’était de se prendre des vents. Je me sens me calmer en m’éloignant vers le forum du collège. Lise a l’air soucieuse, j’imagine que c’est normal avec ce qui vient de se passer, surtout que Raoul en a profité pour l’emmerder elle aussi. Franchement, quel genre de minable on est pour oser faire ça… ?

« Tu es sûr que ça va… ? »

Me demanda finalement mon amie. Après un soupir, je hoche la tête avec une certaine assurance. J’ai surtout faim, là, en fait. Pas le temps de penser à notre cher Raoul vu le bruit que fait mon estomac.

« Ouais, ouais… »

Dis-je en m’asseyant à une table libre. Pendant que je sors mon repas et qu’on commence à manger, on ne dit soudain plus rien. L’ambiance est un peu pensante donc je me sens un peu forcé de m’en excuser.

« Désolé… J’voulais pas que tu sois mêlée à ça. »

Avant qu’on se remette à parler d’autre chose, la rouquine m’envoya un sourire compatissant. Lise avait quand même l’air un peu triste, elle me dira plus tard que c’est parce que ça lui avait rappellé de mauvais souvenirs.

« C’est pas grave, Lulu. »


Ce surnom était un peu devenu pénible ces temps-ci, parce que j’ai mais quand c’est Lise qui le prononce… ça change tout.

***


22 décembre 2023
La période de Noël m’a toujours semblé un peu étrange. Mes parents n’étaient pas très branchés sur ce genre de festivités et travaillaient souvent. Les seuls Noël que j’ai passé avant mes 6 ans étaient chez tonton Hanz et ce n’était pas non plus la grosse fête : un repas, quelques cadeaux si les adultes y avaient pensé. D’ailleurs, Ellias ne m’oubliait jamais, pour le coup, cela me fait d’ailleurs un petit pincement au cœur de penser à lui en ce moment. En arrivant chez Alex, c’est surtout Riku qui aimait mettre des décorations (là où ça ne faisait pas grogner Alex qui est super maniaque) et je le faisais avec elle de temps en temps… pour autant, on ne faisait pas vraiment de fête à part un bon repas et éventuellement des cadeaux. Alex n’a jamais été très festif. Par contre, mon premier vrai Noël, c’était chez Soltan, quand j’avais 7 ans. Shizune était rentrée de la maternité depuis quelques mois avec les jumeaux, Marilyn était complétement folle et surexitée, Soltan était aussi crevé que sa compagne et les deux s’étaient presque endormis en bavant sur la table après le repas, Alex n’avait pas pu venir mais Riku était là et moi, même si mon grand frère était absent, j’avais passé un bon moment. Je me souviens que ça m’avait fait bizarre de me retrouver avec des tas de décorations à mettre sur le sapin et dans la maison, mais très content d’être sollicité par Marilyn et Soltan qui me montraient ou installer quoi. Après ça, je me suis habitué aux Noël chez eux et cette année, j’avais mis un peu de mon argent de poche de côté pour acheter des cadeaux à tout le monde. Pas grand-chose, hein, mais dans tous les cas, après tous les évènements de ces derniers mois, j’étais assez heureux à l’idée d’arriver aux périodes des fêtes… pourvu que Marilyn, Iris et Mikoto ne soient pas trop triste étant donné que leur mère n’es pas encore repassée et ce sera probablement leur premier Noël sans elle. Enfin.

Je suis sorti du collège après avoir dit au revoir à Lise pour les semaines à suivre. Quoique, on se verra peut-être après le nouvel an, mais elle m’a dit qu’elle et sa mère allaient en famille à Baguin et qu’elle ne savais jamais quand elle rentrait. Mais bon, elle semblait enthousiaste et ça m’a fait me demander à quoi ça doit ressembler, une grande fête en famille. Ce n’est pas que ça me rendait triste, hein, vu ma famille biologique je préfère largement être tranquille chez mon tuteur à manger de la viande et du fromage fondu (je sens que je vais avoir mal au ventre, mais bon). Juste, je suis curieux, j’essaie d’imaginer comment ça doit être… Lise n’est pas quelqu’un de très expansif quand il s’agit de raconter sa vie, du coup, il m’arrive souvent d’extrapoler et d’imaginer comment ça doit être chez elle. En réfléchissant à tout ça, je parcoure la rue en essayant de retrouver le pick-up de Soltan à l’endroit où il se gare d’habitude.

Néanmoins, au lieu de trouver une grosse bagnole avec un fermier et des jumeaux qui causent à l’arrière, je me retrouve en face de son cousin maigrichon et de sa moto. Perplexe, je balaye les environs du regard à la recherche du pick-up et posais la question, même si j’avais déjà la réponse.

« Soltan n’est pas là ? »

Visiblement non, c’est une question un peu débile. C’est plus par politesse et parce que je ne sais pas trop comment réagir à cet imprévu. Enfin, ce n’est pas la première fois que c’est Monsieur Zlatan qui vient me chercher au lieu de mon tuteur, car ce dernier doit faire autre chose. Sauf que d’habitude, il vient avec la voiture aussi. Le motard eut l’air un peu gêné et pencha la tête en avant avec un air d’excuse.

« Y devait aller faire une course avec la voiture, alors… Enfin, j’sais que c’est un peu chiant les imprévus mais on sera vite à la maison, hein. »

L’explication me suffisait et je me contentais d’hocher la tête en prenant le casque et la veste que l’on me tendait. Je sais que Monsieur Zlatan et sa moto, c’est toute une histoire, parce que je ne sais pas grand-chose d’autre de lui, en fait, à part qu’il aime bricoler des trucs dans la maison et dans le garage : aider Soltan à avancer les combles, réparer le tracteur, sa moto, le pick-up, bref. Tout ça pour dire que malgré le temps qui passe, je n’ai pas eu l’occasion de trop apprendre à connaitre le grand brun qui aime la mécanique. Enfin, je sais qu’il était psy et qu’il a arrêté récemment « parce qu’il en avait marre », qu’il habitait à Unys, que comme Soltan il fume beaucoup, qu’il aime bien jouer à Resident Evil avec Marilyn, que Mikoto veut toujours que ce soit lui qui lui lise des histoires le soir mais à part ça… c’est déjà pas mal, j’imagine. J’étais méfiant en le voyant arriver peu après mon retour de chez Monsieur Miyano, car, bah, mon cerveau s’est mis en « alerte adulte inconnu chelou »… et aussi, parce que la dernière fois que je l’avais vu, j’avais juste 6 ans, j’avais peur de tout le monde à part Alex et Riku et les enfants de mon âge et pour couronner le tout, Alex avait eu l’air de ne pas du tout apprécier le cousin de Soltan.

Fort heureusement, le temps a un peu fait son office et même si Zlatan a gardé ses distances avec moi (je peux comprendre, je suis pas son neveu ou sa nièce comme les jumeaux et Marilyn), il n’a pas non plus fait comme si j’étais pas là. De toute façon, je ne voulais pas déranger donc je me suis fait tout d’abord très discret en sa présence, me détendant au fur et à mesure que les semaines ont passé. Inutile de préciser qu’il y a un mois, j’aurais surement pas accepté de rentrer avec ce type en moto. Maintenant, j’ai assez confiance en l’idée que je ne me retrouverais pas dans un fossé si je grimpe sur cette moto. Et puis, en vrai, j’aime bien la moto, depuis que j’en ai fait avec Riku la dernière fois qu’elle est venue chez Soltan.

« Pour la moto, euh, tu sais que… »


J’hoche la tête. Je suis déjà monté sur cette moto plusieurs fois, car Riku aime bien l’utiliser aussi quand elle traine dans le garage. D’ailleurs, c’est comme ça que ma cousine et le cousin de mon tuteur (ça fait beaucoup de cousins) se sont connus, enfin, c’est ce que la rouge m’avait dit en sortant la moto la dernière fois. Enfin, bref, du coup, je sais qu’il faut bien me couvrir et m’accrocher et que même si je conduis pas, je dois être attentif sur la route.

« Je sais, faut se pencher dans les virages, je l’ai déjà fait avec Riku. »

Et d’autres trucs que j’énonce en vrac, ce à quoi l’ancien psy répond par un hochement de tête approbateur. Il me laisse enfiler une grosse veste qu’il avait rapporté exprès et prend un air pensif l’espace d’un instant.

« … Riku… ? Ah, oui, elle est sympa, cette petite. »

Héhé. Evidement qu’elle est sympa, ma cousine. Sa réflexion me fait afficher un rictus en coin. C’est toujours plaisant d’entendre dire des trucs gentils sur les personnes qu’on aime ! Mais, hé, par contre, y’a un truc sur lequel je suis pas d’accord, c’est sur la taille de Riku. Je suis encore plus petit qu’elle alors un peu de respect pour les nabots, hein !  

« Hé, Riku n’est pas si petite, vous savez ! »


Je blague à moitié, évidemment, l’autre moitié à juste envie d’être un peu effronté et de faire le kéké, ce doit-être l’effet de la veste en cuir. Ou alors c’est juste par envie de parler de ma cousine pour détendre l’atmosphère, ce que le plus vieux a aussi l’air de vouloir faire, comme on est visiblement aussi intimidé l’un que l’autre par la situation et c’est un peu ridicule. En entendant ma réponse, Monsieur Zlatan écarquilla brièvement les yeux (du moins, l’œil qui n’est pas caché derrière une mèche de cheveux, je me demande souvent comment il y voit bien), visiblement surpris par mon répondant et même si c’est pas bien, je suis un peu content de mon effet. En voyant mon air rieur, il pouffe légèrement mais a l’air de vouloir se justifier quand même.

« Oh, euh, je sais hein, c’est que… bah, elle pourrait être ma nièce alors… »


Déclara-t-il avec un sourire en coin, plus détendu que tantôt. J’imagine qu’il fait allusion à l’âge de Riku, qui lui fait dire qu’elle est « petite ». M’enfin, à côté de lui et Soltan, la plupart des gens ont l’air petits. Moi-même je me demande quel temps il fait là-haut.

« Vous êtes si vieux que ça monsieur Eriksen ? »

Demandais-je d’un air candide. Je n’ai pas du tout pour idée d’être taquin, cette fois-ci. Mais ça fait quand même pouffer à nouveau le Eriksen qui émet un « pppfrtt » bizarre avant de se remettre à parler.

« Roh, t’es pas obligé de m’appeler comme ça, hein. Et je suis pas SI vieux, hein ! »


J’en sais rien, s’il est vieux ou non, en réalité, ça a pas tant d’importance à mes yeux, comme il est sympa avec moi. Par contre, c’est vrai que depuis presque deux mois qu’il est à la maison, je peux surement me permettre de ne plus l’apeller « Monsieur ». Je ne voulais juste pas avoir l’air impoli ou trop familier mais l’autre m'a à peu près rassuré.

« Ah. Pardon, monsieur Zlatan. »


Oui à « peu près ». D’un air un peu attendri, l’adulte se charge de refermer la languette du casque sous mon menton comme j’avais du mal à me dépatouiller sans y voir clair avec ce truc sur la tête puis secoue la tête sans se départir de son demi sourire.

« Juste « Zlatan ». »


Finit-il par dire avant qu’on ne grimpe sur la moto pour arriver à la maison. Bon, on va pas non plus dire qu’on est devenu des super potes depuis, mais c’est un peu moins awkward et bizarre quand je dois adresser la parole ou demander un truc au plus âgé. Et puis, en vrai, j’aime bien bricoler des trucs, donc je me sens plus à l’aise de proposer à Zlatan de lui donner un coup de main quand je m’ennuie vraiment (tant qu’il n’agit pas de retirer les toiles d’araignées du grenier, brr).

***



30 décembre 2023

Mais qu’est-ce qu’elle a dans la tête pour appeler la veille de Noël et annoncer qu’elle reviendra pas avant elle ne sait pas quand ?!

Soltan se posait en boucle les mêmes questions depuis maintenant plusieurs jours. S’il s’occupait bien avec la ferme, qu’il n’était pas seul pour prendre soin des enfants désormais en vacances et que Ludwig était revenu dans un état s’améliorant au fil de semaines. Même si son protégé l’inquiétait depuis sa fugue et que le fermier avait redoublé de vigilance à son égard, celle qui l’inquiétait le plus, c’était Marilyn. Et cela ne datait pas de l’absence de Shizune à Noël. Bien entendu, Iris et Mikoto ne supportaient pas très bien l’absence de leur mère non plus, mais leur ainée a un rapport avec sa mère différent du leur. Les jumeaux ont été habitués très tôt à voir leur mère aller et venir alors que Marilyn a passé les six premières années de sa vie quasi-uniquement avec elle, dont 4 ans à la suivre partout sur les routes en traversant des périodes franchement sombre de la vie de sa mère et de la sienne. Et, honnêtement, aucun enfant ne veut grandir en étant trimballé partout, même par ses propre parents, surtout pas dans un climat parfois violent.

Marilyn ne parle jamais de cette période, probablement car elle ne préfère pas y penser ou a préféré oublié. Quand Soltan tente d’interroger Shizune à ce sujet quand ils voient que Marilyn en a tiré un tempérament très défensif, beaucoup d’agressivité (surtout quand sa mère, dont elle est assez dépendante, s’absente)… disons que la Onizuka n’est pas vraiment branchée « communication » et « discussions au calme ». Pour elle, être élevée « à la dure », étant donné qu’elle a grandi dans un environnement assez impitoyable et violent, est quelque chose de normal. Aussi, la vagabonde a beau aimer son compagnon de longue date, elle a du mal à accepter que Soltan ait eu la chance de grandir dans un milieu privilégié… même si cela signifie au moins que leurs enfants ne manqueront probablement jamais comme cela a pu être le cas de Shizune. La japonaise l’avait dit : ce n’est pas qu’elle veut que les gamins grandissent dans des conditions plus difficiles, c’est que dans tous les cas, elle ne sait pas y faire. Oh, bien entendu, Shizune les voulait, ses enfants. Mais elle ne voulait pas admettre qu’elle espérait d’eux quelque chose qu’ils ne pouvaient pas lui donner, qu’ils ne grandiraient pas seuls comme elle a dû en grande partie le faire, qu’il lui fallait tout réapprendre. Après la naissance des jumeaux, quand Shizune avait commencé ses allers et venus, Soltan ne s’était pas opposé et ne se doutait pas d’à quel point son amie était dépassée et voulait surement un peu fuir un foyer qu’elle aimait, mais dont les responsabilités lui semblaient impossibles à affronter. Si le fermier ne se doutait pas de ça au départ, c’était devenu évident au fil des années, aux discussions que Shizune esquivait ou expédiait en élevant le ton la première, pour finir par repartir. Sur beaucoup de choses, Soltan jugeait ne pas pouvoir sermonner la japonaise, après tout, il n’avait pas été plus réfléchi qu’elle en s’imaginant heureux avec sa ferme et sa petite famille et s’il faisait de son mieux pour être un bon père et un bon tuteur, il était à l’heure actuelle lui-même totalement dépassé. Sauf que les absences répétées et de plus en plus longues de son amie, les refus de cette dernière d’avoir des conversations au calme sur ces sujets… Faisaient que le fermier commençait à en avoir marre d’attendre et se lassait de l’attitude immature de Shizune qui venait assumer ses responsabilités de mère juste quand elle en avait envie.

A ce train-là, je préfèrerais qu’elle me dise franchement si elle veut aussi s’occuper des gamins ou non.

Même avec tout ça, Soltan n’osait pas envisager une séparation « officielle » avec sa compagne. Pas parce qu’il se souciait de l’effet que ça aurait sur les enfants (quoiqu’ils ne seraient probablement pas fous de joie), mais parce que penser à tout ça lui faisait prendre une distance sur ce qu’était devenue leur relation. Et parce qu'accessoirement, il l'aimait toujours autant (du moins, c'est ce qu'il affirmait). Ce n’était clairement pas ce qu’ils avaient espéré à l’époque où ils embellissaient tout et pensaient bêtement qu’être ensemble serait suffisant. En réalité, le quarantenaire se sentait de plus en plus détaché de leurs rêveries, n’y accordait que peu d’importance en face de la réalité passionante bien que parfois difficile (comme actuellement) qu’était de regarder ses enfants grandir. Après tout, cela fait longtemps que c’est comme s’il faisait sans elle. Sauf que ce n’est pas dit. Le dire serait affirmer qu’ils ne sont plus vraiment « ensemble » comme un couple et même comme une famille depuis un bout de temps.  

Le paternel avait déjà plusieurs fois hésité à en parler avec son cousin, qui lui-même tentait d’amener le sujet en demandant des nouvelles de Shizune, mais le fermier finissait par se rétracter à chaque fois. Pourtant, ça lui pesait. Mais c’était peut-être encore trop tôt. Et il jugeait qu’il en demandait déjà assez à Zlatan pour ne pas le déranger d’avantage.

« P’pa ? »


La voix inhabituellement hésitante de Marilyn tira Soltan de ses tergiversations. Il posa le crayon qu’il faisant tourner dans ses doigts depuis quelques minutes sur son bureau et se concentra sur sa fille ainée en train de s’approcher puis de s’accouder à ses côtés. Ces derniers jours, ce n’était pas la première fois que Marilyn descendait de sa chambre la nuit pour lui parler car elle n’arrive pas à dormir. Le plus souvent pour demander des nouvelles de Shizune, d’autres fois juste parce qu’elle ne se sent pas bien, à une boule dans le ventre, mais n’arrive pas à comprendre pourquoi. Ce n’était guère étonnant, vu comme elle s’était renfermée et comme elle avait piqué une colère la veille de Noël, s’énervant et balançant des accusations à tout le monde et surtout à son paternel lorsqu’elle avait eu la confirmation que sa mère ne serait pas là. Même s’il l’avait accompagnée dehors histoire qu’elle se défoule et termine de crier pour lui parler ensuite, Soltan pouvait comprendre d’où venait la frustration de l'ainée. Il ne pouvait pas lui reprocher d’être en colère et lassée de l’absence de sa mère, mais s’inquiétait du fait que Marilyn ne se gênait pas toujours pour faire subir son énervement et canaliser son agressivité verbale ou physique sur d’autres personnes. Pour le coup, Shizune n’avait pas aidé quand ils en avaient parlé (enfin, ça avait tourné en dispute), comme elle n’avait pas eu l’air de trouver problématique le fait que Marilyn « s’affirme » ou « se défende » de cette manière. Cela faisait un bout de temps, au bas mot 6 mois au moins (voire plus) que l’adolescente se sentait délaissée, par sa mère, mais pas seulement. La période qu’ils avaient traversé avec la fugue de Ludwig, le fait que Soltan avait beaucoup de travail et ait du passer plus de temps avec le blondin pour l’école et les rendez-vous chez l’assistante sociale n’avait pas aidé la brunette à se sentir moins « abandonnée ».  

« Dis, P’pa, il a quoi Lulu ? »


Ludwig était un autre sujet récurrent depuis sa fugue. D’autant plus que lui et son amie d’enfance ne s’adressaient plus aussi souvent a parole qu’avant depuis leur dispute du début de l’année scolaire. Ils ne jouaient plus ensemble et leur complicité n’était plus ce qu’elle était et cela semblait les atrister tous les deux. Marilyn s’en plaignait souvent et Soltan ne savait pas trop ce qu’il en était pour Ludwig. Ce soir, pourtant, la collégienne n’avait pas l’air de vouloir se défouler dans le dos de Ludwig (ce n’est pas que son ami l’ennuie vraiment, mais elle évacue sa frustration de cette manière, surtout quand elle garde des rancunes pas encore rectifiées avec le concerné). Au contraire, elle semblait inquiète et dans le besoin d’avoir des réponses à des questions qu’elle avait longuement médité. Depuis son retour, Ludwig avait passé beaucoup de temps enfermé dans sa chambre, puis avait changé de classe, avait des devoirs a rattraper tout en préférant toujours être dans son coin… Marilyn avait l’impression que son ami d’enfance n’était plus comme avant. Elle ne le retrouvait pas aussi jovial, plus aussi souriant… mais en même temps, elle était sûre que c’était bien Ludwig qu’elle côtoyait au quotidien, même s’ils se parlaient moins.

« Enfin… pourquoi il était parti et pourquoi il a changé de classe et… enfin tu vois… il a été bizarre et… je ne sais pas, il est pas pareil qu’avant. »


Finit-elle par bafouiller en envoyant des regards pudiques à son père, espérant des réponses claires à ses questionnements. Cependant, Soltan n’étant pas dans la tête de son protégé, il ne pouvait que composer avec ce dont il témoignait, avec sa manie d’observer et de détailler avec un peu trop d’attention aux détails.

« Ce n’est pas « bizarre », tu sais. Ludwig a certains problèmes qui font qu’il n’arrive pas toujours à être heureux. C’est vrai qu’il a un peu changé, mais, si ça lui plait d’être ainsi, on n’a rien à redire. »


Pour le coup, il ne peut pas juger du changement qui opérait en Ludwig depuis quelques semaines. Tant que ce n’est pas destructeur pour l’adolescent ou son entourage, Soltan ne cherchera pas à empêcher le blondin de commencer (enfin) à se chercher.

« …Il a des plus gros problèmes que moi, tu crois… ? »

La question prit de court le fermier. Parler des ennuis de Ludwig n’était surement qu’un argument pour en arriver à ce que Marilyn voulait vraiment partager. Elle était travaillée par l’impression d’être délaissée et avait peut-être cherché des raisons à ce délaissement, concluant que ses soucis n’étaient peut-être pas assez importants pour qu’on s’y attarde. Mais il n’y avait pas que ça. Marilyn semblait s’en vouloir. Peut-être pensait-elle aussi être un problème, qui faisait que ses parents se disputaient parfois concernant ses soucis disciplinaires à l’école… Donc, ce que la brunette avait voulu dire par là, c’est probablement plus « moi aussi je suis un problème pour toi, pour maman et pour Lulu ? ». Soltan n’était pas sûr de bien comprendre et tenta de dissimuler sa confusion afin de ne pas déstabiliser d’avantage sa fille ainée.

« Non, il n’y a pas de… enfin, il faut pas comparer. Si tu as des soucis, ils sont aussi importants pour moi que les siens, hein. »

Commença-t-il par dire, avant d’admettre qu’il avait dû passer plus de temps avec Ludwig ces derniers temps pour des choses surtout administratives, par rapport à ses devoirs de tuteurs, mais que pour autant, ça ne voulait pas dire qu’il accordait moins d’importance et de temps à ce qui pouvait travailler Marilyn. En entendant ça, l’ainée Green-Onizuka baissa les yeux vers la moquette, l’air mi-embarrassé, mi-rassurée. Elle se rapprocha de son père et lui demanda un câlin, ce qui lui arrivait assez rarement comme elle n’était pas du genre tactile. Après avoir enlacé sn père quelques secondes, l’adolescente s’éloigna et avait l’air de ne pas trop savoir quoi ajouter.

« Pour Ludwig, tu veux pas aller lui demander directement ? »

Demanda le quarantenaire, jugeant qu’il ne pouvait pas vraiment arranger la situation entre les deux adolescents à leur place. Marilyn n’eut cependant pas l’air emballée et pinça les lèvres d’un air gêné.

« Je sais pas, j’ai l’impression qu’il me déteste. »

Marmonna-t-elle en regardant ses chaussons Donphan. Pour le coup, Soltan n’eut aucune hésitation à secouer négativement la tête. Même si Ludwig détestait peut-être certaines personnes, ce n’est pas l’impression qu’il donnait face à Marilyn. Mais les deux ainés avaient tout de même des choses à se dire afin de laisser certains malentendus derrière eux.

« Hm, nan, je crois pas. Mais peut-être qu’il est gêné aussi. Enfin, je peux pas savoir à votre place, du coup, faudrait que vous causiez tous les deux. »


En haussant les épaules, le fermier espéra qu’il avait un peu dissipé les inquiétudes de sa fille. Provisoirement, du moins.

« Moui. »


La réponse ne confirmait pas vraiment les espérances de Soltan, mais il se dit que c’était un début et il espérait que Marilyn se sentirait un peu moins livrée à elle-même à l’avenir. Peut-être ne se rendait-il pas assez disponible pour elle, ou donnait cette impression… ? Perplexe tandis qu’il réfléchissait, sourcils froncés, il fut interrompu par une nouvelle question de sa fille ainée. Au regard qu’elle lui lançait, assombrie et visiblement lassée, il avait deviné ce qui allait venir avant qu’elle n’ouvre la bouche.

« Dis, P’pa… Tu sais quand est-ce qu'elle va revenir, Maman ? »

Ce fut à Marilyn de deviner la réponse de son père avant même qu’il ne lui réponde. La brunette soupira avant de quitter la pièce, après avoir eu une réponse qui ne pouvait de toute manière pas la satisfaire.

« …Pas tout de suite, Maril’. »


En voyant Marilyn quitter la pièce après avoir marmonné un « ah, ok, bonne nuit », Soltan se ré-affaissa dans son siège en soupirant longuement. « Pour le Nouvel An », c’est ce qu’il aurait aimé dire, de manière un peu mièvre, sachant qu’ils auraient tous aimé être au complet pour les fêtes, mais visiblement, non. Probablement devrait-il encore une fois se satisfaire de la certitude que son amie était au moins en vie quelque part. Sauf que cette certitude ne lui suffisait plus. Et à Marilyn, Mikoto et Iris non plus.
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Lun 8 Avr 2019 - 0:50
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/HRP : Oui, c'est un double post, pas assez de place dans le premier post :v:"/

10 janvier 2024
Ce que j’aime vraiment avec le fait de vivre dans le nord d’Enola, c’est que quand il y a assez de chute de neige dans les sommets, c’est vraiment agréable d’aller skier là-haut. Pour le coup, j’ai eu la chance de monter sur des skis très jeune (bah, oui, les familles de riches ça fait des vacances au ski alors mes parents faisaient pas exception à la règle), c’est surtout tonton Hanz qui m’avait emmené sur les pistes, à l’époque, en dehors des cours pour enfants. Enfin, du coup, c’est une des parties de l’année que j’adore depuis que j’habite à Cayagane, c’est que les stations ne sont vraiment pas loin et que si on a de la chance, elles sont ouvertes dès janvier. Cette année, Soltan nous avait promis à Noel quelques jours au ski, alors on en a bien profité même si je ne pensais pas voir un jour quelqu’un de plus nul qu’Alex en ski en la personne de Zlatan qui s’est pris je ne sais pas combien de gamelles sur son snow. Bon, je me casse aussi souvent la figure et je ne parle pas Marilyn qui nous a fait des frayeurs plusieurs fois en se rétamant dans les champs de bosse et la poudreuse car elle voulait se faire des sensations fortes (et j’avoue, c’est marrant les champs de bosses). Dans l’ensemble c’était kiffant et j’ai déjà hâte à refaire ça l’année prochaine si on en a la possibilité.

Il doit être vers 16h30 et les pistes commencent à se vider. C’est pour ça qu’on a profité du télésiège encore ouvert pour aller faire une dernière grande descente avec Zlatan et Marilyn. Iris et Mikoto étaient pour leur part fatigués, donc Soltan les a emmenés au café en bas des pistes (là où le chocolat chaud est bien trop cher, à ce qu’il parait) en nous attendant. Bon, par contre, même après ces journées sur les pistes, c’est toujours un peu bizarre entre Marilyn et moi. On s’adresse la parole, mais ce n’est pas comme avant, il y a un truc qui coince. On a des choses à se dire et pour ma part je ne sais pas trop où commencer car je ne veux pas qu’elle se fâche ou m’en veuille d’avoir mis autant de temps à aborder certains trucs, comme notre vieille dispute. Maril' me donne pour sa part l’impression de m’esquiver un peu, de me bouder encore et je peux un peu comprendre… Si elle m’avait dit ce que je lui ait dit avant les vacances d’octobre et qu’elle avait disparu quelques semaines après sans crier gare… bon, non, je serais pas fâché, mais je marcherais surement un peu sur les œufs en essayant d’aller lui causer de sujets qui fâchent. Peut-être aussi qu’en m’isolant dans ma chambre un certain temps, je me suis un peu rendu moins accessible à ses yeux ?

Enfin… dans tous les cas, on avait pas eu l’occasion de prendre le télésiège ensemble et en me retrouvant entre elle et son oncle Zlatan, bah, l’ambiance est particulière, je dois dire et c’est pas dans le bon sens. D’ailleurs, on ne tarde pas à s’en rendre compte comme personne ne parle (heureusement, le paysage est joli) et qu’on réalise qu’on va quand même être assis sur cette nacelle pendant 5-10 bonnes minutes. C’est un peu gênant pour moi et je crois que ça l’est aussi pour les deux autres.

« Hm… C’est moi ou l’ambiance est bizarre, là ? »


…Bin tiens. J’avoue que j’aurais préféré que Zlatan ne relève pas cet état de fait, car il ne rend pas vraiment la situation plus confortable. J’ai pincé les lèvres en rivant mon regard vers le paysage droit devant, faisant comme si je n’avais pas entendu. Marilyn de son côté, grogne, n’a manifestement pas envie d’entendre ce genre de choses en ce moment… Je la sens tendue, un peu, ce qui me fait un peu stresser de mon côté aussi. Non, vraiment, il est pas méchant, Zlatan, mais même Soltan lui dit parfois qu’il est gênant. Je vais pas dire aux gens que c’est mal de dire tout ce qui nous passe par la tête, car, des fois, c’est une capacité que j’aimerais bien avoir dans certaines situations. Genre, pour lancer une répartie bien cinglante à Raoul, un de ces jours, qui devrait bien le faire rougir dans sa honte. Mais, bref, en l’occurrence, j’aurais préféré que le motard-bricoleur, là, y dise rien ! Mais visiblement il a pas vraiment pigé notre silence puisqu’il reprend la parole et ce n’est pas pour être moins embarrassant.

« Pourquoi vous vous parlez pu, vous deux, hein, la dernière fois que je suis venu, vous étiez super potes… »

Cette fois, je me suis crispé et j’ai froncé le visage dans une grimace témoignant de mon irritation. C’est pas pour dire, mais de quoi est-ce qu’il se mêle, maintenant ? Je sais que Zlatan ne pense pas à mal et ne veut probablement pas être intrusif, m’enfin, c’est comme la fois où il s’est dit que ce serait une bonne idée de jouer à DOOM avec Mikoto… c’est pas franchement malin et ça a mis tout le monde mal à l’aise. Je crois qu’à nos grognement exaspéré, le cinquantenaire a bien compris qu’il avait mis son nez dans nos affaires et je l’ai entendu émettre un « oups » avant que Marilyn ne prenne la parole de manière virulente.

« C’pas tes affaires, Tonton ! »


En émettant un « roooooh » quelque peu honteux, l’ancien psy tenta de nous apaiser d’un geste des deux mains.

« Ok, ok, j’ai mais les pieds dans le plat, j’ai compris, désolé, hein… »


S’excusa-t-il en grommelant un peu pour la forme, puis je l’entends ajouter un « jeez » dans sa langue maternelle tandis qu’il se retourne observer le paysage. Merci, l’ambiance est encore plus awkward maintenant… Mais si ce n’était que ça. Petit à petit, il me semble que le télésiège ralentit jusqu’à s’arrêter. D’instinct, nous levons tous les trois le regard vers le câble auquel est accroché notre nacelle,

« …Oh. »


Ouais, il m’enlève les mots de la bouche. Tout ça ne me met pas hyper à l’aise, mais ça devrait aller, ça arrive souvent sur ce télésiège, et c’est déjà arrivé une ou deux fois hier et ce matin quand on l’a pris. Mais ce n’est jamais la grosse joie quand ça se produit. Je n’ai pas trop le vertige non plus pour ma part, donc, même si ce n’est pas la chose la plus agréable ou rassurante du monde, je reste à peu près détendu pendant cet arrêt. Puis ça dure jamais trop longtemps… Je ne cache pas que je trouve ça quand même un peu pénible et émet un « rooh, pffff » suffisamment significatif en roulant des yeux. Pourvu juste que le mec qui gère le télésiège n’ai pas décidé de quitter son bureau plus tôt que prévu car dans ce cas-là, le reste de la soirée risque d’être longue…

« Bof, c’était déjà le télésiège le plus long de la station. No big deal. »

Certes, oui. L’air blasé, je ne peux que hocher la tête en haussant les épaules devant le trait d’humour censé nous détendre du plus vieux. Au moins, il n’est pas stressé non plus. Cependant, si ses propos me détendent un peu, je ne peux pas en dire autant de Marilyn. En entendant sa respiration devenir plus rapide, je me suis retourné vers mon amie et j’ai tout de suite remarqué qu’elle était devenue très pâle.

« Euh, Maril, ça va… ? »


Oubliant totalement ma gêne sur le moment, je commence à m’inquiéter en voyant la plus jeune visiblement très mal à l’aise… Est-ce qu’elle a le vertige… ? Si oui, je n’en avais aucune idée. Ou alors, c’est autre chose… ? Dans tous les cas, je ne suis pas rassuré pour elle et j’espère que le télésiège va rapidement se remettre en route pour qu’on arrive à destination et que Marilyn puisse être sur la terre ferme (enfin, la neige, surtout) de nouveau.

« Mais oui ça va très bien, fous-moi la paix, toi ! »


La Green-Onizuka réagit vivement, ce qui n’est pas vraiment surprenant quand on la connait, mais ça m’a quand même pris de court. Je me fiche un peu de ses borbognymes pour le moment, plus préoccupé par son état que par les répliques cinglantes qu’elle pourrait m’envoyer en étant sur la défensive.  

« Mais t’es vraiment blanche… »


Insistais-je, pas vraiment rassuré par la manière dont elle m’a répondu et s’est détournée, serrant plus fort la rambarde dans sa main, mais ne cessant ni de trembler ni d’avoir le souffle court pour autant. Je ne sais pas trop quoi faire pour l’aider et j’ai espéré l’espace d’un instant que Zlatan saurait mieux s’y prendre, comme il était psy (enfin, j'en sais rien, comme il a arrêté), mais sur, le coup, je crois qu’il n’a pas bien réalisé qu’essayer de détendre l’atmosphère avec une autre blague vaseuse, c’était assez bête.

« Oh, ah oui… C’est vrai que t’es blanche, je sais pas si c’est la neige et les reflets mais… »


…Mais bon sang de bonsoir…

« Ta gueule, Tonton ! »
« …Hé. »


Ouais j’avoue que… bon, c’est lui l’adulte, là quand même… En retroussant les lèvres,  j’essaie de ne pas être déstabilisé par cette drôle de situation. Pour le coup, même s’il grogne pour la forme je vois bien qu’il se sent con et qu’il redevient plus sérieux et plus attentif à sa nièce dont la respiration ne semble pas vouloir se calmer. Et le fait qu’on soit serrés sur nos sièges avec peu d’espace entre nous ne doit surement pas aider la brunette à se calmer. De ce que je connais à ce sujet, je commence à me dire que Marilyn est surement en train de faire une crise d’angoisse… Maintenant que j’y pense, elle avait déjà pas l’air très bien depuis que Soltan nous a laissé tous les trois. Pourtant, elle avait le choix, donc je me demande pourquoi elle se serait forcée… enfin, ce n’est pas la question. Je ne sais moi-même pas calmer mes épisodes de stress et donc, cela me met mal à l’aise et me fait me sentir impuissant de voir mon amie dans cet état.

« Maril’, ça va aller… »


Bafouillais-je, bien incapable de dire quoique ce soit de mieux. Je pense que si ça venait de son oncle, accessoirement l’adulte responsable de notre sécurité actuellement, ça serait un peu plus convaincant… Ce dernier allait d’ailleurs ouvrir la bouche pour s’adresser à Marilyn à son tour, mais l’intéressée le devance et… bon, disons que ce n’est pas joli à voir ou à entendre.  

« Non, ça va pas aller ! Ce putain de télésiège va se décrocher et on va tous crever et… et… ! »

Se met-elle à crier en frappant la rambarde avec fureur et en se secouant d’avant en arrière. Par réflexe, je me suis reculé, peu rassuré par ce que je vois et plutôt effrayé de voir la brunette dans un tel état.

« Et on va tous crever et je reverrais pu jamais maman !! »


Je ne sais pas si c’est le froid, le vertige, ou autre chose, mais sous nos yeux, après avoir piqué sa colère et terminé de frapper le garde-fou avec ses poings fermés, Marilyn termine de craquer complètement, cache son visage dans son écharpe et se met à sangloter. Je ne me sens moi-même pas franchement bien, dans l’absolu : mon ventre et ma gorge se nouent. C’est vrai qu’elle n’avait pas l’air bien du tout depuis que sa mère n’est pas revenue pour les fêtes. D’ordinaire, elle réagit plus vivement, mais cette-fois, ça faisait peut-être quelques temps qu’elle retenait sa frustration… Je ne peux pas vraiment comprendre les tenants et les aboutissants, mais, si j’étais à sa place, avec une personne très importante pour moi qui venait me voir de moins en moins souvent… je crois pas que je le digérerais très bien.

Un instant passe ainsi. Rendu muet par ce qui vient de se passer, je suis soulagé lorsque Zlatan se décide à prendre les choses en main, et attrape doucement le poignet de sa nièce pour qu’elle cesse de cogner la balustrade et de se faire mal.

« Ok, Marilyn, tu fais une crise d’angoisse. Essaie de respirer profondément. »

Annonça-t-il, en montrant à Marilyn comment s’y prendre et je les imite car j’ai bien besoin de me détendre également. La respiration de la plus jeune commence à devenir moins saccadée, même si derrière son écharpe, elle continue de pleurer, le visage encore rougi par sa récente crise.

« Promis, on va arriver en haut bientôt. »

Ajouta le cinquantenaire d’une voix plus rassurante et assurée. Comme si la crise de Marilyn avait été entendue jusqu’en bas, nous entendîmes soudain un déclic et un instant plus, tard, la nacelle se balança sous l’effet du télésiège en train de redémarrer.

« Ah ! »


S’exclama le plus vieux et j’eus envie de faire de même pour souligner mon soulagement à l’idée qu’on serait bientôt en haut.

« Eh bah, y suffisait de demander ! »


Ouais, si seulement, hein. Je souffle du nez, amusé malgré moi. Je crois que Marilyn se calme un petit peu plus à l’idée de bientôt pouvoir retrouver un sol sous ses pieds, enfin, son snowboard, mais, bref, je me comprends.


Une fois arrivé en haut, Marilyn alla s’asseoir sur le côté de la piste et après quelques secondes, je décide de la rejoindre, en restant à une distance raisonnable pour qu’elle ne se sente pas étouffée.

« Hm… tu veux qu’on appelle Soltan… ? »

Lui demanda Zlatan au passage, tandis qu’elle inspirait et expirait de nouveau pour se calmer. Marilyn haussa les épaules et eut l’air dépitée, ne refusant pas que son père soit mis au courant de ce qui venait de se passer pour autant.

« M’ouais… de toute façon papa y va encore dire la même chose. »

Qu’il ne sait pas quand Shizune va revenir, j’imagine, si elle fait toujours allusion à ce qu’elle racontait sur le télésiège. Je baisse les yeux, ne sachant pas quoi dire, mais je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à dire de toute manière. Tandis qu’un peu plus loin, Zlatan tente de trouver du réseau avec son portable, je garde mes distances et laisse quelques minutes s’écouler dans le silence. J’ai toujours trouvé le bruit du vent sur la neige très apaisant. Le manteau blanc absorbe beaucoup de bruit et à cette altitude, les bruits lointains habituels de la ville ne nous parviennent plus. Je me détends en profitant des odeurs de la neige, des pistes, de la forêt qui s’étend derrière nous et plus haut… J’aime vraiment la montagne, encore plus maintenant que j’y vis toute l’année.

Après un petit moment d’accalmie, je regarde Marilyn afin de vérifier si elle semble un peu apaisée. L’adulte est au téléphone un peu plus loin avec mon tuteur et a l’air de galérer à expliquer la situation. J’hésite un peu avant d’oser adresser la parole à la plus jeune, prenant garde à ne pas paraître trop intrusif.  

« Ca va un peu mieux, quand même… ? »


La brunette haussa encore une fois les épaules et renifla après s’être mouché un énième fois depuis qu’elle a réussi à calmer ses sanglots.

« Bof, au moins j’ai pu envie de vomir et de casser des trucs. »

Je soupire, compatissant.

« …Ouais, je vois bien ce que tu veux dire. »


Je comprends la sensation d’avoir envie de se faire mal ou de taper sur le premier truc qui croise notre route lors d’une crise de ce genre. Et les nausées, c’est pas vraiment marrant non plus. Un ange passe et ma gorge se serre un peu en repensant à ce qui s’est passé depuis les derniers mois. Je suis content de reparler à Marilyn à peu près normalement même si ce n’est pas dans les meilleurs circonstances, mais… notre dispute me revient en tête et le timing n’est peut-être pas brillant, mais, il faut que je lui dise tout de suite.

« M-Maril', je suis vraiment trop désolé pour ce que j’t’vais dit la dernière fois… j’ai dit que tes soucis étaient moins importants que les miens et c’était vraiment nul, surtout que je savais que ça pouvait pas te faire du bien… »

Clairement, j’aurais pu trouver un meilleur moment mais… maintenant, le chacripan est sorti du sac. Marilyn ne réagit pas tout de suite mais eut l’air interpellée par mes paroles. En inspirant profondément, j’enchaine, mon regard déviant vers mes mains dont les doigts s’entremêlent avec nervosité.

« Désolé de pas m’être excusé avant… est-ce que… tu veux bien qu’on soit encore… amis… ? »


Ma voix se fait de plus en plus petite et timide en arrivant au bout de ma phrase. Je reconnais l’inspiration agacée habituelle de Marilyn avant qu’elle ne devienne grincheuse et proteste un peu :

« … C’est maintenant que tu t’excuses pour ça ?! »


Elle eut tout de suite l’air penaude après ces dernières paroles. Quand je relève le regard vers elle, je la surprend en train de me fixer en gonflant les joues, une moue embarrassée s’affichant sur ses traits fatiguées. L’instant suivant, j’ai la surprise de la voir se jeter sur moi pour m’offrir un de ses câlins brusques mais sincères d’une seconde, se détachant tout aussi vivement l’instant d’après. J’imagine que ça veut dire qu’elle accepte mes excuses… ? Je la connais depuis assez longtemps pour connaître le langage Marilyn et ce n’est pas la première fois qu’elle me fait le coup. Voila que je souris bêtement en réalisant qu’on pourra redevenir proches comme on l’était avant, enfin, en se laissant le temps.

« Et… et en plus, j’étais méga inquiète quand t’es parti espèce de… ! »

Ce qu’elle dit par la suite ne m’empêche pas de continuer de sourire en coin, cela malgré les marmonnements qu’elle m’adresse en me disant que j’ai l’air bête et que je dois arrêter de tirer « cette tronche qui pourrait faire peur aux bébés ». Bon, bien sûr, ça m’a fait marrer et ça s’est terminé en petite bataille de grosses réparties (spoiler : non, sauf si on estime que les « caca boudins » sont de bonnes punchline), jusqu’à ce que Zlatan revienne nous voir pour dire qu’il avait averti Soltan et que maintenant, on allait descendre afin de rentrer et de se remettre un peu de nos émotions. Le programme nous satisfaisait totalement.

On a fini par descendre tranquillement et avec ce qui s’est passé en haut du télésiège, Marilyn et moi, on était crevés pour de bon. Nous sommes tous rentrés sans plus tarder pour diner, juste après une tournée de douche générale pour tout le monde. Mikoto et Iris sont déjà à moitié en train de dormir dans le salon tandis que leur oncle leur a mis Vice-Versa sur la télé et que Soltan termine de réchauffer le dîner dans la cuisine. Pour ma part, je profite de cette accalmie pour sortir voir mes alliés et surveiller l’œuf de Nounourson qui m’a été offert à Noël, en provenance d’un élevage voisin, et qui prend son temps pour éclore. Aussi, je suis un peu surpris en entrant à la nurserie de voir des éclats de coquille éparpillés à la place où se trouvait le fameux œuf. Cela m’alarme un peu car, même si Kylian et Sami étaient là pour surveiller, fidèle au poste, ils n’ont pas l’air de savoir où peut bien être parti le bébé qui était, ce matin encore, au chaud dans sa coquille. Ce n’est pas comme s’il faisait très chaud dans le coin, passé 19h, en plus, et il fait nuit et j’ai peur que Nounourson se soit perdu quelque part. Mais je suis rapidement rassuré lorsqu’un grognement familier attire mon attention vers un coin de la pouponnière, non loin d’un radiateur. J’y trouve Elim, mon Bulbizarre, encore somnolent, couché à côté d’une toute petite oursonne tout aussi mal réveillée. Probablement qu’il l’avait trouvée sortie de sa coquille et qu’elle avait froid et l’aurait donc guidée vers un endroit plus chaud de la pouponnière. Attendri par ce spectacle qui ferait fondre le plus récalcitrant des edgelord, je m’agenouille devant le duo de jeunes Pokémon qui m’observent avec des yeux au paupières encore lourdes de sommeil. Je ne veux pas les déranger plus longtemps donc je me contente de saluer la jeune Nounourson en caressant doucement sa tête, ce qu’elle apprécie visiblement car elle en redemande. Je suis interrompu par la voix de Marilyn qui me crie depuis le porche qu’on va passer à table. Je laisse donc mes deux alliés retourner à leur sommeil, car mon ventre cri famine mais promet d’aller les voir plus tard. Maintenant que j’y pense, nous sommes seulement en janvier mais j’ai la sensation qu’après tout ce qui s’est passé l’an dernier, cette année s’annonce plutôt riche en changement et en découvertes… Pourvu que ce soit en majorité du positif.
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Lun 8 Avr 2019 - 1:02
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