Sable, soleil et seum.
Capture n°12

« Oh, allez, Marcus, fais pas ton timide, viens parier avec nous ! »

Depuis l’arrière de la patrouille milicenne en train de parcourir le désert en direction de l’oasis, quelques agents chuchottent sans être trop discrêts. Le plus jeune, un nouveau ne semble pas spécialement enjaillé par les jeux de ses ainés.

« Mais, euh, je sais pas trop et puis… »

Les plus âgés, Bobby et Jean-Pierre, ricanèrent et tapotèrent l’épaule du petit nouveau.

« Ça va, détends-toi, on joue pas du vrai argent ! »

Tadeusz, qui marchait devant eux, se retourna, alerté par l’hilarité de ses collègues. Il avait l’air passablement blasé.

« …Encore à parier sur combien de fois la moumoutte va se plaindre ? »

Les trois compères à l’arrière hochèrent la tête avec des sourires mesquins et le quatrième leva les yeux au ciel. Certes, il faisait chaud mais leurs passe-temps commençaient à devenir un peu répétitif (même si c’tait effectivement assez drôle de se moquer de Zingaro qui geint).

« M’fin, soyez un peu discrêts, il est peut-être pas malin mais il a des oreilles… »

En entendant ces derniers mots, prononcés très bas, le trio de queue relevèrent le visage vers l’avant, et surprirent effectivement le maitre coordinateur en train de jeter des coups d’œil vers eux, avec son habituel sourire figé de façade (dans un tel contexte, la vision était soit ridicule, soit légèrement flippante). Marcus regarda ses pieds d’un air gêné, Jean-Pierre camoufla son rire nerveux dans un faux éternuement et Bobby se mit à siffloter. En un sens, s’ils ne se gênaient pas trop, c’était aussi car ils savaient que Zingaro était bien trop mou pour les rabrouer devant tous les autres.

Est-ce que tout le monde se moque de moi ? Tout le monde, vraiment tout, tout le monde sans exception… ?

Le principal intéressé n’avait pas vraiment entendu toute la conversation de ses collègues. Cependant, ses pensées gravitaient autour du même sujet. Maintenant qu’il y prêtait une vigilance plus accrue que d’habitude, Lionel devenait quelque peu parano sur le sujet mais n’osait pas vraiment baliser. Jusqu’à encore un an, il attribuait les moqueries et le fait qu’il soit réputé pour son ridicule au fait qu’il était coordinateur et qu’il y a toujours ce cliché (assez justifié) sur les champions des amphithéâtres qui seraient des divas dans leur bulle qui n’ont pas peur de jouer aux clowns.

Aaaaah, mais est-ce que Sirius aussi se moque de la sorte de moi ? Je ne fais pas SI MAL mon travail que ça, quand même… ? Si… ? J’imagine qu’à le formuler ainsi, c’est déjà qu’il y a un petit soucis…

Tandis qu’il doutait en menant les autres vers l’oasis plus paisible que jamais qui terminerait leur tour qui était parti des ruines, le coordinateur regarda sa Ekaizer filer se désaltérer. Trop occupé à réfléchir à ce qui était si risible chez lui, Lionel en oublia de se plaindre (en même temps, ça lui arrive rarement quand il fait chaud) et ne vit pas Bobby qui faisait une danse de la joie dans son dos pour avoir gagné son pari.

Modération : Keukuuuu o/ Une appa en Desert - Oasis, s'il vous please o/

Sable, soleil et seum.
Capture n°12

Il y a bien un moment où on arrive au point où il n’est plus vraiment possible de nier. Depuis quelques temps, Lionel sentait que l’angoisse le gagnait chaque jour un peu plus. Les conversations avec sa mère en remettaient une couche régulièrement. Il redoutait ce qui pouvait venir une fois qu’il ne parviendrait plus à faire tenir le masque par-dessus son anxiété, surtout en ce moment, alors qu’il était au beau milieu d’une mission de patrouille. Certes, les lieux étaient extrêmement calmes mais il ne pouvait se permettre de laisser ses pensées noires prendre ainsi possession de lui. Si cela empire que pourra-t-il bien faire… ? Obéir aux suggestions insistantes de Sixtine, peut-être ? Quoique, quand il se sent submergé, le Roque-Lartigue connait des remèdes qui permettent d’oublier… au prix de sa santé mentale et physique, certes. Mais bon, après tout, il est riche et en bonne santé et fait du sport, donc, ça ne devrait pas mal tourner. Et puis, il ne boit pas tant… il a vu son propre père boire régulièrement toute sa vie et ce dernier est encore bien conservé et bien portant. Surtout, ne pas rappeler au bleu que ce même type est celui qui trouvait normal de régler les soucis par la violence et qui semble se ramollir et devenir de plus en plus abêti avec l’âge, ça ferait trop de signaux d’alarme à prendre en compte en même temps.

Le coordinateur tenta d’oublier un instant ses préoccupations du moment le temps de se désaltérer et de se rafraîchir un peu. Le temps d’une petite pause devrait lui remettre les idées en place… certainement que la chaleur lui tourne juste la tête et le rend un peu sonné.

Ah, je devrais vraiment faire attention à mes nuits, ces temps-ci, aussi.

Oui, comme si les raisons de ses nuits écourtées ces derniers temps était tout à fait anodines.

Et manger mieux, aussi… Je n’ai pas l’impression d’avoir fait des repas aussi complets que d’habitude.

Même remarque. N’ayant absolument jamais appris à faire attention à ses intuitions quand il s’agit de lui, Lionel était bien loin de se dire que tout ça, ce qui se passait à la fois dans son corps et son esprit, était fort probablement très étroitement lié. Son regard devenu fixe croisa alors celui d’un Rondoudou qui cherchait à se mettre à l’abri d’autres miliciens bruyants qui s’envoyaient un peu d’eau du lac pour se raffraichir. C’est vrai que s’il pouvait, le féru de natation irait bien piquer une tête… hm… mais n’avait-t-il pas déjà fait le double de son temps de nage habituelle, ce matin déjà, malgré qu’il se sentît épuisé ? Décidément, il faudrait peut-être aller chez le vieux médecin de la famille…

Et si c’était une infection ou un soucis de trucs de sommeil, enfin les trucs qui font dormir dans le corps, quoi… J’aurais peut-être dû être plus attentif en cours de SVT, moi, mais j’avais les animaux empaillés et les maquettes de pierres et de planisphères qui était à côté de moi et ça me distrayait…

Modération : Fuiteuh puis une autre appa à l'Oasis, s'il te plait °W°

Sable, soleil et seum.
Capture n°12

C’est un paradoxe particulier, que d’être totalement nombriliste sans être capable de se rendre compte de sa propre détresse. C’est qu’en ayant vécu dans l’opulence toute sa vie, il est difficile de se dire qu’il peut y avoir un problème. Voyez-vous, Lionel a tendance à penser que les problèmes mentaux, d’addiction, ça ne touche pas les gens riches, parce qu’on lui a mis en tête que les « détraqués » sont forcément ceux qui ont moins les moyens, parce que… bizarrement, il ne se souvient pas avoir eu d’explication logique à part que « c’est comme ça ». Le coordinateur fait suffisamment honte à sa famille, il n’a jamais vu ses parents se plaindre d’un quelconque malaise mental, donc, pourquoi devrait-il commencer à chouiner ?

Peut-être que Maman à raison. Surement… Peut-être que c’est vrai, que je vois le côté négatif des choses et que je me prends un peu trop la tête. Elle dirait que c’est de trainer sur les réseaux sociaux, ça, que c’est pour ça que je me mets à devenir frileux et à m’inventer des problèmes qui m’empêchent de bien faire mon travail…

Son travail n’inclut pas forcément de faire plaisir à sa famille, pourtant.  C’est justement le soucis : tout doit tourner autour de ça tout le temps et Lionel commence à se dire que ce n’est peut-être pas tout à fait bien. Car c’est sa vie à lui et pas celle de ses parents. Mais il y a toujours cette idée que ne pas y penser arrange tout le monde : ça l’arrange lui, qui n’est pas obligé de faire le moindre effort, ça arrange ses parents qui peuvent ainsi lisser leur image. C’est gagnant-gagnant, comme on dit. Sauf que… ce « gagnant-gagnant » ne lui a pas rendu service au niveau personnel, à part pour devenir un sujet de moquerie ou un cas désespéré aux yeux de ses collègues.

Ils l’avaient dit que des gens me jalouseraient, nous jalouseraient, mais, je ne sais pas si c’est vraiment de la jalousie que juste… la réalité ?

Parce sue pour le coup Sirius et les autres Miliciens et Rangers n'avaient jamais eu l'air tant jaloux que franchement lassés par moments. Partagé et ne parvenant même pas à prêter attention à l’aimable Hippopotas qui passait dans le coin pour proposer aux Miliciens de se reposer avec lui, le quarantenaire se leva et fronça les sourcils. Ca l’agaçait à chaque fois qu’il y pensait en ce moment, cette impression que Sixtine ne comprend rien, mais veut quand même lui dicter ses faits et gestes.

De toute façon… ils vont faire quoi, si je fais pas ce qu’on me demande, hein ? Me couper les vivres ? Je n’ai plus besoin de leur argent…

De telles pensées le firent aussitôt se sentir comme le méchant de l’histoire et regretter. Apparemment, il n’y a pas d’échappatoire.

Modération : On fuit encore ! Une dernire appa à l'Oasis, s'il te plait °W°

Sable, soleil et seum.
Capture n°12

C’est un peu vrai, en même temps… si je dis à Maman que je suis pas d’accord ni très chaud pour faire ce qu’elle dit car je veux faire mon travail, elle va faire quoi… ? Rien, hein… ?

Se poser encore et toujours les mêmes questions passé 40 ans est un peu pathétique et même en essayant de se raisonner, Lionel avait l’impression qu’il était en tord. Jamais il ne s’était pas retrouvé à regretter de tenir tête à ses parents dans sa vie. Les fois où il avait essayé l’avaient laissé rempli de regrets et de remords probablement excessif. Quelque chose l’empêchait de se convaincre qu’il avait tout à fait le droit de mettre plus d’emphase sur son propre raisonnement que sur ce que sa famille en penserait. Au fond, c’était ridicule. S’il renonçait, qu’allait-il se passer ? Son père viendrait lui taper dessus… ? Même à lui, ça lui paraissait absurde. Mais alors, pourquoi ça marche pas. Pourquoi, même quand ce sont ses parents qui s’en prennent à lui verbalement ou physiquement, il se dit que c’est uniquement sa faute, qu’il l’a cherché alors qu’il n’a jamais été un mauvais fils. C’est plutôt l’inverse, il a toujours été le plus docile. Il y était bien obligé.

Pourquoi est-ce qu’ils me détestent autant ? J’ai tout fait pour leur plaire ! C’est quoi leur problème, à la fin, hein ? C’est parce que j’étais pas doué en maths et que je suis pas devenu banquier, c’est ça ?!

Lionel fulminait intérieurement, à présent. Il se releva et se tourna vers ses subordonnés pour écourter la pause de quelques minutes, ce qui ne fut pas sans surprendre les autres miliciens, qui auraient parié que le coordinateur était plutôt d’humeur à gratter des minutes en plus sur leur pause. Ce n’était pas habituel non plus de voir la moumoute apparemment de mauvais poil et avec le regard aussi froncé. Bon, ça ne le rendait pas moins ridicule ni plus charismatique que d’habitude, c’est même l’inverse. Mais dans tous les cas, cela faisait fort longtemps que Lionel ne s’était pas senti bouillir de colère à ce point. La dernière fois, c’était quand il s’était fait voler ses tickets de concert pour revoir pour la 50e fois le Fantôme de l’Opera. Pauvre petit.

Modération : Et on re-re-fuit ! Je prends un petit tour de Cherch'Objet avant de partir, s'il te plait ^^ Merci pour la modo o/