Je me demande si je m’en lasserai un jour. Pour l’instant, j’en suis accro. Un peu trop même. Ma peur a complètement disparue pour laisser toute la place à l’excitation. Bon, la fatigue vient quand même faire coucou de temps en temps, mais pour l’instant je me sens absolument heureux. Partir à l’aventure comme ça, c’est magnifique. J’en suis fier. J’ai entamé une nouvelle étape dans ma vie. Après être resté quelques jours pour m’occuper d’Adèle qui avait besoin d’attention constante, j’ai foulé mes premières routes en tant que dresseur Pokémon. Et oui, maintenant je peux le dire, ce n’est plus qu’officiel. Je suis un véritable dresseur. J’ai passé rapidement les terres fertiles, connaissant le coin comme ma poche, puis ai franchi la jungle d’Anula. Elle me terrifiait quand j’étais petit et voilà que je marche à l’intérieur. Rien de surprenant d’ailleurs, cette forêt est comme toutes les autres. Il y a des milliers d’arbres, de plantes, de mousses, de lianes et autres végétaux qui rendent le chemin compliqué. Je suis dans l’obligation de m’arrêter souvent pour m’occuper de ma Feunnec qui demande encore d’être nourrie plus de fois que ses partenaires. Ces derniers en profitent tout autant d’ailleurs. Et puis, ici, ce n’est pas un coin pour s’asseoir qui manque. Je mets sans aucun doute plus de temps que normalement mais ça me plait. Plus je galère pour avancer, plus l’adrénaline monte. Je me sens fort et riche en expérience. Ma boussole pointe tout droit vers Anula où j’espère pouvoir disputer mon tout premier match d’arène. Cela prendra le temps qu’il faudra, plus je mets de temps plus mes compagnons seront forts. Ils ont encore besoin d’entraînement pour s’améliorer dans leurs techniques respectives. Elias, mon Caninos, est le plus fort de tous. Même si je sens des faiblesses chez lui, il en a beaucoup moins que ses camarades qu’il n’hésite pas à aider. Il se montre d’ailleurs très protecteur envers Adèle qui reste sur le côté pour regarder. C’est impossible pour moi d’envisager de la faire combattre. Elle est beaucoup trop jeune. Le problème c’est que je dois l’utiliser au minimum deux fois dans un match officiel. Je suis obligé donc je le ferai, mais j’ai vraiment très peur pour elle. Je suis d’ailleurs souvent aux petits soins avec elle. Peut-être un peu trop mais tant pis. Je préfère être protecteur qu’absent. Il ne manquerait plus que ça. C’est d’une responsabilité énorme que d’élever un Pokémon dès sa naissance surtout dans ce contexte que j’ai choisi. L’aventure est risquée, parfois mortelle. C’est pourquoi je continuerai de faire attention à elle. Je suis le même avec les autres bien sûr. Mais ces derniers sont beaucoup plus expérimentés pour pouvoir s’occuper seul.

-Elias, accompagne-moi !

D’ailleurs, je préfère appeler mon Caninos. Je m’enfonce de plus en plus dans cette Jungle et je sais très bien que certaines espèces vivantes ici sont dangereuses. Mon compagnon sera très efficace contre ces dernières. Il me suit comme à son habitude tout proche de moi tout en regardant aux alentours. Cet endroit doit l’impressionner mais il tente de ne pas le montrer. Il a tout à fait raison, c’est immense ici. Impossible de ne pas être abasourdi par cette immensité. Vu d’en haut ce doit être minuscule. Pour l’instant, je viens tout juste d’arriver au cœur de la jungle. Je m’en rends compte car la luminosité est plus faible et il est très difficile d’avancer. J’ai avec moi de quoi couper des lianes pour me frayer un chemin. Heureusement que ma grand-mère pense à tout, car j’allais complètement l’oublier. L’atmosphère devient de plus en plus pesante. Ce n’est guère rassurant mais je dois le faire. Acquérir le plus d’expérience est très important, la Jungle d’Anula permet de devenir beaucoup plus débrouillard. J’arriverai à la franchir complètement, jamais je ne rebrousserai mon chemin. En parlant de ça, je préfère me poser quelques minutes près d’un immense arbre avec un tronc plus gros que ma maison. Celui-là a dû en voir des choses. Je bois un peu d’eau, en donne à Elias puis fouille dans mon sac. Ma carte est à l’intérieur, je la prends et décide de jeter un œil à ma boussole. Je tente de me repérer sur la carte mais bien évidemment, rien n’indique exactement où je pourrai me trouver. Ma stupeur est plus grande lorsque je m’aperçois que ma boussole ne bouge pas. Je me déplace de tous les côtés mais rien n’y fait. Elle est cassée. J’entends ma peur revenir à petit pas. Merde. C’est complètement con. J’ai continué d’aller tout droit depuis le début mais j’ai beau regarder autour de moi je ne sais même plus de quel côté je viens. Bon, c’est super. Il est important pour moi de rester calme, ça ne sert à rien de paniquer. La seule solution est de me reposer un court instant. Je rappelle mon Caninos puis m’adosse au tronc d’arbre qui est très confortable même s’il en a pas l’air. L’arbre est immense et monte plus haut que tous les autres. Mais oui, je sais ce que je peux faire : grimper tout en haut et essayer de me localiser. Le problème c’est que la première branche se trouve à plusieurs mètres. Tant pis, je m’agrippe tant bien que mal au tronc et commence à monter. C’est déjà très dur pour l’instant mais dès que j’aurai atteint les branches, tout sera possible. Je dois juste faire un effort, un très grand effort.