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Deux pas doués à Cayagane (OS, Evolution)
Lionel Roque-Lartigue

Deux pas doués

à Cayagane
Evolution de Rozen

/!/TW : homophobie internalisée, évocation de masculinité toxique, refoulement, persos têtes à claque et molassons, etc. /!/

La dernière fois, il était en avance. Cette fois, Lionel était en retard. Et comme à chaque fois qu’il était en retard, il courrait comme un dératé pour arriver à sa destination. Il avait déjà courru en sortant de son bureau (ce qui est assez rare comme bien souvent, il traine un peu en essayant de faire copain-copain avec les gens qu’il croise) afin de prendre un téléport pour Cayagane. Il avait au moins une demi-heure de retard, à cause de paperasse supplémentaire qu’il n’aurait pas pu éviter (et il ne comptait pas l’esquiver, d’ailleurs). Quelque part, ça l’embêtait un peu : il aurait voulu un peu s’apprêter pour son rencard. Là, il n’avait qu’une chemise unie bleu claire et un jean, bref, ce n’était pas très travaillé par rapport à ses habitudes, mais l’envie de voir son ami l’emportait largement sur tout le reste. Et puis, Lionel tient à son apparence mais il s’est aussi rendu compte que son physique n’était clairement pas ce à quoi Zlatan s’intéressait en priorité. Du coup, parfois, le coordinateur se demandait un peu ce que l’unyssien lui trouvait : c’est qu’il n’a pas trop l’habitude de plaire en dehors du masque qu’il porte en permanence. C’était à la fois plaisant et très déroutant. Dans un tel contexte, il pouvait gaffer à n’importe quel moment, il ne prévoyait rien et ne voulait pas anticiper non plus. C’était bien comme ça aussi. Et puis, c’est quelque chose que Lionel n’avait pas ressenti depuis longtemps… il ne s’était pas vraiment laissé le temps de vivre ce genre de choses ces dernières années. Avec les complications qu’il traversait ces derniers temps au niveau personnel et famille, le milicien ne voulait pas se prendre trop le chou concernant sa relation encore toute naissance avec le Eriksen : il avait envie d’en profiter. Pour ça, il avait vraiment envie qu’il se passe quelque chose entre eux, mais tâtonnait et hésitait encore car encore en plein refoulement du fait qu’il aimait visiblement également les hommes.

Finalement, peu importe. Lionel ne voulait pas penser à tout ça pour le moment, car ça compliquait toute cette histoire dans sa tête. Tout en courant il repensait à l’accolade que Zlatan et lui avaient échangé il n’y a que quelques jours. Au fait que ça lui avait semblé bien plus intense qu’un câlin qu’il aurait échangé avec un ami, aux mots du Eriksen à ce moment-là, à son regard doux, son visage si proche. Il n’aurait pas cru que l’unyssien, avec son côté brusque et grincheux soit si tendre en réalité. Pas à ce point, en tout cas.

Mais enfin… se séparer là-dessus, ça ne devrait pas être permis !

Effectivement, laisser l’autre sur le carreau après ça, ça leur avait laissé un sentiment d’inachevé fort frustrant. Pas pour rien qu’ils n’avaient même pas laissé s’écouler 48 heures entre leur dernière rencontre et leur rencard du jour.

Oui, oui, oui, car c’est un rencard, un rencard !

Lionel aurait sautillé comme une midinette s’il n’était pas essoufflé après avoir rejoint les environs du centre de Cayagane. Il s’arrêta et s’appuya sur ses cuisses pour reprendre son souffle court (car il avait couru, mais aussi car son cœur s’affolait un peu à l’idée de revoir le Eriksen). Normalement, son ami devait être dans le coin et l’attendait depuis un petit moment.

« Euh, Lio, ce serait cool que tu crèves pas maintenant. »

Le bleu releva vivement la tête pour trouver Zlatan en train de s’approcher de lui avec son éternel air narquois sur le visage. Le retardataire s’excusa puis l’autre n’eut pas l’air gêné en expliquant qu’il attendait apparemment non loin de là et qu’il était aussi arrivé à la bourre. Lionel souffla en lui rendant son sourire en coin et étira ses bras vers l’avant.

« Ah ! Ne t’en fais pas, je fais de l‘exercice et j’en ai vu d’autres ! »

Et il était fier de le montrer en plus, ce gros poseur. On a vu moins désastreux, comme entrée en matière.

Mais, hé, c’est lui qui a commencé !


Un rictus malicieux se forma sur le visage du quarantenaire en voyant que sa manière d’étirer ses bras et de bomber le torse laissait le Eriksen sans voix et la bouche entre-ouverte. Lionel n’était pas un saligaud au point de le prendre en photo dans un tel état pour garder éternellement la preuve qu’il avait a cet instant fait de l’effet à son ami, mais ça restait extrêmement tentant. Dans tous les cas, il ne pouvait pas passer à côté de cette occasion de titiller Zlatan. Sans perdre son sourire qui narguait l’autre tel un gamin de 12 ans, il commença à imiter la voix au ton faussement blasé d’adolescent edgy de l’unyssien.

« Et puis… j’ai pas envie que tu m’prennes en pitié-han ! »

Si votre cerveau a l’impression de se gangrèner après avoir lu ce dernier dialogue, c’est probablement que la dimension extrêmement cringe des propos de Lionel est en train de faire son effet. Le brun châtain souffla du nez et rougit furieusement en donnant un coup de poing inoffensif dans l’épaule de l’autre, non sans émettre des gloussements gutturaux qui n’arrangeaient en rien le ridicule de la situation.

« Roh, mais shut the fuck up ! »

Zlatan ricana bêtement en laissant le coordinateur répondre à sa provocation et imiter son « shut up » de manière excessivement dramatique. Ils arrêtèrent leur cinéma avant de se faire remarquer une fois de plus et le coordinateur souffla en souriant plus sincèrement au plus grand qu’il était ravi de revoir.

« Ah, tu sais, tu m’as manqué ! »

Fit-il en adressa un clin d’œil au maigrichon qui avait mis son T-shirt Metal Gear Solid et portait ses affaires de moto sous le bras. Son interlocuteur eut l’air de subir une attaque de gay panic sur le moment et bafouilla en reprenant la parole.

« H-huh, well, ça fait que deux jours depuis la dernière fois, hein… I mean… eu-euh… en deux jours y’a pas le temps de… »


C’est vrai, ça, leur dernier rendez-vous était tout récent. Mais il avait été écourté et frustrant et c’est d’une envie commune qu’ils avaient décidé de se revoir très vite. Lionel n’exagérait rien quand il disait que l’autre lui avait manqué, ce qui le rendait déjà quelque peu collant. Enfin, le coordinateur un peu abruti (et totalement gaga) n’allait bien entendu pas littéralement s’accrocher à la jambe de l’autre sans autorisation, mais leurs interactions étaient tout de même devenues beaucoup plus tactiles. Lorsqu’ils parlaient, la distance entre eux s’était aussi considérablement réduite par rapport à leurs premières entrevues. Le quarantenaire continua d’observer son ami de manière un peu trop intense tandis que l’autre s’égarait comme pour justifier que « non, non, c’est pas vrai tu m’as pas manqué ». A la manière dont Zlatan persistait dans ses tergiversations tout en lui lançant des regards en coin, Lionel commençait à se demander si l’autre ne faisait pas exprès pour l’inciter à lui couper la parole et passer à ce qui les intéressait tous les deux.

« Nan, parce que, si j’te manquais tant que ça tu… »


Le brun-châtain arrêta aussi sec son moulin à paroles lorsqu’il sentit la main du bleu se poser sur son poignet.

« Oui, oui, j’en ai assez entendu, je crois ! »

Avec un sourire roublard, le Roque-Lartigue continuait d’observer l’autre sans que l’étincelle joueuse de son regard ne s’amenuise. Comme d’habitude, Zlatan se la joua faussement détaché en essayant de ne pas trop se laisser contrôler par l’effet que la proximité du coordinateur avait sur lui (d’autant plus que ça lui rappelait un peu trop un rêve qu’il avait fait l’autre soir, mais il s’égare).

« Tss… c’est pas toi qui disais que tu voulais parler, l’autre soir ? »


Le grande asperge tatouée dégagea son poignet et croisa les bras sur son torse en se redressant en face de l’autre. C’est qu’il se croyait vraiment plus imposant de cette manière et se disait que ça compensait le fait qu’il était assez intimidé par la spontaneïté de Lionel. Ce dernier pouvait assurément avoir une confiance en lui qui lui donnait une certaine prestance. C’est quelque chose qu’il avait remarqué en le voyant à la télé durant ses concours (car, oui, le Eriksen était curieux et « juste pour voir » il était allé voir des rediffusions récentes), mais, une fois, de plus, son esprit s’en allait vers des terrains qui l’éloignait de leur conversation (si tant est que c’en est une). Quoiqu’il en soit, le coordinateur, lui, ne perdait du tout pas son rictus d’idiot avec une idée derrière la tête.

« Si, si, j’ai pleins de choses à te dire ! »


Il pencha son visage sur le côté et ses doigts virent jouer avec le tissu de la manche du haut de l’ancien psy. Celui-ci frémit légèrement et tenta une fois de plus de ne rien laisser paraître.

« Mais j’aimerais mieux qu’on soit juste tous les deux, pour ça. »

Le coordinateur passa furtivement sa langue sur ses lèvres, son ton volontairement plus taquin tandis qu’il minaudait.

Bah, oui, je flirte à mort ! Qui pensait vraiment que j’étais du genre subtil ? A voir comment Zlatan me sourit je ne crois pas que ça le gêne vraiment, en plus.


Alors qu’il semblait beaucoup s’amuser, il sentait sa poitrine se serrer agréablement. Lionel avait en effet bien interprété les signaux non-verbaux de son vis-à-vis. Zlatan était bien content que l’autre lui fasse sa petite parade avec ses clins d’œil tout sauf subtils et ses sourires débiles. Franchement, le Eriksen ne le dirait pas mais il se sentait flatté et même s’il ne savait pas trop comment réagir sur le coup et bredouillait de plus belle, il sentait son ventre fourmiller et se réchauffer.

« Euh… bah, c’est bon, là, on peut… »


L’unyssien désigna un coin de la place où ils pourraient s’asseoir ou les terrasse des bars du coin. En pinçant les lèvres, toujours aussi roublard, Lionel regarda les lieux en question mais ne fut pas vraiment convaincu. C’est qu’il avait autre chose en tête. Le problème, c’est que même s’il pensait avoir déjà usé de ses plus gros sabots, son ami n’avait toujours pas vraiment compris là où il voulait en venir.

S’il veut que je sois direct, alors…

L’enolian se sentit vibrer de l’intérieur tandis qu’il se préparait à devenir plus direct, tout en y mettant les formes, car il ne voulait pas prendre le risque de brusquer son comparse.

« Hm… certes, c’est joli, par ici, mais c’est passant, donc si on veut s’embrasser à un moment ce n’est pas l’idéal. »


A cela on pourra rétorquer que ce n’est pas comme s’ils étaient franchement discrets depuis tout à l’heure, mais bon. Après avoir prononcé ses derniers mots, Lionel se mordit l’intérieur des joues sous le coup d’une légère appréhension. Enfin, il commençait à se douter qu’il plaisait aussi au Eriksen mais craignait tout de même un refus ou juste d’avoir été trop direct. Mais en un sens, s’il ne l’avait pas été, l’autre n’aurait probablement pas fait le premier pas. Pas tout de suite en tout cas. Lionel espérait avoir été à peu près explicite sur la manière dont il avait envie de voir évoluer leur relation. A priori, le message était passé comme le Eriksen s’était pétrifié l’espace d’une seconde puis détendu en baissant la tête afin de camoufler son visage en train de devenir très rouge.

« O-oh. »

Toujours incapable de recroiser le regard de son ami, Zlatan soupira puis se remit à sourire en coin. Les deux n’avaient plus vraiment envie de parler maintenant et anticipaient déjà l’effet que ça leur ferait de s’embrasser et de s’enlacer à nouveau avec moins de réserve qu’à la gare routière. Dans tous les cas, ils n’avaient pas envie que cela se fasse dans un endroit quelque peu passant comme le bout de place où ils s’étaient retrouvés. Lionel ne connaissait pas bien le coin et ne savait pas trop où ils pourraient aller pour être tranquilles. Comme il ferait nuit dans pas très longtemps, cela les arrangeait bien aussi pour se faire discrets. Après un bref moment de silence, le sourire de l’unyssien s’élargit et il commença à faire volte-face tout en esquissant un mouvement du bras pour inviter Lionel à le suivre.

« Euh... I know just the place. Tu viens ? »


Le coordinateur n’eut pas à se faire prier pour emboiter le pas à son ami. Ils s’éloignèrent un peu du centre-ville pour monter un peu vers les hauteurs, non loin du chemin menant au temple. Il y avait sur une des collines un petit parc, qui, vu l’heure, était fermé, mais il était aisé de passer par-dessus la grille. En escaladant facilement la porte, Lionel gloussa car il avait l’impression d’être un ado en train de braver les interdits pour aller pécho puis sa hâta de disparaitre avec l’autre abruti dans les chemins pour être hors de vue et de toutes suspicions au cas où quelqu’un les avait vous entrer sans y être autorisés. Après avoir pressé le pas, les deux adultes trouvèrent un coin de pelouse à l’air confortable et définitivement tranquille, à l’abri de regards. Le parc offrait en plus de ça une jolie vue sur le centre-ville dont les lumières commençaient à s’allumer. De là où ils étaient, on pouvait entendre s’élever le brouhaha urbain et globalement, les lieux étaient apaisants. Bien que perdu un petit moment dans la découverte des lieux, Lionel n’oublia pas pourquoi ils étaient venus jusqu’ici initialement. Pendant que son ami regardait ailleurs, le coordinateur effleura de ses doigts la main de son comparse puis enserra doucement sa paume. Zlatan se retourna vers lui et leurs regards se croisèrent brièvement, juste avant qu’ils n’hésitent et laissent s’échapper des gloussements plus nerveux qu’autre chose. Toujours en prenant son temps, la main du Roque-Lartigue fit son chemin le long du bras de l’autre, découvrant pleinement au passage la sensation de la peau de l’autre contre sa paume réchauffée. S’il aimait un peu trop faire durer ce genre de moments, le brun-châtain, lui, montrait des signes d’impatience en grognant un peu et Lionel pouvait le comprendre : après tout, c’est lui qui avait commencé à parler de s’embrasser et voilà qu’arrivés ici, il trainait. Pourtant, il ne saurait résister à l’invitation muette de Zlatan tout tourné vers lui et clairement invitant tandis qu’il se mordillait les lèvres et enserrait son poignet comme pour l’inciter à se rapprocher. Au fond, cela faisait déjà des semaines qu’il attendait ça alors pourquoi perdre plus de temps ?

A cette dernière pensée, Lionel se pencha finalement vers le visage de son ami et embrassa ses lèvres. Un peu intimidés au départ et tendus à l’idée que ce baiser puisse ne pas être ce qu’ils espéraient, les deux se laissèrent finalement aller en constatant que l’expérience était fort plaisante. La main du bleu vint aider à l’autre à replacer plus adroitement son visage contre le sien afin de découvrir pleinement les sensations toutes neuves provoquées par le contact de leurs bouches, de leurs peaux. L’unyssien fut le premier à se faire plus impatient lorsque ses mains se saisirent de la chemise de son partenaire pour l’inciter à se coller plus contre lui. Lionel se laissa attirer par son partenaire et c’est en gloussant comme deux gros niais qu’ils se retrouvèrent vite allongés sur la pelouse et l’un contre l’autre. Le coordinateur avait plusieurs fois imaginé comment ce moment se déroulerait. Passé l’empressement de son comparse pour les entrainer sur l’herbe afin d’être plus confortables, l’enolian était charmé de découvrir son partenaire beaucoup plus tendre que ce qu’il essayait de faire croire en public. Lionel était ravi de la douce ferveur que l’autre mettait en œuvre pour l’embrasser : allongé sous lui, Zlatan caressait le creux de son dos et avait glissé son autre main dans ses cheveux (enfin, les faux cheveux). Le coordinateur gaga soupira en profitant des caresses qu’on lui donnait et sentit le plus grand sourire contre sa bouche… il comprit à présent que le Eriksen avait attendu ce moment au moins autant que lui.

Après s’être séparés les deux grands idiots restèrent l’un contre l’autre. Lionel reposa sa tête sur l’épaule de Zlatan et laissa ses doigts aller s’amuser avec le col de ce dernier. Le quarantenaire soupira de bien-être puis se mit à son aise pour admirer son comparse et re-capter son regard.

« Si tu m’avais dit que tu embrassais si bien, je n’aurais certainement pas attendu aussi longtemps. »


Le Eriksen poussa un soupir et ne retint pas un rire guttural. Il secoua la tête avec un air faussement exaspéré.

« Yeah, right. Tu captais aucun de mes moves ! »

Lionel roula des yeux et observa son comparse, confus. Non, vraiment, si Zlatan avait essayé de manifester son intérêt, il avait sans doute été trop subtil. Pour Lionel, en tout cas. Pas comme si le bleu avait grand-chose à dire sur le sujet, il n’avait pas été franchement efficace non plus.

« Pfff ! Quels moves ? Tu peux parler, tu es pire que moi ! »


Le consensus général sur la question est qu’ils étaient de toute manière aussi désastreux l’un que l’autre.

« Hé, j’t’ai fait faire un tour en moto puis j’t’ai emmené sur les falaises ! »

Le coordinateur écarquilla les yeux et se redressa en fixant son ami. Il se souvenait de cet épisode, bien entendu, ça l’avait marqué, cette journée. Quand il y repensait, l’enolian se demandait vraiment comment il avait pu douter de son attirance envers Zlatan à ce moment-là. Probablement à cause de son homophobie internalisée et de son refoulement, mais, ça, il n’a pas encre capté (bah oui hein quand on est attiré par quelqu’un du même genre que soi on peut pas être homophobe, c’est connu… pense-t-il). Enfin, bref, ce qui interpellait Lionel, c’est que les propos de l’autre laissaient présager que, peut-être, lui aussi avait ressenti quelque chose de pas très platonique ce soir-là, déjà.

« Quoi… ? A ce moment-là tu… ? Déjà… ? »

Nooon, ce serait trop beau, quand même ! Et avoir attendu si longtemps serait encore plus absurde…


« Euh… maaaaybe… ? »


Le Eriksen avait perdu sa fausse contenance de quand il faisait son intéressant en vantant son « super move » de motard et de pepsi devant le coucher de soleil. C’est vrai que ça aurait presque pu être habile si ça avait été un choix délibéré. Mais, non. Et Lionel trouvait ça très cocasse.

« Ahah ! Alors c’était pas un move c’était juste... »

Ce fut à Zlatan se redresser. Il coupa la parole à Lionel en lui intimant de se taire avec un air narquois.

« Shhhhhht. Maintenant, je peux dire que j‘avais tenté un truc génial ! »

C’est un peu facile, vu comme ça ! Je vois qu’il arrange l’histoire comme ça lui plait !

Bien entendu, l’air goguenard du brun-châtain avait l’air de laisser présager qu’il ne se prenait pas autant au sérieux qu’il le disait. Néanmoins, vu comme il avait séduit Lionel ce fameux soir sans même le vouloir, ça ne le dérangerait pas vraiment que Zlatan raconte les choses de cette manière. Bah, oui, parce que Lionel est un gros romantique un peu naze, que voulez-vous, les histoire à base de se regarder dans le blanc des yeux devant le soleil couchant ça le fait tripper. Avec un sourire tendre sur le visage, le coordinateur toujours couché contre l’épaule de son partenaire prit doucement la main de l’unyssien. Il s’amusa à entremêler leurs doigts en détaillant au passage les signes alchimiques tatoués sur les phalanges du plus grand.

« Hm, entre nous… même si ce n’était pas le but ce soir-là, tu m’avais totalement emballé. »


Avoua-t-il non sans adresser un regard enjôleur à l’autre. Cet aveu fit de l’effet au cinquantenaire qui redevint tout rouge et resta quelques instants bouche-bée.

« What ? Sérieux ? »
« Oh que oui ! »


Je me demande vraiment comment il en doutait ! Mais je note qu’il est apparemment plus à l’aise avec les démonstrations physiques d’affection qu’avec les démonstrations verbales. Je vais tenter de ne pas trop l’assommer avec mes bêtises !

Avec son expression de gros niais incrédule, Zlatan semblait un peu trop adorable à son ami pour que ce dernier ne revienne pas l’embrasser de plus belle puis lui glisse des mots gentils à l’oreille. En se laissant faire pendant que l’autre déposait d’autres baisers dans son cou pour jouer, le plus grand se mit à ricaner en traitant Lionel de tous les synonymes de « gros niais » qu’il connaissait dans sa langue maternelle. Cela ne faisait qu’encourager le bleu à poursuivre son ouvrage. Les deux grands andouilles continuèrent ainsi pendant quelques longues minutes.

Il faisait bon, ce soir. Le ciel était très dégagé au-dessus de Cayagane. Dans quelques heures, les étoiles se montreraient. Mais, autant que cela lui faisait envie, Lionel ne pourrait pas s’éterniser pour regarder la voie lactée avec Zlatan sachant qu’il devait encore rentrer à Zazambes et se lever le lendemain matin. Dommage, mais ce serait peut-être pour une autre fois. Pendant que l’autre regardait le ciel et écrivait un message à son cousin pour lui signaler de ne pas l’attendre pour le dîner, le coordinateur se perdit dans l’admiration du panorama du centre-ville en contrebas, qui avait allumé ses lumières. Cela faisait des mois que Lionel n’avait pas vu Cayagane et les reconstructions étaient allées bon train : la partie incendiée des bourgs traditionnels ne ressemblerait certainement pas exactement à ce qu’il était avant, mais, le résultat faisait plaisir à voir quand même. Voir ça lui faisait chaud au cœur et revenir sur ses mauvais souvenirs, commencer à se décider, enfin, d’arrêter d’être aussi obsédé par ce qui s’était passé à Cayagane en février dernier.

« Hé, ça va ? T’as vu un fantôme ? »

Bin tiens, je suis sûr qu’il aimerait bien, vu la fascination qu’il a pour les spectres ! M’enfin, je prefère pas, moi, c’est pas trop mal tasse de thé les choses qui font peur.

Mais en l’occurrence ce n’est pas du tout des spectres qui occupaient son esprit… enfin, si on est romantique on peut dire qu’il était hanté par les fantômes de son passé, mais l’heure n’est pas vraiment aux jolies expressions. Lionel sourit au Eriksen qui se redressa assis à côté de lui et hésita un peu avant de commencer à lui faire quelques aveux.

« Euhm, non, non… je regardais la ville et ça me faisait penser à… la dernière fois que je suis venu ici c’était au festival quand tout à brûlé. J’en ai vraiment un souvenir horrible. »

Alors, là, niveau ruinage d’ambiance direct je crois que j’ai fait fort…


Pourtant, malgré le silence pensant qui suivit, Lionel ne vit pas son interlocuteur broncher ou rétorquer pour l’infantiliser ou lui dire quelque chose comme « ce que tu es bête de t’inquiéter pour ça, Lio, tu dois toujours tout compliquer avec ta sensibilité ». C’est ce qu’il attendait pendant quelques secondes mais tout ce qu’il entendit comme réponse de la part de l’unyssien fut… pas de réponse. Probablement que cela voulait dire qu’il pouvait continuer de parler sans craindre qu’on ne le prenne pas au sérieux. Le coordinateur regarda ses mains et entremêla ses doigts dans sa nervosité. Il n’osait pas aller voir l’air avec lequel Zlatan devait le regarder tandis qu’il racontait ses mésaventures et comprendre qu’il pouvait s’exprimer librement le troublait beaucoup. Il était accoutumé à ce qu’on lui dise qu’il en faisait trop, aussi, il était fort déstabilisé en reprenant la parole et savait que cela devait se voir.

« C’est que… je me suis rendu compte à l’époque que je pouvais pas laisser d’autres gens prendre des risques à ma place dans mon travail, tu vois ? Je… j’ai pensé à arrêter et quitter ma place de Maître, même, à un moment, parce que j’ai encore vraiment honte d’avoir attiré des ennuis à d’autres et ce qui s’est passé ce jour-là avec les Monarchistes, je n’ai rien pu faire et je me suis dit qu’ils feraient mieux sans moi et… bref. » En sentant sa formulation devenir confuse, Lionel tenta de se reprendre. « Mais, je n’allais pas quitter pour ça… ça aurait été… vraiment égoïste. Et même pas bien pour moi. »

Il soupira. C’est vrai, que juste après l’incendie, il avait passé plusieurs semaines à ruminer, à essayer de reconstruire les évènements avec des « si ». A se demander ce qu’il aurait dû faire de plus pour vraiment arranger les choses. Puis, à force de se focaliser là-dessus, d’enchainer les mauvaises nuits et les verres d’alcool pour faire passer ça, on finit par craquer et par se dire que de toute façon, ça ne servira à rien. S’en suivent d’autres nuits sans sommeil, puis l’épuisement, la lassitude. Ce n’est pas du tout par sa propre volonté ou sa force de caractère que Lionel a fini par se dire qu’il devait quand même reprendre les choses en main. Il n’avait pas été pris d’un soudain accès de courage ni ne s’était débarrassé de ses problèmes d’égo en une bonne nuit, il avait seulement accepté d’écouter les avis d’autres personnes. Aussi, il avait envie d’accepter que lui ou un autre n’était pas plus ou moins utile, mais qu’en revanche, il pouvait toujours être mieux qu’irresponsable et immature, au moins pour le travail, comme il l’a déjà été et comme l’ont déjà relevé ses collègues.

« Je vois bien que la Milice ne donne pas confiance à tout le monde, mais, j’ai envie d’aider. C’est pour ça que je me suis présenté, au début. »


Il se tourna vers le Eriksen à ses côtés et eut un léger sourire, un peu nostalgique de ses si fortes convictions pseudo-héroïques de l’époque où il était tout juste devenu co-chef de la Milice. Ah, si le Lionel de cette époque le voyait aujourd’hui, il le regarderait surement de haut, lui dirait juste de ne pas se prendre autant la tête et de profiter de la formidable opportunité qu’on lui a donné. Mais bon, le Lionel du présent aurait aussi beaucoup de choses à lui dire, à cet andouille de has-been. Il se rend bien compte que Zlatan n’aime pas la milice ni la police ni les formes d’autorité de ce genre et qu’il n’est pas vraiment le seul dans ce cas. Du moins, il s’en rend compte maintenant, mais ça ne veut pas dire qu’il l’accepte pour autant. La pilule est difficile à passer et ce n’est pas évident pour lui de se dire que ce n’est pas en vantant à tout va sa bonne volonté et ses valeurs pacifistes qu’on change le monde et qu’on assure la sureté des citoyen.ne.s. Même quand on s’assoit tous les jours sur le siège d’une des personnes les plus influentes de la Compétition.

Je veux pas qu’il y ait de nouveau des conflits. C’est un peu naïf de croire que j’y peux vraiment quelque chose, mais bon…

Il se sentait déjà un peu ridicule donc il n’osa pas formuler cette dernière pensée à voix haute, même si elle était importante pour lui. Enfin, pour revenir à ce qu’il disait à propos de Cayagane, il avait pensé un bout de temps que c’était la fin, un signe pour lui d’arrêter aussi sec son travail de Milicien aussitôt que les choses devenaient plus complexes. Pourtant, il s’avère que ces évènements de février n’avaient pas marqué la fin de quelque chose, c’était plutôt l’inverse. Ce n’est pas comme si tout était résolu pour autant : ce n’était qu’une piste mise en lumière qui en ouvrait des dizaines d’autres encore plus effrayantes. Mais, au fond, c’était excitant aussi.

« En voyant Cayagane d’ici qui se reconstruit je me dis qu’en réalité, ça a peut-être aussi un nouveau départ pour moi, ce qui s’est passé. Depuis ce n’est plus pareil dans ma vie et c’est dur quand je me rends compte que, bah… je dois changer des choses, mais… »

D’ailleurs, ce n’est pas vraiment l’unique évènement qui avait un peu chamboulé sa vie ces dernier temps. Il n’arrivait toujours pas à croire qu’il était vraiment en train de vider son sac devant Zlatan qu’il était encore occupé à embrasser il n’y a pas dix minutes. D’ailleurs, il recommença à s’empourprer en se sentant un peu à la masse, avec ses questionnements existentiels de pauvre petit Maître Coordinateur.

« Hm, c’est un peu bête ce que je raconte, non ? En plus je ruine l’ambiance ! »


Après un bref instant de réflexion de la part du brun-châtain, celui-ci pinça les lèvres puis haussa les épaules.

« Nah. C’dur ces trucs-là. »


L’autre n’avait presque rien dit mais il avait écouté. Cette constatation fit se serrer le cœur du bleu dans une sensation agréable et dont il se souviendra. Il était extrêmement touché par la réaction de l’autre. Probablement ne devrait-il pas être aussi atteint par ce qui était juste la démonstration d’un acte de décence humaine basique. Cela en disait certainement plus long sur lui et ses habitudes, son éducation, que sur la réaction tout à fait normale de Zlatan. Mais aux yeux de Lionel, c’était bien plus qu’une preuve de décence humaine de base, c’était une preuve de gentillesse qui le touchait profondément.

« Dis-moi… »

Le coordinateur soupira pour calmer son cœur en train de s’emballer à une vitesse presque inquiétante. Dans le feu de l’action, il avait presque envie de faire de grandes déclarations à son ami mais lui épargna cette scène de peur d’avoir l’air de mettre la charrue avant les Bourrinos.

« Pourquoi tu es si gentil avec moi ? »

Zlatan sembla surpris et émit un ricanement très bref, probablement pris de court par la question de l’autre. Il ne savait pas quoi répondre à part que c’est ce que font habituellement les gens pour les gens qu’ils apprécient : écouter et tenter de réconforter quand ils le peuvent, donner leur avis s’il le faut. Aussi, l’unyssien fut vaguement inquiété en voyant Lionel se mettre dans un tel état pour le moindre geste de sa part, mais il ne se sentait pas mal à l’aise pour autant. En voyant le bleu sourire à nouveau et venir poser sa tête sur son épaule, c’est plutôt l’inverse : il était bien content que les choses se passent ainsi. Rien que le fait de l’avoir comme ça près de lui donnait du sens à sa « gentillesse », si tant est qu’il faille que ce genre de chose ait une raison d’être.

« Sais pas. J’aime bien quand t’es content. »

C’était peu dire, s’il se fiait aux frissons chauds qui envahissaient sa poitrine dès que son regard croisait à nouveau celui de Lionel et que ce dernier lui souriait de plus belle. Comme le coordinateur semblait réclamer d’être cajolé en se collant encore plus à son comparse aux yeux vairons, l’ancien psy se risqua à passer sa main autour des épaules du bleu pour le garder près de lui. C’était visiblement tout à fait ce que Lionel attendait comme il ferma les yeux et aurait presque pu ronronner s’il avait eu quelques gênes félins. Un petit moment passa avant que la voix du plus jeune ne se fasse entendre.

« Alors, au fait… tu penses quoi de tout ça… ? »

Redevenu spontané, Lionel faisait allusion à ce qui se passait entre eux et ce qu’ils avaient la possibilité de poursuivre s’ils en avaient envie.

« Euh bah… »

L’unyssien fut un peu déstabilisé sur le coup. Il avait très envie de rêvasser à comment les choses évolueraient entre eux mais il ne pouvait s’empêcher de ruminer à propos d’autre chose. Disons que le fait qu’il n’habite pas Enola l’avait retenu plusieurs fois d’aller vers le coordinateur. Il n’arrivait pas vraiment à ignorer une certaine anxiété due au fait qu’il n’allait sûrement pas rester sur cette île pendant des années encore. Il reviendrait, c’est certain, mais il ne voulait pas que Lionel se fasse des illusions (sachant que lui-même voulait vraiment s’en faire et ne surtout pas penser pas une séparation forcée par la distance). Probablement que déjà pensait à ça en disait déjà long sur son appréciation de Lionel. Si ça ne tenait qu’à lui il dirait juste à l’autre qu’il voulait juste être avec lui et profiter du moment. C’est à contre-cœur qu’il s’efforça d’être un peu « réaliste », probablement aussi car il ne voulait pas montrer qu’il s’emballait complètement depuis quelques jours, voire quelques semaines. Mais bon, c’est dans son caractère, pour compenser son côté émotionnel et fleur bleue qu’il n’assume pas du tout, Zlatan essayait de jouer au plus « mature ». Surtout pour se rassurer lui-même, d’ailleurs.

« Je veux pas ruiner l’ambiance, hein, mais, déjà, tu sais que je vais devoir rentrer à Unys un jour, right ? »

Le châtain fut soulagé de voir que Lionel avait l’air de s’attendre à aborder ce sujet-là et ne se braquait pas. Il avait aussi réfléchi à la question et s’était déprimé tout seul à l’idée que leur relation risquait de mourir dans l’œuf à cause du fait que le Eriksen repartirait chez lui un jour. Mais aucun des deux n’aimait avoir des regrets. Zlatan avait déjà donné, à ce niveau. S’il n’était pas un peu sorti de sa lâcheté, il est tout de même probable qu’il aurait laissé les choses ainsi parce qu’il est quelque peu peureux à l’idée de se laisser aller et de trop se dévoiler. Pour le coup, c’est heureux que Lionel ait eu envie de persister lui aussi, sans ça… enfin, plutôt que se prendre la tête avec des scénarios qui n’avaient pas lieu d’être pour l’instant, le plus grand écouta la réponse de son ami.

« Oui, oui, j’en ai conscience, c’est pour ça que je voulais qu’on en parle avant de… bah, si tu veux qu’on tente quelque chose. Parce que tu me plais beaucoup tu sais ! »

Le bleu fut surpris d’entendre son comparse répondre du tac au tac.

« B-baaaaah… évidement que je veux tenter un truc. Duh. »

Lui qui avait l’air incertain il n’y a pas deux secondes, voila qu’il avait l’air de dire que c’était évident. Pour Lionel, ça n’avait pas vraiment été évident à deviner, que l’autre avait également envie de cette relation avant ce premier rencard. Tandis qu’il relevait les yeux vers le visage de Zlatan, le Roque-Lartigue eut l’impression que l’autre n’était clairement pas aussi sûr de lui qu’il semblait vouloir le montrer. Au contraire, le Eriksen était clairement en train de ruminer quelque chose et était de toute évidence tout aussi paumé que le coordinateur. Ce dernier ne voulait pas le brusquer en lui demandant pourquoi il avait l’air de bouder et de se prendre le chou dans son coin. Sauf qu’il ne savait pas vraiment y aller pas quatre chemins.

« Hm… mais alors, qu’est-ce qui te travaille ? »

Il s’efforça d’être le plus apaisé possible. Ce n’était pas une de ces conversations ou chacun devait absolument ouvrir son cœur et balancer tous ses problèmes relationnels à la figure de l’autre… peu importe ce que le Eriksen a pu vivre ou ses difficultés émotionnelles, aux yeux de Lionel, ça ne changera rien à tout le bien qu’il pense de Zlatan. Avant de répondre en marmonnant, le cinquantenaire grincheux se mit évidemment à grogner comme si son numéro de « gros dur » pouvait encore tromper qui que ce soit.


« R-Rien. Dumb stuff. »

Oui, mais encore ? j’ai du mal à croire que ça ne soit vraiment « rien », vu la tronche qu’il tire !

« Juste que si t’avais pas essayé de me revoir, bah, j’aurais jamais osé te dire que… Plus, c’est qu’on est deux… Y’know. »

Lionel se mit à cligner les yeux en essayant de faire sens de ce qu’on venait de lui confier.

Est-ce qu’il se prend juste la tête car il est simplement très réservé et parce qu’on est deux… deux hommes ?

Peut-être que Lionel se gourrait complètement. Cependant, il pouvait comprendre où l’autre voulait en venir. Il n’y a qu’à voir comme lui pouvait être lourd juste à cause de ce « problème » (totalement inventé et inexistant) de genre, alors que d’habitude il est moins relou que ça pour flirter. C’est comme s’ils s’étaient dits que le fait d’avoir l’air le plus en contrôle et le moins sensible devait rentrer en compte lorsqu’ils devaient séduire l’autre. C’était stupide, ils le savaient et se sentaient bien stupides de s’être autant pris la tête pour ça. Mais les vieux jugements erronés peuvent persister longtemps avant qu’on s’y confronte et qu’on les remette un peu en question.

« Je suis naze pour ces trucs-là. Sorry. »

Le silence de Lionel avait visiblement fait se braquer Zlatan qui avait la sensation d’avoir dit des conneries. Il se sentait aussi frustré de ne pas avoir réussi à exprimer ce qu’il voulait de manière naturelle et claire. En le voyant se rembrunir, le bleu glissa sa main jusqu’à celle de son comparse, posée contre son épaule en espérant le remettre plus à l’aise.

« Mais non… Ne t’inquiète pas pour ça. »

Les épaules du plus grand retombèrent à mesure qu’il se détendait. Le bleu n’était nullement dérangé de parler de tout ça, après tout, cela ne lui ferait pas de mal non plus d’essayer d’y voir un peu plus clair. C’est ce qu’il aimait avec Zlatan, c’est que même si ça ne leur donnait pas toutes les réponses, ils se parlaient beaucoup et faisaient de leur mieux pour être sincères. C’était très rafraichissant pour Lionel qui avait l’impression de se redécouvrir un peu ainsi, juste en communiquant sur des choses qui peuvent paraîtres évidentes et basiques mais qui n’en sont pas moins importantes.

« Tu n’as jamais été avec un autre homme ? »
« Euh. Nope. »


C’est vrai qu’au départ, c’est surtout ça qui les faisait hésiter. Une hésitation qu’ils n’auraient pas eu à la perspective d’une relation hétéro, il fallait bien l’admettre. Ils avaient bien vu ce soir que ça ne changeait finalement pas grand-chose et qu’ils avaient été stupides et lents (maintenant, il fallait qu’ils assument leurs mauvais jugements d’hétéros chiants en pleine crise de milieu de vie).

« Ah ! Moi non plus. Mais ça ne nous avance pas plus… »


C’est peu de le dire. C’était rassurant de savoir ça à propos de l’autre mais ça leur faisait aussi une belle jambe.

« Sauf si… c’est le genre de chose qui te dérange… ? »


Ce serait un peu gonflé de dire maintenant, avec ce qui se passait entre eux, que la perspective d’une relation homosexuelle était un problème. Les deux se regardèrent après que Lionel ait posé sa question. C’était une question un peu bizarre. Comme s’il y avait quelque chose qui pouvait déranger dans le fait d’être un couple d’hommes. Les deux se rendirent compte de cette absurdité et un silence quelque peu embarrassant passa entre eux

« Weeell, no… c’est pas ça. I mean, je suis pas gay et avant ça je m’imaginais pas… avec un mec, enfin, tu vois. »

Ce fut le Eriksen qui tenta de se rattraper le premier, non sans galérer un peu en essayant de modérer ce que son refoulement pouvait lui faire nier de manière parfois pas très respectueuse. En imitant l’autre, Lionel ne fit pas vraiment mieux.

« Moui, je vois ce que tu veux dire… et je suis pas non plus… enfin, je suis pas gay et je pensais pas être homophobe mais… »

Plus les deux se justifiaient, pire c’était. Ils pincèrent les lèvres et se mirent à regarder ailleurs en même temps, un peu embarrassés par leur propre ignorance. Le Roque-Lartigue commença à emmêler ses doigts et à poker ses index entre eux tout en regardant le sol, comme pour s’excuser des bêtises qu’il disait ce soir, mais aussi de celles qu’il avait pu prononcer au cours de sa vie.

« Enfin je dis ça mais c’est un peu… »
« …Right… Quand on dit des trucs comme ça on est quand même un peu homophobic… I guess… ? »


Hm. Dire qu’on ne veut pas être avec un autre homme qui nous plait car on est pas gay, ce serait homophobe… ? J’imagine… que dire ça, c’est un peu condescendant pour les hommes qui sont attirés par les gens du même sexe, enfin, du même genre qu’eux. Ce n’est pas comme si c’était un choix délibéré après tout…

Lionel pouvait comprendre la logique du raisonnement. Ca se tenait et il comprenait en quoi il avait pu être irrespectueux avec des phrases en « non mais je suis pas gay c’est juste que… » ou « non t’inquiètes pas je suis pas gay ». Enfin, force est de constater qu’il n’était pas la bonne personne pour en juger.

« Hmm… je ne sais pas trop. »

Et les voila silencieux à nouveau. Même s’ils ne voulaient pas se prendre la tête, toute cette histoire allait tout de même leur donner beaucoup de chose à réfléchir à et murir. Ce n’était pas plus mal, en un sens.

Oui, je vais me renseigner pour essayer de ne plus dire d’autres bêtises ! Ceci étant… ce n’est pas parce qu’on doit réfléchir à tout ça qu’il faut qu’on s’empêche de se voir et de… bah, de faire des choses ensemble !

Reprenant contenance, Lionel se redressa pour re-capter le regard du plus grand.

« Mais je sais que je veux encore t’embrasser ! Et te revoir comme ça pour qu’on se rapproche et… qui sait ! »

Prit de court par la frontalité de son comparse, Zlatan écarquilla brièvement les yeux sous le coup de la surprise. Même s’il avait eu un mouvement de recul par pur réflexe, il était content que l’autre soit capable de formuler ça spontanément. Ça les aidait plutôt bien à ne pas rester des heures supplémentaires à se regarder dans le blanc des yeux (ce dont ils abusaient déjà suffisamment comme ça). L’essentiel étant, pour le moment, qu’ils étaient sur la même longueur d’onde.

« Bah… pareil, hein. »

En entendant la réponse sobre de son ami, le coordinateur fut un peu attendri de le voir s’empourprer à nouveau. Il ne dit rien pour se pas se moquer mais le Eriksen avait vraiment l’air au moins aussi niais que lui et Lionel ne pouvait que trouver ça un peu mignon. Pour le moment, il préférait laisser le grand châtain dans son délire de faux « tough guy » si ça le mettait plus à l’aise.

« Alors… on prend le temps de voir où ça nous mène ? Ça te va ? »

Prendre leur temps, c’est une idée qui lui plaisait bien. Zlatan approuva d’ailleurs par des « hmhm » affirmatifs et enjoués. Il ne leur en fallut pas plus pour qu’ils recommencent à se câliner pendant le temps qu’il leur restait. C’est à grands regrets que Lionel dû annoncer qu’il devait rentrer chez lui, non sans se plaindre qu’il n’avait pas envie de bouger. Son comparse unyssien ne fut d’aucune aide car il se mit à le coller en s’avachissant sur lui et en prenant un peu trop ses aises. Zlatan finit pas arrêter de réclamer son attention à coups de « gnnnnn » fort immatures. Enfin. D’une manière ou d’une autre ils parvinrent à regagner le centre-ville, qui s’était beaucoup déserté à mesure que les heures s’étaient écoulées. Lorsque Lionel arriva au centre pour prendre un téléport, les deux adultes s’enlacèrent brièvement et de manière plus sobre que tantôt avant de se dire au revoir et se dire qu’ils s’appelleraient ou s’enverraient des messages bientôt. En moment ou Lionel s’en allait, Zlatan le retint encore quelques instants.

« La prochaine fois, c’est moi qui viens te voir. »

Le visage de Lionel s’illumina d’un nouveau sourire.

« J’ai hâte, alors ! »

Et comme ça, le Eriksen le laissa repartir avant d’aller récupérer sa moto et rentrer chez son cousin. Tout le monde était déjà parti se coucher (enfin, il remarqua de la lumière sous les portes de Ludwig et Marilyn qui jouaient peut-être encore à la console en cachette) mais Soltan lui avait gardé sa part du dîner dans une boite (le fermier aime bien les boites) dans un coin de la cuisine comme d’habitude. Il ne s’éternisa pas avant de monter se coucher dans les combles de la maison dont l’aménagement était presque terminé, prenant juste le temps d’envoyer un message à Lionel juste avant de s’endormir après 1 minute 50 d’un épisode d’American Horror Story.

Goodnight Lio

Lionel ne vit le message qu’un peu plus tard. En revenant chez lui, il profita du temps qu’il avait avant d’aller dormir pour aller voir si tous ses alliés étaient bien rentrés. Comme souvent, Gandiva l’Haydaim veillait au grain et vint l’accueillir en trottinant. La quadrupède l’invita en attrapant sa manche entre ses dents à la suivre jusqu’à son coin du jardin, entouré de quelques buissons touffus, là où Rozen la Floravol dormait souvent avec son ainée. La Haydaim intima au coordinateur de ne pas faire de bruit lorsqu’il découvrit la Cotovol en train de dormir et s’attendrit en voyant Rozen qui avait évolué en son absence. Gandiva avait l’air extrêmement fière de son amie et Lionel ne manquerait pas de la féliciter le lendemain, mais, pour, le moment, il se tenta de lui donner une caresse et de lui adresser quelques mots avant de rentrer dans la maison puis monter dans sa chambre. S’il restait debout encore trop longtemps, il le regretterait dès son réveil le lendemain. En sortant de la salle de bain il vit finalement le message de son ami de Cayagane et s’empressa de répondre avant de s’endormir très vite à son tour.

Bonne nuit à toi aussi Zlatan (◡‿◡✿)
Juillet 2024 - A Cayagane
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
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Dim 24 Nov 2019 - 2:19
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