Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

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Wake Up, Get Up, Get Out There - Faust
Faust M. Donovan
FAUST DONOVAN
INFORMATION GÉNÉRALES

Nom : Donovan. Nom de son père germanique, pas spécial pour un sou.
Prénom : Faust, et un "Michael" en plus sur l'état civil. De temps à autre, il se demande tout de même à quoi pensaient ses parents pour lui donner un prénom pareil.
Surnom : Fausty, "l'autre con", hérisson, Clive 2.0, "le type qui fait exploser sa baraque tous les 15 jours", Faustine, porc-épic.
Âge : 32 ans (2022).
Date de naissance : 13 avril 1990, au petit matin.
Genre : Masculin.
Origine(s) : Père allemand, mère japonaise, né au Japon et vit sur Enola depuis qu'il a cinq ans. Il ne s'est jamais considéré japonais.
Date d'arrivée sur l'île d'Enola : 18 mai 1995.
Métier/Occupation/Études : Un Bac ES eu aux rattrapages, une première année de licence en psychologie avortée, et ce fut tout pour les études. Il a ensuite occupé plusieurs petits boulots au noir, en se faisant un peu d'argent par l'intermédiaire de l'écriture, puis est devenu Conseiller. Il n'a pas quitté son poste depuis 2012.
Lieu de résidence : Nuva Eja.
Groupe : Compétition.
Sous-Groupe : Élites.
Rôle : Conseiller du Sud.
Pseudonyme :
- Méphisto, nom de conseiller, depuis 2012.
- Peter Davidson, son nom d'écrivain, qui n'a pas publié grand chose depuis un moment au moins. Toutefois, ces temps-ci, il a récupéré un peu d'inspiration. La fin du Régime et le début de la Milice l'ont stressé et on fait naître ce besoin de se défouler.
- Noctis, ancien nom de résistant. Ce dernier s'est éteint dans une dernière nuit de combat, et n'est plus réapparu par la suite. Faust, au vu de ses actions en tant que résistant, a cru bon de faire profil bas : il n'avait pas vraiment envie de rejoindre son jumeau en prison.

FICHE DRESSEUR
Informations
Rôle : Conseiller Dresseur du Sud.
Lien vers le Sac de la version 1 : Coucou.
Voulez-vous utiliser le dé shiney? : //.

Modifications à votre équipe
=> - Cacnea ♂ - Pampa - Absorb Eau - Relax
DESCRIPTION DE LA MODIFICATION: Évolution en Cacturne.
PREUVE: Dernière partie de l'histoire.
- Carvanha ♀ - Dory - Turbo - Mauvaise
DESCRIPTION DE LA MODIFICATION: Don d'Alexander en tant qu’œuf, éclosion dans la chronologie.
PREUVE: Sac d'Alex + Histoire


PHYSIQUE
Couleur de peau : Plutôt claire à la base, mais a tendance à bronzer très facilement. Lorsque les températures grimpent, il prend des couleurs et sa peau devient hâlée.
Description des cheveux : Faust est né avec une touffe indomptable sur le crâne, cadeau de la génétique de sa mère. Une masse de cheveux châtains, aux teintes claires et fauves dès que le soleil les caresse. Plus jeune, il ne s'en occupait quasiment jamais, mais il y fait plus attention dorénavant : les pics à gauche et à droite de son crâne tendent à être plus droits et moins emmêlés. À son grand désarroi, toutefois, quelques cheveux blancs ont commencé à faire leur apparition, mais il les retire à chaque fois dès qu'il les voit à la pince à épiler. Et oui, ça fait assez mal.
Description des yeux : Les yeux ronds, légèrement étirés, presque en amande sur les côtés. Les iris bleus-rois, assez expressifs, ils ont tendance à afficher toujours le même regard calme et tranquille depuis quelques années. L'étincelle plus pétillante et joyeuse qui le caractérisait avant s'est comme endormie, ne se réveillant que plus rarement dorénavant.
Taille : Un mètre soixante-huit, assez court sur pattes.
Poids : Entre soixante-deux et soixante-sept kilos, en fonction des excès. Depuis la fin du Régime, il s'entraîne un peu moins et a donc pris un peu de graisse, ce qui l'indiffère pas mal. Néanmoins, il y a tout de même plus de muscle qu'autre chose.
Description de la silhouette : L'âge a raffermi ses traits, les rendant moins enfantins et un peu plus durs, mais malgré ça, Faust garde un éternel air jeune qui continue de désarçonner ceux qui le rencontrent. Les crèmes anti-rides doivent jouer, à vrai dire. Toujours assez fin de visage, avec un nez légèrement plat, concave sur les bords, ainsi qu'une bouche large et rieuse qui lui permet de réaliser des sourires aux dents droites bien blanches sponsorisés par Colgate. Il est assez quelconque de visage, en soit.
En outre, quant à sa corpulence, si quelques petits bourrelets sont apparus au niveau du ventre, surtout à cause de grignotages et d'un entraînement relâché par rapport à son alimentation chaotique, il est resté svelte et musclé, surtout au niveau de la partie supérieure du corps. Il n'a toutefois jamais cherché à parvenir à la "perfection athlétique" ; ne vous attendez donc pas à trouver des tablettes de chocolat derrière son nombril. Il est bordélique, mais tout de même, ce serait un endroit discutable pour cacher du Milka. La posture dégagée et droite, sauf en cas de lumbago, Faust peut presque se gausser d'avoir bonne allure... Quand il n'est pas avachi sur un canapé de manière grotesque. Car oui, il est assez souple malgré tout. Pour l'instant.
Enfin, si l'on voulait lui dégager un style vestimentaire précis, on pourrait d'abord s'intéresser au fait qu'il n'a pas particulièrement de couleur favorite, bien que le brun, le noir, le bleu et le rouge reviennent souvent dans sa garde-robe. Adepte du traditionnel jean-chemise-veste-baskets de temps à autre échangé pour un débardeur ou un maillot personnalisé très kitsch quand il le veut, il fait malgré tout attention à ce qu'il porte, plus soigné qu'il n'aimerait l'être. Il a abandonné les baggys depuis quelques temps, étant donné que ce n'est pas très pratique dans la Milice. En tant que Méphisto, il porte un masque de voleur noir au visage, ainsi que des gants, un pantalon large, une veste ouverte ainsi qu'une longue cape derrière lui, tous de couleur noire, ce qui rend certains matchs particulièrement pénibles à cause de la chaleur.

Problèmes de santé physique : Rien de bien dérangeant, hormis quelques séquelles de fractures, de balles et de cicatrices sur son corps. Lorsque vient la période des temps humides, disons qu'il passe parfois un sale quart d'heure. Parfois, des petits problème de dos se rappellent à lui, reste d'un blocage fait il y a récemment, et même si il se tord de douleur en se plaignant comme un bébé, il est au courant que ce n'est pas la fin du monde. Il sait qu'il est né chanceux, et il en profite tant que l'âge ne l'a pas encore rattrapé.
Particularités autres : Sur son épaule gauche, une couronne d'argent est tatouée depuis l'année de ses 18 ans, vieux souvenir, très semblable au collier de la même forme qui ne quitte jamais son cou. Il a gardé beaucoup de cicatrices sur son corps, pas toujours très jolies, mais il n'en a aucunement honte : pour ainsi dire, le seul moment où il s'en plaint est quand il a l'impression d'être un zèbre après avoir bronzé.

CARACTÈRE
Personnalité : Accueillant - Actif - Affectueux - Affirmatif - Comique - Passionné - Assertif - Aventureux - Brave - Câlin - Calme, plutôt tranquille, beaucoup moins excité - Distant, chaleureux mais plus réservé qu'auparavant - Charmeur, aime bien séduire - Chanceux (stupidement) - Combatif - Coopératif - Débonnaire - Dévoué - Décontracté - Assez éloquent quand il veut, doué avec les mots, mais grandiloquent et drama-queen à ses heures, en fait des caisses - Enthousiasme modéré - Intuitif - (très) Doux - Endurant, mais fatigué - Secret - Jovial - Observateur - Persuasif - Protecteur, de manière excessive et envahissante parfois - Pragmatique - Soigné - Souriant - Pugnace - Responsable - Vigilant - Méfiant.
Aigri, malgré des tentatives de le cacher - Anxieux - Arbitraire - Bagarreur - Borné - Cachottier - Calculateur - Cassant et sec à l'occasion, perd vite patience - Cynique - Dépensier, mais n'aime pas l'argent, le donne dès qu'il en a l'occasion - Désordonné - Distrait - Émotif - Envahissant, sauf sur les soucis des autres - Excentrique - Excessif - Familier - Fantasque - Grossier parfois - Peut être arrogant - Impulsif - Indécis - N'aime pas qu'on lui dise quoi faire, ce qui pose parfois problème dans la compétition - Intransigeant quand il a pris une décision - Insatisfait - Jaloux - Joueur - Laxiste - Hypocrite et langue de vipère quand il n'aime pas les gens - Taquin - Nonchalant - Désinvolte - Opiniâtre - Orgueilleux - Procrastinateur - Garde un côté puéril, qu'il affiche bien plus en privé maintenant - Rancunier, maladivement - Rebelle - Râleur - Revanchard - Révolté - Sans gêne avec ses amis - Ringard, même si il ne le sait pas encore - Sournois - Versatile - Audacieux - Curieux - Fier - Dépendant des autres, incapable de vivre pour lui - Retors - Utopiste.
Goûts/Dégoûts :
Le crétin aime... La junk-food - Les fictions - Les documentaires m'as-tu-vu avec des explosions toutes les 25 secondes - Ecouter du rock "rebelle" pour adolescents en crise émo - Les enfants (pas de vanne) - Les pokémon de type ténèbres - Les matchs - Faire du bateau, il a même passé son permis (après l'avoir raté trois fois) - Sa moto (c'est son bébé) - Les vieux films kitschs et les nanars - Faire des soirées pizza dessin animés des années 80 - Ses figurines Tortue Ninja Collector pour jouer dans son bain - Jouer avec Alice - Faire des concours de bouffe - Rendre service - Chanter, un peu plus depuis qu'il a repris contact avec sa mère (surtout dans la douche) - Jouer à des jeux vidéos et faire le nerd hautain devant ses high scores - Le café, il tourne à ça - Avoir une utilité - La tranquillité, il tend à la préférer dorénavant - Ta daronne - Faire des paris à la con et dangereux pour la dignité - Les blagues de merde - C'est qui Merde ? - Tester des trucs pas très safe - Passer des dimanches à glander comme une grosse loque avec sa famille - Les costumes criards et fab - Les gens - La Compétition - Les anciens résistants - Beaucoup de monde, on va pas faire de jaloux et en citer un(e) plus qu'un(e) autre - Tout ce qui est sucré - Le sport - Avoir ce qu'il veut - Les costumes criards et fab - Les comédies musicales.

Il aime moins... L’égoïsme et la cupidité - Aller chez le dentiste - Les Axoloto - Les vêtements trop serrés - Les œufs - Les réunions mondaines de la Compétition - L'arrogance - Les réunions parents-profs - Les films contemplatifs - La pluie - Tout ce qui touche à l'administratif lui donne des boutons - Les piqûres - L'autorité - La lenteur et la mollesse - Le conformisme (#edgy) - Faire des sudokus - Les politiciens, en règle générale - Les anciens régimeux - Qu'on le prenne pour un imbécile - L'égocentrisme - Le machisme en général - Devoir user de son autorité - Le jeu - Réparer des appareils électroniques (il tape ou il jette, voir les deux) - Les aubergines - Les mauvais perdants - Qu'on lui fasse remarquer qu'il est pas super grand - Vieillir.

Objectifs et aspirations : En soit, rien de bien exceptionnel. Élever correctement sa progéniture, parvenir à assurer le rôle qu'on lui a confié au sein de la Milice, recommencer à écrire et essayer de retrouver le goût pour ses hobbies délaissés au cours des années régimeuses, renouer contact avec sa famille proche et trouver un moyen de faire sortir son jumeau et des anciens camarades de prison. Faust est très tourné vers le fait de "réparer" les dommages causés par le passé, quitte à parfois oublier le futur, qu'il veut pourtant, sans que ce soit forcément contradictoire, le meilleur possible. Plus égoïstement, il aimerait bien avoir une vie paisible, sans avoir à s'inquiéter tout le temps. Et potentiellement recommencer des études, si ça se trouve...
Peur(s) : On vous épargnera le sempiternel classique de "perdre des gens", mais l'idée est là. Depuis la reconstruction de l'île, Faust est terrorisé par l'idée d'un retour de la guerre, bien qu'il rêve toujours d'un monde plus égalitaire et juste. Il craint énormément de ne pas être un père à la hauteur et d'être un mauvais tuteur, ou même de ne jamais voir sortir Clive de prison. Il espère sincèrement qu'aucun coup d'état n'éclatera par la suite, ou que l’égoïsme des uns ne primera pas sur le bonheur des autres. Plus secrètement, il n'est pas rassuré par l'idée que son passé de résistant soit révélé, étant donné qu'il veut être présent pour sa famille et refuse d'aller en prison, persuadé d'avoir bien agi. En outre, Faust est habité par une peur panique d'être inutile et impuissant, si bien qu'il a souvent la sale habitude de vouloir faire à peu près tout, ce qui l'épuise très vite.

ALIGNEMENT
Votre personnage a-t-il connu Enola entre 2008 et 2017, sous le joug du Régime, et que pense-t-il de cette époque ? : Faust était bien là, durant cette période, et il n'en a pas gardé de bons souvenirs. Son père a été l'une des premières victimes, son frère jumeau et sa mère en sont devenus les laquais, et le Régime lui a retiré énormément de personnes. Il a perdu beaucoup de camarades, et vu quelques uns de ses plus proches amis être torturés et gravement blessés. Il en garde un très âpre souvenir, et n'aime pas du tout en parler. Il tend même à éviter le sujet quand on l'aborde, quoique il garde une rancœur profonde et carrément injuste pour tous ceux qui ce sont alliés au Régime, même les plus petits travailleurs. Il ne regrette d'ailleurs absolument pas ses actions en tant que Résistant, les jugeant justifiées et inévitables, alors même qu'il a eu plus d'une fois du sang sur les mains.
Que pense-t-il de la manière dont les choses ont évolué, et du nouveau gouvernement ? : Il est assez heureux de la tournure des choses, quoique il garde quelques amertumes d'avoir vu beaucoup de ses compagnons résistants emprisonnés. Le gouvernement, en soit, il ne lui fait absolument pas confiance. Il a un dégoût naturel pour les politiciens, qu'il juge de manière arbitraire comme forcément corrompus, lâches, ou au mieux, impuissants et naïfs. Il préfère toutefois la démocratie à la dictature, comme à peu près tout le monde. Il se méfie malgré tout des tendances oligarchiques qui tendent à corrompre le vote par les urnes.
Que pense-t-il de la légende de Regigigas ? : Il trouve ça "mignon, mais un peu con". Quand il était enfant, il s'amusait à jouer à l'élu, mais ça lui est vite passé. Depuis, il trouve ça gentillet, mais l'idée que certains s'en réclament le met très mal à l'aise, détestant toute idée de pouvoir personnel. Il aurait bien aimé y croire, mais son côté plus pessimiste noie cette idée.

Qu'est-ce que votre personnage pense d'Elixir ? : Il apprécie leurs idéaux, et en vérité, n'est pas du tout contre eux. Il est très satisfait de voir que l'organisme investit et tente d'aider à rétablir Enola. Pour cette raison, il essaie souvent d'influencer les administrateurs pour organiser une coopération avec les Rangers afin d'accélérer la reconstruction de l'île, ne voyant pas l'intérêt de s'opposer à eux. Toutefois, la dernière déclaration de leur représentante l'a troublé, et il se méfie de plus en plus d'une guerre froide entre les deux organisations. Il espère sincèrement qu'ils ne tenteront pas, selon lui, de prendre le pouvoir, auquel cas il devrait les considérer plus négativement. Depuis peu, il se méfie légèrement de leurs expériences, celles-ci lui rappelant un peu trop les essais sur l'Emergya et leurs conséquences dramatiques.
Qu'est-ce que votre personnage pense de la Compétition ? : Il a toujours eu une admiration d'enfant pour eux, comme beaucoup de gamins, en somme. Pendant la tyrannie du Régime, son métier comme son expérience de compétiteur étaient les seules choses qui lui permettaient de garder la tête en dehors de l'eau quand la situation se détériorait. Il a donc développé une sorte de dépendance à leur "continuité", et une confiance un peu irrationnelle, si bien qu'il ne s'est posé aucune question lors de la fondation de la Milice. Pour lui, c'était la meilleure façon d'obtenir une sécurité "nécessaire", bien qu'il n'ait jamais été porté sur l'autorité, et de remettre la "justice" en place. Néanmoins, les dernières révélations l'ont mis profondément mal à l'aise, et il commence à fouiner, troublé par ce qui a fragilisé sa confiance en la Compétition.
Qu'est-ce que votre personnage pense des Anarchistes ? : Faust aime beaucoup leurs idées. Au fond, c'est peut-être même d'eux qu'il se rapproche le plus, et il lui arrive souvent de se demander rêveusement si il n'aurait pas dû les rejoindre. Il est d'ailleurs généralement assez laxiste envers eux dans son travail de milicien. Toutefois, il garde des précautions, se méfiant d'une tentative de coup d'état, traumatisé par celle du Régime il y a longtemps.

Alignement/Allégeance ? : Faust est à mi-chemin entre la Compétition et les Anarchistes, mais il n'est pas fondamentalement contre Elixir non plus. Il s'allie par pragmatisme à la Compétition, mais son avis pourrait bien varier en faveur des Anarchistes si il juge que celle-ci ne correspond plus à l'idée qu'il s'en ait fait.
ET VOUS?
PUF/Surnom : Segnif(er) ou Xerneas si vous avez la flemme, ça passe aussi.
Âge : 20 ans, plus vers la fin que le début.
Disponibilité : 7/7 sur la CB, quelques posts par semaine en RP.
Comment avez-vous connu le forum ? : J'voudrais pas vous spoiler, hein, donc je vous laisse deviner.
Suggestions ? : C'est long en fait une fiche tiens.
Personnage sur l'avatar : Sora [Kingdom Hearts]
Code : Blep.
Autre: Koukou.
Faust M. Donovan
Faust M. Donovan
Elite
Voir le profil
Lun 13 Nov 2017 - 13:50
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Faust M. Donovan
CHRONOLOGIE
I. 0 > 18 ans

TW mentions de violence/meurtre (ça compte pour les deux parties).

Maman a toujours eu la même écharpe bleue, d'aussi longtemps que je m'en souvienne. Mes souvenirs d'enfance remontent, maintenant que j'y pense. Faut dire, trente ans... Et ce n'est pas comme si j'avais passé bien longtemps au Japon, à vrai dire. Cinq ans, tout au plus. Tout ce dont je me rappelle de là-bas, enfin, de Kyôto, c'est peut-être du jardin de mes grands-parents. Maman la portait aussi, son écharpe, car il avait tendance à faire frais, dans la maison familiale. Enfin, je crois. C'est flou, on y allait pas souvent, en fait. C'était des bons souvenirs, malgré tout ; pépé passait son temps à s'occuper de Clive et moi. Enfin, Clive préférait rester avec mémé, il me semble. Elle lui a appris à coudre, d'ailleurs, enfin, à faire deux points de croix, mais c'était l'intention qui comptait : mon jumeau a toujours été assez doué avec ses mains, contrairement à moi. C'est lui qui a attaché des fleurs synthétiques sur l'écharpe de maman : il en était tellement fier, alors même que ça pendouillait et était assez laid, en somme. Mais je me souviens bien qu'elle était ravie. Papa riait, lui. Je crois qu'il trouvait notre maladresse drôle : on devait avoir l'air sacrément cons, en vrai, parce quand pépé m'a demandé si c'était moi qui avait arraché les décorations de l'entrée, je me suis fait tout petit. Mais ils n'ont rien retiré de ce morceau tissu, même si papy avait l'air blanc. Bon, par contre, j'ai pas eu de dorayaki au dîner, mais ça c'était quand même un peu abusé.

Elle la portait même le jour où Felix est né. Enfin, d'après les photos, parce que j'avais tout juste trois ans, et que hormis le fait que je me rappelle vaguement avoir eu des fraises pour mon gâteau d'anniversaire, je serais infoutu de vous dire à quoi il ressemblait en étant petit. Sûrement un petit raisin tout frippé, en fait, comme tout le monde. Un gros raisin tout frippé, apparemment, parce que papa disait qu'il pesait tellement son poids qu'il avait manqué de le faire tomber. Ouais, fin, je crois surtout qu'il avait deux mains gauches. C'est pas comme si il s'était pas déjà pété le nez en montant les escaliers de la maternité non plus. Parce que du coup, sur la photo, il du sang qui coule encore sur la tronche et sur la bouche, donc j'vous avoue que question souvenir familial chaleureux... Barf. Maman rigole, dessus. Elle souriait encore beaucoup, à cette période, alors au fond... On s'en fout, hein. Les still shots dignes de Sept à la maison, ça existe pas. Mais j'crois que Papa avait joué, ce jour-là. Enfin, il avait carrément ramener son violon, j'sais pas trop pourquoi ils ont accepté ça à la clinique, mais c'est sans doute parce que c'était un ami de la famille. Papa jouait vraiment bien, à vrai dire, mais je n'irai pas dire qu'il était talentueux : il n'aimait pas vraiment qu'on parle de talent. Pour lui, toute amélioration était due à des efforts. C'est comme ça qu'il est devenu chef d'orchestre, faut dire.

Elle la portait aussi lors du déménagement aussi, mais ça, je m'en rappelle bien. Elle l'avait fermement attachée au cou alors qu'elle m'installait dans la voiture en chemin vers l'aéroport. J'ai beaucoup pleuré, il faut dire. Comme un... Bah comme un môme de cinq ans, hein. J'crois que j'avais carrément hurlé, et pour une fois, même Clive n'arrivait pas à me calmer par le marchandage. Y'a fallu que pépé m'emmène faire un tour pour que j'arrête de croire que je ne le reverrai plus jamais. Maman a toujours refusé de me donner les raisons, à vrai dire, et papa était tellement muet que ça m'inquiétait de manière excessive. Mamie pleurait un peu, je crois. Mais c'était nécessaire. Enfin, ça, c'est que répétait Maman. Plus tard, j'ai compris, quand Papa m'a dit que ses parents, restés en Allemagne, étaient morts peu de temps avant : un accident de voiture, apparemment. Trop compliqué à expliquer, voir presque impossible, à des enfants de notre âge. Et puis, je crois qu'ils étaient tous les deus fatigués. J'étais trop petit, mais je n'étais pas complètement inconscient non plus ; j'entendais parfois des choses, ou remarquait des regards qui n'avaient rien d'amicaux portés vers mes parents. La famille de maman, en dehors de pépé et mémé, je sais qu'elle n'était pas particulièrement chaleureuse. Les Shimomuras étaient infects entre eux, d'ailleurs, mais ça, je l'ai appris plus tard, et pas par ma mère.

Quand on a emménagé, c'est moi qui ait posé l'étoffe dans sa nouvelle chambre. La maison était assez grande, mais vieille. Souvent, je m'amusais à explorer la cave et à embarquer Clive pour l'explorer. Bah quoi, faut bien s'amuser un peu, non ? Et avec toutes ces énormes araignées, ces toiles et même ces rongeurs (très moches d'ailleurs), j'avais l'impression d'être un aventurier. Bon, je me suis cassé deux ou trois os, par contre, mais ça, c'est superficiel. Enfin,en même temps... Je parlais à peine trois mots de français, à cette période. Même si Clive progressait plus vite que moi et m'aidait à corriger mes erreurs, cela nous valait toujours des moqueries à l'école. Pour le coup, pas tellement étonnant qu'on ait continué à se rapprocher, et que j'ai autant porté mon attention sur le bien-être de Felix. J'étais pas très doué en cours, aussi. A la maison, par contre, j'étais plus doué que Clive. Enfin, j'étais davantage dans son élément, alors que lui était si timoré et réservé... Je m'affirmais sur ses faiblesses, ce qui en soit, est - Merde, c'était pas sain. Ouais.

Enfin, ça, c'était jusqu'à ce que je rencontre Isaac. Enfin... C'est lui qui nous a trouvé, en fait. Ce con s'était perdu dans les rues de Vanawi, et, n'arrivant pas à trouver ses parents, maman lui a dit de rentrer. Elle lui a même donné une part de gâteau. J'mentionne ça parce que c'était censée être la mienne, à la base, m'enfin... Il a arrêté de chialer, après ça. On comprenait pas trop ce qu'il disait, parce qu'il parlait avec un accent suédois à couper au couteau, mais papa avait l'air de saisir. Après, on s'est démerdé. J'veux dire, c'est pas spécialement compliqué de jouer, quand on est môme. Ça ne nous dérangeait pas tellement, au final, et Clive était plutôt content de ne pas avoir à se perdre en parlotte. Quelques jours plus tard, quand on s'est croisé à l'école, il est venu me rendre l'écharpe que maman lui avait prêté, puis il est revenu à la maison, et on a jamais vraiment perdu contact. J'vais pas mentir, sans lui, je serai sans doute mort deux ou trois fois, parce que même si il était loin d'être un génie mature et responsable du haut de ses sept ans, je l'écoutais déjà un peu plus que Clive, que avec qui j'avais de plus en plus tendance à avoir des différends. Intérêts différents, cercles d'amis différents... Et aussi, peut-être, une volonté commune de notre part de nous démarquer.
C'est pas aisé, vous savez, de se construire quand on vous compare tout le temps à quelqu'un qui vous ressemble à l'identique, et que vous vivez en permanence ensemble, dans la même chambre. On s'aimait, hein, mais juste... Des fois, il m'énervait, et inversement. Je le jalousais d'être aussi brillant et sage, et je crois que lui aussi arborait des sentiments semblables, bien que je ne saurais pas vraiment dire pourquoi.

En vrai, cette foutue écharpe, je l'avais aussi vu au cou de Papa quand Elliott était encore à l'hôpital. Il n'était pas vraiment prévu à la base, le petit dernier de notre fratrie, mais je crois qu'on était tous contents. Bon, Clive râlait qu'on allait avoir moins de jouets, et en soit il avait raison, mais... Moi, j'étais content. J'aimais Felix, alors je ne me posais pas de questions. Même quand il me volait mes bonbons, alors... Vous savez que vous aimez vraiment quelqu'un quand vous les lui donner vous-même, de toute façon. En râlant ou non, d'ailleurs. Lui, toutefois, il est tombé malade. J'ai rarement vu Papa aussi stressé, à vrai dire. On s'est un peu occupé de Felix, Clive et moi, ne serait-ce qu'en réchauffant ses petits pots ou en apprenant à changer des couches. C'est pas aussi compliqué qu'on le croit, vraiment. Si des enfants de huit ans peuvent le faire, hein... Oui, je vous parle, Natsu et Sam, le scotch c'est pas une vraie méthode, ni la glue. Après, Maman est retournée se reposer à la maison avec le petit. Sauf que l'argent commençait à manquer depuis peu.

Lorsque l'on a terminé les travaux de la maison pour en faire une auberge, après une longue période de disette financière suite au chômage persistant de Papa, je me souviens qu'elle avait posé son écharpe sur une chaise avant de s'approcher de la petite scène du restaurant. C'était la première fois que Clive participait, d'ailleurs, et je le sentais sa nervosité à chaque fois que ses doigts bafouillaient   sur les touches, écorchant des notes, même si le clair-obscur de la pièce dissimulait partiellement ses joues écarlates. C'est un de mes souvenirs les plus vivaces, je crois. Je n'ai jamais entendu Maman chanter aussi purement depuis, en réalité. Elle avait toujours eu une belle voix, et même si je me débrouillais, je n'avais ni sa technique, ni sa prestance.

Le bleu, c'est aussi la couleur de la stupide veste en jean que je portais en rentrant au collège. Et oui,  à une période, on portait encore ça, et je vous emmerde, j'avais l'air splendide, avec mes boutons d'acné et mon appareil dentaire qui me provoquait un zozotement bien prononcé. Entre ça et la mue une fois arrivé au lycée, j'peux vous assurer que les gens de ma classe se tapaient une barre dès que j'ouvrais la bouche. Du coup, même si je faisais le kéké et le mariole pour qu'on continue de m'aimer, j'étais, bah... Pas tellement heureux, je crois. Même au niveau amoureux, c'était ridicule : j'avais tellement envie d'être apprécié que je me laissais berner par n'importe quel gentil regard, aux dépends parfois de mes propres intérêts.  Enfin, quand ma dernière copine du moment m'a largué pathétiquement, Papa en a eu marre de me voir me lamenter et m'enterrer dans mon coin. Clive, franchement... Il aurait déjà fallu qu'il comprenne qu'il y avait un souci, hein, et les émotions n'avaient jamais été son truc. Clive et moi, ça a toujours été... Difficile. Encore plus à cette période, je crois, où ne nous supportions même plus. Il n'y a que Papa qui a pu me tenir tête, bien que je crois que j'ai échappé de peu à un sévère rappel à l'ordre de la part de Maman. Sur le coup, j'étais frustré et franchement désagréable, mais il a eu raison de me forcer à bosser dans l'auberge. Pendant tout un été, je n'avais que moi pour me, bah... Sortir les doigts du cul, ouais. Et ça m'a fait du bien. Après ça, petit à petit, j'ai reconstruit ma confiance en moi et appris à m'affirmer. J'ai même carrément développé un petit talent pour la négocation, que je ne m'étais jamais soupçonné auparavant.

Puis il y a eu le Régime. Maman l'a rangé, son écharpe. Il fallait être discret. Faire profile basse, baisser la tête quand on voyait tous ces chiens en blancs, gaussés d’orgueil et de bonheur devant leur domination, se pavaner dans la rue. Écouter leurs sornettes, leur propagande. Courber l'échine alors qu'ils nous écrasaient la tête dans la boue en riant de nos geignements. Les laisser diffuser leurs foutaises, ignorer les malheureux, se pignoler allègrement alors qu'on crevait dehors. Moi, je voyais les listes de classe s'amenuiser. Des potes, des amis, des professeurs, mêmes, qui ne revenaient plus. Des voisins qui vendaient leur maison et disparaissaient à l'autre bout du globe. Il y a eu Adélia et Lucas, mais ils n'étaient pas les seuls, loin de là. La torture, aussi. On parlait de prisons spéciales à voix basse, mais personne n'osait encore trop y croire.
C'était évident aux yeux de Papa. Il ne comprenait pas comment on pouvait penser qu'un mouvement bombardant des villes et massacrant des civils pour asseoir son pouvoir ne le ferait pas. Quand il le disait au repas, énervé par le silence gêné de Maman, nous regardions tous ensemble notre assiette, plutôt menue depuis la crise, en silence, mais il s'excusait immédiatement après. C'était compliqué pour tout le monde. Même Maman perdait patience, se montrant plus sèche que d'ordinaire. Moi, je... Je jouais à la console. Parlez d'une putain de réaction, hein. Quand Elliott venait me voir par crainte de ce qui pourrait arriver, quand il me demandait si notre maison allait être bombardée elle aussi, je ne trouvais rien de plus intelligent que de le foutre devant Smash Bros pour qu'il arrête de poser des questions. Tu parles d'un grand frère.

L'écharpe bleue de Maman, je l'ai aussi vu à son cou ce jour-là. Quand Papa est mort. Elle était venue avec moi faire des courses pour qu'on fasse une tarte tous ensemble, comme on le faisait chaque dimanche. Quand on est revenu, toutefois, ce n'est pas la senteur agréable du café chaud qui nous a accueilli mais celle nauséabonde et repoussante du sang. Les meubles étaient cassés, renversés. Les tables encore poisseuses, et une foule se tenait près de la terrasse, épouvantée, partagée entre voyeurisme nauséabond et choc. Papa était un peu connu dans la quartier, il faut dire. C'était à lui qu'on pouvait négocier un café laissé sur l'ardoise au petit-matin, ou un plat personnalisé. Mais ça n'a pas empêché les soldats du Régime de le descendre sur place dès qu'ils ont découvert qu'il avait caché un Résistant. Les deux ont été criblés de balles. Je ne l'ai pas vu, mais le sang que j'ai dû essuyer du bar pendant des jours, et l'odeur qui s'en était imprégnée, je m'en rappelle. Il y avait encore son cadavre qui gisait au sol quand nous sommes arrivées. Paniquée, maman a essayé d'éponger ses plaies, bien trop sonnée pour comprendre totalement la situation.
Moi, je crois que j'ai... Je ne sais plus. Tout est flou, après. On m'a dit que ça s'appelle une amnésie post-traumatique, et que c'est normal. On a retrouvé Clive et Elliott enfermé dans un placard dans le cellier. Papa les y avait enfermé, sûrement pour les protéger. Je ne sais toujours pas à quoi il pensait, à ce moment-là. Il savait peut-être. J'en sais rien. Même si il était incroyablement expressif, je serais infoutu de dire comment fonctionnait ses pensées.

Ensuite, il y a eu les interrogatoires. Elle était tellement serrée autour du cou de Maman ces jours-là, que j'étais persuadé qu'elle allait finir par s'étouffer d'un instant à l'autre. Sûrement l'a-t-elle désiré en secret, fut un temps, sans oser l'avouer. C'était permanent. Des questions, encore, tout le temps. On a obéi. Insulté la mémoire de mon père, l'avons présenté comme un traître, un être dégoûtant que nous méprisions maintenant qu'il avait porté atteinte à la grandeur d'Enola. J'avais l'impression d'étouffer en permanence, même à la maison. Je l'évitais. Je sortais un peu partout, sans trop me poser de questions, me fichant bien de ce que je faisais tant que je n'avais pas à affronter les larmes des autres. Tant que je n'avais pas à voir Maman faire semblant d'être heureuse, tant que je n'entendais pas Elliott renifler dans un coin, tant que je n'entendais Felix s'énerver. Et tant, surtout que je ne sentais pas le regard inquiet de Clive sur moi à chaque fois que je rentrais tard d'on ne savait où.

Et je me suis barré. J'ai raté ma licence de psycho, infoutu de réviser après ça, et je... Je savais pas quoi faire. Alors du haut de mes dix-huit ans et d'un sursaut d'intelligence (ahaha), je me suis dis qu'arpenter les rues sans domicile ou sans argent était une bonne idée. Et puis, ça ferait moins à dépenser pour Maman, non ? Enfin, ça, c'était l'excuse. Elle a bien tenté de me retenir, de me dire que je pouvais toujours faire la Compétition sans ça, mais je ne l'écoutais déjà plus. J'avais pris ma décision. Même en descendant les escaliers, sous les regards lourds de Felix et de Clive, je gardais le regard sur la porte. Même une fois posé dans un camping un peu crade payé par ce qu'il me restait d'économies, en ouvrant ma valise, j'ai été encore persuadé d'avoir fait le bon choix.
En retrouvant cette foutue écharpe pliée soigneusement dedans, en sachant très bien que ce n'était pas moi qui l'avait mis là, j'ai commencé à avoir des doutes.

II. 18 > 26 ans

En premier, il y a eut Matthias. Honnêtement, je ne peux pas dire que je sois très fier de l'avoir rencontré. Une fois à la rue, je me suis vite rendu compte que me loger dehors allait devenir dangereux et mauvais pour ma santé très vite, alors j'ai fait de mon mieux. En dehors de la faim et de soucis évidents d'insécurité, il fallait que je trouve un endroit où dormir, et c'est là que je l'ai rencontré. C'était un camé comme un autre, avec plus de seringues que de bon sens ou même d'empathie, mais il ne posait pas de questions quand je rentrais tard. L'appart qu'on squattait, dans un vieux bâtiment délabré n'a jamais vraiment été une maison, mais c'était mieux que rien. Tant que j'avais l'esprit occupé, j'étais satisfait. Dalhia, ma Démolosse, avec moi, je me croyais assez débrouillard pour faire mon chemin. Très vite, toutefois, j'ai compris que ce ne serait pas aussi simple. Qu'un peu de talent au combat dans des matchs amicaux ne suffirait pas à arriver jusqu'à la ligue, et je l'ai compris encore plus amèrement quand j'ai vu le sourire moqueur de Matthias en me voyant revenir dépité de ma deuxième défaite en arène en quelques jours. Le jour là, je lui ai claqué la porte au nez ; on s'est encore disputé, et je me suis de nouveau barré. Je n'attendais que ça, je crois. Sa tronche m'énervait à chaque fois que je la voyais, de toute façon. Et franchement, j'vous avoue que l'odeur sur les vêtements, c'était pas extrêmement classe. Pourtant, c'est dans cet appart miteux que j'ai commencé à écrire pour me faire un peu d'argent, et croyez-moi, c'était pas toujours fameux. Mais mine de rien, ça remplissait mon estomac de temps à autre, et c'était tout ce que je demandais.

Et ensuite, ça a été Winter. C'était... C'était un peu , n'importe quoi, en fait, maintenant que j'y pense. Pour l'histoire, on était dans le même lycée à une période, et j'avais eu le béguin pour elle d'une manière tout à fait pathétique. Du genre, je regardais d'un seul coup ailleurs quand on se croisait et du coup je me pétais les dents contre les murs. Enfin, elle m'avait mis un tel râteau que ça avait provoqué les rires de tout le bahut pendant une bonne semaine, à l'époque (ce qui, en temps de lycéen, équivaut à l'éternité). En soit, ça aurait pu s'arrêter là, et c'était bien parti pour. Je veux dire, pour quelle raison se serait-elle rappelée de ma tronche ?
J'ai même bien cru qu'elle l'avait oublié, au début, quand nous nous sommes retrouvé. Je vous épargne les détails, mais après quelques boissons, deux ou trois heures passées à discuter d'un peu tout et de rien avec des échanges de regard complices, et je me retrouvais en train de faire exploser son micro-ondes le lendemain, cul nu, le sac à dos encore plein de twixs. Ça n'a l'air de rien comme ça, mais c'était assez sympa, en soit, bien que je ne me sois jamais fait aussi vite virer d'un appart au petit matin. Et pourtant, j'aurais des histoires à raconter... Si j'avais envie. Et j'ai pas envie. C'est bête, hein ?

Je ne m'attendais pas à grand chose, à vrai dire. Bien que j'avais toujours été attiré par elle, pour des raisons qui seraient bien trop vulgarisées si je les écrivais, je savais, que, bah... J'étais Faust, quoi. 20 ans à peine, pas franchement splendide, je n'avais pas sauté cinq classes en primaire, et je n'étais certainement pas quoi que ce soit de bien original. J'ai été un peu surpris quand elle m'a laissé son numéro de téléphone, mais je n'allais pas me plaindre.
On s'est revu deux trois, après, dans des cercles d'amis communs. On a dit qu'il n'y aurait pas d'autre fois, puis on a eu tort. Une fois, puis deux, puis trop. Et au final, c'était chaque semaine, parfois tous les jours. Ça devenait habituel, régulier. Des fois, on se mettait juste devant des vieux films, et on regardait ça en silence, sans s'inquiéter de grand chose. On parlait, aussi, petit à petit. On se découvrait, quelque part, comme on n'avait jamais pu le faire avant, entre deux blagues, l'air de rien sur un sujet quelconque et assez peu important, finalement. J'étais juste content d'en apprendre plus sur cette jeune femme que, quelque part, j'avais idéalisé. Alors oui, peut-être que j'avais tendance à ne plus rêvasser devant sa chevelure, ou à idéaliser chaque mot qu'elle me donnait, mais je découvrais tout un tas de détails qui valaient bien tout cela. Des choses anecdotiques, des riens qui étaient devenus quelque chose. Des batailles d'insultes qui, sous couvert de défis provocateurs, n'étaient rien d'autre que des formes d'affection comme une autre. L'étrangère était devenue une amie, puis une complice. Ca aurait pu être simple et rester aussi naturel que cela pouvait l'être, sauf que non.

Les choses se sont compliquées. Il y a eu des morts. Il y a eut moi, aussi, qui disparaissait parfois une semaine, sans donner de nouvelles, et qui revenait comme une fleur en prétendant ne pas remarquer ses troubles, trop craintif des reproches qu'elle était en droit de me faire, mais que je rejetais en prétendant qu'elle n'avait pas de raison de le faire. Comme si je ne savais pas.  
Et elle, je... J'en sais rien, c'est sûrement de ma faute. Je n'ai jamais vraiment réussi à lui donner raison de me faire totalement confiance. Je crois, je ne suis pas sûr, mais j'ai l'impression qu'elle m'aimait. Dans ses gestes, parfois, entre deux grognements d'exaspération exagérés ou de fatigue, je retrouvais une certaine douceur dans ses doigts lorsqu'elle pansait mes blessures, même si c'était vite couvert par la piqûre du désinfectant. Je ne l'ai jamais su. Je ne suis pas sûr, toutefois, que cela aurait changé quoi que ce soit. Mais en parler, ça... Bah. C'est trop tard, de toute façon, maintenant.

Je crois que ce jour-là, en revanche, quelque chose a craqué. Ce n'est pas vraiment le froid, la faim, ou la frustration de mes échecs répétés qui m'a fatigué. Non, ça... J'vais pas vous dire que c'était fun, mais je tenais plutôt bien. De temps à autre, en plus, je passais voir ma mère pour me remplir l'estomac et donner des nouvelles, en prétendant que mes vêtements trop larges étaient juste le résultat de mauvais choix en matière d'achats. Et puis il y a eu cette fois-là : j'étais arrivée un peu trop tôt. Juste assez, en tous cas, pour voir des hommes, tout de blanc habillés, sortir de l'arrière de la maison. Leurs masques ne me laissaient pas vraiment de doutes sur leur identité, et j'ai vite compris d'où venaient les rentrées d'argent qui avaient permis à Maman de remplir les assiettes de mes trois frères.
J'ai... J'ai été lamentable.  J'ai crié. Pestiféré, vociféré. Me suis indigné et suis devenu furieux face à ce que je voyais comme une trahison, une insulte. L'idée que ces rats aient fait de notre maison un lieu d'écoute me dégoûtait, et que Maman leur permettre de faire tant de nouveaux morts, même indirectement, me donnait envie de vomir. Je me suis montré tellement indigne, ce jour-là, que Clive est intervenu, me jetant dehors. Trop perdu dans mon propre égoïsme et ma propre stupidité, je n'ai pas réalisé que son visage avait l'air fermé. Ses yeux étaient lourds, cernés, et il y avait dans sa voix un mécanisme froid qui, si il avait toujours été un peu partie de lui, ne s'était jamais montré aussi présent. J'aurais dû comprendre. J'aurais peut-être compris, si j'avais essayé de le faire. Mais ce n'était pas le cas.

Je suis partie en furie, encore sonné par la colère. J'ai continué à arpenter les squats, retenant ma frustration. Puis il y a eu une occasion. Un type, un peu bourré, lors d'une soirée, qui avait trop parlé. Je n'avais pas eu à chercher très longtemps : l'accès à la résistance m'est tombé presque dans la bouche. Alors oui, ce n'est pas comme chercher des œufs de pâque dans le jardin géant de mamie (qu'est ce que je raconte j'ai jamais fait ça), et ça demande un peu plus de précautions. Mais au bout d'un mois, j'avais ce que je voulais. Un contact chez les Résistants, quelqu'un à qui je pouvais demander de m'introduire. Pour moi, c'était un échange. Ma mère travaillait pour ces montres, alors soit, je les combattrai. Quelque part, je me vengeais peut-être un peu d'elle, aussi. Quand j'vous dis que c'est pas glorieux...
C'était compliqué. Erwan, qu'il s'appelait. Pas encore une gueule cassée à l'époque où je l'ai rencontré, mais déjà bien revêche et pas franchement chaud à l'idée de ramener un gamin aussi impulsif, explosif et franchement bête que moi dans le mouvement. Faut dire... Ça se voyait, que j'allais pas bien. Personne ne case une blague toutes les quinze secondes hormis un clown triste. Et bordel, c'est pathos. Désolé pour la séquence violons-mouchoirs, hein. Au moins, lui s'en foutait. Il m'a laissé ma chance, mais il m'a forcé à suivre ses règles, et il m'a aidé. D'un gringalet qui tremblait des genoux en mettant une droite, je suis passé à quelqu'un capable de se défendre. J'ai appris des choses, pas très légales parfois. Et je suis devenu Noctis. Je crois que c'est ça, qui m'a empêché de comprendre Winnie. Ce mur que j'ai mis entre nous à cette période, et tous les non-dits qui se sont accumulés, les uns après les autres. Parce que je m'éloignais toujours plus, et j'attendais toujours plus, et elle aussi.

Ma rencontre avec Margaret a accéléré les choses. Femme de vingt ans mon aîné, conseillère depuis presque dix ans, elle avait derrière elle une expérience et une ruse que je ne pouvais que lui envier. Lors de notre première rencontre, je ne l'ai pas reconnu. Je participais à l'un de ces tournois clandestins, un peu louches certes, mais particulièrement pratiques pour se faire à la fois de l'argent et une réputation. J'étais un peu vantard, à cette période, compensant mes échecs dans la Compétition par ma réussite ici. Et, sans surprise, elle m'a laminé. Elle a essuyé le sol avec mes dents, quoi. C'était pathétique et sur le coup, franchement humiliant, puis elle est partie en me laissant son numéro, l'air de rien. Je n'ai pas compris, sur le coup.

Je l'ai rappelé plus tard. Sans trop que je comprenne pourquoi, elle s'est mise à m'entraîner, gardant toujours pour elle les raisons de son intérêt soudain pour un quelconque pélo de 21 ans dont le plus grand accomplissement de vie était jusque là d'avoir réussi à avaler un chewing-gum sans s'étouffer. Petit à petit, elle m'a appris à me maîtriser. Canaliser cette colère qui persistait en moi, et me concentrer sur ce qui me manquait. C'était intensif. Arceus seul sait pourquoi elle prenait le temps, à vrai dire, mais j'étais bien heureux de ne pas avoir à penser au reste.
Puis je l'ai battu, au bout de cinq mois. Deux fois de suite ; je n'ai pas réussi à y croire, hallucinant un peu plus chaque jour, m'attendant à ce qu'elle me dise que tout cela était une farce comme elle avait l'habitude d'en faire, mais non. Elle a juste souri, et elle m'a dit qu'elle avait du travail pour moi.

J'étais conseiller. Du haut de mes vingt-deux piges, de mes choix de vie pas très reluisants, et de, bah... Moi. J'avais du mal à réaliser, même en signant le contrat. La somme d'argent dont on me parlait, d'ailleurs, je n'arrivais même pas à y réfléchir, trop habitué à trouver qu'un café avait déjà le goût du luxe. Les projecteurs, tout ça, c'était nouveau. Margaret, en plus de ça, avait disparu dès lors le contrat signé. Je me retrouvais avec un toit, du chauffage, un matelas confortable. L’appartement étant trop vide, d'ailleurs, je demandais à Isaac de venir me rejoindre : depuis la mort de Lucy, sa fiancée, amie commune, il n'arrivait de toute façon plus à vivre dans leur ancien chez-soi.
C'était étrange. Dérangeant. Pendant longtemps, j'ai eu du mal à me réhabituer à vivre normalement. Me remettre à ne plus fausser mes sourires, refaire des blagues qui ne servaient pas juste à divertir l'attention ailleurs, à me persuader que j'étais aimé et que je ne serais pas rejeté à la première confession. Je revivais, petit à petit. Moins inquiet quant à mes finances, je me mettais à récupérer d'autres pokémon de type ténèbres, curieux de redécouvrir le monde maintenant que j'en avais enfin les moyens. Je n'avais plus à l'observer d'un air envieux au travers des vitrines.

Ça, je voulais le partager avec Winnie. Je n'avais pas réfléchi à l'idée de lui demander de, bah... De m'épouser. C'est venu comme ça, dans la conversation, quand elle m'a demandé ce que c'était ce que j'entendais par ma demande de vouloir partager ma vie avec elle. Ce n'était pas ça. Mais je voulais bien que ce le soit. Je m'en fichais : si elle pouvait me dire oui, même pour ça, alors cela m'allait. C'était... Malsain, oui, c'est ça. Le mot, c'est malsain. On se raccrochait à l'autre, se vidant mutuellement de nos forces en nous posant en fardeaux mutuels. Ce jour-là, et ce n'est que maintenant que j'arrive à le réaliser, elle a bien fait de me dire non. C'est moi, qui ne l'avait pas saisi. Et peut-être que si j'étais resté, au lieu de partir, blessé et honteux... Bah. À force de me demander ce qui se serait passé si je n'avais pas fait telle bourde, je finirais presque par croire à mes suppositions. Je sais que c'est le but de ce truc, de réfléchir à mes actions, mais quand même.

Katya, la cousine d'Isaac, est arrivé chez nous à un moment où, franchement, j'avais besoin de voir de nouvelles têtes. Cette colocation me remettait du baume au cœur, et me faisait presque oublier la famille que je n'avais pas vu depuis bientôt deux ans. Le rôle de Méphisto, lui, m'allait comme un gant, maintenant que je m'y étais fait. Je m'amusais à jouer les bouffons, enjoué par cette insouciance, cette envie de provocation et de malice continuelle que je pouvais me permettre sans grande crainte. Oh, les rumeurs allaient et venaient, mais ça... L'habitude faisait qu'on s'était mis à faire des bingos, Isaac et moi, sur les suppositions qui couraient. Et on n'en devinait jamais la moitié. J'arrivais presque à oublier la Résistance, le Régime. Voguant sur les routes de temps à autre, ne restant jamais un instant au même endroit, j'avais trouvé une place, au prix de beaucoup de bévues, mais toute de même.

Puis il y a eut le bloc R1. Cette attaque programmée, elle avait été le fruit des travaux acharnés de la Résistance : j'en faisais partie, bien que mon travail était avant tout de déverrouiller les cellules, puisque c'était l'une de mes spécialités en tant que voleur. J'avais encore les mains tremblantes, quand je le faisais, mais j'y arrivais. Des noms, il y en a eu plein. Des morts, aussi. Nous n'avions que trente minutes, après tout. Je ne sais pas pourquoi, mais il y en a un parmi les autres qui a davantage retenu mon attention. Sûrement parce que j'ai été incapable de le récupérer, lui qui avait déjà sauvé la mise à quelqu'un d'autre. J'ai vaguement entendu son nom, à ce moment-là. Malgré ma jambe brisée, pourtant, et le temps que j'ai dû passer en fauteuil roulant par la suite (apprenant d'ailleurs à réaliser des figures franchement pas mal), j'ai réussi à trouver quelque chose. Il avait un fils, apparemment, et une femme.
Des deux, j'ai choisi de contacter le fils en premier, conscient qu'un adolescent me ferait plus confiance qu'une adulte (et oui, je vous vois venir, non, putain, ew). Le gamin, enfin, Samaël... Je voulais lui dire que son père était en vie, au moins. Ce n'était pas la première fois que je faisais ça, c'était même carrément un principe. Si j'avais été dans son cas, j'aurais aimé savoir. Et je sympathisais peut-être aussi, quelque part, car nos situations étaient similaires. Alors je l'ai rencontré, et je lui ai confié la vérité. Ce jour-là, je m'attendais à ce que ce soit tout. Mais la situation a dégénéré ; nous nous sommes fait attaquer par un pokémon enragé, et puisque j'ai un semblant d'âme, je me suis dépêché de le ramener chez moi pour le soigner.
Et oui, franchement, j'aurais dû mieux réfléchir. Mais excusez-moi de ne pas penser uniquement à mon identité et ma tronche quand quelqu'un est en danger de mort, hein. Je sais, après, que... Y'avait pas que ça, aussi. Il me faisait penser à Elliott, je crois, dans le genre gamin téméraire et courageux qui est infoutu de comprendre qu'il a mordu dans quelque chose de trop gros pour lui. Ou moi, un peu, à une période où je n'avais pas fait mille conneries. Alors je l'ai laissé se reposer, et je lui ai confié un œuf. L’œuf qu'il avait protégé, d'ailleurs, mais c'était une autre histoire. Ensuite, on a gardé contact. On se revoyait régulièrement, et quelque part... Je me suis mis à le considérer comme un petit frère, attachant, mais exaspérant d'incapacité à ne pas se fourrer dans le danger, parfois. Et oui, je sais qui parle.

Je m'en suis remis, de ce bloc. J'aurais dû me douter que quelque chose allait nous retomber sur le coin de la figure, toutefois. Le Régime ne pouvait pas rester sans rien faire. Non, évidemment. Fallait qu'ils redorent leur petite image, qu'ils montrent qu'ils étaient les patrons, et qu'on ne venait pas du tout de les humilier aux yeux de tous. Héhé, quand je repense à quel point ça a été aisé, de foutre en l'air leur petit joujou... Ils devaient être verts. Surtout l'autre pépé grisonnant de Général Politique, là, avec sa voix mielleuse. Encore un que je ne pleurerai pas, tiens.
Mais la riposte était désespérément absurde. Rafler des gens lors de la fête annuelle du 1er janvier, ça avait quelque chose de ridicule, maintenant que j'y pense. Un petit coup d'éclat pour faire peur, et rassurer les égos blessés des cadres Régimeux. Mais dans cette foule informe et compacte, il y avait du monde. Il y avait Isaac, il y avait Samaël, Mercedes, Telemaque... Tant d'autres noms. Ces gens qu'on emmenait on ne savait où, pour on savait très bien quoi.
Mais j'ai vu Clive. J'ai vu Clive, avec ce foutu masque blanc sur la tête. Clive, le gamin chétif qui pleurait quand on écrasait une coccinelle, trancher des gorges et envoyer des gens à la mort, sans même l'ombre d'une expression sur son visage. Clive qui me méprisait, me menaçait. Je savais bien que c'était du cinéma, évidemment. Mais ce n'était pas plus acceptable, pas même lors de sa fausse « erreur » me permettant de fuir. Rien de tout cela n'était tolérable.

J'ai... Je ne sais plus trop ce qui s'est passé. Solène m'a appelé, je crois. J'ai vu rouge. J'avais du sang sur les mains, et des morceaux de chair rosée, semblable à des restes de cervelle, éclatée sur de la roche. L'odeur de poudre m'asphyxiait et les acouphènes dans mes oreilles ne voulaient pas disparaître.
Après ça, rien n'a été pareil, je crois. J'ai cherché. J'ai passé des semaines à fouiller tous les recoins de l'île, à les chercher, tous autant qu'ils étaient.  Bouillir de rage lorsque je me rendais compte de mon impuissance et de leur jubilation. Il y avait l'alcool, quand la violence m'avait tant donné la nausée que dormir devenait impossible. Les insomnies, aussi. La peur, tout le temps. J'avais envie d'aller le voir, lui, à Vanawi. Peut-être que j'avais même envie de lui faire mal, de me venger de ce qu'il avait fait. Parce qu'Isaac était torturé, parce que deux adolescents ans l'était aussi, parce qu'il y avait trop de victimes. Parce que la liste des camarades perdus devenait trop grande de jour en jour. Mais je ne l'ai pas fait. Je ne l'ai jamais fait.

Alors, bien sûr, certains sont revenus. J'ai retrouvé Isaac, et... Samaël, aussi. Mais par le biais de quelqu'un d'autre, le Champion Coordinateur de Baguin, qui le « gardait ». Avec le recul... Je ne m'en serais pas voulu de lui trouer le crâne, vraiment. Je vous épargnerai les détails. J'étais uniquement concentré sur le fait qu'il représentait tout ce que je détestais, à cette période ; c'était le parfait nom à coller sur tout ce qui me rendait furieux. C'était un pauvre con dépressif, en soit. Un pauvre con dépressif et dangereux à ne surtout pas laisser avec un gamin qu'il maltraitait, soyons clairs, mais si je le retrouvais, là... Franchement, hormis le regarder droit dans les yeux et lui demander si il avait pas envie que je lui tire une balle à l'époque, je ferais pas grand chose.  Entre clowns tristes, hein...
Mon attention était ailleurs, toutefois. Une fois le gamin récupéré, j'ai pansé ses plaies, et les miennes par la même occasion. Ça m'a fait du bien, je crois. Mais bon. Ironiquement, une autre merde devait se produire, hein ?
Clive a eu la bonne idée de le kidnapper. De sombres histoires de rancune personnelles, mais au moins, rien n'est arrivé. On s'est battus, et c'était tout. Tout ça pour ça. Ça a consommé la rupture, définitivement.

Avant ça, je n'avais pas vraiment envie de rester chez moi, avec mes pensées. Alors j'arpentais les champs de bataille, comme pour essayer de racheter ce que je considérais comme des fautes d'attention de ma part. Je ne vous fais pas l'affront de vous sortir des banalités sur le fait que c'est horrible. Bien sûr que c'est immonde. Ça pue la mort, le vomi, le sang, la merde, et on trouve autant de restes de membres que de vies brisées au coin des ruelles. De temps à autre, toutefois, on trouve des vivants. Vieillards, hommes et femmes, adolescents, et... Des enfants, des fois. Des gosses à peine assez grands pour saisir le concept de mort. Ce n'était pas la première fois que j'en voyais, à vrai dire. Cette fois-là, toutefois, ce fut différent.
Je ne savais pas son nom, au départ. Enfin, elle ne voulait pas me le donner. En même temps, avec le cadavre de sa mère à côté... Mais elle n'avait pas l'air de réaliser, je crois. Elle m'a fait confiance, et je l'ai emmenée avec moi, loin de tout ça. J'avais prévu de l'emmener en foyer, ou au moins en famille d'accueil, mais... Je sais pas. J'ai peut-être pensé à ça des choses depuis longtemps révolues, quand j'ai vu dans ces yeux rouges une crainte terrible d'être abandonnée à son sort, isolée. Elle m'attendrissait, et je me surprenais à lui donner bien plus d'attention que je n'aurais dû le faire. De lui donner, quelque part, l'affection d'un père. Je n'ai pas su lui dire non. Parce que j'étais bien incapable de laisser Alice seule.
Et franchement ? Heureusement que je ne l'ai pas fait.

Depuis que j'ai déménagé... Ah oui, j'ai oublié de parler de ça mais on s'en tape un peu. Retenez juste que l'appartement devenait trop petit, et qu'être enfermé entre quatre murs était angoissant, alors j'ai acheté une maison au centre de Nuva Eja. Du coup, vous comprenez mieux en quoi l'arrivée d'un nouveau venu ne posait pas trop de soucis, même si je ne m'attendais pas. Mi-mai, je me suis retrouvé avec le gosse d'un de mes cousins germains japonais, Kazuo, un vrai sac à merde, sur les bras. Comme le gamin avait plus ou moins été envoyé et délesté par son paternel, et que j'avais une idée du type de vendeur d'âmes qu'il était, je me suis dit que je n'allais tout de même pas laisser sa progéniture dehors. Du coup, on se retrouvait à cinq à la maison, jusqu'à ce que Katya parte avec Nova, mon élève résistante, sur les chemins. Natsume, le nouveau venu, a eu un peu de mal à s'adapter à son nouvel environnement, et honnêtement, entre nous, c'était généralement assez chaotique. Il n'allait pas bien, il faut dire, et moi non plus. Depuis que Samaël m'avait demandé de l'entraîner pour le faire devenir Résistant, j'étais sous tension. Je ne compte pas le nombre de nos disputes, les premiers jours.
Petit à petit, toutefois, ça s'est calmé. Je n'ai pas toujours été très juste, non plus. J'avais tendance à voir en lui le même tempérament que Clive fut un temps, et bien que j'étais son tuteur, je me suis montré trop protecteur. J'ai été étouffant et trop sévère, des fois, sans parvenir totalement à comprendre ce dont il avait besoin ; je croyais savoir, alors je ne lui posais pas de questions. J'avais simplement de l'affection pour lui, et après ce qui était arrivé à Samaël, j'étais terrorisé à l'idée que cela recommence. Mais je suis fier de voir qu'il a pu grandir seul, et se construire positivement. Mes craintes étaient excessives, en soit. Comme d'habitude, vous me direz.

Mais petit à petit, je me formais un entourage plus grand, plus personnel, également. Bien mieux que mes années lycée où je connaissais à peine les gens à qui je souriais tous les matins, en tous cas. Alors bien sûr, je pourrais vous citer beaucoup de noms. Mercedes, par exemple, enfin, on l'appelait Victoria à l'époque, qui est devenue une très bonne amie. Ou encore Adélia, que je pensais morte depuis le coup d'état, Damien, que j'ai appris à découvrir... Beaucoup de gens, en soit, et j'en oublie énormément. Du coup, vous comprendrez que j'étais un peu choqué quand on m'a demandé d'être le parrain de Céleste. Je n'avais, jusque là, pas vraiment l'habitude qu'on fasse plus attention que ça à moi. Quelque part, j'avais l'impression de me recréer un monde, instable, certes, mais bien plus confortable que ce que j'avais vécu avant. Même la mort de Nova, d'un cancer du poumon, ne m'avait pas fait retomber dans mes travers.

III. 27 ans

Puis il y a eut la marche. (Ratures incompréhensibles). Blanche, pacifiste, mais révoltée. J'en étais. Je savais, pourtant, qu'elle ne pourrait pas exister en tant que elle pour bien longtemps. Et évidemment, le Régime a réagi. Ils étaient nerveux, ces temps-ci. On approchait de plus en plus de ce qu'ils cherchaient, et bien qu'il ait réprimé la marche dans le sang, on sentait qu'ils commençaient à perdre pied. Par jubilation, au début. Qu'ils aient fermé les ruines du Titak aurait déjà dû nous avertir, mais nous n'avons pas compris tout de suite. Nous étions encore trop occupé à panser nos blessés.

Mes recherches, toutefois, ont attendu. Dès début 2016, Clive et Natsume ont disparu. Pour l'un, je savais où il était : dans une prison du régime, à croupir pour trahison, alors même qu'il ne faisait que défendre Felix. Pour le second, en revanche, malgré mes contacts, nous n'avions aucune information hormis les fruits inquiétants de notre imagination. Je me sentais gris. Tout semblait gris, à vrai dire. Je n'avais pas le temps de m'attarder sur quoi que ce soit, apeuré rien qu'en pensant à la potentielle douleur qu'ils pouvaient vivre tous les deux. Je n'ai pas beaucoup dormi, ni mangé, ces temps-là. Je partais au petit matin pour revenir au soir, délaissant tout le reste. Mais rien, ou pas grand chose. C'était la colère qui me gardait debout, et me forçait à chercher là où j'avais déjà fouiné, encore et toujours.
Je n'ai même pas été foutu de sauver Clive. C'est l'un de ses 'amis' qui me l'a amené, lorsque sa libération a été réalisée. Je l'ai récupéré en morceaux. Os cassés, incapable de marcher ou de faire quoi que ce soit seul, terrorisé dès lors qu'il entendait un bruit métallique, constamment réveillé la nuit par des terreurs nocturnes. Traumatisé, évidemment. Je faisais de mon mieux pour être à son chevet, pour l'aider, croyant naïvement que maintenant qu'il n'était plus dans les griffes du Régime, alors j'allais récupérer mon jumeau. J'avais tort.
Je l'ai vu s'éloigner de plus en plus. Pas de moi, hein, j'suis pas égocentrique à ce point de ne penser qu'au travers de ma petite personne. Mais j'ai bien vu que malgré les efforts, il y avait quelque chose d'autre. Quelque chose qu'il ne me confiait pas, et qui le dévorait intérieurement. Je n'ai jamais vraiment eu la réponse à ma question, quand je lui ai demandé ce qui le dérangeait autant. C'est à Natsume qu'il faisait confiance maintenant, et aussi blessant que cela ait été pour moi, me donnant l'impression que nous ne pourrions plus jamais revenir en arrière, je n'avais pas à laisser mon ego affaiblir ses chances d'aller mieux.

Car oui, nous avions retrouvé ce dernier. C'est Samaël, au final, qui a retrouvé Natsume. Amnésique, considérablement affaibli et sur la défensive, mais franchement, après Clive, c'était presque mieux que dans mes suppositions.
Cela ne calmait néanmoins pas ma frustration, et lorsque le Régime a voulu faire une "démonstration" de leurs découvertes sur l'Emergya, je suis devenu fou de rage, et n'ai pas pu m'empêcher de céder à la provocation. Ça ne s'est pas bien passé. Mais nous étions de plus en plus inquiets face à leur cran grandissant. Je me suis disputé avec Natsume, après ça, sachant que nous étions fermement opposés sur le point de vue de la méthode. Il est parti, après ça, et je n'ai pas cherché à le retenir. Maintenant qu'il avait déménagé chez Samaël, je me disais qu'au moins, il serait plus à l'aise.

Je ne m'attendais pas, toutefois, à ce que mon jumeau, plongé dans sa dépression, en vienne à mettre une jeune femme enceinte. Il ne me l'a dit qu'au dernier moment, de toute façon. J'étais en colère. Abusivement, je crois. Je n'aurais pas dû. Mais c'était pour moi la consécration du fait que, eh bien.. Je n'avais plus la même place dans sa vie, et qu'il ne m'ait rien dit me le prouvait, à mes yeux. Mais malgré ce que je disais, je suis venu, le jour de la naissance, car j'étais tout de même curieux de connaître mon neveu. Axel, un marmot plutôt costaud, avec lequel je n'ai cohabité que quelques semaines, jusqu'à ce que Clive ne déménage soudainement, ne voulant pas que je subvienne à leurs besoins.

Entre ça et le déménagement de Natsume, je dois avouer que j'étais un peu de mauvaise humeur. L'arrivée de Mercedes chez moi m'a forcé à faire comme si de rien n'était, et à me concentrer sur n'importe quoi, tant que c'était possible. Je me suis concentré sur mes pokémon, chouchoutant quelque peu la Carvanha que j'avais obtenu il y a peu, celles-ci ayant eu pendant longtemps, et même encore maintenant, des gros problèmes de motricité. Quelque part, m'occuper de Dory me permettait de me focaliser que quelque chose qui ne soit pas, eh bien... Déprimant, quoi.

Et puis il y a eu la catastrophe.

J'y étais, là-bas. Je veux dire, à Amanil. On m'a appelé assez vite, et je n'ai pas hésité longtemps en apprenant qu'il y avait la possibilité d'en finir une bonne fois pour toutes avec le Régime. Le PDT s'était effondré, et la Grande Maison était en situation de faiblesse. Je ne suis pas, toutefois, resté bien longtemps à combattre. Les ravages des combats et de l'Emergya étaient déjà trop grands. Même si ma volonté de vengeance était grande, et que je sentais un besoin de revanche me dévorer de l'intérieur, je n'ai pas réussi à détourner le regard. Lorsque j'ai dû choisir entre cette envie, cette colère qui me faisait tenir et m'effondre tout à la fois depuis des années, et le savoir qu'agir ainsi reviendrait à ne pas aider les autres, j'ai... Je ne sais pas. J'ai gardé mon arme à ma ceinture, et je me suis précipité vers les civils. Je les terrifiais, évidemment. Pour eux, j'étais tout aussi responsable que les hommes en blanc. Le découvrir m'a choqué plus que je ne l'aurais cru, mais j'ai remis à plus tard cette réalisation.

Je ne crois pas avoir besoin de vous narrer avec excès et voyeurisme ce qui s'est passé ce jour-là. Trop de blessés, d'épouvantés, de morts. Avec d'autres, je me suis organisé pour faire ce que j'aurais dû faire : me concentrer sur autre chose que mon désir de revanche qui, peu à peu, s'endormait devant la cacophonie des cris de détresse, comme si elle s'était faite berceuse morbide.
Je me suis précipité vers Zazambes, là où se trouvait Clive, pour les ramener en sécurité, lui et son f- mon neveu (cette page est raturée et presque illisible.). Ensuite, j'ai été voir Maman, à Vanawi. Par miracle, ni elle, ni les deux autres, n'ont été blessés. Elliott avait juste pris une balle dans la jambe qui, à ce moment-là, n'était pas le plus grand des dangers à nos yeux. J'étais chanceux. Tout le monde n'avait pas été autant épargné, et je le voyais bien, à chaque fois que j'accompagnais d'autres élites pour aider à la reconstruction et les blessés.

Puis, Alice est tombée malade, et-.

Les sourcils froncés, il claque de la langue en remarquant qu'aucune des formulations ne parvient à lui plaire. Exaspéré, il termine par un « prout » sur le cahier, signé d'un petit étron entouré de mouches, ne pouvant s'empêcher un mouvement brusque avec son stylo. L'encre fuit depuis un moment déjà, et ses mains sont noircies. Le trentenaire lève les yeux au ciel, et finit par poser l'objet sur le tas de bois, un grand sourire aux lèvres. Une allumette dans les mains, il fait signe à la personne à côté de lui s'approcher.

« Tu peux y aller, petite crotte. »

L'affection dans sa voix est à peine cachée. L'hésitation dans le regard de son interlocutrice, toutefois, est notable. Timidement, les épaules un peu haussées, elle regarde les flammes avec crainte. La main sur son épaule, ferme mais douce, lui donne toutefois assez de courage pour prendre sa feuille tachetée d'encre bleue et la jeter par dessus le cahier de l'homme aux cheveux hérissés. Hésitante, elle releva ses iris bleus sur l'adulte, les yeux plissés, concentrée.

« Si on brûle ce qu'on a écrit, ça va aller mieux ? 
- Moi, je crois que oui. Tu veux le faire ? »


La fillette ne répondit pas tout de suite, fixant son attention sur l'allumette encore éteinte. Quelques secondes passèrent, sans que le plus vieux ne la presse de répondre. Elle finit par hocher de la tête d'une façon timorée tout d'abord, puis de manière plus assurée, presque excessive.

« Hm-hm. »

Faust sourit doucement. Il alluma le petit bout de bois sans plus de mots, et le jeta négligemment dans le barbecue, regardant le tout flamber. Un rictus mi-doux, mi-amer, il laissa sa main caresser doucement la tête de la plus jeune, tandis que ses doigts allaient grattouiller la chevelure azurée de la petite.

« Parfait. Tu veux venir avec moi chercher Alice, cette fois ? »

Le surprenant même lui, elle serra sa main très fortement en guise d'accord, une lueur enthousiaste dans ses yeux plus tranquilles d'ordinaires, un début de sourire sur ses lèvres. Faust gloussa et la prit sur ses épaules, se dirigeant vers la moto qui était posée plus loin et les attendait patiemment.

« Accroche-toi, alors. On va faire un tour. »
Faust M. Donovan
Faust M. Donovan
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Lun 13 Nov 2017 - 16:39
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Faust M. Donovan
HISTOIRE
« Sa fièvre n'a toujours pas baissé ?
- Non. J'ai demandé à Felix d'aller chercher des médicaments pour la soulager, mais... »


Faust soupira en reposant son sac sur la chaise, le regard fixé sur le lit. L'arrière de l'auberge était peut-être le seul endroit qui n'était pas bondé de monde, et où le bruit des lamentations des blessés n'était pas omniprésent. Posant ses yeux fatigués sur la silhouette de sa mère, qui s'attelait à changer le paquet de glace sur le front de la fillette, il se demanda un instant comment diable elle n'était pas déjà tombée d'épuisement. L'auberge était devenu un refuge depuis les arrivées en masse de survivants, et Kagami n'avait jamais refusé personne, si bien que les chambres, le restaurant et même les pièces de l'arrière-boutique étaient remplies de malades et de désœuvrés. Chaque fois qu'il venait ici, il avait l'impression de ne pas avoir quitté les quartiers dévastés ; il avait ainsi du mal à considérer ces moments comme des pauses. D'autant plus que l'état d'Alice ne le rassurait aucunement.

« Je peux faire quelque chose ? Pour toi, je veux dire.
- Ne t'inquiètes pas. Ta vieille mère est bien plus tenace que tu ne le crois.
- Je sais, je sais.
- Natsume m'aide déjà bien assez comme ça. Tu as déjà des choses à faire, non ? »


Le conseiller poussa un soupir et ne répliqua pas, conscient qu'elle avait raison. Il aurait aimé, pourtant, être plus utile. Chaque fois qu'il venait ici et entendait les geignements étouffés de sa fille, il croyait devenir fou. Alors oui, il pouvait se dire que quelque part, en aidant un peu partout, il participait à l'effort qui permettrait de mettre au point un remède, mais c'était une pensée, à ses yeux tout de moins, bien naïves. Un frisson d'horreur lui passa à travers le corps lorsque Alice se contracta brutalement, gémissant silencieusement. S'approchant doucement, il se mit à genoux au chevet de l'enfante, et caressa doucement ses cheveux, le regard fatigué.

« C'est pas ça. J'aimerais juste... Être là pour vous, pour une fois. »

Le silence suivit ses paroles, et Faust ne chercha pas de réponse. Kagami n'avait rien dit, mais elle avait sans doute compris. De dos, le hérisson ne vit pas l'expression de sa génitrice, et il ne chercha pas à la voir. Son attention, toutefois, se porta sur le petit corps endormi à côté de celui de sa fille.

«  Et l'autre, elle... ?
- Elle ne la quitte pas d'un pouce, oui. »


L'affection dans la voix de sa mère était à peine cachée, ne serait-ce que par le fait qu'elle apparaissait dans son petit sourire attendri. Calmement, Faust détailla des yeux la seconde fillette, une lueur curieuse alors qu'il l'observait. Petite, maigrelette, et certainement pas plus de six ans ; la seule chose qui attirait son attention, toutefois, était sa chevelure bleutée. Et, pour être honnête, il n'était pas sûr d'avoir vu de couleur semblable chez les autres occupants temporaires de l'auberge. Kagami lui avait vaguement confié qu'elle devait avoir erré dehors depuis un petit moment. Pour cette raison, sa voix, bien que neutre, n'eut pas besoin d'être bien plus explicite que ça.

« Et les parents ? »

Kagami se tendit de manière presque imperceptible alors qu'elle terminait de poser les serviettes usagées sur un tas de linge à nettoyer. Elle se contenta de pousser un soupir, et Faust grimaça.

« Je vois. »

Il aurait aimé ne pas comprendre. Mais il avait eu assez d'exemples devant les yeux depuis les explosions et les catastrophes pour se faire une idée. Le mutisme qui en suivit était lourd, mais aucun sujet de conversation ne lui vint à l'esprit. Ce ne fut toutefois que lorsque le bruit de sa sonnerie de portable retentit qu'il claqua de la langue, agacé. Il n'avait pas besoin de le voir pour savoir de quoi il en retournait. Il n'était pas de mauvaise foi, certes, mais... Tout de même. Il aurait aimé pouvoir rester ici plus d'une trentaine de minutes. Il se releva et esquissa une grimace désolée.

« Mince. Désolé, je dois y retourner. Je reviens dès que possible.
- D'accord, mais enlève tes chaussures avant de rentrer, la prochaine fois. »


Faust gloussa. Peu enchanté en sachant sur quoi il allait tomber, il arrivait tout de fois à l'ignorer pendant quelques secondes grâce à cette remarque volontairement grotesque.

« Prends soin de toi. Je te la confie. »

---

Deux semaines que le vaccin circule. Deux semaines que l'auberge se vide, que les malades quittent les rues de Vanawi, ragaillardis. Deux semaines que la ville de son enfance semble respirer, libérée de l'odeur putride de maladie qui écumait ses ruelles. Il a toujours un peu de mal à y croire, à vrai dire, et il faut qu'il la traverse à chaque fois pour assurer à ses yeux qu'il n'est pas en train d'halluciner, qu'il n'a pas lui aussi succombé à l'épidémie. Et il n'y a pas qu'elle. Nuva Eja, certes épargnée par les ravages, retrouve sa tranquillité sereine, loin du voile lourd de crainte qui faisait peser sur l'île une peur constante de ce qui pourrait bien arriver ici. En ouvrant la porte de chez lui, il déposa tranquillement le sac de courses qu'il venait de ramener. Elle aussi avait retrouvé son calme paisible, bien loin du chaos et de l'odeur déplaisante qui semblait collé à tout il y a encore quelques semaines. Il serait d'ailleurs bientôt le temps d'y retourner, mais pour l'instant, il préférait rester dans l'auberge de sa mère. Elle avait encore besoin d'aide, après tout.
Des gloussements, toutefois, parvinrent à ses oreilles. Faust sourit doucement, bien content d'entendre ça et non pas des sons de douleur. Curieux, et peut-être un peu amusé par avance, il monta le plus discrètement possible les escaliers menant à l'étage supérieur. La porte de la chambre d'Alice, comme il le supposait, était ouverte. Ne voulant pas être repéré, il avança tranquillement, et se glissa dans l’entrebâillement de la porte. Malheureusement pour lui, étant aussi doué que, eh bien, lui, il s'emmêla les pieds dans ses lacets et tombe lamentablement au sol, le mâchoire claquant douloureusement sur le parquet. Tandis qu'il poussait un geignement dépité, les regards d'Alice et de sa comparse se posèrent sur lui. Enfin, dans le second cas, elle ne manqua pas de cacher sa tête sous le drap de la plus vieille. Esquissant un sourire désolé, le Donovan se releva péniblement, et tenta d'élaborer une excuse.

« Ah, pardon. Je ne voulais pas vous déranger, les filles.
- Non, c'est bon, papa. Tu peux venir ! »


L'enthousiasme d'Alice ne le surprit pas, et il s'attendait un peu à ça, mais il préférera jeter un coup d’œil à la fillette aux cheveux bleutés pour s'assurer qu'il en avait bien le droit. Il avait remarqué, après tout, qu'elle continuait de se cacher et d'avoir l'air mal à l'aise dans différentes situations. Même si il ne comprenait pas toujours, il faisait de son mieux pour ne pas la mettre mal à l'aise, et éviter de s'approcher quand elle était terrorisée faisait partie de cela. Après tout, cela faisait presque quinze jours que leur « soirée pyjama » s'éternisait, et il avait commencé à prendre des habitudes. L'air de rien, il s'approcha, même si il voyait bien le tas de livres étalé sur le lit d'Alice.

« Donc, qu'est-ce que vous faites ? »
- On lit des histoires ! Morgane est vraiment super forte pour lire ! Elle peut rester, hein ?»


Les joues de la cadette prirent une teinte rosée, mais un petit sourire fier s'étalait sur ses lèvres, signifiant sans doute qu'elle ne trouvait pas le compliment si déplaisant. Un peu surpris d'entendre ça toutefois, il cligna des yeux : la plus jeune n'avait pas l'air si âgée, pourtant, et ce n'était pas comme si il y avait école, ces temps-ci. Mais il ne posa pas de questions, déjà bien satisfait qu'Alice ait retrouvé son énergie, et que la fillette aux cheveux bleus ne se cache plus dans le dos de l'aînée dès lorsqu'il s'approchait.

« Ah ? Tant mieux. Et oui, elle peut rester. Tant que vous ne passez pas la nuit à papoter...
- Promis ! Hein, Morgane ? »


Un rictus attendri s'étira sur les lèvres de Faust, et il fut étonné de voir l'amie de sa fille prendre la parole. Bon, elle avait encore sa tête sous un drap, mais il n'allait pas en demander trop d'un coup. C'était déjà très bien, tout ça. La tonalité de sa voix était toujours un peu étrange, mais il n'en tint pas rigueur.

« Merci, monsieur.
- De rien. Par contre... »


Le Donovan s'approcha un peu plus et retira l'un des livres des mains d'Alice, jetant un regard joueur aux deux petites filles. Un air taquin, bien plus sincère que tout ce qu'il offrait ces temps-ci, se peignit sur son visage. Les narguant de sa voix, il tapota du pied d'une manière volontairement ridicule. Alice riait déjà, tandis que sa comparse l'observait d'un air intrigué, se demandant sûrement si il n'était pas digne de l'asile. Enfin, si une enfant de cinq ans peut connaître ça.

« Je ne crois pas que vous vous êtes lavé les dents, bande de petite fouines ! Allez, hop, et que ça saute ! »

Il n'eut pas besoin de le dire deux fois. Prenant la main de sa cadette, elle lui fit signe de la suivre, et l'autre s'exécuta immédiatement. Amusé, Faust les regarda se diriger avec rapidité vers la salle de bains, bien qu'il craignait inconsciemment le massacre que risquerait de provoquer une Alice laissée seule dans un tel contexte. Sans doute allait-il retrouver du dentifrice sur les vitres, mais bon... Il prendrait le temps de laver, voilà tout.
Perdu dans sa contemplation, il ne vit pas arriver la personne qui se trouvait derrière lui, et il sursauta un peu lorsque la main de son jumeau sa posa sur son épaule. Tenant un bébé qui ne dépassait pas la première année dans ses bras, il regardait l'endroit où venaient de s'engouffrer les deux fillettes, une lueur affectueuse dans le regard.

« Elles s'entendent bien, on dirait. »

Le conseiller hocha de la tête. C'était peu dire, et sûrement, Faust était loin de voir cela comme un problème. Au moins, avec une amie, Alice pouvait récupérer et penser à autre chose, bien que ses terreurs nocturnes continuaient d'agiter son sommeil de temps à autre. Et puisque Morgane s'était plus ou moins habituée à tout le monde, Faust n'avait pas vu l'utilité de l'éloigner. Pas comme si les orphelinats n'avaient pas autre chose à faire ces temps-ci, de toute façon : ils n'avaient pas besoin d'une bouche à nourrir en plus. Puisque lui pouvait le faire, après tout... Et sa mère l'aurait certainement massacré si il avait abandonné cette petite.

« Elixir a fait des miracles, il faut croire.
- Ouais. On leur ferait presque confiance. Presque, hein. »


Le sarcasme de Faust fit lever les yeux au ciel à Clive, qui ne put malgré tout s'empêcher de glousser quelque peu. La méfiance de son frère était compréhensible, même si il ne la partageait pas. Curieux, le spécialiste ténèbres reporta son attention sur son neveu qui, profondément endormi dans les bras de son géniteur, semblait bien loin du démon hurleur qu'il était il y a quelques heures à peine. Et sachant que sa chambre était à côté de la sienne, croyez-le, il y connaissait quelque chose.

« Axel a arrêté de pleurer ? »
- Pour une fois, oui. Je crois qu'il en avait mal à la gorge, à force.
- Au moins un truc qu'il a hérité de toi, tiens. »


Une claque sur le crâne fut sa réponse, mais cela ne l'empêcha pas de rire comme un imbécile, tirant un sourire mi-blasé, mi-affectueux à Clive. Le hérisson aux yeux bleus se massa le crâne, ne regrettant absolument rien. Pendant quelques instants, il avait l'impression de revenir quinze ans en arrière. Ce n'en était pas si loin, après tout. Pas de Régime, pas de séparation dans les disputes et la douleur, et il pouvait presque ignorer tout ce qui n'était pas résolu. Si il essayait juste assez, il pouvait même croire que cela durerait.

« Aïe. Héhé.
- Crétin. »


Il aurait aimé que la lueur de joie dans les yeux de son jumeau en soit la promesse.

---

« Excuse-moi, monsieur ?
- Oui ? »

Il relève la tête, quelque peu étonné de voir que la fillette est venue d'elle-même lui parler. Ses doigts arrêtèrent de pianoter sur le clavier de son ordinateur, mettant fin à ce qui était, pour la première fois depuis quelques années, un pic d'inspiration. Mais il l'avait immédiatement laissé de côté, et il considérait maintenant la gamine aux cheveux bleus avec attention. Celle-ci ne le regardait toujours pas dans les yeux, mais c'était une habitude, et Faust estimait qu'il n'avait rien à dire à ce propos. Assis à la table du salon il lui libéra une chaise pour lui faire comprendre qu'elle pouvait s'installer. Si elle ne saisit pas tout de suite, elle finit par comprendre devant son air souriant. Les mains sur les cuisses, tripotant nerveusement le tissu de son pantalon, elle prit la parole d'une voix qui paraissait plus assurée que Faust ne l'aurait cru.

« Quand est-ce que vous voulez que je parte ? »

L'alternance entre tutoiement et vouvoiement ne le choquait plus, à force. La question, elle, il ne s'y attendait pas. Clignant des yeux, il resta sans mot au départ, l'air un peu stupide avec sa bouche ouverte, et hésita sur les mots à employer. Pour dire tout à fait vrai, il n'y avait pas réfléchi du tout. Cela faisait bientôt un mois que Morgane était revenue avec eux, Alice ne supportant pas l'idée de la laisser dehors, tout comme son père, et le sujet n'avait encore jamais été abordé. Bien sûr, Isaac lui avait fait quelques sous-entendus et les regards blasés de Natsume lui en avaient dit assez quant à la potentielle issue de cette situation, mais de là à poser les mots dessus... Il eut toutefois un premier réflexe, en répondant en toute somme assez honnêtement.

« Hé bien, je... Je ne sais pas trop. Tu as envie de partir ? »

La question aurait pu lui être adressée aussi, maintenant qu'il y pensait, et il n'était pas sûr d'avoir fixe non plus. Sans qu'il ne comprenne pourquoi, sa question avait fait naître chez lui une anxiété pernicieuse, et il s'était mis à tapoter nerveusement sur sa tasse de chocolat viennois aux pépites et coulis avec marshmallows sur les bords. L'attente fut assez longue, d'ailleurs, et Faust se demanda durant un instant si la petite ne faisait pas exprès, mais c'était très improbable. Affalée sur la table, la tête dans les bras, elle regardait le mur en face avec une détermination à faire peur.

« Je vais être punie, si je dis non ?
- Quoi.. ? Non, absolument pas !
- Ah. »


La surprise se lisait assez aisément sur son visage. En même temps, il avait un peu de mal à comprendre pourquoi elle pensait ça, mais quand il repensait à ce que lui avait confié sa mère, cela prenait sens. Durant la catastrophe, il n'aurait pas été surpris qu'une bouche à nourrir de plus, et qui en plus avait quelques difficultés en soit totalement pas importantes, ait subi quelques mésaventures. Pour cette raison, les traits de son visage se firent plus doux et il poussa doucement sa tasse de chocolat vers la plus jeune. Le menton dans la paume de sa main, il prit la voix la plus patiente qu'il possédait afin que rien ne paraisse autoritaire chez lui.

« Si tu veux rester, tu sais, tu as le droit. On pourra te trouver de la place. Mais si tu veux partir, on te trouvera un endroit où vivre aussi, c'est promis. »

Morgane avait un peu relevé le regard. Elle avait cessé de l'ignorer pour, même si elle ne faisait que jeter des coups d’œil dans la zone de ses épaules, porter plus d'attention sur lui. Timidement, elle prit une gorgée de la boisson qui lui avait été offerte et reprit la parole juste après, toujours un peu timorée.

« Je veux bien, alors.
- Parfait. Il y a quelque chose dont tu aurais envie ? »


Il avait posé sa question comme ça, plus par politesse qu'autre chose, mais il avait visiblement bien fait. La gêne sur les traits de la plus jeune en disait assez sur le fait que oui, il y avait peut-être quelque chose. Attendri, il ne put s'empêcher une moue affectueuse, et ferma l'écran de son ordinateur sans un mot au départ. Voyant qu'elle n'arrivait pas à le faire seule, il crut bon de l'aider.

« Tu peux me le dire, tu sais.
- C'est juste... J'ai un peu froid. »

Ça, c'était quelque peu, eh bien... Normal, en soit, mais surprenant aussi. C'était bien la première fois qu'elle admettait que quelque chose la dérangeait, et maintenant qu'il y réfléchissait, vrai que se trimbaler en short-débardeur par une nuit fraîche n'était pas vraiment la meilleure des choses, et il aurait dû le voir avant. Il avait la tête ailleurs, ces temps-ci. Une idée lui passa toutefois par la tête et il se leva sans plus tarder.

« Attends ici. »

Morgane obéit, bien que de la curiosité devait se lire dans ses yeux. Faust fit vite, tellement que lorsqu'il revint, la fillette avait encore une grande tâche de chocolat sur le visage, s'en étant mis un peu partout par maladresse. Il portait un objet dans sa main que la cadette n'arrivait pas vraiment à reconnaître de loin. L'adulte s'accroupit pour se mettre à sa taille, et lui tendit un petit pyjama rouge, ayant sans doute appartenu à Alice il fut un temps. Elle ne comprit pas tout de suite, mais Faust le posa dans ses mains. Il déroula ensuite une écharpe bleue, qu'il passa au coup de Morgane pour éviter qu'elle ne prenne froid.

« Tiens. Ça m'a l'air de t'aller comme un gant. »

Et il était sincère. De toute façon, il ne la mettait jamais, alors pourquoi la garder au fond d'un placard, hein ? L'enfant semblait satisfaite, si bien qu'elle enfonça un peu plus sa tête dans le vêtement, un début de sourire au coin de ses lèvres entachées de chocolat. C'était l'un des premiers qu'elle lui faisait.

« Merci.
- Y'a pas d'quoi. »


Les dents apparentes, il se permit d'approcher du crâne de la fillette, et attendit qu'elle lui donne son feu vert. Morgane hocha de la tête et approcha d'elle-même sa chevelure bleutée, que Faust se mit à lui ébouriffer affectueusement. Il ne s'attendait pas, toutefois, à ce qu'elle parle de nouveau. Les sourcils froncés, son ton était bien loin de l'ambiance chaleureuse que Faust croyait avoir installé de manière définitive.

« Pas d'quoi quoi ?
- Non, rien, hm... Laisse. »


Bah. Il aurait le temps de lui apprendre ce genre de choses, après tout.

---

Il avait rêvé de ce jour-là. Il l'avait imaginé durant des années, se disant qu'il serait sans doute l'homme le plus heureux du monde lorsque « justice serait faite ». Dans son esprit, ce jour-là serait forcément heureux, et la fin d'un calvaire qu'il n'avait fait qu'attendre pendant si longtemps qu'il avait fini par ne plus y croire. Et il ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas une place d'exception, à relater comment ils avaient été arrêtés. On l'avait écouté diligemment, et tout s'était déroulé comme c'était supposé arriver. Condamnations après condamnations, ils se suivaient les uns après les autres. Il aurait dû être ravi. Ne les avait-il pas tous détesté ? N'avait-il pas souhaité les voir humiliés comme les énolians avaient été humiliés, à leur tour ? Il les avait même pourchassé avec ce qui s'apparentait presque à de la joie, attendant le moment de leur condamnation avec une impatience à peine dissimulée. et maintenant que les peines se suivaient...
Pourtant, alors que les noms défilent les uns après les autres, il n'arrive pas à se dire satisfait. Il n'y a qu'un creux froid dans sa poitrine, et une étrange sensation de vide.

---

« Qu'est-ce que tu fais encore ici ? »

Crimes contre l'humanité. La sentence résonne encore dans sa tête, à chaque fois qu'il vient ici. Ce n'est pas rare, en outre, mais il ne sait pas pourquoi il persiste alors que c'est toujours aussi déplaisant. Les murs gris de ce bâtiment qu'il a lui-même aidé à remplir n'étaient pas suffisants pour le mettre de mauvaise humeur, avant, pourtant. Tout au plus les trouvait-il vaguement appropriés, mais sans plus. Il ne regarde pas la vitre, ni son interlocuteur. Les traits de son visage se sont mués dans une expression illisible, mais il y a quelque chose de dur dans la façon dont se sont serrés ses traits. L'individu en face de lui, il n'a pas envie de croiser son regard. Il n'a pas non plus envie de voir son putain de rictus au coin des lèvres, ni son air désabusé, ni de constater qu'il est loin d'être la coquille vide et désœuvrée qu'il aurait cru voir. Qu'il aurait peut-être aimé voir, maintenant qu'il y pense, car cela lui aurait donné raison, et il aurait pu trouver une raison pour le faire quitter ces lieux. Il s'en fiche bien, de risquer son poste. Si il ne lui permet pas de vivre comme il l'entend, alors il n'a aucune valeur.

« Je croyais que tu m'avais dit que tu ne reviendrais plus, la dernière fois.
- Ferme-la, Clive. »


Il sifflerait presque. La voix de son jumeau lui paraît presque moqueuse, et savoir si c'est vrai ou non est assez négligeable. Frustré, ses doigts empoignent durement le tissu de son haut, sur son avant-bras, qu'il en vient à serrer sans se retenir. Ça va laisser une marque. Peu importe. Cela n'aide pas non plus à calmer la sensation de colère bouillonnante dans ses veines, telle qu'il ne peut pas se retenir de serrer les dents. Il aimerait dire tellement de chose, mais rien ne vient. Rien de posé, du moins. La première chose qui s'échappe de sa bouche est un reproche à peine déguisé.

« T'es content ? »

Il veut le blesser. Le faire réagir, que cette coquille inerte et qui n'attend que d'être malmenée redevienne celui qu'il a été un jour, et que Faust a désespérément tenté de ramener. Il aimerait bien ne pas être comme ça. Ne pas être pétri de rancune et de frustration, et ne pas rejeter ses échecs en blâmant le choix de son jumeau. Mais le voir comme ça, dans ce foutu uniforme, le regard délavé, emprisonné et surveillé comme un chien dangereux, c'est insupportable. Il aurait été prêt à tout, pour le garder libre. Salir sa réputation, détruire sa vie : il aurait jeté tout cela par lui-même, si seulement il le lui avait permis. Alors il n'a plus que cette envie de lui mettre toute sa colère en plein visage, même si ça ne sert à rien. Cette frustration supplémentaire ne l'aide pas à se maîtriser.
Clive, lui, n'est pas dupe. Mais il n'essaie absolument pas de l'apaiser, et il lève les yeux au ciel, agacé, avant de prendre le ton le plus sarcastique possible.

« Ravi, Faust. Je compte même me faire une petite manucure entre deux permissions d'aller me doucher, si tu comptes tout savoir. »

Faust ne releva pas son trait d'humour au goût acide, sachant déjà que son reproche ne faisait pas sens, mais l'autre aurait pu lui dire quoi que ce soit qu'il n'aurait pas changé son avis, de toute manière. Il balaya sa réplique d'un trait, sans même y porter attention, par un regard venimeux et plein de non-dits.

« Tu n'as même pas tenté de plaider les circonstances atténuantes.
- Dans mon cas, cela aurait été relevé de l'indécence. »


Clive parle d'un ton léger, comme si c'était un simple argument dans une quelconque dissertation de philosophie d'un gamin prétentieux en terminale. Mais il est comme ça, inaccessible, caché dans son petit bloc de ciment, dans son schéma impeccablement réglé par les matons et la sonnerie journalière du réveil. Il ne sait pas pourquoi, mais Faust en a la nausée, et il claque de la langue d'un air méprisant, les sourcils froncés.

« Épargne-moi ton blabla d'humilité et de bon samaritain à la con, par pitié. Ton avocate a fait exactement ce que tu lui demandais, et tu aurais pu obtenir une peine plus légère.
- C'est bête, alors.
- On m'a éloigné. J'étais trop « proche », apparemment.
- Tant mieux. Tu as autre chose à faire, de toute façon, n'est-ce pas ? Avec la 'Milice', si j'ai bien compris. Tu m'excuseras, mais on a pas encore une réception wifi au top, par chez moi, alors les nouvelles sont un peu lentes. »


Les provocations de Clive lui passent par dessus la tête. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça, et le conseiller le connaît assez pour savoir que ce n'est une façon de se défendre comme une autre. Montre les crocs et se moquer pour paraître inébranlable, c'est une vieille tactique. Mais c'est une tactique de lâche, et il en a marre. Alors il ne lui fait pas le plaisir de tomber dans son jeu, et il plisse les yeux, une lueur courroucée au fond de ses iris. Le sourire narquois du plus jeune, malgré tout, ne le fait pas réagir.

« Quoi, ça t'intéresse ? »

Son ton est ironique, et il n'attend pas vraiment de répondre. Il croit même que l'ancien officier aurait le mérite d'être gêné, ou juste silencieux. Il n'en est rien, toutefois. Un gloussement désabusé et amer s'échappe de la gorge de Clive, devant le visage fatigué de son jumeau. Un rictus peint sur ses traits pâles, il baisse un peu les yeux, secouant la tête comme si il venait d'entendre une excellente plaisanterie.

« Non, juste... Toi qui joue au petit gardien de la paix, c'est quand même foutrement drôle. »

Ses gloussements se muèrent en un rire nerveux, et Faust resserra sa prise sur son bras, se terrant dans un mutisme dont son interlocuteur comprenait bien malgré lui le sens. Son expression, pourtant toujours illisible, traduisait aisément le fait qu'il désirait changer de sujet. Il ne fut toutefois pas le premier à reprendre la parole. Perdant son expression narquoise, Clive eut l'air plus sérieux soudainement, et même sa voix témoignait des pincettes qu'il prenait.

« Et Axel ? »

Immédiatement, Faust eut un rictus désabusé.

« Tiens, j'aurais presque cru que tu l'aurais oublié.
- Je t'interdis de dire ça ! »


Le ton était monté, d'un seul coup. Comme si il avait appuyé sur un poing sensible, le plus jeune des jumeaux s'était levé brusquement, les mains sur la table, le regard lançant des éclairs à son aîné. Celui-ci n'avait ni bougé, ni sursauté, et le considérait avec un mépris à peine caché. Plissant un peu les yeux, il leva les yeux au ciel et si sa voix était calme au début, elle grondait au fur et à mesure qu'il parlait.

« Tu me l'interdis ? Mais j'en ai rien à foutre, de ta permission ! Aux dernières nouvelles, c'est toi qui me l'a laissé dans les bras avant de te rendre pour jouer les putains de martyr à la con. »

Et il en gardait un vif souvenir, car il le voyait toutes les nuits. Le scénario se rejouait dans ses songes avec une telle précision que Faust s'était parfois demandé si il aurait pu le dessiner. Il aboyait presque comme un chien enragé. Avec une satisfaction malsaine qu'il n'aurait pas dû ressentir, il aperçut Clive serrer les mains, signe que l'accusation avait réussi à le toucher, d'une façon ou d'une autre. En bien ou en mal, il s'en fichait ; tant qu'il réagissait, il s'inquiétait assez peu des effets de ses paroles. Si le prisonnier ne se rassit pas tout de suite, sa poitrine montait et descendait à un rythme lent, signe qu'il tentait comme il le pouvait de se contrôler, alors même que son visage restait le même. Mais il finit par se poser rageusement sur sa chaise, jetant un regard mauvais au plus âgé. L'autre était plus occupé à fixer un point invisible dans l'air, cherchant à tout prix à éviter de voir son visage.

« Tu t'énerves.
- Oh, merci, j'avais pas remarqué.
- Tu as un souci à régler, et ce n'est pas en te défoulant sur moi que tu le régleras.
- Et quand t'arrêteras de te cacher derrière tes barreaux, tu m’appelleras. Parce que pour l'instant, hormis te déculpabiliser, tu ne fais rien d'autre.
- Et ce n'est pas à toi de décider de ce que je fais de ma vie, bon sang, Faust ! »


Une nouvelle fois, il avait haussé le ton, comme si il parlait à un enfant capricieux, mais c'était bien la sensation qu'il avait. Le reproche passa par une oreille et sortit par une autre, surtout quand le conseiller était persuadé d'être dans la vérité absolue. Mais il le voyait : tout cela ne menait à rien, comme d'habitude, en somme. C'était totalement inutile. Et ils continuaient pourtant de répéter le même schéma, cherchant peut-être quelque chose qu'ils ne trouvaient pas. Un rictus caustique aux lèvres, Faust se redressa.

« J'ai compris, je vais te foutre la paix. Pourris bien dans ta merde, et laisse ton môme seul, c'est tellement mieux. »

Il s'avança vers la sortie, exaspéré, en marmonnant le reste dans sa barbe inexistante. Il ne se retourna même pas pour finir ce qu'il voulait dire, attendant d'avoir ouvert la porte de la sortie avant de commencer.

« J'ai laissé les photos d'Axel aux gardes, ils te les passeront. Et t'auras de la meilleure bouffe, normalement.
- Je t'ai déjà dit de ne pas- ! »


Il fit claquer la porte sans la moindre honte. Le reste de la phrase de Clive mourut entre les murs, et ce fut terminé.

---

Il n'y a vraiment pas grand chose de plus pathétique que de se coller devant la télé en pleine nuit, à regarder des vieux documentaires inutiles à tendance conspirationnistes, où se succèdent parfois deux ou trois énergumènes parlant d'extraterrestres et de triangles, pour noyer ses pensées. Il n'est pas vraiment fan du colonel, en plus, d'habitude, en matière de glace. Mais ça passe, et il est tombé assez bas pour se dire que remplir sa panse de sucre et d'alcool est une excellente manière de digérer (ahaha) son retour de prison. Le regard fatigué, clairement assez peu aidé par l'obscurité de la pièce uniquement illuminée par l'écran de télévision, il fait à peine attention à ce qu'il voit. Ce n'est que lorsqu'il reconnaît la silhouette d'une enfant devant lui qu'il cligne des yeux et semble réagir.
Curieux, il ne pose pas de questions. Le regard inquisiteur et observateur de la fillette le détaille, et il ne sait pas si cela le met très à l'aise, à vrai dire. Il s'apprêtait à lui poser une question quand elle le devança.

« Tu vas pas bien ? »

C'était dit avec une telle franchise que l'adulte n'arriva pas à ne pas avoir l'air surpris. Il hésita durant un instant à mentir, car cela aurait été ce qu'il y avait de plus raisonnable, quelque part. Inquiéter des enfants avec des soucis d'adulte, surtout sur des sujets aussi lourds, ce n'est pas la chose la plus intelligente à faire, peu importe la maturité supposée dudit enfant. Et il aurait pu mettre un terme à cette conversation, en plus, étant donné qu'elle le gênait plus qu'il ne l'appréciait. Néanmoins, il n'en eut pas la force, et, se contentant d'un rictus mi-amer, mi-triste, il hocha négativement de la tête.

« Non, pas vraiment, Morgane. »

C'était peu dire. La gamine ouvra la bouche dans un 'oh', avant d'aller s’asseoir sagement à côté du trentenaire, les jambes battant l'air avec une régularité étonnante. Comme d'ordinaire, elle s'écarterait un peu, ou du moins c'était ce qu'il imaginait. Mais contrairement à ce qu'il pensait, la petite fille se mit à quelques centimètres de distance, comme si elle était parfaitement à l'aise. Puis elle reprit la parole d'une voix calme, un peu comme si elle parlait à l'un de ses camarades d'école.

« Ah. Moi je fais des puzzles quand je vais pas bien. Ou je lis des bédés rigolotes. »

Faust gloussa un peu amèrement, se retenant de commenter que cela ne marcherait pas dans son cas, mais c'était l'intention qui comptait, après tout. Il se força à sourire pour lui signifier qu'il appréciait initiative, mais il fut coupé lorsqu'elle se mit subitement à fouiller dans sa poche. Elle en sortit un bout de papier plié et abîmé, sur lequel traînait encore une ou deux tâches de confiture de framboise. Elle l'ouvrit ensuite de manière très consciencieuse,et Faust fut étonné de ne pas le voir se déchirer sous l'assaut de ses doigts. Puis, quand elle eut fini son ouvrage, elle lui mit devant les yeux la feuille blanche, l'air fière.
Dessus, au delà du petit soleil à gauche, du toit jaune de la maison et du fait que Dahlia avait l'air d'avoir subi une très douloureuse lobotomie, et de l'attention particulière porté aux pics de ses cheveux, se trouvait un dessin d'enfant. Même Alice avait eu le droit à son quart d'heure de gloire, avec son corps rouge, ses yeux rouges, et ses cheveux verts (sauf que non, toujours rouges). Bien qu'il avait compris l'intention, il ne sut pas quoi dire sur le moment et il ravala sa salive, un peu ému, tandis que Morgane croyait bon de préciser l'objectif.

« Pour toi. C'est moi, Alice, et toi. 
- C'est très joli. Merci. »


Bordel, j'vais pas me mettre à pleurer pour ça, quand même. C'est pathétique.
Heureusement pour lui, il n'était pas (encore) tombé là. Mais son début de sourire attendri en trahissait bien trop sur le fait qu'il était vraiment une loque trop sensible, malgré tout ce qui avait pu se passer. C'était rassurant, en quelque sorte. Morgane reprit la parole d'un ton impérieux, l'air un peu vexée.

« Ah non, c'est moche. Mais c'est pas grave, nous aussi on est un peu moche. »

Faust gloussa, choqué sur le coup, mais pas pour autant moins amusé. Entre deux éclats de rire, il passa un bras autour de la plus jeune pour la câliner doucement, en s'assurant qu'elle puisse partir si jamais elle le désirait. L'air plus niais, ayant partiellement oublié ce avec quoi il se torturait avant, il essaya tout de même d'avoir l'air un peur raisonnable. Ce qui, entre nous, est une vaste blague.

« Tu devrais être au lit, à cette heure-ci. »

Ce n'était pas vraiment un reproche, mais l'intention était là. Morgane ne parut pas saisir le sous-entendu dans son propos, c'est-à-dire l'obligation, puisque qu'elle posa sa tête sur ses cuisses, s'installant comme si il était un oreiller. L'air décidée à obtenir ce qu'elle voulait, elle posa sa tête sur ses bras et ferma les yeux, décidée.

« Alice venait avec moi comme ça quand j'étais triste, alors je vais rester jusqu'à que t'ailles mieux. »

Aussi faible que ce soit, Faust ne chercha pas à la contredire. Il passa doucement une main dans ses cheveux, expira profondément, et se dit que, tout de même, il avait encore un peu de chance.

---

« Allez, calmez-vous. Vous allez voir, vous n'allez pas mourir. C'est juste une interpellation, rien de bien folichon. Et au pire, si il est coopératif, on le laisse partir.
- V-vous êtes sûrs ? Je veux dire, enfin... !
- Détendez-vous un peu. Vous êtes milicien, ou pas ? Si on vous a pris, c'est bien que vous n'êtes pas totalement incompétent ! »


Les genoux du garçon en face de lui tremblent toujours comme si ils voulaient chanter « joyeux noël », mais au moins, il a arrêté de regarder le suspect avec ce même regard épouvanté. Ce n'est pas grand chose, pourtant. Mais ce n'est pas le premier nouveau qui a cette réaction, à vrai dire, et il s'en amuse, maintenant. Il n'a pas l'air bien vieux, à vrai dire, et ce n'est pas le seul ; si Faust est rassuré de voir que la génération suivante s'inquiète du futur d'Enola, il a un peu de mal à se voir figure d'autorité auprès de ces gens. Il sourit un peu, se donne l'air bienveillant, et tapote avec une fermeté chaleureuse l'épaule de celui qui doit tout juste être sorti de l'adolescence. Son sourire est un peu gauche, pourtant. Il dure quelques secondes de trop. Le ton est trop appuyé. Mais ça marche, et on y croit : c'est le principal.
Le Donovan le laissa se diriger vers l'individu patibulaire qui l'effrayait tant, et qu'il allait devoir interpeller pour une sombre histoire de poubelle brûlée. Rien de bien grave, ensemble, et même si c'était parfois ennuyeux, Faust n'allait pas se plaindre. Franchement, après ces dernières années, il était même carrément prêt à rédiger les rapports lui-même. Voir à faire des contraventions pour les petites vieilles infoutues de ramasser les crottes de leurs roquets agressifs, tiens... Quoique, non. Faut pas déconner, quand même, c'est dangereux, ces trucs. Et pourtant, alors qu'il jetait des regards appréciateurs sur les rues bien plus calmes de Zazambes, enfin, aussi calmes qu'elles pouvaient l'être à Zazambes, il devait avouer que c'était bien tout ce qui restait. Excepté quelques soucis, parce que évidemment, on ne sort pas d'une guerre civile en cinq secondes, et certainement pas en faisant des crêpes.

« M'sieur Méphisto ? On a un gros cambriolage à Nuva Eja...
- Compris, compris. »

Il cacha son envie de soupirer en sifflotant tranquillement un refrain quelconque, et son subordonné gloussa, prenant sûrement cela pour une preuve de son calme. Tant mieux, si cela continuait de marcher. Tant que l'image tenait, après tout...

---

« Faust. »

La voix de Natsume lui parvint aux oreilles comme un coup dans ses tympans, et il baisse un peu le regard. Crispé, il ravale sa salive. Des pleurs d'enfant continuaient de sortir du petit interphone bleu, et pourtant, ses jambes étaient toujours immobilisées sur le canapé. Les épaules serrées, le regard rougi, il continuait de trembler des jambes. Voyant qu'il ne réagissait pas, le jeune adulte raffermit sa voix, exaspéré.

« Faust, bon sang ! »

Inutile, toutefois. Le plus jeune claque des talons et quitta la pièce, tandis que Faust expirait difficilement, incapable de bouger. Il aurait dû, pourtant. Clive le lui avait confié. Mais il n'était plus là, et à la place, il y avait ce gamin, avec ses grands yeux bruns, qui lui ressemblait bien trop. Gamin qui se trouvait maintenant dans les bras de Natsume, qui s'attelait à coller un biberon dans sa bouche, certes maladroitement, mais tout de même. Axel ne le regardait pas, mais au vu de ses reniflements fréquents, il était évident qu'il était encore perdu dans les limbes de son cauchemar.
Ce n'était pas la première fois. Ou du moins, le Shimomura le comprit en voyant Faust détourner le regard, honteux comme un enfant qui se serait fait prendre en train de faire une idiotie. Le salon était plongé dans le silence, au delà des quelques hoquets qui s'échappaient de temps à autre de la bouche d'Axel. L'homme supposé être conseiller, supposé veiller sur toute une région de l'île, d'assurer la protection de milliers de gens, bien qu'il ne soit qu'un rouage remplaçable comme tant d'autres, n'arrive pas à fixer un enfant. Du haut de ses quatre ans, il lui ressemble bien trop. Ce n'est pas une excuse, pourtant, et il le sait. C'est peut-être pour ça qu'il prend la parole avec hésitation, butant presque sur les mots.

« Tu... As l'air de t'en sortir.
- Je n'avais pas le choix. J'allais quand même pas le laisser mariner dans sa pisse. »


Le ton sec de l'autre ne le surprend nullement. Il a raison, de toute manière, mais malgré ça, l'aîné n'arrive pas à bouger de sa position. Il est comme prostré. Il regarde ailleurs.

« Arrête de te morfondre et bouge-toi. Le gamin n'est pas responsable de vos problèmes. »

Je sais.
Il ferme les yeux et pose sa tête un peu profondément entre ses propres bras, ravalant un reniflement. Le cadet pesta, et s'assit brusquement sur l'une des chaises, laissant le petit terminer de boire, sans prononcer un mot. Il n'y avait pas grand chose à dire, de toute façon.

---

« Tout va bien ? »

Natsume le fixe d'un air circonspect alors qu'il termine de faire la valise. L'air concentré, Faust n'a pas dit grand chose depuis tout à l'heure, et termine de plier soigneusement les vêtements qui se trouvent dans l'armoire. Le plus vieux semble perdu dans ses pensées, mais rien dans son expression n'indique quoi que ce soit sur son véritable état d'esprit. Il ferma une dernière fois la malle, la passa au cadet, et s'étira paresseusement, comme si de rien n'était, tel un félin fatigué. Il n'a pas envie de réfléchir, vraiment. Il n'a plus envie de le faire, à force : c'est fatiguant, et surtout, ça serre bien trop sa poitrine.
En haussant les épaules, il choisit de prétendre qu'il n'était pas dérangé, et que tout était parfaitement normal. Si il le répétait assez, ça finirait peut-être par lui rentrer dans la tête.

« Ouais. Nan, c'est probablement mieux. Et puis, si c'est lui qui veut, hein... »

Natsume ne répondit pas tout de suite. Faust se maudit, remarquant que le regret s'entendait dans sa voix si l'on tendait l'oreille. Pas comme si il pouvait en vouloir à quiconque hormis lui-même. Tant mieux, si Axel avait trouvé quelqu'un en qui faire confiance. Ses sentiments personnels pouvaient attendre. Son échec était plus grave qu'un ego blessé, ou même l'impression dérangeante d'avoir failli à la tâche, bien plus qu'il n'avait pu l'imaginer.

« Faust...
- Pas maintenant. »


Il ne veut pas l'entendre. C'est trop tôt pour lui, trop tôt pour pouvoir accepter le fait de s'être montré aussi indigne. Car ce n'était pas juste une fois. Et ça n'aurait pas été moins, si les choses avaient continué, il le sait. Mais il a honte de laisser sur quelqu'un d'aussi jeune un fardeau pareil, encore plus quand il sait que l'autre n'est pas forcément plus à l'aise que lui. Cette honte, pourtant, ne doit pas s'exprimer. Elle serait indécente, dans un tel contexte : pas besoin de larmoiements inutiles.
L'éleveur saisit ce qui lui est tendu en silence, jaugeant silencieusement les traits du visage, l'expression de son visage mué dans un sérieux muet. Faust s'essaie à un sourire, et montre ses dents, comme si cela suffisait.

« Si tu as besoin de quoi que ce soit...
- Non, c'est bon. Je m'en sors.
- Laisse-moi payer pour la chambre. J'ai pas vraiment envie que tu dormes sur le canapé. »

Une offre formulée différemment aurait été refusée, mais ce n'était pas pour rien qu'il l'avait préparé à l'avance. L'autre hésita, et le conseiller parvint à le voir en remarquant que sa main s'était un peu serrée autour de la poignée de la valise, mais il ne répondit pas. Comprenant que c'était un accord lorsque Natsume poussa un soupir vaincu, il reprit un ton joyeux.

« Allez, dépêche-toi. Il a une sieste à faire, que je sache, non ? »

Le cadet ne se laissa pas endormir par son manège, mais il hocha de la tête, et Faust s'en contenterait.

---

« Voilààààà. Qui veut mettre les bougies ? »

C'est peut-être un peu « trop », effectivement. On ne traite pas l'anniversaire d'une adolescente de la même façon que celui d'une enfant, mais il a encore un peu de mal à l'enregistrer dans son cerveau. Et oui, d'accord, les petites bougies colorées faisant des étincelles sur le gros gâteau au chocolat, c'est sympa, mais c'est peut-être un tantinet trop. La concernée, d'ailleurs, poussa un gros soupir, une lueur exaspérée dans ses yeux. Il était possible, malgré cela, de remarquer que ses lèvres s'arquaient légèrement sous le coup de l'amusement. A côté d'elle, une petit fille aux cheveux bleus continuait de regarder la pâtisserie avec émerveillement, comme si elle avait en face d'elle la réponse à toutes les questions de la vie. En même temps, même le jardin avait été décoré, bien que cela lui avait pris trop de temps cette nuit pour qu'il puisse le dire sans que ce soit gênant (et accrocher des guirlandes de nuit, c'est pas aisé, croyez-le).

« Papa, sérieux...
- Pas de mais ! C'est important. Morgane ? »


D'accord, il abusait un peu. Mais bon, pourrait-on lui en vouloir ? Ce n'était pas comme si il avait vraiment vu le temps passer, et il avait toujours un peu de mal à se dire que la jeune fille en face de lui était l'enfant qu'il avait récupéré à Baguin il y a presque sept ans. Il se disait qu'au pire, si l'enthousiasme de la plus grande était éteint, alors il aurait sûrement plus de chance avec la seconde. Clignant des yeux, Morgane répondit assez vite à ses espoirs.

« Moi je veux pas. »

Ou pas. Désarçonné, le Donovan se retint d'afficher une moue boudeuse face aux gloussements à peine retenus d'Alice. Simulant une expression vexée qui était suffisamment ridicule pour que même la cadette y croit, cette dernière ayant toujours du mal à saisir son ironie, il prit un ton hautain en croisant les bras.

« Ah. Euh. D'accord. Bon, pas grave ; moi, j'ai envie ! »

Il s'apprêtait à poser l'allummete sur une des bougies, mais avant même qu'il n'ait le temps de le faire, une petite chose ronde et verte vint s'écraser sur la pâtisserie, l'étalant de tout son long sur la table et l'impeccable nappe blanche qui la recouvrait. Médusée, Morgane ouvrit la bouche sur le choc tandis qu'Alice, à peine étonnée, marmonna quelque chose comme un 'j'en étais sûre'. Surpris, Faust écarquilla les yeux alors qu'il reconnaissait le responsable de ce carnage.

« Ah non ! Pampa, vilain garçon ! Vilain ! »

Le Cacnéa, paniqué, poussa un petit cri aigu et sauta rapidement de la table, non sans avoir embarqué avec lui une grosse part de gâteau pour la fourrer dans sa bouche, quitte à s'étouffer par la même occasion. Si le conseiller se prit les pieds dans la nappe (c'était plus ou moins prévisible), cela n'empêcha pas de courir le plus rapidement possible pour essayer de rattraper ce maudit cactus. Ce dernier s'approchait de plus en plus du salon, et une vive lumière blanche se mit à l'entourer quand, grâce à l'énergie du désespoir, il se mit à évoluer en Cacturne pour tenter d'échapper à son dresseur. Agacé, Faust s'apprêtait à lui sauter dessus, oubliant temporairement qu'agir ainsi lui vaudrait d'être recouvert d'épines même à des endroits qui ne devraient surtout pas être couverts d'épines. Néanmoins, le son d'une voix familière lui parvint aux oreilles, et il fronça les sourcils.
Il avait déjà entendu ça. Il était là, de toute façon. À cette fichue soirée, qui l'endormait comme toutes les autres l'avaient fait auparavant. Oubliant temporairement ce qui l'avait mené ici, son regard se perdit sur les traits du visage d'Olga Wallace alors qu'elle terminait ce qui, en toute honnêteté, ne pouvait pas être nommé autrement que par 'attaque diplomatique'. Le regard sérieux, l'expression immobile, il ne peut pas s'empêcher de soupirer. Bordel. La voix d'Alice le tira toutefois de sa rêverie.

« Papa ? Tu fais quoi ?
- J'arrive ! »


Il avait bien fait attention à ce que sa voix ne laisse rien transparaître. Alors qu'il retournait vers le jardin, il saisit la télécommande, appuya sur un bouton, et l'écran passa au noir. Certaines choses n'étaient, pour l'instant, pas prioritaires. La Compétition ne tarderait pas à reprendre sa route, et pour être honnête, elle n'était pas la seule qui allait devoir s'habituer à un tout autre rythme de vie. Un qu'il ne pouvait pas s'empêcher, malgré lui, de considérer avec méfiance. Il y avait trop de choses, encore, qu'il fallait régler. Mais ce serait pour une autre fois.
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Elite
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Lun 13 Nov 2017 - 16:39
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Victini
Rebienvenue à toi notre hérisson préféré (a) Hâte de lire la synthèse de ton histoire et ce que Faust devient depuis! Il sera toujours le pote de ma Mercy hein? :muhu:
Victini
Victini
Staff
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Lun 13 Nov 2017 - 17:06
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Solène E. Ikeda
Bah je vais me répéter un peu avec celle de Mercy, mais bienvenue chez toi hein (a)
& bon courage pour ta fiche x')
Solène E. Ikeda
Solène E. Ikeda
Eleveuse
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Mar 14 Nov 2017 - 11:34
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Reshiram
Ma toute première fiche sur Enola yaaaay :la:

Eh bien eh bien, elle t'aura donné bien du mal, cette fiche, mais ça valait le coût de faire tous ces efforts (a)

Pour l'avoir lu, relu et rerelu je peux dire qu'elle est bien conforme, je te fais confiance pour la suite ^^

Sur ce, tu es bien évidemment (enfin) validée en bonne et due forme °W°
Tu connais les détails hein, je te laisserai faire ton sac (si tu veux) et je vais m'occuper des réservations pour ma part ° 3°

Hâte de te voir en RP o/
Reshiram
Reshiram
Staff
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Lun 20 Nov 2017 - 18:41
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