Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

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Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

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Tourner en bourrique [OS]
Alice C. Donovan


Tourner en bourrique
"Et on fait tourner les petons"
« Noon, pas comme ça ! Plus, genre, hm... Comme ça, tu vois ! »

Joe n'a pas l'air particulièrement convaincu. Le Débugant chromatique m'offre un regard circonspect, les yeux plissés, la pose toujours statique alors qu'il attend mon signal pour taper dans le sac de frappe. Papa m'a permis d'utiliser son terrain d'entraînement, mais j'ai l'impression que l'on stagne un peu, en fait. Depuis que Joe a rejoint l'équipe, je me suis mis en tête de l'entraîner, puisque c'était ce qu'il désirait et que je voulais tenir parole. C'était même l'un des premiers que je voulais voir progresser, puisque c'est de loin le plus motivé par cette perspective, en dehors de Prompto qui s'en sort plutôt bien, en soi. Il est très jeune, mais il n'y en a pas un seul de plus déterminé. En un sens, j'aime me comparer à lui de temps à autre, mais j'ai conscience que ce n'est que me brosser l'épaule dans le sens du poil : je n'ai ni sa discipline, ni sa régularité. Alors quand on me dit que je m'en sors bien, je ris un peu jaune car je sais que j'en suis très, très loin. J'ai juste eu la chance d'avoir plus d'opportunités d'apprendre et de m'entraîner que les autres. Je l'admire beaucoup, Joe, alors je veux l'aider, mais j'ai surtout l'impression de le ralentir. Faut dire que je ne m'y connais pas trop, en pokémon combat, et ça se voit.

« Genre là, quand tu attaque, ça sera bien si tu donnais un élan sur ton pied droit car, euh, c'est important, le pied droit, 'fin, logique. »

Le Débugant fixe mes gesticulations avec un air franchement agacé, pas du tout convaincu par mes actions. Ce n'est... Ce n'est pas clair du tout, ouais. J'ai beau re-regarder en boucle les vieilles cassettes et dvd de combat qui se trouvent dans la bibliothèque, il y a une large différence entre ça et la pratique qui n'a pas l'air si resplendissante que ça. Je m'en rends compte moi-même, et c'est en outre pour ça que je pousse un soupir exaspéré, fait retomber mes bras, et lâche l'affaire.

« Désolé, Joe. Tu peux reprendre seul, si tu veux. »

Pendant une seconde, je crois remarquer dans ses yeux une lueur d'hésitation. Ce n'est pourtant sûrement que mon imagination, car il finit par hocher de la tête et retourner à son entraînement – le vrai, celui qui va lui faire s'améliorer – alors que je prends mon sac, et, dépité, retourne dans la cuisine pour aller me servir quelque chose de sucré qui, je l'espère saura, me faire oublier mon échec cuisant.



Ma glace a un sale goût. Et pourtant, j'adore celle au chocolat, d'ordinaire. Papa a même cessé d'essayer d'y toucher car il sait que je les ai terminé avant même qu'il m'ait annoncé en avoir acheté de nouvelles. C'est juste que depuis tout à l'heure, je rumine sur le comptoir du bar du salon, en jetant des coups d’œil à l'entraînement de mon Débugant, qui n'a pas arrêté depuis tout à l'heure. Je ne peux empêcher l'envie de me monter à la tête, et c'est sans doute cela qui rend cette dégustation moins sympathique qu'elle ne devrait l'être : je mange davantage pour compenser mon stress que pour vraiment profiter, ce qui m'arrive malheureusement un peu trop depuis que j'ai commencé à m'entraîner pour la compétition. Je dois avoir l'air ridicule, là, à faire ma petite gamine frustrée qui ne supporte pas d'échouer et préfère se cacher dans la cuisine. En soupirant, je me dis qu'au moins, papa ne m'a pas v-

« Coucou, ma grande ! »

Bien évidemment, il fallait qu'il arrive à ce moment. Je relève un peu la tête pour le saluer, et remarque qu'il vient tout juste de rentrer de service : il est encore en tenue, à vrai dire. J'ignore comme je le peux le fait que cela me met assez mal à l'aise, et reprend une grande cuillerée de glace au chocolat pour me détendre. Je parle presque la bouche pleine, et même si c'est un peu impoli, je sais que ça n'a jamais été une règle particulièrement suivie dans cette maisonnée.

« 'lut. »

Mon air maussade doit parler pour moi, je crois, car tout de suite, le grand sourire qu'il m'offrait s'est affaissé un tout petit peu. Si ses traits ne montrent rien d'une éventuelle inquiétude, je sais reconnaître la neutralité sur son visage comme signe du fait qu'il n'est pas dupe, et en vrai, je n'ai pas tellement envie de faire semblant non plus. Pendant qu'il dépose son gilet et retire son masque, je racle sans grande ambition de me nourrir le fond de mon pot, sans avoir néanmoins l'énergie d'en vouloir à ce petit paquet de ne plus donner d'anesthésiant à mon cerveau.

« Un souci ? »

Question rhétorique, évidemment, il ne fait que me demander si je souhaite en parler et si sur le moment j'hésite beaucoup à répondre oui, ma bouche s'ouvre sans produire un son. Il s'installe à mes côtés et tire très légèrement le tabouret pour se placer, me laissant le temps de pondérer à mon choix de mots, car je crois que j'ai déjà décidé de parler, même sans me l'être avoué.

« J'suis nulle en entraînement. J'arrive pas du tout à aider Joe, et ça s'voit. »

Je dois avoir l'air d'une belle idiote, là. Moi qui désirait, et le désire encore d'ailleurs, montrer à mon père mes progrès en me débrouillant seule dans la compétition, voilà que je viens me cacher dans ses jupes dès lors que je suis mise face à la première des difficultés. Il cligne des yeux, ne s'étant sûrement pas attendu à ça, et ne me répond pas tout de suite. Pendant qu'il regarde par la fenêtre pour observer le Débugant chromatique, de mon côté, je sens l'angoisse me monter à la gorge. Sans doute qu'il doit trouver tout ça bien ridicule, et je ne lui reprocherai pas de me penser dramatique, car il n'y a pas à protester le fait que je le sois. Je me demande, peut-être avec un certain désabus, si je peux vraiment le faire, des fois. Quand je vois des gens comme papa, tonton ou même d'autres élites dont j'admire la force, je me dis que ce serait comme tenter de gravir une montagne alors que j'ai le vertige en me balançant sur un cheval à bascule. D'autres adolescents de mon âge ont bien plus de talent, car j'attribue faussement l'expérience à une sorte de capacité innée par complète immaturité, et même, des fois, je me dis que Blyns progresse plus que moi. C'est stupide, mais mon complexe d'infériorité me brouille l'esprit. J'en viens à me dire je ferais bien de tout lâcher et peut-être m'intéresser un peu plus à mes cours, mais même là... Bah, j'ai rien de bien particulier pour moi, en fait. Ni de talent exceptionnel, ni de notes brillantes, ni d'énormes capacités sociales. C'est peut-être le cas de tout le monde, me direz-vous, mais pour moi, ça compte. J'aimerais bien... J'aimerais bien avoir la preuve que je peux faire quelque chose sans personne, en vrai. Sans papa, sans Natsu, sans Lulu. Et c'est... C'est peut-être mal, de ma part, d'utiliser le progrès de mes pokémon ainsi, quand j'y pense. Rendue confuse par mes propres pensées noires, j'en oublierais presque Papa, mais ce dernier reprend la parole alors que je ne m'y attendais plus.

« Ça, c'est parce que tu n'as pas le niveau de Joe. Pas encore, du moins. »

Il parle calmement, sans volonté aucune de me blesser, mais je me tends quand même d'un seul coup. Ma gorge se serre et je baisse les yeux. Je crois, car j'interprète ses propos comme une attaque alors qu'il n'a jamais ainsi, qu'il me dit que je suis mauvaise. Qu'il confirme les doutes et les craintes que j'abrite en moi depuis toujours, en étant sincère. Sa voix est toutefois plutôt douce, et si il me fixe, c'est sans jugement, sans reproche dans les yeux, avec un calme qui me perturbe malgré tout car je n'ai pas l'habitude de l'observer sur son visage.

« Tu pars du principe qu'en tant que dresseuse, c'est lui qui doit apprendre de toi, et pas le contraire. Mais c'est faux. Ce doit être réciproque. Il sait des choses que tu ne sais pas, ça n'a rien de dramatique. »

Je... J'admettrais que ce dernier point m'a toujours fait complexer. J'ai du mal à avouer des fois, que je suis encore une gamine ignorante de beaucoup de choses, et que souvent, j'improvise plus ou moins sur toute la ligne quand il s'agit de, eh bien... Tout, en fait. Je ne maîtrise rien, en vrai, je me contente de faire comme si. Si cela trompe mes camarades de classe, je sais pertinemment ce qu'il en est, et je nie très souvent la réalité. Alors oui, je compense. Je me dis que mon rôle de dresseuse me donne peut-être un rôle de mentor, un rôle d'aîné que je n'ai jamais eu autrement, et qui me sert à me dire que je ne suis pas complètement incompétente. C'est un comportement... Orgueilleux, en réalité. Hautain peut-être même, et arrogant. Un comportement puéril, qui, ainsi mis en relief par Papa, je ne peux continuer à ignorer. Gênée d'être aussi facile à lire alors que je ne devrais pas être surprise qu'il me connaisse, je ne réponds rien, mais le laisse malgré tout parler. Je ne sais pas pourquoi je désire à la fois qu'il se taise et qu'il m'aide. Tout ça est très contradictoire, très confus, et j'en viens à douter de ma propre perception de moi-même. Ai-je tant besoin qu'il me guide... ?

« Ce n'est pas grave, d'être à la traîne par rapport à tes pokémon. C'est comme avec les gens, il y en a qui vont te dépasser, et qui te feront te sentir idiotes car ils sont parvenus à une étape que tu n'as pas encore parfaitement saisi. »

Il hausse les épaules, et je vois le bout de ses lèvres se tirer en un sourire avenant, mais je crois qu'il ne sait pas non plus comment se comporter. C'est toujours un peu maladroit, ce genre de discussions, entre nous. Je ne sais pas quand exactement est-ce que j'ai cessé de boire ses paroles, ou quand il a commencé à prendre moins de pincettes pour parler de sujets complexes, mais plus le temps passe, et plus une distingue une différence nette entre maintenant et entre il y a quelques années. C'est sûrement normal, en réalité, je suppose que c'est concordant au fait que je grandisse, mais... C'est compliqué à appréhender. Et je crois que ce n'est pas juste le cas pour moi, en fait.
Mais il a raison, en soi. La comparaison me fait repenser à ce combat avorté avec Blyns, ou aux complexes que je peux avoir quand je vois les notes que peut obtenir Dany sans même réviser. Je suis... Je suis stupide de me comparer, n'est-ce pas ? Les propos suivant de Papa viennent entériner mes pensées.

« En revanche, tu ne peux pas abandonner dès lors que tu vas contre un obstacle. Si tu es à la traîne, tu peux choisir d'abandonner, mais ce n'est certainement pas comme ça que tu vas aider ton partenaire à se sentir soutenu et supporté. »

Je serre un peu les poings. Non, je ne voulais pas abandonner, j'étais juste, juste... J'sais pas. Peut-être que j'ai un peu abandonné, oui. Mon regard se relève pour se porter au travers de la fenêtre, d'où je peux voir Joe continuer à s'entraîner et je me dis d'un coup que je l'ai peut-être laissé seul. Sans que je ne le remarque, trop concentrée sur la figure du Débugant dehors, le regard de Papa sur moi s'est fait bienveillant. Je ne me retourne pas, mais il continue de parler.

« C'est comme ça que l'on construit une relation et une entente. Pas avec des réussites parfaites en permanence, mais avec des échecs, et des tentatives de compréhensions saines. Quiconque te disant le contraire est un menteur. »

C'est vrai que... Des fois, les gens disent à l'école que ce n'est pas normal d'être « contre » les autres. De ne pas saisir ce qu'ils veulent. Que pour certains, les mésententes sont des preuves flagrantes qu'il est impossible de parvenir à une quelconque amitié ou relation de confiance. Je ne dis pas que je le croyais, mais... Mais c'est dur d'aller contre beaucoup de monde, au collège. Par facilité, j'ai tendance à laisser passer, des fois, alors même qu'il m'arrive à reprocher à Lulu de trop vouloir plaire aux autres ; cette hypocrisie me fait honte à chaque fois que je la remarque. Lorsque je m'apprête à parler, toutefois, Papa pose sa main sur mon épaule avec douceur.

« Mais je comprends que tu veuilles faire les choses à la façon, alors je ne vais pas te dire ce que tu dois faire. Je ne te jugerais pas pour ce que tu décides, c'est promis. »

J'sais plus trop quoi dire. Je n'aime quand il en fait des caisses, et il vient de le faire, mais en même temps... Je mentirais si je disais qu'entendre tout ça ne me rassure pas. Que je ne me sens pas moins stupide, moins puérile, et que j'ai l'impression de voir un peu plus clair. Que, au fond, j'ai plus besoin de l'écouter que je n'aimerais l'avouer. J'hésite sur la marche à suivre. Mes doigts tapotent nerveusement mon genou. Papa, lui, jette des coups d’œil insistant au reste de mon pot de glace, contenant encore quelques restes de substance liquide glacée. Le sérieux de son visage disparaît peu à peu, et il m'offre un sourire un peu forcé ; je sais déjà ce qu'il va dire, et glousse discrètement.

« … Hé, tu veux bien me laisser un peu d'ta glace ? J'ai faim, ma puce. »
- Hm-hm. »



« Donc, hm, euh... »

Oh que c'est gênant. Je triture le bas de mon haut, mal à l'aise, et hésite plusieurs fois sur les mots à employer. C'est tout simple, pourtant, mais ça ne sort pas. Joe me fixe d'un air confus depuis que je suis revenue, mais malgré qu'il ait les oreilles grandes ouvertes, je constate à quel point je suis toujours une galérienne. J'ai un peu honte, et mes joues sont rouges, mais en repensant à ce que j'ai entendu tout à l'heure, j'expire un grand coup et me force à dire ce que j'ai en tête.

« Tu voudrais bien m'expliquer comment tu fais ton attaque Bluff ? J'ai pas bien compris. »

Le Débugant cligne des yeux, surpris de ma demande. Si je m'attendais à ce qu'il se moque ou lève les yeux au ciel, il me prend par surprise en hochant légèrement de la tête. Sans me demander la moindre explication et sans me prendre pour une idiote écervelée, il s'exécute avec une prestance et une maîtrise que je n'avais jamais vraiment remarqué avant. Aussi stupide que ce soit, j'étais trop concentrée sur moi-même et sur ma propre incompétence que sur lui : j'en oubliais le principal. Si le gros bruit provoqué par son attaque me fait sursauter et me crisper temporairement sous ses yeux inquiets, je le rassure avec un grand sourire, en tapant des mains.

« Wow, c'était super, Joe ! Encore, allez, j'veux bien saisir comment tu fais ! »

J'aurais dû commencer par là depuis le début, mais ce n'est pas le moment de se complaire dans les plaintes. Mes yeux sont uniquement concentrés sur le pokémon en face de moi, dont je vois les joues grises rougir au fur et à mesure que je l'inonde de compliments. J'avoue que je ne l'ai jamais vu comme ça, et que je trouve ça plutôt cocasse. Drah, qu'est-ce que j'aurais dû faire ça avant... Le Débugant exécute une nouvelle attaque, mais je crois que cette dernière n'est pas la même. Je plisse les yeux : de souvenir, il n'en connaissait que quatre, alors... Je suis toutefois prise de court lorsqu'une vive lumière se met à entourer le pokémon chromatique. Ce dernier s'est mis à tourner de plus en plus vite, jusqu'à ce que, sous mes yeux grand ouverts, un Kapoera en pleine forme n'abatte ses pieds sur le sol, à trois reprises. Oh bord-, je veux dire, mince ! C'est Triple Pied, ça ! Oh et il est tellement, bon sang, je...

« … Mais t'es super beau, oh, purée ! La vaaaaache ! »

Je crie comme une imbécile surexcitée, n'ayant aucune honte. Je saute ensuite au cou de mon Kapoera, qui, même si il bougonne un peu, se laisse faire, apparemment friand de mes compliments et de mon attention. Il n'attendait que ça, je crois.

« Tu vas être encore plus balèze, c'est génial ! Allez, allez, tu m'montres ta nouvelle attaque encore une fois, steuplait ? »

Joe hoche de la tête, et moi, j'avoue que je meure d'impatience.
30 AVRIL 2023Évolution de Joe
Alice C. Donovan
Alice C. Donovan
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Dim 22 Avr 2018 - 22:28
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