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I want you for anarchist army [PV Livie]
Emilly Carter
Quand le chat s'en va, les souris dansent Livie & Emi

[Manoir Carter, 22 janvier 2023]

Un rayon de lumière perça la défense, pourtant foutrement efficace, des épais rideaux de sa chambre pour se faufiler jusqu’à son visage ce qui la réveilla dans un grognement. C’était un phénomène qu’elle ne s’expliquait pas mais depuis sa plus tendre enfance, jamais Emi n’avait pu supporter la lumière. La moindre lueur la réveillait et une fois qu’elle avait assimilé le fait que le jour c’était levé, son corps se remettait immédiatement en marche et il lui était alors impossible d’espérer une grasse matinée. La Ranger fronça les sourcils et dans un nouveau grognement elle se retourna pour enfouir son visage sous sa couette bien trop épaisse mais qu’elle refusait de quitter peu importe la température. C’est que la demoiselle était du genre plutôt frileux et qu’elle aimait particulièrement cette sensation de cocon que lui procurait son lit, spécialement quand elle s’enroulait dans sa couette pour finir tel une larve attendant la fin de sa transformation. Cependant, le mal était déjà fait et malgré tout l’attachement qu’elle avait pour son matelas et son contenu elle ne put qu’accepter la dure réalité : La nuit était terminée.

Dans un soupir, la jeune-femme se redressa. Rester au lit et prétendre qu’elle dormait encore était une option tentante mais connaissant sa mère, Camille ne resterait pas longtemps les bras croisés avant d’envoyer quelqu’un la sortir de son lit. Emi avait la désagréable habitude de considérer sa chambre comme étant sa grotte et de devenir, de ce fait, assez vite irritable quand on y mettait un pied contre son avis. La Ranger détestait tellement l’idée qu’on pénètre dans son antre qu’elle s’employait à faire elle-même son ménage. Les employés de maison avaient rapidement pris l’habitude de lui laisser un double des clés de la buanderie et un libre accès au matériel de nettoyage. Dans cette maison, hormis Isaac et Camille, tout le monde était très heureux de ce statut quo.

*Toc toc*

- « Mademoiselle ? Vous êtes réveillée ? »

Eh bah, en effet, ça n’avait pas tardé. Emi émit un bref bâillement avant de se traîner hors de son lit.

- « Oui, oui. Vous pouvez entrer. J’suis debout. »

De la porte, apparut une jeune-femme d’une vingtaine d’année pour laquelle Emi avait pas mal de sympathie. C’était une demoiselle assez grande et fine qui travaillait à temps partiel au Manoir Carter pour se payer son école de théâtre hors de prix que ses parents refusaient d’assumer. Si d’apparence elle semblait modeste et sage, la Ranger l’avait plusieurs fois surpris à vider des bouteilles et à faire usage d’un humour gras pendant ses poses. Elle savait que ce type de comportement horripilait ses parents mais en ce qui la concernait… Meh, disons qu’elle appréciait grandement de voir des gens rire de tout sur tout le monde. Si les trois quarts des employés n’étaient des fouines à la botte de son père, elle aurait sûrement plaisanté avec elle plus d’une fois.

- « Vous avez bien dormie Mademoiselle ? »
- « Voui, merci Hélène. Je suppose que si mère t’envoie c’est qu’il y a un truc de prévu, nan ? »

Emi aimait bien la présence d’Hélène. Avec elle, elle se permettait un langage un peu moins conventionnel et un air désabusé qu’elle ne pouvait se permettre en présence de ses parents et des autres employés de maison. Elle avait l’impression de ne pas être au 19e siècle, coincée entre des expressions qu’elle trouvait moyenâgeuse et une réglementation qui lui faisait dresser les poils.

- « Tout à fait. Je ne connais pas les détails mais Madame veut que vous veniez dans le salon. Nous recevons quelqu’un ce matin. »

Le regard de la brunette passa en revu la pièce avant de laisser un soupir s’échapper de nouveau.

- « Et bien allons-y. Merci pour l’info, je me dépêche. »

Elle laissa Hélène quitter la pièce puis s’afféra à sortir de son placard une tenue. Elle rêverait de se présenter en pyjamas au salon mais c’était des coups à se faire punir ensuite. La Ranger fit donc l’effort de se vêtir convenablement d’un pantalon et d’un haut rose pâle avec une petite veste blanche avant de se coiffer… Tant bien que mal. Une fois prête, elle descendit au rez-de-chaussée, place du salon, pour rejoindre sa mère et son beau-père déjà présents dans la pièce. Isaac lui balança un regard qui signifiait qu’elle avait été bien trop lente à son goût et que sa tenue laissait à désirer mais n’eut pas le loisir d’exprimer verbalement son mécontentement puisqu’on sonna à la porte. Emi prit place dans un fauteuil et on lui servit une tasse de thé avec des petits gâteaux secs… Diantre, que donnerait-elle pour aller dans la cuisine et se faire une bonne vieille tartine de Nutella. Enfin, elle pourrait toujours profiter de la pause de 15h pour se faire un petit extra pour le goûter. Camille se posa sur le fauteuil d’en face et peu de temps après débarque son père et la mystérieuse invitée.

- « Madame, laissez-moi vous présenter mon épouse, Camille et ma fille, Emilly. Je vous en prie, installez-vous, nous allons vous servir. La route a dû être longue. » fit Isaac en invitant l’étrangère à s’assoir. « Excusez-moi, cependant, je n’ai été prévenu que ce matin de votre visite et on ne m’a pas renseigné sur le motif de celle-ci. Rien de grave avec monsieur le maire, j’espère ? »

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Emilly Carter
Emilly Carter
Ranger
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Dim 21 Jan 2018 - 19:54
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Livie A. Vulpino
>>> I want YOU for anarchist army
>>> FT. Emilly Carter
Ce n'est pas comme si elle avait été étonnée que l'on dépose un dossier à étudier sur son bureau, à vrai dire. En tant que collaboratrice du cabinet, c'est un peu son travail, de récupérer ce qu'on lui donne et d’exécuter ses corvées sans rechigner. Livie, dans son ego, a tendance à souvent trouver tout ça ingrat, car ce sont souvent les tâches les moins intéressantes ou les plus pénibles qui sont données aux jeunes nouveaux. Elle le fait, pourtant, en rêvant d'affaires plus plaisantes et utiles que de traiter des énièmes travers matériels concernant les divorces, ou autres blablas formels. Ce n'est pas parce que le système hiérarchique lui déplaît, et qu'être un petit toutou est quelque chose qu'elle n'apprécie pas, qu'elle ne sait pas que c'est un peu ça, quand on est collaborateur chez Landmann. Un grand cabinet, oui ; une bonne opportunité, même, dit-on, pour monter dans les échelons. Pour quelques uns. Livie aimerait ne pas avoir à faire tout ça : le fantasme d'un cabinet personnel et d'un univers où elle pourrait faire son métier sans le moindre besoin comme la nourriture ou l'eau est un rêve qu'elle ne peut pas se permettre. Alors en attendant, elle serre les dents, et sourit. Ça n'est que temporaire, n'est-ce pas ? Pas besoin de s'inquiéter, du coup, alors autant supporter ! Enfin, ça, c'est l'idée.

Lorsqu'on lui avait d'aller directement chez les Carter, déjà, elle avait haussé les sourcils. Ce n'était pas tous les clients qui avaient le droit à ce traitement, évidemment : les moins fortunés se voyaient moins gâtés, parce qu'ils pouvaient moins payés, enfin, ça, c'était la logique du cabinet. Monsieur Landmann avait même fait passer un mot comme quoi elle avait l'obligation d'être irréprochable, alors Livie avait obéi, certes à contrecœur. Elle s'était donc embêtée à faire le trajet, qu'elle se ferait un plaisir de faire rembourser en frais de société, d'ailleurs, tout ça pour arriver devant cette maison. Si elle ne réagit pas devant le luxe environnant, elle ne put malgré tout pas s'empêcher un rictus quelque peu dégoûté, comme une enfant à qui l'on tendrait un plat de choux de Bruxelles. Elle se força toutefois à reprendre un air poli quand on vint la chercher.

Jusque là, rien d'anormal. Elle ne s'attendait toutefois pas à voir débarquer toute la famille pour une simple visite professionnelle, et Livie cligna des yeux lorsque aperçut à la fois l'épouse et la fille du client. Hm. Oh. Pourquoi pas, en soit, elle n'était jamais contre un tout petit plus de monde, et elle se serait presque mise à sourire, ravie à l'idée de voir d'autres personnes et de découvrir d'autres horizons.
La politesse, toutefois, elle savait qu'elle était probablement factice. Enfin, elle s'en rappelait comme elle le pouvait, parce que cela ruinait quelque peu son image magnifiée du monde, mais Livie n'oubliait pas ce qu'elle avait pu lire dans ces dossiers. Elle se força à remettre une façade polie, ne serait-ce que parce qu'elle était au travail et pas en train de jouer aux exploratrices (quoique elle argumenterait que c'était possible d'une certaine façon).

« Heureuse de vous rencontrer, monsieur, mesdames. » Sourire formel, rapide, avant de hocher négativement de la tête. « Non, tout se passe très bien, hormis quelques vagues soucis d'aménagement des voies, mais rien de bien passionnant. »

On ne pourrait pas lui dire qu'elle avait mal appris les codes, en tous cas, ou les airs qu'il fallait se donner dans ce genre de cas. Pour ce type de situation, c'était l'une des rares choses pour laquelle Livie était reconnaissante envers sa mère pour l'exemple qu'elle lui avait montré. Il lui suffisait souvent d'imiter le comportement d'Olympe pour pouvoir se mêler à des milieux et des manières qui le repoussaient d'ordinaire. Pour le coup, être une traître à sa classe avait des avantages, des fois. Un bref air bienveillant plus tard, et voilà qu'elle changeait le sujet pour en arriver directement à ce qui l'intéressait. Parce que d'accord, le thé et les gâteaux, c'est bien, mais tout de même. Elle préférait encore une bonne part de cheesecake, même si elle n'était pas très difficile, tant que c'était bon. M'enfin, il fallait qu'elle arrête de penser à de la nourriture, quand bien même son estomac grondait rien qu'à la pensée.

« Mais je ne viens pas pour la mairie, aujourd'hui. Monsieur Landmann, du cabinet, m'envoie à sa place, au sujet d'un petit souci. En premier lieu, il me demande de vous faire passer ses amitiés. »

Formalités, formalités, encore des formalités. Mais on lui reprocherait le moindre pas de travers une fois qu'elle serait revenue si elle ne les avait pas traité avec tellement de cirage de pompes et de respect que c'en serait indécent. En tous cas, son esprit était déjà ailleurs, et maintenant qu'elle avait expédié la partie la plus pénible, elle pouvait attaquer la partie plais-... Ah, oui. La partie la moins pénible. Sans surprises pour quelqu'un comme elle, les affaires financières et de gestion n'étaient pas vraiment ses péchés mignons.
Ses mains vinrent se poser dans son sac, dont elle tira un épais dossier. Livie posa ce dernier sur ses genoux et l'ouvra mécaniquement, tout en laissant ses yeux parcourir les lignes jusqu'à trouver ce qu'elle cherchait. Pour elle, le temps passé sur des histoires d'argent aurait pu servir à bien mieux, mais l'argent gouverne, de toute manière. Elle garda toutefois un ton professionnel et sérieux, tout en veillant à marcher sur des œufs et ne froisser personne ; bon sang, qu'est-ce que c'était pénible... Connaissant ses tendances à la gaffe, en plus, c'était limite miraculeux.

« Il me fait vous faire part d'un petit souci, sûrement une erreur de gestion, mais que nous avons jugé utile de vous informer pour... » Elle hésita une seconde, n'étant pas sûr d'à quel point elle devait faire comme si elle pensait qu'ils devaient ignorer ce 'détail'. « … Éviter d'éventuels malentendus, mais je suis sûre que vous comprenez. »

Que ce soit une histoire de dissimulation ou une vraie erreur, en tous cas... Il y aurait des dégâts à réparer. Et même si ils avaient honnête, l'idée ne l'enchantait pas des masses. Les puissants avaient toujours toute la protection qu'ils désiraient, alors pourquoi diable faisait-elle ça, hein ? La réponse, toutefois, avait un goût d'amertume défaitiste qui ne lui plaisait pas, mais elle se devait d'être honnête avec elle-même : parce que pour l'instant, elle ne pouvait rien faire d'autre, et qu'il aurait été fou de se lancer en brûlant la chandelle par les deux bouts. Même pour elle.

22 Janvier 2023
Livie A. Vulpino
Livie A. Vulpino
Sr de la Confrérie
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Mar 23 Jan 2018 - 0:07
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Emilly Carter
Quand le chat s'en va, les souris dansent Livie & Emi

A la mention du mot « cabinet » son regard noisette se releva vers son père et son esprit, jusque-là tourné vers des sujet milles fois plus passionnants comme le nouvel album de son groupe préféré ou le futur combat de son catcheur vedette (Roman Reigns jtm bb), se recentra immédiatement sur la conversation en cours. Soyons honnête, la Ranger savait très bien ce que signifiait le discours très poli de la jeune-femme. Le fait qu’Isaac baignait dans quelques magouilles n’était pas un secret dans le manoir et encore moins dans les réceptions auxquelles elle était obligée d’assister. En vérité, il serait même honnête de dire que tout le petit cercle d’ami de la famille Carter baignait dans ce genre d’affaire et que c’était essentiellement par ce biais là que nombreux avaient été capable de s’enrichir malgré la situation précaire de l’île. Bon, on ne tombait pas dans le trafic à haute échelle non plus, Isaac avait tendance à appeler ce genre de pratique comme « un léger bonus bien mérité ». Ce n’était, aussi, pas la première fois que son père s’entretenait sur ce genre de sujet avec quelqu’un du cabinet, par contre, c’était la première fois que ce quelqu’un se présentait en chair et en os au manoir et qu’Emi et sa mère assistait à leur entrevue.

Isaac resta de marbre, son visage ne laissa même pas une petite place à un rictus mais Emi pouvait voir au fond de ses yeux qu’il était légèrement surpris de la raison de cette venue. De toute évidence, il n’avait pas été mis au courant de la petite « erreur de gestion » dont parlait la jeune-femme. C’était déjà arrivé auparavant, Emi ne saurait plus dater la chose mais elle avait le souvenir d’avoir déjà aperçu son père furieux après avoir été mis au courant d’une bourde d’un de ses intervenants dans ses petits détournements. Elle était toujours restée très détachée des affaires de la famille Carter parce qu’elle ne voulait pas y tremper mais elle se mit à regretter amèrement de ne pas se l’être jouée plus curieuse parce qu’elle avait la nette impression de manquer des détails plus que croustillants.

- « Hm. Je vois. Une erreur regrettable, en effet. » fit Isaac « Je suis vraiment navré que vous ayez dû vous déplacer pour une erreur comme celle-ci, je vais m’atteler de ce pas à en découvrir la cause précise. Veuillez m’excuser quelques instants, je vais passer un coup de fil, un de mes subordonnés à sans doute fait une erreur dans nos comptes. » Il leva avec un sourire amical mais qu’Emi savait totalement factice avant de se tourner vers sa femme. « Camille, ma chérie, voudrais-tu s’il te plais faire en sorte qu’on serve quelque chose de plus consistant à Madame Vulpino ? Mettez-vous à votre aise, Madame, je fais au plus vite

Il quitta la pièce de sa démarche élégante, rapidement suivit par Camille qui confia son invitée au bon soin de sa fille le temps de tout régler en cuisine, ce à quoi Emi ne put s’empêcher de rouler singulièrement des yeux avant de croquer dans un nouveau gâteau sec. C’est que… Meh, ce n’était pas tellement son truc de tenir la jambe à quelqu’un. Elle savait faire la plante verte bien éduquée mais en général ce n’était pas aussi tôt et surtout pas en tête à tête. Se trouver seule à seule avec cette jeune-femme (employée du cabinet en relation avec son père) avait quelque chose de… Disons le franchement : stressant.

La Ranger se mit à chercher un sujet de conversation autre que « Hééééé il fait beau pour un mois de janvier, hein ? ». Emi savait très bien qu’on le lui reprocherait si elle ne se montrait pas à la hauteur de la réputation de ses parents. Elle se mit à regarder un à un les meubles de la pièce et commençait à sérieusement se sentir désespérée quand elle jugea que le truc le plus intéressant qu’elle avait à raconter c’était la difficulté qu’elle avait eu à monter le petit meuble bas Ikéa qui était au fond de la pièce. Elle jeta un regard angoissé à la jeune-femme en face d’elle quand son expression changea. Emi avait acquis un sens de l’observation très efficace avec ses années de métier chez les Rangers. Et… Elle avait juré voir un pins de la confrérie du bouclier se promener entre les doigts de son invitée, là, juste à l’instant, alors qu’elle fouillait son sac. Ça n’avait durée qu’une seule seconde mais elle avait juré apercevoir ce symbole qu’elle vénérait dans son fond intérieur.

- « Ex-Excusez-moi… ? » osa-t-elle en pointant timidement le sac du doigt. « V-vous êtes une sœur de la confrérie ? » Ses yeux brillaient d’une lueur d’espoir toute nouvelle et malgré tout le stress que lui coûtait cette question indiscrète elle ne plus s’empêcher de sourire franchement. « Je suis désolée, je vous regardais et j’ai vu, dans votre sac c-c’est… Le symbole de la confrérie n’est-ce pas ? Vous êtes, vous aussi une anarchiste ? »

Si elle ne se trompait pas, c’était là la première fois qu’elle rencontrait un membre de la confrérie en chair et en os.


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Emilly Carter
Emilly Carter
Ranger
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Sam 27 Jan 2018 - 16:56
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Livie A. Vulpino
>>> I want YOU for anarchist army
>>> FT. Emilly Carter
Tout ça sentait bon l'hypocrisie et les faux-semblants, mais c'était plus ou moins vrai pour tous les milieux « d'adulte », à ce qu'elle avait compris, même si l'admettre lui laissait toujours un sale goût dans la gorge. Mais bon, elle jouait son rôle de gentille petite avocate patiente et conciliante, surtout pas envahissante, et très certainement pas du genre à se mêler de ce qui ne la regarde pas. Enfin, pas au regard de la loi, évidemment, mais cette dernière avait tendance à finir sauvagement égorgée et assassinée dans ce style de situation. Comme à l'instant, alors que Carter père lui fait un jeu d'acteur de cinéma digne des meilleures productions hollywoodiennes, quoique Livie aurait tendance à dire que Birdemic et The Room font aussi partie de cette catégorie. Mais l'avocate sourit, le ton doux, placide, comme si elle n'était rien d'autre qu'une plante verte dont la parole ne servait que d'ornement, et au mieux, d'agrément.

« Évidemment, je me doute qu'il ne s'agit que d'une erreur. »

Ça ne peut que l'être dans ce genre de cas, n'est-ce pas ? Elle ravale son aigreur comme elle le peut, se maudissant d'avoir voulu soupirer à la fin de sa propre phrase. Heureusement pour sa tension, d'ailleurs, l'homme finit par s'absenter avec son épouse, ce qui permit d'alléger les envies de meurtre progressives de Livie, mais restait encore la fille. Incertaine quant au comportement qu'elle devait avoir, hésitant entre professionnalisme et son amicalité plus franche, elle n'osa pas ouvrir la parole.
Bah, c'est malin ça... Je dois avoir l'air d'une grosse andouille !
Mais les choses n'allaient pas en rester à un vague silence malaisant et aussi agréable à vivre qu'une endoscopie sans anesthésie. Le visage crispé de la jeune femme face à elle parut se détendre, comme si elle avait réalisé quelque chose, et Livie ne savait pas si elle était supposée le remarquer. Elle ne s'attendait toutefois pas du tout à entendre ça, et elle elle fut perturbée devant cette supposition sur sa vraie allégeance, car qui plus est elle tombait juste. Livie aurait probablement dû paniquer, s'inquiéter, mais il n'en fut rien : même si elle savait qu'elle risquait gros si jamais les Carter apprenaient la vérité, elle n'arrivait pas à s'embêter outre mesure. Sûrement le manque d'instinct de survie, en fait. Quoiqu'elle eut un moment de surprise en comprenant que c'était son propre accoutrement qui l'avait trahie.
Ouuuups, la boulette !
Bon, d'accord, la prochaine fois, elle ferait définitivement attention à ce genre de détails. Ou pas, soyons honnêtes.

Néanmoins, un détail lui tiquait encore le coin de la tête. Enfin, une parole, qui en disait beaucoup, et qu'elle n'avait pas remarqué au début car elle était trop choquée par ce qu'elle entendait auparavant. Elle se sentit soudainement plus à l'aise, et un sourire se dessina sur son visage lentement, joueur et emprunt de beaucoup trop de malice pour que ce ne soit pas ridicule.

« Faites attention, quand vous dites ça, ça peut être dangereux ! »

Son ton était joyeux et léger, alors même qu'elle soulevait un point bien moins drôle que ce que l'on pourrait croire. C'était quelque chose d'être anarchiste : c'était autre chose de risquer de se faire cramer. Elle n'était pas si inquiète en soi, c'était plus une méthode pour se montrer gentille, comme le prouvait sa voix joviale et bien trop décontractée. Un peu curieuse malgré tout suite à cette révélation, Livie cligna des yeux et tenta de mettre un pseudonyme derrière ce visage qu'elle n'avait jamais vu.

« Mais... Visiblement, je n'ai pas à me méfier avec vous. Je ne crois pas vous reconnaître, en revanche, sauf si vous étiez masquée en réunion. »

Certains, comme elle, préféraient se cacher derrière des faux noms et des dissimulations. Elle en faisait partie, ne serait-ce que pour protéger sa carrière, et aussi car elle avait l'intime conviction qu'elle risquerait peut-être quelque chose, si jamais la milice venait à se mêler de tout ça. Mais rien à faire, la jeune femme à qui elle parlait ne lui disait rien du tout. Ce n'était pas faute d'essayer. Parce que en soit, depuis tout à l'heure, Livie a compris une chose : il y a moyen de se faire des potos. Et c'est une donnée qu'elle comprend très bien.

« Moi, c'est Livie. Ça te dérange, si l'on se tutoie ? C'est plus sympa. »

Elle sourit bêtement, contente, comme si elles étaient chez les scouts. Comme si elle ne pigeait pas trop qu'elle franchissait peut-être une ligne rouge en terme de sociabilité, à se montrer aussi ouverte et directe devant quelqu'un qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Personne qu'elle était toutefois motivée à connaître un peu plus, car elle... Elle voulait connaître tout le monde, soyons honnêtes, c'était ce qui rendait ses prochains propos peu étonnants, en vrai.

« Alors, eh bien... Je suppose qu'être anarchiste avec une famille pareille, ça doit être compliqué, non ? Si j'ai bien compris, il vaut mieux éviter d'en parler. Je ne voudrais pas dire de grosses bêtises devant ton père ! »

Ça serait drôle et cocasse, mais peut-être une très, très mauvaise idée. Elle n'en savait rien, d'où une pareille tranquillité.

22 Janvier 2023
Livie A. Vulpino
Livie A. Vulpino
Sr de la Confrérie
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Jeu 1 Fév 2018 - 14:41
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Emilly Carter
Mon papa il veut pas Livie & Emi

Elle s’était attendue à la voir se refermer sur elle-même, à la voir peut-être même s’énerver de cette remarque. Après tout, c’était plutôt mal vu de regarder les affaires des gens et encore plus de leur demander, oklm, s’ils étaient oui ou non membre d’une mouvance extrême qui n’avait pas, disons-le, beaucoup d’amis. Cependant, ce ne fut pas du tout le cas et Emi eu la désagréable impression de s’être peut-être trompée en voyant le délicieux sourire qui s’affichait sur le visage de la conseillère. C’était peut-être un piège ? Son père avait peut-être des doutes sur son allégeance et avait monté cet odieux stratagème pour la piéger et la prendre la main dans le sac ? Il en serait capable… De son avis Isaac était capable de tout quand il s’agissait de sa réputation ou de ses intérêts personnels. La jeune-femme fut parcourue d’un douloureux frisson à l’idée de s’être grillée aussi débilement. Elle fut encore plus inquiète en imaginant ce que son beau-père pourrait lui faire si d’aventure il était au courant de ses activités virtuelles.

- « Mais... Visiblement, je n'ai pas à me méfier avec vous. Je ne crois pas vous reconnaître, en revanche, sauf si vous étiez masquée en réunion. »

« Gné ? » Ce fut à peu de choses près la réaction de la Ranger. Qu’est-ce que… Qu’est-ce que signifiait tout ça ? Elle s’était trompée ? Genre totalement ? Son regard noisette dévisagea la jeune-femme avec une lueur incertaine. Ce n’était pas un piège ? Elle avait vu juste ? Cette femme était réellement une sœur de la confrérie ? Elle avait entendu parlé de ces réunions sur les forums qu’elle fréquentait. Certains anarchistes avec lesquels elle avait dialogué lui avait raconté que leurs frères et sœurs se rencontraient lors de ces réunions qu’elle imaginait secrètes et du même gabarit que celles des méchants dans les films de super héros qu’elle consommait allègrement. Emi ignorait si ces réunions étaient de notoriété publique mais si la conseillère en parlait c’était peut-être que…

Très honnêtement, Emi avait toutes les raisons du monde pour se méfier de cette femme un peu trop sociable et bavarde mais… Là où le côté accessible de son interlocutrice devrait la pousser à se poser des questions, il produisait en Emi une sorte d’effet inverse. C’était peut-être d’une logique bancale mais si la conseillère parlait aussi ouvertement de son allégeance peut-être qu’elle aussi pourrait…

- « Alors, eh bien... Je suppose qu'être anarchiste avec une famille pareille, ça doit être compliqué, non ? Si j'ai bien compris, il vaut mieux éviter d'en parler. Je ne voudrais pas dire de grosses bêtises devant ton père ! »

- « NE DITES RIEN, POUR L’AMOUR DU CIEL NE DITES RIEN ! »

C’était sorti tout seul et… Un peu trop spontanément avec le recul. Emi avait bondit sur ses pieds dans un mouvement guidé par la panique. Dans son geste, elle avait manqué de peu de renverser le contenu de la table basse qui se trouvait en face de son siège. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration, bruyante, saccadée, qui peinait à lâcher du lest à redevenir normal.

- « Il ne faut pas leur dire… » confia-t-elle dans un murmure « M-Ma mère je ne sais pas comment elle le prendrait mais si... Si mon beau-père l’apprend il me tuera. Je n’ai rien à voir avec lui, je partage pas mon sang avec ce Yes-Man. Mais légalement parlant je suis sa fille par alliance et si je fais quoi que ce soit qui mette en péril sa réputation il me fera du mal. Faut pas qu’il le sache, vraiment, je vous en supplie, ne dites rien… »

Elle déglutissait quelque peu fébrile avant de se rassoir.

- « Je… Je suis désolée, j’ai paniqué, je devrais pas m’emporter comme ça… »

Elle n’osa pas regarder Livie dans les yeux, de peur de voir sa réaction. La jeune-femme ne devait sûrement pas s’attendre à une réaction aussi dramatique de sa part. Elle… Avait peut-être jeté un froid ? Emi s’employa à contempler le sol avant de déglutir de nouveau. Puis elle osa de nouveau ouvrir la bouche.

- « Je… Je ne suis pas une sœur de la confrérie. En fait, je ne suis même pas initiée du tout. J’aimerais beaucoup mais j’ai peur de ce… De ce qu’il pourrait me faire si jamais il apprenait que j’ai rejoint les anarchistes. Je me contente d’être très active sur les réseaux sociaux et tout mais je n’ai jamais eu le courage de franchir le pas. J-J’ai honte de le dire m-mais malgré ma majorité je suis totalement soumise à ma famille. Vous avez bien vu, enfin « tu » -pardon vous m’avez demandé de vous tutoyer- c’est le genre d’homme à vouloir tout contrôler autour de lui. On ne s’est jamais entendu lui et moi et je suis… Une sorte de merde de pigeon sur sa splendide carrosserie. Il contrôle tout ce que je fais, jusqu’à ma vie professionnelle. J’aimerais me libérer de tout ça mais je n’ai personne en dehors de lui et de ma mère. Il a conditionné ma vie à ce point-là. » Elle osa lever des yeux timides sur la jeune-femme en face d’elle. « Livie, c’est ça ? Tu dois me trouver bien lâche mais… Je suis totalement acquise à la cause anarchiste. Je ne supporte pas l’idée que des Hommes comme mon beau-père puisse influencer le destin de notre île alors qu’ils n’agissent que par pur égoïsme. Des gens qui n’ont pas eu à souffrir de la guerre ne devrait pas décider de comment doivent vivre les habitants d’Enola. Je sais que je n’ai pas trop mon mot à dire… Je veux dire que même si je le déteste je profite moi-aussi du système mais même si je n’ai pas le pouvoir de faire grand je chose je… Je vous admire beaucoup, la confrérie. »

En vérité son discours aurait pu être bigrement épique si elle ne tirait pas la tronche d’un enfant qui bombe beaucoup trop le torse parce qu’il est fier d’être devant son idole. Son regard qu’elle voulait sérieux brillait d’une lueur semblable à celle d’une gamine devant le père noël et elle abordait une expression moitié déterminée, moitié gênée par tout ce qu’elle venait de dire.

Sorry:

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Dim 18 Fév 2018 - 21:35
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Le cri n'était pas vraiment attendu. Du tout, même, tout comme la panique brutale qui avait pris la cadette. Surprise, Livie ouvrit de grands yeux, prise de court, et quelque peu alertée par l'urgence dans la voix de la jeune Carter. Bon, d'accord, elle pensait bien que le sujet devait être dur, mais... De là à imaginer tout ce qu'elle avait entendu, il y avait tout de même un énorme écart. Choquée par ce qu'elle entendait, que ce soit l'hypothèse sanglante que donnait la jeune femme sans la moindre hésitation dans sa voix, comme si c'était à attendre et que ce n'était rien d'anormal. Il n'en fallut pas trop pour que Livie comprenne qu'il y avait quelque chose de sincèrement puant dans cette relation, et l'inquiétude lui remonta dans la poitrine telle une rapide houle froide. Crispée, elle l'écouta pourtant sans rien dire, sentant la nausée lui nouer la gorge alors que les secondes passaient. L'air piteux de la plus jeune, d'ailleurs, lui fit amorcer une tentative de réponse pour la rassurer, mais c'était bien maladroit, au vu des difficultés qu'elle avait à procéder la situation dans son cerveau.

« Non, ne vous excusez pas, j'veux dire... »

Elle ne termina pas, incertaine. Aussi difficile que ce soit pour elle de fournir de l'empathie raisonnée à quelqu'un, elle n'était pas assez aveugle pour ne pas voir, vu la manière dont son interlocutrice s'exprimait avec moult détails, que quelque chose d'assez malsain avait lieu dans ce manoir depuis un bon moment déjà.
Ah. Donc ce n'est pas une sœur... Héhéhé, ahahaha, oups. Encore.
Situation complexe, ce serait peu dire. Tout cela semblait grandement tomber, à son avis, dans un terrain légal qui serait à grandes charges contre le patriarche, mais en même temps, elle n'était pas naïve pour croire que cela serait aussi simple. Une pitié tout naturelle lui remua le ventre, mais aucune idée de la manière dont elle pourrait l'exprimer ne semblait se dessiner à son esprit. Une bouffée de colère lui remonta dans la poitrine, comme un violent courant d'air chaud, lui faisant se crisper les muscles, ou du moins le peu qu'elle avait. Certains diraient qu'elle faisait trop aisément confiance, mais Livie est comme ça, et elle voit suffisamment de victimes de ce qu'elle appelerait sans la moindre concession de l'abus pour avoir appris qu'il vaut mieux toujours les croire, car c'était une solution bien meilleure que le contraire, qui pouvait être insultant et nauséabond d'égocentrisme. Alors elle écoute, un peu perdue, mais pas moins volontaire à comprendre.

Si elle fut étonnée d'être interpellée directement, son regard ne divagua pas, et elle grimaça, une lueur peinée dans le regard alors qu'elle entendait Emilly se dévaloriser. Pour Livie, chaque personne est importante, différente, intéressante. Peut-être qu'elle est un peu creepy, d'ailleurs, à vouloir comprendre toutes ces teintes et ces nuances, ou même prétentieuse, mais cela fait qu'entendre ce genre de propos l'attriste énormément.
Touchée par les propos et les idées de la jeune fille qui résonnent tellement avec les siens, une lueur attendrie s'allume dans ses yeux, encore plus en voyant son visage, prenant le respect qu'elle voyait pour une sincère volonté de changer les choses malgré son impuissance. Sans doute était-ce pour cela que sa voix se fit douce et bienveillante, et qu'elle ne pu s'empêcher, malgré le fait que c'était franchement bizarre de faire ça à une quasi inconnue et qu'elle aurait sans doute dû lui demander son avis, de venir offrir un câlin un poil étouffant à la cadette. Puis, après avoir tapoté maldroitement ses épaules, elle s'éloigna en souriant plus gaiement d'un coup.

« V'savez, me dire tout ça, je trouve que ça demande déjà un sacré courage. »

Et elle était honnête : ce n'était pas des propos sortis à la légère, même si Livie est relativement large sur les compliments qu'elle peut faire. Livie est admirative, quoi qu'elle en dise, de ce qu'il faut pour oser se confier malgré tout. Pas que ne pas le faire est honteux, loin de là. L'avocate, sortant de son sac une bouteille d'eau qu'elle tendit à son interlocutrice au cas où elle désirerait se détendre en buvant, continua à parler.

« Au moins, z'avez conscience de vos privilèges, c'est déjà bien mieux que beaucoup de monde... Et puis, ç'pas de votre faute. C'est jamais de la faute des gens oppressés. »

Elle ne sait pas pourquoi le visage de sa mère lui revient soudainement en tête, d'un coup, mais elle fait taire la pensée, ne voulant pas se permettre de se l'avouer à elle-même. Voulant se montrer la plus ouverte possible et chasser les craintes qu'elle avait entendu, elle continua à sourire et incita la Carter à la suivre en tapotant un peu son épaule.

« V'nez. On va s'éloigner un peu avant qu'il ne se ramène. Vous voulez bien me faire faire un tour ? Au pire, on arrivera bien à perdre votre père ! »

C'est qu'elle ricane, en plus, décidée à jouer un tour à ce sale type maintenant qu'elle connait la vérité. Déjà qu'elle n'était pas enchantée de se mêler de cette affaire et d'aider des gens qui lui paraissaient louches, à la vue du dossier... Maintenant qu'elle savait à quel point ils étaient à l'encontre de ce qu'elle désirait pour le futur de l'île, elle n'allait certainement pas se gêner. Encore plus si cela lui permettait de faire échapper à sa surveillance la plus jeune pendant quelques instants. Enfin, elle ne le ferait pas sans sa permission, évidemment, car elle seule pouvait juger des risques et de ce qu'elle se sentait à l'aise de faire.

« Je sais que c'est loin d'être évident et facile, mais... Vous n'avez jamais pensé à partir ? »

Bien sûr, qu'elle avait dû y penser, et bien sûr que c'était loin d'être aussi simple, qu'on ne part pas en un claquement de doigts quand on est sous l'emprise de quelqu'un. Livie n'est pas aussi idiote que ça. Elle veut toutefois entendre ce qu'en pense la plus jeune, pour pouvoir évaluer dans sa tête la situation et les différentes manières dont elle pourrait l'aider. Mais pour ne pas l'inquiéter, elle préfère passer par la naïveté et les questions innocentes, un peu comme ce qu'elle fait quand elle parle à ses clients.

22 Janvier 2023
Livie A. Vulpino
Livie A. Vulpino
Sr de la Confrérie
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Dim 4 Mar 2018 - 17:35
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Emilly Carter
Mon papa il veut pas Livie & Emi

Depuis que sa grand-mère avait quitté ce monde, Emi s’était traitée de bien des façons. Elle s’était traitée tour à tour de trouillarde, de faiblarde et de lâche. Mais jamais, au grand jamais, elle ne s’était targué d’être courageuse. Aussi, plus que l’étreinte de la jeune femme, plus que la douceur de sa voix, plus que le sourire qu’elle lui offrait, ce fut ce petit mot : « courage », qui lui fit écarquiller les yeux.

Des yeux ronds comme des soucoupes, la Ranger dévisagea le visage de l’anarchiste dans une expression qu’on aurait pu traduire verbalement par « … Dafuck ? ». Elle ne comprenait tout simplement pas. Elle ? Courageuse ? Livie l’avait-elle seulement écoutée ? Elle venait de lui dire qu’elle était toujours restée soumise, passive. Qu’elle n’avait pas eu le cran de se dresser face à ce qui la terrifiait. Elle lui avait dit qu’elle vivait au quotidien avec le genre d’hommes et de femmes que les frères et sœurs de la confrérie exécraient, qu’elle faisait partie intégrante de cette petite cage dorée et que malgré tout elle n’avait rien fait pour s’en détacher. Elle lui avait dit avait dit tout ça. Alors, foutre Dieu comme dirait Emi, pourquoi la trouvait-elle courageuse ?

L’anarchiste lui tandis une bouteille d’eau que la Ranger accepta plus par besoin de s’occuper les mains que par réelle envie de boire.

- « Au moins, z'avez conscience de vos privilèges, c'est déjà bien mieux que beaucoup de monde... Et puis, ç'pas de votre faute. C'est jamais de la faute des gens oppressés. »

- « Vous le pensez vraiment ? »

Même si elle se doutait que tout n’était pas aussi simple, qu’elle avait elle aussi sa part de responsabilité dans tout ça, elle eut envie d’y croire. C’était la première fois depuis le début de son deuil qu’elle avait une discussion honnête avec quelqu’un, une conversation respectueuse où les deux interlocuteurs se parlaient d’égal à égal. Elle n’avait plus connu ce rapport ouvert depuis Irina, sa grand-mère. Même à Noah, elle n’avait pas pu dire la vérité. Cette inconnue qui se tenait en face d’elle ne la prenait pas pour une idiote, ne la traitait pas de gamine ou d’incapable. Elle ne la regardait pas avec pitié comme le faisait sa mère ou avec condescendance comme le faisait son beau-père. Ce brusque changement d’air fit naître en elle, l’espace d’une petite seconde, une étincelle. La Ranger peinait à croire qu’elle était en droit d’être affublée du mot courage mais peut-être Livie avait-elle raison quand elle lui disait qu’elle avait déjà l’intelligence d’être consciente de son environnement.

Les mains toujours serrées autour de la bouteille elle conduisit la jeune femme en dehors de la pièce. Les couloirs du manoir Carter étaient pour l’heure désert et ce n’était pas plus mal. On ne pouvait pas dire que le personnel appréciait grandement leur employeur mais la Ranger était bien placée pour savoir que les sentiments personnels n’étaient pas toujours un moteur suffisant pour braver l’obéissance. Elle fixa à long moment une fenêtre donnant sur la cour avant de reprendre sa route. Partir d’ici, hein ? On ne pouvait pas dire que l’idée ne lui avait jamais effleurée l’esprit. Elle s’était souvent imaginée claquer la porte du manoir familial en femme forte pour ne plus jamais y revenir. Mais, à peine le portail passé, la réalité la rattrapait. Partir oui… Mais pour aller où ? Pour faire quoi ? Avec quel argent ? Quel métier ? Quel toit sur la tête ? Emi n’avait pas la réponse à ses questions. Isaac avait trop bien fait son travail.

- « Bien sûr que j’y ai pensé. » fit elle doucement « Seulement... Je n’ai jamais pris au sérieux cette idée. Soyons réaliste, je n’ai nulle part où aller. La seule maison qu’il me reste c’est celle-ci. Et quand bien même je pourrais partir qu’est-ce que je ferais ensuite ? Il a le bras long, vous savez ? C’est lui qui m’a imposé le poste que j’occupe aujourd’hui. Ce qu’il m’a donné, il pourrait me le reprendre. Il pourrait me faire radier ou que sais-je encore ! Je serais alors dehors et sans la possibilité de subvenir à mes besoins ou à ceux de mes Pokémons. Puis, sans parler logistique… Je doute qu’il me laisse m’en aller un jour, pas après tous les efforts qu’il a fait pour me modeler comme il le voulait. Je l’ai laissé faire, vous comprenez ? J’avais peur, j’ai toujours peur. J’ai essayé de me rebeller, une fois, et en punition il m’a pris la seule chose qui faisait que je me sentais « moi ». »

Elle soupira.

-  « Je doute qu’on puisse seulement gagner contre cet homme. La vérité, c’est que même avec les ressources nécessaires, même si j’avais un endroit où aller ou quelqu’un à rejoindre j’aurais trop peur des conséquences… Pas seulement pour moi mais pour les autres aussi. Il y a quelques semaines j’ai eu la chance de revoir un ami chère que je n’avais pas vu depuis dix ans. C’était la première fois depuis que tout a commencé à déraper que je me suis sentie… Bien. J’aurais pu lui parler. J’aurais pu lui dire tout ce qu’il se passait mais à la place j’ai menti et j’ai dit que tout allait bien. J’ai eu peur. J’ai paniqué. Je me suis dit qu’il valait mieux prendre sur soi et ne rien dire que de tout lui confier et de prendre le risque de le perdre comme j’avais perdu d’autres choses importantes pour moi avant. Il me punie vous savez ? Il m’a déjà montré ce dont il était capable, ce qu’il était capable de me prendre si je n’étais pas sage. Que je sois la fille parfaite ou que j’adhère à ses idées il s’en fiche… Tant que je tien bien mon rôle, tant que je joue les petites richouilles bête et nunuche tout va bien. Je pense qu’à force d’être rappelée à l’ordre j’ai fini par devenir fataliste. Dans le fond je me dis que rien ne changera jamais mais que je préfère une vie comme celle-là qu’à une vie où il m’aurait vraiment tout prit. »


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Emilly Carter
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Ven 4 Mai 2018 - 23:14
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Livie A. Vulpino
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Quand on met le doigt dans quelque chose qui nous dépasse, la réaction saine et plus ou moins responsable est celle d'éviter de trop s'impliquer, ou peut-être plus simplement, de trouver quelqu'un qui soit capable de le faire sans causer d'énormes dommages. Livie, malheureusement, n'est pas très intelligente, et tend à plonger la tête la première dans les situations délicates car elle est factuellement incapable de prendre pleinement conscience des dangers et des risques qu'elle peut faire courir aux autres. Ce n'est pas particulièrement bon pour une avocate, mais cela se saurait si elle était consciente de ces choses, et ce n'était pas le cas. Alors elle s'investit un peu trop, tente de faire fonctionner son empathie défectueuse, et écoute sincèrement sur ce qui lui est dit. Peut-être qu'elle lui sort de discours trop utopiques, voulant se faire trop gentils, mais c'est tout simplement car elle pense sincèrement servir à quelque chose ainsi. Alors elle dit des banalités, des choses trop grossières pour être applicable, en se doutant que tout ce qu'elle dit a peut-être déjà été tenté. Livie écoute, toutefois, avec toute la bonne volonté du monde, mais encore faudrait-il que la bonne volonté soit suffisante dans ce genre de cas, et elle ne l'est généralement pas : elle doit d'ailleurs le savoir elle-même, au fond.

Les solutions toutes simples ne marcheront pas, et la jeune Carter l'a elle-même compris. Au fur et à mesure, pourtant, la blanche comprend la complexité de la situation, ou du moins elle l'entrevoit en visualisant les différentes manœuvres judiciaires qui devraient être mises en place : et dans sa tête, elles sont toutes nombreuses, longues, et pénibles.
Toutefois, quelque chose résonne dans sa tête et lui fait temporairement oublier son premier angle de vision, qui était simplement d'ordre procédural. « Modeler », en effet, lui dit quelque chose. Elle n'osera pas l'avouer, car elle n'a pas elle-même fait le point à ce sujet, mais soudainement lui revint en tête l'image d'une gamine que l'on faisait de force rentrer dans des collants, dans des jupes, à qui l'on imposait des activités sportives, des injonctions aux études. À qui l'on reprochait les écarts, les erreurs, comme si elle avait un devoir d'exemplarité quelconque. Le mot lui parle, sans qu'elle n'ose vraiment le dire, mais son expression s'est ternie pendant un instant. La peur, en un sens, elle la connaît très bien : elle est même actuellement en train de lui serrer la poitrine. Mais la combattre, ça... Livie tend à mésestimer, à enterrer tout ce qui peut ressembler à de la peur, et à prendre cela pour du courage : c'est ce qu'elle fait d'ailleurs maintenant.

Elle avait été absente pendant quelques secondes, perdue dans des souvenirs qu'elle ne voulait pas rappeler à la surface, et qui avaient menacé de lui faire boire la tasse pendant une seconde : rien de dramatique, mais rien d'agréable par la même occasion. Mais les derniers propos qu'elle entendit avant le soupir de la jeune femme lui firent plisser les yeux, rendue curieuse. Prendre quelque chose... ? Voulait-elle parler d'un vol matériel, ou de quelque chose de plus personnel... ? C'était un peu irresponsable d'en oublier temporairement le reste, mais ce détail l'avait fait tiquer, et elle le garda dans un coin de sa tête, sans même savoir si cela lui sera utile ou non, d'autant plus qu'elle ne sait pas encore où la mène cette conversation. Peut-être nul part, au fond. Mais bon : Livie est du genre à vouloir essayer avant de lâcher.

La suite l'apitoie, même si elle a une idée sur le fait que ce n'est pas vraiment ce qui est attendu de sa part. Elle écoute en silence, rendue plus calme, débarrassée par la force de sa propre contrainte de cette énergie surabondante qui l'anime en temps normal. Ses doigts joues nerveusement avec les lacets de son haut, incertaine quant à ce qu'elle doit faire. Bien sûr, elle ne peut pas se permettre de sa la jouer comme un film et de prétendre qu'un en un claquement de doigts, il serait possible pour la Carter de s'enfuir. Elle n'a pas l’imbécillité d'être aussi idiote. Cela ferait bien sûr une très joli e image mentale, mais la blanche a conscience que c'est tout ce que cela restera.

« Je vois. »

Non, elle ne voit pas. Ou du moins, elle ne comprend pas chaque détail, chaque nuance, qui serait pourtant encore insuffisant pour qu'elle se permette de dire ça, mais elle se voyait mal rester dans le silence dans lesquels les propos de la plus jeune l'ont plongé. Il est rare qu'elle se taise, mais en même temps, ce n'est pas tous les jours que l'on découvre des histoires d'abus familial aussi fort d'un instant à l'autre. Normal, donc, qu'elle soit hésitante : elle n'a pas l'air d'accepter cet état de fait, pourtant.
Toutefois, le naturel reprend vite le galop. Sans mouvement de recul ou lenteur due à une quelconque histoire de doutes, l'avocate vint saisir la main de la cadette pour la serrer doucement et lui adresser un sourire sincère, sûrement un peu trop vif dans une situation pareille, comme pour affirmer son aide. Une aide qui est bien maigre, en réalité, même si Livie persiste à croire que cela peut apporter quelque chose. Une petite lueur assurée brille dans son regard bleuté.

« Hé bien, dans ce cas-là, il faut retirer le pouvoir qu'il a sur vous, n'est-ce pas ? »

Le dire aussi simplement ne réduit en rien le fait que c'est largement, largement plus compliqué sur ça. Mais c'est la seule chose dans laquelle Livie peut s'imaginer servir à quelque chose, au lieu de rester là à se complaire dans la pitié et la tristesse, actions qu'elles détestent en haut point de sa part, car elle sait à quelle vitesse elle peut elle-même le faire. Son ton de voix est plutôt calme, mais pas dénoué d'une teinte joviale qu'elle essaye de dissimuler.

« Si vous avez besoin d'aide, vous pouvez compter sur moi. Promis, ce sera sans frais ! »

Son clin d’œil joueur pourrait faire croire qu'elle plaisante, mais non, elle est sérieuse. Sûrement est-ce d'une naïveté sans bornes que de croire qu'une minuscule avocate de basse catégorie comme elle pouvait avoir une quelconque influence, mais elle sait également qu'elle serait incapable de refuser d'aider qui que ce soit. Bon, il faudrait définitivement qu'elle arrête de faire ça car ce n'est pas ainsi qu'elle économisera pour ouvrir son propre cabinet un jour, mais elle tend à repousser cette pensée dès lors qu'elle lui vient, quelque peu déconnectée des besoins du monde réel. Dans tous les cas, quelque chose lui triturait encore l'esprit, alors elle ne put s'empêcher de le dire à haute voix. Ses sourcils se froncent, et les traits de son visage s'en vont former une moue curieuse.

« … Mais vous tenez vraiment à vivre ainsi ? Je ne vous connais pas trop, mais ça a l'air, en tous cas, que de vous rendre de plus en plus malheureuse. »

Livie n'est en rien psychologue : elle est même incapable de comprendre la psyché humaine. C'est bien pour cela qu'elle s'intéresse à ce point à cette dernière, d'ailleurs, car cette lacune ne rend pas son travail aisé. Mais au delà de tout intérêt personnel, la personne qui est en face d'elle l'intéresse. C'est un peu comme ça avec tout le monde, en un sens, car la blanche porte à chaque nouvel individu un regard tout neuf, intrigué. Les confidences auxquelles elle a eu le droit la rassurent quand à ce qu'elle a le droit de proposer, peut-être un peu trop, d'ailleurs. Livie ne connaît pas grand chose aux situations compliquées, alors elle parle avec une simplicité enfantine, un peu comme cela vient.

« J'veux pas vous dire des bêtises, mais vous n'croyez pas que ça devrait être un peu mieux, votre vie ? Que vous méritez un peu mieux ? »

Elle ne sait pas vraiment elle-même ce dont elle parle. Comme d'habitude, elle fait plus confiance à ses tripes qu'à sa tête.

22 Janvier 2023
Livie A. Vulpino
Livie A. Vulpino
Sr de la Confrérie
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Lun 21 Mai 2018 - 17:48
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Emilly Carter
Mon papa il veut pas Livie & Emi


- « C’est fou, ça sonne vraiment simple et facile quand vous le dites. »

C’était sorti tout seul. Ça lui arrivait de temps en temps. Par moment son philtre interne se barrait, elle ne savait où, et elle se retrouvait à dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas. Petite, Emi était une enfant spontanée et qui n’avait, pour ainsi dire, pas sa langue dans sa poche. Elle riait quand elle voulait rire, hurlait quand elle était en colère. C’était simple : son philtre interne n’existait tout simplement pas mais en grandissant les choses avaient pris une tournure nouvelle. La censure s’était installée et la spontanéité qui la caractérisait avant avait fini par se taire. Muselée. Maintenue en sommeil.

Elle pressa doucement la main que Livie lui avait offerte, hochant la tête. Oui, c’était la solution. Il fallait enlever le poids qu’avait Isaac sur sa vie, sur son être. Si son beau-père faiblissait, si son emprise n’était plus la même, si elle pouvait prendre son indépendance alors peut-être que… Mais comment ? Parce que c’était bel et bien le cœur du problème : « Comment ? ». Comment changer la donne ? Comment balayer la place et la maîtrise qu’il avait prises sur sa vie ? Comment réussir à s’extirper de ce cercle vicieux sans tout perdre et se retrouver à la rue ? Est-ce qu’il y avait seulement un moyen de réussir cet exploit sans briser tout ce qui se trouvait autour ? Pendant longtemps elle y avait réfléchi sans jamais trouver de réponse. Tant est si bien qu’elle avait fini par se dire qu’il n’y en avait tout simplement pas. Ce n’était pourtant pas l’envie qui manquait mais plus elle retournait le problème dans sa tête et moins elle y voyait l’ombre d’une solution. Cependant, Livie lui en donna une, de solution. Une solution qu’Emi n’avait pas osé intégrée dans ses plans, une solution qu’elle avait balayée presque instantanément de ses pensées car peu réalisable, de son avis.

- « Attendez, vous parlez d’une approche pénale ? » fit-elle en écarquillant les yeux. « Je… Je ne peux pas dire que je n’y avais jamais pensé mais est-ce réalisable ? Je n’y connais pas grand-chose mais s’il n’a jamais été inquiété de rien c’est qu’il doit avoir derrière lui une défense béton, non ? » Emi n’avait pas la moindre connaissance en la matière mais elle avait vu suffisamment de série policière pour prendre le cliché de l’homme trop bien fortuné intouchable comme véridique. « I-Imaginons qu’on prenne au sérieux votre proposition est-ce que… J’aurais une chance de gagner ? J’aimerais pouvoir garder mon droit d’exercer mais je me doute bien qu’un type comme mon beau-père doit être protégé comme pas possible et qu’il y aurait tout à perdre dans ce genre de procès… »

Est-ce qu’elle s’emballait ? Un peu trop oui.
Est-ce qu’elle se cherchait des excuses pour ne pas franchir le pas interdit ? Totalement.

Elle donnait encore trop d’importance, trop de pouvoir à celui qui avait muselé sa vie depuis ses 15 ans. Elle n’arrivait pas à concevoir qu’on puisse, à un moment ou un autre, avoir le dessus ou rendre la monnaie de sa pièce à un homme comme Isaac. Ce n’était pourtant qu’un être humain, un gars lui aussi soumis à la loi. Emi savait que si elle creusait elle pourrait surement tomber sur des preuves, des choses compromettantes mais là encore se posait la question de la conséquence. Est-ce que le jeu en voudrait la chandelle ? Est-ce qu’elle pourrait obtenir gain de cause ? Est-ce que cela n’allait pas ruiner définitivement sa vie et celle de sa mère par la même occasion ? Parce que oui, elle n’avait beau ne rien partager avec elle, Camille restait quand même sa mère. Emi savait que cette dernière aimait la vie qu’elle menait, que même si tout n’était parfait c’était déjà bien plus qu’elle n’avait espérée. Elle savait aussi que si elle voulait partir, vivre par ses propres moyens et faire payer Isaac elle ne voulait pas détruire ce foyer que sa mère aimait tant. Dans un sens, plus que la vengeance, si Emi pouvait partir, juste partir, juste ne plus être Emilly Carter mais juste Emilly alors ce serait parfait. Elle n’en demandait pas plus. Mais là encore, tout cela tenait de l’impossible. Alors elle avait fait ses choix, elle n’en était pas spécialement fière, elle les avait pris plus par défaut que par envie. Elle avait tout simplement choisi le moins pire, même si elle n’y trouvait pas son compte. C’était toujours mieux que de ne plus rien avoir. C’était toujours mieux que de tout perdre encore une fois. Un léger sourire vint éclairer son visage lorsqu’elle répliqua.

- « Non, je n’y tiens pas. Seulement, manque de bol pour moi, personne n’a encore écrit le mode d’emploi de la vie du coup je ne sais pas trop ce que je peux faire ou ce que j’ai le droit de faire pour arranger les choses. » Elle soupira légèrement avant de reprendre. « Vous savez, je n’aime pas cette maison, je déteste mon beau-père et l’univers dans lequel il vit mais certaines personnes y trouvent leur compte. Dans l’idéal, j’aimerai juste vivre par moi-même. Abandonné ce stupide nom de famille et… Je ne sais pas, vivre ma vie ? » fit-elle en haussant les épaules.

Son regard chercha un moment un point sur lequel se poser, un point autre que ses chaussures. Elle trouva finalement après plusieurs minutes le courage de remonter les yeux vers sa camarade.

- « Le truc c’est que… Le contexte familial et financier de ma famille fait qu’il y a une certaine pression et des attentes vis-à-vis de nous, de nos agissements etc. Mon beau-père est… Comment dire… Très porté par ses affaires et sa progression et, ce n’est pas l’envie qui manque, mais il s’est passé tellement de chose pour me contraindre à rester dans les rangs, à adhérer au moule que je ne sais pas si un retour en arrière est possible… Sans conséquences je veux dire. Je le déteste mais à choisir… Je serais largement satisfaite si je pouvais juste partir d’ici, prendre mon indépendance mais est-ce que j’ai le droit ? Est-ce qu’on me donnera les moyens pour ? Il nous expose tellement, ma mère et moi que... En vrai, je me fiche bien de l'argent ou de ma réputation je veux juste... Juste garder mon job et pouvoir vivre comme n'importe quelle gamine de 20 ans. Mais lui il... Il n'est pas d'accord et... Fin, on ne peut pas dire que ma vie m'appartient des masses dans cette maison. »

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Emilly Carter
Emilly Carter
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Mar 5 Juin 2018 - 22:57
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Livie A. Vulpino
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Livie devrait sans aucun doute faire le point sur sa propre vie et sur ses propres choix avant de se mettre à considérer ceux des autres ; car l'hypocrisie est on ne peut plus évidente quand on sait qu'elle se rend encore chaque mois rendre visite à sa mère, et qu'elle peine à condamner le moindre de ses comportements durant son enfance. Mais bon. Livie est quelque peu hypocrite, alors elle s'imagine que même en parlant si simplement, le principe sera transmis. Elle n'est pas totalement sûre de ce qu'elle raconte : c'est d'ailleurs pour cela qu'elle est surprise lorsque l'autre prend la main qu'elle a offerte, comme si elle s'attendait à se voir offrir un refus, ou un rappel que les choses ne sont pas aussi simples. C'est plus ou moins ce qui arrive tout le temps, même avec ses clients, après tout, et même si elle n'apprend jamais, elle conserve ses réflexes.
Toutefois, il semble que son interlocutrice n'avait saisi toute la portée de ses propos, car ce n'est qu'elle maintenant que la blanche parlait bien de la seule chose dans lequelle elle peut, objectivement, lui apporter son aide. Enfin, évidemment, ce n'est pas si simple, mais sur le coup, elle s'était dit que rien ne risquait à énoncer cette possibilité. De ce qui était dit, d'ailleurs, elle y avait déjà pensé, ce qui fit se dire à Livie qu'elle avait probablement des raisons de ne pas l'avoir encore fait, quel qu'elles soient. Et les arguments qu'elle lui renvoya n'étaient pas tirés par les cheveux, d'ailleurs, ce qui chagrinait quelque peu l'avocate, qui aurait aimé vivre dans un univers où les victimes d'abus n'étaient pas souvent délaissées par la justice, et leurs souffrances ignorées pour tout leur entourage qui s'arrangeaient bien de ne jamais s'avouer la vérité, par pure couardise. La situation est... Difficile. Comme à chaque fois. Ce n'est pas ça qui effraie Livie, malheureusement pour la stabilité de sa carrière, mais elle comprend à tout à fait que la cadette ne se sente pas de le faire. C'est une réponse quasiment habituel, dans ces cas. Cela ne veut pas dire, toutefois, qu'elle ne continue pas d'essayer à chaque fois.

En revanche, pour ce qui est des choix de vie... Elle a beau avoir fait le pas dans cette direction, cela ne veut pas dire qu'elle saisit mieux la réaction qu'elle devrait avoir, ou qu'elle est à l'aise. Elle se force à garder un air assuré, mais elle est quelque peu désemparée lorsque la jeune Carter se confie. Et... Et elle n'a pas tort, à vrai dire. Son pragmatisme désarçonne quelque peu Livie et ses grands rêves : sans forcément l'agacer, elle ne pourrait nier que ce comportement la rend moins assurée. Néanmoins, au delà de sa petite personne et de son petit ego, ce qu'elle entend fait se comprimer sa poitrine, ce qui la surprend elle-même. Des histoires horribles, elle en entend tous les jours ; celle-ci n'est pas vraiment différente des aures. Mais pourtant, elle croit ressentir, car elle n'en est jamais totalement sûre, ce qui ressemble à de l'empathie. Une empathie qui lui fait se sentir bien impuissante, ce qui ne peut que la frustrer au plus haut point. Elle est un peu perdue, même, ce qui est inhabituel : d'ordinaire, elle fait semblant de savoir, elle improvise en faisant comme si tout irait bien, parce que si elle le pense, alors tel sera le cas, n'est-ce pas ?
Elle prend une petite pause. Durant plusieurs secondes, elle hésite, pondère ses propos, essayant de ne pas tomber dans les banalités et les évidences, ou dans les paroles inutiles. Entre son utopie et ce qu'il est légalement le plus sécurisé de faire, il y a tout un monde. Toutefois, le regard alternant entre son interlocutrice et les environs qui ne lui appportent pas forcément les réponses qu'elle cherche, elle tente d'amorcer un début de réponse.

« … Je crois, effectivement, que si vous tentiez une approche pénale, vous vous engageriez dans un processus de plusieurs années, contre des avocats de talent. »

D'un point de vue purement logistique, les dés ne sont pas en la faveur de la cadette. Dans un système idéal, dans celui que Livie se plait à imaginer quand elle en est réduite à défendre ses clients par le biais des vices de formes, personne ne serait protégé par des chèques ou par une position sociale. Personne ne pourrait échapper à ses actes par le biais de la corruption, de la prescription, et un tas de mots qui riment en « on ». Mais quand Livie regarde les faits qui sont devant elle... Des gens compétents, déterminés à trouver la moindre petite faille, face à une équipe qui sera sûrement minime vu les chances de réussite... Oui, les probabilités de défaite sont fortes. Et elle ne peut pas le nier. Elle se raccroche toutefois ironiquemen à ce point de vue purement légal pour ne pas perdre pied, alors que c'est justement ce qui la mettait mal à l'aise peu de temps avant.

« Ce que vous me racontez ressemble forcément à de l'abus, et à tout un tas d'autres délits. Je peux vous le garantir, au moins, vous êtes dans votre bon droit. »

C'est maigre, oui. Elle est la première à l'admettre. Mais elle a l'impression que c'est important. Ses doigts se serrent un peu et elle relève le regard, tentant d'articuler sa voix de la manière à la rendre plus assurée.

[color=#a86487]« Mais si vous aviez une preuve... Des témoignages, juste quelque chose... La donne pourrait être changée. Tant que c'est recevable dans une cour, c'est quelque chose qui peut se tenter. »

Qui peut. Ce n'est pas forcément une assurance de réussir. Encore une fois, Livie déteste le conditionnel, les probabilités : tout ça fait partie du processus, mais elle n'avait jamais aimé l'attente. Tout ça sonne trop... Trop loin, très loin de ce qu'elle voudrait voir se réaliser, alors même qu'elle ne saurait le définir. Elle sent la frustration lui former une boule d'angoisse dans la gorge, et ses yeux se baisser.

« Si je vous parlais d'un point de vue purement légal, je pourrais vous dire que vous avez peut-être raison, enfin, que vous devriez peut-être éviter de vous causer plus de soucis, mais... »

Mais. Mais, justement, car c'est ce 'mais' qui lui importe. Elle devrait sûrement se taire, et éviter de l'embarquer dans des idées dangereuses pour ses propres intérêts, mais ses pensées lui brûlent la langue, la forçant à les exprimer, car, égoïstement, elle ne supporterait pas de les contenir. La gêne, toutefois, l'empêche d'avoir l'air particulièrement sûre.

« Si je donne mon point de vue personnel, je crois, enfin, peut-être que... Qu'il faut le tenter. Peut-être pas tout de suite, ou même de cette manière, m-mais... »

Une seconde de pause. Elle sait pourtant tellement mieux le dire, dans ses pensées, mais entre les principes et la réalité... Et les principes et ce qu'elle dit, aussi, car elle n'ose pas, la plupart du temps, encore les énoncer à haute voix, quand ce n'est pas devant la confrérie, notamment. Elle a toutefois envie de venir à bout de ce qu'elle pense.

« Je n'ai pas de réponse toute prête, je crois. Je pense juste que si vous restiez dans le moule de votre père, eh bien, le monde perdrait peut-être une bonne personne. »

Elle ne sait pas trop ce qu'elle raconte, à vrai dire. Elle ne connait pas du tout son interlocutrice : elle ne fait que supposer, actuellement. Mais ça, ça fait plus ou moins partie de son travail, d'essayer de jauger les gens à la première rencontre. Et, bien souvent, elle refuse de croire autre chose une fois qu'elle a fait une supposition.

22 Janvier 2023
Livie A. Vulpino
Livie A. Vulpino
Sr de la Confrérie
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Mer 27 Juin 2018 - 0:08
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Emilly Carter
Demain est un autre jourEmi & Livie
I want you for anarchist army [PV Livie] Tumblr_mzkht6TluI1sn8eyqo1_500

••• Elle écoute attentivement, ponctuant de temps en temps le discours de son interlocutrice d’un hochement de tête sérieux. Comme elle avait pu l’imaginer, qui disait pénale disait galère et, même si Livie ne le disait pas directement, une galère avec peu de chance de voir le jour au bout du tunnel. Emi ne pouvait pas qualifier cette nouvelle de scoop, cependant elle ne put ignorer l’arrière-goût amer qui s’était emparé de sa bouche.

C’était le problème, avec elle, c’est qu’elle ne savait pas lâcher l’affaire. Même au fond du gouffre elle continuait de regarder la sortie, inaccessible, mais toujours visible. Elle cherchait, inconsciemment, une solution, parce qu’il y avait toujours une solution. Et, c’était là tout son malheur avec Isaac. Malgré la soumission, malgré la peur, malgré toute l’énergie qu’elle déployait au quotidien pour se convaincre du contraire quelque chose continuait de brûler à l’intérieur d’elle. Maigre reste de son insolence et de sa liberté passée, cendre de sa fierté qui ne demandait qu’à s’embraser de nouveau. Finalement, elle se mit à doucement comprendre l’ingénieux mécanisme que son cerveau avait mis en place pour la préserver tout en étanchant sa soif de rébellion. Ce n’était pas anodin si, aujourd’hui, elle militait activement sur les forums anarchistes. C’était sa façon à elle de contenir ce qui lui restait de fierté. C’était la façon que son corps avait choisi pour ne pas totalement mourir de l’intérieur sans pour autant mettre en péril le petit cadre dans lequel elle était installée. Emilly comprit alors tout ce qui la retenait et tout ce qui la poussait à la fois. Elle comprit qu’elle était pleine de contradiction, à la fois attachée à cette soumission qui représentait son quotidien et sa sécurité alors qu’elle rêvait d’envoyer tout valser. Elle comprit aussi que, elle avait beau ne pas vouloir se l’avouer, Livie avait totalement raison sur un point : elle méritait mieux, elle était dans son droit. Ce n’était pas elle la méchante de l’histoire.

Elle accepta aussi que ce qui se passait avec Isaac n’était pas « normale ». L’enfermement, la soumission, l’exposition selon ses envies, sa guitare… Non, tout ça n’était pas normal. Elle le savait depuis longtemps, seulement voilà, il y avait une différence entre comprendre un fait et l’accepter tel qu’il est. Pendant longtemps (et même encore aujourd’hui), Emi avait minimisé l’impact qu’avait Isaac sur sa vie, elle s’était répétée encore et encore que ce n’était pas si terrible, qu’il était juste un peu strict. Son manque de vie sociale l’avait empêché d’être confrontée à d’autres modèles familiaux ce qui l’avait conforté dans cette vison biaisée de la vérité.

- « Ça pourrait se tenter mais ce serait difficile, en résumé. Du moins, ça n’impliquerait pas que moi. »

Et c’est là que ça lui posait un problème. Etait-ce de la faiblesse ? Elle ne le savait pas (et dans un sens elle ne voulait tout simplement pas le savoir) mais le fait est que cette histoire la concernait elle et Isaac. C’était un conflit qui ne concernait que deux personnes et elle éprouvait le plus grand des dégouts à l’idée d’impliquer autre chose dans cette affaire. Que ce soit sa mère ou la fortune de son père… C’est vrai, peut-être qu’il y avait une façon de mettre à mal Isaac en touchant à ses biens matériels, en mettant sur le tapis ses « petits bonus »… Mais si elle s’embarquait dans une telle démarche le bilan serait de plus d’une victime et ce n’était pas son but. Elle ne voulait pas prendre quelque chose à sa mère qui se complaisait dans cette vie-là, de même qu’elle ne voulait porter préjudice aux personnes qui travaillaient au manoir et gérait l’entretient des lieux. Ces personnes-là n’avaient rien à voir avec Isaac et sa maltraitance.

Se battre, oui, il le fallait, elle le devait pour gagner son indépendance et la liberté qu’elle avait toujours voulu avoir… Mais pas comme ça. Elle ne se battrait pas comme son père se battait. Elle n’emploierait pas ses méthodes qui faisaient des ravages sans se soucier du dommage collatéral.

- « Je tenterais. » finit-elle par trancher. « Il le faut. C’est ça ou continuer de survivre et j’en ai ras le cul de survivre. Je veux vivre. »

Elle se sentit fière d’oser, entre les murs familiaux, utiliser son vocabulaire fleuri.

- « Seulement, je ne veux pas impliquer ma mère ou les employés de mon père. Ces gens-là n’ont rien à voir avec mon mal-être et ce serait injuste de leur compliquer à ce point la vie. Non, je vais trouver autre chose. Un moyen de régler tout ça sans entrer dans des procédures qui engendreraient des dommages collatéraux. Je ne sais pas quoi encore… Mais je vais bien finir par trouver. »

Nul doute que ce ne serait pas tout de suite, en tout cas, et que ça prendrait un certain temps une fois la réflexion passée. Emi était assez terre à terre pour reconnaître qu’elle n’allait pas faire ses bagages dans l’heure et partir à l’aventure, seule, sur les routes. Elle savait qu’elle recommencerait à douter, qu’il lui faudrait du courage et du temps avant de franchir le pas. Elle procéderait par étape. Mais c’était décidé, un jour, oui, un jour, elle pousserait les portes de ce fichu manoir pour la dernière fois. Et ce jour-là, elle ne tremblerait pas.

- « Merci. » dit-elle dans un sourire. « Vous savez, c’est grâce à des gens comme-vous que j’admire la confrérie. »

Elle aurait voulu lui dire qu’elle aimerait bien en faire partie mais avant qu’elle ne puisse formuler sa pensée à voix haute, la silhouette fine et élégante de sa mère déboula au fond du couloir.

- « Aaaaah, Mademoiselle Vulpino, je vous ai servi une collation dans le salon, je vous cherchait. Mon mari est en train de régler vos soucis comptables avec un de ses collègues, apparemment ce serait une bête erreur lors de la saisie des comptes. Il m’a chargé de vous présenter ses excuses pour le dérangement, vous savez, avec son travail il a tellement à faire que je suis surprise qu’il n’en fasse pas plus, des erreurs. »

Emi se contenta de rouler discrètement des yeux et alors que sa mère continuait de blablater joyeusement, elle traîna légèrement des pieds pour la suivre, répugnant de quitter l’intimité de ce couloir et cette vue sur l’extérieur qui lui promettait un lendemain plus optimiste.


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Emilly Carter
Emilly Carter
Ranger
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Mar 10 Juil 2018 - 23:34
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