"Quand tu joues à l'infirmier éco-plus" Je me doute bien qu'il ne croira pas mon bluff : ce n'était pas mon objectif, de toute façon, et je pouffe comme un gamin en voyant sa réaction. J'aime bien le voir comme ça, étrangement, et une sensation de chaleur me remonte dans la poitrine en le voyant rétorquer avec une énergie que je n'avais plus vraiment l'habitude de voir. Sans que je m'en rende compte, un sourire stupide, mélange d'amusement et d'affection, se dessine sur mon visage. Je me colle en outre un peu plus, tirant faussement la langue pour faire comme si il n'avait pas touché juste, car oui, je suis une chochotte qui n'aime pas aller à la plage, ce n'est pas nouveau.
« Très bien, Newton, si tu l'dis. »
… Et je vais éviter de penser au fait que j'aime un peu trop l'imaginer en physicien, car cela en dirait sûrement bien trop sur moi. Je lève les épaules de manière théâtrale, simulant le désintérêt. Si je croyais que nous en resterions là, toutefois, j'avais visiblement tort. Il a l'air de... Non mais, attendez, il n'a pas vraiment cru que j'allais... ? Je fais une pause, confus, et plisse les yeux, ne comprenant pas trop pourquoi il se met à douter d'un coup. Sauf que c'est ce qu'il est en train de faire, vu qu'il s'accroche d'un coup à moi en pleurnichant, me faisant pousser un petit bruit de surprise. C'est qu'il me casse les oreilles avec ses plaintes, en plus !
« Héé, calme ! »
Je grimace et soupire presque en le voyant faire son gros bébé, signe généralement évident qu'il veut tout simplement mon affection. Droh, il pourrait me le dire, au lieu de me faire des plaintes, ce gros bébé... J'ai toutefois bien du mal à le résister quand il fait ça, et il le sait, ce traître, alors je pose un soupir et passe au dessus de lui pour déposer quelques bisous dans son cou, pendant que mes bras entourent sa taille. Je le fixe d'un air un peu blasé, ne sachant pas vraiment comment faire pour qu'il arrête de chigner, hormis peut-être, bah, euh... Je ne sais pas, énumérer des évidences, je suppose ? Je râlote un peu, sans grande vigueur dans mon ton, car je ne suis pas énervé du tout, et il doit le sentir, de toute manière.
« Espèce d'enfant. Tu sais très bien que je plaisante, ne fais pas semblant non plus. »
Ma tête posée sur son torse, je poke son nez avec l'un de ses doigts. Pourquoi est-ce que je fonds, toutefois, à chaque fois qu'il réclame mon attention... ? Quand il le fait, j'ai souvent une incapacité totale à refuser, et les premières secondes sont alors décisives ; si je ne le fais pas là, c'est foutu. Aujourd'hui est sûrement l'une de ces journées, d'ailleurs, car, tandis que je lui offre l'affection qu'il désirait en remontant le long de sa gorge jusqu'à son menton, je relève les yeux. Finalement, la tête légèrement surélevée, tenant grâce à la pression de mes paumes sur le matelas, je croise son regard, laissant un sourire plus doux et tendre s'afficher sur mes lèvres. Je prends même la peine de venir caresser l'une de ses joues, quitte à mettre en danger mon équilibre en tenant sur une seule main.
« Je reste là ; de toute manière, avec qui d'autre voudrais-tu que j'aille ? »
Et ce n'est pas juste pour sortir une phrase gentille, hein. Littéralement, avec qui d'autre est-ce que j'accepterais d'aller à la plage ? Ou même maintenant ? Là, tout de suite, je n'ai pas d'autre envie que de lui coller au derche jusqu'à ce que tout soit redevenu normal, et qu'il se sente mieux. Il peut s'enorgueillir de ses privilèges si il le veut, d'ailleurs, ça m'indiffère. Je sens toutefois que ma niaiserie est plus intense que d'ordinaire, alors, pour rattraper le coup (et non je ne suis pas un tsundere je vous dis crotte), je simule une expression un peu hautaine, le ton plus impérieux.
« Mais maintenant, tu bouges. Allez, ouste ! »
J'appuie sur ses joues, de telle sorte à le faire au moins réagir, car, euh, je ne sais pas, j'ai souvent ce genre de réactions d'emmerdeur quand je viens de dire un truc très mièvre. En vrai, nous ne sommes absolument pas pressés. Je suis donc plutôt détendu, en réalité, et, passé mon moment à faire l'andouille, je m'étire comme un vieux chat, avant de bailler bruyamment. Nous allons passer une bonne soirée, et peut-être qu'il pourra avoir un... Un, oh. J'en oubliais presque quelque chose. Timidement, car je sens la gêne me monter au ventre en réalisant que je n'y avais pas pensé avant et que j'ai un peu honte de ne me rappeler de ce que j'ai à dire que maintenant, je reprends la parole alors que les doigts d'une mes mains dessinent des cercles sur le matelas. Et non, je n'ai pas rosi, c'est faux, je nie, je réfute, vous mentez. Ma voix hésitante est également un effet de votre imagination, d'ailleurs.
« … Dis, euh... Joyeux anniversaire, du coup. »
Ce n'est pas très important, un anniversaire. Mais si il peut lui être agréable, après des mois aussi durs et complexes, je ferais tout mon possible pour aider à ce que cela se produise. Quitte à me sacrifier et aller supporter la plage, oui, et je ne suis pas du touuut de mauvaise foi, jamais. Je mentirais, toutefois, si je disais que malgré ça, l'idée de sortie n'était pas tentante dans un fond de ma tête ; mais après tout, j'ai déjà dit pourquoi de à maintes reprises, n'est-ce pas ? |
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