Super smash volley.
Cayagane - Fin juillet - Après-midi

« Hé, attention !! »

Ouille.

Un ballon de volley, c’est léger, mais quand c’est un smash qu’on se reçoit dans la tronche, c’est assez douloureux et ça peut t’envoyer par terre. D’ailleurs c’est ce que j’ai fait : je me suis retrouvé les fesses par terre en me frottant le côté gauche du visage, là où a balle a atterri. En quelques secondes, trois autres joueurs (deux membres de mon équipe et le tye de l’équipe adverse qui m’a envoyé le ballon dans la tronche sans le vouloir) sont là pour m’aider à me lever et me demander si je vais bien et veux m’asseoir. Ils sont gentils mais je suis un peu à côté de mes pompes en réalité et je réponds par des « euh ouais mais ça va hein » assez mous tandis que l’arbitre arrête le match une petite minute. Guillaume, le capitaine de notre équipe et aussi deux ans plus âgé que moi renvoie les autres sur le terrain et s’assure de mon état en me disant de prendre une pause au moins le temps de mettre de la glace sur la rougeur de mon visage. D’ordinaire, j’aurais protesté en insistant auprès du reste de l’équipe que tout va bien, mais en ce moment je me sens étrangement raisonnable et découragé. « De toute façon, ils joueront certainement mieux sans moi », m’étais-je mis à penser presque immédiatement qu’on m’avait fait asseoir sur ce banc. Ce n’est qu’un petit tournoi comme mon club de volley en fait à toutes les vacances à la fin de son petit camp d’été. C’est souvent très sympa et je dois dire qu’on a une équipe très sympa. Surtout Guillaume, notre capitaine, c’est vraiment un gars sûr qui est aux petits soins avec ses cadets. C’est la première année que je participe au tournoi, c’est le capitaine qui m’a suggéré de venir dans l’équipe cette année et ça m’a fait super plaisir… Il parait qu’on perd généralement contre les équipes de Baguin, mais c’est pas vraiment important. Je n’ai pas vraiment la gniaque de manière générale, en réalité et c’est un peu pour ça que je ne voulais pas vraiment participer aux compétitions (et aussi parce que j’ai trop peur d’un boulet qui ferait perdre les autres et deviendrait la risée de tous). Mais en ce moment, de toute façon, j’en ai pas grand chose à faire de… bah, de pas grand-chose.

Pendant que je passe le reste du match à regarder mes coéquipiers gagner en me disant qu’avec moi ou sans moi sur le terrain, ça n’aurait rien changé, je n’ose pas lever la tête vers les gradins, là où Soltan est venu avec Marilyn et les deux petits. Ils sont surement déçus de ma piètre performance… Quel autre bouffon se prend un ballon dans la face parce qu’il est trop occupé à penser littéralement à rien dans un moment où il devrait être concentré et à fond, pour un sport qu’il adore, en plus. Enfin, pour le coup, je suis content qu’Ellias ne soit pas venu et n’ai pas eu à voir ça… De toute façon, il bosse pendant les vacances et a vraiment l’air occupé… Il donne pas beaucoup de nouvelles et j’ai l’impression qu’il a pas spécialement envie de me causer non plus. L’épisode récent des falaises me dissuade aussi pas mal de voir mon cousin. S’il apprend que je me mettais encore dans des situations périlleuses… Disons que j’ai pas vraiment envie d’avoir encre cette conversation. Mais, il me manque quand même et je me demande ce qu’il fait.

Le match s’est finalement terminé et même si je souris et frappe dans les mains de mes camarades qui viennent de gagner, je suis encore pas mal à côté de mes pompes et c’est machinalement que je me rends aux vestiaires avant de sortir. Un sourire et un salut un peu réservé adressé à mes camarades en leur promettant de me reposer pour la demi-finale les a surement un peu alarmés. Je sors avec mon sac et me pose donc devant l’entrée du gymnase en attendant Soltan et les autres, jouant un peu au portable.

C’est avec une certaine surprise que je vois notre capitaine sortir le deuxième et venir à moi avec un sourire rassurant.

« Hé, Ludwig. Joli match, aujourd’hui, hein ? »
« Oh, euh… Bah, ouais, vous avez bien joué. »

Dis-je en baissant les yeux, sous-entendant un peu que je n’ai été d’aucune utilisé. Guillaume s’assoit auprès de moi, l’air préoccupé.

« Ça va, ta tête ? »

J’hausse les épaules. Ça ira, un peu de pommade en rentrant et on sera bien.

« En tout cas, ménages-toi avant le prochain match, ce serait sympa que tu puisses jouer, quand même. »
« Hm.. Mais, je… »

« Mais je ne risque pas de vous plomber et de vous faire perdre le match ? » ai-je failli énoncer à vois haute, mais je n’ai pas envie de mêler le capitaine à mes soucis personnels.

« Non, rien. Ce- euh, ce serait chouette. »

En entendant ma voix un peu chevrotante, l’autre se tut un moment avant de reprendre la parole.

« Ludwig, t’es sûr que ça va ? T’as l’air ailleurs depuis le début du camp. »

Et zut… Faut croire que je ne retiens pas la leçon, quand on me notifie que mon malaise est écrit sur mon front. Hmph… Qu’est-ce que je vais lui répondre, hein…

« Euh… Je suis fatigué, en ce moment… Je dors pas assez. M-mais, je vais faire gaffe, c'est ma faute d'avoir trop veillé ! »
« Hm… Ok. »

Guillaume me jaugea quelques secondes d’un regard perplexe puis réajusta son sac sur son épaule. Après tout, on ne se voit qu’au club de volley, on ne peut pas dire qu’il me connaisse assez pour vraiment voir ce qui ne va pas… Enfin, j’espère. Le silence serait devenu gênant si je n’avais pas entendu la voix stridente de Marilyn précèdant le reste de sa famille en se pressant vers la sortie du gymnase. Je saute sur l’occasion pour me sortir de la situation gênante où je me suis retrouvée.

« Bon, hm… Ma..."Famille" est là. Je vais y aller. On se voit à l’entrainement dans 2 jours ! »
« Ah, attends, j’avais un truc à te filer. »

Je m’arrête pour retourner vers mon capitaine. Qu’est-ce qu’il peut bien vouloir me donner… ? Je ne crois pas avoir demandé quelque chose ou oublié mes affaires au gymnase un jour.

« C’est toi, hein, qui m’avait dit que tu voulais faire évoluer ton Pikachu... ? »

Ah, oui, c’est vrai qu’on en avait parlé ! Enfin, c’est pas que moi qui en avait parlé, c’est surtout que ces temps-ci, Wyatt avait l’air de rêvasser en regardant Misha, ma Nidorina, qui vient d’évoluer. Et il s’entrainait aussi plus dur mais se trouvait souvent déçu de ne pas grandir ou évoluer comme il le voudrait. J’ai donc dû lui expliquer qu’il lui faudrait une pierre pour qu’il puisse réaliser son projet, m’enfin, j’en ai pas trouvé à Cayagane. Bref, j’en parlais à Guillaume une fois, je sais plus trop pourquoi mais j’imagine que c’était tombé au cours d’une de nos conversations.

Mes yeux s’écarquillent sur ce que Guillaume sort de son sac : une gemme translucide aux reflets vert-dorés, au cœur de laquelle est enfermée une pierre en forme d’éclair.

« Mais… mais ! »
« T’inquiètes pas, mon père bossait à l’extraction, il m’en a rapporté deux y’a trois mois, j’ai utilisé la première sur mon Evoli et l’autre trainait dans un carton depuis qu’on a déménagé… »

Hmph… je suis quand même un peu gêné, mais en même temps, j’ai déjà la pierre foudre dans la main.

« T’es… t’es sûr ? »

Il hoche la tête et s’en va en avance après m’avoir adressé un salut, ce qui me laisse aller retrouver Soltan et ses enfants qui m’attendent devant la sortie. Iris s’inquiète la première pour la joue « toute rouge », Marilyn se moque un peu avant de développer sur le fait que « c’est trop classe quand ils font des manchettes en mode « ZBLAAAM ! » en mimant le geste. Soltan me demande à son tour si ça va et que je pourrais quand même jouer au match suivant et je le rassure avec un sourire un peu forcé, tout en rangeant la pierre foudre dans ma poche.

Du coup, j’avais hâte de rentrer et aussitôt fait, j’ai sorti la pierre et suis allé chercher Wyatt qui gambadait avec Misha dans le jardin. Dès qu’elle a su pour la pierre foudre, Iris a tenu absolument à assister à la potentielle évolution de Wyatt et elle trépigne à présent d’impatience.

« Wywy, tu devineras jamais ce que j’ai pour toi ! »

Le Pikachu effronté sautille jusqu’à mes mains cachées derrière mon dos et lâche des « Pika Pikaaaa ! » enjaillés. N’étant pas du genre cruel et comme Iris insiste pour que je la lui donne, je ne les fais pas lambiner plus longtemps et dévoile à Wyatt la pierre. La souris électrique s’arrête net et admire la gemme d’évolution, ou plutôt, il la dévore des yeux. C’est presque un peu creepy. Arès une très courte hésitation, le Pikachu se saisit de la pierre foudre et a peine l’a-t-il touchée qu’elle se met à briller d’une lumière orangée qui enveloppe Wyatt. Dans un cri victorieux, Wyatt revêt sa nouvelle forme et…

« Hé ! C’est drôle, Raichu, il était pas comme ça dans mon livre ! »

Ça alors ! C’est vrai que moi non plus, mais… Le fait que Wyatt parvienne à flotter sur sa queue, que ses oreilles et ses extrémités soient plus arrondies comme son expression, cela signifie qu’il n’était pas un Pikachu de forme commune, mais… Bah, il avait une forme Alolianne, quoi ! Je ne connais pas tous les détails, mais j’ai déjà vu des Pokémon d’Alola sur Enola, donc ça n’a rien de si incroyable, mais ça reste super cool !

« C’est parce que Wyatt est un Raichu d’Alola ! Mais on pouvait pas voir la différence quand il avait pas évolué. »
« Oooooh ! Tu es encore plus beau Wywy ! »

Admirative, Iris s’approcha vers Wyatt et poka du doigt le ventre rond et dodu du Raichu. Wyatt se mit à rire comme si cela le chatouillait et vola vers nous pour nous câliner et nous remercier de l’avoir aidé à évoluer. Une fois qu’on fut dans ses bras, Iris se mit à rire et Wyatt, de nous soulever en décollant perché sur sa queue. Mais étant donné qu’on est vachement plus grands qu’une grosse souris de 80 cm et que la maîtrise de ses pouvoir physiques n’est pas encre idéale, eh bah, on est tout de suite retombés par terre ! Après avoir roulé dans l’herbe et dans la boue, Iris se mit à rire encre plus fort que tantôt et même si j’étais morse il y a encore une heure, je l’accompagne et profite du moment avec la petite fille de la ferme et mes Pokémon. Ce serait bien, que ce soit toujours ainsi… Non ?