Cyan est né dans la ville de Yokohama le 23 Novembre 2007. Ses deux parents, Rose et Isami du Fey, étaient deux commerçants travaillant au centre commercial du quartier depuis plus d’une vingtaine d’années. Ils étaient tous deux nés et avaient grandis en France. Ils désiraient partir s'installer dans un pays asiatique par amour pour la découverte. Tombés sous le charme du Japon, leur décision d'y habiter fût hâtive mais jamais il ne la regrettèrent.
La situation familiale, quoi qu'un peu vétuste, était d’une simplicité agréable et surtout on-ne-peut plus normale : pas de grand jardin, pas d’argent à ne plus savoir quoi en faire, pas de technologie avancée... Une famille modeste. Cyan allait à l’école avec d’autres enfants de la ville et possède quelques amis, son enfance était un reflet de la vie elle-même, dans l’indifférence et l’innocence, la découverte du monde et le partage.
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Une Caninos femelle recueillie par son père rejoignait également la famille lorsque le jeune garçon atteint l’âge de trois ans. Les deux petits ne tardèrent pas à devenir très proches, parfois même à partager leurs repas. Les autres enfants jalousaient Cyan, il est le seul de l’école qui possèdait un lien aussi fort avec un Pokémon. Cette jalousie poussa les plus âgés des enfants et ceux qui voulaient faire la loi dans la cour de récré à lui faire du mal, certes peu physiquement mais également avec des mots. Les actions devinrent si insoutenable jour après jour que le du Fey se décidèrent à déménager vers un endroit plus calme en 2011. Leur choix se porta sur une petite île éloignée du monde, bien plus propice à leur vie simple qu’une grande ville comme Yokohama.
Le mois suivant, alors que le Régime avait pris le contrôle d’une partie de l’île, les parents du jeunot aux cheveux bleus acceptèrent une offre alléchante de l'organisation dictatoriale. Eux n’ayant vécus que dans la simplicité pouvaient enfin rêver de luxe et de bonheur. Le prix à payer était simplement de travailler pour eux, dans des usines de fabrique de PokeBalls. Ils s’installèrent dans un immense appartement d’un grand immeuble de la lumineuse ville d’Amanil, heureux d’avoir une chambre spacieuse pour leur fils unique adoré. Lui ne voyait pas tellement la différence, dans sa petite tête d’enfant de 4 ans et demi. Tout lui semblait normal, le bonheur de ses parents faisait également le sien. Les années passèrent, sans que rien ne semble perturber toutes ces choses... Mais rien n’est plus fragile que l’esprit et le cœur d’un enfant.
C’est lors des évènements de 2017, lors la perte de contrôle de l’Emergya en plein milieu de la ville, que Cyan découvrit pour la première fois l’horreur de la guerre dont il avait été gentiment épargné pendant des années. Jusqu’à aujourd’hui, tout semblait paisible et normal pour un jeune garçon de 10 ans dont l’éducation était désormais dispensée par des professeurs particuliers a domicile. Les explosions et crépitations, l’agitation et le chaos qui l’entourait bousculèrent toutes les convictions du monde et il ne désirait qu’une chose : que tout redevienne paix, comme lui racontaient ses professeurs, qui étaient bien sur des pions du Régime.
Ses parents se rendirent et furent arrêtés par les résistants. En tant que mineur, Cyan eu le droit a un traitement de faveur et fut confié aux autorités compétentes afin d’analyser et traiter son cas parmi les milliers d’enfants qui semblaient aussi perdus que lui.Ses parents furent alors emmenés loin de lui, au milieu des hoquets de familles déchirées par la guerre.
Plus jamais, non plus jamais ceci ne doit arriver.
Tels furent les mots qui résonnèrent au fond de l’âme d’un jeune garçon, a la crinière aussi bleue que les cieux lors des jours angéliques.
Un foyer de fortune fût ouvert a Anula afin de recueillir les enfants mineurs sinistrés et dont les parents étaient portés disparus ou arrêtés par les résistants. Sur la liste des collaborateurs au régime figuraient les deux parents du Fey, qui allaient purger une peine de prison beaucoup trop longue pour être comptée en heures d'enfant. Ils tentèrent tant bien que mal d'expliquer le mal que ses parents avaient pu faire, Cyan n'était pas en mesure de comprendre en quoi le bien et le mal autorisait les êtres humains a en enfermer d'autres pour avoir travaillé et offert du bonheur à leur famille.
Petit a petit, l'île commençait à se reconstruire. Mais ce fut également la période noire de l'Emergendémie et Cyan, malgré sa constitution normale, porta la maladie a une dose peu élevée mais suffisante pour provoquer des visions étranges...
*Une image récurrente des visions de Cyan "
Tu... Mener... Droit... Seul... Il... Tous... Sauver" répétait sans cesse la voix incompréhensible dans sa tête, résonnant sur les bords osseux de la boîte crânienne, "
Toi... Descendant... Survécu..." ajoutait-elle toujours a la fin. C'était une routine quotidienne, entre les douleurs abdominales, les fièvres régulières et les pertes de connaissance. Il finit par y interpréter un message qui n'avait bien sur aucune réelle légitimité, mais il était convaincu que c'était une voix destinée à le guider vers quelque chose. Bien entendu, il a été prouvé scientifiquement qu'il ne s'agissait que d'hallucinations, mais l'esprit est un outil fragile. Cyan finit par y croire et cela le lança dans une quête hors du temps et de la raison.
Il commença a s'intéresser à l'histoire de l'île d'Enola afin de comprendre et de déchiffrer les paroles de la voix, encore claire et figée dans sa mémoire. Il se mit en tête d'explorer plus tard le monde, lorsqu'il en aura le moyen... C'est en 2021, lorsque le jeune garçon est âgé de 13 ans, que viennent le rejoindre des hommes tenant avec eux un Pokémon. C'était Gardia. Il avait cru sa chère et tendre Caninos morte lors de l'arrestation de ses parents, mais les résistants l'avaient simplement enlevée afin de lui faire passer des examens et n'avaient pas retrouvé les responsables. Finalement, après quelques années de recherches et avoir questionné les prisonniers, il s'est avéré que la seule personne capable de s'en occuper était Cyan. Malgré son jeune âge, cette tâche était tout a fait autorisée en période trouble. Il ne cacha pas ses émotions de retrouver celle qu'il considérait comme sa propre sœur.
Ces retrouvailles fortuites lui donnèrent alors l'occasion de quitter la bâtisse grisâtre qui lui servait de maison, désormais officiellement installée a Amanil, pendant sa reconstruction. C'était l'occasion d'entamer un voyage vers les ruines au sud, qui devait surement contenir plein de secrets et d'informations pour comprendre son rêve... Comme comprenant son nouveau maître d'un simple coup d’œil, la Caninos était prête à le suivre où qu'il puisse aller, heureuse d'avoir enfin retrouvé sa famille.
Mais que peut faire un enfant face à la logique et aux grands airs des autoproclamés adultes de ce monde. A peine eût-il parlé de son envie de partir que la directrice lui expliqua fermement que ce n'était pas possible, qu'un pauvre enfant de son âge était incapable de partir seul affronter Enola et tous ses dangers, même avec la présence d'un Pokémon pour le protéger. Malgré tous les arguments et son implacable désir de quitter cet endroit, les responsables le lui interdirent.
Encore un fois, les humains abusaient de leur pouvoir sur d’autres humains pour des questions de responsabilités et autres concepts bien éloignés de ce que pouvait interpréter Cyan. Sa frustration le poussa à imaginer un plan dans le but de s’enfuir du pensionnat. S’ils ne voulaient pas le laisser partir, il le ferait quand même. Ce n’était pas la difficulté du monde ou le manque de connaissances qui allaient l’arrêter. Au fond de lui, il savait que ce voyage allait être éprouvant. Vivre seul, comme un sauvage, dans une nature hostile... Avec très peu de connaissances... Loin d’une vie paradisiaque comme promise à ses géniteurs sur le tract, quelques années en arrière.
Quelques morceaux de pain, des baies et autres condiments volés dans la cuisine commune vinrent agrémenter le bout de tissu noué qui ferait office de sacoche de fortune. Une bouteille en plastique d’eau fraichement sortie du robinet dans la poche de droite et son unique PokeBall dans celle de gauche, il sauta depuis la fenêtre du premier étage. La nuit noire sans lune était particulièrement propice à ce genre d’évasion, même s’il ne s’agissait que d’un hasard. Furetant et observant les alentours, le bâtiment n’était surveillé que par des gardes à l’entrée, donc sa sortie passa inaperçue.
Le morceau de carte arraché dans les sanitaires lui indiquait le chemin à prendre pour atteindre sa première destination et son point de ravitaillement : le quartier sud d’Amanil. Il devrait y arriver sans trop de difficulté, en évitant les grandes rues un peu trop animées mais également les zones mal fréquentées. C’était bien beau de partir à l’aventure, mais il fallait éviter de se faire amocher dès les cinquante premiers mètres...
Après quelques trois jours de marche, Cyan se situait déjà à mi-distance de Zazambes. Depuis le deuxième jour, des Rangers et autres corps de métiers sillonnaient les routes, s’occupant à la fois de leur travail quotidien, mais gardant un œil sur la présence potentielle du jeune garçon. Il l’avait compris en surprenant une conversation entre des voyageurs, l’un demandant si les autres avaient aperçu un jeune enfant correspondant a sa description. A chaque moment, ses yeux filaient de droite à gauche pour savoir s’il avançait ou restait campé dans une cachette de fortune. Malgré son manque d’expérience, le garçon aux cheveux couleur mer de plage faisait preuve de malice et de stratégie, propulser par un désir absolu de s’éloigner de tout ce qui voulait l’empêcher de comprendre sa destinée.
Il atteignit non sans peine sa destination au bout d’une semaine complète de voyage. Cyan était un peu malade, surement un mélange entre l’eau sale récupérée là où il pouvait afin de s’hydrater et les différences de température entre les jours chauds et les nuits plus fraiches. Il ne mangeait pas bien non plus, s’alimentant de ce qu’il pouvait trouver de comestible. Il s’étonnait de son manque de connaissance des bienfaits de la nature, malgré le professorat privé de son enfance. Il faudra qu’il se renseigne autant que possible sur toutes ses choses. Gardia, elle, ne se privait pas de s’alimenter naturellement de petits animaux, comme des rongeurs. Elle était encore jeune et une petite quantité de viande suffisait à remplir son estomac. Le jeune pseudo-dresseur fuyard nota de s’inspirer de son amie pour savoir quoi manger, ce serait déjà un premier pas vers son autonomie.
Les ruines s’étendaient de part et d’autre des tentes de scientifiques et d’archéologues tentant de comprendre les vestiges d’une civilisation perdue depuis presque deux siècles. Seules certaines zones étaient ouvertes au public touristique, l’équivalent d’un vingtième du total explorable. On ne parle ici bien sur que de la surface. Qui sait ce que d’anciennes civilisations pouvaient cacher dans leurs constructions souterraines. Il suffit de comparer ça aux Égyptiens et le montant de secrets que peut cacher chaque édifice. Cyan imaginait que c’était peut-être pareil pour le Titak. Il patienta assez longtemps pour que le soir tombe et que seules les lumières de lanternes éclairent le campement le plus proche.
Quand la nuit éclairée d’une demi-lune fut assez profonde, le jeune fugueur s’aventura dans la première ruine qu’il trouva. De belles fresques parcouraient les murs de ce qui ressemblait à une église dans sa forme et sa conception. Lorsqu’elle était encore en fonction, sa toiture devait être sacrément impressionnante. Les symboles qui ressemblaient à une langue n’avaient aucun sens pour le jeune garçon qui caressait doucement les hiéroglyphes à la teinte pâlie par les années. C’était ici que les secrets de l’île attendaient sereinement, paisiblement, avec leurs énigmes insolites.
Alors qu’il rêvassait en admirant les arts Énolians du passé, il ne se doutait pas qu’il ferait une rencontre qui allait lui permettre de tenter d’accomplir librement ses objectifs propres. Un éleveur et dresseur dont la force dépassait de loin celle de beaucoup. Un étranger venu sur l’île pour y découvrir des Pokémon rares. Un observateur lointain, démarche qu’on pourrait aisément qualifier de bienveillance, mais il s’agit en réalité d’un mélange de gratuité vaniteuse et d’un sentiment de supériorité acquis. Ce même homme qui allait décider d’accepter le caractère rebelle de Cyan pour satisfaire sa propre curiosité et tromper son ennui.
Cyan fut surpris, un peu trop même, de voir l’étranger sortir de sa tente et s’assoir tout proche de lui sans lui jeter un regard. Il feuilletait un manuel sur les Pokémon, probablement liés aux ruines...
??? | "C’est épuisant de voyager, n’est-ce pas ? J’ai fait la même chose il y a une dizaine d’années. Je suis parti explorer le monde pour devenir fort et j’y suis vraisemblablement parvenu. Ton nom est Cyan, je crois. C’est ce que disaient les Rangers qui sont passés. Ils sont vraiment inquiets, tu devrais leur donner des nouvelles." |
Le garnement, du haut de ses treize petites années, ne savait pas vraiment où se mettre. Pleurer n’aurait servi a rien. Les grognements discrets de Gardia accentuaient le malaise, elle qui sentait clairement que l’homme pouvait représenter un danger pour son maître, bien que celui-ci ne laissait paraitre aucune émotion particulière autre que la curiosité. Ses yeux aux reflets violacés se cachaient derrière une paire ovale de lunettes de vue, logée sur un fragile nez pointant hors de son visage léger.
Il passa une main dans sa chevelure noire, quoi qu’un peu cendrée, comme pour chasser un insecte volant qui était venu se poser. Il le regarda s’éloigner tranquillement jusqu’à le perdre de vue, puis ses globes vinrent de nouveau se loger sur le vagabond qui n’avait pas bougé d’un millimètre, comme hypnotisé par sa présence.
Chimera | "Oh mais pardonne-moi, j'ai oublié de me présenter. Mon prénom est Horio, mais les gens par ici m'appellent Chimera. Tu peux choisir ce que tu préfères. A toi maintenant." |
Sa façon de s’exprimer montrait que l’étranger était cultivé. Du moins, il avait le sens de bien-parler et ses phrases sonnaient telles des flots rassurants. Il était vêtu d’un classique tee-shirt blanc traversé de haut en bas par une bande jaune-orangée, ainsi qu’un habituel jean noir maintenu par une ceinture sobre à la boucle grise-argentée. Il maintenait sur son dos une veste d’un style américain, une sorte de trench plutôt court, avec des épaulettes noires et un grand col blanc retroussé, surement pour se donner un certain style décontracté. Après deux bonnes minutes de silence, il s’apprêtait à se lever et à parler de nouveau, mais Cyan le pris de court.
Cyan du Fey | "Tu sais que j’suis Cyan et oui, c’est dur de marcher et de pas se faire attraper ! Mais c’est mieux que d’être dans ce foyer tout pourri où on me dit qu’j’peux pas partir voir les ruines ! Je m'ennuie là-bas !" |
Sans s’en rendre vraiment compte, il avait commencé à parler un peu trop fort et certaines des lumières des autres yourtes s’allumèrent, dérangées par les bruits dans une heure peu propice a la discussion. Le fuyard pensa alors que son aventure touchait à sa fin, que les rangers allaient le ramener au foyer, qu’il serait puni et sous haute surveillance. L’effroi lisible dans ses yeux alluma une sorte de flamme dans le cœur d’Horio qui prit les devants, lui disant de le rejoindre. Malgré les larmes qui commençaient à monter et le hoquet qu’il sentait arriver au fond de sa gorge, il fit l’effort de s’approcher du jeune adulte alors qu’un petit groupe de mécontents s’approchait, lampe-torches à la main.
Le dresseur calma la troupe et expliqua au ranger présent sur les lieux, car il avait reconnu le garçon, que désormais il se portait garant de la bonne santé et de l’éducation du petit. Cyan n’eût même pas la force de s’opposer aux paroles providentielles que son futur père de substitution venait de prononcer, soulagé. D’abord réticent, le ranger accepta finalement de façon temporaire, le temps que l’information remonte jusqu’au quartier général. Ensuite il faudra remplir des papiers, afin de valider la responsabilité d’Horio, en accord avec le foyer et les autorités d’Enola bien évidemment.
Comme si tout était déjà réglé, Chimera proposa à son protégé de dormir dans sa tente, pendant que lui irait régler le problème directement. Il griffona rapidement un message sur un morceau de papier et le déposa dans les quenottes encore froides de Cyan. Ensuite, il sorti machinalement de sa poche arrière une balle aux motifs étranges, mais elle semblait avoir les mêmes fonctions qu’une Pokéball classique. Seul son design était réellement atypique. De celle-ci émergea un magnifique volatile, un Roucarnage mais couvert d’un plumage d’or scintillant dans la nuit noire. L’homme grimpa sur le grand Pokémon et s’envola loin, disparaissant dans les nuages.
Le message était salvateur :
pars dès demain, vers midi. Va découvrir le monde.
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ÉVEIL
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Les premiers jours ne furent certes pas de tout repos, mais Cyan pouvait enfin emprunter les chemins sans risquer de se faire arrêter par des forces ranger pour le ramener à Amanil, qu’il surnommait maintenant la Cité de la Tristesse. Il en profita pour visiter les vestiges anéantis ouverts au public, avec le peu de restauration physique dont avaient fait preuves les plus grands explorateurs et chimistes sur les lieux. C’est dans ce lieu, autrefois empli de vie et animé par les hommes, qu’il découvrit ce qui allait changer ses objectifs et le déterminer à modeler un monde meilleur.
Viendra le héros du temps et de l’espace
Disciple et maître, il régnera
Digne, il est l’élu de Regigigas
Souverain et puissant, il régnera
Maître du roc, de la glace et du magma
Nous l'attendons, ô l'élu
L'élu de Regigigas
Une légende qui dans son esprit d’enfant faisait référence à ses visions et aux paroles délicates de ses rêves. Il se remémora les mots et une traduction plausible éclot...
Le héros doit être guidé, pensa-t-il.
Guidé mais par qui ? La voix avait parlé de descendance... Peut-être serais-je un fils spirituel des survivants de l’île ? Oui, je dois être un élu. Pas celui de la légende, mais une personne pour l’aider et lui montrer qu’il ne doit pas supporter le poids de la légende seul. C’est le message dans mes visions, j’en suis sûr maintenant !Les hommes peuvent facilement être poussés vers le mystique quand aucune réponse ne leur vient. Il en est pour le bien ou le salut de leur âme, à la recherche d’un équilibre psychique dans des explications sans arguments. Mais la foi en ces mots et son propre jugement lui suffisait. De toute façon, tenter de prouver de telles absurdités a d’autres habitants de l’île ne ferait de lui qu’un fou bon à enfermer. Pour Cyan, seul le héros de la légende saurait reconnaitre les véritables héritiers des Énolians originels.
Le lendemain, le Roucarnage d’Horio vint lui apporter des vivres, des vêtements propres et secs, ainsi qu’un courrier. Dans celui-ci, le dresseur glissait des nouvelles de son voyage a Amanil, expliquant son départ soudain ainsi que les suites de tutorat.
Cyan,
J’ai obtenu le droit de la part de ton ancien établissement de m’occuper de toi. Les Rangers devraient te laisser tranquille, puisque la démarche vient de moi. Je n’ai pas eu le temps de te présenter à Kumo, mon Roucarnage. Caresse-lui le plumage sur sa tête, il adore ça. Dans la petite sacoche tu trouveras un livret rouge tout ce qu’il y a de plus classique. J’inscrirais des questions, tu fourniras des réponses avec ce que tu auras fait. Simple et efficace. C’est une obligation et pour chaque manquement je viendrais personnellement te punir, mais j’imagine que tu es un garçon intelligent et que tu vas le faire sagement. C’est seulement une fois par semaine. Ne te décourage pas.C’était bien évidemment signé de la part de Chimera.
Médusé par l’intérêt que portait pour lui son nouveau responsable, le garçonnet considéra le présent et finalement, après avoir machinalement hésité, il saisit le butin ainsi que le carnet de papier. La couverture était faite d’un cuir étanche et de très bonne qualité. Il sentait le neuf. Tout en l’ouvrant, il découvrit la liste des premières questions rédigées par l’expéditeur. Elles portaient sur l’essentiel de la vie des Pokémon, mais aussi sur des notions comme la gestion d’un potager ou la construction d’un abri. D’abord surpris par le contenu, car il s’attendait plutôt à recevoir des exercices mathématiques ou des rédactions linguistiques, Cyan trouva la démarche intéressante. En cherchant des réponses aux questions posées, il pourrait expérimenter et apprendre de lui-même. Le carnet serait une sorte de guide l’aidant à accéder à son autonomie tout en lui divulguant l’essentiel de la culture générale pour devenir un bon dresseur ou éleveur plus tard.
Sa route le mena plus au nord. Durant son périple, il traversa non sans peine les montagnes avant de redescendre vers la forêt d’Erode, bien plus propice à la marche. Ses jambes le portaient malgré la douleur. Bien entendu, régulièrement il pouvait apercevoir Kumo décrivant des cercles dans le ciel, juste au-dessus de là où il se trouvait. Le majestueux Pokémon oiseau gardait un œil sur le garçon pendant une dizaine de minutes au moins cinq fois par jours, rapportant ainsi ses observations à son tuteur qui s’assurait alors que tout allait bien.
C’est dans ces voyages au cœur de la nature qu’il découvrit la beauté des Pokémon dans leur état sauvage. Il croisa de nombreuses espèces différentes et a chaque fois il inscrivait des nouveautés dans son calepin, gardant une trace de ses observations. Un juste travail de chercheur Pokémon en herbe. Il évita le grand lac par l'est, rejoignant finalement la jungle et son espace sauvage rempli de nouvelles découvertes.
Après avoir exploré toute la journée, il fit finalement la découverte d’un petit coin pratiquement paradisiaque. Proche d’un plat relatif, on trouvait à la fois des arbres fruitiers et l’accès à la rivière Tulus quelques mètres plus loin. C’était l’endroit parfait pour installer une masure de fortune et la cacher dans les feuillages verdoyants. Bien entendu, il faudra du temps pour en faire un nid douillet, mais un endroit où dormir à l’abri de la pluie était toujours le bienvenu. Sa première tâche serait de réunir les différents matériaux pour faire une toiture isolante et un plancher pour éviter le sol imbibé d’eau lors des grosses averses.
Aussitôt, il se mit au travail. Cyan réunissait à l’aide de Gardia tout un tas de gros galets le plus plat possible. C’était un moyen simple et efficace de surélever un sol, même si ce n’était pas très confortable dans un premier temps, il pourrait toujours le recouvrir de planches ou d’une autre surface plus tard pour se mettre à l’aise. Ce premier travail dura bien deux bonnes heures, pour juste remplir un espace de deux mètres carrés.
Les deux compères prirent une pause bien méritée, entamant un sandwich envoyé la veille par Horio, qui envoyait de moins en moins de grosses rations, souhaitant une plus grande autogestion du garnement pour l’alimentation. C’était effectivement important. L’endroit était propice à faire pousser d’autres arbres fruitiers tels que l’acérola ou l’avocatier. Cyan s’étonnait lui-même d’avoir déjà des idées sur le sujet. Il y a un mois, il n’aurait jamais pensé à une telle chose. La vie sauvage peut facilement changer les humains et leur faire découvrir que la nature est riche d’apprentissage.
Un Tropius impressionnant s’envolait alors au travers des arbres, laissant apparaitre une trainée de feuilles volantes à sa suite. Il s’éclipsa au-delà des nuages, voltigeant au gré du souffle d’un pampero de saison, comme si le monde se résumait à son ballet nuageux.
Il était temps de se remettre au travail...
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EXISTENCE
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Le craquement des planches résonne, mêlé à des aboiements qu’il connait bien. Tirant a lui la couverture, qui ne faisait rien d’autre que le protéger du soleil au niveau du visage, Cyan se retourna dans ce qui lui servait de lit pour la sixième fois de la journée. S’en était trop pour Gardia, qui sautait alors sur le jeune garçon pour lui infliger une violente léchouille du bas menton jusqu’en haut du front, un sourire satisfait de fierté animant son visage de Caninos. Il n’en fallut pas plus pour que les deux compères partent dans un duel amical, luttant pour dieu sait quelle raison mais s’amusant comme des déments.
Déjà deux ans que l’apprenti dresseur et son Pokémon logeait ici, sous la surveillance précise d’une autorité tutorale, d’un dresseur nommé Chimera. Les Rangers, qui maintenant connaissent bien le sauvageon et toléraient sa présence, n’hésitaient pas non plus à apporter des nouvelles, de temps à autre.
Après avoir fini de jouer et manger un morceau, il préparait ses affaires. C’était un jour important, car Horio lui avait enfin envoyé de l’argent pour qu’il puisse s’acheter des PokéBalls. Ce n’était pas une grosse somme mais pour Cyan cela représentait sa capacité à se lier a de nouveaux amis. Des amis capables de l’aider à trouver le héros de la légende, par exemple.
Ce matin, c’était le départ pour une nouvelle exploration du monde.