Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

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L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Masques (partie1) (OS, évolution)
Lionel Roque-Lartigue

Masques (partie 1)
Evolution de Tuxedo Kamen
/!/ TW : alcool, comportements auto-destructeurs, crise de panique ("shutdown") /!/

Lionel ne se sent pas vraiment en bonne forme ces temps-ci. Physiquement, pourtant, il n’a rien, le docteur De Rouillac l’a bien dit : « si vous n’arrivez pas à dormir, prenez les somnifères que je vous prescris et le repos devrait arranger les choses ». C’est le médecin traitant de toute sa famille depuis des lustres, donc, comment pourrait-il se tromper ou oublier quelque chose ? Cependant, le coordinateur n’avait pas voulu ni acheter ni prendre les médicaments prescrits, persuadé que ce n’est pas ce qui allait l’aider. De toute façon, il n’en veut pas. Il ne sait plus si ces habitudes si confortables qu’il suit depuis des décennies auprès de ses proches sont vraiment bénéfiques pour lui. C’était si agréable et facile que jamais Lionel ne s’était posé la question. Mais ces « bons » conseils ne sauraient le protéger sur le terrain ou l’aider à préserver des civils s’ils ne font que l’endormir quand il est censé agir pour au profit plus grand nombre. Avec les derniers évènements : Cayagane, ses mésententes avec Nowak, Sirius et Mephisto… Lionel a de plus en plus de mal à donner raison aux suggestions de ses deux parents (qui insistent un peu trop pour que tout ça soit vraiment naturel). Quand la confiance s’effrite si facilement et suite à un unique évènement, ce n’est pas bon signe.

Quoique, pas un seul évènement… Quand je repense à certains échanges, je me dis que ce n’est pas la première fois que les propos de Papa et Maman sonnent bizarrement.

Que se passerait-il, s’il commençait à sortir du chemin tracé pour lui ? A essayer de faire sa route sans toute cette aide qu’il découvre n’être pas si bénéfique que ça en toutes circonstances ? Déjà, rien que l’idée de l’envisager suffit à le terrifier même si il gagne bien assez pour le restant de ses jours. Il n’a aucune idée de ce qui l’attend s’il commence progressivement à se fier à son instinct. Après tout… il en est incapable.

L’instinct, c’est encore quelque chose pour les gens intelligents, qui ont de l’expérience. Maman dit toujours de Papa qu’il a un instinct pour flairer les bonnes affaires, mais, c’est qu’il est très intelligent.


Depuis quelques semaines, le coordinateur ne sait clairement plus quoi faire et craint de s’en rendre malade à force de manquer de sommeil. Aucune solution ne lui semble bonne : aller vers l’inconnu est trop effrayant, mais reprendre ses habitudes de cadet Roque-Lartigue docile est oppressant. Les deux, de toute manière, lui font comprendre qu’il ne fait rien correctement et qu’il n’est bon qu’à obéir bêtement sans poser de questions en laissant d’autres personnes faire les efforts à sa place. C’est au point où commence à éviter les lieux fréquentés par le réseau proche et plus étendu de sa famille, car il a trop peur qu’on vienne lui rappeler qu’il est un incapable à qui il faut ordonner sa conduite sinon, il couvrira tous ces gens de honte.

Mais moi aussi, j’ai honte…  

Honte pour tant de choses que cela lui donne le vertige. En plus, la liste ne cesse de s’allonger avec les jours qui passent.

A quoi bon essayer de réparer toutes mes bêtises… ? Je n’aurais pas assez du restant de mes jours pour corriger tout ça…

A cause de toutes ces tergiversations, il évitait aussi ses collègues conseillers une fois au QG, mais il ne pourrait se cacher éternellement même s’il se contente de faire son travail sans sourciller et en prenant assez de boulot pour s’éviter des missions potentiellement dangereuses (bien que le danger puisse survenir n’importe où et n’importe quand). En attendant que la solution se présente éventuellement à lui comme tombée du ciel des mains même d’Arceus, Lionel avait décidé de tout esquiver. De se perdre dans Zazambes, de se fondre dans le décor, pour une fois, à des endroits où il n’est pas déjà un habitué, où les gens ne viendront pas lui rappeler qui il est et ce que sont ses responsabilités. De se faire oublier. C’est fou, avec l’amour illusoire que donnent la célébrité et l’argent, Lionel en oublie souvent que sans ces deux choses-là, il est en réalité bien seul. En dehors des liens pour la plupart éphémères qu’il a créé durant des voyages avec d’autres coordinateurices, comme son ami Reggie, le bleu n’a plus vraiment de vrais amis, surtout depuis que les choses se sont terminées de manière tout de même douloureuses avec Shérylle. La rupture amoureuse n’avait pas été brusque entre lui et la Jaskoviak, mais la rupture amicale, en revanche, avait été vécue durement par Lionel qui n’était pas vraiment certain de faire la part des choses non plus à l’époque. Mais même s’il avait eu des amis, le coordinateur n’était pas certain de vouloir se confier à eux.

De toute façon, personne n’a envie de me voir si je ne suis pas assez en forme pour sourire comme un débile et pour leur faire plaisir. Je suis juste trop bête pour comprendre ce qu’on me demande et ce que je veux. C’est pour ça que Papa et Maman savent que c’est mieux de me dire quoi faire. Je fais juste un caprice, Sixtine dirait que ça me passera.


S’il ne jouerait aucun mauvais tour durant ces promenades où il aime surtout observer la vie nocturne de la ville du sud, on ne peut pas dire que ses activités soient saines quand elles consistent à choisir un bar inconnu pour y passer quelques heures. Néanmoins, dire que tout ce petit manège n’était pas un peu grisant serait un gros mensonge. C’est assez ridicule, mais ne pas faire ce qui est attendu de lui, donne l’impression au Roque-Lartigue de transgresser des interdits. Il pouvait voir l’attrait de se « rebeller » de la sorte, même si c’est un peu pathétique à son âge, surtout quand il passe déjà assez de temps à faire l’enfant.

Les habitudes ont la vie dure. Quand on a grandi chez les riches on apprend à se montrer méfiant en passant dans des quartiers plus « populaires ». C’est connu que tout le monde, des classes les plus modestes aux bourgeois, en a après les riches pour une seule raison : leur incroyable swag et leur culture dûe à leur immense richesse (c’est ce que dit Agamemnon, que les plus pauvres sont moins cultivés). Encore une fois, le patriarche ne devait pas souvent venir dans ces coins non pas modestes mais simplement pas peuplés uniquement par des familles touchant l’impôt sur la fortune, car ici, Lionel passait sans le moindre regard de travers. Ça lui allait bien. Il ne s’attendait pas à se faire aborder par qui que ce soit, après tout, il était trop concentré sur ses pensées noires pour réellement entendre ce que d’autres personnes auraient voulu lui dire. Au moins, à défaut de n’avoir personne à qui il pouvait parler de ses contrariétés, il avait la paix.

« Ouch ! ‘ttention ! »


Fut le son qui força Lionel à sortir brusquement de sa torpeur, étant donné que ce fut accompagné par une brève douleur au niveau de son épaule. Le bleu s’arrêta aussi sec de marcher et regarda autour de lui. Les informations lui arrivèrent toutes d’un coup et il se sentit perdu l’espace de quelques instants. Il reconnut une rue perpendiculaire au boulevard des festivals débouchant sur une petite place avec des arcades vers laquelle il venait de tourner. Ensuite, pour ce qu’il avait cogné, déjà, c’était une personne, ça il en était à peu près sûr : ça avait deux jambes, deux bras, une tête avec des cheveux bruns-châtains, c’était habillé en noir… bref. Lionel vit le type en face de lui se relever après avoir ramassé une cigarette avec un « ah shit », puis se masser l’épaule. Il comprit qu’ils s’étaient percutés en marchant tête baissée, mais même avec cette réalisation, la moumoute en restait comme deux ronds de flancs et fixait l’autre sans vraiment le voir. Probablement était-t-il secoué par ce contact brusque et pas vraiment désiré et le fait qu’il déteste vraiment se prendre des coups. Reste qu’il réalisa que l’autre s’était fait mal aussi et l’observait bizarrement avec son œil couleur noisette, l’autre œil étant caché par ses cheveux lui tombant dans la figure.

« Huh… j’vous ai fait mal… ? »


Entendre l’autre se remettre à causer réveilla Lionel dont le regard s’était égaré sur l’épaule du passant inconnu et provoqua un bref accès de panique chez le quarantenaire.

« Oh, par Arceus, je suis vraiment désolé, je ne vous avais pas du tout vu arriver, vraiment, c’est trop bête, je ne regardais pas où j’allais et je… vraiment navré, c’est de ma faute ! »

Le brun a la silhouette maigre à qui Lionel venait de couper la parole était resté la bouche entrouverte, momentanément stupéfait par le coup de flippe plutôt bruyant (au point que des gens installés en terrasse venaient de se retourner vers eux) du bleu. Devant l’expression interloquée et quelque peu concernée de l’inconnu en santiags, le Roque-Lartigue finit par se rendre compte qu’il parlait très fort et qu’il était peut-être un peu excessif de réagir ainsi. Le coordinateur se secoua de manière à se ré-ancrer dans la réalité.

« Euh… pardon. C’est que je… »


Se sentit-il obligé de se justifier, encore troublé par cette brusque intrusion. Mais l’autre l’interrompit d’un geste apaisant de la main.

« Faut pas flipper, z‘avez tué personne et j’regardais pas devant non plus, hein… »

Et voilà, encore de l’impératif… Même les inconnus qui veulent fumer tranquilles essaie de donner leur avis sur la manière dont je… enfin, non, je m’emballe mais, bref, ça serait pas arrivé si… si… s’il fumait pas de cigarettes… Ah, zut, la cigarette !

La culpabilité l’emporta très rapidement sur son agacement passager quand il se rapella qu’à cause de cette collision, l’autre avait fait tomber son mégot à terre. Lionel déteste les cigarettes mais ce détail l’ennuie quand même. Enfin, dans son état, tout lui semble un peu catastrophique. Surtout cette histoire de cigarette. Il lui était impossible de l’expliquer mais plus il y pensait, plus ça le faisait se sentir mal à l’aise et dans sa fixation, il ne parvenait plus à formuler précisément ce qui le dérangeait.

« M-mais… votre cigarette... »


Articula-t-il avec beaucoup de mal. Il déteste quand son cerveau se met d’un coup à brouiller tous ses sens et lui rend le fait de parler extrêmement éprouvant. Soudain, il lui sembla que la place, les discussions des personnes installées en petits groupes sur les terrasses des bars, les passants, étaient plus bruyants que jamais. Ce n’était pas seulement auditif. Il y avait trop à entendre, trop à voir, trop à sentir… Son souffle était plus court et sa tête lui faisait soudainement mal, sa gorge avait l’air bloquée, le rendant incapable de formuler son malaise.

Que… qu’est-ce qui m’arrive… ? Je n’ai même pas bu…

L’inconnu en face de lui, qui n’était pas encore parti, cligna des yeux en voyant le malaise croissant et observa les environs avant de revenir sur Lionel qui se crispait et jetait des regards en tous sens. Le brun hésita un instant et avait engagé de poser une main sur l‘épaule du bleu pour le faire se concentrer sur autre chose, mais en voyant le mouvement effrayé qu’entama le quarantenaire, il se ravisa et interrompit son geste.

« Huh… dites, euh… ‘voudriez pas changer d’lieu pour être au calme ? »


Ce type avait un fort accent, qui rendait difficile à Lionel de tout comprendre dans son état actuel. Mais il avait saisi « calme » et « lieu » et ça lui semblait déjà bien.

Pourquoi je peux pas décider moi-même… Normalement, ça ne me dérange pas… Enfin, pas comme ça.

Les minutes qui suivirent furent un peu floues mais le coordinateur sentir que le bruit s’éloignait et devint plus faible, lui donnant l’occasion de respirer de plus en plus aisément. N’ayant pas trop d’autre choix sur le moment, il avait décidé de laisser « le type-qui-a-un-accent-et-des-santiags » le guider, jusqu’à ce qu’il sente un peu de brise marine réveiller ses sens. Attiré vers la plage par le bruit des vagues toujours très efficace pour qu’il se détende, Lionel en oublia temporairement son accompagnateur qui le rattrapa une fois qu’il fut assis sur un muret au début d’une digue. Après un petit moment, le coordinateur inspira profondément puis il se tourna vers l’individu qui l’avait guidé puis suivi jusqu’ici. Avant de se remettre à parler, il tenta d'ignorer la honte qui l'envahissait en repensant à l'état dans lequel il s'était mis il y a une dizaine de minutes.

J'ai dû avoir l'air d'un pauvre fou...



« …pardon pour votre cigarette… »


Le brun, qui était quelques peu tendu jusque-là, haussa les sourcils le coup de la surprise, puis s’avachit en soufflant du nez. Lionel ne sut pas si l’autre était soulagé ou juste confus par sa fixation sur cette histoire de mégot… probablement un peu des deux comme c’est vrai que c’est un peu ridicule. Le fumeur se gratta la tête et haussa les épaules.

« Well… faut que j’arrête, toute façon… »


Le Roque-Lartigue cligna des yeux en observant l’autre parler et bouger et s’était focalisé cette fois sur son accent qu’il tentait de reconnaitre. Il en avait beaucoup entendu un semblable lors de ses voyages et essayait de se souvenir.

« M’enfin… ça va mieux… ? »


Fit l’autre en marmonnant un peu, visiblement hésitant. La situation était inhabituelle et il cherchait peut-être à meubler un silence gênant. De son côté, le Roque-Lartigue ne savait pas quoi répliquer.

Je suis peut-être calmé mais, non, ça ne va pas vraiment mieux. Je suis juste encore plus affaibli, maintenant.

Lionel ne voulait pas répondre à la question de peur de se trouver mal à nouveau. Il n’y avait qu’à le regarder pour voir qu’il avait l’air un peu éteint. Lui qui craignait que ses problèmes actuels ne le rendent malade, ce qui venait de se passer n’était pas franchement rassurant. Il voulait définitivement penser à autre chose et pour cela, faire la conversation de manière stérile est toujours la meilleure solution. Si tout à l’heure, parlaer lui faisait presque mal, là, quand il n’a rien d’autre à penser et qu’il a le bruit des vagues pour se détendre et se concentrer, c’est plus gérable. Le cadre s’y prête mieux.

« Vous avez un accent d’Unys, il me semble, non ? »


Le maigrichon préoccupé par l’état de l’Enolian arqua un sourcil devant la question qu’on venait de lui poser. Il pinça les lèvres et croisa les bras sur son torse, l’air plutôt perplexe et légèrement méfiant.

« Euh, oui, so… ? »

Le coordinateur haussa les sourcils en entendant le ton abrupt de son interlocuteur qui semblait trouver la question un peu déplacée. C’est plus fort que lui : pour se détendre, Lionel a besoin de se réfugier derrière ce genre de « small talk » pour se sentir à l’aise et si l’autre joue le jeu, ça lui fait quelque chose de familier auquel se rattacher. Néanmoins, l’autre n’avait pas l’air méga emballé et le bleu se sentit stupide, en plus de ne pas être totalement certain de bien comprendre ce mélange de français et d’anglais.

Mais, hm, ce n’est pas dit avec de mauvaises intentions, je ne le juge pas ni rien par rapport à son accent, enfin… d’accord, c’était peut-être un peu bête mais j’essaie juste de faire la conversation.


« Oh, c’est juste que… » Un peu gêné quand même que l’inconnu l’observe avec méfiance, Lionel passa une main dans ses cheveux et tripota sa chaine pour se détendre. « Je suis allé à Unys moi-même plusieurs fois et j’aime beaucoup cette région, surtout Volucité et Méanville ! Les unyssiens sont tellements cool ! Je me suis vraiment attaché, c’est une belle région d’où vous… vous êtes de là-bas ? »

Le présumé unyssien eut l’air perplexe et inspira avant de répondre.

« Ben… oui. »

Le coordinateur n’a jamais été très bon pour lire les gens et l’air renfrogné de son interlocuteur ne l’aidait pas vraiment à savoir s’il était vraiment mal à l’aise ou juste timide. Il ne sait pas trop y faire avec les personnes réservées, craint toujours d’être un peu trop envahissant et bruyant. Dans le monde dont il est issu, la réserve, c’est plutôt mal vu au sein d’une société où chacun vante ses exploits à tout va. Entrer dans le monde de la coordination avait laissé le Roque-Lartigue très confus au départ pour ça. Les gens jouent un rôle sur scène et sont bien différents dans la réalité, parfois encore plus extravertis, parfois bien plus timides. Le fait que chacun porte un masque selon les circonstances l’avait frappé assez tôt mais ça ne l’avait pas aidé à moins se confondre. Ce genre de convention lui échappe toujours un peu, même si lui-même a été dressé pour les apparences, Lionel a toujours du mal à se dire que ce qu’il voit n’est pas toujours la version authentique d’une personne. Probablement pour ça que l’apparente réserve pourtant franche de son interlocuteur le laissait perplexe.

« ‘Fin vous êtes pas obligé de dire que vous aimez l’endroit d’où je viens et tout, je le prendrais pas mal, hein ! »

Cette fois, ce fut au Roque-Lartigue de rester silencieux. Il pencha la tête sur le côté d’un air interloqué, fixant encore l’autre qui souriait un peu narquoisement.

Euh… c’est une blague ? Il tente de détendre l’ambiance ou je ne comprends encore rien… ?

« Euh, non, non ! J’aime vraiment Unys, je dis pas ça juste pour faire plaisir ! Enfin, si… si ça peut vous faire plaisir, c’est bien, mais… »

Je crois que je me suis perdu dans mon raisonnement. Mais, euh, c’est vrai, j’ai cru que ça lui ferait plaisir de se sentir, euh… bah, de voir que dans un pays qui n’est pas le sien, y’a des gens qui apprécient, euh, sa culture… ? Non… ? Peut-être qu’il s’en fiche, enfin, moi, je serais content si, à Unys, on me disait qu’Enola c’est beau et que je ne me débrouille pas trop mal en anglais.

Ce serait un gros mensonge que de dire que Lionel sait aligner plus de trois mots d’anglais, pourtant. Au-delà de « where iz ze toilettes », il commence à avoir du mal. Enfin dans tous les cas, l’autre semble pas mal se foutre de l’avis d’un gosse de riche sur la question. Au ton un peu cassant qu'il employait, il avait même l'impression qu'il était un peu blasé par de telles remarques.

« Je rigolais, hein, vous justifiez pas. »

Il ajouta un « that was wierd » que Lionel déchiffra après quelques instants, du moins, il comprit surtout avec le ton employé par l’unyssien que ses commentaires étaient un peu bizarres. Au moins, la honte changea un peu de camp et le Roque-Lartigue comprit que son chauvinisme et son racisme bienveillants n’étaient pas les bienvenus.

Ce n’est pas comme ça qu’on remercie quelqu’un convenablement, en plus.

Lionel s’empourpra dans son embarras et se leva en se massant nerveusement la nuque, sans se départir de son sourire un peu simplet.

« Hm… Non, c’est… »

Laisses tomber Lionel, tu vois bien que ça l’ennuie.


Le bleu décida de partir sur autre chose, ce qu’il voulait dire depuis le début, mais qu’il avait voulu enrober dans des compliments déplacés. Les habitudes ont la vie dure.

« Merci pour l’aide, tout à l’heure. Je ne sais pas trop ce que j’aurais fait si… ça ne m’arrive jamais, normalement… »

Le volume de sa voix réduit à mesure qu’il avançait dans son propos. Peut-être ne devrait-il pas en dire tant. Il ne voudrait pas alarmer l’autre. De plus, même si le type habillé en noir ne l’avait apparemment pas reconnu, il ne voulait pas que tout le monde soit mis au courant du fait que le maître coordinateur piquait des crises bizarres de gros bébé dans les lieux publics.

« Enfin, je vais bien, maintenant ! »

Assura-t-il avec un sourire un peu forcé afin de se rattraper. Bien sûr que ça n’allait pas « bien », la fatigue était toujours là. Mais parler sans s’arrêter, ça fait penser à autre chose. L’inconnu haussa les épaules et marmonna un « it’s ok », comme si ce n’était qu’une formalité. Lionel n’a pas vraiment l’habitude des gens désintéressés.

« C’est- comment on dit, chez vous… ah, oui, « déformation professionnelle ». »


Ajouta mollement le brun, laissant une nouvelle fois le gosse de riche perplexe. Il se demanda quel genre de profession consiste à aider les gens qui piquent des crises dans la rue… ce n’est pas comme si Lionel avait appris à accorder beaucoup de crédits aux professions ressortant du domaine de la psychiatrie et de la psychologie. Selon ces parents, ce sont des charlatans qui pompent leurs sous et rien ne vaut la médecine, la vraie, celle du Docteur De Rouillac. Dans le doute, Lionel assuma que son interlocuteur était médecin, même s’il n’avait jamais vu de médecin habillé en noir avec des santiags et des tatouages sur les bras (évidemment). Mais bon, il ne faut pas juger sur les apparences (enfin, si ce type ne l’avait pas aidé, Lionel aurait encore plus d’a priori).

« Je vois, mais quelle que soit votre motivation, c’était bien aimable à vous ! » Il faut qu’il en fasse trop, comme d’habitude. « Enfin, il y a un bar au calme plus loin sur la plage, je peux vous payer un verre pour vous remercier, si vous voulez ! »

Ils auraient pu en rester là, mais d’une part, Lionel se sent obligé de rembourser son « service » au présumé médecin et de l’autre, il était curieux et avait envie de causer, un peu pour se racheter des bêtises qu’il avait dites. Même si c’est qu’il voudrait un peu d’attention positive, pour une fois, le coordinateur était plutôt sincère dans sa démarche. Il aime bien parler aux gens et apprendre des choses sur eux, ça lui permet de s’éloigner un peu de son monde de riche qui a tendance à l’étouffer plus qu’autre chose ces temps-ci (bouh, son malaise de princelet). Comme le « docteur » tatoué semblait prendre quelques secondes pour réfléchir, l’enolian devenu précautionneux se demanda s’il n’était pas un peu cavalier.

« Ne vous sentez pas obligé, si vous avez des choses à faire je comprends que… »


L’unyssien agita sa main comme pour dissiper les doutes de son interlocuteur aux faux cheveux bleus.

« Huh, non, non, ça m’va. Mais je paierais ma conso, je suis pas dans le besoin à ce point ! »

Ah, bah oui, il est médecin. Enfin, c’était pas pour faire la charité, toute manière, ça me faisait plaisir.

Le ton toujours un peu bougon du brun mêlé à son air un peu narquois n’aidait toujours pas Lionel a savoir si l’autre s’en fichait ou avait vraiment envie de continuer à causer comme lui. Était-ce une conséquence de sa réserve ? Evidemment, la moumoute n’est pas encore assez impudent pour demander quelque chose comme « mais euh vous êtes un peu grognon » à quelqu’un qu’il ne connait pas. Il se demanda si l’autre se forçait encore par « déformation professionnelle », ou…

Est-ce que c’était encore de l’humour censé détendre l’atmosphère… ? Ah ! Il a encore son sourire en coin, là, donc c’est probablement le cas ! C’est dur, le langage corporel.

Au moins, ça forçait le bleu à observer et à essayer de comprendre sans qu’on lui donne gratuitement toutes les clés. Avant de se remettre à baliser sur le fait que l’autre disait peut-être « oui » juste pour faire plaisir (car la plupart du temps, c’est ce que faisait Lionel), le coordinateur se mit en route vers le troquet en question après avoir décidé de finalement se présenter.

« Oh, au fait, je m’appelle Lionel. »

L’autre avait étouffé un bref rire, l’idée de faire la présentation lui avait un peu échappé aussi, apparemment. Il faut dire que ce n’est pas quelque chose qui vient naturellement… pas à Lionel en tout cas.

« Zlatan. »

***


« Vous, les enolians, z’avez vraiment un truc avec votre compétition, là, c’est chelou »

Fit Zlatan avec un autre de ses sourires en coin, tandis qu’un match s’annonçait sur l’écran placé au-dessus de la terrasse du bar installé sur une estrade de bois montée sur la plage. C’était peut-être la deuxième pinte qui faisait effet, mais Lionel ricana à la remarque de l’autre sans se sentir attaqué. Il y a des ligues partout dans le monde mais la place de la compétition à Enola est particulière, depuis bientôt 10 ans. Et ils aiment beaucoup leur visibilité, après tout, cela fait plus d’un siècle que cette institution existe et ils n’en sont pas peu fiers. Même si une partie de lui se sentait un peu démystifié de ce que montrent ses employeurs et que l’attitude de ses parents à l’égard de sa place de Maître ne le rendait ces temps-ci pas fier de son métier, il trouvera toujours dans les match un bon moment de détente. Un peu mélancolique, Lionel s’efforça de garder une expression joviale, tout en s’enfilant quelques gorgées d’alcool en plus.

« Oh peut dire ça, héhé ! »

Il avait fini par être un peu moins intimidé par le côté grincheux de l’unyssien qui appréciait apparemment de chigner sur tout ce qu’il voyait ou évoquait. Ce soir, Lionel ne voulait pas être le Maître coordinateur qui se doit de défendre les valeurs de la compétiton, ça lui permettait de se dépayser un peu (d’ailleurs, il ne comptait pas avouer haut et fort qui il était au sein de la Compétion). Depuis qu’ils s’étaient assis en terrasse dans un cadre plus serein, le présumé médecin était aussi devenu plus bavard. Cela faisait une petite heure qu’ils causaient en sirotant leurs boissons. Le brun avait pris quelque chose de « pas trop fort » en expliquant qu’à cette heure-là, ça risquait de l’empêcher de dormir. Mine de rien, il était déjà presque 22h. Ils avaient parlé d’Unys, du Pokéwood et de quelques nanars issus de leur production sans en venir à des sujets plus personnels. Dans son état actuel, le gosse de riche trouvait l’attitude grognonne de son interlocuteur plutôt rafraichissante : ça le changeait de d’habitude, quelqu’un qui a l’air de dire ce qu’il pense.

« Oh, mais c’est Astro ! »

S’exclama Lionel qui s’était aussi mis à regarder l’écran, reconnaissant un des challenger favoris de la ligue de coordination actuelle. Du moins, un de ses favoris. Une jeune femme fan de Pokémon spectres qui faisaient beaucoup de combinaisons basées sur une esthétique ésotérique et spaciale, beaucoup d’étoiles beaucoup de fumées noires, beaucoup de jeux sur les sons, aussi, c’était son point fort. Elle effectuait avec ses compagnons un bon jeu sur les contrastes, avait un bon sens du rythme, savait jouer avec le suspense et aimait effrayer son audience, elle en abusait parfois un peu trop, même.

« Qui… ? »

Lionel s’emballa quand il fallut expliquer qui était la jeune femme en train de s’opposer au champion remplaçant Spike Spencer, et en quoi son style de performance était intéressant. Apparemment, la partie sur les spectres fut celle qui interpella le plus Zlatan.

« Aaaaah, good, une spécialiste des spectres ! Son Polichombre a l’air mesquin. »

En voyant sur l’écran Joker (le Polichombr d’Astro) se mouvoir avec un sourire roublard et des attitudes presque serpentines, créant des arabesques sombres dans son sillage, le coordinateur vit rapidement ce que l’autre voulait dire.

« Oh, c’est vrai, il a l’air à fond dans son rôle ! Vous aimez les type spectre ? »


Le brun leva les yeux au ciel et hésita un instant avant de répliquer.

« Euh, ‘voulez pas qu’on s’dise « tu », en fait ? C’est un peu awkward et toute façon y’a des chances qu’on se revoit jamais après ce soir comme je faisais que passer, donc, tant qu’à faire… »


Ah, bonne idée, j’aime pas le vouvoiement en vrai, c’est confondant. M’enfin… oui, c’est dommage qu’on va probablement pu se recroiser après ce soir. Peut-être c’est pour ça qu’il a l’air plus détendu, car ils ne se reverront peut-être pas. C’est bête, il avait l’air gentil même si un peu tsuntsun, monsieur Zlatan.


Après avoir eu la confirmation de Lionel qui hocha la tête, l’Unyssien s’emballa à son tour pour parler des type spectres et de Polichombr et des espèces qui aiment prendre possession des objets.

« …et donc, la famille de Chandel-- Lugulabre, c’comme Branette, c’des esprits qui s’installent dans des objets et apprès y peuvent pu les quitter… est-ce qu’y choisissent volontairement des objets qui se ressemblent pour se retrouver, I mean, les Branettes se ressemblent et tout… »


Lionel ne comprenait pas grand-chose surtout que son interlocuteur parlait très vite mais le sujet lui tenait visiblement à cœur et donc, il le laissa continuer en essayant de saisir ce qu’il pouvait. Mais Zlatan se mit naturellement à parler intégralement dans sa langue maternelle et là, le coordinateur ne put le fixer qu’avec des grands yeux confus jusqu’à ce que le fan de spectres s’en rende compte. Le brun en était à « and then my Dusknoir was awesome » ou un truc dans cet esprit-là quand il se rendit compte qu’il avait totalement perdu son interlocuteur.

« Oh. Hem… »


En voyant l’embarras de l’autre, Lionel lui sourit avec indulgence. Il lui arrive bien souvent d’ennuyer les gens quand il s’emporte et commence à parler en détails de la performance qu’il prépare pour son prochain match et de quelle manière il s’entraine, en décrivant chaque micro-processus qui a toute son importance. Même si ses interlocuteurs ne connaissent rien à la coordination, le bleu est capable de continuer quand même. Tout ça pour dire qu’il trouvait l’égarement de l’autre plutôt attachant, il compatissait.

« Je t’avoue qu’à partir du moment où tu as parlé en anglais je n’ai plus trop compris, mais, le message est passé, tu aimes vraiment les spectres ! »

Zlatan se redressa et se tortilla un peu sur sa chaise, camouflant sa gêne en portant son verre jusqu’à sa bouche.

« Euh. Ahrem. M’ouais. Duh. »

Rendu un peu perplexe par a réaction de son interlocuteur qui semblait pourtant emballé de raconter son amour des spectres il y a deux minutes, Lionel penchez la tête d’un air soucieux. Il ne lui semblait pas avoir été spécialement intrusif, il trouvait ça juste chouette que le brun veuille partager ça… ou alors il s’était emporté et avait oublié qu’il parlait au Roque-Lartigue dans le processus. Ce dernier s’efforça de ne pas le prendre personnellement mais il resta quand même un peu perplexe.

« Euhm… tu parlais de coordination. »


Finit par dire l’unyssien dont l’empressement à changer de sujet rendait toujours l’enolian perplexe et un peu ennuyé. Lui qui adore interroger les gens, il lui semble qu’on essaie de lui poser des limites. Intérieurement, Lionel se renfrogna un peu mais n’en tint pas rigueur à l’autre. A la place, il continua de meubler la conversation. C’était un peu égocentrique mais il espérait un peu faire durer cette interaction pour ne pas se retrouver seul avec ses pensées… mais après tout, c’est bien la distraction qu’on cherche, généralement, avec ce type de rencontres hasardeuses et éphémères. Le quarantenaire n’attendait rien de spécial de son interlocuteur, il aime entendre les gens s’emballer car c’est souvent la preuve qu’ils sont plus ou moins à l’aise. Enfin, justement, si ça mettait plus à l’aise le « docteur » de laisser causer le Roque-Lartigue, alors celui-ci le fera gracieusement. Après tout, quand il s’agit d’emprunter les codes sociaux lui permettant de plaire à tout le monde, Lionel a de l’entrainement à mettre en pratique.

« Ah, oui ! Enfin, pour en revenir à ce match… » Il dirigea son regard vers l’écran. « Astro et Joker ont l’air de mener la danse, il ne sont pas aussi offensifs d’habitude, mais il le faut bien pour tenir le rythme de Spencer, enfin, ils s’en sortent très bien avec leurs combinaisons ! » Le coordinateur se redressa et il frémit devant les inventions de la challenger et de son allié. « Oh ! Joli ! Tu as vu ça ?! »

Pris à parti, Zlatan haussa les sourcils et plissa les yeux en se concentrant sur l’écran.

« Euh… Ouais, mais pas comme toi, I guess. »


Avec un sourire on ne peut plus enthousiaste, Lionel se lança dans des explications plus détaillées. En gros, Joker avait tournoyé sur lui-même en emportant avec lui une vrille de fumée noire, qui s’était enflammée par l’effet d’une attaque Feu Follet, créant une longue traine de feu tacheté d’éclats sombres au Polichombr. Ce dernier pouvait à présent se mouvoir en entrainant sa son voile incandescent à sa suite et l’utilisait comme une extension de lui-même afin de mener ses assauts.

« Ça n’a l’air de rien comme ça, mais garder cette aura, enfin cette cape de feu ça demande un très gros travail d’entrainement et beaucoup d’énergie ! D’ailleurs, c’est un coup à… »

Tandis qu’il prononçait ces mots avec une certaine appréhension, Joker grimaça et dû reculer et stopper ses assauts. Astro s’inquiéta de l’état de son allié tandis qu’il rétractait sa « cape » en s’efforçant de ne pas perdre le rythme. C’était une attaque épuisante et donc à double tranchant. Heureusement, le match de coordination toucherait bientôt à sa fin. Le coordinateur espérait que la challenger et son partenaire auraient assez d’énergie pour terminer leur performance en beauté.

« Argh, voila. Zut. C’est dommage, mais ils peuvent encore se rattraper ! »


Malheureusement, cette dernière combinaison avait épuisé Joker qui avait du mal à suivre malgré le support continu de son amie. Lionel grimaça en émettant à voix haute des hypothèses sur les scores finaux. Même en s’efforçant d’être optimiste, le jury présent était sans concessions et Lionel pouvait prédire qu’Astro se ferait épingler sur le fait qu’elle et Joker n’avaient pas pu assurer le final de manière optimale. Après tout, savoir gérer son temps et le rythme était un critère important pour remporter un match en amphithéâtre.

« Mince, ils ont perdu… C’est dommage qu’ils aient perdu des points sur leur fin de match, car ils étaient super bien au niveau des combinaisons… Enfin, c’est vrai que Spencer était plus régulier tout le long du match… »

Dit-il en terminant sa pinte, un peu désolé pour Astro, bien qu’il avait pu voir ses progrès et nourrissait l’espoir que la coordinatrice arrive jusqu’à lui un jour ou l’autre.

Il faut que j’arrête de me prendre de sympathie pour tous ces coordis prometteurs, je me retrouve toujours à être tout triste quand ils ne gagnent pas, après !

« Enfin, voila, c’était le commentaire de match gratuit, héhé ! »

Dit-il pour se ressaisir et s’assurer qu’il n’avait pas endormi Zlatan qui, il lui semblait, était resté plutôt attentif en suivant le reste sur l’écran.

« Parce que normalement vous faites payer ? »


Lionel ricana un peu nerveusement. Bien sûr qu’il ne ferait pas payer ces choses-là, mais c’est vrai qu’il avait déjà fait de meilleures blagues que celle-ci. Probablement pour ça que l’autre le raillait un peu en douce. Néanmoins, arrivait le moment où ils avaient tous les deux fini de boire et où l’unyssien se mit à bâiller à s’en décrocher à mâchoire.

« Je blague. Mais, ouais... c’est pas tout ça, mais si j’vais pas à mon hôtel, j’vais m’endormir ici. »


L’enolian fut un peu surpris de voir l’autre se lever sans plus tarder et sortir de quoi payer sa consommation. Le bleu s’inquiéta un instant d’avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas mais n’eut pas vraiment le temps de s’y appesantir de toute manière.

« Oh… Eh bien… »

C’est vrai, de toute façon on s’est juste croisés par hasard et c’était juste le temps que je ne sois plus en train de convulser au milieu d’une rue. Je ne peux pas exiger qu’il reste encore pour ma tronche. Enfin… j’espère que ce n’est pas la seule raison pour laquelle il est rester prendre un verre et qu’il ne s’est pas ennuyé comme un Manglouton mort.

Lionel se sentait un peu con, ne sachant pas comment réagir devant des adieux qui ne trainent pas en longueur et en courbettes. Il se massa brièvement les tempes puis se leva pour saluer Zlatan, trouvant tout de même dommage l’idée qu’il ne le recroiserait probablement plus.

En même temps, Lionel, si tu avais plus d’amis en dehors de tes figurines et des trophés, tu t’attacherais peut-être moins à la première personne inconnue qui t’adresse la parole. Tu sais que ce n’est pas la première fois en plus, pas la peine de faire le déçu. Muh.

« Dans ce cas… bah… bonne continuation, alors ! Et merci encore pour tout à l’heure ! C'était... sympathique. »


C’était un peu plan-plan comme au revoir, mais après tout la scène était déjà assez awkward comme ça. Lionel tendit quand même la main au « docteur » pour le saluer poliment. Zlatan n’eut pas l’air de comprendre tout de suite l’interêt de la chose mais accepta finalement de se plier à cette convention avec son sourire en coin habituel. Il arqua un sourcil confus lorsque l’autre le gratifia d’une poignée de main un peu envahissante en posant sa main libre contre leurs mains jointes et un sourire digne d’une affiche « jamais sans mon détartrage ! » qu’on trouve dans les cabinets dentaires.

« Ah, ouais, bah, pareil. Fais gaffe en rentrant. »


Le Roque-Lartigue laissa l’unyssien dégager sa main de la sienne en premier, lui adressa un bref signe de main puis le regarda prendre congé avant de se rasseoir à sa petite table. Il reporta son attention sur l’écran au-dessus de la terrasse qui annonçait le prochain match qui aurait lieux à l’amphithéâtre de Vanawi suite à une coupure pub. Comme le match en question ne l’intéressait pas spécialement (et qu’il pourrait toujours le regarder une fois chez lui), Lionel décida de payer puis de rentrer à la maison par la plage. Les pintes qu’il avait ingurgitées faisaient leur effet et par conséquent, le coordinateur se sentait plus léger que lorsqu’il était parti de chez lui il y a quelques heures. Le petit nuage sur lequel l’alcool lui permettait de flotter pour ne pas retourner broyer du noir ne subsistera pas éternellement, alors, il en profitait.

C’est assez guilleret que Lionel arriva chez lui. Il fut un instant inquiété de ne voir aucun de ses alliés l’accueillir. Puis il entendit du bruit sur la terrasse et sortit, se dirigeant grâce aux cris qu’il entendait. Ses alliés s’étaient groupés au bout du jardin, non loin de la plage, ils semblaient jaser et bien s’amuser. En s’avançant un peu plus, le coordinateur comprit bien vite que celui qui provoquait toute cette agitation n’était autre que Tuxedo, son Etourvol. Quoique ce n’était plus un Etourvol, maintenant, mais un très bel Etouraptor, qui était visiblement gêné par les félicitations de ses camarades en train d’inspecter son ramage sous toutes les coutures. Vajra semblait un peu jalouse et se posa sur l’épaule de son maître, qui lui adressa une brève caresse derrière les ailes. Tuxedo, quant à lui, se cacha derrière l’humain et ce dernier intima aux autres de laisser un peu d’espace à l’Etouraptor afin de le féliciter en bonne et dûe forme, quelque peu excessif avec ce qu’il avait bu tantôt, mais, au moins, ça venait du cœur. Après avoir grignoté un peu en regardant ses alliés s’ébrouer sur la plage, à la lumière venant de la maison et de la lune, la fatigue commença à se faire sentir à mesure que l’effet des substances euphorisantes s’amenuisaient. Lionel craignait que le sommeil ne vienne pas ce soir non plus, même dans l’état d’épuisement dans lequel il se trouvait à présent. Après sa crise d’il y a quelques heures, pourtant, il sentait que le poids qui lui pensait depuis de longs jours s’était partiellement envolé. Il aimerait vraiment retrouver cette sensation qui faisait qu’il se réjouissait toujours de voir ce que demain lui réservait. Maintenant ça n’a plus l‘air de fonctionner. Probablement car ce qu’il idéalisait tant dans son quotidien se révèle n’être qu’une grosse couche de fond de teint immaculé qu’il n’aurait pas dû entamer d’effacer en se posant des questions. Plus ça va plus il se dit que c’était inévitable, que tomber de haut avec ce qu’on lui répétait au travail presque quotidiennement ne pouvait que finir par arriver. Même si les mêmes questions persistaient, avec en plus la crainte de se retrouver à faire une crise bizarre comme celle de ce soir, Lionel finit tout de même par s’endormir et profiter d’une réelle nuit de sommeil, quoique difficilement réparatrice.
Zazambes - Début Juin 2024
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
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Lun 29 Juil 2019 - 1:38
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