17 février 2024 - 19h01
On ne peut pas vraiment dire que Elliott a pu sortir indemne de la confrontation entre le Régime et la Résistance. Ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu... Resteront dans sa mémoire et ont impacté son mental d'une façon ou d'une autre. Il se souvient encore bien après tout des coups de feu qui ont résonné lorsqu'il était coincé dans ce placard avec Clive et que ce dernier l'empêcher de se montrer pour éviter qu'ils ne soient tués à leur tour. Il se souvient de son père dans une mare de sang. Il se souvient des pleurs, des cris, du désespoir. Il se souvient après cette journée de ne plus avoir été totalement le même. Il se souvient de l'aide qu'il a apporté à la Résistance, de son implication plus importante au sein de l'auberge, et surtout de son isolement. Il se souvient avoir passé de nombreuses journées sur du bidouillage informatique mais il se souvient aussi, bien sûr, de toutes les heures passées sur les jeux vidéos. En faire, en jouer, en détruire même parfois... Jamais des jeux violents, toutefois. Des choses calmes. Le plus brutal qu'il avait dans sa bibliothèque était bien Smash. Il a tellement abusé sur jeu qu'il avait fini par maîtriser tous les personnages. Quand Smash Ultimate et la Switch sont sortis, heureusement, le Régime était déjà tombé. Cela lui a permis de penser à autre chose en profitant de la paix qui régnait à nouveau et surtout de partager des contacts virtuels avec les personnes qu'il croisait dans la rue. Il ne pouvait pas faire grand chose pour les reconstructions avec ses faibles moyens, mais il a tenté comme il a pu de réconforter les réfugié.e.s qui passaient par le Lion Ecarlate en leur proposant des parties. Une occasion comme une autre de faire découvrir à ceux qui ne le pouvaient pas une nouvelle façon de s'amuser. Alors depuis, c'est devenu une sorte de religion qui lui a permis de sortir un peu la tête de l'eau. Il avait quelque chose sur lequel fixer son attention. Cela lui a permis aussi de négliger l'aide de psys pour préférer se confier à ses consoles de salon. Une décision qui laisse à désirer et l'enfermement de Clive n'a fait qu'aggraver les choses. Rêvant de hurler à l'injustice quand le tribunal l'a emporté derrière ses portes à jamais closes pour lui, Elliott s'est pourtant retenu de le faire en sachant que ça ne servirait à rien. Il trouvait de nouveau le monde cruel. Ne restaient que pour l'aider à remonter la pente sa mère, sa belle-mère, Faust, Félix, Alice, Morgane, et...
« Hueeeeee ! T'es trop balèze ! »
Sam. Ce type qu'il a détesté.
« Meh. Peut-être que tu es juste nul. »
Il rit, tandis que l'Enodril fait la moue pour bouder. Ce n'est même pas un ricanement méchant malgré des propos qui pouvaient l'être. C'est un rire sincère dont on se méfie de la véracité parfois. Parce que Elliott, au fond, on ne sait jamais vraiment à quoi il pense. Ses sourires sont trompeurs. Mais celui à qui il ment le plus, pourtant, c'est lui-même.
« Allez, fais pas cette tête. Bon, j'avoue, Sans, c'est celui que je maîtrise le mieux. »
Encore un mensonge. Le Donovan a toujours pris pour habitude de devoir s'adapter. Alors, avec les personnages de jeux vidéos, c'est pareil, il sait à peu près tous comment les incarner et prendre le dessus sur son adversaire lui est d'une facilité déconcertante. Il faut dire qu'il attendait Ultimate depuis longtemps et qu'il y a passé plusieurs heures non stop quand c'est sorti. S'il les manie tous, il est vrai cependant que Sans est un de ses favoris, parmi Bayonetta, Daisy, Isabelle, La Plante Pirahna... Et d'autres. S'il ne lui dira pas, il est pourtant également facile en soit de gagner contre Samaël puisque ce dernier prend toujours les mêmes, à savoir les épéistes et ceux qui ressemblent à des kékés, Link, Cloud et Chrom en tête de la liste. Il ne pense simplement pas à utiliser une stratégie et se contente juste d'appuyer sur les mêmes boutons quand ça marche. Alors Elliott, depuis le temps, a arrêté de lui expliquer qu'utiliser sa tête était possible. Parce que la dernière fois, c'est le front de l'Enodril qui s'est cogné à la manette.
« Tu parles... Je parie que même avec Pac-Man, tu pourrais me battre. »
Heureusement, Sam ne fait pas vraiment une mine abattue. Il reconnaît juste que son ami est très fort et il trouve ça un peu frustrant de ne jamais réussir à avoir le dessus. Mais après tout, il ne passe pas autant de temps sur les jeux comme Elliott. Pas qu'il le regrette (sauf lors des tâches au travail vraiment chiantes), mais de temps à autre, ça serait pas de refus d'avoir une salle de repos à la tour pour se relâcher en milieu de journée. Au-delà de ça, il sait qu'il n'a pas à se plaindre, bien au contraire. Tout va tellement bien (hormis sur le plan politique de l'île), qu'il craint presque qu'une chute énorme lui tombe dessus pour briser son bonheur d'une seconde à l'autre.
Un mouvement attire toutefois bientôt leur attention. Sur le lit du Donovan, l'Oeuf qu'il entretient avec le plus grand soin depuis quelques temps s'est remis à bouger. Il le fait de plus en plus fréquemment et Elliott a l'espoir de voir arriver un nouveau Pokémon dans son équipe d'ici très peu de temps. Il ne va pas mentir : il a hâte. Pourtant il sait se montrer patient et a installé autour de la coquille des couvertures douillettes pour que l'arrivée du petit se déroule comme il se doit. Avec espoir, il pense même, vu les mouvements, que la naissance est pour maintenant. Toutefois, l'Oeuf s'immobilise, puis, plus rien. Il finit par pousser un soupir. Pour autant, il ne se décourage pas et sait que le Doudouvet à l'intérieur se montrera dès qu'il sera prêt.
« Pas pour cette fois, on dirait.
- Faut croire que non. »
Assis par terre sur des coussins devant la télé, il hausse des épaules, mais se lève tout de même pour s'approcher de son lit et caresser la surface lisse avec ses doigts.
« Merci encore de m'avoir confié un des Oeufs de Seraph', au fait... »
Une expression tendre sur le visage, il scrute l'Enodril avec une reconnaissance véritable. Il n'espérait pas tant de sa part, mais il le remercie de lui avoir fait confiance pour garder un des précieux Oeufs du Pokémon de son frère. S'il aime jouer avec eux quand il vient à la Pension (lorsque Ezekiel se sent d'humour mais ça arrive rarement), il ne peut pas ignorer longtemps le pincement au cœur qu'il ressent en pensant au fait qu'ils ne seront pas réunis avec leur dresseur avant plusieurs années. La maison de Natsume et Samaël est très accueillante en soit, mais la présence de son aîné est aussi forte là-bas qu'à l'auberge ; du moins, c'est comme ça qu'il le perçoit. Il y a d'abord les deux propriétaires qui l'ont bien connu, son fidèle Démolosse, le reste de ses Pokémon dont Seraphim le Farfaduvet, et Axel, qui lui ressemble de plus en plus chaque jour et dont la vision lui tire aussi bien le sourire que des larmes invisibles.
« Bah, c'est normal. Ils ont fait tellement d'Oeufs qu'on savait pas quoi en faire, haha ! Puis je savais que tu t'en occuperais bien. »
La mine lumineuse du dresseur est sincère. C'est un soleil qui éclaire la pièce à lui tout seul. Elliott se demande bien comment il peut avoir la capacité d'être aussi joyeux tout le temps. Cela lui rappelle Faust. Samaël lui rappelle Faust. Clive, lui... a des traits similaires à ceux de Natsume, maintenant qu'il y songe.
Et moi, à qui est-ce que je ressemble ?..
Elliott lui rend son air amical, un peu plus timidement, et revient s'installer à ses côtés pendant que l'écran de jeu fonctionne toujours et attend qu'ils aient choisi leurs personnages. Il en profite pour baisser un peu le son, se demandant tout à coup quand est-ce que le volume s'était mis aussi fort. Machinalement, ses mains viennent chercher sa manette de Switch en laissant son pouce effectuer un mouvement circulaire interminable avec le joystick. Il trouve une sorte de réconfort quand il sent la pression qu'il exerce sur les différentes touches de la manette.
« On continue ?.. »
Le regard vert du nerd semble avoir gagné en intensité. Pensant qu'il s'agissait juste de l'esprit de compétition, Samaël émet un rictus provocateur avant d'accepter sa proposition et de s'emparer de l'autre manette pour jouer. Tandis que Elliott prend Corrin, l'autre choisit Joker pour savoir s'il peut vraiment gagner une manche avec un des préférés du brun à pics (et accessoirement un de ceux de son fiancé aussi). Une fois qu'ils sont prêts, la partie débute normalement. Ils ont trois vies chacun. Le manakete de Fire Emblem n'est pas un habituel du Donovan ; c'est plutôt le genre de l'Enodril. Mais ce dernier, de sa part, n'est nullement étonné. Il se dit probablement que son ami veut lui donner sa chance pour cette fois. Puis, tout à coup, une courte sonnerie retentit dans la chambre. Aussitôt, Samaël se jette sur son portable, les yeux plein d'espoir. Il se ravise pourtant aussi, blasé par le message qu'il vient de recevoir.
« Pffrrt... C'est encore une pub de mon opérateur. Je vais aller les voir, ils soûlent avec leurs spams. »
L'Enodril mettrait bien son portable en silencieux s'il savait qu'il ne risquait pas d'avoir une urgence. Mais être dans la Milice signifie devoir porter son appareil constamment sur soit ou au moins un moyen d'être joignable quand il y a des possibilités qu'on ait besoin de nos services. Les responsabilités de Sirius implique néanmoins pas mal de contraintes pour une autorité qui n'en vaut pas toujours la peine.
« Tu attendais un message de Natsume, c'est ça ? »
Pris sur le fait, le cadet aux cheveux lisses se sent rougir un peu. Il est très transparent, ça, il le sait. Transparent et prévisible.
« Comme d'habitude, j'vais pas mentir... Même si la plupart du temps c'est juste un 'Ok' ou 'Sois à l'heure ce soir pour le dîner'. »
En citant les messages de son copain, il imite ce dernier par le biais d'une fausse voix monotone censée ressembler à la sienne. Elliott ricane devant ses mimiques qui ont peut-être effectivement quelque chose de familier. Si Samaël préférerait recevoir des messages plus doux de la part de son amant, il sait aussi qu'il va juste recevoir une question du style 'à quoi ça sert ?' venant du Miyano et il a déjà la flemme de lui expliquer que ça lui ferait juste plaisir. L'Elite se remet à sa place sur le coussin mais ses pensées sont nettement ailleurs et son ami le remarque bien.
« Tu regrettes de ne pas être allé avec eux ?
- Pfrt... Naaan... Je profite bien assez de mon fiancé comme ça. »
S'il est honnête en affirmant que sa présence ne lui manque pas sur le coup, il ne peut s'empêcher de faire sa drama en accentuant le mot qui lui tient tant à cœur avec une voix volontairement plus niaise mais affectueuse malgré tout. Il en fait encore des tonnes même après des semaines, mais probablement que ça va continuer en s'aggravant avec les jours qui passent.
« Je peux bien leur laisser un peu de temps entre père et fils, aussi. »
À l'occasion du festival de Cayagane, Samaël a décidé de laisser Natsume et Axel seuls tous les deux afin qu'ils passent un moment privilégié. Il n'est pas sans savoir que l'enfant n'a pas tant d'occasions que ça d'avoir son tuteur pour lui seul puisque Sam est dans les parages et qu'ils doivent de toute façon se le partager, mais il s'est rendu compte qu'il accaparait quand même pas mal le Miyano (normal en un sens vu leur relation). Il avait demandé à Elliott s'il pouvait traîner un peu avec lui pour la soirée en les attendant, content quelque part de pouvoir mieux aussi connaître le Donovan. Ce dernier affiche d'ailleurs une expression tout à coup plus sérieuse.
« Entre parrain et filleul tu veux dire. »
Lui n'insiste pas sur les mots mais les jettent tellement avec à la fois de l'acidité et sa douceur habituelle que l'amertume qu'il tente de faire passer rend confus l'Enodril. S'il n'est pas faux que le japonais et son filleul ne sont pas liés par le sang, le spécialiste Vol l'oublie souvent ces derniers temps et ça ne lui pose étrangement plus de problème. Inconsciemment, cela commence à lui paraître naturel de désigner les deux ébouriffés de cette façon.
« Quoi ?.. Ah euh... Ouais, ouais... Enfin, ça change pas grand chose pour eux deux.
- Y'a quand même une grande différence. Son père est en prison, tu t'souviens ? »
Ses mots sont sortis peut-être plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Aussitôt, Elliott regrette et se concentre de nouveau sur la partie. Sam a perdu déjà une vie en sautant par accident dans le vide. Il est possible que sa maladresse ait quelque chose à voir aussi avec le fait qu'il perde souvent, que ce soit contre le Donovan ou d'autres.
Evidemment pourtant que Sam n'a pas oublié Clive. Difficile de le faire quand l'enfant né grâce à lui vit sous son toit et que c'est à son fiancé de son occuper. Difficile d'oublier la colère et la peine qu'il a ressenti une première fois quand il a gagné contre Clive pendant la Finale et encore une autre lorsqu'il a su qu'il ne pouvait rien faire pour le libérer et qu'il avait décidé seul de se rendre pour expier ses crimes. Cela ne fait pas plus plaisir à l'Enodril qu'à son ami, mais contrairement à lui, il a arrêté de se faire de faux espoirs. Si Clive sent qu'il sera plus serein en prison qu'à l'extérieur avec son passif, libre à lui. Ce n'est pas au Maître dresseur de parler à sa place.
« Tu joues bien avec Corrin aussi, dis donc... »
Malgré une légère tension qui s'est élevée, le Milicien essaye de faire comme si rien ne s'était passé et observe plutôt avec fascination la manière dont Elliott joue le personnage en armure argentée. Il ne connaît pas bien tous les héros de Fire Emblem, mais il a toujours trouvé que leur design était très cool. C'est d'ailleurs sa première inspiration pour son costume de Sirius, et il en est très fier. Mais il sent désormais chez son camarade une certaine crispation. Le regard émeraude fixé sur l'écran et les sourcils froncés, il ne lâche pas le jeu une seconde et maîtrise Corrin comme si c'était une extension de lui-même. Ses mouvements sont fluides, ses attaques rapides, et ses esquives si contrôlées que le brun aux yeux dorés n'arrive plus du tout à le toucher.
« Tu savais qu'il avait deux familles, dans le jeu ?
- Ah-Ah bon ?.. Oh, c'est cool, il peut-...
- Il doit en choisir une et tuer l'autre. »
Sans vraiment s'en rendre compte, Sam déglutit. Tout aussi inconsciemment, les doigts de l'informaticien bougent sur la manette avec une rapidité saisissante mais une précision qui dépasse l'entendement. Le futur marié est pourtant sûr qu'il jouait de manière bien plus détendue auparavant. Quelque chose a changé. Quelques secondes plus tard, le personnage de Sam se fait expulser violemment du terrain et perd sa deuxième vie. Elliott, lui, a toujours les trois siennes intactes.
« C'est assez tragique.
- En effet... »
Il ne sait pas trop pourquoi il lui raconte tout ça. Le plus jeune de quelques mois, lui, ne sait pas quoi répondre. Alors il ne dit rien. Il reste scotché devant son ami avec un air interdit. Pendant ce temps, l'autre en profite pour lui faire perdre sa dernière vie avec cette expression impassible mais voilée par un regard éteint.
Seul le téléphone de Sam arrive à sortir ce dernier de sa torpeur. Il s'agit sans doute de quelque chose d'important, si l'interlocuteurice ne se contente pas d'un texto. C'est pourtant un numéro inconnu qui s'affiche sur l'écran. Si d'habitude il hésite à répondre dans ce genre de cas, il avoue demander n'importe quelle excuse pour penser à autre et dissiper le malaise qui s'est installé au creux de son ventre. Alors il décroche, et c'est la voix d'un Milicien qui lui répond. Il avait oublié l'espace d'un instant qu'un numéro commun au sein de l'organisation permettait de le joindre facilement sans qu'il n'ait à divulguer son numéro privé. La partie est finie, de toute façon. Elliott cligne des yeux comme pour reprendre un état normal et se tourne à présent vers le fils de Lyra, interpellé par la conversation. Mais fur et à mesure, le visage de celui aux cheveux lisses se décompose.
« C'est urgent ?.. Quoi ?! À Cayagane ?! Mais c'est là où-... Oui... Oui, j'arrive tout de suite ! »
La panique s'empare de l'Enodril. Dans un geste pressé, il vérifie ses Pokéball à sa ceinture avant d'en choisir une. Curieux et inquiet, le Donovan met le jeu en pause.
« Un problème ?
- Y'a un incendie à Cayagane. Faut que j'y aille tout de suite.
- Un incendie ?! Mais y'a Axel et-...
- Et Natsume, je sais. C'est pour ça que je dois y voler le plus vite possible. »
Il n'attend pas plus. Puisque le dresseur n'a pas vraiment embarqué d'affaires, il peut directement appeler son Roucarnage pour le mener au lieu de l'incendie. Sautant sur le dos de l'oiseau dès qu'il apparaît par la fenêtre, le brun aux yeux verts le retient à la dernière seconde pour le fixer avec intensité et préoccupation. Il hésite à lui demander de l'emmener, mais il ne ferait que le gêner et la fumée des flammes ne serait pas un bon mélange avec son asthme.
« Tiens-moi au courant. »
Le Maître de la Ligue se tourne brièvement vers lui. La stupéfaction danse au creux de ses iris tandis qu'il parcoure le visage du nerd pour y chercher quelque chose d'invisible. Puis, enfin, il hoche de la tête.
« Promis. »
Sans le retarder plus, Elliott le laisse partir pour de bon dans le ciel nocturne. Il ne devient bientôt plus qu'un point à l'horizon qui s'élance à une vitesse prodigieuse. Mais il tient à le regarder jusqu'à ce qu'il ait complètement disparu, comme s'il avait peur qu'il lui arrive un incident sur son chemin. La tête à travers l'ouverture, la pièce est replongée dans un silence complet que le bruit du vent est le seul à rompre. Son cœur se serre quand il pense aux personnes prisonnières du feu. Il espère vivement au moins que le Miyano et son filleul n'aient rien. Malheureusement, il ne peut rien faire d'autre que d'attendre. Il n'a jamais été taillé pour le sauvetage ou l'héroïsme, de toute façon. Il n'a jamais voulu se considérer comme tel. Ce travail est fait pour d'autres, alors il prie pour que le Milicien y arrive à temps. L'angoisse lui fait totalement oublier ce dont ils étaient en train de parler. Il n'y a que le son d'un objet tombant au sol qui le fait rentrer de nouveau à l'intérieur de sa chambre. S'il pense d'abord que c'est le vent qui a renversé quelque chose, il constate que la coquille sur son lit est vide et brisée.
« Qu'est-ce que... L'Oeuf ! »
Les sens en alerte, il cherche la source du bruit avant d'apercevoir un petit nuage se cacher derrière son lit. Lentement, le Donovan se penche au pied du meuble pour y découvrir un Doudouvet qui lève ses grands yeux ambrés vers lui.
« Oh... J'ai manqué ta naissance... Pauvre petit. »
Attendri mais gêné de ne pas avoir assisté à l'éclosion, il tend déjà les bras pour prendre le Pokémon contre lui. Mais contre toutes attentes, le mâle cotonneux se jette au visage de l'humain pour le faire basculer en derrière, se retrouvant dos au matelas et son nouveau compagnon sur lui. Un ange passe. Puis, Elliott se met à glousser franchement. Un vrai rire, cette fois, qui semble satisfaire le Doudouvet.
« Tu ne m'en veux pas, alors ?.. Héhé, t'es plutôt mignon, toi... »
Sa main vient se perdre dans la fourrure duveteuse de son nouvel allié. Ce n'est que le fils de Seraphim, mais quelque part, Elliott a quand même l'impression d'avoir une sorte de contact avec son frère. Il faudra d'ailleurs qu'il passe voir le Farfaduvet pour prendre de ses nouvelles. Castiel et Ezekiel lui manquent un peu, aussi. Mais ce ne sera en réalité qu'une bien maigre compensation. Car les Pokémon ne remplaceront jamais cet être qui lui est cher.
Cet être qui lui est cher.