C'est fatiguant d'être moi. Chaque matin est une guerre, une bataille, un ennui, contre qui ? Contre moi. Une altercation contre moi et ma fragilité, contre mon petit corps de verre fragile.
Ma routine matinale est toujours débuté par les scintillements de ma funécire depuis que je suis à Enola. Je laisses toujours mes bouts de choux dormir hors de leurs pokéballs, j'aime bien les sentir près de moi. Je suis donc bien obligé de subir chaque matin la lumière de ma bougie tremblotante, un jour je m'y ferais sans doutes, mais il vaut mieux que ça arrive avant son évolution car cela sera pire.
Malgré mon état presque totale de réveil dans ces moments, je restes les yeux fermés. Je sais que lorsque je les ouvrirais, aussitôt mon doudou se réveillera et me léchouillera le visage. Encore une fois, j'adores dormir collée à cette boule de froid, cela fait partie des règles du jeu donc de la laisser me montrer son affection à sa façon, cela n'empêche que je ferais tout pour retarder ce moment.
J'aime pas dormir seul, je n'aime pas transpirer dans mon sommeil et j'aime être couverte de la tête aux pieds, on peut dire que je ramasses ce que je sèmes. Enfin, si cela me déplaisait tant, j'arrêterais tout de suite, maaiiis ... C'est pas le cas.
Mon funécire me réveil toujours à l'heure pour profiter d'une journée complète, ma goupix me fait toujours sourire, bref, je me plains mais aime beaucoup ce début de routine. On ne peut pas en dire autant pour la suite.
Après ce petit moment passé, je dois me préparer. Je prépares toujours tout à l'avance, que ce soit les vêtements que je vais porter, mon fauteuil, mon maquillage, tout est prêt avant que j'ailles me coucher. Une grande partie de ce que je fais ce déroule dans mon lit, d'ordinaire et de chez moi, je met les habits sur le bord du lit, ne bougeant que très peu dans mon sommeil, me démènes comme un verre de terre pour tout enfiler et me place dans mon fauteuil pour aller au reste. Là comme je suis dans un hôtel, je m'habilles directement debout en m'appuyant sur mes béquilles. Et oui c'est triste mes jambes seules n'ont pas la force de me porter.
C'est plus risquer pour moi, mais d'un autre côté, c'est plus rapide. On m'a dit un jour de prendre avec moi un pokémon psy pour qu'il puisse me maintenir avec ses pouvoirs télékinétique et que je puisse me passer de mes béquilles, mais j'ai refusé. Je n'aime pas spécialement les pokémons psy, j'ai de très mauvais souvenir de ces pokémons. Je les évites au maximum, pour ça que je ne prends pas de téléporteurs. Je me demandes un jour si ma Grelotte pourra un jour remplacer tout ça avec ses pouvoirs spectraux, cette dernière me sourit en voyant que je la fixe, trop mignonne.
Je ne passes pas beaucoup de temps debout, je m'assois très vite devant le miroir de la salle de bain de l’hôtel - que j'ai pris soin de poser hier - et me saisit de quoi brosser mes cheveux dissidents du réveil. Je les aimes bien, mais bon dieux qu'ils sont chiants à prendre soin, moins énervants que mon visage au moins. Je passes facilement trente minutes pour le maquiller parfaitement, pour garder le teint pale de ma peau sans que cela soit visuellement sale. Je ne peux malheureusement pas faire disparaître entièrement les marques de naissances sous mes yeux, un jour peut-être.
Lorsque j'en ai fini, je ressembles à une gothique d'une vingtaine d'année avec tout mes rubans noirs et mon teint vampirique, parfait. De nouveau je me lève, cette fois avec l'idée de sortir à la recherche du farceur, mais avant ça, Mirylle m'apporte mes ballerines - noir à la grande surprise de personne - en les poussant du bout du museau. Lorsque je suis paré pour la traque, mes chéris et moi-même quittons l'hôtel pour les rues de Baguin.
Ce petit sacripan avait fait de lourds ravages dans la mentalité des locaux, on pourrait croire qu'ils étaient prêts à sauter sur ma goupix en la voyant. Il devait sévir depuis un long moment et très régulièrement sans se faire attraper pour que même les pokémons commencent à le chasser. Ce n'est pas les pokémons de types glaces qui manquent ici, les obalies sont très actifs dans le coin après tout, mais ce n'est pas très commun parmi eux de faire autre chose que rouler. J'entends même le fracas d'un postérieur rencontrer le sol douloureusement.
- Toi !
Tiens ? le farceur c'est fait attraper ? Je regarde autour de moi comme la victime semblait s'adresser dans cette direction, mais à part moi il n'y a personne. C'est à ce moment que les pieds quittent le sol et que je lâche mes béquilles sous la surprise. Je ne suis pas bien lourd, mais est-il si facile de me soulever ? Je commences à me faire rouspéter, ce n'est pourtant pas moi qui ait fait ça, je tentes bien de l'expliquer mais-
- Personne à part toi n'a de pokémon glace dans cette rue, c'est forcément toi !
Je le suspectes d'être un marin, il a la carrure d'un type ayant porté de lourds objets toute sa vie en tout cas. Instinctivement je me recroquevilles et baisse les yeux, même si je n'étais pas fautive. Je détestes être grondée, je n'ai qu'à attendre que ça passe. Les habitants savent que je suis arrivé qu'hier à peine, prennent ma défense, mais dans sa colère le marin me lâche dans les airs, pensant que je me rattraperais avec mes guibolles, si je veux les perdre ouais il n'y a aucun soucis, mais non c'est pas mon kiff de perdre mes membres.
Je pousses un cri d’effroi, le sol se rapprochant dangereusement de moi, mais lentement, j'étais de nouveau suspendu, mais cette fois par un pokémon. Deux même, est-ce le psytigri de la dernière fois ? il est accompagné de ses parents ou amis, ce sont eux qui me soulèvent par psychisme. Je n'aime pas les pokémons psy, mais là je leurs doit la vie. Une fois au sol, la colère m'emporte. Je prends l'une de mes béquilles comme une épée et me repose sur l'autre pour tenir debout puis je frappes, encore et encore, vociférant des insultes indignes de moi et pointant du doigt l'irresponsabilité de ce cowboy de s'en prendre à une handicapé. J'avais attirer tout les regards sur moi, certains de surprise, d'autre d'approbation. J'avais du caractère malgré ma condition, mais j'étais surtout très mal à l'aise d'avoir ainsi crié et être sorti de mes gonds.
Le plus vite que je le peux, je sors de la rue, de la ville même, m'aventurant sur la plage malgré que mes béquilles s'enfoncent. Lorsque je me penses suffisamment seule, je me recroqueviles et m'assoit en laissant mes béquilles à côté de moi. Je laisses ma bougie se poser sur ma hanche et ma boule de neige lécher le bout de mes doigts, il faut vraiment que je trouves ce perturbateur, si ces pokémons n'était pas intervenu, comment j'en aurais fini ? Et si c'était quelqu'un de plus violent qui avait pété un plomb à force de farce, si c'était quelqu'un d'encore plus fragile que moi ? Il faut que je le retrouves.