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Sisyphe III (OS /!/ contenu sensible /!/)
Alexander Nagel-Jung
Sisyphe III
/!/ TW : maltraitance ("bullying"), manipulation et violence verbale, états dépressifs, narcissisme, omission et déformation de la réalité. Comme d'habitude, l'OS soulèves et évoque des sujets sensibles dans une ambiance pesante, donc, procédez avec caution selon votre sensibilité /!/

Consultation du 2 mai 2023.

Bizarrement, je suis très content d’aller voir Nikolos aujourd’hui. Je suis aussi quelque peu remonté. Pour la première fois depuis des mois, il y a quelque chose qui semble bouillir en moi et m’emplir d’une énergie inconnue. C’est un peu grâce à Ludwig, il faut le reconnaître. Ma dernière discussion avec lui était… intéressante, oui. Elle m’a rappelée que dans tous les cas, même si je suis probablement une grosse merde, il y a toujours mon cousin Ellias qui est encore plus bas que moi. Du moins, dans ma conception, Ellias est tout au fond du trou dans lequel l’échelle plonge, pas très loin de Papa, mais encore plus bas (attends, je viens de flatter mon père, là, ou je rêve ?). Me rappeler que j’ai toujours ce type à enfoncer en pensée me fait du bien, que voulez-vous, j’ai des besoins simples, au fond (mais, tout de même, ne faites pas ça chez vous, sauf si vous voulez terminer en prison).

Le maton fut quelque peu surpris de me voir si coopératif lorsqu’il devait m’emmener vers l’aile médicale du pénitencier. Bon, il m’a quand même demandé pas très gentiment d’arrêter de chantonner des airs de Carmen (oui, je sais, c’est mainstream et ça ne va pas me donner l’air intello), parce que ça la fout mal de laisser un prisonnier faire le zouave quand on est censé le faire se tenir tranquille. Quand on arrive devant le bureau, môssieur n’a apparemment pas terminé son repas et il n’est pas arrivé. Pff… Y’en a qui aimeraient être soigner, enfin raconter leur vie et se défouler, ici (forceur, moi ? jamais.) ! Quand l’autre tête d’ahuri (oui parce que désolé mais il a une tête de teubé, un peu) de psychiatre apparaît avec sa blouse et son café, je m’exclame pour l’ « accueillir » à ma façon.

« Ah, bah, salut Docteur, enfin ! T’étais où ?! »
« …Pardon ? »


Le maton me recadre en m’ordonnant de me calmer et d’arrêter d’agresser « le docteur », ce que je suis bien obligé de faire en croisant les bras sur mon torse. On est où, là, à l’école maternelle ? Le psychiatre m’observe mollement comme d’habitude, en prenant sa dernière gorgée de café. Le maton lui demande s’il a besoin de temps pour s’installer, mais l’autre lui répond que non, il peut me laisser entrer. Le maton reste quand même à la porte pendant que je vais me poser, à l’aise, sur le canapé, tout en continuant à meubler le silence (car j’ai jamais dit que j’étais pertinent tout le temps).

« Je sais, je sais, c’était les vacances. J’espère que c’était super, que tu t’es éclaté, que tu as surfé, tout ça. Moi aussi j’ai des choses à te raconter. »


L’autre s’arrête un instant dans son rangement pour me regarder. Malheureusement, il a une face bien trop neutre pour que je devine ce qu’il peut bien être en train de penser. C’est limite si je vois pas le petit train de la réfléxion entrer par son oreille pour sortir par l’autre. On a pas idée d’avoir l’air aussi mou et éteint, aussi… Dire que ça, ça fait des études et que moi j’ai même pas un Bac+3 avec mon QI, ma créativité, mon ingéniosité et… oh, oui, je sais, bizarrement, quand c’est moi qui me congratule et qui respire l’odeur de mon caca, vous devez trouver ça extrêmement indécent et j’espère que vous êtes mal à l’aise ! Après avoir pris une minute pour finir son café dans le plus grand des calmes et s’asseoir en face de moi, le docteur reprend la parole.

« Bien… Je vous écoute. »


Enfin ! C’est mon moment. Regardez bien. Mais cachez les yeux de vos enfants si vous êtes encore un peu équilibrés mentalement parlant.

« Je t’ai déjà parlé de mon cousin Ellias ? »


Autant aller droit au but, j’ai déjà perdu suffisamment de temps. Surtout que vu la perplexité de Nikolos, je ne vais pas non plus m’emmerder à attendre des heures qu’il pige.

« Euh… Je ne crois… »
« Parce que je le déteste. »


Bon, d’accord, ça n’a rien de surprenant et je crois que le psy n’est pas plus intrigué que le reste de l’audience (qui n’existe pas). Mais, bref, il me faut rapidement en venir au cœur du sujet.

« Il habite à Nuva Eja maintenant, à ce qu’il paraît, il passe du bon temps avec mon frangin et apparemment ils s’entendent comme deux larrons en foire ! C’est dingue ! »

…Mais qu’est-ce qu’il vient de noter sur ses fiches, là ? Il est en train de compléter son arbre généalogique nul, là, ou je sais pas quoi ? Meh, qu’est-ce qui peut bien l’intriguer, hein ?

« Et, ça vous pose un soucis ? »
« Pff ! Bien sûr que non ! Qu’est-ce que tu t’imagines ? »

C’est n’importe quoi. Je ne suis pas du tout extrêmement agacé ou perturbé par le fait que mon petit frère adooore mon cousin que je déteste, d’ailleurs, ce n’est pas du tout de ça que je veux parler de manière détournée aujourd’hui car je boue de colère et que j’ai envie de renverser des tables. Et accessoirement ce type n’est absolument pas… euh, eh bien… lui, quoi.

« Vous disiez le détester, ça pourrait vous déranger. »

Je me mets à ricaner de manière hystérique intérieurement. Mais qu’est-ce qu’il va inventer, rohlalalaa… Je ne suis pas si transparent que ça, ça va pas la tête ?! Il m’a pris pour Xander Von Mc Tranzparent (qui est quelqu’un qui n’existe pas du tout, toute ressemblance avec une personne ayant existé est purement fortuite), ou quoi ?! Bon, finalement, histoire de faire comme si ce que dit le psy est totalement absurde, je finis par me mettre à rire à voix haute quand même. J’étais plus à l’aise pour mentir, fut un temps… Peut-être parce que les mensonges n’induisaient pas ma vie personnelle. Dans tous les cas il faut une fois de plus garder la face.

« Il pourrait ne pas exister que ça ne changerait rien à mon existence ! Ce serait mieux. Donc ça changerait quelque chose. Tu m’embrouilles ! »


Je ne sais pas pourquoi le maton rentre dans la pièce et me reproche d’agresser « le docteur  Nikolos gnagnagna »… Alors que pour une fois, j’ai rien fait (je sais que c’est diffcile à croire mais en dehors de mes mots désagréables, j’ai vraiment rien fait, pour une fois). Quelque peu irrité, je me permets de fustiger le gardien qui n’apprécie pas trop mon  attitude.

« Que.. j’ai rien fait, là, oh. »


Dis-je, mollement, sous le regard lassé du maton. Le psychiatre secoue négativement la tête et fait signe à l’autre de s’apaiser.

« C’est bon. Laissez-le. »

Tandis que le gardien quitte la pièce, le psychiatre s’occupe de clarifier la situation et le motif de la venue du maton.

« Vous n’en avez pas conscience mais vous parlez très fort. »

Quoi, vraiment ? Je ne suis pourtant pas du genre à hausser le temps quand je commence à dire des bêtises et que le malaise devient évident. Je ne suis pas du genre à compenser… Mouais. Faites un peu semblant de croire à mon sarcasme, pour une fois.

« Quelle étrangeté ! »


Oui oui, très bizarre que je parle aussi fort. Flûte à la fin, c’est dans ces moments là que je me dis que les années à voir régulièrement le docteur ont commencé à porter leurs fruits en ma défaveur. Il a commencé à comprendre mon fonctionnement, qui est certainement loin d’être si compliqué que ça, maintenant qu’on y pense. Dès que j’arrive et que j’ouvre la bouche, il sait déjà où aller pour déterrer les éléments du schéma de ma pensée qui clochent. A croire qu’il n’a pas vraiment eu son diplôme dans un kinder surprise… Quoi ? J’espère encore, n’en ai-je point le droit, moi aussi, d’espérer un peu ? Aller, non j’arrête, personne n’y croit et je me perds dans mon propre propos. J’ai de nouveau les idées qui s’embrouillent et la pensée qui s’emballe. C’est pas bon signe.

« Où en étais-je ? »
« Votre cousin Ellias ? »

Au moins, y’en a un qui suit, c’est bien. Il est temps de reprendre là où j’ai du m’arrêter. Et je vais essayer de pas me remettre à gueuler dans mon enjaillement car c’est vrai que c’est un peu louche.

« Ah, oui, lui… Ce petit fils à papa pourri gâté que j’ai jamais pu sentir. »


Comment ça je suis aussi un petit fils à papa pourri gâté que personne ne peut sentir ? Bon, pour le coté « fils à papa », peut-être pas tant que ça mais… bah, finalement, c’est mon père qui m’aide financièrement. Mais, qui a dit que votre opinion concernant ma mauvaise foi m’intéressait, en fait ? Voila. Poupougne, donc. Klappe zu, d’abord.

« Il est vraiment coincé et il n’a aucun humour, ce type. »


…Et c’est là que ça devient moins drôle parce que c’est là que je me rends compte que j’ai pas grand-chose de plus à dire pour le casser méchamment et gratuitement. C'était plus drôle dans ce que j'avais imaginé. Mais, pas de crainte à avoir, je suis passé maître dans l’art ancestral de la sodomie de mouche depuis fort longtemps.

« Vous le voyiez souvent chez vos parents ? »


Et c’est pas la question que j’attendais. J’attendais plutôt « ohlala mais vous le détestiez vraiment, c’est terrible, qu’à-t-il donc fait ? » de manière à ce que je continue de me plaindre en long en large et en travers en lui citant et en inventant encore plus de tares à mon cher cousin. Mais rien ne se passe jamais comme prévu avec les gens qui font leur travail correctement.

« Bah, il est plus âgé, on le voyait tout le temps, oui. Il était pas le bienvenu, il monopolisait Irina, plombait l’ambiance et me pompait l’air. »
« C’est ce que disait votre famille ou… ? »


Eh, attends, pourquoi je réponds à ça alors que c’est pas le sujet ? Enfin, si, c’est le sujet, mais c’est pas ma famille, le sujet. Je sais que l’autre l’adore, ma famille, mais enfin, ça devient lourd à force, parce que moi, ma famille, je la déteste vraiment.

« Peu importe ce qu’ils pensent, eux, c’est de moi qu’on cause. »


Autant le rappeler, hein, même si ça ne sert probablement à rien. Car en lui disant ça, je lui donne juste plus de grain à moudre et j’empire mon cas. Mais, eh… je peux pas m’amuser un peu à dire des saloperies sans qu’un maton vienne me fliquer ?

« Bref, Lulu adore ce pauvre type… Tant mieux, hein, s’il s’amuse, ahahah. Héhé. »


Ouais, il l’adore, visiblement. Mais contrairement à ce que mon rire forcé pourrait vous conduire à penser,  je m’inquiète pas car il va se lasser très rapidement et revenir me voir avec le sourire. Parce que je suis un peu son idole, à Ludwig, une idole ça ne s’oublie pas comme ça, hein. Il verra vite que je vaux bien mieux, que je suis beaucoup plus drôle et fascinant que l’autre coincé… Non ? Enfin, oui. Je le sais, hein, qu’il reviendra. Pourtant, malgré tout ce que je raconte, le psy est maintenant impassible et ne renvoie plus la balle. Son silence est intrigant, normalement, il aurait déjà mis son grain de sel que je me serais empressé de lui renvoyer dans la tronche avec grande ferveur. Mais, là, rien. J’ai tu mon rire forcé et l’autre ne bouge pas un cil. Ce qu’ils m’énervent ces gens qui ont le contrôle d’eux-mêmes…

« Quoi, ça ne t’interpelle pas ? Tu ne poses pas de questions sur ma famille ? Je te tends la perche, c’est mon cadeau pour ton retour de vacances, alors, profites, Docteur ! »


En fait je n’ai pas vraiment envie qu’il pose des questions. J’espère juste encore l’intimider pour qu’il ferme son clapet. Mais ça ne marche pas. Je le sais, mais je persiste. Je ne sais pas combien de temps encore je vais continuer à insister sur le fait que je suis en contrôle de la situation, mais, je suis toujours en train de me fracasser la tête contre ce mur. Quand mon crâne aura totalement cédé, j’imagine que là, ce sera sa victoire, à ce fichu psy. Sauf que pour y avoir un vaincu et un perdant, il faut deux interlocuteurices pour occuper ces rôles. Et je suis le seul à jouer tout seul, croyant me battre contre le médecin en face de moi qui n’est jamais rentré dans le jeu. Il n’est pas sur le plateau de jeu, lui, en fait, il a le livre des règles en main et il me les rappelle, encore et encore. Car il espère que je finisse la partie non pas pour gagner, mais pour apprendre et surtout comprendre pourquoi je joue.

« C’est-à-dire que j’ai la sensation que vous avez surtout besoin de vous défouler. »


Ah, qu’est-ce que je disais. Il connaît les règles. Il sait à quoi sert chacune de mes tentatives. Comme il aime tant le dire… Il fait juste son travail. Pourquoi est-ce que j’espère qu’il ne le fasse pas, d’ailleurs ? Aucune idée, mais je profite de l’occasion, s’il m’autorise à me défouler.

« Carrément, ça me défoule de casser du sucre dans le dos de ma tête à claque de cousin. Si Lulu savait quel genre d’abruti, c’était, à tout le temps aller chouiner dans les jupons de tonton et papa dès que je l’approchais… Je pourrais lui en raconter des choses embarrassantes sur son cousin favori ! »

Ah, oui, comme la fois ou j’ai mis un extincteur dans son traversin, quand je lui remplaçais sa crème solaire par du lait concentré sachant très bien qu’il est allergique au soleil, que je déchirais ses cahiers pour essayer de les lui faire manger, que j’ai un peu trop frappé sur son chat… Ah, quelle belle époque. Et ne me regardez pas comme ça… C’est même pas les choses les formes d’agression les plus immondes, audacieuses et originales que j’ai pratiquées.

« Hm… Vous sauriez dire pourquoi vous le détestiez tant ? »

Quoi, c’est une vraie question ? Il est bouché ou quoi ? J’avoue là, j’ai du mal à comprendre où il veut en venir.

« … Je viens de te le dire. Tout est détestable chez ce type. Le soucis c’est bien qu’il existe, pardi. Et tu parles au passé, mais ce n’est pas du passé, je le déteste toujours autant. »

Voila, d’abord. Non mais. Et toc. Na. En plus Irina préférait Ellias à moi alors qu'il a la personnalité d'une huître. Alors, que, eh, regardez-moi, rien que m'écouter parler est un plaisir. Comment ça, "non" ? Vous avez aucun humour. Dans tous les cas, je me plains si je veux et puis, j’ai bien le droit d’être dérangé par quelque chose. D’ailleurs, c’est pour ça que je vais voir le psy, pour parler de mon malaise et… Non, attends, ce n’était pas censé être un malaise, au départ, juste une bonne occasion de me poiler en causant de mon cousin. Encore une fois il va falloir sauver la face. Car il faut que Nikolos comprenne quelque chose : en ce moment, ça va bien mieux que la dernière fois où je convulsais sur le sofa et que j’avais besoin de l’aide du docteur pour ne pas me retrouver à l’infirmerie.

« N’empêche, que, t’as vu ? Ça va tout de suite mieux quand je peux cracher mon venin ! Ça fait du bien, on se sent plus léger ! Tu dois admettre, docteur que ton absence et me défouler c’est très bénéfique… je me porte comme un charme depuis que Ludwig m’a donné des nouvelles d’Ellias. »

Je devrais peut-être remercier ma grande asperge de cousin d’être aussi pitoyable et de donner sens à ma vie au moins aussi pathétique, l’espace de quelques jours. Et de son côté, Nikolos fait « hm » et n’a pas l’air surpris le moins du monde, avec son air simplet de mec de vidéo shutterstock. Je t’en foutrais de sa tronche d’ahuri venant de la planète Mars, moi…

« Hm. Je vois. »

Qu’est-ce que je disais. « Hm, hm ». Insupportable.

« T’es perplexe. Je comprends, hein, ça doit bien t’embêter de voir que je vais bien et que je me portais bien en ton absence. »

Oui, c’est un mensonge. Mais qu’importe, les absents ont toujours tord. La vérité c’est que là, bizarrement, je sens que ça va être ma fête et vu l’effet que ça me fait à chaque fois (à savoir un bon gros sceau d’eau froide dans la tronche accompagné de quelques claques pas comme je les aime), je me mets sur la défensive. Eh, attention, je ne dis pas que j’ai peur. Je suis juste… eh bien… méfiant oui. Il faut toujours se méfier des psy et surtout des psychiatres, parce que… Ils peuvent être manipulateurs et finir par vous faire manger des médicaments en vous faisant croire que c’est des bonbons ! Voila ! Ou probablement ai-je trop regardé de mauvais nanars.

« Ou alors je te choque ? Tu me trouves trop méchant avec ce pauvre Ellias ? »

Dans le doute, continuons de compenser allègrement. On s’en fiche si ça se voit, à force : plus c’est gros, mieux ça passe.

« Ce n’est pas à moi d’en juger, de ça. Vous avez rarement de bons mots pour les membres de votre famille, en un sens, étant donné votre malaise à ce niveau. »

Malaise ? Mais personne n’a jamais parlé de malaise, dans cette pièce (à part moi il y a exactement 440 mots et quelque -car on en ajouté à la relecture- mais c’était en pensée donc ça compte pas) ! Oh vraiment, je ne sais vraiment pas d’où il sort tout ça, l’ami Nikolos… c’est fou ce qu’il a comme imagination, ce garçon… Bon, il n’en aura jamais autant que moi mais il faut encourager les efforts.

« Rooooh, tout de suite les grands mots ! Qui a parlé de malaise, hein, c’est pas moi… »

Bah oui, ohlalala, je sais vraiment, mais alors vraiment pas où il est allés chercher ça… à part dans les trop nombreuses choses que j’ai dit dans nos entrevues précédentes. Je vais songer à me couper la langue, un jour… Mais ce doit être extrêmement douloureux et je crois que parler me manquerait trop. Dans le doute, il faudrait que je me taise, car je n’arrange pas mon cas et je me mets en sérieux danger face à ce foutu psychiatre.

« Concernant votre cadre familial, vous avez plusieurs fois dit vouloir le briser pour le malaise qu’il vous inspirait, ainsi que votre famille qui essayait de vous contrôler. »
« J’ai dit ça, moi ? Mince alors, j’ai oublié, c’est fou. »

C’est devenu uniquement de l’esbrouffe et même moi j’en suis parfaitement conscient. Je ne sais même pas pourquoi j’essaie encore face à lui qui ne va pas démordre et tout d’un coup sortir de son rôle pour qu’on fasse copain-copain afin d’aller dans mon sens. Mine de rien, le voir aller dans mon sens le ferait tout aussi criminel que moi. Oui, parce que ne rien dire ou aller dans le sens d’un connard quand on sait ce qu’il a fait, ça ne te rend pas meilleur ou tolérant, ça fait juste de toi un sale con aussi. Donc, encore une fois, je suis coincé et je me fatigue tout seul, bien incapable de me défendre et même si je nie, c’est inutile.

« Votre démarche destructrice ne commence-t-elle pas par là ? Par le rejet des rapports sincères pour plutôt générer de l’attention négative à votre égard ? »

Héhéhé. Qu’est-ce que je peux bien répondre à ça, hein ? Quoique je dise, c’est inutile, hein ? C’est inutile car il va continuer.

« Qu’est-ce que c’est, encore, ces bêtises ? »

Oui, oui, sauvons les apparences, hein. Comme si ça marchait.

« De ce que j’ai remarqué, votre recherche d’attention négative s’inscrit dans une démarche de vous placer au-dessus des autres en dépassant les limites et les « tabous ». Nommément, le meurtre. Ces limites à briser, c’était aussi vous autoriser à maltraiter votre cousin, en l’occurrence. Tout ça de manière à mettre à mettre à mal l’équilibre familial en générant peur et attention négative à votre égard. »

Oui, oui, c’est ça, c’est ça. Parce que du coup, ils étaient tous morts de peur car ils savaient j’avais brisé les limites et que j’étais capable de tout. Alors, ils se voilaient la face et ignoraient en espérant que ça se calme. Mais, je redis ce que j’ai dit précédemment. Ignorer c’est se rendre complice et bien plus coupable.

« Ah, ça, oui, je m’en souviens, tu me l’as souvent dit et c’est lourd à force ! »

Il ne relève qu’à peine.

« Votre cousin a de bonnes relations avec votre frère, à priori. Et avec vos parents ? »
« Hein ? Pourquoi tu veux savoir ça ? Je croyais qu’on parlait de moi. »


Il est pénible à passer du coq à l’âne, qu’est-ce qu’il va encore me sortir. Je sais pas si ça m’intéresse ou si je veux juste tomber dans les pommes et faire une bonne grosse amnésie, comme ça, je n’entendrais pas ce qui va suivre.

« Certes. J’essaie simplement de mieux visualiser situer votre cousin par rapport à votre environnement familial que vous avez tout de même partagé durant votre enfance. Enfin, si vous l’envoyiez « pleurer dans les jupons de ses parents », c’est que vous n’aviez pas un très grand écart d’âge, enfin, j’imagine ? »
« Bravo. Intéressant, Colombo. Continue, ça m’amuse. »


En fait non, c'est pas du tout amusant. Ça devient long et ennuyeux. Le contraire total du concept d'amusement. Au fond, je suis surtout en train de flipper. Il me faut faire des efforts pour que ma jambe ne tremble pas sous l’effet des fourmis que je sens s’agiter frénétiquement dans mes épaules et mon ventre. Ce n’est pas agréable du tout.

« Je me trompe peut-être, mais, vous avez l’air mal à l’aise à l’idée de parler des rapports de vos cousins avec vos parents. »
« Mal à l’aise ? Meuh non, arrêtes un peu avec ça, c’est toi qui vas finir par être malaisant. C’est juste que ça me gonfle. »


Le psychiatre a finalement un moment de recul. Visiblement, il a perçu les signes de ma détresse intérieure et les tremblements infimes que je tente de camoufler. Bien entendu. Avec les années, il me connaît, il commence à connaître les signaux qui me sont propres. Je crois qu’on peut dire qu’il me connaît mieux que quiconque ne m’ait jamais connu. Car les personnes qui me connaissaient un peu trop sont soit mortes, soit je les aie chassées de ma vie. Ou alors, elles ne soupçonnent pas tout ça. Oui, ce type me connaît mieux que ma propre famille dont je n’ai jamais voulu être proche. Mieux que mon petit frère qui fuit encore la réalité, mieux que ma jumelle qui en est morte, mieux que mon père qui désire se la prendre en pleine face pour avoir bonne conscience. Mieux que mon propre père, hein. Cette pensée me donne le vertige, plus que les autres. Aurais-je aimé qu’il en soit autrement… ? Ou être compris ?



Quelle question stupide. Aucun gamin veut passer une enfance et grandir comme je l’ai fait. Et j’étais un gamin comme les autres. Au tout début. Avant de vouloir tout ce qui s’est passé par la suite et qui a brisé notre famille comme je l’avais espéré, dans un rêve immature d’ado en manque d’attention.

Ma gorge se serre et mon regard se durcit, tel celui d’un animal mort de faim et de peur prêt à abandonner pour manger dans la main d’un humain qu’il exècre car tous les humains sont les mêmes, après tout.

« Vous ne préférez pas en parler. »

Finit par admettre le psychiatre, l'air plus détendu que jamais. Ce qu’il peut m’emmerder.

« Oui. Sinon je vais m’énerver. »


Je feule mais c’est inutile.

« Pourtant, vous avez des choses en commun, avec votre cousin. Vous aviez la même famille, vous avez certainement grandi dans les mêmes circonstances. Vis-à-vis de votre père, par exemple, vous dites que ce dernier était très condescendant en ce qui vous concerne et qu’il serait assez inconstant en ce qui concerne vos actes violents passés ou présents. Le reste de la famille et votre cousin en l’occurrence, proche de vous en âge, a peut-être lui aussi pâti de cette attitude ce qui fait… »


Mais qu’est-ce que j’en ai à faire, de ce que Ellias a pu souffrir à cause de moi ou de mon père ?! La souffrance des gens, du monde entier ne m’importe pas, ne m’importera jamais. Il ne parviendra jamais à tirer quoique ce soit de moi en parlant de la souffrance des autres individus. Il le sait, il me l’a expliqué : l’empathie, ça ne s’invente pas. Chez moi, l’empathie ne se développera probablement pas et il le sait. Alors, à quoi bon.

« Non. »

Qu’il ne s’avise pas de dire que j’ai quelque chose en commun avec Ellias. Il ne parviendra pas à me pousser vers la compréhension de ce pauvre demeuré que mon père adore pour je ne sais quelle raison.

« Il a pâti de que dalle. Moi non plus, d’ailleurs, tu penses vraiment que j’existe qu’à travers les actions foireuses de mon paternel ?! On ne se ressemble absolument pas. »

Il ne croit rien, en fait. C’est toujours moi qui lui donne ses réponses en mentant comme un arracheur de dents et en fanfaronnant.

« Peut-être que vous n’êtes pas prêt à l’entendre… »

Sans putain de blague. Tais-toi, plutôt, ce serait mieux.

« Mais là où je veux en venir, c’est que la famille est un système, comme je vous l’ai déjà dit. Et ça, vous l’avez toujours très bien compris, car vous avez essayé de l’utiliser pour le briser. Vous savez que si plusieurs membres en sont malades comme vous l’êtes, c’est que le système dans son ensemble est défaillant. C’est pour cela que j’essaie de comprendre vos rapports avec le reste de votre famille et les rapports de votre cousin avec ces derniers. C’est… »

Je le coupe grâce à un soupir sonore et excédé. Pourquoi il me répète tout ça, encore ?! Il croit que je suis bouché ou stupide ? Je ne suis pas con, je suis juste vraiment fatigué de toutes ces bêtises et je veux simplement qu’on me foutre la paix. Donc, oui, je suis peut-être un peu bouché et obstiné. Mais, bref.

« Tu veux vraiment continuer d’avancer sur le sujet d’Ellias et mon paternel ? Parce que ce n’est sacrément pas une bonne idée. »

Le psychiatre laisse passer quelques secondes de silence. Il ne cille même pas devant la menace. Bien sûr, c’est facile quand on peut juste appeler le maton et sortir une seringue de tranquillisant dans le pire des cas (ça, c’est un truc que je testerais plus jamais, d’ailleurs). Au-delà de ça, s’il se laissait impressionner, ce serait sortir de son rôle et il ne veut probablement pas ça. Je ne sais pas s’il est totalement apathique ou s’il a juste des nerfs d’acier, ce type. J’avoue que si je pouvais lui voler sa recette, je le ferais sans hésiter. Mais ce n’est pas aussi simple.

A la suite d’un moment de silence gênant, l’autre se met en retrait et semble se ranger pour cette fois.

« Hm, dans ce cas, vous pourrez y réfléchir jusqu’à la prochaine fois. »


Je t’en foutrais de ses fichus « Hm », moi. Et…quoi ? Ça veut dire qu’il passe l’éponge pour cette fois et qu’il me fout la paix alors qu’il reste une petite dizaine de minutes à notre entrevue ? j’en suis le premier surpris. Au point que je veux quand même le provoquer parce que… parce que j’aime bien jouer au con, il faut croire.

« ... Ah bon ? C’est déjà fini, c’est tout ? »

J’avoue être curieux de son excuse. J’ose espérer que c’est parce qu’il est au bord de tomber le masque qu’il s’arrête, histoire d’être raisonnable, car, finalement, personne n’est invincible.

« A moins que vous ne vouliez parler d’autre chose… Je ne peux pas vraiment vous forcer à parler de quelque chose que vous ne voulez pas aborder. »

Ou alors pas aujourd’hui, hein ? Parce que je vais peut-être réussir à le pousser à bout, un jour ? Il doit s’y attendre tous les jours aussi. A ça, ou à ce que je lui saute à la gorge. Je serais surement pas le premier. Je serais presque vexé à cette simple pensée, d‘ailleurs.

« Non. Je vais attendre et faire une sieste de 10 minutes sur le canapé, plutôt. »

Et c’est ce que j’ai fait en m’allongeant. Mais j’ai pas dormi. Et il a fallu retourner en cellule juste après. Bizarrement, je suis de nouveau totalement épuisé et encore plus coléreux après cette entrevue. Mon petit boost de sel et de rage envers Ellias n’aura pas duré très longtemps. Mais, patience, Papa vient me voir dans pas trop longtemps, si je fais bien mes comptes. Et je vais lui en faire voir de toutes les couleurs, parce que, après tout, c’est tout ce qu’il attend de moi, tout ce que le monde attend de moi, non ?
D'humeur taquine chez le psy.
En fait, c'est chiant.
Alexander Nagel-Jung
Alexander Nagel-Jung
Ex-Régimeux
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Sam 14 Juil 2018 - 19:05
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