Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

Demandes de RPs et liens
Cendrée
cherche un.e partenaire pour un RP ou un défi.
Arthur, Zelda et Bartholomew
sont dispo pour de nouveaux RPs !
Pseudo
cherche ...
Pseudo
cherche ...
+ pour afficher vos demandes, contactez le staff !



-34%
Le deal à ne pas rater :
-34% LG OLED55B3 – TV OLED 4K 55″ 2023 – 100Hz HDR 10+, ...
919 € 1399 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Smile |ft. Lionel|
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


Les semaines se suivent, engourdies, lourdes. La dernière, particulièrement pénible, comme pour me jeter un peu plus bas. Je combats encore, même épuisée. Je sais qu’il est des choses qu’on ne peut pas véritablement vaincre; et les ombres se rient encore de mes coups aveugles dans l’obscurité. Sauf que je tiens bon. J’ignore comment, parfois j’ignore même pourquoi. Je sais que tout ceci n’est qu’une énième mauvaise passe. Je connais bien ce cycle. Il m’accompagne depuis plusieurs années maintenant. À force de serrer les dents, les idées noires se dissiperont. Puis j’ai quelque chose auquel me raccrocher désormais : ma conversation avec Carter de l’autre jour. Les mots de mon père m’accompagnent encore. À tâtons, j’ai cherché à faire du sens de ce qu’il tente de me communiquer. Il est patient. Attentionné. Nous avons feuilleté des brochures sur la violence conjugale, tous les deux, mais c’était trop difficile. Il n’a pas insisté. C’est encore… trop prenant. Je me sens coupable. Je me dis… que plein de gens l’ont eu pire que moi, que mon ex-époux ne pouvait pas être si… que ça ne doit pas s’appeler ainsi, ce que j’ai vécu. C’est dur d’y penser en ce moment, surtout que je ne parviens pas à trouver un semblant d’équilibre tant ma routine est chamboulée. Depuis ce qui est arrivé à Weston, je m’occupe à la fois de Benjamin et de Lexie, tous deux troublés par ce qui s’est produit.

Je ferme les yeux. Même si les deux enfants occupent beaucoup mon esprit ces derniers temps, je rejette toute pensée les concernant à l’heure actuelle. Je ne peux plus me permettre d’être ailleurs lorsque j’effectue une tâche. Une chose à la fois. Ce principe me permet d’avancer. Aujourd’hui, c’est le travail qui sollicite mon attention. On m’a sollicitée pour une entrevue en compagnie d’un de mes collègues Élites. À ce qu’il paraît, je ne serai pas la seule dans cette situation, car la Compétition désire mettre de l’avant ses «meilleurs représentants» par binômes dans cette série d’entrevue. Je suis donc jumelée avec Lionel Roque-Lartigue, un homme un peu particulier je dois dire. Je ne l’ai pas beaucoup connu mais les quelques mots échangés m’ont permis de voir que c’est un peu un gosse de riche gâté à la moelle. Non pas que je lui en tienne rigueur. Je ne connais pas l’homme, je n’irai pas le juger. Puis soyons honnêtes… ce serait un peu pompeux de ma part qui ait fait ma princesse allégrement lors de mes premières années au sein de la Compétition et probablement encore aujourd’hui. Je n’irai pas lui reprocher l’envie de briller.

Sauf si je dois être sincère, je n’ai pas exactement envie de me trouver là. Je me sens un peu déphasée de mon propre corps tandis que je me change dans ma cabine. J’ai revêtu une robe plutôt simple, agrémentée d’un petit manteau de jeans. J’ai aussi laissé courir mes cheveux, bien plus longs qu’à ma sortie de prison désormais, filer contre mes épaules en de jolies cascades. Bien sûr, ce résultat n’aurait pu être possible sans la coiffeuse présente sur le plateau de tournage. Je marche en direction de la scène aménagée où je semble être la première arrivée. On me remet mon micro, dissimulé derrière moi et je prends place, un peu effacée et sans sourire, au fond de mon fauteuil. Le plateau est plutôt animé et moi je me suis réfugiée loin dans mes pensées, un peu inaccessible. J’espère que monsieur Roque-Lartigue aura de quoi dire car je ne sais pas si je serai en mesure de lui être d’une grande aide. Je ferai un effort tout de même. C’est pour ça qu’on me paie après tout, j’imagine. Je relève la tête alors que mon partenaire d’entrevue fait son entrée. Je me redresse pour m’approcher poliment de lui, curieuse malgré tout de mieux connaître ce personnage certainement singulier.

«Bonjour, monsieur Roque-Lartigue, nous nous sommes déjà rencontrés mais… Eh bien ravie de vous revoir. Vous vous sentez d’attaque pour l’entrevue?»

Il est temps de mettre de côté mes démons et de sortir le charme. Ce ne devrait pas être trop difficile, je suppose, comme je le fais déjà depuis… trop longtemps. Mon dieu je suis fatiguée.
(c)Golden
Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Mer 26 Sep 2018 - 19:44
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
Même Lionel qui passe son temps à idéaliser sa vie ne peut pas vraiment dire que tout baigne en ce moment. Plus précisément, tout ne baigne pas vraiment chez les Roque-Lartigue depuis quelques semaines… mois, même. Que ses parents, Sixtine et Agamemnon, et son frère Hanson, le traitent comme un enfant un peu stupide lorsqu’il sortent en famille dans divers galas, ça, à la limite, il y est habitué. Pourtant, ces dernier temps, il tolère de moins en moins leur attitude de le traiter comme le dernier des abrutis malgré ce qu’il a « accompli » pour… Eh bien, oui, en partie pour leur prouver le contraire. C’est assez navrant d’en arriver là à son âge, mais probablement que ça en dit long sur le fait qu’il a toujours eu l’impression d’être traité comme un moins-que-rien s’il compare à la manière dont ses parents traitaient Hanson. Mais, bien entendu, cette impression, il la refoule. Car c’est mal de penser ce genre de choses, c’est mal de se comparer. C’est se montrer immature face à ses parents, et s’il se montre immature, jamais il n’aura leur approbation.

Agamemnon et Sixtine lui rediront avec des sourires mielleux : « Enfin, Lionel, mon petit Lion, tu dois cesser de toujours te comparer à Hanson… Tu es… Différent de lui, c’est tout. Vous n’aviez pas les mêmes prédispositions à la naissance, mais, tu sais, ce n’est pas pour autant que nous ne t’aimons pas, nous vous avons simplement élevé chacun à la hauteur de vos capacités innées… Et regarde, où tu en es aujourd’hui ! ».

…C’est vrai, après tout, j’ai quand même réussi à devenir Maître coordinateur. C’est grâce à eux aussi. S’ils ne m’avaient pas poussé, alors…

Enfin, Lionel baigne dans le paradoxe qu’il pense mériter tout ce qu’il a, et en même temps, dans l’impression qu’il est simplement là ou ses parents l’ont mis. Enfin, pour le public, il préfère parler de « destin ». Ça lui semble énigmatique, même si tout le monde sait pour sn ascendance et le fait que la richesse de sa famille lui a grandement facilité sn accès à son poste de co-chef de la Milice. Mais oui, penser que c’est son destin, c’est bien. C’est vague, c’est bien plus évocateur, ça fait rêver les mémés qui ont besoin de leurs répliques bateau du soir dignes des feux de l’amour et surtout, ça le fait rêver, lui.

Et par-dessus tout, il y avait aussi les problèmes entre Nadia et son père. Lionel s’était promis de parler à Hanson de tout ça, de l’affronter, mais… Bon, disons que la première tentative n’avait pas été à la hauteur de ses espérance. Hanson avait été si condescendant…

Oh, mais, non, il n’était pas condescendant, simplement… Oui, il connaît sa place, et je connais la mienne. L’ainé, surtout quand c’est le plus intelligent, a toujours raison, pas vrai ?

Sauf que quand il s’agit de Nadia et d’Anne-Marie, Lionel oublie tout ce « bon sens » qui ne sert finalement qu’à protéger sa famille de la criante vérité : que l’entente de cette famille ne repose que sur le fric et que tout ses membres ne sont que faux-semblants. C’est probablement ça, qui a fait qu’Hanson a fustigé immédiatement son petit frère… Il ne faut pas bafouer les illusions dont se parent leur famille. Mais… Il y a toujours ses nièces, pour qui Lionel pourrait tout faire. Dans le toute et ne se sentant pas suffisament fort pour affronter les pensées noires qui l’avaient envahi par la suite, Lionel s’était resservi quelques verres de scotch.

Puis les jours avaient passé et l’heure de sa double interview avec la championne de Dimaras était arrivée. Voila qui lui remontait le moral et il n’avait pas oublié d’en informer une bonne douzaine de fois ses réseaux sociaux, tout en cirant allègrement les bottes des administrateurs de la compétition de manière à espérer que cette initiative fera remonter sa côte de popularité. Car c’est tout ce qui est important ici, pas vrai ? Les faux semblants, c’est la spécialité de Lionel depuis toujours, il ne fait que faire ce qu’il fait de mieux, aussi navrant et lassant que cela puisse paraître. Des binômes avaient été formés entre différents membres de l’Elite et de la Ligue d’Enola et Lionel était assez heureux de tomber sur « Mercy ». Bon, il aurait préféré Sirius ou Méphisto car à ce qu’il parait c’est « trop ses amis », mais, il n’est jamais contre rencontrer de nouvelles personnes, même si dans ce genre de situation, on ne peut vraiment dire qu’ils vont « apprendre à se connaître », il s’agit juste de faire des sourires colgates et pour Lionel , vérifier à tout prix que sa perruque était bien fixée. Il venait de consacrer une bonne vingtaine de minutes à sa moumoute quand on lui annonça qu’il ne restait qu’une dizaine de minutes avant d’entrer sur le plateau. Le coordinateur jugeait s’être vêtu assez sobrement, pour une fois… Enfin, il avait tut de même mis une chemise orange (pour aller avec ses yeux), une veste de costume bleue qui allait avec son pantalon, avec des boutons de manchette excentrique et une cravate parée de motifs qui feraient rougir le kitsch, couverte de Tenefix bariolés de bijoux. Un petit rappel à son ancienne école de coordination. Il se recoiffa d’une main en sortant de sa loge, suivi par la maquilleuse qui venait de terminer son travail.

« Oh, Mercy, vous êtes là ! »

Fit-il, comme s’il ne l’avait pas encore vue, mais au contraire, le spectacle avait commencé dès sa sortie de la loge. Il s’inclina dans une révérence largement trop aristocratique devant la Dimarassienne et réajusta sa cravate avec un sourire qui irait très bien dans une publicité Freedent. Loué soit Arceus, Mercy fut épargnée d'un baise-main de la part de Lionel. Il faut croire que même Lionel n'irait pas faire de genre d'approche à une personne de 8 ans plus jeune que lui. Oui, il a encore un peu de décence. C’aurait été drôle, qu’il ait encore des brocolis entre les dents, mais malheureusement il avait passé dix bonnes minutes à passer son fil dentaire pour éviter ce genre d’ennui.

« Ravi de vous revoir aussi, madame. Comment allez-vous depuis la dernière fois ? Je ne suis que peu au courant des matchs des Elite dresseurs, malheureusement, mais vous pourrez certainement bientôt m’en dire plus ? Je suis un homme très pris, mais cela ne m’empêche pas d’être intéressé par la carrière de mes collègues, surtout des champions, enfin, il est bon de mettre un visage sur les gens qui distribuent les ordres de la Milice, n’est-ce pas ? »

Oui, Lionel, tu es co-chef de la Milice, on l’a compris. Pas la peine de te comporter comme un sac à merde faussement soucieux quand il ne s’agit que de te faire mousser. Bien entendu ce serait trop lui demander qu’il se rende compte de l’aspect extrêmement prétentieux et condescendant de ses paroles, hein. Il se recoiffa d’une main avant de continuer.

« Oh, vous savez, je suis né déjà prêt pour ce genre de chose. » Quelle modestie. Même si, pour le coup, ce n’est pas faux, enfin, il serait plus juste de dire qu’il est totalement formaté. « C’est mon destin, après tout ! »

Ben voyons. Le revoila qui revient à la charge avec son « destin ». C’est pratique, ce terme, quand on a rien à dire, hein.

« Et vous donc ? Si je ne m’abuse cela faisait un temps qu’on ne vous avait pas vue sur un plateau télé de ce genre. »

En prévision de cette entrevue, Lionel n’était bien entendu renseigné sur la carrière de sa collègue et son ascension. L’histoire de la jeune touriste qui tente la compétition, la gagne, puis est sacrée championne, ça a toujours bonne presse, c’est d’ailleurs ce qui a pu attirer la sympathie du public à Mercy. En cela, leurs carrières sont tout à fait opposées, mais probablement est-ce pour ça qu’on a choisi de les mettre en binome. Lionel comptait bien essayer de se servir de cette entrevue pour remonter sa propre côte de popularité.

Tandis qu’ils bavassaient, un membre de la régie leur fit signe.

« C’est à vous dans 3 minutes ! »

Leur lança-t-il, et Lionel sentit son ventre fourmiller.

« Oh. Nous y voila. Prête ? » Il sortit ses mains de sa poche et se recoiffa une nouvelle fois. « Eh bien, au plaisir de pouvoir briller avec vous sur le plateau ! »

Briller par ta stupidité, oui, ça, c’est clair. En espérant que tout ça donne naissance à de magnifiques memes et montages sur internet. Il ricana d’un air mondain tandis qu’on leur annonça qu’il leur fallait monter sur le plateau dans 30 secondes. On les fit entrer, on les accueillit et on les fit s’asseoir chacun d’un côté du présentateur animant l’entretient en vue d’une rediffusion. Le présentateur commença par leur proposer de se présenter (même si huhuhu, les présentations ne sont que superflues avec leur renommée, huhuhu), ce à quoi Lionel se tourna vers Mercy avec un :

« Honneur aux dames ! »

…Tout à fait pénible.
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Jeu 27 Sep 2018 - 23:20
Revenir en haut Aller en bas
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


Joue. Joue, Mercedes, ce rôle qu’on t’a prêté. Celui qui autrefois me seyait parfaitement et qui aujourd’hui ne m’apparaît plus aussi confortable. Qui me démange. Rien à faire, il me colle à la peau depuis que j’ai accepté le titre de Championne en pensant que ce serait facile de m’identifier par celui-ci. Presque un an désormais et j’ai lentement pris conscience que j’ai changé. Que les foules, les flashs et les cris ne m’allument plus autant qu’avant. Que de sourire devient parfois une tâche insurmontable à laquelle je m’attèle tout de même. Il y a encore, tout de même, cette sorte de facilité enrouillée due simplement à l’habitude. On n’échappe pas si aisément à nos vieux modèles surtout quand ils résonnent encore en vous. J’ignore comment réagir à la sensation de familiarité qui accompagne la nouvelle posture que j’adopte devant Lionel. Parfois j’ai presque espoir de retourner à la personne que j’étais avant, d’avoir le rire facile et l’envie de plaire comme Marilou l’incarne si bien. Sauf que j’ai aussi le sentiment d’avoir progressé au-delà, ou du moins que toute cette attention ne m’apporte plus la même chose. Je passe une main dans mes cheveux pour faire taire mes pensées, pour amortir mes émotions et je ne sais quel objectif que ce geste ne réparera pas. Je lève les yeux pour me concentrer sur mes sens qui à ce jour sont les seuls qui ne me font pas défaut quotidiennement.

Il y a une énergie chez Lionel qui estompe, qui efface. Dans un sens, il me fait du bien à être là, un peu vain, à s’approprier toute la lumière. Je fais fi de cette petite condescendance dans ses propos qui n’a rien de bien méchante de toute manière. À la mention de la milice, je ne peux dissimuler mon malaise. J’ai encore de lourdes réticences vis-à-vis mon travail et ma nouvelle position sociale au sein d’une ville qui, j’ai l’impression, ne me fait pas totalement encore confiance. Avec raison je suppose. Je préfère largement mes tâches de dresseuse que celles qui m’incombent naturellement avec mon travail de policière. Je pourrais presque en rire. De journaliste rebelle à tête de la milice locale. J’ai du mal à prendre confiance en moi et à me définir de ce nouveau rôle. Tiens, encore un rôle dans lequel je suis inconfortable, en plus de vedette et de mère. Je me demande s’il y en existe un pour me convenir, après toutes mes expériences. Bon, me voilà qui m’éloigne dans mes pensées encore. Une chose à la fois, Mercy. La candeur de Lionel a encore une fois quelque chose de rafraîchissant, léger. Son destin? J’aimerais avoir sa détermination, avoir ce sentiment qui m’animait autrefois vis-à-vis le journalisme. Peut-être s’agit-il effectivement de son destin. J’espère pour lui qu’il ne perdra jamais sa flamme. Je souris, sincère cette fois.

«Votre destin hein, rien de moins? C’est vrai que vous avez l’étoffe. Je suis presque déçue de la sobriété de votre costume aujourd’hui, j’aime bien votre style habituel d’ailleurs. Pour ma part eh bien… Je crains d’être un peu rouillée. Je tâcherai d’être…»

Charmante? Charismatique? Vivante? Animée? À peu près présente? Je ne trouve pas mot pour combler ma phrase et décide de l’abandonner à mi-chemin, de toute manière sauvée par le technicien qui nous fait signe que l’entrevue va débuter. Je me dirige vers une automate vers ma place, habitée par les mots de mon collègue. Briller? Je ne sais même pas si j’y parviens encore. Tant mieux, il aime le faire seul de toute manière. Je ne suis peut-être pas préparée aux murmures qui courront à mon sujet suite à la diffusion de l’entrevue par contre. Verront-ils…? Je prends place en croisant mes jambes sur l’un des fauteuils, me concentrant sur le présentateur qui nous invite à nous présenter. Je déglutis. Que dire?

«Ici Mercy, votre Championne des eaux et gagnante de la 100e édition de la Compétition. Je me trouve dans l’exquise compagnie de monsieur Lionel Roque-Lartigue, à qui j’offre l’honneur de se présenter.»

Première étape réussie. Ouf. Tandis que mon collègue reprend la parole, je tâche d’adopter une posture droite, franche et déterminée. Je ressens une certaine résistance dans le bas du dos où mes muscles ont d’avantage l’habitude d’être affaissés, je réalise. Le présentateur débute ensuite l’entrevue en posant ses premières questions :

«Alors tout d’abord, merci d’être avec nous et d’accepter de répondre à quelques questions malgré votre horaire chargé! Parmi les Élites de la Compétition, vous faites tous les deux partie des recrues du retour du tournoi. Presque un an s’est écoulé depuis votre mise en poste… comment avez-vous vécu cette expérience?»

Je prends une grande inspiration. L’intervieweur s’est d’abord tourné vers moi, ainsi je répondrai la première.

«Ça a été particulier, je dois dire, de se retrouver dans une Arène à nouveau et encore plus étrange de prendre la place du Champion! Je n’aurais jamais cru prendre un tel poste mais il fait beaucoup de sens pour moi.»

Oui, même que mes combats sont à peu près le seul élément de ma vie qui ne suscite pas de panique chez moi, où j’ai à peu près le contrôle de mes émotions. Où je me sens bien.

«Je suis aussi très heureuse de le faire auprès d’une équipe soudée et dédiée. Je ne sais pas comment j’aurais pu réussir sans Adowë, Luth, Opalyn et bien sûr Kinu avec qui j’ai débuté toute cette aventure. Je suis très heureuse du résultat.»

Ouf. Voilà une réponse un peu générale, voire robotique et calculée, mais au moins je pourrai me taire pour un moment pendant que le présentateur s’adresse à Lionel.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Lun 8 Oct 2018 - 22:01
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
Un large sourire, plus sincère cette fois-ci, s’était allongé sur le visage de Lionel avant qu’il ne se mette à glousser d’un rire candide. S’il avait su que ses costumes plus extravagants pouvaient manquer à sa collègue… L’habitude d’avoir côtoyé Monsieur Image, peut-être ? Le coordinateur redevint plus calme, véritablement surpris par le trait d’humour de Mercy.

« Ahah ! Si j’avais su ! J’imagine que je ne voulais pas attirer toute l’attention à moi… »
Pour le coup, il n’était pas sérieux et fit bien voir à la rose qu’il plaisantait. « Il est bon d’être sobre de temps en temps, enfin, de montrer quelque chose de plus « naturel » à nos admirateurs, n’est-ce pas ? »

Comme si Lionel pouvait être « naturel ». Mais passons. C’est avec bonne humeur et un bon feeling que le Milicien gagna avec sa collègue le plateau. Bien content à l’idée de se donner en spectacle, il ne voulait pas presser les choses et donna l’honneur à la trentenaire de débuter, pour avoir le loisir de rebondir par la suite. Il se recoiffa d’une main au passage, souriant toujours comme un gros débile en faisant mine de ne pas avoir remarqué la caméra, comme si ça lui donnerait l’air plus spontané.

« Merci, très chère ! Et bonjour à tous et à toutes ! Moi, Zingaro, votre maître du Baroque, suis très heureux d’être ici ce soir pour cette interview prometteuse en compagnie de notre Championne de Dimaras ! »

Oui, et tu renifles l’odeur de tes propres pets un peu trop souvent, Lionel, c’est normal que ton cerveau commence à être pourri, à force. En plus, il avait prononcé le mot « interview » comme « inne-terre-viyouwe », avec un accent franglais capable de nourrir les cauchemars de n’importe quel linguiste chevronné. L’intervenant qui dirigeait l’interview commença à poser ses premières interrogations aux deux Elites. Lionel écouta attentivement les mots de ses deux interlocuteurs (sans oublier de montrer à la caméra son meilleur profil) afin de préparer son intervention. Quelque part, cela ne faisait pas de mal d’en apprendre plus sur Mercy. Enfin, il n’y avait pas grand-chose qu’il n’avait pas déjà appris par la presse people sur l’ancienne compétitrice, mais avoir la version de la concernée était tout simplement plus « vrai ». Elle aurait donc trouvé véritablement sa vocation dans les combats et dans sa place de championne. Lionel sourit en coin, pensif, se rappelant sa propre vocation qu’il avait rencontrée lorsqu’il avait pu faire le tour des Hall et des Salons du monde entier.

« Je pensais que les voyages me manqueraient à vrai dire ! Mais à la réflexion, pas autant que le fait d’être à Enola près des miens et je suis très content d’avoir rejoint la Compétition. » Vu son salaire ce serait gonflé de se plaindre, tout de même. « C’est agréable d’avoir la sensation qu’on a besoin de nous, coordinateurs et ou dresseurs émérites, pour participer à la sécurité. Par ailleurs, je suis très content de travailler aux côtés de Sirius… Malgré sa jeunesse, il est vraiment digne de confiance. »

Répondit Lionel avec un air nostalgique et des propos tout à fait banal et creux, si on essaie un peu de les analyser. Flatter un peu la Compétition, au passage, ça fait jamais trop de mal. Et sa mention à Sirius était totalement intéressé, comme il pensait que la mention de la « complicité » qu’il a (ou pas) avec son collègue pourrait être bon pour la presse. Au passage, il ne se gêne pas trop pour sous-entendre que de par son âge, et sa prétendue « expérience », il est plus « important » que Sirius et le reste des Elites… Ce qui est quand même tout à fait injuste et immature, n’est-ce pas ?

« La place de Maître m’offre l’occasion de rencontrer plus de challengers différents, donc, la diversité des styles que je pouvais croiser durant mes voyages dans les Halls et les Salons ne manque pas sur Enola. »

Il se tourna vers sa collègue pour la suite.

« Enfin, je crois que vous êtes d’accord avec moi Mercy, quand je veux dire que le statut d’Elite à quelque chose de très stimulant, en ce qui concerne la multitude d’affrontement et de spectacle que nous avons l’occasion de produire avec des personnes du monde entier ! N’est-ce pas ? »


Ah, bah, oui, il ne faudrait pas parler du fait que Lionel a tendance à être quelque peu négligent avec ses missions sur le terrain en comparaison. Même s’il a eu une discussion avec son collègue à ce sujet et qu’il va tenter d’être un peu plus impliqué à ce niveau et sur l’administratif, enfin, ce n’est pas encore tout à fait ça.

« Votre motivation à tous les deux est belle à voir, en tout cas ! On vous souhaite de continuer ainsi… D’ailleurs, parlant de continuation… Quels sont vos projets pour l’avenir par rapport à la Compétition et à vous-même ? Il est vrai que leur place est de plus en plus importante sur l’île et nous nous demandons comment vous vous retrouvez dans tout ça… »


L’avenir ? Lionel n’a jamais été très doué pour planifier. Enfin, il y avait une époque où sa vie semblait toute tracée. L’époque où il venait de se marier, qu’il pensait qu’il allait fonder une famille avec Sherylle… Enfin, aujourd’hui, il faut bien dire qu’en dehors de la Compétition qu’il vit plutôt au jour le jour, il n’a pas beaucoup de projets. Et ce doute, en ce qui le concerne, ce qui qui concerne l’ « equilibre » assez compromis dans sa famille également… Bon, il préfère penser à autre chose et se montrer en spectacle pour oublier. L’alcool marche aussi, dans le même ordre d’idée. Dans tous les cas, Lionel n’a nullement envie de ramener le sujet à lui, pour le coup. Lui qui aime tant s’étaler sur sa vie, d’un coup, il préférait rester neutre, sans quitter un seul instant son sourire idiot et mondain. En fait, il préférait avoir l’air de ne pas trop prendre la question au sérieux.

« Oh, eh bien, vous vous doutez que je ne peux pas dévoiler tout ce que la Compétition prévoit pour moi ou pour les autres Elites ! Ce serait vous gâcher la surprise ! »


Il se mit à rire comme un demeuré, au moins, ça transfèrera le malaise ailleurs. Il croisa ses jambes l'une sur l'autre et s'installa plus confortablement dans son fauteuil pour se donner l'image d'être totalement détendu.

« Blague à part, je vis vraiment mon poste de Maître au jour le jour, voyez-vous. Il faut dire qu’il y a fort à faire et je suis encore loin d’avoir découvert tout ce que ce métier peut m’offrir. Alors disons juste… que j’aime l’idée de continuer à être surpris par ce que tout ça peut amener ! »


Il joua la carte de la fausse modestie et se contenta de se donner l’air énigmatique en restant évasif sur ses réponses.

Le public adore s’imaginer monts et merveilles. Sans leur imagination fertile, le show buisness ne marcherait pas aussi, bien, après tout, hein ?

Pour décentrer encore un peu le sujet de la conversation, il dirigea à nouveau son regard vers Mercy.

« Enfin, qui sait, peut-être que nous auront l’occasion de collaborer avec ma chère collègue sur des évènements liés à la Compétition ! »

L’interviewer sembla s’animer avec de plus en plus d’entrain.

« Oh ! Alors, si je comprends bien, nous aurons d’autres occasions de vous voir ensemble à l’écran... ou sur les terrains ! »

Lionel s’esclaffa de nouveau avec un air enfantin.

« Eh bien, j’imagine que tant que l’un ne cherche pas à rayer la voiture de l’autre sans raison, les choses n’auraient pas de raison de mal se passer ! »

Rétorqua-t-il avec une œillade complice en direction de ses interlocuteurs. Au moins, il s’était détendu de son malaise passager en amusant la gallerie.

Ah, exactement comme le voudraient Papa et Maman, hein… ?
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Dim 14 Oct 2018 - 18:58
Revenir en haut Aller en bas
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


C’est comme… de la politique dans un sens. L’habitude vous y entraîne, à détourner l’attention des sujets épineux, trop intimes, des questions idiotes ou sexistes (car elle surviennent souvent… «quelle est la couleur de votre culotte hihihihi» par exemple). Après un moment, parler devient une sorte d’art que l’on manie dans l’espoir de se préserver et de ne pas avoir l’air trop con. Insister à tel ou tel moment, contourner les pièges, diriger progressivement l’intervieweur vers des terrains plus confortables. Sincèrement, j’ai parfois le sentiment d’une lutte de pouvoir. Lui pour tenter de nous faire dire ce qui lui plaît, nous pour tenter de nous en sortir indemne. Je suppose qu’en politique c’est encore pire, mais l’objectif reste le même : bien paraître. Ou du moins ne pas perdre la face. J’aimais bien, avant, débiter mes vérités embellies, sourire aux instants opportuns, jouer l’idiote aussi pour le plaisir pervers d’un public qui au final n’en a un peu rien à foutre. J’aimais être cette chose futile qui passait dans leur vie. Ça me faisait me sentir bien. Mais maintenant je me sens juste… usée, comme un objet même si je n’irais peut-être pas si loin, mais aussi usée dans le sens fatiguée et «vieille». J’observe mon congénère qui semble encore faire du sens de ce show business où il est le produit. Tant mieux. Je ne lui souhaite pas mon amertume.

Il y a quand même quelque chose chez Lionel qui me plaît. Même s’il est faux, qu’il en met beaucoup et qu’il cherche l’attention (malgré ses dires, personne ne l’a cru du moins pas moi), j’ai l’impression que je pourrai être légère en sa présence. Que je n’aurai pas à m’expliquer ou à me creuser la tête. Tant mieux s’il prend toute la place. Ces faux compliments et sa «modestie» me font étrangement du bien. Peut-être parce que j’en ai marre qu’on me considère avec tristesse ou incompréhension, ou encore qu’on me fasse la morale sur comment je devrais me sentir? Il a voyagé lui, il n’a pas vécu la guerre. Il ne m’a pas non plus connue avant, il ne comparera pas. Alors qu’il parle de la sécurité de l’île, je force un sourire. Quelque part, j’y crois encore. De faire partie de ceux qui s’assureront que le Régime ne reviendra jamais nous hanter. Sauf que j’ai encore du mal à m’ajuster à ma nouvelle fonction. Ce n’est pas exactement ce pour quoi j’ai étudié, ce vers quoi je me dirigeais dans la vie. J’ai tellement besoin d’un truc auquel me raccrocher que les mots de mon collègue me donnent un certain espoir. Puis c’est vrai que c’est beau de voir Sirius et Zingaro côte à côte dans la sécurisation de l’île (même si je me questionne tout de même si Lionel accepte de se déplacer un cheveu sur le terrain, mais je n’en sais rien après tout). Par la suite, je perds quelques tronçons de son discours, laissant mon esprit vagabonder tandis que le spot-light n’est plus sur moi.

Je sursaute à la mention de mon nom. Je suis partie, quelques instants, vers mes retranchements profonds. Quelque peu confuse, je tâche de replacer ce que Lionel vient de dire afin de saisir la perche qu’il me tend pour m’inclure. Notre travail. Oui. Stimulant? Il a parlé de challengers et de coordinateurs.

«On n’a pas le temps de s’ennuyer en étant Élite, ça c’est certain.»

J’aimerais avoir l’air plus enthousiaste. Je le suis, vraiment. J’aime mon boulot de Championne. Parfois, j’aimerais qu’il s’agisse de la seule tâche. Je ne sais pas. Si j’avais plus d’énergie peut-être. Je rigole de manière un peu forcée pour faire taire le malaise, mais j’ai l’impression qu’à ce rythme il deviendra flagrant pour tous. Je jette un regard presque désespéré en direction de mon collègue. Peut-être n’étais-je pas prête, au final. Je me redresse contre ma chaise en concentrant toute mon attention sur mon attitude, mes futures réponses, sur tout ceci. Si je veux fournir les bonnes réponses, il va me falloir focus. Néanmoins, la question de l’intervieweur manque de me faire éclater de rire. Mes projets pour l’avenir? Si seulement… J’ai du mal déjà à me projeter demain tant mon quotidien m’envahit. Je n’ai pas l’habitude de m’avancer sur cette pente glissante qui nécessairement m’apporte anxiété et confusion. Je prépare méticuleusement ma réponse tandis que Lionel prend les devants une fois de plus. Rien ne l’arrête dis donc. J’ai du mal à suivre. J’ai l’impression de trottiner derrière un cheval de course. Tout comme j’ai l’intention de faire, il demeure vague, tente le public avec de faux mystères. Ce qu’il dit à la fin me fait presque paniquer. J’observe aussitôt l’intervieweur qui saute sur l’occasion pour, à mon sens du moins, sous-entendre certaines choses. Lionel est naïf ou juste inexpérimenté? Oui parce qu’à ce rythme ils vont nous déclarer mari et femme dans les médias demain.

«Ce que mon collègue veut dire, je crois, c’est qu’une collaboration entre les différents Élites, dresseurs ou Coordinateurs, est au cœur des projets de la Compétition. Maîtres, Conseillers et Champions travailleront main dans la main pour assurer un avenir glorieux à Enola et une sécurité à l’île.»

Ouf. Sauvé les meubles. Ma réponse et mon regard entendu à l’intervieweur semblent le refroidir quelque peu. Qu’est-ce qu’il en a à foutre de la politique, lui? Il veut du drame, de la controverse. Je n’aime pas trop le sourire qu’il m’offre.

«Et vous, Mercy? Vous ne nous avez pas parlé de vos plans d’avenir! Après votre divorce et votre passage en prison… qu’est-ce qui vous attend?»

Je fulmine. J’adresse un regard venimeux vers l’intervieweur qui ne se départit pas un seul moment de son sourire. J’ai envie de faire une scène. De lui dire que c’est inapproprié, que c’est même cruel. Que s’il va plus loin, je pourrais perdre le contrôle. Ma main s’égare contre ma hanche où j’ai l’habitude d’y suspendre mes Pokéballs, mais pas dans cette robe, pas dans ce contexte. Je me sens coincée, confuse. Si seulement je savais.

«J’ai… J’ai eu des années difficiles.»

Ma voix me paraît si lointaine. Je détourne les yeux de l’intervieweur pour observer Lionel. Quelque part j’ai plus confiance en lui. Jusqu’à présent il ne m’a donné aucune raison de penser qu’il me ferait du mal. Alors je préfère m’adresser à lui plutôt qu’à l’autre en quête d’une part de moi-même que je n’offrirai peut-être plus jamais.

«Ce n’est pas toujours facile de se relever après autant de défis. J’ai eu de la chance que bien d’autres n’ont pas eu. La Compétition m’a accueillie avec un travail que j’aime et…»

Ma voix se brise. Je ne suis pas capable de jouer le jeu. Mon regard s’embue. Je n’ai plus le contrôle de mon image, de ce que je tente de dissimuler tant bien que mal, de cette tristesse profonde dont je n’ai pas encore trouvé le fond.

«J’essaie de me concentrer sur le quotidien. L’avenir est encore flou pour moi. Tout ce que je sais c’est que je veux être présente pour ma famille, pour mon île.»

«Et comment votre fille vit-elle votre nouveau poste de Championne? Ce ne doit pas toujours être évident de jongler entre votre vie personnelle et professionnelle!»


Il ne poserait pas cette question à un homme. J’en suis certaine. Je joue avec mes doigts, cherchant une issue, mais les mots ne me viennent pas. Je scrute Lionel, à la recherche d’un réconfort, d’un allié, d’une échappatoire. Vas-y brille pour moi un peu plus, Zingaro.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Sam 3 Nov 2018 - 20:48
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
Il peut bien se méprendre mais Lionel eut la sensation que l’ambiance dans le studio était devenue tendue et peu confortable pour sa collègue. Était-ce quelque chose qu’il avait dit ? Il ne comprit pas vraiment pourquoi Mercy s’empressa de préciser ses paroles qui, à son sens, n’avaient absolument aucune ambiguïté. Tout de même toujours interpellé et lançant un regard rieur mais un peu confus à sa collègue, le coordinateur hocha la tête pour approuver ses paroles.

« Oui, voila, exactement ! »


… Je pensais avoir été clair, tout de même. Qu’est-ce qu’ils vont interpréter mes paroles quand tout ce qui m’intéresse ici c’est de parler de mon travail ?


Passé une certaine confusion à l’idée que ses interlocuteurs puisse s’imaginer qu’il cherche autre chose aujourd’hui qu’à échanger au sujet de leur carrière avec la championne de Dimaras, Lionel repris son sourire comme si ne rien était. Il vaut mieux continuer à fanfaronner et faire des blagues stupides pour endormir les gens qui écoutent.

Si les gens veulent à tout prix se faire des idées déplacées et malsaines, qu’est-ce que j’y peux, moi.

Et pour une fois, c’est difficile de le contredire, pépère. Mais même après les pirouettes stupides de Lionel, Mercy semble encore sur la défensive et l’interviewer a toujours son étrange sourire sur les lèvres. Loin d’être étranger à ce genre de plateaux télé et à ce qui peut intéresser le monde du show buisness et les tabloïdes, Lionel commença à se demander si ce n’est pas après sa collègue que leur hôte en a depuis le début. Il s’efforça de sourire encore quelques instants, ne sachant pas vraiment comment sa collègue réagirait aux questions plutôt indiscrètes que venait de lui poser le type bien installé sur son fauteuil entre ses deux invités. Le maître ne peut s’empêcher d’hausser un sourcil intrigué, mis assez peu à l’aise par l’ambiance lourde qui commençait à s’appesantir dans le studio. Il regarda autour de lui, mais à la régie et derrière la caméra, personne de réagissait.

Mais en quoi est-ce que cela a quelque chose à voir avec notre travail… ?

Pensa-t-il, plutôt irrité que le sujet soit détourné si lui (de lui, certes), mais aussi de ce qui les intéressait à la base avec Mercy. Il est évident que si on lui demandait en public des informations sur son propre divorce (même s’il date probablement plus que celui de la rose), il n’aurait aucune envie de répondre.

N’abandonnez pas, Mercy, vous étiez journaliste, vous savez ce qu’ils veulent et ce qu’il ne faut pas leur donner…

… Un seul moment de faiblesse.

Trop tard.

Lionel se mordit l’intérieur des joues et porta une main à son col discrètement tandis que l’autre en remettait une couche. Ce que Lionel ne savait pas, c’est que Mercy avait une fille qu’elle élevait seule. Un enfant de son mariage qu’elle a gardé suite au divorce… ? Manifestement, tout cela est encore frais. Sa conversation avec Shérylle lui revenait. Certes, Lionel a une vision très conservatrice de la famille, et il s’était véxée comme un pou quand son ex-femme lui avait révélé avoir eu un enfant par ses propres moyens suite à leur séparation. Même si Lionel savait que le processus en lui-même n’était pas bien compliqué pour une femme qui désire avoir un enfant seule, il s’était braqué en se rapellant que c’est quelque chose que lui ne peut avoir, des enfants qui soient de lui. Et même s’il a aussi tendance à penser injustement que c’est normal que ce soit dur pour une femme d’élever seule une gamine sans l’aide d’un père, ce qui le frappe ici, c’est le malaise évident de la dresseuse qui n’ose plus répondre. Dès qu’on en vient à des sujets familiaux, Lionel y est sensible et pas très à l’aise, c’est ainsi. Quand on lui parle d’enfants, de sa famille sur les plateaux, même s’il continue de sourire face à ces questions, Lionel ne ressent qu’une certaine lassitude qui le pousse à faire l’idiot en attendant que les sujets qui fâchent passent.

Et puis zut, hein, moi je voulais juste parler de ma carrière pas remplir des journaux people. Pour ces trucs, bah, j’aime au moins être prévenu avant, comme ça, je choisis tant que je le peux !

Tandis que les regards étaient rivés sur Mercy, Lionel referma son poing sur son col, où était placé son petit micro et ce dernier craqua sans plus tarder, produisant un larsen dans tout le studio qui cassa les oreilles de tout le monde (y comprit les siennes).

« Oups ! Mais quel maladroit ! »

Il émit un rire mondain et regarda innocemment le type qui les interviewait, lui montrant son micro. L’autre lui lança un regard noir, un peu trop semblable à ceux que lui lancent ses parents lorsqu’il dit quelque chose qu’il ne devrait pas dire à table, comme s’il avait encre 5 ans. Agacé mais souriant comme un débile, le coordinateur laissa le type demander de changer le micro en faisant comme si ne rien était.

« Envoyez-moi la facture, je vous le rembourserais, je vous assure, ce n’est pas du tout un problème pour mon budget, haha ! »


Lança-t-il avec la bouche en cœur à la régie, alors que le chef demandait une "micro-pause" (parce que c’est un problème de micro, loul, vous avez compris, huehuehue) et que leur hôte quittait le plateau momentanément pour aller remplacer le micro. Profitant de ces quelques secondes de répit, Lionel, sans quitter son air de gros niais, se pencha vers Mercy et s’adressa à elle à voix basse, lui faisant signe de cacher son micro un moment.

« Vous n’auriez pas dû lui répondre, Mercy… Il ne lâchera plus l’affaire. »


Ce n'est pas exactement ce qu'il faudrait dire pour que la dimarasienne se remette d'aplomb. Et ses propos son aussi peu encourageants, mais il y a toujours une solution. Même si le ton de Lionel était tout à fait paternant et pas franchement réconfortant, il ne faut pas trop lui en demander non plus, il avait une idée derrière la tête.

« Il était censé nous interroger sur nos carrières, c’est irritant, j’en parlerais à l’administration car c’est fort embarrassant. »

Fit-il, l’air toujours léger. Pas certain que Mercy trouve la situation juste "fort embarassante", elle. Ce n’est pas qu’il veut mettre leur hôte à la rue car il pense naïvement qu’après un petit passage chez les administrateurs, l’autre ne recommencera plus, mais… Il a probablement un peu trop d’espoir.  

« Mais, quand il reviendra… Je pense qu’on pourrait… »

En confiant son idée à Mercy, Lionel se redressa pile au bon moment lorsque leur hôte revint et qu’on fixa un nouveau micro sur son col. Le maître s’excusa de nouveau platement devant le monsieur mécontent qui se rasseyait.

Mais-euh, tu vas voir que ça va être pour ma pomme, ça encore !

Comme tout bon journaliste superficiel, leur hôte reprit un sourire hypocrite et fit signe à la régie de remettre les choses en marche.

« Bien, alors… Où en étions-nous ? »
« Mercy racontait quelque chose de très intéressant ! »


Méfiant mais toutefois intéressé, espérant avoir son scoop, l’interviewer arqua un sourcil.

« Mais oui, vous savez, Mercy... ! Pendant votre entrainement vous m’aviez dit avoir croisé, oui, un vieux monsieur tout refait de partout qui ressemblait étrangement à un ancien Elite ! Qui était-ce, déjà… ? »


Lionel recommença à rire comme une diva et laissa libre court à la championne dimarassienne pour continuer cette histoire à dormir debout. Comme elle avait été journaliste, ça devrait être un jeu d’enfant pour faire passer rapidement le reste de l’entretient en continuant ce genre d’échange.

Bah, quoi, "c’est pas malin" ? C’est notre hôte qui a commencé, d’abbord…

LIS MOUAH:
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Dim 4 Nov 2018 - 14:20
Revenir en haut Aller en bas
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


Dans ma poitrine, il y a ce crescendo. Cette sensation désagréable qui monte et enfle et secoue ma cage thoracique. Je ne saurais dire si on l’appelle «panique» ou «colère» ou «confusion». Je cherche parfois des mots pour expliquer ces ressentis violents qui m’affligent parfois. J’ai toujours été sensible, trop, cette braillarde qu’un rien fait réagir. Sauf qu’ici j’ai franchi mes limites depuis longtemps et il ne reste plus rien de cet excès de dramatisme. Qu’une émotion sèche et froide. Douloureuse aussi. Je me sens rabaissée sous ce regard inquisiteur, prise au piège par ce contexte et surtout seule. J’ai croisé les bras contre ma poitrine dans un geste de protection presque, mais l’envie de me prend de me lever et de quitter le plateau. Ce serait plus simple, de «faire de l’évitement» comme mes thérapeutes diraient. Sauf qu’ici, je ne suis pas certaine qu’on puisse qualifier la chose ainsi, si je décidais de partir. Je n’ai pas à répondre, surtout pas lorsque l’objectif est, inconsciemment, de me faire du mal. Si cet homme avait ne serait-ce qu’une once de décence, il aurait lâché l’affaire en voyant mon malaise que je ne cherche pas tellement à cacher. En guise de protestation, j’ai croisé mes bras sur ma poitrine, laissant un silence épuisant planer entre nous. Je dois me rendre à l’évidence : il va me falloir me battre, même si je me sentirai mal, même si ce sera inconfortable.

Ou du moins est-ce que je croyais jusqu’à ce que mon collègue ne provoque la parfaite distraction. Je sursaute brutalement quand un bruit strident me déchire les tympans. Le cœur affolé, je mets un moment à réaliser qu’il s’agit du micro de Lionel qui a du se briser. L’a-t-il fait par exprès? En retirant mon oreillette, je tente de le découvrir, mais j’ai encore la tête confuse du moment que je viens de passer. Je décide donc de lâcher l’affaire, acceptant avec joie cette pause qui nous est proposée. Notre hôte quitte le plateau et je reste dans ma chaise, respirant lentement pour reprendre le contrôle. Au moins la sensation de ma poitrine a disparu. Je ne sais pas si le Maître Coordinateur a fait par exprès mais j’ai tout de même envie de lui faire un câlin pour m’avoir sorti de ce pétrin. Il s’adresse alors à moi et je ne peux m’empêcher de grimacer.

«Je sais mais j’ai cru que j’arriverais à détourner sa question sans trop en révéler. J’ai l’habitude de ces questions pourries dignes des magasines à potins sauf que je n’ai plus la patience pour les traiter. Je suis désolée du coup. Est-ce que…»


Je n’ose pas tout à fait demander s’il l’a fait exprès. Malgré tout, son attention me touche. Simplement avoir la sensation d’avoir un allié en ce moment me fait du bien, même s’il pourrait tout autant suivre son propre agenda à côté. Tant pis si c’est le cas, tant qu’il m’aide et non me nuise.

«Ça va, Lionel, je le ferai dans tous les cas. J’espère que vous n’aurez pas à subir le même sort, même si je suis certaine qu’au final vous avez une vie palpitante à raconter. C’est juste que ça ne regarde pas nécessairement tout le monde.»

Je soupire avant de porter attention à ses dires. Il semble prêt à m’embarquer dans une histoire pour éviter les questions embarrassantes de l’intervieweur. Je n’ai néanmoins pas le temps de lui répondre que ce dernier revient, annonçant la reprise de l’entrevue. Peu importe où me mènera mon collègue, tant qu’on se tienne loin des sujets plus épineux de ma vie personnelle. Et ça fonctionne. J’enchaîne avec un faux enthousiasme dans les histoires de Lionel. Peu à peu, nous parvenons à reprendre le contrôle de cette situation et à tenir les questions strictement à notre monde professionnel et à la Compétition. Je me détends progressivement, et commence même à apprécier ce petit jeu. Faire tourner en bourrique celui qui m’en a fait baver tout à l’heure a quelque chose d’immensément satisfaisant. L’entrevue se termine enfin, me laissant complètement vidée mais un sourire aux lèvres. Tandis que nous quittons le plateau, j’enchaîne le pas de Lionel, le rattrapant en posant ma main sur son bras pour attirer son attention.

«Vous avez été génial, Lionel, merci beaucoup! Je ne pouvais pas rêver de meilleur partenaire d’entrevue.»

Je souris, vraiment cette fois. Je me sens bien plus détendue qu’à mon arrivée. Je ne crois pas que j’aurais réussi à garder la face sans son intervention, et son plan a merveilleusement bien fonctionné.

«L’intervieweur l’a bien mérité en tout cas.»

Je rigole telle une gamine. Pas très mature, mais bon. Tant pis, on a qu’une vie à vivre hein.

«Vous êtes créatif pour les entrevues en tout cas. Je crois que j’ai un peu perdu la main pendant mes années… d’isolement.»

Je ne cherche pas à cacher que je suis allée en prison, sauf que je préfère tout de même de le nommer à qui mieux mieux.

«Enfin, je crois que nous avons fait du bon boulot, que diriez-vous d’aller prendre un verre pour fêter ça?»

Pour le remercier, mais aussi parce que j’ai envie de déguerpir d’ici au plus vite. L’intervieweur passe près de nous et je lui adresse une œillade pleine de défi, ce qu’il décide de ne pas relever et s’éloigne d’un pas pressé. Parfois, j’ai simplement envie de gagner.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Dim 11 Nov 2018 - 22:16
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
Même si Lionel n’est pas la plus mauvaise personne sur terre il ne fait pas bon l’encourager dans tous ses délires et le bercer dans l’illusion qu’il peut avoir de bonnes idées. Surtout quand ces derniers sont, derrière un altruisme auquel il croit fermement, en grande partie intéressés et destinés à flatter son ego (eh, quand on est désespéré pour avoir l’approbation des autres, on essaie de croire qu’on est parfait, des fois). Et il faut dire que Mercy le conforte un peu trop dans ses délire de gamin gâté qui prend tout ce qui ressemble à de la flatterie au pied de la lettre. Il est évident que des journalistes veulent parfois en profiter pour obtenir des scoop avec des histoires plus privées, sauf que dans ces cas-là, Lionel aime qu’on l’en informe, ce qui fait qu’il se sera préparé en consèquence et qu’il aura choisi dans la plupart des cas de livrer ces genre d’informations. Mais dans tous les cas, prendre ces choses de manière tout à fait sérieuse et répondre avec un peu trop d’honnêteté (l’honnêteté, c’est très bien, mais pas avec ces gens-là, ça, Lionel a pu en faire les frais aussi), eh bien, ça risque d’encourager les fouille-merde à continuer.

L’essentiel fut cependant que le reste de l’interview se passa tout à fait tranquillement, et leur hôte n’eut presque plus le temps d’en placer une avant la fin du temps imparti. Il eut d’ailleurs l’air très renfrogné quand l’heure fut venue de quitter le plateau, ce que Lionel fit également sans trop tarder, après avoir échangé quelques banalités avec la régie pour les remercier et leur demander de lui envoyer la facture pour son micro cassé. Puis il s’en alla en direction des coulisses, là ou la championne de Dimaras l’arrêta pour le remercier. Bon. Bah. On a atteint le point de non-retour, Lionel n’arrêtera plus de se vanter d’avoir été « géniaaaaaal » ce soir-là sur ce plateau en aidant Mercy, persécutée par un méchant journaliste. Oh, non, il n’avait pas déjà oublié ce qui s’était passé, ni l’échange de sa collègue avec leur hôte qui avaient fait ressortir des détails assez peu réjouissants de la vie de la jeune femme. En réalité, Lionel ne sait pas trop quoi penser par rapport à ce qui s’est dit, tout cela le met même un peu mal à l’aise. Donc, il se hâta de répondre à Mercy avec un grand sourire faussement modeste et un geste de main mondain.

« Oh ! Voyons ! Ce n’est pas la peine de me remercier, je n’allais tout de même pas laisser une jeune femme en détresse ! »

Oui, bon Lionel, fermes un peu ta gueule, avec tes tirades toutes faites de vieux réac sexiste. Et puis, si ça n’avait pas été ton interview aussi, probablement que tu n’aurais même pas levé le petit doigt pur cette « jeune femme en détresse » et que tu l’aurais laissée se faire descendre sans rien dire. Enfin. A la place de réfléchir à ses propos irritants, le Roque-Lartigue continue de s’abreuver de la flatterie présente dans les paroles de la rose sans se gêner, au point que ça en devient indécent. Après tout, oui, l’intervieweur était un sale con, mais bon, il faudrait penser à pas trop aller dans le sens du coordinateur sinon ses chevilles vont exploser et le propulser hors de la stratosphère (pas que le monde s’en porterait vraiment plus mal, mais, soyons sérieux deux minutes, ce genre de débiles, on ne s’en débarrasse pas si facilement). Mais bon, ça fait rire Mercy, alors Lionel rit avec elle et fait de nouveau le faux modeste quand elle l’appelle « créatif » et s’excuse de son manque d’entrainement. L’isolement auquel elle fait référence est surement e séjour en prison qu’a évoqué leur hôte quelques temps plus tôt. Ce n’est pas quelque chose de totalement inconnu sur la toile, mais ce n’est clairement pas un élément d’information auquel Lionel avait fait spécialement attention en se préparant à l’entrevue.

« Je suis sûr que ça reviendra, rassurez-vous ! Si vous avez besoin de conseils, vous pourrez me demander, bien sûr. Enfin, je n’ai aucun mérite, c’est juste que cela fait plus de 10 ans que je fréquente ce monde ! »

Autant dire que tu es un petit jeune dans le milieu, Lionel. Par ailleurs, ce n’est pas sûr qu'une nana trentenaire indépendante ait probablement besoin de tes conseils. Et faudrait cesser avec la fausse modestie. Tandis que leur hôte longeait les murs en passant à leurs côtés et sous le regard du jugement de Mercy, la rose proposa à Lionel de fêter le fait d’avoir mis ce moment derrière eux autour d’un verre.

« Avec plaisir, je n’avais rien de prévu ! »


Sincèrement content à l’idée de ne pas sortir boire seul (pour une fois), Lionel ne se dispensa pas de manifester son enthousiasme par un grand sourire un peu enfantin faisant ressortir ses fossettes. Et puis pour le moment, la compagnie de sa collègue lui était plutôt agréable. Après s’être donné rendez-vous à l’entrée du studio où avait eu lieu l’entrevue, Lionel reparti pour sa part se démaquiller et remettre sa tenue un peu plus sobre car il n’aime pas vraiment se balader en costume toute la journée et ne crache jamais sur le confort offert par un simple jean. On ne le verra pas aujourd’hui non plus avec ses T-Shirt avec des magical girls dessus, malheureusement, ça il le garde quand il passe sa journée en peignoir. Ceci fait et avec son sac, il sortit du studio retrouver sa collègue pour partir vers le centre-ville de Zazambes.

« Vous aimez Zazambes, Mercy ? » Demanda-t-il à la Dimarasienne, histoire de faire la conversation et de parler de tout et de rien comme il sait assez bien le faire. « Je suis né à Vanawi mais j’ai décidé de m’installer à Zazambes pour ses immenses plages, je dois dire ! Aujourd’hui, je crois que je ne pourrais pas me passer de la vue que j’ai sur la mer tous les matins ! Oh, et que dire du centre-ville, il est vrai que la ville n’a pas vécu ses meilleures années avec les cataclysmes mais c’est incroyable à quel rythme tout reprend forme humaine… » Il eut l’air un instant nostalgique. Il avait été touché par ce qui était arrivé à Enola alors qu’il était à l’étranger, comme tout le monde, bien entendu. Sauf que lui a tendance à en faire des tonnes. « Mais… ! Tout est encore mieux qu’avant, le boulevard des festivals, par exemple, s’est refait une beauté, d’ailleurs, nous allons, y passer… »

Il continua en montrant certains bâtiments à Mercy qu’il trouvait embellis depuis les reconstruction… Un vrai audio-guide de touriste de base à la voix mondaine quelque peu irritante. D’autant plus irritant qu’on ne lui a pas demandé de donner son avis sur tous les bâtiments de la rue. Il revint au sujet qui les intéressait, lui et sa collègue.

« Et, sinon, il y a un endroit où vous aimeriez aller en particulier ? Il y a le View, là, sur la droite, qui sert de bons coktails et d’où on a une belle vue sur la mer, le Cockpit, un peu plus loin, qui sert un peu de tout et qui est plus fréquenté. Sinon… »


Il était parti pour énumérer tous les bars de la ville et donner son avis, si on le laissait continuer. Dans tous les cas, le duo d’Elites terminèrent au premier bar cité et s’installèrent devant une baie vitrée donnant sur l’océan. L’endroit possédait une décoration plutôt chic et sobre, assez guindé et plutôt calme, en pleine semaine et parce que la soirée n’était pas encore très avancée. Il sautait au yeux que Lionel avait un peu ses habitudes dans cet endroit, fréquenté principalement par des personnes assez aisées et des cadres sortant tout juste du travail. En réalité, l’ambiance et la musique jazz qui passait faisait ressembler l’endroit plus à un bar lounge qu’autre chose. Ce qui convient à Lionel qui n'est pas indisposé par les endroits bruyants mais préfère quand même le calme.

« Je vous l’avais dit ! La vue n’est-elle pas superbe ? »


Il est fier de lui pour pas grand-chose, quand même.

« Remarquez, à Dimaras, vous devez aussi avoir de beaux panoramas, pas vrai ? »


Un serveur tiré à quatre épingles vint prendre les commandes des deux élites. En civil, il était assez rare qu’on les reconnaisse et tant mieux. Lionel Commanda un Martini sec avec du citron pour sa part.

« Oh, parlez-moi de votre pays natal, Mercy. Le quebéc, c’est ça ? Le climat tropical d’Enola a surement dû vous changer, à l’époque, non ? »

Le pays de naissance de quelqu’un n’est plus une information très difficile à trouver, à l’heure actuelle. Et puis, Lionel cherchait surtout une entrée en matière pour faire la conversation et mieux connaitre son interlocutrice. Et puis, c’est Lionel, ses questions ne pouvaient pas être forcément très malignes. Bête comme il est, il imagine le Québec comme un pays proche de l’Antarctique et aux températures toutes forcément en dessous de zéro. La suite risquait donc de le surprendre.
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Ven 16 Nov 2018 - 23:14
Revenir en haut Aller en bas
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


Je me sens bien mieux depuis la fin de l’entrevue, mais autant dire que l’air est encore imprégné d’une certaine tension que j’aimerais bien laisser derrière moi. Du moins est-ce ce qui m’habite. J’observe les techniciens papoter autour de nous en se souciant peu de mon trouble quelques instants plus tôt. J’imagine que cet endroit a pris en toxicité seulement pour moi. Je soupire en réalisant que les plateaux comme celui-ci provoquaient autrefois une grande joie chez moi, un désir de m’investir, d’appartenir à ce monde. En le faisant découvrir un peu à Marilou à son arrivée, j’ai découvert avec une certaine déception ne plus véritablement y appartenir. De ne plus lui correspondre et de ne plus en tirer ce qui pouvait m’animer alors. Mais de voir des êtres passionnés comme Lionel m’apaise un peu. Même s’il est vain, à jouer les superhéros. Il m’amuse, sans condescendance aucune. Aussi étrange ce soit, sa légèreté m’apporte énormément en ce moment. Je n’ai pas exactement envie de retourner à mes lourdeurs tout de suite, de ressasser ce qui s’est produit tout à l’heure. Aussi bien poursuivre un peu en sa compagnie, pour une fois que quelque chose ne me braque pas ces derniers temps. Puis j’ai le sentiment que je n’aurai pas trop à meubler les silences avec lui.

Il y a chez lui cette sorte de condescendance, dans ses paroles. Oh, je n’ai rien d’une jeune femme en détresse. Il n’a aucune idée de ce que j’ai pu vivre, que cette rouille est due par un manque de pratique mais aussi par quelque chose de plus profond en moi qu’il ne pourra pas changer ou même comprendre. Mais ça me va. Même si cette attitude m’agace un peu, je veux bien qu’il se convainc de sa propre valeur en «prenant soin de la pauvre chose que je représente». Il n’ira pas trop loin, là où ça fait mal. Alors aussi bien le laisser croire qu’il me rend service. Peut-être est-ce un peu vrai, dans le fond. Son attitude m’éloigne un peu de mes tracas en ce moment et je compte bien en profiter. Je ne cherche même pas à lui expliquer que je fréquente les plateaux de télévision depuis presque dix ans aussi, que je n’ai pas besoin de conseils. Ce ne sont pas ce monde du show business qui a changé mais plutôt moi et ça je n’y pourrai rien, pas ce soir du moins. Nous prévoyons nous retrouver ici dans quelques minutes et j’en profite pour aller me changer, revêtant un legging et un débardeur long avec une veste ample et confortable. Je laisse pour le moment mes cheveux courir contre mes épaules. J’ai du mal à gâcher le travail des stylistes après qu’ils se soient donnés tellement de mal, du coup je conserve le maquillage de scène, l’estompant simplement légèrement pour éviter d’avoir l’air d’une poupée. Puis je rejoins mon camarade à l’entrée comme prévu.

Nous nous dirigeons ensemble vers le centre-ville qui au final n’est pas si loin. Lionel me parle de sa ville, ce qui me fait sourire. C’est bien, ce sentiment d’appartenance. Si ma maison d’Anula me manque encore, je m’ajuste assez bien à la vie de Dimaras, paisible. Je crois que je suis plutôt adaptable comme personne pour ce qui est de l’environnement physique, changer de milieu ne m’a jamais beaucoup dérangée. J’écoute avec attention les indications de mon collègue, suivant du regard les bâtiments.

«Je vous avoue que j’ai passé assez peu de temps à Zazambes depuis mon arrivée. C’est dommage, car la ville a effectivement beaucoup à offrir. Pour une nordique comme moi, cette cité a tout du paradis. Je suis ravie que les habitants d’ici se soient dédiés pour tout rebâtir, pour rendre à Zazambes son charme. Il y a une belle énergie, une énergie qui vous sied bien! Je ne suis guère surprise que vous l’appréciez autant.»

Je lui souris. Il est plutôt comique à me conter sa ville ainsi. J’apprécie la guidance, me promettant de revenir ici avec Lexie, un jour où notre relation se sera stabilisée et où je n’aurai pas crainte qu’elle fasse une crise à chaque coin de rue pour une raison ou une autre. Je le laisse me guider jusqu’à un bar près de la mer. J’entre en sursautant un peu au son de la musique. Si elle n’a rien d’agressante, j’ai perdu l’habitude de ce genre d’endroit qui pourtant a une ambiance fort agréable. Je devine que l’endroit doit se remplir davantage lors des soirées les plus animées de la semaine. Je prends place, admirant effectivement la vue, l’atmosphère chic mais décontractée. Je m’y sens aussitôt à ma place. Mon collègue a parfaitement choisi l’endroit. Je ne fatiguerai jamais des paysages imprenables d’Enola, peu importe ce que j’y ai vécu.

«La vue est parfaite, merci Lionel. C’est beau aussi à Dimaras, nous n’en sommes pas si loin après tout.»

Je commande un cocktail sucré comme je n’en ai pas pris depuis un bail, préférant le vin ces derniers temps. Je commande aussi une assiette de quelques tapas pour me remplir l’estomac; notre entrevue m’a laissée plutôt affamée.

«Mon pays natal? Eh bien… Le Québec c’est grand déjà. Bien plus grand qu’Enola. Et bien plus froid, même si je ne vous apprend probablement rien. Ça me manque un peu, les forêts de feuillus, les lacs un peu partout, la neige… Et les gens aussi, j’ai une famille assez étendue là-bas. Mais je crois que quand je suis arrivée ici à Enola, je m’y suis sentie plus à ma place qu’au Québec. Le climat c’est certain que ça me change, mais les Québécois aiment pas mal les pays tropicaux, hehe. Vous avez déjà été dans un pays plus nordique ou joué dans la neige?»

Je laisse souvent mon œil se laisser distraire par la vue, même si je tente de rester concentrée sur le Coordinateur. Ça fait du bien d’échanger simplement avec quelqu’un.

«Puis vous qui avez beaucoup voyagé… diriez-vous qu’Enola est bel et bien votre chez-vous? Ou est-ce qu’il y a un endroit qui vous manque? Oups, pardon, on dirait que je me prends pour une journaliste moi. Enfin, répondez si vous êtes à l’aise.»

Mon intention est simplement d’apprendre à mieux le connaître, mais peut-être la question est-elle plus personnelle que ce que nous échangeons jusqu’à présent. Je lui souris pour mieux lui indiquer que bon, ce n’est pas grave s’il préfère ne pas répondre.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Dim 2 Déc 2018 - 23:10
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
Tout ça n’a rien de très naturel ni de sincère. Ce n’est pas Lionel qui ira le relever ou critiquer cet état de fait. Même à son âge, quand on a baigné 40 ans dans la conviction que ce genre de rapports superficiels étaient la normalité, on a plus vraiment le courage de se remettre en question. Du moins, ce courage, Lionel ne l’a pas. Peut-être pas pour le moment, peut-être même ne l’aura-t-il même jamais. Mais, il lui arrive toujours un moment où il lui semble que sa vie ne le comble pas autant qu’il n’est toujours en train de le proclamer haut et fort. Au fond, plus on crie sur tous les toits que notre vie est toute tracée et plus on avance que notre condition est celle qu’on a toujours souhaité, plus c’est la preuve qu’on compense une insatisfaction notoire… ou qu’on se ment à soi-même sur ce qu’on veut vraiment. Oh, bien sûr, chez Lionel, ce n’est surement pas le confort financier ou quotidiens qui lui manque même s’il lui arrive de se plaindre pour rien et de sortir des absurdités insultantes sur le coût de la vie de tous les jours. Mais dans l’absolu, Lionel s’amuse avec Mercy, chacun joue un rôle et en est relativement content. L’idée n’est absolument pas de devenir les meilleurs amis du monde mais avant tout de passer un moment agréable qu’il leur fera oublier cette entrevue inconfortable. Ils échangèrent ainsi brièvement quelques banalités sur Zazambes avant d’arriver au bar.

Le coordinateur était bien content de la manière dont les choses se déroulaient. Et pour le coup, Lionel aime réellement rencontrer de nouvelles personnes, surtout quand il le fait par lui-même et pas par une des soirées de gala ou de charité auxquelles il doit se rendre avec toute sa famille. Ah, oui, la famille. On y revient toujours. Mais après tout, Lionel n’est sûr que d’une chose : c’est qu’il leur doit tout et surtout une reconnaissance éternelle, ainsi que le succès de sa carrière de coordinateur, même s’il fait comme s’il s’était fait lui-même devant les caméras (insérez ici des rires enregistrés). C’est par rapport à ce formatage familial et la pression qui en découle depuis sa naissance que Lionel ne sait pas s’il tiendra toujours le masque. Là, tout de suite, il est en forme, tout lui parait facile quand il a une interlocutrice qui ne remet aucun de ses propos en question même quand il dit des choses très limires, donc, il se dit que tout va bien. Mais, il y a quelques soirs, et même dans une petite semaine, il ne dira plus la même chose quand il sera avachi sur un bar, le verre de whisky à la main. Car il y a bien une raison à ça. On ne se met pas à boire de cette manière systématique par hasard, ni quand tout va absolument pour le mieux dans notre tête, notre corps et notre vie professionnelle et privée. Mais bon, pour ça aussi il a une excuse : « bah, oui, on est dans un bar et Mercy prend aussi à boire alors je ne vais pas la laisser boire seule quand même ! ».

Enfin, voilà, ils avaient à boire et à manger pour que Mercy raconte son pays natal à Lionel, maintenant. Lui écouta attentivement, ne connaissant absolument pas ni le Quebec, ni le Canada et ces régions du globe en général.

« Ma foi, ça a l’air très beau chez vous, si je n’étais pas aussi frileux, j’irais y faire un tour ! »

Dit-il, avec un rire bref, et quelque peu embarrassé par ce qu’il se préparait à dire. Oh, oui, il a déjà vu et touché de la neige, au moins celle des pics du Bahute et celle qui était tombée quelques années lorsqu’il faisait ses études à Kalos, en France. D’ailleurs, sa famille avait encore un châlet dans les montagnes du nord d’Enola et il y avait passé quelques vacances d’hiver. Comme tout bon fils de bourge, il avait aussi appris à skier assez tôt, mais n’avait jamais vraiment trouvé tant de charme à ce sport alpin… Pourtant, il n’était pas mauvais en sport mais la coordination entre les ski, les bâtons et tout le tralala, il faut croire que ça n’était pas pour lui. Lionel n’a que des souvenirs de gamelles dans la neige assez douloureuses et d’avoir attrapé froid plusieurs fois. En réalité il n’a jamais aimé les basses températures et son aversion pour les endroits enneigés avait atteint ses sommets lorsqu’il s’était perdu tout seul sur des pistes de ski après être tombé du tire-fesse et qu’on avait fini par le fustiger de « ne pas arrêter de pleurer comme un bébé » alors qu’il n’avait que 6 ans. Ceci étant, Lionel gardait le sourire pendant sa séquence souvenirs d’enfance pas très glorieux, et se remit même à rire pour camoufler un certain malaise.

« Oh, oui, j’ai déjà joué dans la neige dans les sommets du Bahute, bien sûr et j’ai aussi eu l’occasion d’aller dans les Alpes françaises en hiver et quelques pays du nord de l’Europe… Tout ça est très beau, mais je ne supporte vraiment pas bien les températures froides ! Je dois dire que je préfère la mer et la plage, en fait. Ça tombe plutôt bien, n’est-ce pas ? »


Depuis qu’il était petit et savait nager, difficile de le tirer de l’eau car il pouvait y passer des heures. C’est quelque chose qui n’a pas du tout changé chez Lionel en plus de 30 ans, dont la principale motivation pour se lever tôt est le plaisir de prendre un bain matinal dans la mer. Aussi, il se considérait totalement comme un Enolian bien content de vivre sur une île, ce qui le fit sourire quand à l’interrogation de Mercy.

« Mais en un sens, vous étiez journaliste, haha ! » Merci pour ton intervention, Captain Obvious. « Si vous saviez les questions indiscrètes qu’on a pu me poser par le passé… Enfin, vous voyez bien de quoi je parle, en fait. »

Surtout avec ce qui s’était passé durant l’entrevue. Lionel redevint un peu sérieux et reprit une gorgée d’alcool. Il est vrai qu’il était un peu nostalgique de ses voyages du temps où il courrait après les concours, les rubans, trophées et distinctions dans tous les pays et pas tant pour ces prix que les pays qu’il avait pu découvrir.

« Il est vrai qu’il y a des endroits auxquels je me suis beaucoup attaché… Notamment la région d’Unys et celle d’Alola d’où viennent certains de mes alliés ! »

En réalité, il n’ira pas dire que c’est plus le fait de voyager plus que les endroits visités en eux-même qui lui manque. Ce serait mentir de dire qu’il ne se sentait pas plus libre à cette époque et que revenir à Enola pour sa famille et « sa patrie » (oui bientôt il ira dire des conneries comme « je souffre pour mon peuple, ouin ») ne lui a pas un peu fait l’effet d’une douche froide quand il a commencé à exercer comme Milicien.

« Mais, oui, je me sens chez moi, ici. Et je suis content de pouvoir rendre service et protéger les enolians surtout après tout ce que nous avons vécu ! Vous rendez-vous compte de combien nous avons avancé, tout de même ! »

Bah, oui, c’est facile à dire quand on n’était pas là la moitié du temps et que le plus gros du travail était fait lorsqu’on revient littéralement après la guerre et que pour couronner le tout, on vient d’une famille qui passe son temps à se ranger chez les plus influents pour conserver leurs privilèges de gros bourgeois. C’est un peu gonflé de parler au « nous » quand on fait littéralement partie d’une poignée de privilégiés qui sont loin de comprendre comment vivent le reste des enolians au quotidien. Enfin, Lionel se dira volontiers « patriote » pour émoustiller les bourges réactionnaires et certains administrateurs de la Milice mais au fond, il ne sait pas vraiment ce que peut sous-entendre ce mot aux oreilles de certain.e.s. Pour lui, il s’agit juste aimer son pays, histoire et vouloir le bien des enolians… mais il ne se rend pas compte qu’on lui a transmis l’histoire d’Enola dans des propos très teinté d’une idéologie et de valeurs de riches, et donc, évidemment, il ne pourrait pas spontanément questionner et remettre en question ce qu’on lui a appris quand on n’encense que les parties « glorieuses » (et encore).

« Vous voyez, il en faut plus que ça pour me mettre mal à l’aise ! »


Relativisa-t-il, mais ce n’est pas vraiment quelque chose dont il faut être de fier, d’accepter de se montrer de manière su superficielle aux gens pour conserver une « bonne image ». Enfin c’est bien de continuer de se convaincre que rien ne nous met mal à l’aise quand on enfile les Martini à jeun un peu trop vite. Sa tête sera belle à voir quand on lui demandera de parler de son grand frère. L’idée était de garder la conversation légère pour ne surtout pas avoir à parler de sujets politiques (dommage d’ailleurs, Lionel aurait l’air malin).

« Votre travail de journaliste, ça ne vous manque pas trop ? Il me semble que vous n’étiez pas une « journaliste people », n’est-ce pas ? »
Ah, oui, ça te va bien Lionel, de dire « journaliste people » avec un mépris à moitié masqué, quand tu n’es pas le dernier à te pavaner devant elleux. « Qu’est-ce qui vous avait amené à exercer ici, d’ailleurs, à la base ? »

Sans se douter qu’il mettait un peu les pieds dans le plat, le Maître coordinateur finissait déjà son premier Martini avec le sourire. Aussi, il avait senti la capsule de son Moufflair s’agiter à sa ceinture, il le fit donc sortir car l’autre pacha de grosse moufette chromatique quémandait des caresses et à manger par des grognements de diva. D’ailleurs, Moloch en profita pour engloutir deux apéritifs que Mercy avait commandé pour s’en repaître goulûment.

« Mais dis-donc, gros goinfre, ne te gênes pas ! C’est pas bien ! Vilain Moloch ! »

Pour toute réponse, il se fit roter au visage par son Moufflair. Le sourire du coordinateur disparut quelques secondes alors qu’il dévisageait son allié avec son air le plus dépité, avec un « roooh, mais vraiment… ?! »… Puis, le regard faussement éploré de Moloch eut raison du coordinateur qui finit par lui commander quelque chose à manger.

« …Ah, et, je veux bien une planche de fromage, et une grosse, parce que la pauvre Mercy a vu tout disparaitre ses apéritifs dans l’estomac de Molochounet ! »

Ajouta-t-il, un peu embarrassé mais de nouveau rieur comme un gros niais.
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Ven 14 Déc 2018 - 1:51
Revenir en haut Aller en bas
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


Voyager a toujours été un plaisir à mes yeux. J’ai fait quelques voyages professionnels avant de m’embarquer sur Enola, tous m’ont comblé malgré les horreurs que j’ai pu voir autour du monde. J’aimerais dire que le Québec m’a accueillie comme une des siennes à chacun de mes retours… Sauf que je n’ai pas toujours ressenti d’attachement particulier envers ma terre d’accueil, là où j’ai grandi. Pas aux lieux du moins. Ce sont surtout l’absence de mes proches qui m’ont pesé au départ, ma famille, les amis que j’ai laissés derrière moi. La passion du journalisme a tout embrasé, m’a laissé sans remords, du moins pour un temps. Un point en commun que nous avons, je suppose, Lionel et moi. Nos élans professionnels nous ont tous les deux mené vers des routes inconnues. Depuis tout ce temps, je suis restée plutôt stagnante. Voyager à nouveau pourrait peut-être m’apporter un peu? Me permettre de décrocher de certaines misères que j’ai vécues ici. L’idée me tente si ce n’est qu’un d’un détail particulier : je ne pourrai jamais partir l’esprit tranquille sans ma fille. Cette époque de ma vie est révolue, comme bien des choses. Comme bien des choses.

Il y a une petite gêne chez mon interlocuteur qui me fait relever un sourcil curieux. Frileux alors? De toute évidence, Lionel préfère les températures chaudes et n’a pas trop de gêne à l’affirmer. Je me mets tout de même à rire un peu. Personnellement, je ne crains pas trop les températures extrêmes, même si je dois avouer que je n’ai jamais compris l’engouement pour le froid et les neiges caractéristiques des hivers québécois pour les touristes. Franchement, je préfère me prélasser au soleil ou la douceur des vagues de Zazambes!

«Je préfère aussi la chaleur tropicale. J’ai eu beaucoup de coups de soleil en arrivant ici mais ça valait totalement la peine. La neige, on s’en lasse vite je trouve. C’est amusant pour les sports et les activités d’hiver mais autrement c’est source de casse-tête pour les conducteurs particulièrement. Puis l’hiver, elle devient grise et sale la neige. Il faut sortir des grands centres pour vraiment l’apprécier. Celle sur le Bahute est plus jolie que celle que je peux retrouver chez moi, disons. Enfin vous avez raison, le mieux c’est la mer. Je sais ce que je dis, je suis Championne de type Eau.»

Je joue totalement la comédie sur les dernières paroles, prenant même une voix cocasse dans l’objectif de faire rire le Coordinateur. Voilà que je redécouvre mon humour hasardeux, ha. Eh bien, il faisait un moment que je n’avais pas eu l’occasion de l’utiliser celui-là. Un sourire se peint sur mon visage, à l’instar d’une certaine gêne. J’avale une gorgée de ma boisson pour la faire passer. Tant pis si j’ai l’air ridicule. S’il y a bien quelqu’un qui pourra respecter ça, je crois que le Maître du spectacle à Enola est un bon candidat. Puis je suis fatiguée de conserver les apparences. Je laisse même mon visage s’assombrir à la mention de mon ancien métier. J’ai connu, moi aussi, mon lot de questions indiscrètes, oui, certaines me hantent toujours. J’ai mis du temps à réaliser que certaines de ces questions avaient quelque chose de pervers et d’abusif, souvent sexistes et déplacées. Je dois encore me battre pour éviter qu’on ne me questionne sur mon divorce ou mon passage en prison. Les gens se languissent des misères de leurs étoiles, ça me rend plutôt malade. J’imagine que je n’étais pas bien mieux, à me réjouir d’une bonne histoire à me mettre sous la dent lorsqu’un événement se produisait. Avais-je assez de recul alors? En ai-je simplement déjà eu?

«J’ai entendu parler de la beauté de ces deux régions, il faudra que je les visite un jour. Je vous téléphonerai pour avoir les meilleurs endroits à visiter car vous avez du flair en fait.»

Ce cocktail est délicieux tout comme les tapas. J’ai l’impression que ma faim n’a plus de limite. J’essaie de manger discrètement tout en conversant, mais plus souvent qu’autrement je me retrouve embarrassée par une pleine bouchée. Peut-être est-ce une bonne chose d’ailleurs. Je remarque une certaine maladresse chez Lionel, probablement involontaire, lorsqu’il évoque les progrès de notre île. Je ne peux m’empêcher d’émettre un bref soupir irrité. Si seulement c’était suffisant. Ça a l’air presque mignon dans sa bouche, la guerre, les pertes, la dictature et le renouveau instable dans lequel nous vivons. Entre tous ses voyages, qu’en a-t-il véritablement vécu? Clairement, nous sommes teintés de souvenirs bien différents et de perceptions divergentes. J’ai baissé les yeux en direction de la table, tentant de retenir ce feu qui brûle encore en moi, malgré ce moi. Celui d’appartenir, celui de la Résistance. Je force un sourire mais mes yeux me trahissent.

«Tant mieux si je ne vous ai pas mis trop mal à l’aise. Pour ce qui est d’Enola, elle a encore beaucoup de chemin à faire et beaucoup de peines à enterrer. Vous n’avez pas vu beaucoup de cette époque, heureusement, je crois.»

J’essaie de ne pas sonner trop amère, mais il est trop tard. Je sirote une gorgée en tentant de ne pas trop lui en vouloir. Il vaut mieux pour lui, sincèrement, de porter un regard un peu naïf sur son île. Je ne veux pas qu’il soit contaminé par mon amertume. Malheureusement, celle-ci s’empire à la mention de mon ancien métier. Le journalisme, j’ai tenté de ne pas trop y penser dernièrement. De ne plus y penser du tout à vrai dire.

«J’étais une journaliste qui s’intéressait particulièrement aux conflits et aux tensions politiques à l’étranger. Je suis un peu tombée là-dedans par défaut, mais je n’étais pas assez formée pour assumer tout ça, j’étais aussi vraiment jeune et naïve à souhait. Je suis arrivée ici pour enquêter sur le Régime. Mais le journalisme, c’est du passé.»


Je ne souris plus. Je sursaute, néanmoins, en voyant l’énorme bête qui accompagne Lionel, un Moufflair, engloutir les restes de mon petit repas. Une distraction appréciable à ce moment un peu tendu, ou du moins inconfortable.

«M-mes tapas! Dis donc c’en est des manières ça Moloch.»

Enfant pourri gâté. Il me rappelle Lexie à ce rythme.

«Je suis partante pour une planche de fromage, monsieur Zingaro. Mais laissez-moi payer, ça me rattrapera pour le malaise de tout à l’heure. Je suis parfois un peu… Amère sur certains sujets. Ce n’est pas contre vous. Le journalisme, c’était pour moi ce que la Coordination est pour vous, je suppose. Vous êtes vous déjà imaginé faire autre chose, d’ailleurs? Hormis super-héros bien entendu.»

Je me moque un peu de lui et de sa manière de s’auto-proclamer grand protecteur de l’île, mais c’est de bonne foi. Je ne suis pas tellement mieux après tout. La planche de fromage arrive dans un temps record et j’en profite pour me servir un gros morceau.

«Ahh, trop bon. Ça fait du bien de sortir comme ça, sincèrement je ne me souviens pas de la dernière fois. Avec ma fille et la milice c’est pas toujours facile de se trouver des congés.»

J’entame d’ailleurs mon deuxième verre. Je bois pour deux raisons : passer mon malaise quand je me sens inconfortable et pour fêter. Ce soir, je crois qu’il y a un peu des deux.
(c)Golden

Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Dim 6 Jan 2019 - 22:27
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
/!/ TW : mentions d'alcool / alcoolisme /!/

Les débats sur « quel est votre climat favori moi j’aime les étés chaud hihi c’est fou, vous aussi, oh bah c’est très rigolo, c’est parce que vous aimez la mer et les Pokémon eau » sont très bien pour passer le temps mais aussi assez stériles. Mais c’est le genre de blabla que Lionel aime car ça prend de la place, ça permet de rire et de ne pas aborder des sujets plus fâcheux. Sauf que plus on évite ces sujets, plus on risque de s’enliser dedans de manière plutôt pathétique. Cela fait plus de 20 ans que le coordinateur a développé de nombreux types de pirouettes verbales et réactions à côté de la plaque pour zigzaguer entre ces sujets et faire ricaner son audience histoires que les gens oublient très vite qu’il n’a absolument pas le courage de prendre le risque de se prononcer sur quoique ce soit d’ordre politique, à part pour dire des banalités débordantes d’une grande ignorance et démontrant qu’il ne remet pas en question de vieilles idées dépassées depuis des années. Evidemment que ses idées sont dépassées, car ce sont principalement celles des parents Roque-Lartigue qu’il répète comme un perroquet de peur de les froisser et en espérant que l’excuse « oui mais c’est mes parents qui le disent » marche encore à 40 ans passés. Mais malheureusement pour Lionel, tout est politique, comme chacune de ses réactions et comportements qui en disent long sur son ignorance volontaire et franchement méprisante (et là, qu’importe s’il en a conscience ou non)…  Et comme ses propos au sujet de ce qu’était Enola sous le Régime, il n’y a que quelques années de cela. Parce que quoiqu’il en soit, c’est toujours lui qui prononce ses mots, même si ce sont des paroles reprises des mentalités conservatrices de sa famille (ça nous fait une belle jambe, hein), c’est lui qui les prononce et donc, les interprète : que ce soit inconscient ou non, c’est ce qui est entendu qui compte et qui est insultant, peu importe les intentions derrière. Lorsque Mercy reparla du destin d’Enola, Lionel ne décela pas vraiment l’ironie dans les paroles de sa collègue, enfin, il vit bien qu’elle était affectée, mais les piques dissimulées et indirectes, il n’arrive pas vraiment à les comprendre. Cependant, cela n’empêche pas le malaise d’être présent et de lui saisir les trippes sans qu’il puisse expliquer exactement pourquoi.

Quoi, ne me regardez pas comme ça, Mercy…

Oh, oui, on va pleurer pour toi Lionel.

Il est vrai que je n’étais pas là, mais il faut bien être optimiste pour aller de l’avant… non ? Enfin, je sais que tout n’est pas parfait, mais c’est quand même de mieux en mieux… n’est-ce pas… ?

« Oh, oui, certes, mais, vous savez, j’aime mieux penser aux aspects positifs, c’est plus encourageant ! »

Merci pour ton intervention Lionel, c’est vrai que dans ta vie, tout est formidable, tout est beau, tu es l’adonis du coin qui n’a aucune addiction et tu vas très bien dans ta tête. Non seulement le coordinateur bat des records en terme de phrases creuses mais en plus, il se ment à lui-même. Et puis, c’est un peu facile de dire de voir le « positif » dans toute ce climat post-guerre civile quand, justement, on a pas du tout été impliqué. Ou alors indirectement. Car, oui, quand on n’a pas été présent et quand toutes nos affaires de bourge étaient encore bien en place à notre retour après la guerre, évidemment qu’on tend à considérer que « oh mais en fait tout va bien, rien n’a bougé pour nous, les gens qui ont les moyens ». Mais difficile pour Lionel de se figurer que ses privilèges sont la raison pour laquelle son point de vue est totalement biaisé. Toutefois, il écouta tout de même le récit de Mercy, rompant le contact visuel et commençant à jouer avec ce qui lui tombait sous la main, en l’occurrence, son col, car il n’avait pas enlevé sa cravate et ça le serrait. Ses parents lui disent encore qu’il n’est pas acceptable de faire des apparitions sans cravate, alors que Lionel a toujours détesté se sentir serré par ces trucs. Mais, rendu là, il devait garder les apparences donc, il commença à tergiverser tout seul en se disant que « oui non, Mercy va trouver ça bizarre si j’enlève ma cravate maintenant, quand même et elle va surement penser que ce n’est pas très sérieux, même si on est plus dans le professionnel, là, peut-être je devrais lui demander ? Non, ça va être encore plus étrange et elle va penser que je ne l’ai pas du tout écoutée, d’ailleurs… mince, elle disait quoi, juste avant ?! Sur son métier de journaliste ? Mais zut ! C’est tout la faute de la cravate ! ». Finalement, quand le silence revient et que Lionel parvint à re-connecter ses neurones, il ne savait plus combien de temps venait de passer et Moloch avait mangé les apéritifs. Et Mercy voulait payer.

« Euh… Mais je vous dis que je n’étais pas mal à l’aise ! »
Non, Lionel, là tu mens, arrêtes d’insister. « Et puis… Enfin, quand même, c’est la faute de Moloch, vous n’allez pas l’entretenir non plus, cet enfoi… euh, ce vilain, là ! »

En essayant de mieux châtier son langage, Lionel s’agaça encore un peu sur le Moufflair qui essayait de piquer dans les verres, cette fois-ci. Il fronça les sourcils, lui fit les gros yeux pour de vrai, et souffla des narines, ce qui n’était toujours pas crédible, mais, bon, le Pokémon ténèbres se contenta de se rouler par terre en grognant tel un adolescent en crise.

« Ah, je vous jure ! »

Fit-il en levant les yeux au ciel et en se remettant droit. Ils verraient bien pour cette histoire de planche plus tard, mais le Roque-Lartigue n’a pas envie que sa collègue paye pour les bêtises de son allié. Et parce qu’il n’était pas à l’aise tout à l’heure, même si va continuer à nier en bloc jusqu’à la fin de sa vie s’il le faut. Ça le stressait même un peu, entre le pan de conversation qu’il avait raté à cause de cette fichue cravate qui le serrait trop et cette histoire de tapas…

Breeeeef ! Lionel, concentres-toi, tu fais du cinéma, là !


C’est ce qu’il se dit, mais sa jambe gauche croisée sur sa jambe droite commençait déjà à balancer dans le vide avec nervosité. Ce que la jeune femme dit alors lui fit arquer un sourcil. Pourquoi se justifiait-elle ainsi ? Avait-il vraiment l’air mal en point pour qu’elle insiste encore là-dessus. Lionel n’était pas du genre à prendre la mouche trop vite et ce n’est pas que cela l’agaçait, mais… bon, ça le préoccupait à force. Pourtant, il se crispa pour de bon quand son interlocutrice commença à parler de la passion de son vis-à-vis pour le coordination, en la comparant avec sa passion du journaliste et là, Lionel ne l’interpréta pas très bien.

…Sauf que je ne compte pas arrêter la coordination. Ne me dites pas que vous aussi, vous pensez que j’arrêterais un jour.


Pensa-t-il, en fixant de nouveau la table de manière à camoufler son regard devenu froid. Mercy ne pense pas à mal et essaie juste de détendre l’atmosphère et de se rattraper, mais, le soucis de Lionel n’est pas vraiment envers la rose, en fait. Il a entendu toute sa vie que sa passion pour la coordination ne serait qu’une phase, qu’un passage, qu’il trouvera d’autres occupations plus « matures » par la suite et… c’est bien la seule chose vraiment à lui à laquelle il a réussi à s’accrocher et à garder, au mépris des reproches incessantes de sa famille. Famille qui a fini par se dire que « au moins, tu garderas tes excentricités pour les Hall de coordination », comme pour lui dire « hors de ces Hall, on en veut pas, de tes excentricités, on en a assez vu le reste de ta vie ». Donc, oui, sans le plaindre, on va dire que toute remarque sur le fait qu’il pourrait arrêter d’être coordinateur un jour froissait Lionel plus que raison. Car il est vrai que dans sa tête, une petite voix est souvent en train de lui chuchoter des paroles insidieuses qui lui font des cauchemars comme : « et si un jour tu n’arrivais plus à faire de la coordination, qu’est-ce que tu feras, alors » ? Et Lionel n’est pas si bête que ça. Il sait au fond de lui qu’en dehors de sa passion, tout le reste, dans sa vie qui découle directement de celle de sa famille, c’est du vent, du superficiel.

« Ahahaha ! Un super-héros, c’est comme ça que vous pensez que je me voie, hein ! »

Il força son rire habituel pour répondre à la tentative d’humour de sa collègue, s’efforçant de mettre de la bonne humeur dans sa voix. C’est mieux qu’il passe pour le bouffon de service. Il a fait ça toute sa vie et ça l’arrange bien de jouer au débile quand on il lui faut trouver des excuses lorsqu’il se comporte comme un sale con. Donc, oui, autant donner raison à Mercy et faire comme si, oui, comme s’il se prenait pour le sauveur en collants et cape du peuple Enolian… Ce qui est aussi bien loin de la manière dont il pratique la coordination, mais, Lionel n’allait pas se lancer là-dessus.

« Pour répondre à votre question, non. Je ne ferais jamais autre chose que la coordination dans ma vie. »


Car, honnêtement, je ne sais rien faire d’autre que me donner en spectacle, n’est-ce pas… ?

Le ton de Lionel avait perdu de son enthousiasme sans que le principal intéressé ne s’en rende compte. Machinalement, il continua de boire et de grapiller quelques fromages, tandis que Moloch venait poser sa tête sur la cuisse de son maître, espérant l’apaiser en sentant qu’il était un peu tendu.

Enfin, au moins Mercy a l’air contente d’être là, j’imagine ?

Le coordinateur, bien qu’anxieux, sourit avec plus de sincérité à la championne de Dimaras qui verbalisait son enthousiasme.

« Ahah, serait-ce des regrets d’une ancienne vie de fêtarde, que j’entends là ? »


Dit-il avec un sourire et l’air un peu plus joueur. Pour le coup, ce n’était surement pas un reproche, vu comme il avait lui-même fait la bringue entre ses 18 et ses 35 ans. Mais, maintenant, il n’avait plus vraiment de regrets et se sentait assez confortable à rester tranquillement chez lui au calme, à préparer ses performances ou à regarder des anime dans le coin de sa chambre réservé à ses vitrines de figurines.

« Je plaisante, bien sûr. Moi-même j’ai pas mal fait la fête, fut un temps, ahaha ! C’est vrai qu’ici, les cocktails sont plutôt réussis, même si il ne valent pas ceux qu’on trouve dans certains bars d’Anula, mais ils faut dire que dans ce coin, ils ont des fruits frais directement sortis des serres et de la jungle et des alcools de baie assez incroyables. »


Il fut un temps ou Lionel aimait l’alcool sans en être dépendant, oui. D’ailleurs, il avait bien du succès aux soirées grâce à son talent pour préparer des bons cocktails alcoolisés. Maintenant, bon, disons juste que son rapport à l’alcool est différent et plus aussi positif.

« Mais c’est vrai que vous devez être bien occupée, mais, j’imagine que c’est pour le mieux, si c’est la vie que vous avez choisi ? »

Regardez-moi, je parle comme un vieux monsieur.


Dans l’esprit de Lionel qui aimerait sincèrement être parent, l’idée qu’avoir un enfant à s’occuper et à voir grandir est surement une merveilleuse expérience est un peu enjolivée. Enfin, il sait quand il voit ses nièces et son neveu que les enfants ne sont pas des peluches dociles et qu’ils ou elles ont tous leur propre caractère et ne grandiront jamais comme leur parents le désirent… Enfin, si, certains, comme lui-même, justement le font et… Bon, même Lionel constate un peu amèrement e résultat. Mais, dans l’esprit de Lionel, tous les « sacrifices » valent la peine pour que l’enfant dont on est responsable fasse ce qui lui plait et soit heureux. Enfin, « sacrifices »… si on peut appeler ça ainsi car si on a l’impression de porter sa croix en élevant ses gosses, c’est quand même qu’il y a un petit soucis, enfin, c’est quelque chose qu’il a toujours trouvé un peu étrange chez d’autres et son grand frère Hanson. Si Lionel idéalise autant aussi, c’est qu’il se dit parfois que c’est trop tard pour lui et que dans sa condition, il n’aura jamais d’enfants non plus. L’expérience avec Shérylle l’avait aussi un peu refroidi, enfin, quelque chose lui dit qu’à cet égard et au niveau familial, lui et son ex-femme n’ont pas vraiment tout réglé.

« Comment s’appelle-t-elle, votre fille ? Elle a quel âge ? Enfin, vous n’êtes pas obligée de répondre, hein, promis, je ne suis pas un journaliste de tabloïd indiscret et je ne suis pas en train de prendre des notes ! »


Diantre, que ce serait creepy, comme disent les jeunes !

Quand on en vient à ce sujet, Lionel devenait soudainement un peu plus sérieux et sincère et faisait un peu plus attention à ce qu’il disait. Focalisé sur l’idée de peut-être en apprendre plus sur la progéniture de la championne, il en oubliait sa fameuse phrase automatique et franchement déplacée qui lui avait déjà vallu plusieurs regards noirs de mère célibataires à savoir : « oh, mais ce n’est pas trop dur, d’élever un enfant toute seule ? »… Si Mercy avait formulé ses propos autrement, il est certain qu’elle y aurait aussi eu droit. Bon, et même si Lionel ne se permettra pas car il s’inquiète vraiment que ça ait l’air étrange, eh bien, il espère secrètement que Mercy lui montre une photo de sa fille pour qu’il s’extasie dessus en mode « elle est trop chouuuuuute »… Pour Lionel tous les enfants sont adorables et il n’est pas du tout objectif, c’en est presque mignon, pour le coup.

« Au fait, si les boissons d’ici vous plaisent, ils font un grand ponch aux baies maison mais… Bon, il faut vous accrocher pour rentrer à pied ensuite sans tituber, car ce sont des doses pour deux ou trois. »


Il paraît que j'ai du flair pour ces choses-là, après tout, héhé!

Ouais, bon, si Lionel dit ça, c’est parce qu'il veut se donner des excuses pour boire et se remettre à l'aise, et parce qu’ils risquent quand même un peu de rentrer chez eux bourrés.
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Jeu 10 Jan 2019 - 16:27
Revenir en haut Aller en bas
Mercedes L. Blanchett



SMILEfeat. Lionel Roque-Lartigue


Lionel semble aussi doué pour élever son Moufflair que moi avec ma fille. Du moins je reconnais en Moloch les mêmes expressions calculées et manipulatrices que peut me faire Lexie pour obtenir ce qu’elle juge lui être dû. Ça ou se mettre à hurler, pleurer et me bousculer si peu je m’approche d’elle. Je me dis avec un soupir que je n’ai pas à juger l’homme pour son manque d’autorité vis-à-vis sa bestiole. Il est vrai que je suis devenue très molle moi aussi avec le temps alors que j’arrivais plutôt à gérer mes monstres avant mon incarcération. La culpabilité me joue souvent des tours avec mes amis après les avoir quittés aussi longtemps. En fait, je suis plus permissive depuis l’attaque sur la maison maintenant que j’y pense. Après ce moment traumatique pour toute l’équipe, j’ai voulu que tous se sentent bien et jouissent d’une certaine liberté. J’ai craint, à l’époque, que mes Pokémon ne se découragent de la vie que nous menions et ne décident de nous quitter. Je ressens encore une certaine déception vis-à-vis le départ de Jeda et de Peach. Ce n’est pas tellement une raison pour les laisser faire tout ce qu’ils veulent. Ou de laisser Lexie obtenir gain de cause. Sauf que souvent, je suis trop fatiguée pour me battre. Je capitule avant même d’avoir combattu la majorité du temps. J’ai une grimace à l’idée que ma fille pourrait devenir aussi grossière que Moloch, même s’il ne s’agit pas du tout de la même espèce hein. Je comprends bien ça. Sauf que le rapprochement se fait dans ma tête, accompagnée d’une nouvelle dose de honte. J’aimerais tellement être une meilleure mère, avoir moins peur de… je ne sais pas.

Penser aux aspects positifs? Je ricane presque. On dirait Marilou. Comme si nos émotions n’avaient pas quelque chose de positif. C’est facile de dire «mais oui, passe à autre chose ça ira mieux après». Je déteste cette attitude. Je déteste parler à ceux qui ne l’ont pas vécu. Même si ce n’est pas leur faute. Même si je ne leur en veux pas, pas réellement du moins. Mais ces commentaires me font étouffer, me donnent envie de hurler. Je sais que Marilou et Lionel et tous les gens comme eux pensent aider, pensent nous soutenir. Ils ne comprennent pas et tant mieux. Mais je souffre à chaque fois qu’on délégitimise ce que je ressens, ce que j’ai vécu comme si ça n’avait pas été bien grave. J’aimerais voir les choses positivement et ne plus craindre. Ne plus m’éveiller la nuit, tiraillée d’atroces cauchemars. Ce serait si facile si je pouvais éteindre l’interrupteur. Je respire lentement pour faire taire ma colère. Je n’ai pas de raison de me fâcher contre Lionel. Je veux juste profiter d’un peu de temps avec lui. Dorénavant, je tâcherai de garder la conversation loin des sujets sensibles. Il vaut mieux. N’est-ce pas?

Sauf que j’ai échoué semble-t-il car le regard de Lionel change même si je vois bien qu’il fait des efforts pour conserver les apparences. Mon sourire disparaît à mon tour. Je me demande ce que j’ai pu dire pour causer ce brusque changement. Peut-être l’histoire du super-héros? J’ai peut-être été un peu loin dans mes moqueries. Dans tous les cas je l’écoute attentivement, mon visage devenu brusquement neutre et mon regard soucieux. À la manière qu’il répond ensuite je me dis… peut-être qu’il pensait que j’insinuais qu’il abandonnerait la Coordination un jour? Oh Arceus… Je ne sais pas trop, ainsi je tente de clarifier mon propos sans adresser directement le malaise.

«J’ignore comment vous vous percevez à vrai dire. C’était simplement une taquinerie. Dans tous les cas, il est certain qu’avec votre double-rôle vous en faites beaucoup. J’ai du mal à gérer tout le boulot qu’implique être Championne et membre de la milice. Je dis souvent que j’aurais besoin de superpouvoirs pour tout réussir.»

Ouf. Bien rattrapé, peut-être? Enfin, je ne dis rien qui n’est pas vrai en ce moment. Je peux imaginer que de jongler entre ses différents rôles doit être complexe. Au moins il n’a pas d’enfants, bien que ça ne l’empêche pas d’être occupé autrement je suppose. Je ne connais pas sa vie, je n’irai pas la juger. Par contre, il y a encore un aspect que je dois clarifier.

«Je ne doute pas un seul instant. Vous êtes un vrai passionné, c’est évident.»


Ce qui ne veut pas dire que je ne l’étais pas. Je baisse les yeux vers la table pour faire taire mon malaise.

«Une vie de fêtarde? Hum, oui à une certaine époque je sortais pas mal, surtout à mon arrivée sur l’île. Je me suis assagie avec les années.»

Je me suis assagie pour Weston aussi. Combien je regrette maintenant. De toute manière, je suppose que pendant ces années je n’avais pas la tête à fêter non plus. J’acquiesce au sujet des cocktails ici, c’est vrai qu’ils sont originaux et frais. Je n’avais pas d’aussi bonnes boissons dans le pub que je fréquentais surtout à Baguin à mon arrivée où je consommais surtout de la bière fade et des cocktails classiques. Cet endroit est branché, accueillant. Je l’aurais beaucoup apprécié dans mes années plus «frivoles». Ce que Lionel dit ensuite me fait presque cracher ma gorgée par contre. Je l’avale à contre-cœur, la gorge serrée. S’il savait. J’imagine qu’on a toujours le choix. Mais je n’ai pas l’impression de l’avoir eu ces dernières années. J’ai pris la décision de faire beaucoup de choses, comme de me livrer avant mon incarcération, comme de garder Lexie, comme de m’impliquer autant dans la Résistance. Maintenant j’en subis les conséquences et j’ai pris l’opportunité qu’on m’a offert. Mais est-ce réellement un choix? Je ne réponds même pas. Je ne saurais pas dire quelque chose de constructif. J’ai encore du mal à réfléchir à ce qui m’a mené où j’en suis aujourd’hui. J’ai encore du mal à faire face à ce sentiment qui m’emmène encore plus de culpabilité : le regret. Ce sentiment qui me fait sentir ingrate et horrible mais qui est là.

Je mets un bon moment à revenir à la surface. À intégrer ce que mon interlocuteur vient de demander. Je cligne des yeux, un peu engourdie. Est-ce l’alcool ou autre chose? Je réponds plus par automatisme que par réelle envie. Ma voix me paraît détachée.

«Elle s’appelle Lexie, elle a six ans. Ça ne me gêne pas de vous en parler.»

Pourtant je n’offre pas plus de détails. Je grignote en pensant à ma fille, en me demandant ce qu’elle fait à l’instant. C’est toujours ce paradoxe. Ce soulagement d’être loin d’elle versus le fait que je m’ennuie d’elle sitôt elle n’est pas là. Est-ce que c’est normal? J’émerge un peu tard, me rabrouant.

«Je ne veux pas vous embêter avec mes histoires familiales. Nous sommes venus pour nous détendre après tout non? Je veux bien essayer votre ponch, ça a l’air bon. Puis on est pas si loin de Dimaras, je saurai me débrouiller pour rentrer. Puis vous êtes de bonne compagnie, je veux bien rester un peu.»

Sauf qu’on dirait qu’après tous ces sujets épineux, que je ne trouve pas vraiment quoi dire. Je tripote nerveusement mes mains. Je croyais que ça serait facile avec quelqu’un comme Lionel, mais au final j’avais tort. Il faut faire des efforts pour que ça fonctionne dans toutes les relations sociales.

«Je vais vous dire, Lionel, les enfants c’est à la fois la fin du monde et le paradis. Parfois je me dis que j’en voudrais bien d’autres, pour faire mieux que la première fois. Sauf que je me dis que je pourrais aussi faire pire. Puis soyons francs, je suis très bien célibataire.»

Et ça, c’est vrai.

«Vous, avez-vous eu déjà eu des projets comme tel? Vous n’avez pas besoin d’en parler si ça vous gêne, c’est personnel après tout.»

Finalement, je suis quand même tombée dans des sujets plus intimes. Comme quoi c’est plutôt difficile de les éviter.
(c)Golden
Mercedes L. Blanchett
Mercedes L. Blanchett
Elite
Voir le profil
Jeu 24 Jan 2019 - 19:40
Revenir en haut Aller en bas
Lionel Roque-Lartigue

Smile.
Avec Merdeces L. Blanchett.
HRP : Une bonne partie du post fait référence à cet OS.

Quand on entend tous les jours pendant des années qu’on est trop bête pour avoir des opinions valides auprès de sa propre famille, on finit par continuer de jouer le jeu le restant de ses jours. Surtout quand ça nous facilite quand même drôlement la tâche de faire croire aux autres qu’on est un cas désespéré. Mais c’est quand même un peu grave de toujours en être au même point alors que ça fait presque 20 ans qu’on vit plus chez Papa et Maman. On pourrait ajouter que l’influence des mots et des comportements d’Agamemnon et Sixtine est toujours effectivement sur Lionel sachant qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’il aille au moins manger chez eux le dimanche. On pourrait ajuter qu’il a étrangement, bien souvent la gueule de bois le lendemain et qu’il tente de plus en plus de trouver des excuses pour esquiver leur présence, tout en culpabilisant comme s’il leur devait quand même quelque chose (si ce n’est tout, en fait, mais c’est un autre sujet).

Mercy n’avait pas l’air beaucoup plus à l’aise que lui sur les sujets un peu « durs », il faut dire. Sur le coup, le coordinateur ne sait pas trop comment réagir. Disons qu’il le voudrait, hein, pouvoir dire des choses un peu moins plan-plan que « oui quand on est optimiste bah ça se passe bien » (pas qu’il n’y croie pas, hein, il est encore au niveau où il pense un peu ce qu’il dit), mais il voit bien que ça emmerde un peu les gens. Il n’y a qu’à voir les réactions de Sirius ou celles de Shérylle aussi et maintenant celles de Mercy, quand il se contente de répondre sans trop réfléchir. S’il ne se rend pas compte que son ignorance en devient nocive et franchement désagréable et que c’est une des raisons principales au fait qu’il n’ait pas vraiment d’amitiés sincères (enfin on va pas pleurer non plus), eh bah, il n’ose pas non plus essayer de prendre plus de recul et de passer son argumentaire au niveau supérieur car… eh bien, il se dit qu’il va se faire rabrouer et il ne se sent pas du tout légitime. Encore une fois ce n’est pas son niveau de vie qui le pousse à changer de comportement, niveau confort, il vit très bien sans se remettre en question, donc… Bah, voilà, il continue à ne pas faire d’effort et à s’écraser. Sauf que des fois ce n’est pas si sympa à vivre que ça.

Pour ce qui est des « taquineries »… Bon, là, c’est encore autre chose.

Hmph… Après tout j’ai l’habitude, inutile de me plaindre. Rien que penser au sourire de Maman lorsqu’elle me dit qu’elle plaisantait et que je suis pas très subtil m’agace.

L’ironie et le sarcasme n’ont jamais été son fort, au Roque-Lartigue. Il n’aime pas ça, d’ailleurs. S’il était honnête, il dirait même qu’il n’aime pas ça du tout. Pas qu’il ne lui arrive jamais d’être taquin ou mesquin pour jouer, hein, mais il ne trouve ça drôle que quand la personne en face s’amuse aussi. Mais bon, il força un sourire mondain en penchant la tête sur le côté.

« Ce n’est pas faux que je prends mon rôle à cœur, hahaha ! »


Dit-il, rieur, en essayant de se détendre pour oublier le reste. Evidemment, on ne le prend pas au sérieux, ça, ce n’est pas nouveau de sa nomination dans la Milice. Mais ça reste un sujet qui fâche.

Evidemment que je suis un vrai passionné, vous l’avez dit !


Satisfait d’entendre Mercy dire ça et rassuré dans son besoin de confirmation immature, il se sentit un peu mieux pour le reste de la conversation concernant la championne de Dimaras et sa fille. Assagie, hein ? Oh, Lionel ne voulait pas dire qu’il s’agissait d’une mauvaise chose de vouloir profiter de sa vie et de son énergie pour faire la fête, c’est une occupation comme un autre. Il ne peut bien entendu pas savoir que le fait que sa collègue ne fasse plus autant la fête n’est pas entièrement de son ressort. Même si, en réfléchissant un peu (et autrement que comme un cishet mou, hein), il pourrait faire le lien avec ce que disaient les actualités people à une époque sur l’histoire de la championne avec Phantom, l’ex champion Anulien qui ne lui a jamais inspiré la sympathie. Il n’a d’ailleurs jamais voulu se retrouver sur un plateau avec un type qui avait la réputation de ne penser qu’avec son entrejambe… Mais bon, Lionel n’a jamais rien dit de tout ça non plus, tout comme la plupart des Elites et de l’administration de la Compétition, d’ailleurs, donc, c’est aussi un peu leur faute, lui compris. Enfin, le monde du show-buisness, hein, tout le monde sait que c’est un tas d’ordures infâmes qui pue, mais toustes celleux qui en font partie continuent de tourner autour.

Comme il s’occupait de surveiller un peu Moloch maintenant que la nouvelle planche de nourriture était arrivée, Lionel ne remarqua pas le malaise qui s’était emparé de Mercy… Enfin, en fait, il gérer déjà les reste du sien, de malaise, c’est presque comme si c’était devenu normal à ce stade de la conversation. Au moins, cette fois, en parlant de la fille de la championne, il tenait à préciser ne rien vouloir imposer à la championne, pourvu qu’elle ne se sente pas obligée.

Lexie, 6 ans, donc, nota le coordinateur dans un coin de sa tête, avec un sourire déjà un peu attendri. La suite le fit souffler du nez. Comme si le sujet pouvait l’ennuyer, lui ! Pour bien des raisons, il n’allait pas trouver barbant les anecdotes familiales des autres.

Oh, voyons, il suffit de taper « Roque-Lartigue » sur un moteur de recherche pour savoir tout ce qu’il y a à savoir sur la mienne, je ne vois pas comment les histoires de Mercy pourraient être encore plus plates que ça !

« Ne vous en faites pas ! Si je vous le demande c’est que ça ne me dérange pas ! Et puis je vous aime bien aussi. »


On ne pourra pas lui reprocher de manquer de sincérité, ce coup-ci, à la manière presque candide dont il prononce ces paroles. Mais du côté de la championne, ce n’est manifestement pas le côté « ennuyeux » de sa vie familiale qui pose un problème. Lionel arqua un sourcil perplexe et soucieux quand la rose reprit la parole. Effectivement, il faut être prêt au pire et au meilleur en ayant des enfants, ça, Lionel le sait et il est bien d’accord mais… La suite le fit se crisper.

Mais… Un premier enfant n’est pas un coup d’essai pour les suivants…

Avait-il envie de dire à Mercy. C’est peut-être parce que lui ne risque véritablement pas (ironiquement) de mettre accidentellement quelqu’un enceinte (et que lui-même ne risque pas de se retrouver dans cette situation, évidemment) qu’il ne parvient pas du tout à approuver cette partie de l’argumentaire de son interlocutrice. Enfin, ce n’est pas à lui de dire si une femme doit garder ou ne pas garder son enfant et ce n’est pas le sujet, ni vraiment cet aspect qui le turlupine dans l’absolu. Tout cela et l’interrogation de Mercy le concernant lui rappela la dernière fois qu’il avait croisé Shérylle par hasard. Cette dernière avait eu un fils toute seule, finalement, comme quoi, ce n’est pas vraiment le célibat qui empêche d’être parent. Sur le coup, Lionel n’avait pas su prendre la nouvelle de son ex-femme (avec qui il n’avait pas réussi à avoir d’enfant) devenue maman de la bonne manière. A l’époque, quand ils avaient appris pour sa stérilité, Shérylle avait évoqué les autres solutions qui existaient et le principal problème de Lionel n’était pas sur le fait qu’il voulait absolument que l’enfant soit de lui, non, mais encore et toujours sur « mais je ne sais pas ce que Papa et Maman diraient si on passait par d’autres méthodes ». C’est d’ailleurs pour cette même raison que lui et Shérylle s’étaient finalement séparés, à peine un an plus tard. Et elle le lui avait encore reproché à leur dernière entrevue, enfin, qu’il avait une « vision archaïque » du concept de famille, qui n’est ni plus ni moins celle de sa famille réac : un papa une maman = des enfants biologiques heureux, etc. Bien entendu, sous le coup de la surprise de cette rencontre et de la nouvelle de la maternité de son exe, la conversation s’était un peu emportée car cela avait abordé un peu trop rapidement des sujets qui avaient été laissé en plan lors de leur divorce, enfin bref. Tout ça pour dire que les propos de l’ancienne coordinatrice avaient continué de tourner dans l’esprit de Lionel et il avait admis que, oui, une femme peut très bien se passer d’un partenaire pour être mère et se passer de remarques désobligeantes à cet égard. Du reste… Si Shérylle voulait un enfant, elle a réussi à avoir un, Charles-Elliot, qui avait l’air très heureux, puis, était passée à autre chose. Lionel aimerait bien avoir le cran d’oser ces procédures, mais, oui, en fait, il se rendait compte que tout ce qu’il a dit de nocif à Shérylle à ce moment-là, c’est le même genre de choses qu’il aurait peur d’entendre de ses parents, s’il décidait d’adopter. Et ça a toujours été le cœur du problème avec son exe : le fait qu’il soit entièrement dépendant du moindre propos venant d’Agamemnon ou Sixtine. A 25 ans, il est encore admissible qu’il soit difficile de passer outre et de remettre en question ses géniteurs, mais à 40… Bon, ça devient urgent de le faire et Lionel n’en est pas intégralement étranger. Mais il trouve très difficile de seulement l’admettre.

En ce qui concerne Mercy, finalement… Bon, en se rappelant la réaction de Shérylle, il se rend compte qu’il ne devrait pas l’ouvrir. Au moins, cette fois, il n’aura pas la bêtise de demander « Mé c kI SoN PaPA à tA FiYe ??? ». La parenté, c’est compliqué, difficile et Mercy n’a peut-être pas très envie de se sentir remise en question dans l’immédiat, car elle n’a pas l’air très à l’aise, de base. Donc, bien que l’idée qu’un premier enfant devrait forcément subir les maladresses de ses parents plus que les autres le révulse totalement, il passa outre, ne se sentant pas franchement légitime et probablement rendu un peu plus mou par l’alcool pour la ramener. Comment pourrait-il avoir le moindre avis à donner, lui qui n’aura peut-être jamais d’enfants ?

En se préparant à mentir à la rose, il ne put retenir un petit sourire mélancolique en sirotant son martini entre deux bouts de fromage, caressant au passage la tête de Moloch en train de ronronner sur sa cuisse, maintenant qu’il avait eu l’attention qu’il voulait.

« Oh, non, pas vraiment. Je ne pense pas que je serais un très bon père. Enfin, un enfant, c’est toute notre vie, dès qu’il vient au monde. »

Enfin, pas dans le cas où il est adopté. En réalisant ça, il changea la formulation de sa phrase. S’il pensait à être père, il fallait qu’il comprenne cette possibilité dans ses propos, se disait-il, assez spontanément.

« …enfin, dès qu’il ou elle est sous notre responsabilité. Je ne sais pas si j’ai assez de temps et si… Bin, vous savez, j’ai quarante ans passés. Je ne voudrais pas… qu’un enfant sous ma responsabilité grandisse dans le malaise car je ne suis pas assez présent ou que je risque d’être vieux trop tôt pour m’y consacrer pleinement. »


En prononçant ces mots, Lionel avait l’impression de se donner des excuses pour quelque chose qu’il désire depuis des années. Ce n’est probablement pas qu’une impression. Ses justifications trahissaient très probablement qu’il mentait en disant qu’il n’avait jamais eu le projet d’être parent. En tout cas, il laissait Mercy en penser ce qu’elle voudra. Il ne se rendait pas trop compte de sa propre amertume, se rappelant la négligence dont ses parents avaient justement fait preuve à son égard. Quelque chose en lui se dit un peu souvent qu’il ne pourra pas éviter de tomber dans les mêmes travers qu’eux. Ce n’était pas spécialement agréable de surjouer la neutralité sur ce sujet qui lui tient à coeur, mais, il ne voulait pas commencer à s’apitoyer sur son sort et sa condition, sa stérilité étant vraiment la dernière chose qu’il voudrait aborder. Il avait même décommandé à prix fort sa biographie juste pour ça, n’ayant aucune envie que ça s’ébruite. Pour sa famille, il ne sait même pas s’il avait été assez clair le jour où il leur avait dit qu’il ne pourrait pas avoir d’enfants avec Shérylle et honnêtement, il n’avait pas envie de demander confirmation, si c’est pour recevoir des commentaires sur ça. Enfin, sur ces mots, il termina son deuxième verre et commençait à se sentir un peu joyeux, se sentait même plein d’entrain à l’idée de prendre du punch pour terminer, mais bon, ça, c’est aussi que quand il commence à boire il a bien du mal à s’arrêter.

« Mais, j’ai deux nièces et un neveu que j’adore. Ce n’est pas pareil, mais, je suis très fier d’eux quand même. »

C’est la chose la plus évidente et clichée de dire que je suis fier et que j’aime beaucoup les enfants de mon frère, mais, qu’est-ce que je peux y faire, hein !

En repensant aux moments de sa vie où il avait pu voir Nadia, Samson et Anne-Marie grandir, le sourire du coordinateur s’élargit. Sans trop savoir pourquoi, il se sentit un peu gêné de parler de ça devant une connaissance comme Mercy, comme s’il était envahissant à dire quelque chose qui vient du cœur, pour une fois. En se redressant, tripotant de nouveau son col sous le coup de l’embarras, il rosit un peu en se justifiant.

« Eh bien. Pour tout vous dire je ne m’attendais pas à parler de tout ça avec vous ce soir ! »

Il se mit à rire doucement, plus naturel que d’habitude puis redevint un peu plus sérieux tout en restant souriant en s’adressant de nouveau à la championne aquatique.

« Dans tous les cas… Ce n’est pas simple tous les jours, mais je vous souhaite d’arriver à être heureuse avec Lexie. »


« Arriver à être heureuse », oui. Car le bonheur n’arrive pas directement avec des enfants, il faut être bien naïf pour penser ça. C’est ce que Lionel croyait encore il y a une quinzaine d’années quand il était avec Shérylle, quand son grand-frère Hanson commençait tout juste à élever ses premiers enfants. Le coordinateur pensant réellement que le côté sombre et parfois franchement méchant de Hanson serait en quelque sorte « sauvé » quand il serait père. Mais… Hanson n’a pas vraiment changé. Lionel le sait, que son frère n’est probablement pas heureux, mais ce n’est pas pour autant qu’il ne lui en veut pas pour son comportement envers sa progéniture ou envers lui et sa vocation. Le Roque-Lartigue préfère parfois juste rêver vainement à l’idée d’être papa, apeuré à l’idée que la réalité sera bien différente, car il se foirera très probablement et ne pourrait rendre un enfant heureux. Tout ça lui mettait un peu le cafard, surtout quand il repensait à l’état dans lequel il récupérait parfois sa nièce Nadia quand elle se brouillait avec son père. Enfin, c’est surtout que parfois, il réalisait presque qu’on aime pas forcèment tous les membres de sa famille et ça… il est loin, très très loin d’arriver à simplement l’envisager, même si ça expliquerait certainement beaucoup de choses et l’aiderait.

En voyant que le champion était aussi au punch, Lionel haussa les sourcils, l’air mi-rieur, mi-embêté.

« Vous êtes sûre que ça ira pour rentrer, hein ? Vous avez le moyen de vous téléporter, j’espère. »

Demande-t-il en fixant le verre de sa vis-à-vis, histoire de lui faire comprendre ses allusions.
Zazambes - Début Septembre 2023 - Fin d'après-midi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Dim 27 Jan 2019 - 16:53
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Voir le profil
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: