Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

Demandes de RPs et liens
Cendrée
cherche un.e partenaire pour un RP ou un défi.
Arthur, Zelda et Bartholomew
sont dispo pour de nouveaux RPs !
Pseudo
cherche ...
Pseudo
cherche ...
+ pour afficher vos demandes, contactez le staff !



Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Regrets [OS]
Faust M. Donovan
PostRPFaustnonola
Regrets

☹️☺️ avec Isaac N. Peterson ☺️☹️

Évolution de Fiona

♦️♦️♦️

/!\ Psychophobie, dépression, relations toxiques, bref, c'est compliqué et on entre dans le gros du sujet de tête donc voilà.
 
Elle est là, tout le temps.
Au fond de son ventre. Au fond de ses tripes. Dans sa bouche lorsqu'il parle, dans sa poitrine quand il respire, dans ses os quand il marche. Dans le creux de ses poumons lorsqu'il expire. Elle brûle dans ses veines, retourne ses intestins, écrase sa gorge. Il y a cette morsure glacée dans ses muscles crispés, aussi. Ces sensations insidieuses et froides qui apparaissent et disparaissent aussi vite l'une que l'autre, et contre lesquelles il ne peut rien. Elles sont là, tout le temps. Logées dans son être, immiscées dans sa chair et dans ses pores. Grognantes, grondantes, déraisonnées, affamées.

Cela fait longtemps qu'il a oublié l'époque et où elles n'étaient plus là. Au bout d'un moment, il s'est habitué. Elle ne se calme pas, et elle ne se calmera probablement jamais ; du moins, c'est la constatation à laquelle il est arrivé. Il ne voit pas vraiment l'usage de prétendre ou de se perdre dans des longs moments de réflexion sur ce que ses émotions lui font, puisque cela fait un temps déjà qu'il a appris à les faire taire. Au bout d'un certain temps, c'était comme mettre une sourdine : et à force de faire du bruit par dessus, il en arrivait presque à se persuader qu'il n'y avait plus rien. S'il n'était pas empêché de faire le minimum, et de vivre sa vie, alors il n'y avait pas besoin de s'y concentrer. Bien évidemment, c'était une jolie petite phrase, un petit enrobage sucré dans une pilule plus amère que tout. Un caprice comme il en a fait des tas, et comme il en a fait des tas. Il en fera d'autres, de toute façon. Ce ne serait pas supportable, autrement. En même temps, cela fait six ans que ce n'est plus supportable.


---

« J'ai fait n'importe quoi
- Probablement, mais de quel sujet on parle ? »


Le petit claquement mécanique de la cannette d'Isaac lui tire à peine un regard. Lassé, ses yeux s'aventurent distraitement contre laquelle il s'est affalé, peu intéressé par le reste de la petite pièce. La tête plongée dans ses propres bras, Faust laisse son regard divaguer vaguement dans la cuisine du Peterson, ne s'étonnant même plus de ne pas la trouver aussi chaleureuse que d'habitude. Son ami le fixe avec un regard circonspect, tapant mécaniquement des doigts sur le bord de la table. Plusieurs longues secondes s'écoulent, durant lesquelles il fronce brièvement les sourcils, gardant le même air neutre et la même expression illisible. Faust ne le regarde pas, toutefois. Une grimace s'étire malgré tous sur ses traits fatigués.

« Avec Clive, je veux dire. J'ai fait n'importe quoi. »

---

« Mais bordel de merde, si tu faisais un effort aussi des fois, peut-être que ta vie serait pas aussi merdique et que t'auras des potes, un jour ! »

C'était parti de rien. Ça partait toujours de rien, de toute façon, entre eux. Il lui avait toujours semblé qu'il n'y avait que deux humeurs, fut un temps : la parfaite entente, ou ça. Les cris, les regards mauvais, les paroles crachées comme des insultes, les corps crispés et menaçants, le ton qui hausse. Bien souvent, ce n'était probablement que des excuses, que des défouloirs quelconques qui prenaient la forme d'un ton mal accepté, d'un mot de travers, ou d'une simple complainte quant à un espace personnel investi. Il ne se souvient même plus vraiment de cette journée dans les détails, hormis peut-être que cela faisait plusieurs semaines déjà que la tension grandissait entre eux. D'un côté comme de l'autre, les piques et les remarques devenaient de plus en plus mesquines, de plus en plus dures, empreintes d'un venin qu'ils n'osaient pas vraiment se cracher au visage plus expressément. Alors oui, ce jour-là, probablement que c'était l'une de ces nombreuses fois où il finissait par craquer en premier. D'ordinaire, cela terminait ainsi, par ces quelques cris, et, lorsqu'ils finissaient épuisés émotionnellement, ils échangeaient quelques excuses piteuses et désolées. Le même cinéma revenait plusieurs mois plus tard.
Cette fois-là, ce n'était pas pareil. Faust n'aurait pas su dire ce qui lui avait pris, à vrai dire, et d'où venait cette colère et cette méchanceté qui lui prenaient aux tripes. Il aurait peut-être pu trouver des explications, si il avait cherché ; peut-être qu'il était fatigué de se sentir de plus en plus rejeté par son jumeau, peut-être qu'il se rendait compte qu'il ne le comprenait pas aussi bien qu'il n'aurait aimé que ce soit le cas, ou peut-être qu'il cherchait simplement à lui faire mal. Il était bien possible que c'était un peu de tout à la fois. Au fond, ce n'était pas bien important. Mais de cette fois-ci, il se rappelle plus que bien du visage de Clive.

Il savait. Il savait très bien qu'en disant ceci, il lui ferait mal. Clive avait déjà entendu ça des centaines de fois, depuis qu'il était entré à l'école, sous des formes si différentes et si faussement bienveillantes qu'il l'avait intégré jusqu'au fond de son ventre, que « c'était forcément un peu de sa faute, aussi ». Faust le savait très bien, puisqu'il était le premier à tenter de le convaincre que ce n'était pas vrai et qu'ils avaient tous tort, lorsqu'il fallait faire sécher ses larmes et lui redonner le sourire. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'ils avaient, tous, à vouloir changer son frère, comme si ce qu'il était devait absolument être changé ou adapté à une forme quelconque qui n'aurait pas été Clive. Alors ce n'était très certainement pas inconscient, ce qu'il avait dit à ce moment-là. Il voulait le faire réagir, voir quelque chose sur son visage, quoi que ce soit ; de la colère, de la rancune, peut-être même de la peine, tant que c'était quelque chose. Tant qu'il avait encore l'impression qu'il pouvait le faire réagir.
Parce que peut-être que dans ce cas, cela voudrait dire que le souci n'était peut-être pas juste lui. Et peut-être que cela voudrait dire qu'il ne s'était pas non plus comporté comme la dernière des enflures, à ignorer les avertissements répétés de son jumeau ou à outrepasser ses limites pour le provoquer, dernièrement. Parce que la musique qu'il montait lors des soirées qu'il organisait, ou son insistance à s'affirmer face à lui, peut-être que tout ça, ce n'était pas bien.
Peut-être qu'il aurait pu faire quelque chose, en réalité. Qu'arrivé au temps où ils n'étaient plus si proches, et où chacun commençait à prendre sa route, il aurait pu ralentir.



« Il avait besoin que je que je l'écoute, et je ne l'ai pas fait. »

Faust n'est pas assez idiot pour croire que son jumeau avait fondamentalement besoin de lui. Clive avait toujours été bien plus stable que lui, sur beaucoup de choses. Ce n'était pas une pauvre petite chose en manque d'un guide ou de vagues paroles creuses et pseudo-philosophiques, loin de là. C'est son propre comportement, ici, qui constituait un problème. Qui avait constitué un problème, parce que, arrogant et égocentrique, il avait préféré reléguer toute la faute sur les épaules de son cadet de quelques minutes plutôt que de considérer que les soucis qui existaient entre eux étaient peut-être également son œuvre. Il avait beau se défendre à l'époque en prétendant qu'il ne faisait que réagir au comportement parfois cruel du brun, ce n'était pas une excuse valable pour lui renvoyer ce genre d'horreurs au visage. Il le savait peut-être déjà l'époque, même si il le niait. Le temps, pourtant, et la réflexion, n'ont pas été tendres avec le souvenir de ses actions. Le regard morne, il esquisse une grimace, la voix plus hésitante.

« Je l'ai laissé tout seul, et je l'ai... »

Il eut comme la sensation que sa gorge s'était asséchée pendant quelques secondes. Nerveux, l'angoisse dans ses veines fait se crisper ses doigts, et son regard se fixe sur le blanc de ses phalanges, incertain. Sa voix est plus calme, plus plate, comme si il ne faisait qu'une simple observation.

« Je lui ai fait énormément de mal. »

Le dire lui noue l'estomac, mais l'édulcorer aurait été si indécent que même au plus profond de son déni, il ne se serait jamais permis de le faire. Quelque chose de rance et d'amer, pourtant, lui remonte dans la gorge, noue sa trachée et renvoie une brusque sensation de nausée dans ses intestins. Il remarque bien que l'ambiance dans laquelle est plongée la pièce s'est lentement dégradée, ne laissant bientôt plus place qu'à un silence interdit et lourd, uniquement troublé par le clic et le clac régulier des aiguilles d'une horloge.
Aujourd'hui pourtant, il n'a pas le cœur de faire semblant ou de tenter de changer le sujet comme il tend à le faire d'ordinaire lorsqu'il lui arrive de laisser échapper quelques mots ici et là. C'est bien ce qu'Isaac comprend lorsqu'il voit que son ami s'est enfermé dans un soudain silence, le regard ailleurs, les pensées tout aussi éloignées. Une grimace s'étire sur les traits du Peterson.

« Faust, on en a déjà parlé, tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé avec le Régime, c'est...
- Non, non je parle pas de ça. Enfin, pas juste de ça, c'est compliqué. »


Il le coupe avec une précipitation lente, sans s'accrocher à des mots ou à des phrases. Au lieu de cela, il semble considérer ce que lui dit son interlocuteur comme quelque chose qu'il aurait déjà entendu, ou même pensé, et Isaac, en fronçant les sourcils, en vient à se demander depuis combien de temps exactement est-ce que ce débat fait le tour de sa tête et à quel moment précis il a fini par se dire que le vocaliser en valait le coût. Ce n'est pas le genre de Faust, normalement, d'aborder ces sujets ; et ce n'était pas faute d'essayer, pourtant, mais d'ordinaire, rien ne sortait. Sur ce sujet, encore moins. Tout ce que pouvait en conclure Isaac, au vu du calme presque royal du conseiller, c'était qu'il savait ce qu'il voulait dire, et qu'il tenait à le faire. Pour cette raison, le suédois garde le silence, laissant au cadet le soin de continuer tant qu'il n'est pas empêché de le faire.

« Clive avait des besoins différents des miens, mais j'étais égoïste, et égocentrique, alors je faisais comme si il était juste capricieux, mesquin et bizarre. »

Faust serre un peu les dents. C'était une excellente excuse pour se comporter comme la dernière des ordures totalement autocentrée tiens, ça. Faire passer ses émotions au delà de celle de l'autre en lui explosant au visage pour se défouler, ignorer ses appels à l'arrêt car « je m'en fiche que t'aies mal moi aussi j'ai mal » (avec toute la maturité émotionnelle et la bienveillance d'un gobelin, franchement) puis finalement rejeter toute possibilité d'une erreur en se disant que ce n'était tout de même pas sa faute si « Clive était casse-pieds ». La conclusion lui fait tirer un rictus désabusé, las.

« J'ai toujours été en déni avec lui, que ce soit sur ça, ou... D'autre choses. »


« ... Timothée Béranger, Emma Pinneau, Orlène Francoeur, Frank Lamy, Mallory Fortier... »

Ce n'est plus vraiment une énumération, à ce rythme. La voix du procureur général résonne avec une lassitude forte et une résignation amère, alors que des murmures interdits circulent entre les bancs de l'audience. Depuis tout à l'heure, probablement qu'ils ont tous arrêté de compter, dès lors que les quinze premières secondes avaient été dépassées et que, progressivement, ils s'étaient rendus compte que la réquisition n'aurait pas à être très longue.
Chaque nouvelle syllabe lui fait l'effet d'un coup de la poitrine. Assis au banc de la défense, il jette un coup d’œil nerveux au visage de l'avocate qui semble complètement désemparées, se rendant probablement compte de la difficulté qu'elle allait avoir à reprendre la parole juste après. Puis, rapidement, car l'observer fait se nouer encore davantage son ventre, ses yeux s'enfuient pour aller chercher une quelconque forme de réconfort dans le visage de son jumeau.
Bien loin, à la barre, Clive n'a pas baissé la tête, ou même les épaules. Il est toujours aussi droit, toujours aussi silencieux, l'expression neutre et illisible, gardant le contact avec le procureur qui n'en a toujours pas fini. Il n'a pas dit un mot depuis tout à l'heure, lorsque l'on lui avait fait décliner son identité ; depuis, l'officier se contente d'écouter, sans jamais contredire quoi que ce soit. Les déclarations se sont suivies, les témoins aussi, sans oublier la présentation des preuves. Jusque là, l'assurance de Clive lui paraissait être un bon signe. Jusque là, Faust avait l'impression que tout allait bien : le dossier était désastreux, mais c'était à prévoir.
Puis, le procureur avait commencé.

« … Victor Boutot, Benoît Caron, Coralie Rivard... »

C'est différent. C'est différent, cette fois ; ce n'est plus juste un concept. Ce ne sont plus juste des mots, des idées, des images lointaines au fond de son crâne, de brèves paroles ou de simples actions ambiguës. Ce n'est plus ce à quoi il évitait de penser lorsqu'il essayait d'oublier les actions de Clive, ce n'est plus ce qu'il imaginait à l'époque où la simple évocation de son prénom le mettait dans une colère noire. C'est concret, cette fois. Aussi concret que les yeux qui s'humidifient à l'évocation d'un nom dans l'audience, aussi concret que ceux qui tentent de cacher un reniflement, aussi concret que cette suite de noms dont il n'aura jamais l'occasion d'en découvrir les propriétaires. Aussi sûr que le regard de Clive, qui n'a pas baissé les yeux depuis le début, et qui ne baissera pas les yeux.

« … Veronica Daws, Léon Baxter. »

La liste s'est arrêtée sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Un silence religieux s'est imposé dans la salle d'audience ; probablement qu'il n'y a rien d'autre à dire, si ce n'est la plaidoirie de l'avocate qui a l'air aussi complètement dépassée. Pendant plusieurs secondes, pas un seul mot ne s'échappe des lèvres de qui que ce soit. Clive ne dit rien. Faust attend, espère, mais il ne dira rien, et il ne peut pas l'ignorer plus longtemps. Il ne peut plus le faire, à ce stade. Il ne pourra pas non plus changer quoi que ce soit. Alors, brusquement, il se lève.

« Vous reconnaissez donc, monsieur Donovan, être coupable d'assassinat envers toutes ces personnes ? »

Faust est dehors au moment même où Clive esquisse le son d'un « oui ».



« Mais maintenant, tu le sais, non ? »

Cela faisait plusieurs secondes déjà que Faust ne parlait plus, alors Isaac avait plissé les yeux, incertain de voir où son ami voulait en venir. Le concerné grimace, le regard toujours aussi fuyant, le ton plus lent.

« Non, ça, je... Oui. J'ai plus trop le choix, de toute façon. Je veux juste dire que je... »

Il hésite. Puis, finalement, c'est un soupir qui sort de sa gorge, assorti d'un rictus désabusé et laissant transparaître une assez grande fatigue. Ces angoisses l'épuisent, quoi qu'il en dise ; et ses journées sont assez longues comme ça depuis quelque temps pour que cela ne joue pas sur son humeur. C'est avec plus de certitude que ressortent ses paroles suivantes.

« J'ai pas envie de faire les mêmes conneries avec Morgane. J'ai envie de l'aider, tu vois ? »

Il n'était pas vraiment prévu qu'elle reste avec lui, à la base. Mais encore une fois, ce n'était pas non plus le cas d'Alice. Les deux situations sont bien différentes, pourtant, dans les faits. Cette fois-ci, Faust se sent perdu, un peu dépassé, et bien plus conscient des erreurs qu'il pourrait faire. Ou refaire, notamment. Il y pense d'autant plus depuis leur sortie du cabinet médical. Il ne sait pas si tout ce qu'il dit fait vraiment sens, mais une lueur de sincérité persiste dans ses yeux, et il se mord les lèvres, comme si il avait un peu honte des doutes qu'il était en train de confier.

« Juste que, j'ai pas la sensation de m'en sortir mieux, maintenant. »
-  Arrête voir. Tu la traites comme tu traitais Clive ?
-  Non, mais... »


Le regard plus dur du suédois le prend par surprise, et il ravale les propos maladroits qui auraient tenté de sortir de sa bouche pour raconter plus ou moins n'importe quoi. Agacé mais patient malgré tout, Isaac se masse l'arrête du nez, essayant probablement de faire le point quelque part dans sa tête.

« Ça n'a aucun rapport, Faust. Tu mélanges tout.
-  Probablement. »


Le rictus sarcastique du conseiller le fait afficher une expression blasée, n'étant pas vraiment d'humeur aux petites formules edgy du hérisson. Pourtant, ce dernier ne ment pas. Il a bien conscience que ses pensées sont un fatras d'éléments qui n'ont pas de rapport entre eux, si ce n'est l'intime sensation d'être pleinement incapable de se montrer responsable et attentif quand il le faut. Isaac le voit ; si il y a une chose que Faust ne fausse plus avec lui, et c'est suffisamment rare pour être remarqué, c'est bien la lassitude. Plus posé, Isaac reprend lentement la parole, une grimace au coin des lèvres.

« Tu vas devoir apprendre, oui. Tu n'as plus le droit de faire des erreurs, alors je comprends ta crainte, mais... »

Le souvenir de Clive lui bloque la gorge pendant quelques secondes. Il n'a pas envie d'y penser non plus, en vérité. Il y a bien des choses dont il aurait aimé discuté avec son ami d'enfance, au delà du béguin de gamin qu'il avait pu avoir pour lui fut un temps, et qui, peut-être auraient tout changé si les mots nécessaires avaient été prononcés. Alors oui, il les connaît, les doutes de Faust. Probablement pas autant que lui ; il n'aurait pas l'audace de lui faire une « je vois ce que tu ressens » parfaitement mensongère. Il en a vu l'ombre, de temps à autre, dans ses propres regrets. Mais ce n'est pas lui, le sujet.
L'esquisse d'un sourire qui se veut encourageant se dessine sur ses lèvres et il en vient à tapoter le bras de son ami, non sans toute la maladresse de quelqu'un qui veut bien faire mais hésite sur ce à quoi il a le droit.

« Il faut que tu lui montres que tout va bien, et que toi, tu sais qu'il n'y a pas de soucis. Tu peux le faire, ça, non ? »

Faust pouffe un peu, lançant un regard désabusé et quelque peu sarcastique au suédois. Ce dernier roule les yeux avec évidence, ne souhaitant pas rentrer dans le jeu de son camarade qui cherche juste à lui faire remarquer que « hé c'est drôle parce que je fais souvent ça simuler que tout va bien » parce qu'il tend à tomber dans les réflexes cyniques dès lors qu'il est mal à l'aise. Mal à l'aise, il l'est de manière si évidente qu'Isaac se retient tout juste de le secouer comme un prunier : hésitant,  ses yeux jettent des coups d’œil réguliers vers la porte, dont il craint toujours de voir sortir Nagisa (pas en chaussons et à poil comme il avait eu le malheur de le voir une fois, mais là à entendre la situation). Ses doigts alternant entre la table qu'il tripote sans trop de raison et le bout de sa manche qui ne cesse d'être malmené depuis tout à l'heure. Isaac voit bien que le sujet tient à cœur le Donovan ; ce n'est donc pas un désintérêt quelconque qui le rend si prompt au désabus, mais plus une forme de crainte, qu'il veut s'efforcer d'apaiser.

« Tu as changé. J'dis pas que ton comportement a toujours été clean avec Clive, ou même qu'il l'est totalement encore, mais... »

Isaac fait une pause, juste le temps d'examiner le visage du conseiller lorsqu'il dit ceci. Il le voit bien baisser le regard de quelques centimètres, mais son visage n'exprime rien. Le suédois comprend vite qu'il ne sert à rien d'aborder ce sujet maintenant, puisque Faust ne semble pas décidé à arrêter de faire semblant. Dans un soupir un peu las, il continue donc.

« Tu as grandi, aussi. Tu comptes bien faire, et tu es prêt à apprendre comment faire, c'est ce qui est le plus important. »

Le sourire avenant d'Isaac devrait sûrement le rassurer. Après tout, dit comme ça, c'est joli ; très joli, même, doux comme un oreiller sur lequel on prendrait plaisir à poser la tête pour oublier le reste et s'endormir vers des songes plus agréables. Toutefois, à l'entente de ses mots, Faust n'a pas ressenti la note d'espoir que le plus âgé aurait sûrement voulu voir se montrer quelque part sur sa figure. Quelque chose dans sa gorge s'est serrée. Des images, lointaines maintenant, diffuses, confusent, commencent à embourber ses pensées. Malgré tout, son expression reste parfaitement neutre.
Oui, sauf que...

« Tu l'as fait avant. Tu le feras comme il le faut, ne t'inquiètes pas. Juste que là, tu étais juste... »

… Est-ce que je l'ai vraiment fait, avant ?

« Dans le déni comme le dernier des imbéciles ? 
- J'aurais dit ça plus proprement, mais oui. »


Son sourire semble, heureusement, convaincre suffisamment Isaac pour qu'il ne s'inquiète pas davantage quant à son silence soudain. Pour la peine, il y ajoute même une étincelle impertinente alors qu'il hausse négligemment les épaules, comme si il était parfaitement en contrôle de tout ça.

« Bah, le déni, ça va juste faire du mal à la gamine, donc pas sûr que ce soit utile d'être propre, franchement.
- Bien. On avance, visiblement. »


Sauf qu'il aurait bien fallu avancer avant.


« Tout va bien. Tout va bien, on s'est éloignés. Tu peux crier, tu peux pleurer, tu peux t'énerver ; regarde, tu as toute la place qu'il faut. »

C'était de sa faute. Complètement, indubitablement de sa faute. Il aurait dû réfléchir plus de cinq minutes lorsqu'il avait pensé qu'emmener Morgane au parc d'attraction lui ferait plaisir ; après tout, c'était ce qu'il aimait lui, alors ce serait peut-être la même chose de son côté, n'est-ce pas ? Mais non, non, ça ne marche pas comme ça, et il le sait, au fond. Il n'a pas vraiment d'excuses, sûrement pas quand il voit la manière qu'a la fillette, statufiée et paniquée, de pleurer à chaudes larmes, les épaules agitées par des tremblements et des secousses. Sa voix est enrouée depuis le moment même où ils sont entrés dans la foule. Morgane lui avait déjà dit qu'elle n'aimait pas vraiment les parcs, à la base ; trop d'odeurs, trop de personnes, trop de mouvements, trop de choses. Il n'avait pas vraiment compris. Il avait écouté, mais il n'avait pas compris. Faust pensait naïvement, au début, que la sensation passerait.
Mais non, espèce de crétin, qu'est-ce que t'en sais ! T'es pas à sa place, bon sang d'égocentrique de... !

Malgré la colère qu'il ressent contre lui-même, Faust reste le plus calme possible. Il doit l'être, après tout ; l'on a pas vraiment le droit de se comporter comme un gamin quand on s'occupe d'un gamin, justement. Car Morgane, actuellement, pleure à chaude larmes contre lui, paniquée. L'afflux de sensations accumulées sur un terme trop long l'a poussée à bout et elle craint, ne serait-ce qu'inconsciemment, que cela lui soit reproché.

« J'voulais pas. C'est promis que je voulais pas, mais je, enfin, je... »

L'adulte grimace, se gardant bien de serrer la fillette contre lui. Elle lui a déjà dit qu'elle n'aimait pas lorsqu'elle se mettait à pleurer et de toute façon, Faust ne s'essayerait jamais à outrepasser les limites de quelqu'un tant que cela ne lui est pas demandé. Il s'accroupit, néanmoins, pour garder sa main la sienne et lui offrir l'expression la plus dépourvue d'angoisse qu'il puisse faire naître sur son visage. Sa voix se veut rassurante, lente, posée. Il n'est pas franchement un sage en la matière, mais il est capable, toutefois, de comprendre même inconsciemment ce qu'il serait préférable de dire.

« C'est pas grave, je t'assure, Momo. Prends ton temps, tout ira bien. »

Ce jour-là, pourtant, Faust a eu peur. Pas pour elle. Pas d'elle, mais de lui De découvrir, non sans toujours l'avoir su au fond de sa tête, qu'il ignorait tout ce qu'il avait à savoir pour ne pas se retrouver dépourvu.



« Moi, je t'avoue que ton cinéma comme quoi tu seras forcément un mauvais tuteur pour ta gamine autiste parce que t'as été un connard avant, j'y crois pas trop. »

La voix d'Isaac, un peu plus dure, le fait ressortir d'un coup de ses pensées. Ses épaules, inconsciemment, se relèvent, et il se retrouve à fixer son interlocuteur avec un air incertain. Pour le coup, c'était bien quelque chose qu'il ne s'attendait pas à entendre. Le conseiller sent bien, toutefois, que le thème de la conversation à changer : le suédois n'est plus en train d'essayer de le rassurer ou d'apaiser ses émotions troublées, à l'heure actuelle. Faust connaît les signes. Vu le regard plus ferme que dirige l'aîné vers lui, il sait que ce qu'il s'apprête à dire ne sera pas nécessairement agréable à entendre.

« Le problème, il est pas là, Faust. Le problème, c'est pas ton rapport à la parenté. »

Faust sent sa gorge se serrer. Au fond, il savait déjà. La pensée vient de lui sauter au visage. Son dos s'est tendu d'un coup net. Le remarquant, peut-être plus par bonne volonté que par réelle pitié, Isaac continue d'un ton plus lent mais tout aussi clair.

« Tu sais ce que je pense de ta décision de ne pas te faire suivre.
- Non, ça, c'est... »


Il n'a pas pu s'empêcher de l'interrompre, avec la fausse certitude de quelqu'un qui sait, mais toute la maladresse de quelqu'un qui s'embourbe dans des explications qui n'existent pas. Faust n'aime pas entendre ça. Plus, même, il ne veut pas entendre ça. Il faut dire que c'est bien plus agréable et aisé d'en parler en de termes vagues, voir sans termes du tout, que de mettre les mots justes ou même d'admettre qu'il y a bel et bien un souci depuis quelques années contre lequel il n'est définitivement pas assez d'une personne. Et que, peut-être, il fallait envisager quelque chose de médical. L'idée lui fait à chaque fois l'effet d'un uppercut en plein ventre, réveillant à chaque fois dans ses tripes une sensation semblable à une violente nausée. Alors il la chasse, l'éloigne, s'assurer d'enterrer le sujet au plus vite car il est si inconfortable qu'il lui donnerait presque envie de se lever de sa chaise pour passer par la fenêtre au plus vite, du moins si Isaac n'avait pas parlé de nouveau, avec plus d'empressement cette fois.

« Faust, écoute-moi. Juste un peu. »

Tendu et crispé, le Donovan lui jette ce qui semble être un mélange entre un regard mauvais et hésitant, dont l'on devinerait presque un reste de crainte en son creux. Malgré son envie d'aboyer au visage du plus âgé, toutefois, Faust s'exécute, l'air fatigué, soupirant dans un défaitisme quasi avoué.
L'autre grimace, mais il garde toutefois un air sérieux.

« J'vais pas tourner en rond autour du problème parce que tu refuses de sortir le gros mot, hein. Ton problème, c'est que des fois, t'es plus sur les rails, et c'est là que tu fais n'importe quoi. Là, ça pourrait être un souci pour la gamine, comme ça l'a été pour d'autres. »

Et ça l'a été.


« Tu as bien toutes affaires ?
- Ouais, normalement. Alice doit encore avoir des choses, mais je les récupérerai plus tard. »


Le silence qui les entoure est normal, il le sait. Faust ne s'attendait pas à grand chose d'autre qu'un mutisme gêné et lourd, à partir du moment où il avait appris par le biais de Samaël que Natsume ne comptait vraiment revenir chez lui. Pas qu'il s'en soit vexé, dans les faits. Il sait, au fond, que c'est entièrement de sa faute et qu'il a peut-être, juste un petit peu, dépassé les bornes. Non, disons plutôt que cela lui fait le même effet, quelque part, que d'observer le zéro pointé qu'il se prenait à chaque fois qu'on lui rendait un contrôle de maths au lycée : celui d'un échec complet. Une imbécillité de sa propre production et dont il ne peut observer les conséquences qu'avec le regard amer de quelqu'un qui ne peut pas vraiment espérer tout ce qui a pu se passer.
Le Shimomura a l'air calme, comme ça. Bien plus que Faust n'aurait imaginé qu'il soit. Le conseiller a sans doute calqué sur son imagination ses propres émotions. Troublé, nerveux, la culpabilité ravageant le fond de son estomac, il a du mal à laisser ses yeux rencontrer ceux du cadet. Puisque ce dernier avait pris un certain temps à venir récupérer le restant de ses affaires, du moins tout ce que son partenaire n'avait jusque là pas récupéré à sa place, Faust avait supposé que Natsume devait être dans le même état d'esprit que lui. Il n'en est pas le cas ; il n'est donc pas mis face à l'hésitation gênée du cadet, mais face à une résolution dure et inarrêtable. Face, en soi, à la réalité ; à ses actions. Face à ça, il n'a pas qu'à grand chose.

« … Je suis désolé. »

Sa voix piteuse n'est probablement pas un réconfort, et sûrement que ce n'est pas le but de l'être. Natsume le fixe, le visage lassé, les traits relaxés dans un épuisement qui ternit même ses yeux. Il a l'air dépassé, lui aussi.

« Je sais. »

Et, durant un instant, devant cette apparence de fatigue et d'amertume profonde, Faust y confondrait presque les visages de Clive et de Winter. La sensation lui secoue la poitrine de la même façon, encore une fois. Il a l'impression, même passagère, que ce n'est probablement pas la dernière fois qu'il verra cette expression.



« Tu n'es pas un mauvais parent en devenir. Mais si tu veux vraiment éviter tout risque, il va falloir que tu regardes un peu dans le vide. »

L'information lui fait grincer des dents malgré lui, et il garde le regard fixé sur la table, incertain. Sans surprises, il n'aime pas vraiment ce qu'il entend. Et en même temps, il n'est pas allé voir Isaac dans le but d'entendre ce qu'il désirait, bien qu'une part de lui continue de renâcler. Il sait que tout ce qui a été dit et, d'une certaine façon, vrai. Isaac ne cherche ni à lui nuire, ni à l'humilier. Il parle sincèrement, comme il l'a toujours fait, même si la pilule a souvent du mal à passer et que, lorsque Faust se retrouve ainsi à battre du pied nerveusement, confus quant à la marche à suivre, c'est généralement qu'il a raison sur toute la ligne.
Sauf que, bien souvent, Faust ne sait plus vraiment quoi dire après. Quelque chose, toutefois, l'amène à esquisser le début d'un sourire attendri vers son vieil ami.

« … T'as mûri, un peu. »

Isaac pouffa discrètement, levant les yeux au ciel par la même occasion, un rictus amusé au coin des lèvres. Si il sait reconnaître la douceur et l'affection dans sa voix, il ne la relève pas, se contentant plutôt d'y répondre avec humour.

« Non, à force, je sais juste comment gérer tes conneries. »
- Faust ! »


L'exclamation soudaine le fait presque trébucher sur sa propre chaise, et il gigote nerveusement, pris de court. Les yeux grands ouverts, il lui faut un temps pour reconnaître la petite tête bleue qui vient de se poser droit devant lui, les yeux brillants d'excitation et un grand sourire aux lèvres. Une expression qui n'est pas si rare que ça sur le visage de Morgane, à vrai dire, contrairement à ce que beaucoup tendaient à croire. Dès qu'il la remarque, pourtant, l'expression du conseiller s'adoucit et il sent ses muscles se détendre presque automatiquement. L'enfant tend un jouet avec excitation, l'agitant dans tous les sens.

« Faust, Faust, regarde, j'ai fini la maquette ! J'ai mis un ingrédient spécial, mais ça tient ! Regarde ! »

Elle pointe ses doigts vers une jonction de l'avion en plastique où se trouve un petit morceau de bouillasse (ou un truc du genre) violet. Si il ne comprend pas tout de suite où elle a pu le trouver, le conseiller finit de remarquer la grosse Grotadmorv d'Alola qui se trouve aux côtés de la petite fille et qui, il lui semble, était encore une Tadmorv il y a peu. Ses yeux s'écarquillent sous la surprise et il releva la moitié supérieure de son corps subitement, ébahi.

« … Mais... Mais, Fiona ! Depuis quand est-ce que tu as... ? »

Ses balbutiements ne semblaient pas perturber des masses Morgane, alors que de son côté, Isaac était déjà en train de ricaner depuis plusieurs secondes au moins. Faust lui adressa un regard lassé et  blasé, pas franchement d'humeur à ce qu'on se moque de lui. Morgane, remarquant sa réaction, prit une voix plus timorée, baissant son jouet et cessant du moins partiellement son agitation.

« Je... Je lui ai demandé de la colle, et elle en a fait. T'es pas fâché, hein ? »

Faust s'arrêta bien vite de se focaliser sur le suédois. Au lieu de cela, son expression s'adoucit quand  il détailla le visage de la fillette. Un sourire doux lui étira les traits quand il remarqua toute l'attention qu'elle avait mis dans sa construire, et toute l'impatience qu'elle avait de la lui montrer. Soudainement, toute la conversation qu'il venait d'avoir avant lui paraissait assez ridicule.

« Non, non, vraiment pas. Tu nous montres ta maquette ? »

Il ne pensait pas, cette fois, reproduire les mêmes erreurs.

♦️♦️♦️

Sorbet parfum regrets


8 Mars 2024 - 16H
Faust M. Donovan
Faust M. Donovan
Elite
Voir le profil
Ven 8 Mar 2019 - 3:08
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: