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Pas de panique à bord (OS)
Ludwig Green
Pas de panique à bord (yeah right)
Ferme des Green-Onizuka / Nuva-Eja - Fin octobre 2023
Soltan  Ellias
Cayagane, ferme des Green Onizuka - Vers 17h.
Déjà plus de 24 heures s’étaient écoulées. Depuis l’appel d’Ellias, Soltan n’était plus tout à fait serein. Enfin, c’est un euphémisme, car le fermier ne mâche pas ses mots quand le comportement de quelqu’un lui déplait, mais des euphémismes, il en use beaucoup, quand c’est pour parler de ses propres émotions. « Je suis pas sûr » pour dire « je suis vraiment très mal à l’aise et je veux me casser », « Roh, c’est bon, ça va » pour dire « j’ai bien envie de chialer », « c’est juste une égratignure » quand il est en train de tourner de l’œil ou encore…

« Ça ira, je vais gérer la situation. »


Prononcé d’un ton trop monocorde pour que cela soit naturel et paraisse confiant, ces mots que Soltan avait adressé à Ellias n’étaient là que pour camoufler la panique viscérale du fermier depuis qu’il avait appris pour la disparition de Ludwig. Probablement que l’état d’anxiété intense palpable dans la voix du cousin de Ludwig avait aussi été communicative, mais Soltan n’a jamais été du genre franchement perméable aux émotions des autres. En apprenant que Ludwig n’était plus chez son cousin, il n’était pas venu à l’esprit du quarantenaire de blâmer Ellias, ce dernier avait vraiment l’air de n’y être pour rien et de n’être sûr de rien quant aux raisons qui avaient bien pu pousser le blondin à quitter tout bonnement Nuva Eja. Du moins, c’est ce qu’ils avaient déduit il y a quelques heures après que des recherches aient commencé sur l’île de la Compétition. Sur le coup, Soltan était tombé des nues et n’avait sur comment réagir. Il était resté muet comme une carpe et pendu au téléphone en cherchant ses mots… Des mots, il n’en avait pas vraiment, en fait. Il avait beau se dire qu’il gérerait la situation, avait passé des heures au téléphone avec les services sociaux et la brigade de protection des familles, Soltan n’était véritablement sûr de rien. Ce n’est pas vraiment fréquent d’avoir la fugue du gamin dont on a la responsabilité depuis 5 ans sur les bras. Et le fermier s’en maudissait d’autant plus que sachant bien que son protégé ne va pas bien, il aurait dû le voir venir. Mais, non, ce genre de chose peut être déclenché par n’importe quoi qui aurait rappelé de sales traumatismes au jeune Nagel-Jung.  

Bien entendu, le fermier avait aussi cherché aux environs des falaises et du château, la zone étant plus sécurisée qu’avant, maintenant que la Milice y avait fait quelques excursions et emmené quelques-uns des Pokémon dangereux de cet endroit, enfin c’est surtout que Soltan avait déjà trouvé Ludwig en train de trainer là-bas. Mais cette fois-ci, il n’y était pas, bien entendu et à partir de là, le fermier ne savait plus vraiment où chercher, d’autant plus qu’il ne pouvait pas quitter la ferme trop longtemps avec ses enfants qui devaient rentrer de l’école. Pour le coup, que Shizune ne soit pas encore une fois en vadrouille l’aurait grandement aidé pour mener les recherches. Par ailleurs, ces évènements leur vaudront surement plus de visites plus régulières des services sociaux et des autorités en charge du dossier de Ludwig… La chose ne plaira pas au gamin et déplaisait tout autant au fermier qui ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il avait forcément bel et bien merdé quelque part, si Ludwig avait fugué. Pour le moment, Ellias comme lui n’avaient pas d’explications quand à la disparition du blondin et quelque part, ce n’est pas le plus important dans l’absolu : la priorité va à retrouver Ludwig avant tout… Les questions devront probablement attendre comme il y a des chances que l’adolescent ne veuille pas y répondre. Soltan n’est peut-être pas de la famille biologique de Ludwig, cela n’est pas nécessaire pour commencer à connaitre les habitudes et le comportement du gamin, à force de l’observer… Tout ça pour dire que Ludwig se renfermera surement à la moindre question trop insistante, comme il a l’habitude de le faire lorsqu’il est contrarié. Dans tous les cas, la communication sera difficile lorsqu’il l’auront retrouvé. Oui, Soltan partait du fait qu’ils allaient le retrouver, n’osant vraiment pas envisager autre chose.

Mais franchement, il n’était pas prêt pour ça, surtout pas en ce moment. Enfin, on ne prévoit jamais ces choses-là, mais la vie du fermier n’était déjà pas de tout repos. Il n’est pas du genre à se plaindre mais il y avait aussi les problèmes de Marilyn à l’école, les absences de Shizune et le reste de la vie à la ferme et avec les enfants. Bien entendu, ils avaient eu des questions, comme Ludwig n’était pas là le lundi matin pour retourner à l’école. Sur le coup, Soltan pensait que les choses se passeraient comme prévu : qu’Ellias aurait ramené Ludwig à l’heure pour le collège, comme il commençait plus tard en début de semaine. Mais, quelques heures plus tard, il avait reçu l’appel du cousin Nagel, avait passé la journée à passer des coups de fil (ce qu’il n’aime pas vraiment car le téléphone est déjà son ennemi, mais quand il fait, il faut) et l’heure avait très vite tourné jusqu’à l’heure de la fin des cours… Et rebelote le lendemain. En déposant les enfants à une dizaine de mètre dans les maison, le fermier était encore dans un état second 24 heures après l’annonce et frustré de la sensation que rien n’avait progressé. Après avoir sorti le gouter aux enfants dans la cuisine en les laissant se débrouiller, Soltan s’était rendu dans le bureau afin de vérifier ses messages concernant les recherches. Rien de neuf, bien entendu.

« Papaaaa ! Marilyn elle veut manger tous les céréales !! »

Iris avait déboulé dans le bureau en rapportant les méfaits de sa grande sœur, dont Soltan entendait les « bouh, rapporteuse de Zazambes, mets ta couche et mêles toi d’tes fesses ! » venant de la cuisine. Il entendait aussi Mikoto émettre des interjections de mécontentement et prononcer le nom de son ainée monopolisant les céréales. Le Green regarda sa fille cadette et mit quelques secondes à atterrir, alors que des bruits de chaos infantiles émanaient de la pièce adjacente.

« … Hein… ? »


Quelque peu absent, il suivit Iris qui montra en preuve de sa bonne foi, Marilyn en train de remplir son bol à ras-bord et bien plus, alors que Mikoto était en train de geindre des « maiiiiis Maririiiiiii-euuuuh » en tendant les mains pour prendre lui aussi son goûter. Soltan leva les yeux au ciel et s’adressa à l’ainée d’une voix lasse.

« Tu peux en laisser à tes frères et sœurs, là ? T’auras plus faim pour diner… »
« Mais c’est Lulu, il a dit qui me laisserait sa part comme il est pas là ! »


Le fermier perdit son calme plus rapidement que prévu, devant l’effronterie de Marilyn et le fait qu’elle se permette de profiter de l’absence (pas franchement désirée) de Ludwig à son avantage… Même pour quelque chose d’aussi peu important, ça faisait un peu grincer des dents à Soltan qui n’aimait pas trop l’attitude de sa fille ainée, sachant bien qu’elle n’était pas tout à fait dupe de ce qui se passait avec le blondin.

« Je vois pas le rapport. Tu vas tout de suite partager avec ton frère et ta sœur. »
« Roooh… »


Rouspéta la brune en espérant déclencher une autre réaction plus agacée chez son père pour mesurer son pouvoir de provocation, mais elle se fit ignorer royalement tandis qu’elle s’exécutait.

« Vas-y, moi aussi j’veux sécher les cours comme Lulu… »

Marmonna la brune, ce qui fit se retourner le fermier en train de regagner le bureau. C’est vrai que les dernières 24h avaient été assez stressantes et qu’il ne s’était pas vraiment senti de donner des explications claires aux trois enfants, qui, bien entendu, n’étaient pas dupe et lui avaient déjà demandé où était Ludwig. Sur le coup, ne voulant pas se prendre d’avantage la tête, Soltan avait répondu qu’il était encore chez Ellias et ça ne lui avait pas fait plaisir de mentir. Sur le coup ça lui avait semblé être une bonne idée, mais, plus maintenant, surtout lorsqu’Iris, Mikoto et Marilyn le fixaient avec des regards interrogatifs et tout de même inquiets.

« Mais il revient quand Lulu ? »

Demanda d’ailleurs Iris, timidement, osant briser le silence tandis que leur père s’asseyait avec eux et transvasait une partie des céréales de Marilyn dans les bols de ses frères et sœurs. L’ainée s’était tue, cette fois, et son père voyait bien que la question posée par la cadette la travaillait aussi. Evidemment, cela fait presque bien 7 ans qu’elle connait Ludwig comme son tout premier ami d’enfance et 5 ans qu’ils vivent sous le même toit. Ces simples faits ne font pas forcément qu’n devient les meilleurs amis du monde pour toujours au point que leur relation est si fusionnelle qu’il n’ont plus besoin de mots pour communiquer… Surtout que Ludwig est loin d’être franchement honnête sur ce qu’il ressent de manière générale. Personne ne peut véritablement comprendre ce que Ludwig a ressenti comme malaise au point de se dire qu’il pouvait disparaitre ainsi et… se dire qu’il avait peut-être de bonnes raisons de le faire. Ce n’est pas la première fois que le gamin faisait une telle chose, Soltan le savait, que ça lui était déjà arrivé du temps où il vivait avec son grand frère… Pourquoi, le fermier ne peut pas vraiment le savoir, si ce n’est qu’on ne s’éloigne pas d’un lieu où on est censé nous vouloir du bien sans aucune raison.

« Euhm… en fait… »

Finit-il par dire, sans trouver les mots appropriés. Ça devait être plus facile dans sa tête, mais il faut croire qu’il n’est pas si détaché que ça quand ça concerne son protégé.

« Ludwig était chez son cousin mais il est… bah, parti. »

Les trois enfants échangèrent des regards inquiets, même Marilyn avait laissé tomber l’idée de faire a fière et elle était désormais pendue aux mots de son paternel.

« Mais euh, parti où ?! »
« Il va revenir, hein, dis ?! »


Son silence un peu trop longuet au gout de ses enfants avait directement fait réagir ses filles au quart de tour. Et Mikoto n’était pas en reste car il s’était soudainement redressé et fixait lui aussi le fermier avec insistance.

« Oui, il va revenir... »


Dit-il en se donnant l’air rassurant et en espérant que ses enfants s’apaiseront à cette nouvelle. Ça au moins, il en est plus ou moins sûr, qu’ils allaient finir par retrouver Ludwig, que celui-ci ne sera pas parti pour toujours. Iris poussa un soupir de soulagement.

« Mais pour le moment, il… enfin, je sais pas où il est. Il était chez son cousin Ellias et il a disparu hier matin. »

Bien entendu, Soltan se préparait aux questions, maintenant. Les plus jeunes retinrent leur souffle de manière dramatique, bien entendu, les enfants ne s’y attendaient pas vraiment. Ils allaient avoir des tonnes de questions, c’est évident, car leur père ne leur donnait pas vraiment toutes les informations, mais il faut dire que lui non plus ne sait pas encore tout sur cette histoire.

« Mais… Pourquoi il est parti ? »
« Et il est où, là ?! C’est pas assez bien chez nous pour lui ?! »


Si Iris avait l’air franchement inquiète, Marilyn était pour sa part sur la défensive et avait surement probablement peur que son ami d’enfance ne revienne pas. Aussi, elle se souvient encore assez clairement de leurs disputes récentes, la semaine qui avait précédé la disparition de Ludwig. Elle ne pouvait pas savoir, mais, elle ne pouvait s’empêcher de le prendre un peu personnel et de penser qu’on allait lui dire que c’est un peu sa faute.

« Je ne sais pas où il est, mais on est en train de le chercher avec la police et… bon voila. Je sais pas pourquoi il est parti et son cousin non plus mais… Il nous expliquera s’il veut. »
« Il faut pas le forcer ! »


Ce n’est pas souvent que Mikoto ajoute son grain de sel aux conversations, mais quand il le fait, c’est assez souvent pour sortir des propos efficaces. En tout cas, ça avait mis les points sur les « i » qui pouvaient manquer aux trois enfants, qui acquiescèrent, toujours assez perplexes et pas très rassurés. Soltan n’est pas très doué pour les paroles rassurantes mais s’efforça tout de même de redire à ses enfants que la « police » (car il n’avait pas vraiment envie de détailler ses coups de fil avec des Miliciens parfois un peu paumés entre deux discussions avec les services sociaux : il en avait de nouveau mal au crâne) était aussi sur le coup et l’aiderait à trouver Ludwig plus vite, rapellant que ce dernier allait surement bien. Enfin, pour cette dernière information, le fermier avait un peu menti, car il n’en sait rien. Il ne veut pas imaginer le pire et préfère penser que Ludwig s’est au moins abrité quelque part et ne s’est pas manifesté (son portable était manifestement éteint, aussi) mais… Les accident arrivent souvent aux plus mauvais moments et de manière imprévisible mais Soltan se dit que si ça avait été le cas, un des Pokémon de Ludwig l’aurait déjà prévenu. Dans le cas contraire, il a des chances que ces bestioles veillent au chevet de leur dresseur, du moins, Soltan veut y croire même si l’optimisme n’est pas spécialement son fort. Malgré tout ça, sa priorité allait encore à ses enfants, enfin, c’est une évidence, même si ça fait penser au fermier qu’il n’est pas assez impliqué dans ses responsabilités de tuteur mais en un sens ce n’est pas en s’empêchant de dormir qu’il pourra mener à bien les recherches. Pourvu que le lendemain



Nuva-Eja, chez Ellias - Vers 19h.
« Gérer la situation », hein… Mais comment peut-il être aussi calme ?!

Assis sur son canapé avec la jambe en train de remuer frénétiquement sous le coup de l’ancienneté, Ellias n’a quasiment plus d’ongles à ronger depuis au moins une heure et cherche une autre manière de passer ses nerfs. Comme la Milice ne lui avait pas donné de nouvelles, que le tuteur de Ludwig n’en savait pas plus et qu’il avait quand même besoin de réponses aux interrogations qui monopolisent son esprit depuis qu’il a trouvé le lit de Ludwig vide il y a 24 heures. A force de ne pas avoir de nouvelles du genre « on l’a retrouvé » ou « allo Ellias c’est Ludwig, tu as perdu la partie de cache-cache, j’étais caché sous l’évier tout ce temps, héhé, surprise ! », le jeune administrateur ne savait plus où donner de la tête et s’était retrouvé à appeler sa cousine Riku en espérant que celle-ci pourrait lui en dire plus sur les endroits où Ludwig pourrait s’être caché. Sauf que dans son état actuel, le cadre parle bien trop vite et un peu fort sans s’en rendre compte et déverse un flot de paroles en allemand qui ne veut pas dire grand-chose mit bout à bout.

« Fucking shit, ralentis quand tu causes, j’ai même pas le temps de piger ! »


Cria une Riku exaspérée à travers le téléphone pour interrompre son cousin au milieu de sa diarrhée verbale. Ellias se ravisa très vite étant donné que la coordinatrice n’avait pas vraiment demandé à entendre ses jérémiades. Il se mit à bafouiller des excuses, rendu honteux par sa propre attitude.

« P-pardon… C’est… C’est… »

Après un silence un peu gênant, il entendit Riku soupirer à l’autre bout du fil. Il s’excusa une nouvelle fois en espérant ne pas l’avoir dérangée, car il est vrai qu’il avait agi impulsivement et que Riku n’avait pas demandé à se recevoir une marée de plaintes en décrochant le téléphone.

Je n’ai aucun problème pour gérer mon stress, tout va bien, hein… Ou pas, j’ai vraiment des problèmes avec ça, moi… c’est bien la peine de faire la morale à tonton quand il stresse dès qu’on parle de sa mollesse

« Si tu commençais par inspirer par le nez, déjà, cousin ? »


La voix de Riku lui parvint et Ellias se détendit un peu, en se remettant à expirer normalement, car c’est vrai qu’en étant aussi tendu et anxieux il en oubliant de prendre normalement son air.

« Je savais que j’aurais dû être plus assidu avec le yoga et ma méditation ces temps-ci ! »


C’est tout ce qu’il réussissait à trouver d’assez malin à dire, oui. Le silence un peu concerné de Riku à l’autre bout du fil en disait aussi long.

« Euh… bah, pleurniches pas tu en feras ensuite. »


La coordinatrice devait commencer à se demander pourquoi elle répondait encore à Ellias en train de geindre sur tout et n’importe quoi. En même temps, elle avait l’air de s’amuser un peu en l’imaginant en train de faire du yoga, raide comme une baguette qu’est physiquement son cousin. Pour le moment Riku préférait probablement laisser l’autre causer de trucs qu’elle ne comprend pas trop. Ellias, de son côté, soupira et regarda l’état dans lequel était son salon. Plutôt propre et bien rangé, mais, la table basse et le canapé étaient recouverts de canevas et de tissus à peine brodés, car le propriétaire des lieux avait compulsivement commencé pleins d’ouvrages avec des chutes de fils en vrac, pour être insatisfait de tout ce qu’il commençait pour se détendre (ce qu’il n’avait pas reussi à faire) et les balancer aux quatre coins du sofa et du salon.

« Et dans mon état de stress j’ai fait beaucoup trop de broderie. »

Mais pourquoi est-ce que je lui raconte ça, moi, j'essaie de faire de l'humour… ?


Probablement car dans son état actuel, le cadre marketing ne fait plus trop attention à ce qu’il raconte et dit un peu tout ce qui lui passe par la tête car il n’a pas dormi depuis 24h et perd un peu les pédales sous le coup du stress.

« Hein ? »


Encore une fois, la voix de Riku confuse tira le trentenaire de ses ruminations et le ramena à la réalité.

Je n’arrive pas à croire que je lui ai laissé entendre que je brodais, c’est honteux, personne n’est censé savoir ! … Mais il faut vraiment que je me recentre sur le sujet originel de la conversation.

« Euh, rien, rien. »

Répondit le plus âgé en se massant l’arrête du nez et ses yeux qui commençaient à le piquer. Vraiment, il aurait bien besoin d’une bonne nuit de sommeil. Ellias était tellement à côté de ses pompes qu’il n’arrivait plus du tout à savoir si c’était à lui de parler ou non. Heureusement, encore une fois, Riku était un peu trop gentille pour son propre bien et relança la conversation.

Il faudra vraiment que je me fasse pardonner pour ce coup de fil déplacé…

Mais, il elle le rappelait à l’ordre avec des questions, c’est bien qu’elle était préoccupée. Car même si ce qu’Ellias avait raconté plus tôt était confus et presque incompréhensible, sa cousine avait quand même saisi certains éléments de la situation. Et ces bribes la préoccupaient beaucoup, c’est pour ça qu’elle restait pendue au téléphone malgré tout, espérant qu’elle pourrait entendre quelque chose d’un peu rassurant.

« Euh, bref… Tu disais quoi ? Un truc à propos de Lulu… ? »

Sa voix n’était plus très assurée, Ellias comprit rapidement que sa cousine était inquiète pour Ludwig, avec le charabia qu’il lui avait sorti et l’état dans lequel il se trouve en ce moment. Elle a bien le droit de savoir, lui cacher ce qui se passe en ce moment serait franchement déplacé, surtout quand il en a déjà trop dit et qu’il a vu de ses propres yeux que Riku et Lulu étaient plutôt proches.

« Oui, euhm, bon, déjà, Riku, excuses-moi de te mêler à tout ça, je ne veux pas t’impliquer, enfin, je… J’ai un peu dépassé les bornes en t’appelant comme ça à l’improviste. »

Il ne veut plus vraiment que ce coup de téléphone s’éternise et visiblement, Riku non plus, parce qu’elle fut celle qui incita son cousin à aller droit au but.

« Allez, balances. »


Ellias prit quand même le temps de s’éclaircir la gorge, reconnectant avec ses habitudes lorsqu’il doit faire un exposé à un public, même réduit. Il ne s’est jamais senti très à l’aise à parler en public, d’ailleurs, à se demander pourquoi il a choisi de faire sa carrière quand il doit tous les jours présenter des Power Point au bureau. Mais bon, Ellias a toujours pensé qu’il ne fallait pas trop s’appesantir sur l’absurdité de son boulot pour conserver sa santé mentale… La preuve, il n’y a qu’à voir comme il pète la forme au quotidien (spoiler : non). En cherchant ses mots et non sans réserve et sans hésiter, Ellias finit par vider son sac à l’oreille attentive de sa cousine.

« J’ai juste besoin de savoir quelque chose et tu étais la mieux placée pour répondre à ma question. Euhm… si c’est déjà arrivé à Ludwig de disparaitre sans crier « gare »… Tu sais où il peut-être allé ? »
« Me dis pas qu’il a refait une fugue… ? »


Le plus âgé resta interdit durant quelques instants. Il ne s’attendait pas vraiment à ce que l’autre lui réponde de manière si spontanée et avec une telle inquiétude dans la voix. Il ne déchiffra pas immédiatement le sens des paroles de sa cousine et se remit à bafouiller en cherchant ses mots, voulant aussi atténuer l’effet que le mot « fugue » avait sur lui. De son point de vue et à de nombreux égards, Ellias se disait que la fugue, c’était la fin des haricots pour Lulu et qu’en tant qu’adulte résponsable au moment ou l’adolescent est parti, il allait se prendre un procès… Quoique, Soltan n’avait pas l’air du genre à mener les gens jusqu’aux tribunaux même s’il s’agit de son protégé. En plus il est évident que si Ellias avait su à l’avance que son jeune cousin voulait filer à l’anglaise, il aurait tout fait pour que ça n’arrive pas… même s’il n’a aucune idée de comment il aurait pu l’en empêcher sans devenir pénible.

« Euhm, je sais pas si c’est une… enfin… »

C’est là que le Nagel s’arrêta au milieu de sa phrase, quand les mots de sa cousine avaient enfin fait leur chemin jusqu’à son cerveau. A cet instant, il se redressa sur son canapé et sa voix redevint plus vive, à la fois paniquée et interpellée.

« Queuwa ?! Comment ça, « refait » ?! »

Riku soupira de nouveau avec exaspération et demanda une nouvelle fois à son cousin « d’arrêter de gueuler sinon j’te promets la prochaine fois je te raccroche à la gueule parce que mine de rien j’ai mieux à faire ». Ce dernier en prit bonne note et se rappellera toujours ne plus jamais appeler quelqu’un quand il est stressé. Sa cousine coordinatrice lui donna cependant des explications.

« Bah, ça lui est déjà arrivé, quand il avait 6-7 ans. Alex avait joué au gros con. »


Probablement ne voulait-elle pas donner plus de détails sur le dernier nommé et pour être tout à fait honnête (pour une fois), Ellias n’en voulait pas. Quelque soit le contexte, pour lui, son cousin blond (celui qui est en prison, pas l'autre) est toujours dans le tord.

« … Je vois… »

Commenta-t-il, toujours grave, ne parvenant jamais vraiment à prendre à la légère ces « vieilles » histoires qui le mettent profondément mal à l’aise. Certes, cela regarde uniquement Alexander, Ludwig et Helmut, dans le fond… et encore, Ludwig aurait dû être écarté de tout ça dès le début. Mais le fait que toute cette affaire soit parvenue à mettre dans le malaise toute la famille Nagel, cela en disait long sur les conséquence des actions d’Alex et de son père. Riku ne devrait pas sonner si affectée et Ellias se dit qu’il ne devrait pas non plus avoir des maux de ventre dès qu’il repense à cette époque où son oncle était au plus bas et que Hanz, son père, se sentait obligé de l’aider et de l’écouter. Ce n’était pas il y a si longtemps, mais, tout fusionnel qu’il a toujours été avec son papa, c’était comme si Ellias avait subi autant que lui. Car, oui, des fois, le cadre markéting aurait aimé naître dans une famille remplie de gens moins sensibles et empathiques, dans une famille moins fusionnelle et qui sache mieux extérioriser leur ressenti dans leurs coins, plutôt qu’en les projetant sur autrui par la violence ou l’ignorance. Le trentenaire se sent toujours assez inconfortable quand il entend d’autres gens se vanter du côté si « uni » de leur famille et idéaliser comme il est formidable de savoir ce que ressentent les autres sans avoir besoin d’en parler… Oh, ce n’est pas parce qu’une famille est liée aussi profondément par le fait d’avoir « surmonté » des obstacles (dans le cas des Nagel, il faudrait plutôt dire « survivre assez minablement, quitte à payer le prix fort plutôt qu’arrêter de se voiler la face ») qu’elle en devient belle et en sort intacte, c’est plutôt l’inverse, en fait. Hanz a beau continuer de sourire après avoir fait comme si tout allait bien aux côtés de son fils, Riku a beau crier à tout va sa liberté sans dieux ni maîtres, Ludwig a beau rire et créer des liens forts avec ses Pokémon, Alex a beau continuer de narguer les autres, Helmut a beau se cacher derrière une fausse objectivité et une érudition de façade, Martha beau s’enfouir le tête dans un travail pseudo-épanouissant… Ellias le sait, qu’aucune famille saine ne vit bien d’autant de faux semblants. Et lui-même n’est surement pas une exception.

« Il s’était planqué dans les falaises d’après ce que Soltan m’a dit mais… »


Les paroles de Riku passaient en arrière-plan tandis qu’Ellias ruminait de nouveau. Il les entendait mais ce n’est pas certain qu’il les enregistrait.

« A part le château, je vois pas bien où il a pu aller se cacher. »


Mais de toute évidence, Riku n’en savait pas plus que lui. Il ne pouvait lui en demander plus et avait déjà été suffisamment envahissant.

« …je vois. »

L’ainé expira longuement en passant une main sur son front et ses cheveux. Il ne demandait pas à Riku de sauver la situation ou de lui donner la réponse à toute ses interrogations, bien entendu, mais se sentait toujours assez piteux d’être aussi inefficace dans les recherches… recherches que Monsieur Green avait demandé de mener déjà aux abords du château où Ludwig avait vécu avec son grand frère et qui n’avaient rien donné. La coordinatrice avait déjà été bien gentille de supporter son cousin dans son état actuel jusque là, Ellias lui revaudra ça, ne serait-ce que pour soulager son poids sur la conscience.

« Hé, Ellias, y s’est passé quoi, en fait ? »


Normal qu’elle veuille savoir, après tout ce qui s’était dit dans ce coup de fil assez peu ordinaire. D’ailleurs, Ellias n’allait pas être ingrat et s’apprêta à lui donner des explications. Ce serait simplement cruel de ne rien dire à Riku… d’autant plus que durant leurs vies respectives ils en ont soupé, du silence volontaire des uns et des autres.

« Je… Je ne sais pas vraiment. Je crois que c’est de ma faute et… Il n’était pas bien l’autre soir, je ne le reconnaissais pas, il avait l’air si contrarié et triste, que… J’espère que je n’ai rien fait pour qu’il veuille s’enfuir. »


En s’apercevant qu’il ne donnait pas vraiment de réponse aux interrogations de Riku, le trentenaire s’interrompit et se massa la nuque, embarrassé.

« …Comme tu vois, je ne sais pas vraiment pourquoi mais… Il ne va pas bien, ça, c’est certain et j’aurais vraiment aimé faire quelque chose mais je crois que je n’ai pas vraiment amélioré la situation. »


La coordinatrice resta de longs instants silencieuse avant de reprendre la parole pour renvoyer l’ascenseur à son interlocuteur toujours pendu au téléphone.

« T’sais franchement… je sais pas trop si t’aurais pu l’empêcher… »

Peut-être bien que oui, peut-être bien que non.

Les paroles de Riku ne sonnaient pas très rassurantes aux oreilles de l’ainé qui pinça les lèvres en soupirant, lassé et fatigué par les récents évènements. Quand il repense à l’autre soir, il est vrai qu’il aurait été totalement incapable de prévoir la fugue de Ludwig et encore moins de l’arrêter quand le blondin est parti en profitant du sommeil de son cousin. Même pendant la journée, ça aurait pu se passer très vite.

Mais… il y a quand même probablement quelque chose dans mon comportement qui l’a peut-être poussé à…

Car ce n’est pas comme si Ellias n’avait rien à se reprocher. Sinon, il ne se torturerait pas l’esprit à ce point. Il y a eu leurs mésaventures lors de la croisière sur l’Opal et l’île de Regirock puis… bon, Ludwig n’en sait probablement rien, mais, l’ainé des cousins Nagel ne se sent pas franchement fier de ce qu’il trafique avec la milice et son oncle pour sécuriser la zone du château des falaises, car il sait que Lulu piquerait peut-être une crise s’il savait qu’on touchait aux précieux Pokémon d’Alexander. D’ailleurs, il n’en avait pas parlé à Monsieur Green, mais il ne voulait pas l’impliquer là-dedans, d’autant plus qu’à l’origine, si Ellias fait ça, c’est parce que c’est Alex qui a commencé à lancer des menaces à son égard… donc, il voulait juste assurer ses arrières. Mais dans tous les cas, l’administrateur a la désagréable impression que plus il essaie de garder le contrôle de ses affaires, plus tout se mélange et s’enlise.

« Tu sais, euh, si ça peut te rassurer… J’ai vécu la même chose que toi, y’a quelques années… chez Alex, avec Lulu. »


Le Nagel se redressa sur le sofa, ses doigts s’emmêlant nerveusement dans un fil de borderie bleu clair. La voix de sa cousine avait changé, du moins, le ton de Riku était soudainement moins assuré, plus fragile… oui, il entendait les sonorités de sa voix comme céder sous une envie grandissante de pleurer. Ellias ouvrit la bouche pour lui dire de ne pas se forcer à tout lui raconter, mais, la coordinatrice reprit la parole avant lui.

« C’était… comme toi, je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé. Lulu était nerveux, il était triste parce que… on attendait Alex qui revenait pas pour son anniv et… Il a suffi que je quitte le gamin des yeux 10 secondes alors qu’il était dans la pièce d’à-côté et… voilà. »

A sa respiration, a sa voix qui se brisait sur les fins de phrases et devenait de plus en plus discrète, et aux reniflements qui suivirent, le plus âgé comprit que Riku n’avait peut-être pas envie de parler de ce qui s’était passé ensuite pour elle. Mais dans tous les cas… même si Ellias a pour sa part des remords, il comprend assez bien que le problème de Ludwig est bien plus fondamental qu’une simple crise passagère. Enfin, comme il a témoigné en partie de ce qu’a vécu le plus jeune, Ellias n’avait jamais pensé que la déprime apparente de son cousin était simplement dûe à une crise d’ado… disons plutôt que ce n’est pas juste un malaise, pas juste une dispute, pas juste un malentendu qui aura fait fuguer Ludwig comme il l’a fait. C’est quelque chose de sans doute bien plus lourd et qu’il traine depuis des années. Enfin, Ellias n’est pas psy mais il ne peut s’empêcher d’analyser… C’est un peu une habitude qui nous vient par la force des choses, quand on passe son enfance à observer des adultes qui ont des problèmes de communication et qui préfèrent se taire au lieu de dire de vive voix ce qui les tourmente. Bon, c’est aussi qu’il part du fait que Riku et Ludwig ont vécu ces choses de la même manière que lui, ce qui est bien entendu biaisé mais qui en dit long sur ses intentions originelles… Ellias veut simplement essayer d’aider Ludwig a ne pas tomber dans les mêmes situations de « syndrome d’infirmière » que lui.

M’enfin… le moment n’est pas vraiment à la psychologie de comptoir.

« Je vois… Désolé de te faire ressasser ça. Tu n’étais pas obligée de… »
« C’est bon. »


Elle le coupa assez sèchement après avoir reniflé un bon coup. L’administrateur se dit qu’ils en avaient assez dit à ce sujet et que la phase « cathartique » de la discussion était désormais passé. Il espère au moins que ce vidage de sac avait pu permettre à Riku de se soulager d’un poids tout comme lui qui se sentait un peu mieux, comme un peu moins stupide et inutile.

« Enfin… J’ai prévenu Monsieur Green et… bref, je suis navré de t’avoir dérangée et inquiétée, je ne voulais pas d’impliquer là-dedans. »

Finit par déclarer Ellias, afin de mener cette discussion téléphonique vers son achèvement. Les deux Nagel avaient manifestement besoin de repos. Riku n’en rajouta pas vraiment plus et approuva le « bon bah je crois qu’on s’est tout dit hein ! » implicite du trentenaire avec la même sobriété.

« C’est bon. Juste, dis-moi quand vous l’avez retrouvé, s’teuplait. »


Avant qu’elle ne raccroche, l’ainé hocha la tête, même si l’autre ne pouvait le voir.

« Bien sûr. Et merci pour tout, Riku. »

Pas seulement pour cette discussion, mais aussi d’être encore là pour Ludwig même si elle n’est pas présente physiquement. Parfois, Ellias admirait un peu la ténacité de sa cousine et s’était souvent dit qu’il devait la prendre en exemple à cet égard. Sauf qu’à force, Ellias fait ça avec tout le monde et ne prend pas l’habitude de s’interroger sur ce qu’il a pour lui. Enfin. Pour le moment, il se sent bien trop exténué pour ne pas recommencer à broyer du noir et décida donc d’aller se coucher de bonne heure, en espérant que la nuit lui porte conseil.


Cayagane, ferme des Green Onizuka - Vers 22h.
Parfois, Soltan se demande s’il est un bon père. Probablement que la plupart des adultes qui sont parents se le demandent une fois, voire des tas de fois dans leur vie. Mais en ce moment, le fermier se demande surtout s’il est un bon tuteur. Même s’il est du genre à se dire « on lui demandera quand on l’aura retrouvé », le quarantenaire ne peut pas totalement exclure de son cerveau l’idée que « peut-être, c’est ma faute s’il a fugué ». Ça puis les questions incessantes de ses enfants dès qu’il leur avait expliqué la situation avant le repas (et l’interrogatoire avait duré jusqu’au diner et au moment où les mômes s’étaient enfin couchés) avaient réussi à stresser le fermier au tempérament habituellement calme. Fumer une cigarette ne l’avait pas rendu plus zen, essayer de jouer à Animal Crossing en cachette ne l’avait pas détendu et faire les cent pas dans le bureau au point qu’il aurait pu laisser des traces de pas en rond sur la moquette n’avait pas fonctionné non plus. Donc, comme d’habitude quand il ne parvient pas à se détendre, Soltan avait lui aussi saisi son téléphone et cherché le nom de son cousin dans son répertoire. Zlatan avait répondu avec des « ptdr t’es qui ? » débiles qui avait fait rouler des yeux le cadet en train de pianoter des doigts sur son bureau. Avaient suivi des « pff, mais c’est moi, débile », « qui ça « moi », et qui est « débile » ? » et « non mais t’es chiant, là ! ». Il n’avait pas fallu dix secondes à Zlatan, psy de son métier (même si pour le coup ça n’a aucun rapport, c’est simplement que les cousins se connaissent depuis plus de 40 ans et sont toujours proches), pour comprendre en entendant la voix du fermier que quelque chose clochait. Avaient suivi des échanges de « ça va », « pourquoi tu dors pas » et de « oui bah, oui et toi » un peu gênants jusqu’à ce que Soltan commence à s’agacer tout seul sur sa chaise, comme l’autre tournait encore et toujours autour du pot. Ce qui est plutôt hypocrite car il est le premier à passer par des euphémismes sans arrêts.

« Mais puisque je te dis que ça va, t’arrêtes de me harceler avec ça ?! »

Grogna-t-il d’une voix irrité, quelque peu tendu. Ce n’est pas comme ça qu’il allait duper qui que ce soit, il s’en doutait bien, mais, au moins, maintenant, c’était plus clair pour tout le monde. Après s’être tu pendant quelques secondes sous le coup de la surprise (Soltan imaginait à son cousin une tête mi-outrée, mi-moqueuse qui aurait surement été comique dans un contexte plus confortable), Zlatan se manifesta de nouveau.

« Oui, m’enfin bon, c’est toi qui m’as appelé, à la base, hein. »

Comme d’habitude, le psy est mou et devait lui téléphoner avachi sur son sofa ou assis d’une manière étrange et tout à fait inconfortable par terre ou sur un siège (pourvu qu’il ne lui fasse pas le coup de tomber en arrière sur le fauteuil et de se fêler le poignet tout en disant « mais non ça vaaaaa »). Sachant bien ce que son cousin insinuant, Soltan se mit à marmonner et dévia le regard vers sa bibliothèque, comme si même à travers le téléphone, l’autre pouvait le juger du regard.

« …Et alors ? »


S’il n’avait pas un ton un peu plus grave que d’habitude, Zlatan aurait certainement sorti une vanne un peu débile pour détendre l’ambiance, mais pas cette fois.

« Beeeen, d’expérience c’est pas quand tout va bien que tu m’appelles spontanément, hein. »

Pour le coup, Soltan ne trouvait aucun contre-exemple et se contenta de faire la moue et de bafouiller quelques « ouais non, mais non c’est pas ça mais, euh », quelque peu froissé de constater que son cousin le connaissait un peu trop bien, à force.

« Mais ! C’est pas un reproche, hein ! Je suis flatté que tu oses venir me parler quand tu n’es pas en forme ! »


Au moins, il ne cherchait pas à le faire se sentir mal ni à rajouter à son stress, même si le fermier ne sait pas trop ce qu'il y a de "flatteur" là-dedans. Mine de rien et même s’il lui faisait assez confiance (sachant que la confiance, pour Soltan, c’est pas franchement évident, même si c’est son cousin), cela le rassurait et le calmait un peu.

« Hmph. »

Fut tout ce qu’il trouva à répondre sur le coup, une interjection qui est à mi-chemin entre la satisfaction et la résignation, quand elle sort de la bouche de Soltan. Comme ni l’un ni l’autre ne savait trop à qui c’était de parler, Zlatan se remit à causer le premier, car il est le plus bavard de deux et celui qui aime le moins le silence.

« Si tu ne veux pas en parler, c’est pas grave, on peut parler d’autre chose. »
« Euhm. En fait… »


Finalement, Soltan s’empressa de reprendre la parole puis hésita un peu en cherchant ses mots avant de lui raconter ce qui ne va pas trop pour lui ces derniers temps. Il lui parla de ses enfants et de Shizune qui était en vadrouille, des soucis de Marilyn à l’école et du cas de Ludwig (que Zlatan avait dû voir une ou deux fois il y a quelques années) puis enfin de la fugue de ce dernier et il évoqua aussi le boulot à la ferme qui, bien entendu, ne lui donne pas tout le temps dont il aurait besoin pour ses histoires de famille ces temps-ci. Même s’il ne s’épanchait pas sur les détails, le fermier avait l’impression désagréable de se plaindre de manière bien trop dramatique comme dans un téléfilm à la « Ma famille, mes amours, mes emmerde » (jamais il ne re-cliquera sur n’importe quoi quand il est sur Netflix). Pourtant, il n’avait fait qu’énumérer assez froidement la liste de ses problèmes et se sentait quand même con et avait aussi un peu peur de ce qu’en pensera son cousin. Celui-ci resta un petit moment silencieux entre deux « oh », « ah », « aaaah » « ah bah oui je comprends », « bon », « hein » et Soltan se dit pendant un instant qu’il avait peut-être réussi à endormir Zlatan. Mais en fait, non.

« Tu veux que je vienne t’aider ? »


Il avait l’air tout fier, en posant sa question et Soltan tomba des nues. Après être resté plusieurs secondes interdit et buggué, le fermier ne put que demander s’il avait bien entendu :

« …Quoi ? »
« Biiiin, que je vienne jusqu’à chez toi, je pourrais m’occuper un peu des enfants pendant que tu t’occupes de tes problèmes ! »


Répondit l’autre du tac-au-tac, ne démordant pas de son idée fumeuse. Enfin, pas fumeuse, c’est vrai qu’il est pertinent d’observer que Soltan a peut-être un peu besoin d’aide. Dans un premier temps il était tout à fait exclu pour lui de dire « oui » si facilement, ne serait-ce que parce qu’il n’a aucune envie que son cousin fasse des aménagements dans sa vie et son boulot à lui pour se déplacer et « gâcher » son temps à lui à la ferme avec des gamins parfois difficiles (enfin, difficiles et capricieux comme des gamins normaux, quoi).

« Arrête un peu tes conneries. Et ton travail ? »

Il se demanda pourquoi cette question fit ricaner Zlatan un peu nerveusement puis de bon cœur. Il devait être en train de se balancer sur son siège, à ce moment précis.

« Je suis au chômage depuis un mois ! »


Là, le fermier était largué. Déjà que la situation générale le mettait un peu à côté de ses pompes, s’il devait aussi acquérir toutes les informations concernant les changements brusques (et qu’il trouvait un peu inquiétants, car il n’en avait encore jamais entendu parler) de la vie de son cousin. Aux dernières nouvelles, il était très satisfait d’être psychologue en établissement spécialisé et ça l’étonnerait beaucoup qu’il se soit fait virer (quoique…). En constatant le silence inquiet de Soltan, le plus âgé eut un nouveau rire nerveux et repris, manifestement un peu gêné d’étaler ses histoires à son tour.

« Oui, euh, bon, c’est une longue histoire, hein, mais… c’est pour dire que je fous pas grand-chose en ce moment, ça ne me pose vraiment pas de problèmes de passer une ou deux semaines le temps que… bah, que ça s’arrange pour vous, quoi. »


Maintenant qu’il avait parlé de son chômage, Soltan n’arrivait plus à lui trouver des excuses pour qu’il ne vienne pas jusqu’à Cayagane depuis Unys où il vit depuis des années (paraît-il qu’il voit aussi Illéas, le frère de Soltan, régulièrement, mais c’est un autre sujet). Le père de famille se massa l’arrête du nez en grognant. Même s’il refusait, Zlatan passerait quand même, à ce train-là. Ce n’est pas que ça le dérangerait, mais il avait juste peur qu’il se sente mal accueilli en arrivant au milieu de ce joyeux bordel. Enfin, c’est lui qui a proposé et ce ne serait pas la première fois qu’il garde et s’occupe de Marilyn, Iris et Mikoto. Soltan soupira, résigné et soulagé en sentant que le nœud dans son ventre commençait à se défaire doucement. Probablement que ce n’était pas une si mauvaise idée.

« … Euhm, Soltan, t’es encore là ? »

Fit l’autre à l’autre bout du fil, d‘une voix plus tranquille. Il semblait craindre d’avoir brusqué son cousin. Soltan, qui était redevenu plus calme répondit sur un ton plus posé :

« Bah, oui. »

Les secondes qui suivirent, Zlatan ne répondit pas, mais, à la place, le quarantenaire entendit pianoter sur un clavier d’ordinateur à toute vitesse. En imaginant ce que l’autre devait être en train de faire il hésita entre sourire et lever les yeux au plafond.

« ...Me dis pas que t’es déjà en train de réserver tes places. »

Feignant tout d’abord l’innocence, Zlatan émit un rire bref et un « bah quoi ? » narquois, avant de tout de même demander confirmation au fermer, afin savoir si c’était vraiment correct qu’il vienne jusqu’à Cayagane. Ce dernier soupira puis approuva une bonne fois pour toute sans plus culpabiliser, sachant bien que de toute manière, son cousin n’était pas vraiment du genre à regretter quand il s’organisait à l’improviste. Puis, les enfants seraient contents de voir leur oncle, enfin, leur grand cousin, mais pour eux, avec la trop grande différence d’âge pour l’appeler « cousin », c’est Tonton Zlatan. Mine de rien, Soltan sera content aussi (ça lui fait toujours plaisir de faire la cuisine pour plus de gens, un de plus ou un de moins…) et il sait qu’il pourra faire confiance à l’autre pour garder la maison et que, oui, réellement, il lui sera surement d’une aide assez précieuse.

« Ah, et, tu as toujours ma moto chez toi, hein ? »

S'il l'avait balancée, probablement que le psy (enfin, ancien psy) l'aurait boudé pendant au moins 1 jour. Un peu amusé, Soltan le rassura que sa bécane n'avait pas bougé mais allait très probablement nécéssiter un dépoussièrage puis il lui rapella quelques trucs pour qu'il prenne ses billets sans trop perdre de sous (enfin vu comment Zlatan a l'habitude de gérer ses sous, c'est un peu le cadet de ses soucis, jusqu'au moment ou il se rend compte qu'il est à découvert de 300 et plus et que «
oh bah mince la carte bleue elle marche plus mais bon euh, c'est sûrement juste la puce, hein »)...

« Hem... merci, en tout cas, hein. »

Fit Soltan d'une voix presque timide avant que son cousin ne racroche. Il avait l'impression qu'un poids sur sa conscience venait de partiellement s'envoler et qu'il domirait bien, cette nuit, en espérant avoir des nouvelles de son protégé demain.. Mais pour ça, il faudra attendre encore un peu.
Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Lun 7 Jan 2019 - 15:56
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