J’ai beau faire n’importe quoi, je n’arrive pas à me sortir l’inconnu, rencontré sur le bateau du nouvel an, de la tête. Cet homme m’intrigue beaucoup, un peu trop. En rentrant à l’hôtel, je me suis effondré sur mon lit, regrettant de n’avoir dormi que trois heures lors du réveillon. J’ai passé la journée d’hier à m’occuper d’Élisabeth avec Victoria, Andrew et Charles. J’ai organisé une petite sortie près des plages pour les faire sortir un peu, mais le froid hivernal – bien que plus chaud qu’à Londres – a écourté notre petite escapade. Malgré cette journée chargée, ce qui ne m’est pas arrivé depuis longtemps, l’homme dont je ne connais que le nom n’est pas sorti une minute de mon esprit. J’ai regardé sa carte de visite pendant des heures, mais n’ai pas réussi à chercher son identité sur Internet, peut-être a-t-il un profil LinkedIn ou je ne sais quoi d’autre. Il a dit qu’il pouvait m’être utile, mais comment ? L’aide de quelqu’un est bien la dernière chose dont j’ai besoin. Il aide sûrement les jeunes dresseurs dans leur périple, mais dans ce cas-là, il serait un minimum connu dans la région. À quoi correspond l’arbre sur sa carte ? Je ne vois pas trop à quoi ça peut bien faire référence. La nature, peut-être. Bref, voilà ce à quoi ont ressemblé mes pensées durant la nuit et toute la matinée. C’est pourquoi, après un bon repas à l’hôtel, j’ai décidé de me promener dans Nuva Eja. Mais après deux heures dans le centre-ville bondé de monde tous aussi insupportable que les autres, j’ai décidé de m’éloigner un peu vers un terrain qui m’est peu connu, là où la nature prend ses droits. Les environs de la seule ville de l’île sont composés de champs à perte de vue. Je m’y étais déjà aventuré auparavant, mais cette fois-ci, je suis en pleine possession de mes moyens. Je me sens beaucoup mieux depuis la naissance de ma petite Salamèche. J’essaie d’en profiter un maximum, car je sais très bien que ce sera éphémère. Surtout si mes pensées sont inondées d’Éloi Béranger et de toutes les interrogations qui l’entoure. Et voilà, je n’arrive même pas à me concentrer quelques minutes. Il va vraiment falloir que je fasse des recherches sur cet homme pour comprendre un peu mieux qui il est. Mais je dois aussi penser à récolter les badges d’Enola. Pour cela, je dois me rendre dans la métropole. La capitale sera ma première destination, puis je m’aventurerai dans les coins les plus reculés : à moi de sortir de ma zone de confort.

- Regarde comme c’est beau !

Je marche dans un magnifique champ de fleurs accompagné d’Élisabeth qui découvre cette nature pour la première fois. Si Andrew et Charles sont dans leur pokéball, Victoria quant à elle traîne du pied. Elle n’est pas la plus active et préfère dormir paisiblement dans un lit bien confortable. Je l’ai déjà vu se battre, elle sait se montrer extrêmement rude et coriace, mais c’est seulement lorsque l’envie lui prend. Là, aujourd’hui et à cette heure, elle a plus envie de ne rien faire que de marcher en notre compagnie. Je jette souvent des regards derrière moi pour m’assurer qu’elle nous suit bien, elle serait capable de se poser sous un arbre et de s’endormir dessous sans faire attention à nous. Bon, au moins ma Salamèche semble être plus curieuse que sa camarade, elle me suit au pas et ne peut pas s’empêcher de toucher tout ce qu’elle voit pour la première fois. Que ce soit une fleur ou un simple caillou, elle admire absolument tout. Je pense qu’elle sera plus facile à élever que ses trois comparses qui semblent beaucoup moins coopératifs qu’elle. Au moins une sur quatre, c’est déjà pas mal. Elle sera une très bonne combattante. Je connais très bien ses évolutions en plus, ce sont des espèces redoutables bien qu’ayant des faiblesses. C’est pour ça qu’il faut les entraîner à fond dès le début, je l’enverrai sûrement se battre contre plusieurs champions d’arène. Pas le premier, elle est encore jeune. Mais pour les suivants, il n’y a aucun doute : elle sera sûrement ma partenaire de prédilection. Je me vois déjà combattre contre un conseiller, fort et fier de mon expérience acquis lors de cette aventure...qui n’a même pas commencé. Il va vraiment falloir que je me lance, j’ai déjà mon ticket de ferry pour lundi prochain, destination Vanawi. Un peu d’entraînement puis premier match d’arène : je me sens déjà prêt. C’est fou qu’en vingt-et-un de vie, ce soit la première fois que j’ai cet état d’esprit. La gagne est enfin venue en moi, j’en veux beaucoup plus. Je me dois d’être le meilleur et de me faire un nom à Enola, rien que pour rendre hommage à ma mère. Il est enfin temps pour moi de prendre une grande revanche sur ma vie.