Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

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Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
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Une mise au point dans le poulailler. (OS)
Ludwig Green
Une mise au point dans le poulailler.
Ferme des Green-Onizuka - Fin juin 2024
/!/ TW : l'OS parle un peu de burn out/dépression et de problèmes d'addiction. /!/
L'OS est principalement écrit du PdV de Soltan. Les dialogues en italiques sont pour signaler les passages où les personnages parlent en anglais. Suite et fin de cet OS et de cet OS.


« Papa, y’a tonton il est revenu ! »

Iris vint chercher son paternel directement dans la grange où ce dernier était en train de faire un inventaire de son materiel. Elle le prit par la main et Soltan se plia en deux pour suivre sa cadette jusque derrière la maison. Son cousin l’ancien psy était effectivement là, comme une fleur, en train de bricoler avec du grillage et des planches aux côtés de MIkoto qui le collait et lui passait les outils, et de Marilyn occupée à retenir un poulet dans ses bras.

« Ah. »


Fit le fermier, bras ballants et surpris de n’avoir même pas au moins entendu l’autre se ramener en moto. Cependant il avait bien d’autres questions.

« Qu’est-ce que tu fous ? C’est quoi cette poule ? »


Zlatan se retourna et envoya un air narquois à son cousin. Ça n’avait pas vraiment manqué à Soltan, tout ça. Quoique. Peut-être un peu. Mais juste un tout petit peu.

« Heh. Content de te voir aussi, hein. »

Peu soucieuse de l’échange entre les deux adultes edgy, Iris se mit à sautiller sur place.

« On va faire un poulailler pour Cot-coquette ! »

Déclara la plus jeune brune avec une certaine fierté. Marilyn leva les yeux au ciel en posant le poulet dans l’herbe et en le surveillant pour qu’il ne s’enfuie pas.

« On a dit on l’appellera Dante ou Sephiroth. Pas Cot-Coquette. »
« Ils sont nuls, ces noms, y’a que toi qui les aime ! »
« C’est toi la nulle ! »


La cadette serra les poings et tapa du pied en tirant la langue à Marilyn qui l’imita avant d’aller chercher le poulet. Leur père leur intima calmement d’être gentilles l’une avec l’autre (ce qui n’empêcha pas les deux filles de continuer de s’envoyer des grimaces une fois que Soltan eut le dos tourné) puis se rapprocha de son cousin et de son ouvrage. Il posa ses mains sur ses hanches et l’observa avec une certaine lassitude. Il avait annoncé qu’il reviendrait dans les jours à venir, mais Soltan ne comprenait pas bien pourquoi au lieu de le saluer, Zlatan s’était précipité sur cette histoire de poulailler. Il ne comprend pas tout ce que fait son ainé, des fois. Il misa sur la théorie que c’était la manière de ce dernier de se faire pardonner pour la dernière fois, ou de remercier a famille de son cousin pour leur hospitalité. Soltan préférerait encore qu’il le dise clairement plutôt que… bref, s’il commençait à essayer de comprendre, il en aurait pour l’après-midi. En réalisant que le fermier patibulaire le fixait en pinçant les lèvres, Zlatan plissa les yeux d’un air sceptique en regardant le Green.

« Quoi, tu en voulais pas un, de poulet ? »

Le fermier cligna des yeux. C’est vrai qu’il avait dit ça… il y a 3 semaines au moins ? Pourquoi Zlatan ne pouvait-il pas utiliser sa mémoire pour des choses vraiment utiles, des fois ? En plus, ils s’étaient visiblement mal compris.

« Bah, ouais, mais pour le manger, dumbass. On en a pris au marché y’a pas longtemps en plus. Celui-là qu’est-ce que tu veux que… »

Enfin, il est aussi vrai qu’Iris avait aussi dit plusieurs fois qu’elle aimerait avoir des poules à la maison.

« …Aaaah… »

L’unyssien avait l’air un peu bête, maintenant, avec son début de poulailler et son poulet maigrelet visiblement trop paumé pour songer à s’enfuir. Ce dernier émettait des « cot cot » confus et marchait en tournant autour de Marilyn qui s’amusait beaucoup de le voir ainsi car « c’est vraiment trop con un poulet ». En entendant la conversation de son père et de son oncle, Mikoto se redressa tout d’un coup et courru vers son mère dont il agrippa le tissu du pantalon en tirant dessus dans une attitude paniquée.

« Noooooooon ! On va pas manger Monsieur Poulette, hein ?! »

Il en avait les larmes aux yeux et Soltan se sentit tout de suite un peu coupable. Derrière, Iris eut l’air conquise par le nouveau nom trouvé par son jumeau et s’en alla essayer convaincre Marilyn d’officiellement nommer leur poulet ainsi.

« Euh, eh ben… euh… »

Embarrassé et ne voulant pas faire de la peine à son fils, le fermier tenta de calmer le garçonnet en se baissant pour lui caresser les cheveux et le laisser se coller à lui pour se remettre de ses émotions.

« En plus y peut même pas faire d’œufs. »

Grogna-t-il en regardant le galinacé en question. Encore une fois, l’unyssien eut l’air embarrassé mais continua de se concentrer sur la construction du petit poulailler.

« Mais… il était pas cher. »


Ce n’était pas vraiment le problème. En un sens tant mieux si l’autre andouile ne s’était pas ruiné en plus de ça, mais vu comme la bestiole était maigrelette et boitillait, son ancien propriétaire voulait certainement s’en débarrasser.

« Tu m’étonnes. »

Ce qui est assez triste, finalement et qui fit pitié au fermier qui n’avait plus vraiment le cœur de demander à son cousin de rapporter « Monsieur Poulette » à la personne qui lui avait vendu. Pendant qu’ils conversaient, Mikoto, lui était toujours accroché dans les bras de son père et reniflait de manière un peu trop excessive pour que ça ne soit pas forcé.

« Miko, arrêtes de pleurer, on le mangera pas. »

Etrangement, le petit gris s’arrêta de sanglotter dans l’instant et se détacha de son père pour retourner regarder son oncle bricoler avec un « merci papa ! ». Soltan soupira et resta un instant avec un genou à terre en regardant ses enfants et son cousin s’affairer à leurs tâches. Il pinça les lèvres et lança, d’un air sceptiques, aux quatre autres :

« C’est bien joli tout ça mais qui va s’en occuper ? »

Sans même hésiter une fraction de seconde, Mikoto leva le bras.

« Moi ! »

Derrière lui, Marilyn leva les yeux au ciel et gloussa.

« Pfff, genre ! »

Iris se manifesta à son tour et couru aux côtés de son frère jumeau pour le supporter, toujours en trépignant sur ses pieds, comme elle a toujours la bougeotte et ne peux pas s’en empêcher.

« Moi aussi ! Et Marilyn aussi ! On s’en occupera tous les trois ! »

Comme sa sœur avait parlé à sa sœur, Marilyn tenta de s’opposer à cette décision mais n’eut pas l’air très crédible comme elle était en train de faire des câlins à Monsieur Poulette. En voyant que son paternel semblait toujours sceptique, Iris renchérit.

« Lulu voudra aussi bien nous aider, c’est sûr ! »


Cette fois, Soltan souffla du nez, comme en retenant un gloussement. La scène l’attendrissait, et imaginer ses enfants… enfin, ses enfants et son protégé, les imaginer en train de s’occuper des poules dans un petit enclos construit avec leur tonton, ça le faisait un peu fondre intérieurement. C’est malin, maintenant le fermier voulait acheter d’autres poules pour les œufs et pour s’en occuper avec les jeunes. En voyant son cadet s’attendrir, Zlatan avait l’air content de son coup et dissimula un rictus sincère en se remettant sur son ouvrage. Tandis que le fermier devait retourner travailler, le Eriksen invita Iris, Mikoto et Marilyn l’aider et ces derniers semblaient fort enthousiastes de se mettre à œuvrer pour offrir à Monsieur Poulette un joli habitat.


***


Une fois de plus, la journée passa beaucoup trop vite aux yeux du fermier qui finit dans son bureau à répondre à ses mails, regrettant encore une fois de ne pas avoir pris de pause pour faire une sieste au vu du mal de crâne qui l’avait saisi et l’empêchait de se concentrer. Et il lui restait encore à prévoir le repas quand Shizune serait de retour des courses (et il aimerait que Ludwig prévienne quand il sera rentré du skate park). Tout ça pour dire que la journée n’était pas encore terminée et qu’il n’arrivait pas à s’arrêter, même s’il essayait. Mais pour avoir moins de travail, il lui fallait embaucher de nouvelles personnes et pour ça, préparer des entrevues. Prendre la décision de s’accompagner de nouveaux ou de nouvelles collaborateurices lui avait déjà coûté des insomnies, mais il lui avait fallu ravaler son orgueil. L’idée de faire un jour un malaise devant ses enfants avait fini de le convaincre de s’entourer au niveau professionnel. Et puis, maintenant qu’il y pensait, il pouvait désormais payer des gens avec de l’argent qui ne serais pas sale et pas accumulé d’il y a plusieurs années. Mine de rien, ç’aurait été quelque peu illégal et le fermier n’aime pas entrainer des gens avec lui dans ses anciennes erreurs. Personne n’a besoin de savoir, après tout. Quand il aura finalement trouvé les bonnes personnes (car il allait être exigeant, étant donné que ses futur.e.s collaborateurices côtoieraient de loin sa famille), il sera aussi plus souple sur son temps libre. Ce qui permettra aussi à Shizune de pouvoir consacrer plus de temps à ses propres projets. Ainsi, avec les vacances, comme les enfants aimeraient bien ne pas faire que rester dans la ferme ou dans le coin, peut-être pourront-ils voyager un peu. A Unys, ce serait bien, se disait de plus en plus le Green qui repensait souvent à sa famille biologique avec qui il n’avait pas parlé depuis des années. Zlatan lui donnait toujours des nouvelles d’elleux : ses parents, Sofia et Ronald, se faisaient vieux, son grand frère Illéas était bien casé avec son compagnon et ses deux enfants. Apparemment, ces gens voudraient bien le revoir en personne et Soltan songeait aussi à Iris, Mikoto et Marilyn. Peut-être bien que sa progéniture avait envie de connaître leurs grands-parents, leurs oncles et leurs cousins. Tout ça laissait un peu Soltan rêveur, plus qu’il ne voulait l’admettre. Il pouvait un peu entrevoir le moment où il aurait commencé à ranger sa vie, où l’idée de consacrer plus de temps à lui-même ne serait plus aussi pénible.

Le presque cinquantenaire commençait à piquer du nez en essayant de trouver la bonne formule de politesse à mettre dans son mail. Il était en train de s’avachir sur le bureau quand son cousin fit irruption dans la pièce et s’écrasa dans le fauteuil en face de son poste de travail. Soltan fut assez surpris d’être soulagé de voir l’unyssien qui lui donnait une bonne excuse de s’arrêter de bosser pour la journée.

« Mission accomplie, chef. »

Enthousiaste bien que l’air quelque peu exténué, Zlatan parlait certainement de la maison de Monsieur Poulette. A cette pensée, le fermier ne put retenir un sourire en coin puis il était encore si gaga de la scène du début d’après-midi qu’il était certain qu’il craquerait pour ramener d’autres amis à plume au poulet maigrelet qu’il allait encourager ses enfants à bien nourrir. Accessoirement, il était bien content de revoir le plus vieux. Il admettra qu’il s’était inquiété pour lui, ces dernières semaines et à cause de ça, il l’avait bien engueulé quand ce dernier l’avait appellé, tout penaud, pour lui dire qu’il avait paumé depuis une semaine à sa moto à la fourrière et qu’il lui fallait des papiers et qu’après ça il n’avait plus assez de sous. Pourquoi avait-il attendu le dernier moment pour dire tout ça à Soltan en pleine panique, le fermier ne savait pas mais ça l’avait préoccupé et donc, il avait un peu ordonné à son cousin « de rentrer à la ferme se reposer et d’arrêter ses conneries ». Et en rentrant ce crétin avait été obligé de construire un enclos pour un poulet (personne n’aurait pu l’en dissuader) au lieu d’aller dormir... Bref. C’est assez hypocrite après ça de reprocher à Zlatan de se mêler des affaires de son cousin Soltan, quand ce dernier n’est pas le dernier pour se montrer surprotecteur également. Tout ça pour dire que Soltan se sentait mieux maintenant que le Eriksen était de retour, même s’il n’était pas doué pour lui dire en face et préférait le vanner avec un sourire en coin.

« C’est toi qu’a décidé tout seul avec les jumeaux alors que t’étais censé rentrer pour te reposer, j’te rappelle. »

Zlatan rendit son air narquois à son cousin et s’étale encore plus dans son siège.

« Heh, vrai. C'est ballot. »


Le brun-châtain sortit son téléphone et tapota un peu dessus d’un air jovial. Soltan trouvait que malgré ses mésaventures dans le sud de l’île, l’ancien psy avait l’air plutôt en forme.

« T’es de bonne humeur. »

Fit-il d’une voix monocorde, comme d’habitude, mais tout de même intérieurement réjoui pour l’autre.

« Bah, quoi, j’ai pas le droit ? »


Répliqua l’autre avec son sourire provocateur habituel. Pas étonnant que Shizune les traite de gamins quand ils sont tous les deux à être incapables d’être sincères entre eux. Enfin, si, ils sont sincères, mais, ça passe par des vannes et pas forcément par les mots. Soltan trouve ça de plus en plus ridicule aussi mais a un peu trop l’habitude pour cesser.

« C’est pas ce que je dis. »

Il se dit qu’il allait arrêter de faire l’edgelord deux minutes et redevint un peu plus sérieux. Leurs espèces de séances de vannes dignes d’adolescents un peu bêtes, ça devenait lassant avec le temps, mais Soltan ne sait pas si son cousin s’en rendant compte comme lui. En plus, maintenant que l’unyssien était de retour, il y a des choses qu’ils avaient laissé de côté et dont ils devaient parler. Le silence qui suivi en devint quelque peu pesant, jusqu’à ce que les deux cousins semblent décider en même temps de se parler.

« Bon, euh… » « Euh… »


Leurs mots se chevauchèrent et ils échangèrent plusieurs regards gênés avant de reprendre en croyant que l’autre l’attendait.

« Toi d’abord. » « Non, toi, vas-y. »

Encore. Ça devenait gênant. Les deux grognèrent en parfaite synchronisation un bref blanc passa entre eux. Finalement, ils ne savaient plus lequel devait parler en premier.

« Bah… désolé pour... » « Non, non, c’est moi, pardon pour l’embrouille de la dernière fois. »

Tout ça pour ça. Les deux se turent, puis soupirèrent et gloussèrent avec des airs exaspérés. Au moins ils étaient sur la même longueur d’onde et c’est tout ce qui compte, mais ça reste laborieux pour en arriver là. Soltan détendit ses épaules en soufflant du nez.

« C’est bon, on a tous les deux été des gros cons. »

Finit par dire le fermier, ce qui fut approuver sans grande hésitation par un hochement de tête de Zlatan en face de lui.

« Ouais, carrément. »

L’ange du malaise passager fit encore un tour dans le bureau avant que ce soit l’ancien psy qui reprenne la parole afin de le chasser.

« Bon, euh… alors, on est cools ? »
« On est cools. »


Soltan eut un hochement de tête appuyé et se réjouit intérieurement en voyant le cinquantenaire sourire avec une mine très réjouie. Visiblement, ça le soulageait. Le fermier se sentait un peu mieux aussi. Il se mit tout de même à regarder vers le mur en se remettant à parler.

« Et j’suis content de te revoir. J’étais un peu, euh… inquiet. »


Le père de famille pinça les lèvres et ses épaules se tendirent malgré lui. Il balaya la pièce des yeux comme pour vérifier que personne ne l’avait entendu prononcer ces paroles ô combien embarrassantes ! Peut-être que le fantôme de papy Horatio le macho qui trouve que c’est dégradant et pas viril d’exprimer ses sentiments allait surgir de derrière une étagère pour les bolosser… sait-on jamais.

« Oh, bah, euh, bah, pareil hein, content de te revoir toi et les enfants et… bref. »

Après une nouvelle longue seconde de suspens, les deux adultes coincés firent mine de s’éclaircir la gorge en parfaite synchronisation. Cela rendit la situation plus ridicule encore, alors les deux gloussèrent bêtement afin d’étouffer leur gêne.

« On a l’air cons, nan ? »


Désormais écrasé dans son fauteuil avec un manspread de la taille d’un Baguin-Zazambes qui semblait très inconfortable, Zlatan hocha la tête de manière appuyée tout en jouant sur son téléphone.

« Grave. »

Ce fut au tour de Soltan de s’enfoncer dans son siège pour se détendre pour la première fois de sa journée (il faudrait qu’il remédie à cette sale habitude, déjà qu’il avait mal au dos en permanence à force de faire trop peu de pauses). Il fit craquer son cou en repensant à ces dernières semaines et aux explications bancales qu’il avait eu de la part de son cousin quand son dernier l’avait appelé en catastrophe quelques jours avant de revenir. Sur le coup, il l’avait fustigé en lui reprochant de ne pas avoir demandé de l’aide avant, puis avait grogné de plus belle quand Zlatan (du genre à faire de trucs stupides lorsqu’il part « bouder ») avait donné des excuses absurdes à là « j’ai oublié lol » (encore la fichue fierté mal placée d’un Eriksen, ça). Au fond, même s’il était encore un peu rancunier pour leur engueulade sans queue ni tête, Soltan avait envie de repartir sur de bonnes bases avec son cousin.

« M’enfin, tu foutais quoi dans le sud ? »


Le brun-châtain se mit à sourire en coin l’air un peu nostalgique avant de commencer son bref récit, sans trop rentrer dans les détails non plus.

« Bah euh, je suis allé voir Julianne, Makoto et Reine à Vanawi, c’était un peu awkward mais c’était sympa… »


Soltan n’a pas croisé la fille biologique de son cousin et la petite Makoto depuis bien longtemps. Il ne savait pas vraiment ce qu’elle était devenue après ce qui s’était passé à Amanil il y a 6 ans, mis à part qu’elle était tombée après la fin du Régime dont elle faisait partie et s’était retrouvée en prison. En même temps, en était une ancienne générale, Julianne n’aurait probablement pas pu échapper à un tel sort. Mais, quand Zlatan lui avait parlé de Julianne en arrivant il y a plusieurs mois Soltan avait appris que la situation de cette dernière avait changé et compris qu’elle avait obtenu une sorte de liberté conditionnelle. Pour ce qui est de Reine, en revanche, Soltan ne la connaissait pas en dehors du fait qu’elle était la mère de Julianne.

« Elle est au campus d’Elixir, maintenant. ‘Fin, elle est un peu à l’étroit et a pu ses affaires de chez elle mais c’est toujours mieux que la prison. »


Continua le psy sur un ton plus grave, interpellant au passage Soltan. Même s’il n’a pas une relation parentale avec Julianne, l’ancien psy semble tout de même un peu concerné par ce qu’elle devient et soucieux. Soltan n’irait pas juger si l’autre se daronise un peu malgré lui… après tout, c’est quelque chose dont il a aussi du mal à s’empêcher auprès de Ludwig. Après une courte pause, Zlatan repris avec un vague haussement d’épaule.

« Elle disait qu’elle était contente de travailler sur ses recherches pour aider les gens. Et Makoto a l’air contente aussi, donc, tant mieux. »


L’air toujours songeur, le Eriksen passa à un autre sujet.

« Ensuite, je suis descendu vers Zazambes et je me suis mal stationné et tu connais la suite. »


Soltan grimaça en se retenant de la ramener encore une fois pour reprocher à son cousin son imprudence mais Zlatan l’avait déjà assez entendu sur ce sujet. Le fermier se contenta de soupirer en levant les yeux au ciel d’un air désapprobateur puis de passer l’éponge sur cette histoire. Ça aurait pu être pire. L’autre aurait pu être capable d’oublier ses médicaments, aussi… Soltan s’arrêta de se remettre dans un mode paternaliste à cette dernière pensée : il devait arrêter d’être aussi surprotecteur avec tout le monde et commencer à s’occuper un peu plus de lui (et parti ainsi, ça débutait mal). En essayant de se tenir à cette résolution (sans y parvenir), le Green se demandait quand même ce que son cousin allait faire maintenant qu’il était revenu.

« Tu vas rester encore un peu, du coup? »
« Euh… ça dérange pas… ? »


Son interlocuteur avait l’air de vouloir rester encore un peu. S’il n’était pas du genre à influencer ses proches, Soltan se réjouissait intérieurement (faut pas le dire, l’affection c’est cracra et pas viril y parait, bouh). Le fermier se disait que Zlatan avait ses raisons de trainer encore un peu dans le coin, même s’il n’avait pas vraiment voulu discuter à cœur ouvert de ce qui faisait qu’il ne retournait pas à Unys. Soltan avait compris que son cousin avait eu une période de rechute dans ses problèmes avec la drogue, mais n’en savait pas vraiment plus. Enfin, dans tous les cas, ça convenait à l’enolian qui se sentait bien quand Zlatan était dans le coin. Les enfants étaient contents aussi et Shizune n'avait pas formulé d'objection.

« Nan. Tu peux rester. »

A ces mots, le silence revint dans le bureau et les pensées du fermier aux cheveux gris se remirent à vagabonder. Penser aux raisons qui motivaient Zlatan a rester sur Enola lui rappelait pourquoi il ne voulait pas retourner à Unys non plus, là où il y a le reste de sa famille biologique… de sa famille tout court, comme il considère toujours Sofia et Ronald comme ses parents, Illéas comme son frère et ses neveux comme tels même s’il ne les a connus qu’enfants et que ces derniers n’ont certainement qu’un très vague souvenir de lui. Ce n’est pas qu’il ne veut pas les revoir mais il n’arrive pas vraiment à savoir ce qu’il veut. Soltan a passé des années à se dire qu’il avait le temps d’y penser plus tard, qu’il y penserait quand il aurait réparé toutes ses erreurs, réglé tous ses problèmes. Sauf que ça ne marche pas ainsi. Des choses à régler avec lui-même, il y en aurait toujours. Il était inutile de chercher à être la Sacro-Sainte Repentance en personne pour finalement s’accepter et se dire qu’il mérite de consacrer son temps pour réaliser des projets auxquels il tient. Le fermier savait qu’avec son passé de criminel, il avait déjà commis l’irréparable. Il ne cherchait pas à ce que d’autres personnes cautionnent cet état de fait. Mais il n’avait plus envie de se priver de la vie qu’il désirait pour lui et sa famille à cause de ça. Il s’était dit pendant longtemps qu’il méritait de ne pas être heureux mais… le fait est qu’il avait trouvé quelque chose qui le rendait heureux. Evidemment, conserver ça lui demande d’y travailler tous les jours, ce n’est pas gratuit. Mais c’est comme ça et ça lui convient.

« Eh, Zlat’. »


Lui vint l’envie de faire part de ses interrogations internes à son cousin, mais lorsque ce dernier tourna la tête vers lui, Soltan voulut se rétracter. Zlatan le connait depuis largement assez longtemps pour savoir qu’il n’est pas faire de marbre et pourtant, le fermier en est encore à hésiter à chaque fois qu’il risque de se montre vulnérable.

« Rien, je pensais à un truc, mais c’est con. »

Le Eriksen lui adressa son regard blasé des fois où il voyait bien que Soltan esquivait de l’embêtait avec quelque chose qui le travaillait. Il renifla et s’adressa au plus jeune avec son habituel ton de cinquantenaire grincheux.

« Accouches, j’lis pas dans les pensées, moi ! »

Soltan grimaça en constatant sa propre transparence et s’offusqua des propos que l’autre prononçant en élevant un peu trop le ton à son goût. Il n’y avait littéralement que 2 mètres qui les séparait alors c’était inutile de parler fort.

« Gueules pas. »
Suite à un autre grognement guttural, il reprit : « C’est con, mais, je pensais juste que, peut-être, je pourrais aller à Unys, un coup. Avec les enfants. Quand j’aurais trouvé des gens pour la ferme »

Songeur, le fermier s’avachit par-dessus son bureau en s’appuyant sur son coude.

« Si j’y vais pas avant que les vieux clamsent, je vais mal le vivre. »


Il souffla du nez de manière sonore, un peu lassé de lui-même et de ses questionnements existentiels qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver stupides. Ses parents devaient avoir passé les 80 ans, désormais, d’où certaines inquiétudes au sujet de leur santé. Comme il voyait que son cousin avait l’air de tourner en rond et de se renfrogner, Zlatan reprit la parole, non sans une brève hésitation.

« Y me demandent souvent des nouvelles de toi. »
« …Ah. »


En réalité, Soltan n’était pas tant surpris que ça, car son cousin lui avait déjà dit, que sa famille se demandait ce qu’il devenait. Mais d’une manière ou d’une autre, il oublie presque à chaque fois. Probablement car il est un peu persuadé de ne pas valoir la peine qu’on parle de lui s’il n’est pas redevenu un être humain exemplaire et sans défauts. Irrité par sa propre capacité à zapper tout ce qui pourrait lui être agréable ou lui faire ressentir des choses positives, le fermier se retint de soupirer et voulut en savoir plus.

« Et tu leur dis quoi ? »

L’ancien psy prit un petit moment pour réfléchir à sa réponse, rendu perplexe par la demande de l’autre. Soltan lui-même ne savait pas trop s’il attendait d’être rassuré où s’il s’agissait vraiment de sa simple curiosité.

« Bah, comment tu vis, que t’as tes gamins, ta ferme, tout ça, pis des anecdotes. »


Oui, le basique, quoi. Pas comme s’il y avait grand-chose à dire de plus à son sujet. Quoique, c’est Zlatan, il est capable d’extrapoler et de s’attarder sur des petits détails apparemment insignifiants pendant de longues minutes. Le père de famille regarda ses papiers sur son bureau et commença à les re-trier pour s’occuper les mains tout en reprenant la parole, sans être vraiment à l’aise tandis qu’il se confiait.

« Ça ferait surement plaisir aux gosses, de les connaître, y posent pas mal de questions en ce moment, mais... bon, ça fait un bail et c’est un peu bizarre. »

Iris, surtout, avait commencé à demander de plus en plus souvent à son père et son oncle des choses comme « l’autre jour à Yelena elle m’a invité à prendre le goùter chez sa mamie et son papi mais papa nous notre mamie et notre papi y sont où ? » ou encore « mais si on a une mamie et un papi pourquoi on va pas leur rendre visite ? » etc. Soltan ne pense pas qu’il soit capital de connaître intégralement tous les membres de sa famille biologique, mais, en l’occurrence, il comprend la motivation et la curiosité de ses enfants. D’un autre côté, c’était plus facile à dire qu’à faire quand on sait que cela fait bien 10 à 15 ans qu’il n’a pas parlé à tout ce beau petit monde. Mais au moins pour revoir son grand frère Illéas et ses enfants, car il est curieux de ce qu’ils deviennent, Soltan pèse sérieusement la question, le pour et le contre et trouve plus de « pour » que de « contre ».

« Je sais que c’était tendu entre toi et ton frangin, mais, il a vraiment changé, depuis qu’il est avec Douglas et puis, y’a ses gamins aussi. Même si son premier est… hem. On l’aime bien, hein, m’enfin, bref. Bon, on va dire qu’y ont de qui tenir. Je vais pas te gâcher la surprise. »

Soltan souffla du nez, amusé par la remarque de Zlatan qui faisait sans doute référence à Raol, l’ainé d’Illéas. La dernière fois qu’il l’avait vu, Raol devait avoir dans les 5 ou 6 ans et son petit frère commençait à peine à marcher. Cette dernière entrevue avec ses neveux avait aussi été très brève mais il arrivait au fermier de se demander si Illéas parlait de lui à ses enfants, parfois. Zlatan lui parlait de temps en temps de ses neveux car apparemment, il s’entendait bien avec Tolan (le plus jeune), en pleine crise d’adolescence et qui se plaignait à longueur de journée de son grand frère Raol, qui apparemment, avait tourné complètement élitiste et facho depuis le début de ses études de droit. Ces deux-là passaient leurs journées à se disputer et à épuiser leurs pères, à ce qu’il parait. Cela rappelait des souvenirs au fermier… lui et Illéas se chamaillaient sans cesse aussi et il se souvint avoir souvent gueulé sur son grand frère pour lui dire à quel point il le trouvait hautain et bouché. Avec ça, ça avait l’air tout de même plus joyeux qu’avant, chez les Green.

« On était des gamins avec Illéas, je lui en veut plus. C’est plus avec les vieux que j’ai du mal. Mais ça m’emmerde d’avoir ça sur la conscience aussi. »


Oui, de l’eau avait coulé sous les ponts, vis-à-vis des vieux désaccords de Soltan avec son grand frère. Quand il y repense, le fermier n’a finalement pas grand-chose à lui reprocher, surtout si ce dernier fait autant d’efforts pour évoluer que lui dit leur cousin Eriksen. Leurs parents en revanche, c’était une autre histoire. Sofia, la mère de Soltan avait toujours été présente pour lui… trop présente, même et complètement surprotectrice. Quant à Ronald, son père, il travaillait et n’était que peu présent, mis à part pour lui montrer Illéas comme un exemple de sérieux et de réussite… ce qui réunissait Sofia et Ronald, c’était qu’ils étaient contrôlants. Mais en même temps, ils avaient tous les deux fait comme si ne rien était quand leur fils cadet commençait sérieusement à déconner. Comme s’ils avaient préféré tout d’un coup rejeter toute responsabilité, qu’il n’y avait pas de demi-mesure entre contrôler la vie de son enfant et le laisser purement et simplement bousiller sa vie en cachant cet état de fait sous le tapis. Malgré ça, Soltan s’en voulait aussi d’avoir été trop loin dans ses conneries. Peut-être bien que ses parents l’avaient laissé tomber au plus mauvais moment, mais jamais Sofia ou Ronald ne lui auraient recommandé de plonger la tête la première dans le monde de la criminalité. Le temps passait et apaisait un peu la rancune et les remords du fermier comme il le pouvait, mais probablement que cette histoire avait pris trop de temps pour s’infecter et ne guérira probablement jamais.

« T’es pas obligé de tout leur dire. »
« Hmph, pas faux. Mais bon, ça fait chier. »


Zlatan n’avait pas vécu ce que Soltan avait traversé par choix, mais il était au courant de la plupart des choses. Probablement même qu’il en savait un peu trop pour son propre bien et son cousin Green se demandait parfois pourquoi il ne semblait pas lui en vouloir. Mais, en un sens, l’autre n’avait pas tord : le fermier devait surement s’expliquer un peu avec sa famille proche, mais il ne leur devait pas un compte rendu complet.

« Ça me saoule d’avoir des trucs sur la conscience et de fuir à cause de ça. »


C’est aussi ce qui le poussait à envisager de rendre une visite à sa famille unyssienne. Parce qu’il en avait marre, parce qu’il fallait bien crever l’abcès un jour. Parce qu’il voulait passer à autre chose, aussi. La chose ne s’était pas si mal passée avec Shizune, après tout. Evidemment, crever l’abcès ne suffit pas, mais une fois que c’est fait, le reste semble moins insurmontable. Dans le cas de sa compagne, ça lui avait aussi facilité les choses à elle, avec ses projets pour le dojo et aussi leur futur à tous les deux ou plutôt, le futur qu’ils auraient surement chacun de leur côté un jour où l’autre car il devenait effectivement plus clair que pour aller de l’avant le fermier et Shizune finiraient par se séparer. Ça ira, mais ce sera peut-être pour les enfants que ce sera compliqué à annoncer. Mais ils se débrouilleront. Soltan espérait sincèrement que les choses lui sembleront également plus claires lorsqu’il aura pu revoir ses parents et Illéas.

« Heh… parles m’en… »


Un petit moment avait passé sans qu’aucun des deux cousins ne prenne de nouveau la parole. En scrutant son cousin lors de sa réaction, Soltan eut l’impression que ses propos avaient produit un certain effet sur le Eriksen qui était redevenu pensif. Ce dernier eut l’air un peu embarrassé en constatant qu’on l’avait surpris dans ce qui semblait être une rumination de pensées pas très marrantes. L’air interrogatif du fermier encouragea Zlatan à se mettre à raconter sa vie à son tour.

« M’enfin, j’veux dire, euh… c’est pas pour les mêmes raisons, mais, j’suis pas chaud de retourner à Unys tout de suite non plus. »

Oui, ça, Soltan l’avait remarqué. Il avait tenté de ne pas poser trop de questions, mais, avec son cousin, il ne peut pas trop s’en empêcher. Ce dernier lui avait promis de lui parler de tout ça à un moment et c’était visiblement quelque chose qu’il voulait faire dès maintenant. Le Eriksen soupira et s’avachit dans le fauteuil d’un air coupable.

« Ça s’est mal passé avec ma mère avant que je reparte, même si on se reparle au téléphone, j’assume pas d’avoir replongé, y’a trois ans. Elle a essayé de me prévenir en voyant que faisais une connerie mais j’ai pas réagi et après je lui en ait voulu de me reprocher de ne pas l’avoir écoutée. »


Donc c’était bien à propos de la drogue comme Soltan l’avait deviné grâce aux indices laissés par Zlatan au fil de leurs échanges. Le fait que ce dernier ait une addiction n’était plus un secret depuis longtemps entre eux ni même au sein de la famille, mais l’ancien psy avait l’air plutôt confiant qu’il ne rechuterait pas. Le fermier ne posa pas de questions, il aimait probablement un peu trop la cigarette pour sa part mais n’était jamais tombé dans l’addiction à une drogue dure, il ne comprenait donc pas vraiment comment on en arrivait à ne plus parvenir à se passer de cannabis quand rien ne nous pousse à continuer, en l’occurrence. Néanmoins, ça avait toujours été un véritable problème pour Zlatan dès l’adolescence de ce dernier et donc, le fermier n’allait pas remettre en question ce qu’on lui racontait.

« Comme d’hab’, j’ai pas pensé à elle pendant ma rechute et j’ai rien vu venir. J’étais tellement sûr que ça pouvait pas arriver à nouveau. Je lui ai pris des thunes pour mon shit et j’ai même pas réalisé sur le coup qu’elle est clairement pu en âge de gérer ce genre de conneries, même si c’est moi. »

Soltan et sa tante Helène ne se voyaient pas si souvent que ça en dehors des repas de famille, mais la Eriksen reste quelqu’un qui lui était sympathique. Il a souvent envié Zlatan d’être aussi proche de sa mère durant son adolescence tout en ayant la chance de pouvoir être très indépendant. En revanche, il est probable que l’ancien psy s’est surement un peu trop souvent reposé sur sa mère en toute situation, même lors de sa vie adulte. D’après ce qu’il entend, il est évident pour Soltan qu’en mettant tout sur le dos de sa rechute, Zlatan avait abusé de la patience et des moyens de sa mère. Au moins il l’admettait mais ne semblait pas bien l’assumer, ou plutôt, il avait surement peur de retourner à Unys de peur de refaire les mêmes erreurs et d’entrainer Helène dedans. Après tout, après avoir été tellement certain de ne jamais replonger dans la drogue, constater que cela pouvait se faire très facilement du jour au lendemain n’avait pas vraiment dû rassurer le Eriksen.

« J’y repense et j’réalise que j’me suis toujours comporté comme un gamin. Quand j’y retournerais, faudra que je change beaucoup de choses. J’ai trop peur de retomber dans mes sales habitudes, sinon. »


Zlatan lui en avait parlé, après qu’il se soit débarassé de son addiction le première fois, il y a maintenant presque 30 ans, que tout dans sa routine lui rappelait de racheter de l’herbe et donc, qu’il avait du en changer radicalement, notamment en déménageant. Clairement, le Eriksen semblait à côté de ses pompes et avoir du mal à savoir ce qu’il était censé faire à présent, probablement voulait-il trouver un autre travail aussi quand il sera retourné chez lui. Soltan ne trouva rien à dire mais ça n’avait pas l’air vraiment aisé, tout ça.

« Et… Hélène a presque 80 balais. Elle a pu l’énergie de… elle va bien et elle est bien entourée, hein, mais… »


Ce coup-ci, Zlatan avait l’air plutôt affecté et se mit à regarder ailleurs en cliquant nerveusement sur son porte-clef. Après un court instant silencieux mais lourd, le Eriksen sembla se forcer à reprendre un air détaché pour reprendre, sans pouvoir dissimuler sa voix légèrement enrouée :

« Bref. Voila, héhé. C’est con. »


Soltan soupira et laissa retomber ses épaules. Il avait de la peine pour son cousin tout en reconnaissant qu’il avait quand même clairement déconné. Enfin, il n’allait pas se mettre à faire des reproches à l’autre maintenant, ça ne servait pas à grand-chose et en plus, il se retrouvait à pas mal d’égard dans ce que Zlatan racontait, surtout la partie sur l’âge grandissant de sa génitrice. Ils n’avaient pas vraiment l’habitude de parler aussi longuement à cœur ouvert et d’habitude, le fermier ne savait jamais bien quoi dire dans ce genre de cas. Mais là, il s’y retrouvait un peu trop pour ne pas le souligner.

« Nan. J’vois ce que tu veux dire. C’est difficile de changer des choses et ça s’arrange pas avec l’âge. Toute manière, on est rattrapé à un moment ou à un autre par nos conneries. C’est long, mais, j’crois que si on peut vivre plus de 80 ans, bah, c’est fait pour qu’on ait le temps d’essayer de réparer un peu tout ce merdier. »

Ça a presque l’air facile, dit comme ça. Vu de l’extérieur, il devait presque avoir l’air sûr de son coup, mais au fond, Soltan n’était absolument pas confiant. C’est pour ça qu’il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel et de se sentir embarrassé quand le Eriksen l’observa avec des yeux ronds, presque admiratif.

« …Damn, Soltan, c’est deep. »
« Pas vraiment. »


Se rétracta immédiatement le fermier qui regrettait d’avoir été quelque peu dramatique et probablement trop (ohlala) sentimental. Dans tous les cas, ce qu’il venait de dire avait visiblement touché son cousin.

« Mais euh, ouais, t’as raison, je sais pas si c’est l’âge ou autre chose mais ces derniers temps, niveau changements et réalisations, c’est… beaucoup. »

Ça, Soltan, ne pouvait que confirmer en hochant la tête de manière appuyée. Il s’était toujours dit que la crise de la cinquantaine, c’était des conneries et pourtant, il avait la sensation d’être en plein dedans en même temps que le plus âgé. Depuis le bureau, les deux cousins entendirent la porte d’entrée s’ouvrir et les voix de Shizune et Ludwig, suivies de celles du reste des enfants envahir la cuisine et la salle à manger. C’était surement une bonne occasion de passer à autre chose.

« Ehm… même si je sais pas bien ce que je fous en ce moment c’est cool de pouvoir en parler avec toi. »


Les deux se levèrent en même temps avec un sourire en coin. Encore une fois, le fermier tenta de ne pas apparaitre trop émotionnel en haussant vaguement les épaules.

« Pareil. »


Les deux s’envoyèrent quelques regards embarrassés puis partagèrent spontanément (à leur grande surprise) une accolade fraternelle. Evidemment, c’est le moment que choisit Ludwig pour faire irruption dans la pièce et les deux adultes coincés des sentiments s’éloignèrent aussi sec, sous le regard blasé du jeune blond qui venait juste dire bonjour à Zlatan qu’il n’avait pas vu depuis 2 semaines. Avant de repartir, Ludwig ajouta quelque chose comme « rohlala, c’est bon vous avez le droit de vous faire des câlins, pfff… » comme les deux adultes avaient eu l’air quelque peu fragilisés dans leurs égos de vieux idiots qui ne s’étaient pas encore débarrassés de toute leur masculinité toxique. Après un nouveau silence gênant, Soltan franchit la porte pour sortir du bureau en premier afin d’aller aider en cuisine et tenta de convaincre son cousin d’aller se reposer plutôt que de donner un coup de main vu la taille de ces cernes. Vu qu’il avait tout autant d’arguments contre lui, le fermier n’insista pas et laissa les autres l’aider en vue du dîner. Dans ce genre de situation Soltan a au moins l’impression de ne pas avoir fait totalement n’importe quoi lorsqu’il a décidé de s’installer à la ferme pour se consacrer à sa famille. Peut-être était-il bon pour ça, après tout.
Ludwig Green
Ludwig Green
Civil
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Dim 20 Oct 2019 - 17:53
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