Voilà maintenant deux jours que je suis ici. Il n’y a pas grand-chose de différent. Je suis toujours le même, je reste cloîtré dans ma chambre sans pouvoir en sortir. J’ai pleuré toute la nuit en me disant que je ne méritais pas d’être ici puis me suis foutu un poing en me traitant de pessimiste. Je ne sais pas ce que je pensais réellement, mais il était tout de même logique que le changement souhaité n’intervienne pas dès que mes deux pieds aient touché le sol enolian. J’ai donc regretté toute la matinée en me disant que je devais absolument me sortir les doigts si je ne voulais pas que la réceptionniste au sourire Colgate vienne trouver mon corps sans vie dans la chambre. J’ai donc eu la "brillante" idée d’aller à la plage en compagnie d’Andrew avec qui je veux passer un peu de temps pour l’aider à surmonter le deuil de mon père. Victoria, quant à elle, n’a pas bronché un poil et s’est rapidement laissé tomber dans les bras de Morphée sur le lit double extrêmement confortable. Me voilà donc devant l’entrée de la plage...complètement bondée. Je n’arrive même pas à faire un pas de plus tellement la vue de toutes ces personnes me répugnent. Elles sont là à s’amuser, être heureuses et à profiter d’une vie oisive à en crever. J’aurai dû l’anticiper au lieu de partir comme une flèche.

-Bon, quand faut y aller, faut y aller.

J’essaye de me convaincre, mais rien n’y fait. Malgré la musique planquée dans mes oreilles grâce à mes écouteurs, j’arrive encore à les entendre ricaner. C’est très touristique ici, tout est fait pour qu’ils se sentent tous bien. Je suis un peu comme un touriste aussi, alors pourquoi je ne m'y sens pas bien ? Bon Dieu, qu’ai-je fais pour mériter ça ? Je commence à faire demi-tour, mais vois arriver toute une famille nombreuse dont des enfants en bas âge qui courent dans ma direction. Merde, faut que je me casse. Me voilà entouré de tout ce que je déteste. Je n’ai pas le choix. Je pars ainsi en vitesse sur la plage en tentant d’éviter le plus de monde possible. Notamment ceux ayant leur serviette au sol pour ne pas leur balancer du sable dessus, cela ne leur donnerait qu’envie de me parler pour m’engueuler. Et ce n’est vraiment pas le moment. Je dois simplement trouver un coin paisible et tranquille, loin de tous les autres et où je pourrai quand même piquer une tête ainsi qu’Andrew qui n’attend que ça depuis notre arrivée. Je jette un regard discret derrière moi pour voir où se trouve la famille nombreuse, mais par chance, elle a déjà trouvé son petit coin à elle près de personnes âgées déjà saoulées de voir toutes ces petites têtes en train de gueuler et piétiner leur espace personnel. Ils ont trouvé d’autres victimes, me voilà un peu plus tranquille.

-Pardon, je suis vraiment désolé !

À ne pas regarder devant moi, je marche sans faire exprès dans un semblant de château de sable fait par un gamin qui commence déjà à chialer. Mon Dieu, comment peut-on vouloir avoir ce genre de chose chez soi ? Je m’excuse une nouvelle fois auprès de la mère qui commence alors à m’engueuler. Merde, elle ne va pas commencer à me faire chier celle-là. Je tente de garder mon calme puis me retourne pour essayer de fuir. Si cette scène s’était passée à Londres, je l’aurais sûrement insulté en lui montrant le doigt du milieu. Mais là, je suis entouré par une marre de personnes et ne souhaite qu’une seule chose : qu’on me laisse en paix comme je le désire. Je ne fais plus attention à elle et tente de trouver la terre promise qui n’attend qu’à ce que je pose mes fesses dessus. J’espère juste que la mère du gosse ne me suit pas. Ou pire, que le père vienne m’emmerder encore plus. Certaines personnes vont beaucoup trop loin inutilement quand il s’agit de leur gosse. Une imitation de château en sable – très mal fait en plus – détruite ne va pas lui faire subir un traumatisme non plus.

-Enfin te voilà toi !

Au bout de quelques minutes de marche, j’aperçois enfin un endroit reculé des vacanciers où personne ne pourra me déranger. Située à plusieurs mètres des autres, cette place me paraît exceptionnelle. J’espère que personne n’aura la même idée que moi. J’évite une nouvelle fois les serviettes et les constructions de sable pour enfin me poser à l’endroit voulu. Je devrai être bien ici. J’installe ma serviette puis sort Andrew de sa Pokéball. Nous ne sommes pas loin de la mer, il pourra aller nager comme il le souhaite. Pour l’instant, il n’a pas l’air de vouloir se prêter au jeu et se contente d’observer les autres personnes. Bon, de toute façon, on ne partira pas tout de suite. Si je suis arrivé jusqu’ici sans insulter ni me frapper, ce n’est pas pour rester quelques minutes. Je dois rester plusieurs heures, il faut que je le fasse pour ma satisfaction personnelle, j’y arriverai.

Je m’installe donc sur ma serviette tout en regardant devant moi. Le paysage est magnifique, le bleu de l’eau est juste sublime et ce temps que je connaissais très peu me remonte quand même le moral. Ma mère avait raison, il n’y a qu’à Enola qu’on se sent bien. Je ne sais pas si c’est l’atmosphère, les décors ou tout simplement le fait que je rêvais de venir ici qui me donnent un sourire, mais pour une fois, je ne m’en empêche pas. Qu’il est bon de se sentir bien. Même si je suis loin de tous mes repères, je me sens comme chez moi. Les raisons qui m’ont poussé à partir de Londres pour rejoindre Enola sont nombreuses. Déjà, fuir ma vie qui s’autodétruisait là-bas est la plus importante. Mais c’est surtout aussi grâce à ma mère. Elle a vécu ici, m’a vendu une île paradisiaque bien mieux que toutes les autres îles du monde. J’aimerais vraiment pouvoir marcher sur ses pas. Je vais tenter d’aller à son village d’origine, peut-être y retrouverai-je mon oncle. Ce dernier a coupé les ponts quelques années après l’arrivée du Régime sans que l’on sache pourquoi. Ce serait dingue qu’il soit encore en vie. Ce serait aussi bizarre vu que je ne l’ai jamais réellement rencontré. Enfin, j’aimerais finir ma vie ici. Il s’agit de mon pays aussi, j’ai la citoyenneté et mon passeport. Bien que ma vie se soit déroulée durant vingt ans en Angleterre, c’est ici que j’appartiens. Je m’y sens déjà bien, c’est un signe !

-Mais putain vous ne pouvez pas faire attention ?!

Mon sourire – qui n’est pas là très souvent – s’est très vite barré lorsqu’un gamin de cinq ans est venu courir près de moi et me foutre du sable sur tout le corps. Mais ce n’est pas tout, sa mère était juste derrière me donnant une seconde couche de grains dans le visage. Voilà exactement ce que je voulais éviter. Je ne sais vraiment pas comment faire. J’essaye pourtant. Mais non, le simple fait d’être avec d’autres humains m’énerve, car ils agissent toujours d’une façon très différente de moi. Il faut toujours qu’il vienne empiéter dans mon espace personnel que je n’ai nullement envie de partager. Devinez qui se faisait souvent accoster par les démarcheurs dans la rue. C’était moi ! Rien n’y faisait, il fallait toujours qu’ils esquivent les personnes devant pour vouloir me parler, moi. Bon, je les remballais direct donc il ne perdait pas beaucoup de temps – et ne me dérangeaient plus par la même occasion. C’est lorsque j’ai commencé à me frapper et que mon visage arborait timidement tous ces bleus qu’ils ont commencé à m’éviter tout court. Comme quoi, la violence peut parfois régler certains problèmes. M’enfin bon. Cette dernière ne va pas régler mon problème actuel. Voilà que le gamin et sa mère – qui a fait semblant de ne pas m’entendre – se baigne à l’endroit où je comptais y aller. Je ne vais quand même pas me frapper pour qu’ils partent. Non, je dois trouver une autre solution. Quelque chose qui les ferait déguerpir sans que je sois obligé de leur parler.

-Andrew, tu vois ce que je vois ?

Quitte à paraître cruel, je crois que j’ai enfin trouvé le plan parfait pour avoir mon coin à moi et être tranquille. En effet, les deux intrus ne sont pas venus là par hasard. Heureusement, ce n’était pas seulement pour me faire chier. Non, je crois même qu’ils ne m’ont même pas aperçu. En fait, un Hypotrempe bien mignon s’amuse à dessiner sur le sable avec des jets d’encre. Ils sont donc là, à côté, regardant ce "spectacle" qui a l’air de bien faire marrer le petit. Eh bien, Andrew étant de type électrique, il a donc l’avantage sur ce petit Pokémon qui n’a pas demandé à être dérangé. Quelques attaques sur ce dernier et le tour est joué. L’Hypotrempe, KO, ne pourra plus faire mumuse et attirer la galerie. Non, son corps inerte flottera dans l’eau au gré des vagues et le gamin n’aura plus que ses yeux et les bras de sa mère pour pleurer. Je pourrai donc être tranquille un certain temps. Je regarde ainsi mon Loupio qui ne semble pas être de cet avis. Je roule des yeux pour lui montrer mon mécontentement, mais il n’a pas l’air de vouloir m’obéir. Bon, ce n’est pas demain la veille que je pourrai être dresseur si même mon propre compagnon ne m’aide pas lorsque j’ai besoin de lui. Pendant ce temps-là, les deux intrus osent même rigoler fort, ce qui fait un peu peur à l’Hypotrempe qui s’éloigne un peu. Et là, moment de jouissance extrême : il crache son encre en pleine face du gamin. Je ne pouvais pas rêver mieux !

Le gamin, complètement surpris par ce qu’il vient de se passer – décidément, sa mère ne l’a pas vraiment appris qu’il ne faut pas embêter les Pokémon sauvages – et désorienté par toute cette encre sur son visage, se met à pleurer en cherchant les bras de sa mère avant de perdre l’équilibre et tomber dans l’eau. Ça gamin, c’est ce qu’on appelle le Karma, tu verras il accompagne la vie de tout le monde. Impossible pour moi de rêver mieux, je n’ai même plus besoin de faire appel à Andrew qui a décidé de rester couché sur la serviette à observer les alentours tout en faisant la gueule. Rien n’est encore gagné avec lui, je vais devoir faire encore beaucoup d’efforts pour qu’il se sente bien en ma compagnie et qu’il puisse aller de l’avant. Bien que Victoria soit présente parmi nous et qu’il s’entende plutôt bien avec elle, mon Loupio n’a pas la ferme intention de se laisser faire. Bon, il me suit, c’est déjà pas mal. J’aurai eu beaucoup de mal à le laisser en Angleterre, tout seul à pleurer sur la tombe de mon père. Il a eu le temps de lui dire au revoir une dernière fois, un bon début pour commencer le processus de deuil. Même s’il est dans la phase colère, je sais qu’il s’en remettra assez rapidement. De toute façon, il n’aura pas vraiment le choix : je compte bien partir à la conquête de badge en sa compagnie. Victoria ne pourra pas faire l’affaire toute seule. Tiens, ça me fait penser qu’il ne faut pas que j’oublie d'aller récupérer l’œuf que la Compétition me donne pour évaluer ma capacité à élever des Pokémon. Ce dernier est obligatoire pour commencer cette belle aventure.

- C’est quoi votre problème, sérieux ?

Pour venger sa progéniture, la bonne femme se met à crier sur l’Hypotrempe et à vouloir lui donner des coups. J’espère halluciner là, depuis quand on frappe des Pokémon ? Devant son gosse en plus ! Heureusement pour lui, la petite bête aquatique sait se défendre et décide de changer de cible. La mère reçoit donc, elle aussi (chacun son tour), un jet d’encre en plein visage et elle commence alors à se mettre à crier. Je regarde les autres personnes présentes sur la plage et me rends compte que la plupart regardent tous dans notre direction. Et merde, moi qui voulais un peu de discrétion et de la tranquillité, c’est foutu. Voilà qu’une centaine de regards sont tous tournés vers nous. Aucun d’entre eux ne se décide à bouger et se contente d’observer la scène de loin. De vrais concierges. Surtout que la mère commence, désormais, à vouloir réellement frapper l’animal qui n’a absolument rien demandé. Pendant quelques secondes, j’hésite à me lever pour éloigner les deux humains de l’Hypotrempe qui ne cherche que de la tranquillité après tout. Mais à quoi bon ? Je n’y suis pour rien dans cette histoire, si cette dame ne sait pas éduquer son gosse, ce n’est pas mon problème. Mais un Pokémon se fait embêter puis en plus, frapper, car il a eu peur et s’est défendu. Quand certaines personnes comprendront que les Pokémon ne sont pas des jouets, ce sera un énorme pas pour l’humanité. Qu’est-ce qu’elle est ridicule cette dame en plus, et son fils qui continue de pleurer à côté. Bon, c’est tout ce que je ne souhaitais pas, mais tant pis. Je dois réagir, je vais devoir parler à des gens et ça commence déjà à me saouler. Mais bon, je n’ai pas réellement le choix.

- Vous pouvez ficher la paix à cette pauvre bête et arrêter de gueuler s’il vous plaît ? Vous vous affichez devant toute la plage, vous êtes d’un ridicule !

La jeune femme, qui a enfin réussi à enlever l’encre de ses yeux, se tourne vers moi avec une expression colérique. Bon, ça va me suivre longtemps, je le sens ; mais elle casse les pieds de tout le monde et il faut bien qu’une personne le lui dise. Elle prend son gamin dans les bras puis s’avance vers moi, le visage toujours noir à cause de l’encre qu’elle a tenté, tant bien que mal, d’effacer. Et voilà qu’elle commence à me gueuler dessus en essayant de faire des grands gestes malgré son fils dans ses bras. D’après elle, elle ne m’a rien demandé et n’a rien à faire de l’avis d’un gamin comme moi. Elle continue par des insultes et des cris toujours plus forts, je n’ose même pas regarder la tête des autres baigneurs, mais je sais pertinemment qu’ils nous regardent tous. Je décide dans un premier temps de ne pas répondre, ces personnes-là, faut les laisser gueuler jusqu’à ce qu’elles s’épuisent. Surtout qu’en portant bien quarante kilogrammes sur elle, j’espère de tout mon cœur que cela la fatiguera encore plus. À la fin de son long monologue ennuyeux, mais passionné, elle se décide enfin d’arrêter de parler pour observer les alentours. J’avais vu juste, tout le monde nous regarde. Du moins, la regarde elle. Après trente bonnes secondes de réflexion, le temps que ça monte au cerveau, elle prend enfin l’idée de partir et de se diriger à l’opposé de la mer. Fier de moi et content que le calme vienne m’enlacer, je décide de me remettre sur ma serviette où Andrew n’est plus. Je tourne alors ma tête vers l’Hypotrempe et me rends compte que mon Loupio est avec lui. Je ne sais pas vraiment de quoi ils parlent, mais ce qui est sûr, c’est qu’Andrew a l’air de vouloir l’aider.

Je reste là, debout à côté de ma serviette, regardant les deux Pokémon aquatiques discuter entre eux. Andrew a l’air de se sentir bien, c’est la première fois que je vois un sourire sur son visage. J’avais un peu peur en venant ici qu’il décide de plonger dans la mer et s’y engouffrer pour toujours, décidant de mener la vie qu’il mérite de vivre. Car au fond, chacun le sait, ces bêtes que nous utilisons pour nos compétitions sont avant tout sauvages, leur milieu naturel est donc le meilleur endroit pour eux. J’ai un pincement au cœur en pensant à ça, j’espère que mon Loupio ne demande pas son chemin à l’Hypotrempe. Qu’importe ce qu’il se passe, je ne pourrai m’y résoudre aussi facilement. Il fait partie de ma vie, j’aimerais réellement qu’il y reste jusqu’à ma mort. Même s’il appartenait à mon père, j’ai passé beaucoup de temps avec lui. Lorsque ce dernier est mort, il est devenu distant, se cachant dans sa tristesse comme tout membre de la famille l’a fait à un moment donné. Ma mère ne se sentait plus chez elle à Londres lors des dernières années de sa vie, elle cachait sa nostalgie lorsqu’elle m’élevait. À sa mort, mon père et moi-même sommes restés à la pleurer chacun de notre côté, on sait comment ça a fini. Pour Andrew, il s’agit de la même chose : son maître lui manque et personne ne pourra le remplacer. J’espérais, en arrivant à Enola, que ce nouveau chapitre lui permettrait de lui changer les idées. Même si seulement quelques jours se sont suivis, je pensais que les blessures mettraient moins de temps à se guérir. Mais ce n’est pas le cas, et je vais devoir m’y résoudre à faire avec. Lorsque j’aurai récupéré l’œuf de la Compétition et que je me serai lancé en tant que dresseur, nous n’aurons qu’un seul objectif : remporter le maximum de badges et battre les élites du pays. On ne va plus penser à l’Angleterre et toute notre vie passée là-bas. Je dis ça, mais peut-être que ça ne se passera pas comme ça. Notre avenir ici est beaucoup trop flou, il va falloir écrire et suivre un plan jusqu’à, au moins, l’année prochaine. Je vais devoir faire en sorte de ne pas perdre de temps, récupérer l’œuf va me prendre au moins une journée : le temps d’aller à la capitale, de trouver le centre d’inscription puis de revenir à l’hôtel (avec l’œuf dans les mains). Ça ne va pas être la partie la plus fun de cette aventure, mais que voulez-vous, je ne suis pas là pour m’amuser, mais bien m’y faire une place.

- Andrew, tout se passe bien ?

Mon Loupio me regarde avec insistance, il fait un signe avec sa tête. Je comprends alors qu’il veut que je les rejoigne maintenant. Merde, j’espère qu’il ne va pas m’annoncer qu’il part vivre sa propre vie en compagnie d’autres compagnons de son espèce. Après tout, il en serait bien capable, il ne m’aime pas. Du moins, c’est ce qu’il essaye de montrer en tout cas. Je m’approche dangereusement des deux Pokémon aquatique puis m’abaisse à leur taille. Me voilà maintenant accroupis juste devant eux, si l’Hypotrempe me sourit, Andrew, quant à lui, me tire une de ses gueules. Je n’avais encore jamais vu ça. S’il souhaitait vivre sa vie loin de tous êtres humains, il aurait un très grand sourire. Mais non, il se contente de rendre son visage inexpressif. Je regarde alors le jeune Hypotrempe qui s’approche de moi à mesure que les vagues viennent se jeter sur le sable. Aucun son ne sort de leur bouche, je ne comprends pas trop l’intérêt de m’avoir fait venir ici. M’allonger sur ma serviette pour faire la bronzette toute l’après-midi aurait pu être mieux. J’attends dans cette position inconfortable pendant au moins une minute, le temps que l’un des deux ne dédaignent de faire un geste. Je ne sais toujours pas quoi faire et j’avoue que je perds un peu patience. Andrew se décide enfin à bouger ses antennes en direction de mon sac. Je tourne la tête pour y voir une Rapide Ball presque prête à s’évader sur le sable. D’un geste brusque, je jette mon regard sur l’Hypotrempe qui continue de sourire en me faisant un clin d’œil. Il souhaiterait que je l’attrape ? Non, ce n’est pas possible. Qui voudrait de moi comme dresseur ? Victoria et Andrew n’ont pas eu le choix, tout comme l’œuf que je vais obtenir de la Compétition. Je pose plusieurs fois la question au petit Pokémon qui continue de me faire comprendre que c’est ce qu’il souhaite. Mon Loupio, perdant patience, court jusqu’à mon sac, y récupère la Rapide Ball puis la lance avec l’aide de ses deux antennes sur son compère aquatique qui se laisse aspirer. Je ne sais pas quoi penser. C’est assez inattendu que quelqu’un veuille bien de moi de son plein gré alors que je l’ai rencontré il n’y a même pas dix minutes. Et dire que sans la vieille folle et son fils, je n’en serai pas là. Comme quoi, les choses les plus désagréables entraînent des moments joyeux. Je récupère la ball qui a terminé de gigoter dans les sens puis rejoins Andrew assis à côté de mon sac. Je lui donne un sourire et le remercie. Il préfère détourner le regard, mais je sais qu’il est content. Notre nouvelle vie a commencé, la page commence enfin à se tourner.