tw : violence physique, intimidation, idées suicidaires, idées vengeresses, automutilation, anxiété, violence verbale, sang.


Fear, and panic in the air
I want to be free
From desolation and despair

La musique rage dans ses écouteurs alors qu'elle traverse le hall d'entrée. Hall qui la sépare des classes, bouquins contre sa poitrine inexistante. Ses yeux, trop larges, regardent ce qui se déroule devant elle et elle soupire, Seraphina. Elle tremble un peu, anxieuse face à ce qu'elle connaît, à ce à quoi elle est habituée. Les plus vieux l'approchent, elle, l'étrange. Cheveux blonds qui descendent jusqu'aux fesses mais si emmêlés par ceux qui l'embêtent tout le temps, malgré le temps que sa mère met sur sa crinière à tous les matins. "Tu penses t'en aller où, comme ça?" Un frisson traverse son échine alors que la voix, trop familière, est plus forte que Muse. Plus forte que tout. Elle a un autre frisson, de peur, cette fois. Elle avale difficilement sa salive et la timide baisse les yeux sur le sol, tout en jouant nerveusement avec une feuille de son livre préféré. "En cours?", ose-t-elle d'une voix qui tremble nerveusement, mais aussi d'effroi. "N'est-elle pas adorable?" La voix sulfureuse de la sublime fille la pousse à lever les yeux. Athyna, tout le monde la regarde, lorsqu'elle passe. Ses cheveux bruns et sa figure élancée sont des atouts que Seraphina n'a pas. Ses yeux de biche, parfaitement maquillés - peut-être trop pour le lycée, tout de même - et sa voix nasillarde sont communs aux gens de cette classe sociale. Ou plutôt, aux gens de cette clique. La blonde penche la tête, ne comprend pas pourquoi l'autre la complimente. Si seulement elle se doutait que ce n'était que pour la descendre davantage.  "Si les Couafarel mal brossés." Pour en ajouter une couche, il passe sa main avec dégoût dans les cheveux pourtant propres de Seraphina. Propres jusqu'à ce qu'il glisse un  "Oops." Qui veut tout dire. La parole accompagnée du geste, un liquide qui se verse sur la tête, sur les cheveux blonds de la petite. Car oui, Seraphina est petite pour ses quatorze ans. Enfant, encore, peu formée et peu affirmée.

"Tu sais que t'es dégueulasse? Tu sais que jamais, t'auras ce que nous, on a ?" Les larmes silencieuses glisses sur les joues de la petite, complètement trempée, maintenant. Elle a froid, aussi. Elle n'a pas seulement physiquement froid. Elle a froid aux os. Elle a froid à la vie. Ses iris, tristes, croisent ceux de la vile personne qui se moque, encore et encore. Ses pensées déraillent, se perdent, s'écartent. Elle laisse tomber ses livres, elle serre les poings. Elle a mal, Seraphina. Et elle en a marre.  Tellement qu'elle imagine que sa vie est une douleur en elle-même. Que son existence n'en vaut pas la peine. Que sa mort n’apporterait que des points positifs.

La peur hante le système nerveux de la demoiselle et la fige sur place. Elle aimerait fuir, mais elle n'en est pas capable. Elle subit. Elle attend. La violence gratuite, elle y est habituée. Verbale, physique, parfois les deux en même temps. Elle a si peur, à tous les jours, ne serait-ce que de prendre le bus pour venir à l'établissement scolaire. Elle a si peur, à tous les jours, de mettre les pieds dans cet endroit qu'elle considère maudit. Seraphina est si effrayée à l'idée de vivre qu'elle pense à mourir.

Elle attend. Elle patiente, elle attend qu'ils en aient finis. Qu'ils s'en aillent en riant, comme d'habitude. Mais cette fois, ils poussent la chansonnette, la frappant sans vergogne. Personne n'intervient. Aucun professeur ne s'interpose - les parents de ces gamins paient beaucoup pour qu'ils soient privilégiés, et la famille modeste de Seraphina ne peut se permettre de telles choses. Alors on la diminue. On l'intimide. À tous les jours, elle subit les mêmes choses ou du moins, sensiblement. Ça change, parfois. Certains moments, c'est du cola qui est versé sur ses cheveux ou un autre jour, ça peut être un jus d'orange.
Les ongles si fort dans la peau de la man, elle serre, Seraphina. Jusqu'à ce qu'elle se blesse, jusqu'à ce que sa bouche exprime son désarroi. Lorsqu'ils voient le sang, ils s'arrêtent, hébétés. "Mec, allons-y. Les profs vont arriver" Car on les a prévenus, qu'une élève était blessée. Qui? Elle n'entend que les voix qui fourmillent autour d'elle, son esprit ailleurs. Elle ne ressent pas la douleur que ses ongles qui percent la peau lui inflige. Elle ne ressent plus la douleur que leurs critiques provoquent. Elle est anesthésiée, et la musique repart, dans ses oreilles, sifflant les cris de Chester Beddington, alors que Numb s'époumone.

And I feel like everything I saw
Is being swept away
When I refuse to let you go

"Chérie? T'es allée voir si Sera était prête pour dîner?" Les paroles du père, inquiet, font en sorte que la mère se précipite vers le deuxième étage en hurlant le nom de sa fille. Cette dernière a des antécédents qui les poussent à s'inquiéter lorsqu'elle est dans une période de dépression. Car l'adolescente, si elle a réussi ses études, ne s'en est pas sortie indemne. Enfin, jeune adulte, maintenant, mais dans l'esprit des parents, elle est toujours le bébé, l'enfant. Le père continue à cuisiner, sa femme étant lancée auprès de leur fille, tout ira bien. N'est-ce pas?
L'hurlement qui déchire la maison l'alarme immédiatement. Il éteint le fourneau et tout ce qui fonctionne, et court vers l'étage. La femme qui pleure, l'enfant qui saigne sur les avants-bras. Les lames par terre, le bain rempli du liquide rouge, liquide vital. L'alarme est sonnée, les urgences sont appelées, et les bras de la demoiselle sont enveloppés pour cesser le saignement. Seraphina, dans les vapes, rêve enfin de la paix. D'une vie après la mort sans altercations sociales. Sans besoin de s'inquiéter sur ce que quelqu'un pourrait dire à son sujet, ou encore, à son visage.

Emmenée d'urgence vers l'hôpital, elle y reste plusieurs mois avant d'être autorisée à retourner chez elle. Heidi l'aide, comme elle le peut. Heidi, l'Evoli argenté, qui aurait été désiré de beaucoup d'autres. Elle est toujours avec Seraphina, ne la laisse pas d'un pousse. Sa mission est désormais de protéger l'amie, la figure maternelle. La seule.

Elle n'entend rien, Sera. Dans la panique, elle n'entend pas non plus les ambulances et sa mère qui hurle. Elle n'entend pas les critiques, les mauvaises langues, les commentaires désagréables. Elle ne voit rien, non plus. Sans conscience, elle est en paix. Finalement, entre la vie et la mort. Seul Arceus peut décider de son destin, maintenant. Elle ne ressent rien, aucune tristesse, aucun remord. Elle est bien, là, sans émotions, sans douleur lancinante.
"Elle a perdu beaucoup de sang. Préparez les transfusions, B-." Les paroles prononcées par le médecin de service ne l'atteignent pas. Sa mère hurle toujours, sans l'atteindre. Heidi suit les médecins avec impatience et ses cris ne parviennent pas aux oreilles de Seraphina. Les supplications du père n'arrivent qu'au mur formé par le noir dans lequel elle est plongée. Envahie par le noir, elle se sent enfin en paix. Elle se sent enfin... Bien.

Elle se sent surélevée. Au-dessus de tout. "On la perd, préparez l'adrénaline!" La voix flotte dans l'air et Seraphina peut presque apercevoir les notes, euphorique. Enfin, bien. Elle ne voit rien, la blonde. Elle voit le noir, l'immense Noir qui se propage partout autour d'elle. Son esprit s'élève, s'assied sur une table où elle est étendue. Où son physique repose, tandis que l'équipe médicale s'active pour la ramener à la vie.  "Où suis-je..." Sa voix résonne dans sa tête, comme si c'était une télépathie. Les voix meurent autour d'elle alors qu'elle cesse de respirer. Une vaste lumière blanche se présente à elle, puis une forme naît dans l'enceinte sombre. Un pelage argenté court vers elle et tournoie autour de l'esprit. Les poils volent dans l'air alors que l'Evoli se déplace trop vite, lui donnant le tournis.  "Heidi?" L'Evoli répond par un cri content, heureuse d'être entendue, enfin. Puis Seraphina ignore soudainement la lumière, se tournant vers l'amour de sa vie, la petite boule de poils qui se trouve part terre.  "Je suis si désolée, Didi... Je n'y arrive plus... Je n'y arrive plus." Elle recommence à ressentir. La douleur revient, et elle entend une voix qui hurle, soudainement.  "Maman? Papa? ... Qu'est --"

La lumière blanche et la noirceur disparaissent. Elle rouvre les yeux et se retrouve soudainement ramenée à la réalité : elle est en vie.  "Nous l'avons. Stabilisez-la, et prévenez les parents. La petite s'en sortira." Elle est en vie parce qu'Heidi est maintenant la lumière de sa vie, a-t-elle envie de souffler. Mais épuisée, souffrant d'anémie avant que les injections ne soient effectives. "Heidi -" Elle parvient à peine à souffler son nom, mais la petite Evoli argentée regarde au travers de la fenêtre, non-autorisée dans la salle d'opération dans laquelle on a réparé les bras sévèrement tranchés de la belle blonde. Normalement, on autorise pas les Pokémon dans la salle. Mais vu le caractère de la situation, on a autorisé la famille à l'emmener. N'importe quoi pour ramener leur fille, on dit la famille.

I can't get it right
Get it right
Since I met you
Loneliness be over
When will this loneliness be over

Les conséquences de son acte la suivent toujours. Bras marqués à vie, conséquences de l'opération pour l'en sauver, Seraphina n'a été que chanceuse. Chanceuse que les médecins aient pu la ramener. Chanceuse qu'Heidi se soit montrée. Chanceuse d'être là, aujourd'hui. Et cette chance, elle ne la laisse pas passer. Quelques années se sont écoulées depuis la tentative de Seraphina de s'enlever la vie. Illumination après les semaines passées sous observation à l'hôpital de son village natal, elle a décidé de se donner corps et âme dans sa future aventure avec Heidi. Mais comment y arrivera-t-elle, alors qu'elle se fige lorsqu'on l'aborde?
"Les concours? T'arrives à peine à parler aux autres adultes, Sera. Soit réaliste." La meilleure amie a raison. Elle arrive à peine à parler aux autres. Elle est toujours là, à triturer ses ongles, qu'elle se doit de garder courts. Impossible de les garder long, constante surveillance pour ne pas trouver une façon de se blesser. Car sa maladie, sa dépression, son anxiété, ça ne disparaîtra jamais. Ça ne sera jamais totalement résolu, et tout ce qui peut être dangereux, elle se doit d'éviter de se mettre en situation où elle pourrait se blesser à la moindre déception. La jeune adulte lève ses yeux bleus vers son amie et regarde Heidi.  "Heidi sera avec moi. J'aurais d'autres Pokémon, aussi, j'irai en capturer. Je les entraînerai, et j'serais en symbiose avec eux. T'y crois pas? T'crois pas en moi, en mes capacités ?" Le manque de confiance en elle la ronge, et elle baisse la tête. Puis l'amie se renfrogne, affiche une moue désolée. "Ce n'est pas ce que je voulais dire et tu le sais, Sera. C'est juste que... tu as des mauvais souvenirs des grandes foules. Tu penses que t'arriveras à gérer ton anxiété, sur scène?" Un sourire se peint sur les lèvres de la blonde.  "Travailler avec les Pokémon, c'est ma rédemption, Lani. C'est la seule chose que je veux faire. S'il me faut confronter les regards et les commentaires pour y arriver, je saurais passer par-dessus."

De là est née une passion. Une passion pour la beauté. Cheveux colorés, vêtements farfelus, maquillage prononcé, l'exagération et les acclamations se font plus importantes au fil des années. Elle s'est entraînée, à chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde pour devenir meilleure, acceptant les critiques des uns et se renfrognant aux commentaires désagréables de certains.
Est-ce facile? Non. C'est loin de l'être. Lorsqu'elle doit confronter la réalité, rien n'est jamais facile. Mais lorsqu'elle est accompagnée de ceux qu'elle aime plus que sa propre vie, ceux pour qui elle vit encore aujourd'hui, ceux à qui son coeur bat, elle n'a peur de rien.

Sauf que lorsque le rideau se ferme, Seraphina redevient la jeune femme presque muette, presque sourde. Presque ignorant des propos des autres, presque tête en l'air par volonté. Elle devient celle qui prend trop de risques irréfléchis et s'aventure partout seule. Solitaire, carrière qui demande pourtant des conversations, elle s'efforce de ne rester sur les sujets qui la mettent à l'aise. Pokémon, concours, vêtements, coiffure. Si on l'aborde à propos d'autre chose, si on remarque ses cicatrices et qu'on lui en parle, elle se tait et se referme, quittant les lieux. C'est arrivé à plusieurs reprises, alors qu'elle faisait de plus en plus de concours.

Elle n'est pas guérie, Seraphina. Elle ne vit pas une vie facile. À tous les jours, elle combat contre des adversaires, mais aussi contre ses propres démons. Contre ces voix qui ne se taisent jamais, contre ces commentaires lis à son sujet dans un magazine reportant les concours. Elle se bat, à tous les jours, pour continuer, et chaque nouvelle nuit réussie est une victoire.
Mais de nombreux soirs par semaine, elle prend sa médication. Médication qui arrête les crises de panique, qui arrête les insomnies. Qui la pousse dans un état presque léthargique, mais qui lui sauve la vie, comme ses Pokémon. Ses Pokémon sont sa raison d'être, et jamais elle ne remettra ça en question.

Life will flash before my eyes
So scattered almost
I want to touch the other side

Assise sur la chaise dure, elle se demande pourquoi elle est là. Elle triture ses doigts nerveusement, et les yeux de la psychologue se pose sur elle. Pourquoi a-t-elle accepté cette condition ? Parce que les concours valent tout. Parce que ses Pokémon valent plus que tout. Parce que sa famille s'éteint lentement, parce que le Régime vient enfin de mourir. Si elle veut continuer à vivre comme elle le fait, dans la Compétition, elle se doit de prendre soin d'elle-même. Ses yeux bleus se posent dans ceux de celle qui l'écoute avec attention alors qu'elle raconte sa dernière semaine. Elle place une mèche de cheveux, désormais d'un doux lilas, derrière une oreille, nerveuse. La psychologue a accepté qu'Heidi, maintenant Nymphali, l'accompagne dans la pièce décorée d'album de famille. "Dîtes. Vous croyez que les Pokémon peuvent être bénéfiques à ceux qui souffrent, comme moi?" La psychologue sourit et écrit dans le calepin. "Certainement. Ils ont été de nombreuses fois prouvés très utiles pour accompagner les enfants qui souffrent ou encore, les adultes, comme vous, madame Lannister." "Appelez-moi Seraphina, s'il-vous-plaît." Habituellement, Sera ne vouvoie jamais. Mais la politesse s'impose lorsqu'elle parle à celle qui l'aide à aller mieux.

"Je vais mieux. Les concours aident. Je me sens bien, sur la scène. J'aime tellement effectuer ma performance sur scène, avec mes Pokémon. Ça me calme. C'est étrange, hein? Ça devrait être stressant. Moi, ça me rend si calme... Je suis devenue championne, récemment." Un mince félicitations s'échappe de la bouche adverse et Seraphina l'ignore, continuant son monologue avec un léger sourire, caressant Heidi pour calmer son anxiété, grimpante alors qu'elle parle de sa vie. "J'ai tellement vécu en si peu de temps, que je m'arrête souvent aux petites choses. J'apprendrai à mes enfants à toujours être empathique, gentil et souriant. À ne pas voir le côté sombre tout en ne se laissant pas marcher sur les pieds..." C'est peut-être contradictoire, et pourtant, dans la tête de Seraphina, ça fait tellement de sens.

"Comment gérez-vous le stress que procure votre emploi du temps? Vous faites partie de la milice, n'est-ce pas?" Obligatoirement, lorsqu'elle est entrée dans les champions, on l'a informée de son rôle. Sécurité et sûreté pour protéger ceux qui ne peuvent le faire. Elle a accepté sans y penser, vraiment. C'est normal, à elle, de redonner à Cayagane ce qu'elle a un jour reçu. Elle regarde la psychologue avec un mince sourire et hoche la tête. "Oui, mais je me suis entendue avec le Champion Dresseur. Je fais beaucoup le travail qu'on ne voit pas. Les recherches, l'exploration, les mots soufflés dans l'oreillette, les commandements, vous voyez? Lorsque j'ai passé mes tests, on a remarqué mon anxiété et on m'a proposé l'aspect plus discret. J'ai accepté, évidemment, puisque ça me convient. Mais, vous savez, si un jour je suis forcée à me lancer sur le terrain pour sauver les miens... Je pense que je n'hésiterai pas." C'est vrai qu'elle n'hésiterait pas à prendre une balle pour l'un de ses Pokémon ou encore pour l'un de ses proches amis. Elle regarde la psychologue avec un petit sourire et caresse Heidi, distraite, pensant aux nombreux aspects de son travail. Il est vrai que ce n'est pas toujours facile, mais quel boulot n'a que des aspects positifs? Si elle préfère se retrouver sur scène, elle ne néglige pas l'autre part, qui prend cependant plus d'énergie.

La célébrité n'est pas aisée. Elle ne se sent pas très à l'aise, devant les photographes et autres non-sens. Elle préfère réellement sa présence sur scène, et être championne, c'est devoir aborder différentes personnes. "Comment voyez-vous les discussions, dans votre milieu?"

"Je les appréhende. Je les fuis, aussi, parfois. Je sais que ce n'est pas l'idéal, mais..." Erreur système, erreur système. Seraphina gratte son avant-bras de son ongle, trop long. Elle a fait l'erreur première de les laisser pousser. Après tout, c'est plus chic que les ongles rongés. Elle pleure, elle ne parvient pas à dire quoique ce soit.
Et elle fuit. Elle quitte le bureau, son Nymphali chromatique sur les talons. Elle quitte avec une telle force qu'elle s'écroule, un peu plus loin, en pleurs. Son système nerveux l'empêchant de faire des pas de plus, les pieds lâchant et abandonnant leur fonction primaire, et elle est à genoux, criant sa douleur alors qu'on tente de la réconforter.

And no one thinks they are to blame
Why can't we see
That when we bleed we bleed the same

La douleur est amoindrie. Elle regarde les aiguilles qui traversent sa peau pour la peindre éternellement des mots qu'elle a choisi. Why can't we see, that when we bleed we bleed the same. Pourquoi doit-on voir les différences partout? Pourquoi faire des différences de genres, de sexe? Elle soupire et ouvre son téléphone, dans lequel elle a classé beaucoup de photographies.

L'une d'elle la fait sourire. Elle, enfant, accompagnée d'Heidi, le jour où elle l'a reçue en cadeau de la part de ses parents. Enfance heureuse dans la famille, malheureuse à l'école. Elle n'a pas poussé ses études à cause de ses expériences. Ça ne l'a pas empêché d'avoir une belle carrière, tout de même. Elle regarde les autres photographies. Phantom et Aphrodite qui se pourchassent dans un lac. Elle se souvient des jours où elle les a trouvés, ces deux-là. Le Mimiqui, il était un soir alors qu'elle aurait certainement du être endormie. Elle s'est baladé dans des lieux non recommandés, et ils se sont affrontés. Suite à sa victoire, le fantôme a voulu l'accompagner, et Sera ne s'y est pas opposée. Quant au Barpau qui était la forme sous laquelle elle a trouvé Aphrodite, il était laid. Là, dans un lac, elle l'a capturé en se promettant de ne plus jamais le diminuer. Puis plus tard, elle s'est rendue compte que c'était en fait une femelle, et Apollon est devenu Aphrodite. Elle sourit en se remémorant de telles choses. Ça lui fait plaisir de voir que ses meilleurs souvenirs sont liés à ses Pokémon.

"C'est terminé!" Elle range l'appareil et murmure un remerciement faible, l'anxiété traversant ses veines alors qu'elle pose son regard sur le tatouage. Il est grand. Elle a décidé de faire un capteur de rêves, à côté. Car après tout, les rêves sont ce qui lui a permis de continuer. Elle sort après avoir déboursé la somme demandée, et voit beaucoup de couples qui se précipitent pour faire des achats pour Noël. Elle laisse un sourire dominer sur ses lèvres alors qu'elle s'échappe de la boutique, et croise quelques visages familiers. Une famille au visage déconfit apparaît devant elle, reconnaissant l'homme et la femme. Ils sont ceux qui l'ont torturée, auparavant. L'évitement se fait rapide, et elle espère que ses lunettes fumées et sa différente couleur de cheveux, un magnifique lilas fraîchement refait. Elle évite leurs regards et sent son anxiété devenir plus grande, et Heidi est vite mise au courant en la voyant trembler. Rapidement, la Nymphali chromatique vient se caler contre ses jambes et ensemble, elles marchent vers la maison. Ensemble, elles marchent vers l'avenir.