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L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Sisyphe V (OS)
Alexander Nagel-Jung
Sisyphe V
/!/ TW : bon, Alex est en roue libre dans cet OS donc si vous n'aimez pas tout ce qui est violence verbale/physique, l'évocation de comportement dépressifs et d'auto-délaissement/auto-destruction/suicidaires, bah, c'est mieux que vous ne vous attardiez pas :V /!/

« Comment est-ce possible que vous soyez encore moins nombreux que la dernière fois ? »

Je jette mon journal sur la table assez fort pour qu'il produise un bruit qui résonne dans la salle de repos que nous avons pris l'habitude d'investir. J'y avais écrit tout ce que j'avais à dire pour ma lecture du jour et une analyse de nouveaux textes publiés récemment par d'autres Monarchistes. C'est qu'il s'agit de se tenir à jour. Mais visiblement, il n'y a que moi qui prend ça au sérieux. Enfin.. pas au sérieux genre... « sérieux » ! Juste au sérieux comme dans un jeu qu'on aime beaucoup et qu'on veut vraiment absolument gagner sinon on s'énerve et on tue des gens ! Rien à voir, donc. Ma réaction n'est pas disproportionné, je contrôle la situation.

Les trois clampins qui sont venus au rendez-vous m'observent avec des regards de merlan frits sans répondre. Cela fait 2 mois que chaque semaine, il y a de moins en moins de gens à ces rassemblements. Seulement un ou deux manquaient à l'appel au début et après, un effet de groupe s'est engagé et ils ont commencé à se barrer par poignées de 5.

« Euh... bah... je crois que les autres sont démotivés. »


Ah, ce qu'il est perspicace, ce cher Barnabé. Je ne crois pas que Barnabé soit son vrai nom mais ça lui va bien. Évidemment, c'est la conclusion à laquelle j'étais arrivé seul, mais l'entendre dire à voix haute m'irrite encore plus.

« Quoi ?! »


Vociférais-je à la tronche de Barnabé qui a bien dû se recevoir tous mes postillons dans le visage. Dommage que je ne sois pas malade, tiens, ce serait bien fait. Voir sa face horrifiée ne me soulage même pas. Je crois que j’aurais préféré qu’il s’évanouisse de peur directement. Tant pis. Finalement, c’est le pote de Barnabé, je crois qu’il s’appelle Machin ou Bidule, qui donne réponse à mes questions.

« J'les ai vus avec Klein, y jouaient au cartes. »

Ce n’est pas bon pour ma tension, tout ça. On prévoit de me faire changer anxiolytique prochainement car ceux que je prends actuellement ne sont plus très efficaces, parait-il. Je crois que prévoir ce changement est pertinent, car quand les médicaments marchaient (pas que ça me plaisait, hein), ça m’évitait de devenir agité et comme je le suis actuellement, au bord du pétage de câble. Et sait ce que ça donne, quand je sors de mes gonds, c’est jamais joli-joli, des gens (moi compris) finissent bléssés, moi compris.

Je descend rapidement les escaliers vers la salle où d’autres détenus s’adonnent à leur quartier libre, en essayant de ne pas trop me presser, sinon je me ferais capter par les matons. Il ne me faut que quelques secondes pour repérer le fameux Klein, ce lâcheur de merde, effectivement en pleine partie de solitaire avec deux potes. Ils ont l’air de bien se marrer. Ah, oui, moi aussi j’aimerais bien me marrer en virant ces sourires débiles de leurs visages !

« Qu'est-ce que vous foutez ? On vous attend pour la lecture ! »

Ma voix forte et mon ton autoritaire ne les impressionne pas. Ils ont tourné la tête vers moi et ricanent. Mes épaules se tendent et je souffle des narines, sachant pertinnement que je ne me calmerais pas ainsi. En même temps, je ne veux pas me calmer. Ma main s’est crispée sur mon carnet au point que mes phalanges blanchissent et me font mal. Et les abrutis avec leur partie de solitaire continuent de me rire au nez.

« Ah. C'est m'sieur le curé. »
« Tu ne demandes pas très gentiment ! »


Mon rythme cardiaque s’accélère dangereusement. Mon souffle se fait plus court et mes membres me démangent. Je n’ai pas mon schlass sur moi, évidemment, ce serait trop beau (vous seriez surpris que les schlass, c’est comme les dildos, on peut en faire avec tout et n’importe quoi si on est assez courageux). Tout ça pour dire que j’ai très, très envie de les défigurer.

« Vous vous foutez de moi ? »
« Oh, non, on oserait pas... »


Je tremble de colère et de frustration. Un mot de plus et je serais parti pour de bon. Je sais ce que ça signifie, si je ne me contrôle pas : retour en isolement. Adieu cette communauté Monarchiste que j’ai tenté de créer, pour qui je me suis donné à fond dans mon rôle. De toute façon, ce sont eux qui ont quitté le navire. Ils ont gagné, si c’est ce qu’ils veulent, alors je vais arrêter d’être le curé à la cool et je les menacerais pour qu’ils reviennent. Je trouverais un moyen. Je trouve toujours un moyen.

Mon sang bat dans mes tempes. J'ai du mal à contrôler ma respiration. J'imagine qu'ils croient qu'avec le temps et les médicaments, je suis devenu docile, que les matons ont fini par me dresser. Je peux les comprendre. Il y a des fois où je ne ressentais plus ce besoin impérieux de m'en prendre physiquement aux autres. Des fois où je me disais presque que je pouvais m'en passer. Et les médicaments me rendaient souvent trop stone pour en avoir envie, de toute manière. Sauf que leur effet n’est plus le même maintenant que mon organisme a commencé à s’y faire. Mais, la vérité, c'est que je ne peux vivre sans cette adrénaline. Je veux leur faire comprendre que je ne me suis pas domestiqué. Qu'ils ont eu tord de se moquer de moi en pensant que je les laisserait faire. Peu importe si ça me renvoie en isolement, qu'ils augmentent les doses de mes médicaments, qu'ils disent que ce n'était pas très judicieux de ma part. J'ai besoin de cette violence pour expulser cette frustration qui monte en moi depuis des semaines.

« Tu vas nous torturer ? »


Je n'ai pas attendu qu'ils terminent de ricaner à mes dépens pour sauter sur la table et faire atterrir de toutes mes forces ma semelle sur le nez de Klein. Ce dernier fut propulsé vers l'arrière et se roula par terre en tenant son nez sûrement cassé entre ses mains en me hurlant des infâmités. L'un de ses potes l'a rejoint à terre, l’autres me menace, lprêt à me balancer sa chaise dans la tête. J'ai déjà bondi sur lui avant, l’entraînant à terre avec moi. J'ignore la douleur qui foudroie mon épaule à atterrissage, alors que j'ai heurté un siège. Il agrippe mon col, je me mets à mordre sa main comme un forcené. C’est fou, la puissance de la mâchoire humaine. Alors qu’il baisse sa garde à cause de la doulmeur, je roule et me retrouve au-dessus de lui, levant mon poing, sachant pertinemment que l'impact sera fort douloureux pour mes phalanges. Au moment où je vais frapper, un maton fonce vers moi et me plaque dos au sol. Ma respiration est momentanément coupée par la force du plaquage. Je grogne et crie qu'on me laisse aller leur « casser la gueule à ces bâtards de merde » et mes adversaires me répondent des choses tout aussi grossières, eux aussi neutralisés et retenus par nos gardiens. Klein est emmené à l'infirmerie au pas de course et nous autres allons vers les quartiers d'isolement en attendant qu'on nous interroge sur cette petite « crise ».

Ah. Probablement que vous pensez que plus personne ne viendra à mes lectures, à présent. J'ai probablement tout foutu en l'air, hein ? Peut-être. Et le fait d'en avoir quelque chose à faire m’a conduit à me punir d'être attaché à cette activité. A une activité qui ne consiste plus à simplement profiter de la faiblesse d'autrui. Le goût métallique du sang me reste un moment en bouche et tandis qu’on m’isole en attendant que je me calme, je serre les dents. Abruti. Débile. Qu’est-ce que tu as encore fait ?

***


J’ai toujours mal à mon épaule. D’après le docteur, j’ai fait une mauvaise chute qui me vaut de porter une foutu atèle pendant deux semaines. J’ai définitivement défiguré Klein. Il va m’attendre au tournant quand je sortirais de l’isolement. Mais je ne suis pas désolé. Si je commence à être désolé pour lui, alors je devrais être désolé pour toutes les personnes que j’ai tuées, blessées ou torturées par le passé. Je suis plutôt désolé par ma propre bêtises, le fait d’en revenir toujours au même point. Et de revenir encore et encore dans le bureau de ce connard de Nikolos. Qui n’est peut-être pas tant un connard que ça, mais je ne l’aime pas, alors j’ai le droit de le traiter de tous les noms qui me passent par la tête. Ça me détend, voyez-vous.

La consultation a commencé depuis a peu près 5 minutes, sur « Voulez-vous me parler de ce qui s’est passé ? ».

« Cela faisait longtemps, que votre comportement... »


Franchement, il a du lire le rapport, je ne vois pas pourquoi il aurait besoin que je lui redonne ma version. De toute façon, il me sous-entendra que j’ai eu tord, que c’est pas bien d’être méchant et gnagnagna...

« C'est pas ma faute. Ils ont joué aux cons avec moi au lieu de venir aux lectures comme toutes les semaines. »


Ce que j’avance là ne sont que les faits. Ils connaissent tous ma réputation, savent ce qui leur pend au nez quand on me pousse à bout… qu’est-ce qu’ils attendaient, au juste ? Que j’en appelle au pardon infini de notre Roi Shaja et de notre guide Regigigas ?! Eh bah, laissez-moi vous dire que le pardon infini, Klein se l’est reçu dans la gueule et c’est bien fait ! Bref, s’y voulaient pas que ça tourne mal, fallait venir aux lectures.

« Ce sont des lectures obligatoires ? »

Hein ? On a déjà de la chance qu’on nous laisse les faire, mais j’imagine que maintenant, y’en aura pu. Bon sang. Pourquoi est-ce que ça me fait mal de penser que par consèquent, la promesse que j’ai fait au petit Rémi est juste kaput ? Je trouverais un moyen. Je refuse d’arrêter tout ça. Ça me rendra dingue de pas pouvoir continuer, je ne saurais pas dire pourquoi, mais, vraiment, je ne le supporterais pas.

« Vous ne pouvez pas les obliger. »
« Qui à dit ça ? »


Peu importe si personne n'a connaissance de mon chantage. Je les obligerais à venir d'une manière ou d'une autre, y ont pas le choix, c'est moi qui ait décidé. Évidemment, je devrais savoir que si je dis des choses pareilles, alors le docteur va me poser encore plus de questions.

« Vous tenez à ce que vos amis Monarchistes viennent à vos lectures, non ? »
« C'est pas mes amis ! »


J’y tiens, parce que si je me retrouve tout seul à réciter, bah, qui va m’écouter raconter des conneries ?! Qui va être là à approuver bêtement mon prosélytisme stérile auquel je ne crois moi-même vraiment pas du tout absolument pas ? Je ne veux pas des amis. Je veux des sbires. Se faire des amis en prison… ne faut-il pas être con pour faire ça… A la limite, on peut dire que je supporte plutôt bien Clive, mon copain de cellule (bouh, il va se retrouver seul sans m’entendre chanter pendant de longues journées, le pauvre). Et puis, le petit Rémi était sympa. Sans plus. Surtout, il était utile, car quand il était là, bah, les gens venaient au lecture au moins… Attends. Est-ce que le départ de Rémi aurait un rapport avec la desertion de me séances… ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ça ?!

« Qu'est-ce qui vous plaît, dans le fait de faire ces lectures avec eux ? »

Je suis encore plongé dans mes réflexions et ne peut répondre. Attends voir… pourquoi est-ce que la présence de Rémi les encourageait à venir aux lectures plus que MES demandes ?! Non, non, non, on me force à parler de Racine… j’ai lu Britannicus, moi, à la fin, Britannicus, aimé de ses sujets, meure, car ça ne servait à rien d’être aimé, il faut être craint pour régner ! A quoi ça sert d’être un nerd si toutes ces connaissances s’avèrent inutiles… ou alors, j’aurais mal interprêté… ? Je ne veux pas vivre dans un monde ou je suis celui qui interprète mal les classiques !

« Qu'est-ce que vous aimez, dans cette activité ? »

Bon, par contre, il commence à me courir sur le haricot avec ses questions.

« J'ai jamais dit que j'aimais ça. C'est juste pour passer le temps. »

Répondis-je en forçant la neutralité, en espérant qu’il me fiche la paix.

« Hm... est-ce qu'il y a des choses que vous aimez faire ? Pour passer le temps ? »

Boooon, s’il veut vraiment continuer, je vais lui donner une réponse qu’il pourra se faire plaisir à essayer de décortiquer. Allons à fond dans l’absurdité, remettons tout à zéro, comme il adore parler du fait que je suis de ces gens qui ne font que briser les systèmes relationnels capable de leur apporter de l’attention positive. Je vais lui en donner, moi, du sadisme et des motifs qui font que je brise ces systèmes et les gens qui s’y trouvent, résultant en moi me prélassant dans ma fange et l’attention négative. Ah, vous pensiez que je ne retenais rien de ce qu’il me racontait, hein ? Je ne suis pas bête. Je sais très bien qu’il n’y a rien à faire. Que je suis fait ainsi et que je n’en sortirais pas. Et ce n’est pas de démonter ma manière d’agir en société des centaines, des milliers de fois qui changera quelque chose. On ne répare pas, on ne change pas les gens. On ne peut que les regarder continuer de tourner en rond encore et encore. Tsss… j’aurais du être psy. Quel plaisir ça doit être, de voir les gens se cogner en boucle contre les murs dressés par leur propre absurdité.

« Oh, oui, j'aimais taper sur des gens et les faire souffrir. Dommage, maintenant, je peux plus. A la place, on m'impose de parler avec toi qui essaye de me convaincre que je peux peut-être être gentil. Ou me faire des amis. J'ai passé l'âge de me faire des amis ! T'as zappé que j'étais en prison ?! »

J’en profite juste pour lui cracher mon venin à la figure, comme d’habitude. J’espère qu’il les aime beaucoup, ses 10 ans d’études. Tout ça pour se retrouver face à cette ordure de Monsieur Nagel qui n’écoute rien et n’en fait qu’à sa tête.

« J'essaie juste de comprendre. Pourquoi êtes vous si contrarié qu'on ne vienne plus à vos lectures,  si vous n'aimez pas ça ? »


Ah. Pas de chance, il ne relève pas ma provocation. Après tout, j’attendais quoi, qu’il se lève, retire sa blouse, arrache sa chemise, me lance un « come at me bro » et vienne me mette une grosse fessée pour me discipliner… hm-hm. Ouhlala. Je pense à beaucoup de choses, moi. C’est l’isolement. Bref, qu’est-ce que je disais. Ah, oui, lui dire qu’il ne comprend rien, qu’il a tord et tout le tralala.

« Je suis pas contrarié ! Je leur ai demandé et ils n'obéissent pas, c'est frustrant. Franchement, arrêtes de chercher plus loin. »

Nikolos a marqué une courte pause. Il me regarde un petit moment avant de reprendre.

« Depuis quand estimez-vous qu'il n’obéissent plus à votre demande ? »


Alors ça… il va voir, que ce n’est pas moi le problème, que c’est juste eux qui sont complètement abrutis et lunatiques.

« Ils sont stupides. Des vraies girouettes. Ils savent que c'est moi leur prêcheur, franchement, y avait que mon nom à la bouche y'a des mois et maintenant c'est juste « Austin par-ci, Austin par-là »... ! »

Je l’aime bien le Rémi, mais franchement, ça me fait un peu chier, cette histoire. S’il n’était pas parti, j’aurais pu les garder en laisse les doigts dans le nez.

« Vous faites allusion à Rémi Austin ? »


J’arque un sourcil et croise le regard du brun en blouse.

« Vous m'avez parlé de lui plusieurs fois. Vous entendiez bien avec lui, non ? »

Maintenant qu’il le dit, je me rappelle l’avoir peut-être évoqué une ou deux fois. C’est vrai qu’il avait relevé que c’était un changement, que je ne parle pas de personnes de ma famille, que je finisse par m’intéresser à d’autres personnes. Il avait tout faux, évidemment.

« C'était un gamin obéissant. Utile. »
« Vous l'appréciiez ? »


Mais il ne m’écoute pas, en fait. Je viens de dire que je l’appréciais juste car il était utile. Enfin, je dis « appréciais », je veux pas vraiment dire que je l’aimais bien. C’est lui qui a utilisé ce mot en premier et qui m’embrouille !

« Est-ce que le fait qu'il ne puisse plus assister à vos lecture serait en rapport avec votre frustration ? »


J’ai envie de nier en bloc mais je me suis tout de suite tendu, mes doigts serrant nerveusement l’accoudoir du vieux sofa. Je sais ce qu’il essaie de me faire dire. Que j’apprécie ces lectures, que j’apprécie Rémi, que peut-être j’appréciais d’avoir de la compagnie de personnes un tant soit peu intéressées par ce que je créais… aussi surjoué et bête que cela soit. Car ils en avaient besoin, de ce passe temps. Car moi-même j’en avais besoin pour ne pas devenir taré à nouveau. Est-ce que j’ai fini par y croire, à cette fichue Légende, à cet Elu qui est revenu peut-être bien de Mars ou je ne sais quoi ?! … peut-être bien maintenant que j’y pense. Rémi était sincère, contrairement à moi. Peut-être que ça ne tient qu’à ça. Il avait envie d’y croire. Il avait envie de convaincre, de réunir, il les aimait, tous ces Monarchistes complètement paumés. Moi, tout ce qui m’importe, c’est qu’on m’acclame quand je fais l’imbécile et qu’on m’obéisse.

« Qu'est-ce que c'est que ces conneries encore... Tu vas encore demander des trucs niais du genre « oh, est-ce qu'il vous manque » ?! »

Je ne comprends plus rien. J’arrivais a me convaincre que j’en avais rien à faire il n’y a pas deux minutes. Quand l’autre a commencé à prononcer le prénom du jeune Rémi, ça a créé un bug dans ma matrice. Il a encore fichu la merde.

« Non, mais vous venez de le dire. »

Quel connard. Voila qu'il porte son mug à ses lèvres et boit en m'observant, puis me propose de me re-servir de thé. J'espère qu'il s'amuse bien.

« Nique. »

Pitoyable. J’ai eu de meilleures capacités de répartie. Je me mets à me ronger l’ongle du pouce pour compenser mon agacement. Mes pauvres ongles si bien faits.

« Pourquoi pensez-vous que vous qu'ils parlent tant de Rémi Austin ? »

Il me cherche ou quoi ? S’il l’aime tant, son Rémi, pourquoi il va pas le marier ?! Si ça leur fait plaisir j’ordonnerais leur mariage Monarchiste style et après j’irais planter Nikolos dans le dos sur l’autel…

« Ces idiots préfèrent être dorlotés par le gentil garçon. Chochottes. »
« Et pas vous ? »

Pardon ?! Qui aime être dorloté ? Moi ?! Ça va pas non, d’insinuer des choses aussi dégradantes à mon sujet ? Il va encore revenir à la charge ne disant que je refuse l’attention positive après ça ! Alors que, oui, je la refuse, mais je la refuse pour une bonne raison : car ça ne sert à rien ! Et parce que j’ai pas besoin qu’on m’aime moi, d’abord. J’ai juste envie de capter l’attention avec ma présence mesmérisante et mes beaux discours. C’est tout à fait différent.

« Est-ce que cette frustration ne viendrait pas du fait que vous avez simplement perdu l'appréciation d'une personne que vous appréciiez en retour ? Et que vous ne retrouvez pas cela dans vos relations avec les autres personnes de votre groupe ? »


Mais par le slip de Regigigas… Pourquoi je n’arrive pas juste à nier avec ma répartie habituelle. Pourquoi, en mon fort intérieur, je n’arrive qu’à admettre qu’il a raison, que j’ai perdu une présence qui était devenue importante pour le groupe et importance pour moi ? Que je ne peux qu’être destabilisé et mal à l’aise quand je me rends compte que je me suis trompé sur toute la ligne quant à la méthode à employer pour garder un groupe, uni ? Ou plutôt, je me rends compte que je fantasmais complètement les effets de l’abus de pouvoir. Je ne suis plus un Officier du Régime ou un gosse de riche à qui les rapports sociaux et de hierarchie donne du pouvoir sur les autres personnes. Je suis juste un énième criminel que la loi a rattrapé et à qui on a fait enfiler une tenue orange qui le met au même niveau que n’importe quelle main d’œuvre cheap. En fait, prêcheur Monarchiste ou pas, je ne suis personne.

« ...Non. »

Cette certitude a fini par me frapper de plein fouet. Ça devait arriver. Je ne suis personne. Je ne sais même pas si quelqu’un me considère encore comme quelqu’un à qui ça vaut la peine de s’intéresser. C’est donc ça. J’avais presque réussi à oublier ce que ça faisait, avec la présence de Rémi, avec les lectures et les rassemblements. Mais, c’est toujours la même chose. Au final, si on m’enlève le faux sceptre, le carnet, le schlass qui me permet de me hisser dans la chaine alimentaire, je ne suis rien. Alors, oui, je n’ai plus de mots. Si ce n’est la négative, si ce n’est ce pouvoir que j’aurais toujours : celui de nier. Celui de tout refuser, de tout refouler en bloc. Celui de dire « non » à la réalité qui tente de me rattraper. Ca a l’air si facile, comme ça. Mais cela fait longtemps que je ne suis plus imperméable. Que la réalité dans toute sa laideur, je ne peux que l’affronter ; et par ce biais, me rendre compte d’à quel point je suis faible face à elle. Je n’ai plus les armes, je n’ai plus le pouvoir, je n’ai plus d’alliés. Je n’ai plus que moi-même, ma bipolarité, ma dépression et ma puanteur que je ne peux parfois plus supporter moi-même.

« C’est faux. »


Je veux partir d’ici. Je ne veux pas qu’il insiste. Je ne veux pas m’auto-détruire d’avantage en refusant ses paroles, en essayant de les effacer de mon esprit en sachant pertinemment qu’elle ne partiront jamais.

« Peut-être n'êtes-vous pas prêt à l'admettre. »

Se contente-t-il de dire pour mettre fin à cette conversation.

« Parce que y'a rien à admettre. »

Que j’aimerais croire. Je n’ose même pas relever les yeux pour regarder l’expression que son visage a prise. A sa place, je jubilerais. Car c’est si facile. C’est si facile de briser quelqu’un qui se croit tout puissant. Pourtant… il ne l’a pas fait. Il m’a toujours traité comme un être humain qui a droit à la décence humaine et aux traitement médicaux. Je devrais m’estimer heureux d’avoir au moins ça en prison, hein, c’est ça ?! Ce n’est pas le monde qui m’a brisé. Quoique… dans ce monde, il y a sûrement des gens peut-être un peu responsables de ma déchéances. Mais pas aussi responsables que je le suis, moi.

« Bon. Arrêtons nous là pour aujourd’hui. »

Oui. Pitié. Je me lève machinalement, le regard bas. Le maton entre et m’observe en arquant un sourcil. Oui, normalement je suis plus agité en sortant de chez le docteur. Avant que je parte, Nikolos prend un papier sur son bureau, s’apprête à me le donner, semble réfléchir et va chercher un autre papier dans un autre tiroir, avant de finalement me tendre la feuille.

« Oh, par ailleurs, votre nouveau traitement est disponible à l’infirmerie. Pour ce qui est des dosages... »

C’est une ordonnance pour aller chercher mon traitement à l’infirmerie. Le psychiatre demande au gardien de m’emmener là-bas avant de me ramener à ma cellule. J’ai presque hate aux effets des pillules, maintenant. J’ai hâte d’être trop stone pour ne plus penser à rien et juste m’avachir dans un coin en attendant que ça se passe. Car c’est fini. Ca ne fait que 7 ans que je suis dans ce pénitencier sur 25. 7 ans… 5 ans ? 9 ans… ? Quel jour est-on, au juste ? Quel mois ? Quelle année ? Que se passe-t-il, dehors ? Où est Ludwig ? Riku ? Irina… ?

« Irina... »
« Qu’est-ce que tu dis ? »


Le maton m’entend répéter en marmonnant le prénom de ma jumelle. Ça ne la fera pas revenir. Ça ne me réparera pas, ça n’annulera pas mes erreurs.

Le médecin avait l’air soucieux en me donnant mon traitement. J’ai appris un peu plus tard, par des bruits de couloir, que les matons avaient eu vent de la rumeur que je devrais peut-être être envoyé dans la branche psychiatrique, « comme le dégénéré que je suis ». J’imagine que c’est ce qu’on doit penser de moi. Rendu là, je n’en ai plus rien a faire. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent de moi. Je ne vais pas me révolter ou essayer de lutter, pour une fois. Je suis trop fatigué par tout ça.
Avec des Monar et le Docteur
Allo allo monsieur l'ordinateur.
Alexander Nagel-Jung
Alexander Nagel-Jung
Ex-Régimeux
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Jeu 19 Mar 2020 - 15:04
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