L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
L'arrivée à Zazambes s'était faite dans un certain calme. Shun n'avait jamais vraiment pu visiter le sud de l'île et il comptait bien se rattraper. Cependant il avait d'abord quelques obligations administratives. L'université lui avait permis de faire ce voyage mais il allait devoir la représenter et ce dès le soir même. On lui avait demandé de se rendre à un diner, une sorte de réunion informelle où Elixir allait faire part de ses avancées. L'organisation était une donatrice généreuse de l'Université de Baguin. Elles travaillaient ensemble depuis quelques temps maintenant et garder des liens forts était important. Shun se remémorait le speach d'un des professeurs qui attendait de sa part qu'il puisse faire des rencontres à même de l'aider dans ses recherches.
Le jeune homme avait eu le temps de se rendre à son hôtel et de se poser un peu. Après un brin de toilette il se rendit vers l'un des hotels luxueux de la cité. Ce genre de réunion avait souvent lieu dans ce genre d'endroit. Il y avait généralement un petit discours et ils avaient besoin d'une salle pour accueillir tout le monde. Les réceptions scientifiques universitaires n'étaient pas vraiment son fort. Ce n'était pas vraiment un colloque d'archéologie. Et on lui avait demandé de s'y rendre pour se présenter. Puisqu'il n'avait pas le choix il fit quelques efforts et s'attacha les cheveux en chignons avant de se rendre sur les lieux. Il laissa l'oeuf à l'hotel avec goupix qui se sentirait mieux là qu'entouré d'humains inconnus. Vipélierre resta à ses côtés jusqu'à leur arrivée au grand hôtel. Là il se présenta à l'accueil et on lui indiqua la salle de réception.
Shun découvrit plusieurs dizaines de personnes avec un verre de champagne à la main. Le logo d'Elixir était fièrement accroché aux murs. C'était une grande salle lumineuse avec de petites tables rondes devant une estrade composée d'un micro. Super ils allaient devoir subir un discours. Finalement il y avait des personnes de tout age. Il faut dire qu'à la fin du régime il y avait eu un tel chamboulement que de nombreux postes furent remplacés et de jeunes têtes avaient émergé. Shun se rapprocha d'une table à petits fours et prit une sorte de toast, sûrement au saumon fumé... Oui c'était bien ça. Puis il choisi un verre de jus de fruit. Il aimait beaucoup les jus de fruits. Certes il faisait un peu tâche dans le décor avec ce verre à la main mais il n'allait pas se retenir de prendre ce qu'il aimait. Très vite un homme assez âgé vint à sa rencontre.
« On m'a prévenu que des doctorants seraient présents. Aurais-je la chance d'avoir vu juste et d'être tombé sur la bonne personne ? » Shun hésita une seconde avant de répondre en offrant un sourire poli.
« Vous avez vu juste, je suis Shun Sakuraba, envoyé par l'Université de Baguin. Je travaille sur la Légende . »
« Oh, cela change des scientifiques habituels. Je suis Monsieur Klein, je m'occupe du site des Ruines, votre nom ne m'est pas inconnu puisque j'ai signé l'autorisation de votre affectation au Tiliak. Bien, vous me pardonnerez mais un estimé confrère ne devrait plus tarder à monter sur scène je vais aller vérifier que tout va bien. »
Shun lui fit un signe de tête et sirota son verre dans son coin. C'était quand même très guindé. On était assez loin des rencontres auxquelles il avait participé ces dernières années. Peut être que son père avait plus l'habitude de tout cela, mais pas lui. Après, il s'amusait à regarder certains. Soudain la lumière concentra son faisceau sur l'estrade et Shun voyant qu'il était bien trop près du micro recula de quelques pas . Il avait vu un coin, près de grandes fenêtres derrières de lourds rideaux. Il souhaitait s'y rendre. Mais n'ayant pas bien regardé derrière, les yeux s'étant intéressés à la scène, il sentit son épaule buter contre quelque chose, ou quelqu'un. Vipélierre, toujours sur son épaule, (car il avait finalement décidé de la laisser hors de sa pokeball) lança un sifflement d'alerte mais il ne l'entendit pas assez vite. Shun ne s'était pas encore totalement retourné, qu'il se confondait en excuses.
« Oh je suis vraiment désolé, ça va aller ? »
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Jeu 4 Jan 2018 - 18:00
Emilly Carter
Et attention, on lève le petit doigt Andromède & Emi
- « La rouge ou la bleue ? »
Ses yeux noisettes se posèrent sur les deux étoffes aux couleurs vives. De très belles robes, sans aucun doute, et qui avait dû coûter un bras en plus de ça. Un seul coup d’œil lui suffisait pour remarquer le soin tout particulier apporté aux coutures, à la qualité du tissu et à la coupe du vêtement. Vraiment, elles étaient toutes les deux magnifiques. Cependant, la vue de ces deux robes ne retira pas l’expression lasse qu’elle se trimballait depuis plusieurs heures déjà. Que ce soit la rouge ou bleue, aucun de ces vêtements ne pourrait lui faire rater cette soirée qu’elle qualifiait intérieurement d’ennuyeuse depuis qu’elle en avait entendu le concept.
Emi exécrait ces rassemblements luxueux. Elle n’y voyait, pour ainsi dire, qu’un intérêt purement esthétique. A quoi bon se mettre sur son 31 pour parler d’avancée scientifique si ce n’est pour se pavaner en public et étaler ses richesses à autrui ? Son père appelait ça des « réunions d’affaires », Emi appelait ça un « défilé de mode », c’était le but même de sa présence. Sa mère pouvait dire le contraire, la demoiselle était intimement convaincue qu’on s’encombrait d’elle uniquement pour plaire aux us et coutumes de la haute société. Il y aurait sûrement dans ce rassemblement « de respectables collègues » des présidents d’association bien trop gras pour être honnête et des donateurs richissimes et généreux qui lègue de leurs fortunes pour se donner bonne conscience et se faire qualifier de gens biens. On avait uniquement besoin d’elle pour faire la belle plante verte, pour montrer à la face de ce petit club très sélect que la famille Carter se portait bien et qu’ils avaient une héritière bien obéissante sous la main. C’était toujours comme cela du coup du rouge ou du bleu, Emi n’en avait que faire.
- « La rouge. »
Elle passa la robe et tourna son regard vers le miroir de cette chambre qu’elle trouvait démesurément grande pour une seule personne. Derrière elle, sa mère hocha la tête d’un air satisfait avant de lui demander de s’assoir pour s’atteler à une opération autrement plus épineuse que le choix de sa tenue : coiffer ses cheveux. De l’avis de la ranger, cette robe lui allait plutôt bien. Outre le fait que le rouge soit sa couleur préférée la jeune-femme trouvait que la teinte plutôt criarde du tissu captait le regard et c’était autant de chance en moins que l’on ne s’attarde sur ses jambes. Camille, sa mère, brossa longuement sa longue crinière et après un moment de réflexion elle se mit en tête de lui faire un chignon quelque peu épais. Elle recoiffa sa longue mèche qui lui barrait le visage et rangea soigneusement derrière les oreilles de sa fille les quelques cheveux rebelles qui ne s'étaient pas rangé au plus gros du paquet.
- « Voilà ! C’est parfait. Maintenant lève toi nous ne devons pas faire attendre ton père. »
Cette idée amusa la ranger qui voyait déjà son beau-père taper du pied dans la voiture qu’il avait loué un peu plus tôt dans la journée. Emi gagna l’entrée et enroula autour de son cou sa longue écharpe rouge en intiment Nyx de la suivre. Isaac tapotait bel et bien du pied à leur arrivée. Si Emi devait lui reconnaître une qualité, c’est que c’était un homme plutôt ponctuel et qui possédait (heureusement pour lui) un certain charisme. A le regarder, la jeune-femme eu l’impression qu’il avait encore une fois tout mis en œuvre pour montrer sa supériorité. Le voir ainsi vêtu lui arracha un léger soupir et la voiture démarra.
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Le lieu de réception se trouvait dans un hôtel un peu plus bas dans la ville. La famille Carter fut reçue en grande pompe et une fois entrés dans la vaste salle, qui au vu de l’estrade allait recevoir un monologue qui faisait déjà bailler Emi, chacun se dispersa. Camille se rendit auprès de quelques vieilles dames de sa connaissance, Isaac fit de même avec un homme maigrelet et un peu tremblant et Emi profita de se relâchement de vigilance pour aller dévorer quelques petits fours. L’avantage de ce genre de rassemblement, c’est qu’il y avait toujours de la bonne bouffe et en grosse quantité. La jeune-femme s’en fit une assiette généreuse qu’elle se mit à partager avec Nyx.
D’un coup, la sale fut plonger dans une douce pénombre pour laisser l’estrade briller de mille feux. Emi roula des yeux en jetant un sourire complice à Nyx qui semblait tout autant qu’elle lassée d’avance par le possible long, très long discours qui allait suivre. Le Pokémon lui fit signe de se reculer dans le fond de la pièce et alors que la ranger hochait doucement la tête un choc imprévu la fit reculer de quelques pas, manquant de peu de bousculer à son tour un innocent convive. Son regard surprit se tourna plus en avant pour rencontrer la silhouette confuse de ce qui lui sembla être un jeune homme dans les mêmes âges qu’elle. Diantre, c’était plutôt surprenant de rencontrer quelqu’un qui n’avait pas la gueule marquée par les rides et la poudre ici.
- « T-Tout vas bien, ce n’est rien ! »
Ça lui était encore plus surprenant de voir quelqu’un parler normalement sans y mettre des milliards de formes de politesse. Elle osa lui décrocher un sourire un peu maladroit et alors que derrière eux l’homme de l’estrade commençait à entonner son discours, fait d’expressions bien écrites et de formule de politesse pour brosser dans le sens du poil son public, l’idée soudaine de tenter une manœuvre d’approche maladroite germa dans l’esprit de la demoiselle.
- «Je… Heu… Les petits fours son bigrement bons… Vous en voulez ? »
Edit/précision :
Alors c'est pas précisé ou dit mais Emi à des médocs par rapport à sa glycémie (aka son diabète) qui lui permette de réguler un minimum tout ça. Alors, bien sûr, c'est pas miraculeux mais pour les utiliser moi-même irl ça permet de justifier un certain nombre de petits écarts dans une journée. Le régime lui permet de ménager sa santé donc, dans la limite du raisonnable, se faire plaisir le temps d'une soirée ne devrait pas lui poser de trop gros problème. Tant que la demoiselle consomme des aliments avec un indice glycémique raisonnable en quantité raisonnable (donc pas des carrés de sucre et de la bière à tout vas) y a pas de raison qu'elle nous fasse une crise /PAN/
-«Je… Heu… Les petits fours son bigrement bons… Vous en voulez ? »
Shun la regarda quelques secondes, légèrement surpris. Ce n'était pas la réponse qu'il attendait. Enfin, elle avait déjà répondu juste avant mais il ne s'attendait pas à un tel enchainement. Bon au moins cela signifiait qu'elle l'avait bien pris. De plus son sourire appuyait son hypothèse. Il sourit , semblant amusé par cette réponse. Il n'avait pas renversé leurs verres c'était déjà ça. Il ne supportait pas embêter les gens en règle générale, alors les salir par mégarde l'aurait mis dans un état de grand malaise.
-Viiiii ! Fit le petit serpent. Shun baissa les yeux et se senti encore plus idiot. Elle avait raison, il fallait vraiment être myope pour ne ne pas voir une personne avec une robe de ce rouge là. Le dresseur lança un regard mi agacé et mi amusé par sa remarque.
-Je refuse rarement de la nourriture.
Il se rapprocha du plateau le moins éloigné d'elle et attrapa de quoi se sustenter. Il goûta , prit quelques secondes pour laisser ses papilles se décider et sourit à nouveau. Bon il fallait enchaîner sinon le silence allait devenir gênant.
- J'avoue. Après ça change des dîners dont j'ai l'habitude. Même si c'est bon, on sent quand même que c'est sûrement surgelé d'habitude, mais pas là. Après, je ne suis pas inspecteur de la bouffe, donc... Tu es aussi étudiante ?
Shun passait vite au tutoiement, une vieille habitude prise depuis quelques années désormais. Ils avaient le même âge ou presque. Il n'y avait pas pensé mais il ne voyait pas vraiment d'autres raisons pour sa venue ici. Il écouta distraitement le début du discours. On put l'entendre soupirer. C'était juste une brosse à reluire Elixir, et les différents partenaires. L'Université lui avait demandé de se rendre là pour rencontrer ceux qui étaient en charge des Ruines du Tiliak. On peut dire que c'était fait. Son affectation commençait dès le premier janvier, le lendemain donc. Bref son réveillon allait être complètement fou... C'est vrai qu'ils allaient également fêter la nouvelle année. Cela expliquait les beaux costumes des invité.e.s. Lui même avait fait un minimum d'effort et sa classe naturelle ressortait. Il se tenait droit avec un regard souriant et un léger sourire, comme si toute cette mascarade l'amusait. Après il n'était pas méchant et personne ici n'avait mérité qu'il montre les crocs.
-Ah oui j'oubliais, la fin des présentations, moi c'est Shun, j'étudie l'archéologie à Baguin. On m'a envoyé ici pour le réveillon, c'est fou hein. Non j'ai pas été puni. Mais je dois bosser sur les ruines du Tiliak demain.
Il reprit une bouchée.
-Et voici une vieille amie, une vipélierre encore plus curieuse que moi, et c'est pas peu dire. Vipélierre poussa un petit cri poli puis elle baissa la tête en signe de bonsoir, son regard semblant scruter celui de la jeune femme, comme si elle la jaugeait. Puis elle fut intriguée par la Mysdibulle et particulièrement ses « cheveux ».
-La fac de Baguin aime bien l'idée que le monde scientifique puisse avancer ensemble. Même si elle espère garder un petit bout de gloire. J'imagine que c'est pareil pour les autres. Mais c'est vrai que les scientifiques aiment échanger. Et Elixir aime beaucoup inviter des gens susceptibles un jour de travailler pour eux et donc de leur servir. Donc voilà, c'est comme ça qu'on peut me croiser ici. Après je critique pas tout hein, Elixir apporte de bonnes choses. J'ai juste du mal à croire aux bons samaritains.
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Ven 5 Jan 2018 - 18:59
Emilly Carter
Et attention, on lève le petit doigt Andromède & Emi
La fluidité de la conversation avait quelque chose de… Plutôt grisant, il fallait l’avouer. Combien de temps cela faisait-il qu’elle n’avait pas parlé, d’égal à égal, avec quelqu’un ? Son quotidien n’était que politesse, formule alambiqué et discours préconçu. Il y avait une espèce de censure qu’elle s’était imposé au fil des années et qu’elle refusait de quitter de peur d’être jugée. Une espèce de petite voix qui lui intimait de sagement se taire, puisqu’elle le savait très bien, ce monde n’était pas le sien et rare était ceux qui pourraient partager sa vision des choses. Irina avait été, tout au long de sa vie, sa seule passerelle vers une totale liberté d’expression. Allez savoir pourquoi, mais Emi n’avait jamais pu se sentir bien à sa place dans ce monde doré régit par l’étiquette et le verbe gracile. La Ranger enviait ces enfants libres de tout, libre de crier, d’insulter, de sauter, de vivre tout simplement. Cette simplicité elle la retrouvait avec sa grand-mère. Mais maintenant la grand-mère n’était plus là et son expérience en tant que fille unique de la famille Carter lui avait appris à masquer ses pensées, à revêtir cette identité d’innocente et obéissante idiote. Emi avait très vite compris que dans les grands salons il fallait mieux passer pour une parfaite potiche bien commode que pour une enfant pensante mais rebelle (parce que oui, on ne l’a pas dit mais on ne parle pas de n’importe quelle population aisée. On parle de LA population aisée). Aussi, elle s’était appliquée, toutes ces années, à jouer à ce petit rôle pour garantir sa tranquillité.
Cependant, elle devait bien l’admettre, c’était épuisant. Dans un sens, elle admirait tous ces adultes qui s’adonnaient à cette mascarade depuis des décennies déjà. Comment faisaient-ils ? Quel était leur secret ? Elle, elle n’en pouvait plus. Elle assouvissait ses pulsions d’échange par l’écrit, sur les forums, mais ça ne tarissait jamais réellement l’envie qu’elle avait depuis un bout de temps déjà. Hors, ce jeune-homme, quel que soit son nom, venait d’engager une conversation, qui pour la première fois depuis de nombreuses années, lui avait semblé tout à fait simple et honnête. La Ranger se demanda que faire. Elle avait engagé la conversation sur un coup de tête, par simple pulsion, par une idée étrange d’expérimenter quelque chose de nouveau en ce jour de l’an et contre toute attente ça semblait payer. Le jeune-homme lui expliqua qu’il n’avait pas l’habitude de ce genre de cuisine et la simplicité de ses mots ne lui donna que plus envie de s’adonner à cette activité interdite qu’était une conversation simple et innocente. Une conversation sans calculs, sans faux-semblant.
- « Elle est jolie, ton amie. » fit-elle dans un discret sourire. Son regard se posa l’espace d’une demi-seconde sur la silhouette grave de son père. Elle avait honte de son niveau de vie. Honte de son identité. Est-ce que ce jeune-homme qui porte le nom de Shun la fuirait si elle disait la vérité ? C’était tellement bon de parler à quelqu’un. Elle ne voulait pas passer pour une petite fille capricieuse, ni-même pour ce qu’elle n’était pas. Elle hésita quelques secondes de plus puis en posant son regard noisette sur la silhouette de son compagnon de causette elle se souvenu de cette expression qu’utilisait à outrance sa grand-mère… Qui ne tente rien n’a rien. « Moi, en revanche, je suis punie. Je m’appelle Emilly, je suis la fille de cette espèce de caricature d’homme d’affaire, là-bas. Elle s’est Nyx, habituellement nous travaillons toutes les deux comme Ranger dans la région mais ce soir nous sommes-là pour distribuer des sourires et jouer les poupées bien éduquées. »
Intérieurement, elle n’était pas peu fière de sa tirade… Elle ressentait même une putain de joie à l’idée d’avoir osé dire à voix haute du mal de cette-ci belle assemblée. C’était ridicule, mais elle avait l’impression d’avoir commis un acte de rébellion affame, une bêtise qu’on ne pourrait lui pardonner et la simple d’idée d’avoir été contre cette bienséance qu’elle détestait lui fit l’effet d’un frisson de plaisir qu’elle ne cacha même pas. Malgré tous les appels à la prudence de sa conscience elle se mit à sourire bêtement et sa voix sembla tout de suite plus guillerette.
- « Si je peux me permettre… » Commença-t-elle avec un sourire espiègle « Je ne parlerais pas pour les scientifiques mais je connais la moitié des visages de cette salle et je peux te certifier qu’aucun d’entre eux n’est là par amour pour la science. La plupart des gens présents à ce genre de cérémonie sont des commerciaux, des gens qui donnent de leurs temps et de leurs argents par pur intérêt. Ils savent qu’Elixir a les moyens de les faire prospérer d’une manière ou d’une autre alors ils se précipitent pour brosser la corporation dans le sens du poil et avoir suffisamment de poids pour obtenir ce qu’ils veulent par la suite. »
Son regard dériva sur la foule un peu plus en avant et elle désigna du doigt un gros monsieur avec un verre de champagne à la main.
- « Ce type, par exemple, il s’appelle Edgard Bates et il dirige un groupe spécialisé dans la conception d’équipement d’analyse. Il verse régulièrement des dons à Elixir pour rester un fournisseur important de la fondation. A côté de ça, c’est un prince du gâchis et de la saleté. Il n’a aucun respect que ce soit pour les autres ou pour les Pokémons. Un gars détestable en somme et le plus navrant c’est que c’est loin d’être le pire. »
Nyx hocha la tête comme pour appuyer les commentaires de sa maîtresse et la Ranger, tellement prise par l’euphorie de pouvoir laisser libre cours à ses mots, en oublia le vouvoiement et toute les règles de l’étiquette. Sans doute allait-elle regretter amèrement cet excès. Si le jeune-homme caftait ses mots ça en serait fini d’elle. Ni son père, ni sa mère, ne lui pardonnerait cette écart de conduite. Et pourtant, à mesure qu’elle parlait elle sentait cette espèce de joie enfantine monter en elle. Ce ne serait que le temps d’une soirée, elle ne reverrait sans doute plus jamais ce jeune-homme tombé du ciel mais son regard pétillait. Une soirée, pendant juste une soirée, elle serait Red.
Vipélierre sourit tandit qu'elle offrait à la jeune femme un regard intéressé et le moins hautain possible (chose qui était pourtant une habitude de ces pokemons). Le petit cri semblait dire : Ah bah voilà quelqu'un qui a du goût. Je l'aime bien moi ! Shun laissa échapper un petit rire. Puis il regarda dans son dos, l'homme qu'elle lui indiquait tout en l'écoutant.
-Enchanté Emilly Punie et Nyx qui est tout aussi mignonne. J'aime bien les mysdibules.
Une pensée l'anima alors. Que ferait son père dans ce genre d'assemblée ? On peut dire qu'il avait été le plus sage de la famille tandis que sa mère était plus passionnée et tout feu tout flamme. Certainement qu'il aurait pu être invité. Elixir aurait pu compter sur lui si il avait toujours été vivant. Et donc il aurait joué de son charisme et ses charmes pour se faire bien voir, comme les autres. Shun connaissait mal la vie professionnelle de son père alors il lui était difficile d'imaginer quelque chose sans idéaliser la vérité. Cependant il en était assez conscient. Aujourd'hui tout avait bien changé. Même si il ne manquait pas de biens matériels il se sentait plus en adéquation avec sa vie dans la jungle que dans des réunions de ce type. Oh certes il aimait bien le luxe mais c'était lui qui porterait un masque à faire tomber d'extase l'assemblée. Il a beaucoup de mal à supporter l'hypocrisie d'autrui. Et puis il n'avait plus vraiment à se forcer. Shun montra d'un signe de tête qu'il avait vu de qui elle parlait.
-Des Ranger poupées ? Je connaissais pas vraiment le concept. Ça m'a l'air compliqué. Je n'ai pas du tout la même histoire avec mon père mais franchement, si les choses avaient été différentes peut-être que c'est moi qui serait à ta place. Sauf dans le cas d'être Ranger. Ça te plaît d'ailleurs ? J'en ai peu croisé. Il l'écouta, posant son regard sur ce sourire espiègle assez plaisant. Il sentait qu'elle n'allait pas mâcher ses mots et qu'ils pouvaient s'amuser à critiquer l'assemblée dans une sorte de bulle complice.
-Et moi qui connaît pas mal d'Universitaires, leur amour de la science et de la découverte va souvent de paire avec un amour très égocentrique et un ego qui adore être flatté. Il se retourna et regarda l'homme qu'elle lui avait montré tout en l'écoutant attentivement.
-Il serait sûrement ravi de savoir qu'il est au moins prince de quelque chose. Les pokemons sont toujours les premiers à subir nos actes. Quand le barrage entre Amanil et Anula a cédé toute la faune locale a été perturbée. Je ne dis pas que les humains n'ont rien subi. J'étais bien placé pour savoir qu'on en a tous payé les conséquences, mais nos chers amis ont eu à se débrouiller seuls pour la plupart, avant que des associations et les rangers présents puissent agir. Il était entre deux eaux. Entre un passé lointain qui l'aurait conduit à cette partie de la société, huppée et généralement égoïste et un autre plus proche qui l'avait fait basculé ailleurs.
-J'essaie d'avoir une approche scientifique mais mon domaine c'est plus un mélange entre l'art, les légendes et les vieux débris. Et j'ignore totalement ce que je suis parti chercher. Ça sera une découverte normalement inattendue. Tant mieux j'aime bien improviser, quand je ne suis pas trop stressé j'entends bien.
Shun se laissait aller à une discussion libre. Il faut dire aussi que son état d'esprit l'aidait. Il venait d'y avoir un gros changement ces dernières heures. Il était parti pour une longue route. Alors cet échange était presque comme un sentiment familier qui revenait. Dans cet inconnu s'ouvrant à lui, rencontrer des gens à priori sympa était comme des bouées ou en tout cas des lanternes qui éclairaient un peu plus sa route.
-Tsss quand je vois certaines personnes je me demande vraiment ce que le Régime nous a appris sur le pouvoir. Pour certains, ça n'a pas servi de leçon.
Vipélierre descendit du corps de Shun et s'approcha de la table. Ses petites lianes se levèrent et vinrent chercher un petit four qu'elle approcha de sa bouche. Shun avait fini le sien et il ne lui en avait même pas proposé un bout, alors il n'y avait plus qu'à se servir soi même.
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Sam 6 Jan 2018 - 16:40
Emilly Carter
Que c'est bon d'être un bourgeois Andromède & Emi
[Pardon, mais plus j'entend cette chanson plus je vois le discours d'Emi du coup je me devais de la placer puis entre nous la comédie musical est aussi bonne que le bouquin d'origine du coup on se fait plaiz ♥]
Il serait sûrement ravi de savoir qu'il est au moins prince de quelque chose. Avait-il dit et en son fond intérieur, Emi se disait que c’était surement sous couvert de cette excuse qu’Edgard Bates justifiait son comportement. Après tout, ils étaient nombreux à s’être attachés à cette vie, à cette position qui les propulsaient au-dessus de tout, au-dessus des autres. Avoir vécu dans l’excès les avaient rendus dépendants et obsédés. La Ranger les comparait souvent à des drogués, incapables de se sortir de la spirale tout en sachant à quel point elle pouvait être néfaste. Si Edgard Bates n’avait pas eu le malheur de constater que ses crimes payaient peut-être aurait-il eu du remord à traiter aussi mal ce qui l’entourait. Mais Edgard Bates, comme pas mal de monde dans cette grande salle, avait pu expérimenter et comprendre que l’intérêt général était moins lucratif qu’on voulait nous le faire croire et qu’agir égoïstement était souvent plus facile qu’on ne se l’imaginait. Oh, bien sûr, on ne demande pas au lecteur d’approuver cette vision quelque peu tranchée des choses mais c’était ainsi qu’Emilly Carter, 21 ans, abordait son monde.
La demoiselle hocha sa tête brune avec une vivacité qu’elle ne prenait même plus la peine de cacher. Son poste de Ranger l’avait plus d’une fois confronté aux conséquences de la guerre et des différentes catastrophes qui avaient ponctué le quotidien de l’île ces dernières années. Aujourd’hui encore elle pouvait observer les cicatrices de ces évènements sur la faune d’Enola. Les Pokémons étaient plus méfiants et certains se montraient même hostile à la présence humaine. Il lui semblait que le lien de confiance entre l’Homme et la bête s’était détérioré avec le temps. Nyx était un exemple de cette dégradation. Emi n’avait jamais pu en apprendre davantage sur le passé de son amie mais il lui semblait évident qu’elle avait dû faire partie des nombreuses victimes des accidents passés. Leur relation, fusionnelle à présent, avait mis du temps à se construire et pendant longtemps avait été fragile.
- « Malheureusement, on constate ces difficultés là tous les jours. Quand ce n’est pas le milieu naturel qui est mis à mal ce sont directement les Pokémons. On ne compte plus le nombre d’espèce qui ont été touchés par la guerre et tout ce qui en a découlé. Aujourd’hui nous nous activons à panser les plaies mais nous ne pourrons jamais empêcher la formation des cicatrices. Le braconnage est devenu monnaie courante depuis quelques années et les Pokémons touchés par les conflits entre le Régime et la Résistance ont aujourd’hui du mal à se trouver une place en centre. C’est un problème qui semble sans fin ! »
Les jours se succédaient et pourtant la Ranger n’avait de cesse de constater que le travail accomplit la veille devait être refait le lendemain. Il lui semblait qu’une vie entière ne lui suffirait pas pour endiguer tout le mal qu’elle pouvait observer au cours de ses patrouilles. Bien sûr, elle avait conscience que son travail représentait beaucoup et qu’un Ranger n’était jamais de trop mais il lui arrivait de se demander si, au final, un retour à la normal serait un jour possible.
Son compagnon bifurqua sur un nouveau sujet et le jeu de la jonglerie de thématique lui sembla bigremment enrichissant. Elle écouta attentivement son interlocuteur et ne put s’empêcher de sourire à l’évocation des légendes et de l’inconnu. Elle était partagée entre son côté adulte qui lui soufflait qu’elle était bien trop vieille pour ces bêtises et cette partie enfantine d’elle qui lui donnait envie de se jeter de nouveau corps et âmes dans ces récits fantasques qui la faisaient vibrer enfant.
- « N’est-ce pas tout l’intérêt de l’exercice ? Je veux dire, c’est parce que c’est inconnu que c’est excitant. Si on sait quoi chercher et comment ça devient très vite ennuyant, d’ailleurs, je pense que ça n’aurait plus d’intérêt à être cherché pour le coup. Tu as déjà fait de belles découvertes ? »
C’était par pure curiosité qu’elle avait posé cette question. Elle trouvait qu’il y avait une part presque… Insoutenable de suspense dans la recherche. C’était avec un intérêt dévorant qu’elle se plongeait régulièrement dans des articles ou des études de fond. Elle suivait d’un œil rêveur les avancées de la conquête spatiale et relisait avec un plaisir peu dissimulable les récits des grands explorateurs de l’Histoire. Si le travail théorique ne l’avait pas autant rebuté elle aurait surement pousser ses projets d’avenir de ce côté-là. Malheureusement, Emi n’était pas une fille faite pour les études et elle n’éprouvait que plaisir et intérêt dans la vie de terrain.
Son sourire se fit plus discret quand son regard analysa la foule avant de répondre.
- « Le truc, c’est que pas mal de monde des hautes sphères a été plus ou moins en lien avec le Régime à l’époque. Ils sont peu à s’être réellement salie les mains cependant du coup tout le monde n’a pas reçu la sentence méritée. Pour montrer patte blanche ils ont tous choisi de se rallier soit à Elixir soit à la Compétition. En apparence ils œuvrent tous pour le bien d’Enola mais la vérité c’est qu’ils ont tous sauvé leurs miches. Mon père fait partie de ces gens-là. Ils ont connu la richesse sous le Régime et aujourd’hui continu la mascarade en gagnant encore plus en jouant les bons samaritains. » et cette fois-ci son sourire n’était plus qu’un rictus de dégout et de mépris. « Je ne me prononcerais pas pour tous, après tout faut pas mettre tout le monde dans le même sac, mais pour beaucoup il n’a jamais été question de se remettre en question ou d’apprendre quoi que ce soit. Ils n’ont que leurs profits en tête et se fiche bien des conséquences de leurs actes pour la classe moyenne. Ils te diront qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs et que quitte à avoir des dommages collatéraux, autant que ce ne soit pas eux. Ce sont les premiers à embellir les conflits déjà en place. Si on laisse les choses comme ça, on se retrouvera dans une nouvelle guerre avant d’avoir pu dire ouf. Y’aura d’autres morts, d’autres tragédies. » Etait-ce le mépris ou bien le transport de pouvoir parler librement ? Même avec le recul elle ne pourrait sans doute pas trouver de réponse mais son discours fut tel qu’elle finit par ces mots. « Ce qu’il faut à Enola c’est la voix de son peuple, pas celle de ses pseudo élites. »
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