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L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
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Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Here we go again [PV Alextreme]
Samaël Enodril-Miyano


&&&



Here we go
again
"avec Alextasy"

Un frisson m'échappe. Je n'aime pas du tout traîner dans la prison d'Amanil d'ordinaire. C'est une prison, déjà, donc bon, c'est pas terrible. Il y a un certain malaise qui s'empare de moi quand je sais que la plupart des types qui sont dedans ont tué beaucoup trop de monde durant les années sombres d'Enola. Ce n'est bien sûr pas la première fois que j'y fais une visite, mais ce n'est jamais vraiment mon endroit préféré. Mon métier implique parfois néanmoins de ravaler sa fierté et de se plier à ce qui est le mieux afin d'atteindre les objectifs. Alors si pour dénicher des Monarchistes je dois faire appel au pire d'entre eux, qu'il en soit ainsi. Encore que, au moins, là où il est, Dio-... Enfin... Nagel-Jung ne pourra pas faire grand chose. Il fut dangereux autrefois, mais il demeure vulnérable aujourd'hui. Et je n'ai jamais aussi bien dormi sur mes deux oreilles depuis le jour où je l'ai vu être mis derrière les barreaux. Bon, Clive a suivi peu de temps après donc c'était pas très drôle, mais j'ai eu un certain sentiment d'orgueil me parcourir en sachant qu'il ne sortira pas de sitôt. Si je suis surtout passé vérifier qu'il n'y avait pas de graves problèmes lors de mes quelques venues au fil des années, je ne me suis jamais entretenu avec le concerné directement. Je n'en avais pas besoin, et pour cause, ça m'arrangeait bien. Je sais que Nagel est inoffensif, désormais, mais ce n'est pas ça qui va faire miraculeusement disparaître mes traumas et mes souvenirs cauchemardesques. Alors je ne vais pas dire que je suis particulièrement à l'aise à l'idée de revoir mon ancien tortionnaire, mais j'ai pris ma motivation à deux mains avant d'y aller, me rassurant sur le fait que nous aurons peut-être des pistes supplémentaires qui pourront nous aider à neutraliser la menace grandissante que représente les Monarchistes. Plus jamais je ne veux les laisser engendrer des incendies où des innocents sont impliqués.

« Le prisonnier Alexander Nagel-Jung est-il disponible ? Je souhaiterais l'interroger. »

Comme d'habitude, quand j'arrive sur les lieux avec mon uniforme et qu'on me reconnaît tout de suite, l'ambiance est étrangement calme. Je sais bien que les matons ne sont pas toujours aussi silencieux, alors il y a quelque chose de drôle à les observer se tenir droits comme des 'i' lorsque je débarque sur les lieux, surtout que ce n'est pas si souvent que ça. Je suis au courant, par les rapports du docteur Nikolos, que les séances chez le psy dernièrement ne se sont pas si mal passées, alors je ne voulais pas perturber le médecin dans une de ses heures. Mais heureusement, on m'annonce que je peux aller voir le détenu. Enfin 'heureusement'... Plus vite ça sera fait, plus vite je pourrai sortir d'ici, mais j'avais quand même pas hâte.
Lorsque j'entre dans la salle d'interrogatoire, il est déjà là. D'un bref geste de la main, je demande cependant au maton qui l'a amené de nous laisser seuls. Cela semble le surprendre, mais après une insistance plus prononcée de ma part, il finit par acquiescer. Je le sens peu rassuré, et je peux comprendre ; mais je ne risque pas grand chose. Ce n'est pas dans l'intérêt de Nagel de me chercher des noises, et de toute façon, je ne compte pas l'agresser ou tenter de le provoquer. Je ne m'appelle pas Phantom, moi, je sais me tenir et faire mon boulot correctement sans devoir me la péter en prenant des risques inconsidérés parce que j'ai quelque chose à compenser. J'vous jure, quand j'ai appris sa connerie, à l'autre ancien Champion, j'ai failli exploser.

« En forme, Nagel ? »

Je jette sans grand enthousiasme les dossiers concernant les Monarchistes sur la table. D'un air las, je rencontre son regard bleu glacé qui ne m'avait pas vraiment manqué. Son apparence a toutefois le mérite de me surprendre. Il a l'air d'avoir considérablement minci, et quelques marques de coups sont disséminés ici et là sur les parties de son corps que l'uniforme de prison ne couvre pas. Ça doit être joyeux, son séjour ici.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
Elite
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Jeu 7 Mai 2020 - 20:29
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Alexander Nagel-Jung
Here we go again
/!/ TW : dépression, comportements auto-destructeurs et pensées suicidaires/!/

Combien de fois m’a-t-on fait la morale pour me dire que j’allais finir complètement seul ? Ma mémoire commence à me faire défaut car je n’arrive plus à les compter. C’est que ça doit commencer à faire beaucoup. Mais une fois de plus, je me suis surpassé. J’ai non seulement réussi à me retrouver complètement livré à moi-même mais en plus, maintenant, tout le monde me hait. Bravo le veau. C’est bien ce que je voulais, non ?

Si j’avais su qu’arrivé à ce point, tout ce que je serais en mesure de faire, c’est rester sur ma couche en ruminant le fait que non, malheureusement, je ne suis pas encore le maître du monde. Si seulement c’était toujours ma principale préoccupation. J’ai vraiment mal vieilli. J’imagine que j’ai perdu mon innocence enfantine… cette même innocence que j’avais quand je mettais des punaises sur la chaise de mon camarade Fritz… Dans tous les cas ça ne m’aide pas à me lever. En même temps, la dernière fois que je suis sorti, la bande de Klein m’avait préparé une petite after pour faire suite à notre dernière sauterie. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet mais je me suis fait tabassé dans les règles de l’art (mais pas comme j’aime). Voilà, c’est pas très élégant mais c’est comme ça. Je n’avais pas mangé en isolement, j’étais cassé à cause des médicaments et… c’est arrivé. Mais ce n’est pas simplement le fait de m’être fait taper dessus par 3 types plus costauds qui me met aussi bas. Enfin, ça joue, évidemment, mais il n’y a pas que ça. Je ne sais juste plus quoi faire. J’attends que le temps passe, m’affame, me tue à petit feu, peut-être. Je ne sais pas pourquoi je ne suis tout d’un coup plus convaincu du but de mon existence. Ça n’a jamais eu de sens, tout ça, de toute manière. Néanmoins, c’était tout à fait supportable, avant. Je ne saurais pas dire ce qui a changé pour que je ne m’amuse plus de l’absurdité de mon existence, pour que je persiste dans l’idée que je suis simplement un être mauvais qui n’a qu’un seul but : faire souffrir d’autres personnes pour son propre amusement. C’est étrange. C’était si facile, avant. Et être en prison, c’est l’idéal, pour ça, non ? Enfin, à condition que je ne meurre pas le premier, j’imagine. Je pourrais me dire que j’ai du bol, de ne pas encore avoir clamsé dans de telles conditions.

Je ne devrais même pas vivre. C’est ça. Personne ne le veut.

Mon regard fixe la lumière au plafond de la cellule. La fenêtre me semble trop loin pour que je m’y attarde, j’ai l’impression d’être trop enfoncé dans le matelas dur qui fait mal au dos de la cellule pour bouger. J’ai même pas envie de regarder vers la petite lucarne pour y voir un peu de lumière naturelle. Ça me met le bourdon, ces temps-ci. Je pense à mes Pokémon… je me demande s’ils pensent que… s’ils m’attendent. S’ils sont juste en vie. J’ai le poing qui se serre sur les pages de mon livre lorsque j’imagine qu’ils ont peut-être trouvé un autre dresseur. Car ils me croiraient mort et que de toute façon, Ludwig ne veut même plus aller les voir. Enfin, Soltan ne veut pas surtout, quel connard.

Je ne fais que relire les mêmes mots en boucle depuis un bon moment mais le temps n’en passe pas plus vite. Les syllabes ne veulent plus rien dire et j’ai l’impression que les mots, l’orthographe, les sons censés produire par l’association des caractères n’ont plus aucun sens. Je ne peux même pas me concentrer ni écrire, c’est vraiment… le fond, oui, je crois qu’on peut le dire. Et je m’y suis mis tout seul. C’est bien fait, oui, je connais la chanson. Personne ne passe devant mon trou et ne viendra me tendre la main, gnagnagna, merci beaucoup mère morale tu as toujours eu raison j’espère que maintenant tu es contente.  J’imagine que comme on partage la cellule depuis longtemps, Clive a vu que je n’étais pas dans un très bon état… peut-être même qu’il sait déjà, vu ce qu’il a lui-même traversé ces dernières années.

« Nagel-Jung. Tu bouges, y’a la milice pour toi. »

Ah, c’est proposé si gentiment ! Je tente ma chance et fais mine de n’avoir rien entendu mais voila, le maton rentre carrément dans ma maison sans frapper et hausse le ton.

« Grouilles, y ont pas toute la journée ! »
« Bah, moi non plus... »


Je marmonne et me redresse afin de me lever, sous le regard agacé du gardien. Je me sens super lourd. J’ai l’impression qu’on me pousse plus que je n’avance de mon plein gré, mais d’une manière ou d’une autre, nos pas mènent jusqu’à une salle d’interrogatoire, enfin, un de ces pièces qui servent à des entrevues privées. Comme d’habitude, on me fait asseoir et on m’attache les mains au bout d’une chaîne qui passe par l’arceau au milieu de la table.

« Et c’est qui, qui me demande ? »


Demandais-je sans trouver la force d’être mielleux comme à l’accoutumée. J’ai rien fait, que je sache et je ne sais pas trop ce qui s’est passé récemment sur l’île ou avec d’anciens Régimeux.

« Sirius voulait te causer. Maintenant, t’attends sagement. »

Hein ? Quoi ? Ça fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de… Ça remonte. Je remarque tout de suite que je me suis tendu. Je ne m’y attendais pas. Sirius… me voir dans mon état actuel ? Oh que non. Hors de question.

Le maton à mes côtés dans la petite pièce s’ébroue pour laisser entrer quelqu’un. Mes main se serrent l’une contre l’autre, mes ongles grattant ma peau nerveusement. Je n’ai clairement pas la force pour ces conneries. Mais le jeune Samaël est à quelques mètres, maintenant et il est hors de question que je perde la face devant lui malgré mes cernes, mes bleus et simplement… mon état global.

Le Maître dresseur s’assoit en face de moi. Il a le visage neutre. Il a vieilli, enfin, j’ai l’impression. Il n’a plus juste l’air d’un gamin qui a mis un cosplay agent de police, maintenant, il a son rôle dans la peau. Ça me crispe encore plus. Il me demande si j’ai la forme. Il se fout de ma gueule ? Pfff, ça doit être plaisant pour lui, hein, que les rôles soient inversés. Il jubile, j’en suis certain. A sa place, je ne me gênerais pas. Mais… plus jamais je ne serais à sa place, hein ? Je ne suis plus que de la main d’œuvre pas chère, désormais. Moi qui croyait que ce n’était pas possible d’encore plus me déshumaniser. Je me mets à sourire de toutes mes dents. Un sourire brisé, que je peine à faire tenir. Mais je lutte pour garder la face et pour ne pas avoir l’air faible. C’est épuisant, ça fait mal. Je compense cette lourdeur psychique qui me pousse à lutter contre mon épuisement en poussant un peu plus mes ongles dans le dos de ma main serrée sur elle-même contre la table. Mon masque s’effrite. Mais il doit tenir. Encore un peu. S’il vous plait.

« Oh, pour toi, Petit Ours Brun, je suis toujours d’attaque. »

Ce sobriquet d’un autre temps. C’est une stupide provocation. J’ai envie qu’il se sente mal à l’aise. Je me raccroche à cet espèce de passé glorieux où j’étais son bourreau, où je me pensais tout puissant. Il est au-dessus de tout ça, lui, hein ? Il n’est pas là pour m’écraser ou se venger de ce que j’ai fait subir à son père. Il a déjà eu sa revanche, finalement, car il me voit pourrir en prison. Mes ongles, le dos de ma main me fait mal. Je serre les dents mais mon sourire demeure. Tant que je pourrais sourire… tant que je pourrais sourire… tant que je ressens encore cette douleur, c’est que je suis encore en vie. C’est que la partie peut continuer.

« C’est pour quoi ? Dépêches toi, je suis très chargé, j’avais un bouquin sur l’accouplement des Tentacool à terminer et après j’ai zumba fitness avec Clive. »


Et surtout, dépêches toi parce que je vais pas réussir à garder la face très longtemps.
Avec Samamelle
Oh Mamma Mia.
Alexander Nagel-Jung
Alexander Nagel-Jung
Ex-Régimeux
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Ven 8 Mai 2020 - 1:18
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Samaël Enodril-Miyano


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Here we go
again
"avec Alextasy"

Je fais mine de ne rien laisser paraître, pourtant plus troublé par son état que je ne le fais croire. Il est méconnaissable. Je ne me souviens pas très bien de comment il se trouvait au Bloc, mais il avait bien meilleure mine lorsque je l'ai embarqué pour son procès. Il était libre. Il devait aussi avoir l'argent amassé suite à sa victoire à la Compétition, alors sans doute connaissait-il l'opulence, et le loisir de faire ce qui lui plaisait. Probablement de torturer qui il voulait. Je pensais, ironiquement, qu'il allait très bien se faire à sa nouvelle vie dans la prison d'Amanil. Au début, cela semblait aller plus ou moins bien. Mais au fil du temps, on dirait que cela s'est dégradé. Peut-être en a-t-il eu marre. Peut-être a-t-il atteint sa limite, son seuil de tolérance. En dépit des choses horribles qu'il a faite, je ne vais pas dire que son changement drastique d'état ne me fait rien. C'est même particulier. Il semble peu à l'aise, en l'occurrence, même quand le maton nous laisse tranquille. Je me mets à dévisager ses traits déformés par la fatigue et les quelques pansements sur sa peau qui dépassent de l'uniforme. L'ambiance doit être charmante, décidément... Mais je ne suis pas là pour parler de ça. Je ne réponds même pas à sa pseudo-provocation. C'est pourtant face à cette dernière que je crois apercevoir un semblant de désespoir pointer chez mon interlocuteur. Il est éreinté, ça se sent. Ça se voit. Il n'a même plus assez de force pour faire tenir cet air fomenteur sur son visage. Le vieux surnom même qu'il m'a donné il y a dix ans ne me fait plus rien. Je l'avais même oublié. J'ai eu heureusement bien d'autres choses à penser dans ma vie, à commencer ma propre bonheur auquel j'ai finalement eu droit. J'imagine que plus je montais, plus mon interlocuteur descendait dans les abysses de son côté. S'il y a une justice, pensais-je il y a quelques années, alors nous aurons tous les deux ce que nous méritons. Après son procès, je crois que j'ai fini par y croire, à cette justice. Je me suis vengé. J'ai tourné la page. J'ai avancé. Même les fausses excuses de l'aîné ne tiennent plus. Je suis pourtant tellement déstabilisé de son apparence que les dossiers que j'ai apporté sortent un court instant de mon esprit. Il n'y a qu'une pensée qui me traverse au moment où mes yeux s'attardent un peu trop sur son teint blafarde et son air maladif. Va-t-on un jour me dire qu'il s'est donné la mort derrière ces barreaux ?.. Assis à la table devant lui, un sentiment naturel chez moi refait surface. Celui qui me terrifie parfois, tant il peut me mettre plus bas que terre.

« … Il t'est arrivé quoi ? »

Fronçant les sourcils, ma curiosité malsaine a fini par prendre le dessus. Je ne suis pas inquiet. Après tout, il ne représente rien pour moi si ce n'est que des mauvais souvenirs. J'aimerais qu'il disparaisse à jamais ; pas forcément par mort, mais que je le sache hors de ma vue pour toujours. Je le savais depuis tout ce temps dans cette prison, accessible sur un seul ordre de ma part. C'est très satisfaisant, quelque part. Ça l'était. Durant les premières années, j'étais soulagé de le savoir incapable de commettre davantage de crimes. Je jouissais d'une certaine fierté d'être celui qui l'avait capturé, que ce soit par représailles ou parce que cela me faisait me sentir puissant. Aujourd'hui, je me rends compte que mes priorités sont ailleurs. Que mes faiblesses ressortent. Que cet endroit m'assaillit de mauvaises pensées. Que je ne prends plus ce même malin plaisir à le voir chuter toujours plus bas.
Que m'est-il arrivé ?
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Mer 13 Mai 2020 - 1:04
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Alexander Nagel-Jung
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/!/ TW : dépression, comportements auto-destructeurs et pensées suicidaires/!/

Je me demande comment la situation pourrait être pire. S’il ose me prendre en pitié ouvertement, je crois que ce sera la goutte de trop. Vraiment. Malheureusement, vu les regards qu’il me lance, vu comme il me scrute sous tous les angles, je vois bien qu’il est déstabilisé et doit sûrement se dire que je suis pathétique. J’aurais préféré qu’il exulte ouvertement. Qu’il se montre fier de m’avoir enfermé et mis plus bas que terre. Qu’il se foute de moi et me nargue. Car ça aurait pu prouver une chose : qu’il n’est pas mieux que moi. Que lui non plus, il n’évoluera jamais, qu’il n’est qu’un énième connard qui a eu de la chance, s’est senti pousser des ailes et s’en sert pour se sentir un tant soi peu puissant. Que ce petit boost de puissance lui donne l’impudence de se moquer de tout et d’avoir l’immense honneur de regarder le monde brûler. Ah, oui… ça, ça aurait été marrant. J’aurais pu lui faire bouffer son orgueil et en remettre une couche, le faire se sentir aussi minable que moi.

Mais tout le monde m’a oublié. Tout le monde est passé à autre chose, dehors. Ils ont le droit de vivre, eux. Ils le méritent sans doute plus que moi. J’aimerais mieux qu’il l’admette dans ma face : qu’il pense sincèrement que je mérite de crever la bouche ouverte au fond d’une cellule d’isolement. Qu’il le dise tout haut, que c’est ce que lui pense, que c’est ce que tout le monde pense. Même si ce serait mentir. Qu’il me donne une bonne raison de lui sauter à la gorge et de me foutre de lui parce qu’il essaierais de se montrer plus edgy et stupide que moi.

Mais Sirius n’est pas là pour jouer au plus con, hein ? C’est un grand garçon, maintenant. C’est bien. Veut-il un bonbon, aussi ? Oh, et puis zut, je n’arrive même plus à trouver de quoi faire des vannes cyniques sur cette situation. Désolé, public, je ne suis pas d’humeur. J’espère juste qu’il va me sortir ses dossiers et me dire ce qu’il en est, pourquoi il est là, qu’on en finisse rapidement. Sauf qu’il continue de me regarder. Oh, je sais que je suis mille fois plus irrésistible que quelques bouts de paperasse (accordez-au moins ça), mais en l’occurrence, c’est véritablement cette paperasse qui m’intéresse plus qu’une « conversation » qu’on pourrait avoir. Et en même temps, il faut vraiment que Sirius brise ce silence pour parler boulot sinon je crois que ma main va vraiment finir dans un état minable à force que je l’agresse avec mes ongles.

Finalement, il pose sa question. Et ce n’est pas ce que j’espérais. Je ne peux m’empêcher de me figer sur place. Je ne sais pas encore si je me mets doucement à trembler de frustration ou de désespoir. Probablement les deux.

Je ne comprend pas. Il ne s’inquiète certainement pas pour moi. Est-ce que c’est la raison de sa venue ? Il veut se renseigner sur les conditions de vie des prisonniers du pénitencier ? Est-ce qu’il est vraiment surpris que je suis amoché ? Est-ce qu’il se rend compte que c’est presque banal, d’être dans mon état ? Je ne comprends vraiment pas son air étonné, sa question dont la réponse est on ne peut plus évidente. Ou alors, c’est juste une humiliation. Il veut juste que je lui raconte comment je me suis fait frapper par terre ? Je suis une bête de foire, pour lui ?!

« C’est une caméra cachée ? Tu veux que je te raconte mes aventures pour satisfaire ta curiosité voyeuriste ?! »


Je ne l’ai pas senti venir. Je me suis tendu, me suis redressé sur ma chaise, résistant à l’idée de me débattre lamentablement afin d’essayer de lui sauter à la gorge. Mon ton s’est directement emballé. Je veux l’étrangler. Je ne me contrôle plus, je ne me rends qu’à peine compte de ce que je raconte tant c’est en train de sortir de moi comme une diarrhée sans nom.

« T’as pas des questions plus débiles, espèce de trou du cul ?! »

Ah oui, je deviens vulgaire, putain, merde, bordel.  

« Tu vaux pas mieux que Phantom qui est même pas capable d’être pro en s'incrustant dans une salle d’interrogatoire ! Vous vous imaginez vraiment que j’ai envie de raconter ma vie ? Des fois on va me demander de me repentir pour mes actions et d’autres fois… ça t’intéresse vraiment,  ce qu’y m’est arrivé ? Tu sais pertinemment ce qu’y m’est arrivé ! »

Il sait comment fonctionne une prison. Il sait comment le système marche. Il n’est pas complètement con.

En m’étendant commencer à vociférer, le maton a ouvert la porte pour demander à Sirius s’il a besoin qu’on me ramène en cellule. Peut-être que ce serait mieux, en effet. Au moins, je n’aurais plus à voir sa sale tête.

« Mêles toi de ton cul et fais ton travail, j’ai pas que ça à foutre, moi. »


« Pas que ça à foutre », hein. Disons plutôt que j'en ai « plus rien à foutre ». Qu’est-ce que j’ai à faire en fait ? Qu’est-ce qu’il me reste à faire ? Pas grand-chose. Je ne sais même pas ce que je préfère. Retourner dans ma cellule pour y mourir à petit feu, ou rester là à me faire décortiquer. Bon sang… ce type en a plus quelque chose à faire de moi que mon propre père. Et admettre ça… ça me retourne complètement. Ma gorge se serre et je dois retenir un sanglot sous le coup de l’intensité de mes émotions. Mais je vais pas me mettre à pleurer, en plus. Franchement ce serait… ce serait comme un ultime appel à l’aide. Mais je ne veux pas. Car ça ne sert à rien de m’aider. Et Sirius n’est certainement pas là pour ça. Qu’il fasse son travail et je m’occuperais très bien de moi-même tout seul.
Avec Samamelle
Oh Mamma Mia.
Alexander Nagel-Jung
Alexander Nagel-Jung
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Mer 13 Mai 2020 - 13:09
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Samaël Enodril-Miyano


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"avec Alextasy"

J'avais beau m'attendre à ce qu'il ne réagisse pas exactement d'une bonne façon, cela ne m'empêche pas d'être surpris par son comportement. Je crois que j'ai réussi à le faire sortir de ses gonds plus vite que je ne le pensais. Et honnêtement, ce n'était même pas mon intention, à la base. Je ne suis pas du genre à m'amuser aux dépends des autres, en dépit de tout le mal qu'ils me font. J'ai beau trouver que Silvery est un parfait enfoiré, je vois bien, néanmoins, qu'il est plus torturé et instable mentalement qu'autre chose. Et ce n'est sûrement pas un fait dont je vais me réjouir. C'est juste... triste. Et je ne vais pas dire que je suis très à l'aise non plus, mais ça, je m'y attendais, en venant ici. Il semble croire à une blague. Ma question était peut-être malvenue ou déplacée. Pourtant je m'interrogeais réellement sur ce qu'il a pu vivre. Je ne suis pas trop d'accord avec le fait que des prisonniers le malmènent, même si les rapports de Nikolos m'indiquaient que c'était souvent lui qui provoquaient les bagarres.
Il est tendu, méfiant, vulgaire, énervé. Je ne sais pas si je vais pouvoir l'interroger comme je l'avais imaginé. Pour le moment, ce n'est pas ce qui m'importe à l'heure actuelle. Je sais. Je me doute de ce qui peut se passer en prison, je ne suis pas naïf à ce point même si j'ignore encore des tas de choses. Et pourtant... Cela ne me satisfait pas, de me contenter de ce que je sais, de ce que je peux imaginer. J'aurais souhaité qu'il me dise de vive voix. Qu'il me fasse des aveux. Mais cela aurait été trop simple et surtout ce n'est pas son genre de parler de ça à n'importe qui. Dès qu'avec le psy c'est compliqué, des fois...

Je ne pensais pas que le passage de Phantom l'aurait autant marqué, toutefois. Je ne suis nullement étonné que même à lui, il ne lui est pas laissé une bonne impression (à dire vrai entre Phantom et Nagel je sais pas qui je préférerais avoir comme voisin). Mais j'aurais imaginé qu'il oublie l'ancien Champion d'Amanil. Ce n'était personne, pour lui, après tout. Toutefois il faut croire que même Silvery n'a pas pu le supporter, et c'est un véritable exploit. En revanche, justement, je n'apprécie pas trop la comparaison qu'il fait entre nous deux, et mon expression devient tout de suite plus dure.

« Phantom a été destitué de son poste, mais je ne suis pas assez cruel pour te le renvoyer, de toute façon. »

Même au plus âgé, je ne souhaite pas un nouvel interrogatoire avec lui. Ce n'était clairement pas ce qu'il lui fallait pour sa santé mentale. Je savais que j'aurais dû y aller à sa place, ce jour-là. Mais je reste intransigeant et surtout campé sur mes positions, alors quand je m'approche de la table d'interrogatoire, mon ton se fait davantage sévère.

« S'il y a des violences ici, c'est moi que ça regarde. Je ne les tolère pas. »

Je ne peux pas les contrôler et les matons à mon service ne le peuvent pas toujours non plus. Mais j'aimerais, dans l'idéal, éviter les dégâts et surtout que les prisonniers ne s'entre-tuent pas. On en a besoin pour des interrogatoires supplémentaires et notre but est de restreindre leurs libertés, pas de les laisser à une mort certaine.

« Je te déteste, mais je ne souhaite la mort à personne. Autrement, je t'aurais tué dès que j'en avais l'occasion, au lieu de t'amener ici. Cela aurait été très facile. »

Alexander aurait pu se suicider, depuis le temps, ou se laisser mourir. Mais quelque chose le retenait. Le retient toujours.

« Et je doute au contraire très fortement que tu aies autre chose à faire que de me supporter. À moins que tu ne veuilles me parler de ton quotidien ?.. »

C'est pour ça que je suis là, après tout, et je vais peut-être enfin pouvoir entrer dans le vif du sujet, puisqu'il semble impatient que nous en ayons fini. Pas que je sois particulièrement dans mon élément ou détendu, ici, mais je ne peux pas laisser cet entretien être fait à la légère, même si je dois faire signe au garde de ne pas agir tant que ça ne dérape pas encore totalement. Contrairement à la première fois où je l'ai rencontré, toutefois, je n'ai pas peur.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 2 Aoû 2020 - 15:06
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Alexander Nagel-Jung
Here we go again
/!/ TW : agression verbale, dépression, comportements auto-destructeurs et pensées suicidaires/!/

Je boue intérieurement. Je ne comprend pas ce qu’il cherche. S’il pense que parloter va me faire me sentir mieux c’est qu’il a fumé un truc pas net. Quelque chose cloche… il ne perd pas son calme et j’ai… j’ai l’impression qu’il ne m’entend même pas. Ou, à peine. Il réagit quand je lui cause de Phantom et se dit « pas assez cruel » pour me le renvoyer. Est-ce qu’il pense vraiment que ce type m’a fait souffrir ou m’a marqué en ce sens ? Non. Il était juste exaspérant et stupide. Mais bon, ce n’est pas moi qui vais faire la morale vis-à-vis du fait de de remettre le pouvoir dans les mains de personnes qui en abuseraient forcèment. Est-ce que Sirius se croit exemplaire, à cet égard ? Il a bien vu ce qui lui sert d’égal chez les coordinateurs ? Elle n’est pas irréprochable, sa petite ligue de justicier déguisés en policiers. Je n’ai même pas la force de lui lancer un sarcasme à la « merci mon bon seigneur vous êtes trop bon », il m’énerve, à tourner autour du pot.

Je tente de me taire dans un premier temps. Je n’ai pas envie de lui répondre : il m’exaspère beaucoup trop pour que je lui donne ce plaisir. Il veut me faire craquer ? Pourquoi il me parle de son influence sur les violences au pénitencier ? C’est censé me rassurer ? Est-ce qu’il croit vraiment qu’il peut faire quelque chose contre ça ?

Je souffle du nez si fort que j’aurais pu siffler comme une vieille locomotive et envoyer de la fumée par les oreilles. J’ai un instant de contrôle en me remettant à parler.

« Oui, c’est pas bien, la violence, hein, ohlala… Mais tu sers à rien ! »

Lui rétorquais-je à la tronche sans détours, vociférant presque à nouveau. « je ne tolère pas les violence », « je ne souhaite la mort à personne même pas la tienne »… il s’entend, avec ses paroles creuses… il pense vraiment que son avis sur la question change quelque chose à tout ce merdier ?

« Y’en aura toujours, ici, de la violence. On s’en tape que môssieur le Maître la tolère ou non ! Et si c’est pas nous, les méchants psychopathes qu’on parque dans des foutus clapiers, y’aura toujours les matons pour nous mettre à bas. Descends un peu de ton perchoir de grand prince qui ne veut pas tuer… parfois, c’est aussi pour le mieux. Toi-même tu dois trouver que y’a trop de connards comme moi sur terre, non ? »

Qu’on soit clair, je ne suis pas là pour qu’on me plaigne. De toute façon, c’est comme ça et ça ne changera pas. Les gens ne changent pas. Oh et il peut renvoyer ou punir qui il voudra, ça ne changera rien non plus. Les connards sont toujours remplacés par d’autres connards. Je ne dis pas que j’aurais préféré qu’il me tue, mais… des fois, la mort me semble un perspective plus agréable que l’idée de passer encore 25, 30 ans dans une cellule. Mais, ça, il n’a pas vraiment l’air de le considérer. Bah, oui, estimons-nous heureux d’être en vie, hahaha ! Certains diront que je suis de mauvaise foi et que ce pénitencier n’est clairement pas le pire du monde : il y a toujours des choses à faire pour s’occuper ou apprendre des trucs, des métiers. J’ai moi-même laissé mes études en plan depuis plus d’un an car j’ai décrété que cela ne servait à rien. Oui, je déforme la réalité pour la rendre plus laide qu’elle n’est mais peu importe. Ce n’est pas la vérité qui m’intéresse.

Et il continue. Bordel. Qu’est-ce… qu’est-ce qu’il me veut ? Pourquoi il fait mille détours ? Il se soucie de ce que je deviens ou quoi ?! Mais que dalle !! Évidemment que non ! Je perds à nouveau le contrôle et abbats mes poings de tonte mes forces contre la table. Ça fait mal. Je m’en fiche. La douleur et les bruits forts me permettent de ressentir quelque chose, aussi désagréable que cela soit. Ma gorge se serre avant que j’explose à nouveau.

« POURQUOI. TU. ES. LA. »


Qu'est-cequetuveuxQu'est-cequetuveuxQu'est-cequetuveux ?! CREVES.


J’ai envie de frapper à nouveau et de me faire mal. Mes ongles s’enfoncent à nouveau dans ma peau tandis que je le fixe intensément. J’ai tellement envie de lui sauter à la gorge et de l’étrangler, l’égorger directement avec mes dents. J’ai mille scènes plus sanglantes les unes que les autres qui tournent dans mon esprit et chacune se terminent en moi éclatant le visage de Sirius au sol. Cela ne parvient pas à me détendre. Au contraire, tout ça m’épuise. J’ai envie de crever.

« Qu’est-ce que tu veux, bordel ?! T’as un truc à me demander ? Tu veux que je fasse un sale boulot pour toi ?! »


Je continue de crier mais ma voix s’éteint au fur et à mesure. Je n’ai même pas la force de pleurer ou de m’étaler sur la table en convulsant. C’est à peine si les mots que je prononcent me restent en tête plus de quelques secondes. J’ai l’impression que tout se désagrège. Ça fait longtemps que plus rien n’a aucun sens, de toute façon. J’ai mal à la gorge. Ça me brûle. Ma voix s’est coupée l’espace de quelques instants. A bout de force, tout comme moi.
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Alexander Nagel-Jung
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Mar 4 Aoû 2020 - 12:08
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J'ai beau avoir fait quelques années en psychologie, je ne vaux bien sûr pas un vrai psy ; celui dont il a besoin. De plus, ça commence à remonter. Mais ma licence ma permis de comprendre certaines choses et de les voir sous un autre angle. Est-ce que cela va m'aider à parler avec Nagel ? Peut-être pas. Il est trop instable et je suis trop inexpérimenté dans le domaine pour pouvoir lui parler comme le fait le docteur Nikolos. Et je le remercie intérieurement très souvent d'être présent pour les détenus ; parce que ça doit vraiment pas être facile, comme boulot, et encore moins avec des tarés comme le genre d'Alexander. Je l'ai connu toutefois plus mesuré. Sans doute a-t-il perdu de son sourire glacial de type trop confiant. Il n'a plus aucun pouvoir, après tout, en ces lieux. Au contraire, à part quelques illuminés monarchistes, il n'a d'influence sur personne, et se trouve plutôt être le souffre-douleur de quelques grosses brutes, de ce que j'ai cru comprendre. Cela ne doit pas aider à son état mental, d'ailleurs.
Je sursaute quand même légèrement lorsqu'il abat ses poings sur la table et qu'il se met à hausser fortement le ton. Ça y est. Il pète un câble. J'aurais cru pourtant que garder mon sang-froid l'aiderait à conserver le sien, ou à défaut faire en sorte qu'il m'ignore. Mais le but n'était pas de le sortir de ses gonds même si je peux saisir que, de son point de vue, ma présence l'indispose, le rende confus, le mette en colère. Je ne peux pas le blâmer pour ça. Je perçois toutefois aisément la haine qui traverse son regard depuis bien longtemps éteint. Je ne reconnais en rien le tortionnaire qui s'amusait avec ses prisonniers, qui faisait le fier avec son couteau, et qui arrachait les ongles de ses victimes avec un sourire victorieux et bouffi d'orgueil. Un chat galeux qu'on a jeté à la rue puis écrasé une dizaine de fois avant de finir à la fourrière. Voilà ce qu'il est à présent. Voilà du moins ce que je vois devant moi. Disparues les expressions supérieures, les habits clinquants qui sentaient le neuf et l'argent, la posture droite et dédaigneuse, l'assurance qu'il avait de s'en sortir indemne malgré les atrocités qu'il a commise. Fini Dio Silvery qui se croyait intouchable. Fini. Fini tout ça. Et il est à présent seul. Ses camarades du Régime sont soit en prison, soit disparus. Mais leur système n'est plus. Si je regrette que Clive ait à supporter cet énergumène, cependant, j'ai cru comprendre aussi qu'ils ne s'apportaient pas de mauvaises choses l'un à l'autre. Je suppose que le Donovan a dû avoir l'habitude de sa présence, de toute façon.

« En effet, je suis venu profiter du fait que tu sois derrière les barreaux pour te demander service. »

Je lui fais face de mon regard impassible, maintenant que je suis accoutumé à ses sautes d'humeur et que je les attends au tournant. Inutile de lui mentir et de lui faire croire que je me moque de lui. Il a deviné que je n'étais pas venu lui proposer un thé et des petits gâteaux. Je rêverais pourtant d'un goûter chez moi, là.

« Mais je suppose que je suis venu en vain. »

J'ai besoin d'informations sur les Monarchistes. C'est un fait. Mais je ne peux pas l'obliger et il n'a rien à y gagner. Je laisse la torture et autre aux immondes personnes qui me l'ont fait subir par le passé. Je ne suis pas du genre à renvoyer des 'cadeaux' que l'on m'a donné. Alors s'il ne veut pas parler, qui suis-je pour l'y forcer ? Je pourrais très bien demander aux matons de faire en sorte qu'il crache le morceau. Je n'en ai juste pas envie. Pas comme ça.

« En outre, de toute manière, sache que je suis l'évolution de ton état de près. »

Mais ça, aussi, je devine qu'il doit s'en ficher. Qu'il s'en plaindra. Qu'il me demandera peut-être si je m'en préoccupe vraiment. Que je suis venu pour remuer le couteau dans la plaie. Que j'ai sûrement mieux à faire ; et là-dessus, il aurait raison. J'ai mieux à faire, en effet. Je voulais définitivement tourné cette page pour ne plus jamais le revoir et le laisser croupir en prison. Malgré tout, il faut le croire... Il arrive encore à me faire déplacer jusqu'ici. En soit, c'est une prouesse. Il n'y a, d'ordinaire, que pour Clive, que je fais le transport jusque dans ces cellules.
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Jeu 16 Sep 2021 - 1:35
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Alexander Nagel-Jung
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Je ne comprends pas. Pourquoi tourne-t-il autour du pot ? Ce n’est sûrement pas pour s’amuser. Il n’a pas l’air de prendre plaisir à me faire sortir de mes gonds. Je ne crois pas que ce soit son genre, ce genre de sadisme. Ce qui me fait apparaître la chose encore plus absurde. Pourquoi prendrait-il des pincettes ? Pourquoi avec moi, par-dessus le marché ?! C’est pourtant simple de faire comme tous ses collègues de la police et des autres enquêteurs qui cherchent les anciens ressortissants du Régime : même pas obligé de cracher un « bonjour » forcé à ma tronche, poser son cul sur sa chaise, m’observer d’un air méprisant, poser ses questions froidement et partir avec ou sans réponses, lassé ou agacé par mon attitude. Pourquoi il ne fait pas ça ?! Il l’a bien dit, il se fiche bien de mon état et de mon bien-être, il pourrait me tuer facilement. Alors, pourquoi perdre plus de temps ici, avec moi ?

Je souffle du nez, épuisé, en colère, rongé par des désirs de violence et de meurtre que je n’ai même plus la force d’assouvir. J’ai perdu tout mon fiel depuis bien longtemps. Je suis devenu une de ces loques dont je me moquais il y a encore des années : celles qui se laissent tabasser, qui tentent de mordre de temps à autre, mais qui, au fond, attendent juste le calme, attendent la fin. Il a l’air de dire que sa venue était vaine, car je ne veux pas collaborer. Mais c’est LUI qui me fait tourner en bourrique !

Je laisse passer un long silence. Le fait de lui hurler dessus m’a calmé, étrangement. Je tremble encore, j’ai la gorge sèche et j’ai toujours l’impression que je vais tourner de l’œil. Mais… je me sens comme dans le centre du cyclone. En observateur. Presque lucide selon mes standards.

« Je suis peut-être derrière tes barreaux mais j’ai pas ton temps. J’ai pas l’énergie de t’écouter tergiverser sur mon utilité ou mon état mental et physique. »

Mon ton est redevenu froid et monocorde. Je n’ai plus la force de m’énerver.

« Tu ne peux rien changer à mon état. »

Personne ne le peut. Je le sais. C’est la fin. Je sens que je me résigne. Que c’est peut-être bien la dernière fois que j’adresse la parole à ce gamin qui croyait certainement, autrefois, qu’il allait mourir de ma main un jour ou l’autre.

« Je préfère autant que tu fasses comme tous les autres qui s’en foutent. Qui préfèreraient me voir crevé. Je m’en fous si c’est pas ton cas. »

Peut-être bien que Sirius ne tolère pas la violence. Qu’il est sincère. Qu’il prefère éviter d’autres morts, la mienne comprise. Peut-être même sait-il que tout fout le camp dans mon cas. Que je n’en ai plus pour très longtemps. Peu importe. Je ne veux rien entendre. Surtout pas qu’il préférerait que je survive. Car… au fond, je sais bien que c’est faux. Je sais que ma mort ne fera aucune différence. Qu’elle arrangera bien des gens. Lui compris.

Nouveau soupir de ma part tandis que je m’affaisse de plus en plus dans ma chaise inconfortable. Ma voix est pâteuse, exaspérée, épuisée.

« Je veux bien te donner des réponses si j’en ai. Mais fais pas comme si y’a autre chose qui t’intéressait que ton enquête dans cet « échange ». »

Je cligne des yeux. Je me remémore cet « échange » justement. Ce qu’il a dit tout à l’heure m’a interpellé. Il ne souhaite pas ma mort mais aurait pu me tuer. Est-ce que cette ironie ne serait-elle pas satisfaisante à bien des égards ?

« … mais dis-moi juste une chose avant. Tu disais que tu pourrais me tuer facilement. C’est vrai ? Tu me tuerais, si tu le pouvais… ? »

J’ai l’impression de sentir mes instincts se ranimer l’espace de quelques instants ? Mon sourire revient faiblement. Mes yeux ont peut-être brillé l’espace de quelques secondes. Dire que j’aurais vu ça comme la pire des offenses par le passé. Me faire dézinguer par un rival. Aujourd’hui, ce serait presque un honneur. Comme si j’étais à ce point désespéré pour de l’attention, aussi négative soit-elle. Mais bon, c’est moi qui me suis mis dans toute cette merde. Je sais que je n’aurais pas cette chance, cette attention que je désire.

J’enrage intérieurement quand le visage de mon paternel passe dans mon esprit. Toujours de dos. Toujours à détourner le regard. Lointain. Glacial.

…Non. Ça n’aurait pas été différent s’il m’avait regardé de près. J’avais le moyen de m’échapper. De m’aider. C’est trop tard, maintenant. Bien trop tard.

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Sam 2 Oct 2021 - 16:52
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Il s'est calmé. Il allait finir par le faire, à l'évidence. Par péter son câble et ensuite se reprendre, soit par fatigue, soit par résolution, se rendant compte que ça ne sert à rien de s'épuiser pour si peu. Qu'il garde de l'énergie pour ses prochains jours en cellule, j'ai l'impression qu'il en aura grandement besoin. Il est désormais habité par un calme et une froideur qui me feraient presque frissonner. Il a dû en avoir assez de s'époumoner. Sans doute qu'il avait besoin de le faire une bonne fois pour toutes pour avoir conscience que ce n'était pas ça qui allait l'aider. En outre, j'ignore les réponses auxquelles il s'attend. C'est vrai, je ne peux rien changer à son état, comme il dit. En toute honnêteté, je ne sais pas si j'ai la volonté de le faire. Je devrais peut-être montrer l'exemple et lui tendre une main amicale pour l'évacuer du gouffre dans lequel il s'est débattu si longtemps, mais malgré les années, je n'oublierai jamais ce qu'il a fait ; et le dégoût qu'il m'inspire est trop grand encore pour cela. Mais je ne rirais pas de son malheur. S'il a eu ce qu'il méritait, je ne suis pas celui qui essayerait de me la péter en faisant le malin et en montrant que j'ai de l'emprise sur lui. En vérité, j'en ai surtout ici car les gardes m'obéissent et que je suis à présent celui avec du pouvoir ; le tortionnaire qu'il fut autrefois en avait un à peu près semblable. La donne a changé, en dix ans. Moi, je trouve ça quand même un petit peu ironique. Et quand même, au fond, deux petites voix se battent depuis des années. L'une clame que j'aurais dû le tuer quand j'en avais l'occasion. L'autre me dit que je dois l'aider. Je ne veux écouter ni l'une, ni l'autre, car chacune me dégoûterait pour une raison différente. Pourtant je suis là, à essayer de parler avec lui. À faire ce qu'il a fait avec moi des années auparavant, la violence en moins ; enfin, pas de ma part, en tout cas. Ai-je envie de voir Nagel mourir à ce point ?.. Pas spécialement. Je n'en tirerais pas de joie particulière. J'ai fait mon deuil, j'ai eu ce que je voulais, et lui a le sort que j'ai cru qu'il mériterait. On me disait de le tuer tout de suite plutôt que de garder une cellule pour lui ; allez savoir pourquoi, je n'ai jamais pu me résoudre à mettre fin à ses jours par moi-même alors que mon père était mort à cause de lui et du Régime. Mais ce n'était pas en le tuant que j'allais le faire revenir. Quelque part, je me disais aussi peut-être que la Mort finirait par venir le chercher au moment propice. Il semble y croire également. Et alors que je crois que je pourrais enfin obtenir ce que je veux, il a l'air intéressé par toute autre chose. Une étrange lueur brille soudainement dans son regard. Comme toutes les autres, elle ne me dit rien qui vaille. Et à sa question, je reste surpris et muet quelques instants.

« Si je le pouvais ?.. Ce n'est pas bien compliqué. Trop de facteurs jouent en ma faveur, après tout. En un claquement de doigts j'ai des idiots un peu trop dévoués qui accourent aussitôt. Et les gardes pensent probablement que de toute façon tu es une cause perdue, vu les tracas que tu leur attires. »

Cette demande n'est pas anodine. Elle en cache d'ailleurs une autre, que je crois deviner. Mon regard se fait plus dur.

« Cependant ne prends pas tes rêves pour la réalité. La mort, je l'ai vu et j'ai dû la donner, mais je ne la souhaite à personne. Eh... Pas même à toi. »

Oui, ce serait facile de mettre fin à sa vie. Cruellement facile.

« Et puis c'est quoi cette question ?.. Tu en as marre ? Tu aurais voulu que je mette fin à tes jours ?.. »

Une trentaine d'années qui disparaîtraient d'un coup. Et c'est vrai que j'ai tué, aussi. Peu de fois, et jamais par plaisir, mais quand même. J'ai les mains sales. Pas autant que les siennes, certes, mais leur innocence n'est plus. Je trouve en outre que c'est bien pire pour quelqu'un de continuer à vivre en se sachant déchu plutôt que de mourir au sommet de sa gloire. J'ai pris Silvery pour un lâche mais il l'est un peu moins dorénavant.
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Sam 15 Jan 2022 - 0:02
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Alexander Nagel-Jung
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Je vais vraiment finir par croire qu’il est venu pour me faire la conversation. Si c’est le cas, franchement, il aurait pu avoir la décence d’apporter des petits gâteaux. Pfff… qu’est-ce que je ne ferais pas pour quelques Pim’s à la poire. Ou des After Eight. Bref. La seule idée que Sirius veuille actuellement me tenir compagnie suffit à me donner envie de ricaner doucement. Ça m’énerve pas mal, aussi. Ça m’esclave vraiment le cul de faire la conversation ces temps-ci mais c’est plus fort que moi. Si j’arrête de raconter n’importe quoi, bah… je sais pas, je veux au moins faire ça jusqu’au dernier instant, avant de disparaitre.

Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce qu’il continue de réagir à mes répliques d’emo nihiliste qui a déjà mis un pied dans l’abîme et qui commence à y dégringoler doucement. C’est drôle comme, plus qu’une chute raide et rapide, la manière dont je sombre se fait à la même vitesse que ma vie sous la dépression et les cachetons : poisseuse, insupportablement lente, mais inéluctable. Même mon envie suicidaire ne suffit pas à abréger mes souffrances rapidement. C’est nul. J’ai signé pour un métro express vers le néant, pas pour l’omnibus du seum éternel. J’imagine l’Enodril claquer des doigts et se délecter de ma mort sous les coups de ses chiens de garde. Puis, il n’est même pas cap’. Ce n’est définitivement pas son genre et l’image mentale me fait marrer. Mais non. Pas de gardes qui font panpan kuku avec leurs matraques à la cadence dictée par Sirius alors ? Bon… c’était à prévoir. Cela dit, ce n’est certainement pas car le maitre dresseur me respecte qu’il me préserve de me faire achever sous les coups de ses gorilles. Ce serait juste stupide et surtout…

« Héhé, ce serait vraiment pas marrant, ça. »

Non, vraiment, tant qu’à faire des trucs de sale merde, autant ne surtout pas être ennuyeux. Je sais que pour ma part, il y a de nombreuses fois où j’aurais pu être plus discret, subtil et moins stupide avant de commettre mes méfaits… oui. Mais, franchement… prendre le risque d’être ENNUYEUX, PAS DRÔLE et PREVISIBLE ? Non, vraiment, très peu pour moi. Je préfère mourir de manière ridicule en chantant « Fruit de la Passion » de Franky Vincent assis sur la face de mes victimes, comme un stupide maitre du mal écrit avec le cul que… eh bien, avoir été un serial killer qui se serait ennuyé de sa propre méthode chirurgicale et de ne jamais avoir personne pour jouer au gendarme et au voleur avec lui… ça veut pas dire que je serais moins oublié. Mais bon… au moins je n’aurais pas ennuyé mon audience et ça, ça n’a pas de prix. Si un jour ça m’arrive de devenir barbant, achevez-moi sur-le-champ ! …. Oh wait.

Enfin bref. Tout ça pour dire que c’est pas son genre, à Sirius, de se cacher derrière ses sbires tout en niant toute part de responsabilité, comme d’autres l’ont déjà fait par le passé. Il a bien grandi le petit ours brun, au point que l’appeler comme ça me semble bien stupide, même pour le provoquer.

Je me doute qu’avec la guerre civile et du fait de sa place actuelle, Sirius a dû côtoyer la mort. Fut un temps, j’aurais ricané de manière pathétique pour lui dire « mwahahaha on est pareil tu vois, finalement tu prends du plaisir à mettre à bas tes ennemis hein hein hein ??? ». Mais nous ne sommes pas pareils. La vérité c’est que ça m’arrange bien, de mettre toutes les personnes qui refusent de rentrer dans mon jeu dans un même panier, le panier des « vous êtes tous des connards et des criminels refoulés j’ai raison vous avez tord parce que moi bah car j’assume d’être un meutrier et j’en suis fier, nananère ». Oui, c’est plus facile d’avoir l’esprit tranquille, de se dire qu’on est le seul qui y voit clair dans un monde dont la violence peut-être parfois inouïe et même banalisée.

« C’est pas moi, c’est le monde on vit dans une société » dirait l’autre.

Mais la vérité, c’est que je n’ai jamais vu clair. Même pas dans mon propre délire. Donc… oui, nous sommes fondamentalement différents, Sirius et moi. Lui ne veut plus tuer et moi… je ne sais faire que ça. Encore aujourd’hui, la vérité, c’est que tuer… c’est tout ce qui me manque. Plus qu’Irina, plus que Ludwig, plus que Riku. Plus que n’importe quoi d’autre. C’est pathétique. C’est une addiction des plus sombres, bien vaine, qui ne comblera jamais tous les vides qui n’ont cessé de se creuser en moi, au fil des années.

A sa rhétorique, je viens de penser à lui renvoyer :
« Aaaaah Sirius tu n’es qu’un hYpoCrITE GNAGNAGNAGNA PROUT »

Mais je ne l’ai pas dit car cette discussion est déjà assez ridicule comme ça. Et parce que c’est des conneries… et que, malgré moi, je suis en voie d’être sincère en face de l’Enodril pour la première (et probablement la dernière) fois de ma vie.

Non mais, plus sérieusement. Applaudissez-moi, quand même, j’ai résisté à prononcer le « H » word. Ce doit être mon plus gros character developpement en 8 ans et je pèse mes mots !

Je ne veux pas me cacher derrière une façade d’ado qui sort les pires provocations et propos extrêmes pour se sentir plus mature et compenser.

La vérité est finalement bien plus glaçante que n’importe quelle histoire dégoutante que je pourrais inventer... à votre avis, pourquoi je fais tant de blagues vaseuses ? Tout ça me terrifie autant que n'importe qui.

« Heh. Alors que moi, tout ce qui m’intéresse, c’est de pouvoir ressentir ce frisson une dernière fois. Même si on aurait bien raison de me dire que c’est à cause de ça que j’en suis là aujourd’hui. »

Ma voix est calme et je parle sans filtre. Je ne fais qu’énoncer ma réalité. Je ne dis pas que ça fait le moindre sens ou que c’est banal. Ce n’est pas de la provocation. D’ailleurs, Sirius comprendra bien vite que mon ton est trop morne pour être provoquant.

« Vraiment. Des fois j’ai l’impression que c’est la seule chose qui a jamais compté à mes yeux. Tuer et trouver le moyen de le refaire le plus vite possible. Y’en a pour qui c’est la drogue. Pour moi, c’est zigouiller des gens. »

Je le redis mais : c’est pathétique. J’en suis conscient. Aucune addiction n’est belle à voir. C’est juste ainsi. Etrangement, j’ai l’impression d’être plus sincère aujourd’hui qu’avec le Docteur Nikolos pendant des années. Dommage qu’il soit trop tard, hein.

Mais… est-ce que si c’était à refaire, je ferais les choses différemment ? Oh que non. Je suis trop bête pour ça. Mon cerveau est tellement ruiné et crevé que je ne peux même pas envisager une autre issue. J’aurais souffert et tué ma sœur dans tous les cas. Et puis… il aurait toujours été là.

« J’aurais surtout aimé… pouvoir prendre sa vie à lui. Mais, je pouvais pas. On sait jamais. Il aurait pu… »

Me regarder ? M’aimer… ? Conneries.

Je prononce mes mots plus faiblement, l’air presque nostalgique, sans attendre de réaction particulière. J’aime me dire que si Helmut avait été différent ou n’avait pas existé, les choses auraient été différentes. Mais, c’est sûrement me voiler la face de toujours me dire que mes actions ne sont que les résultats des choix d’un autre qui remontent maintenant à plus d’une quinzaine d’années.

Un silence passe. Je fixe le vide, je profite de ces quelques instants ou je parviens à ne penser à rien. Je profite du néant, de l’absence de brouhaha dans ma tête et autour de moi, pour une fois. Au final, quand Sirius semble se préoccuper de mes demandes étranges, je me contente d’un haussement d’épaule et je regarde ailleurs, avec un sourire énigmatique.

« Pour rien. C’était juste pour te tester. Comme au bon vieux temps. Mais tu ne te fais plus avoir, maintenant, c’est pas drôle. Je pourrais aussi m’amuser à menacer en parlant de ta famille ou de tes proches mais, eh. Je suis derrière les barreaux. »

Et personne ne m’aidera, dehors. Riku me hait, Soltan me méprise, Irina est morte, Helmut ne vient même plus me voir pour se donner bonne conscience, Ludwig commence à m’oublier. Probablement que je suis responsable de cet abandon. On ne m’attend plus. Si j’attendais des années avant de sortir de prison, personne ne serait à la sortie et je ne serais plus que l’ombre de moi-même. Le monde m’aura oublié. Si on n’est même plus un souvenir, si on ne sait même plus comment être une personne avec un cœur qui bat… à quoi bon ?
Malgré tout ça … je suis content d’avoir eu une de mes dernières « discussions » avec Sirius. D’une certaine manière, la boucle est bouclée. Avant qu’il ne renchérisse avec d’autres questions

« Héhé. T’es vraiment venu pour faire la causette en fait. Je sais que faut pas juger, mais t’as quand même des délires bizarres. »

Mes doigts galoppent sur la table et émettent un rythme soutenu irritant.

« Je suis si passionnant que tu en as oublié ce que tu avais à me demander ! »

Ah, sacré Sirius !
*rire enregistrés*

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Jeu 3 Fév 2022 - 23:58
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Un soupçon de lucidité, parfois, le traverse. Il y a des choses sensées, d'autres moins. Son moment de colère passé, je sens la retombée derrière qui laisse place à juste une certaine lassitude. Je ne doute nullement qu'il a passé une bonne partie de sa vie à faire taire les personnes trop bavardes, à tuer ceux qui le gênaient, pour des raisons plus ou moins ridicules. Sans doute qu'il a toujours trouvé une certaine légitimité à ses actions, du moins c'est ce que je lui imagine. Il semble tout de même ailleurs, comme s'il me parlait sans vraiment considérer que ce soit moi son interlocuteur. Il ne fait probablement plus attention au détail. Et on pourrait se demander pourquoi je me suis embêté à venir jusqu'ici. Pourquoi je prends la peine de faire la conversation avec un type qui a hanté mes cauchemars pendant de longues années. Pourquoi je m'intéresse au pire d'entre eux. Pas seulement à cause des questions que je souhaitais lui poser. J'ai trop essayé de comprendre comment il réfléchissait, je pense. Il parle soudainement d'une tierce personne dont il aurait souhaité se débarrasser. Qui est-ce ?.. Je ne le sais pas. Quelqu’un de son passé qu’il déteste, sans doute. Qui le condamne à un regret : celui de ne pas l’avoir achevé. S’il y a une part au fond de moi qui se demande de qui il peut s’agir, je n’essayerai pas d’en savoir plus. C’est sûrement sans intérêt pour moi et il a déjà un psy à qui il peut parler de tout ça. Je n’apporterais rien de plus.
En outre, je ne le crois pas quand il me dit qu’il voulait juste me tester. Sans pouvoir affirmer que j’ai raison, j’ai tout de même l’impression que cela sonne faux, la manière dont il a de passer à un autre sujet ou de mettre celui-ci en second plan. Et je ne vais pas dire que je suis surpris que des prisonniers désirent mettre fin à leurs jours ; c’est une sentence qui leur semble plus douce que la prison à vie, ou pour certains il s’agit ni plus ni moins que d’une dépression sévère, ou une forme de désespoir. Des barreaux et des espaces aussi petits ont de quoi vous rendre fous. Mais j’ignore si leur donner des pièces plus grandes et mieux aménagées servirait à quelque chose. Je ne suis pas censé les gâter non plus, cela reste des criminels.

Alexander, Dio Silvery… Qui est la véritable identité, au fond ? Je crois ironiquement qu’il n’a jamais été aussi sincère qu’aujourd’hui, dans cette prison, où les masques sont finalement tombés depuis longtemps. J’ai eu accès à un dossier le concernant, résumé les parties importantes de sa vie qu’on a pu trouver à son sujet. Je ne suis pas particulièrement attristé par son sort, mais arriver à ce stade désormais me fait étrange. Si j’aurai toujours de la colère et de la haine vis-à-vis de lui, je ne l’exprime clairement pas de la même manière qu’à l’époque, où j’aurais laissé déverser ma fureur, comme ça, en bataillant et en lançant des coups dans tous les sens. Je suis surpris encore de la façon dont j’ai géré l’affaire, il y a quelques années, quand je suis parvenu à mettre la main dessus pour l’envoyer en cellule. Sans croire que ça allait pouvoir me libérer ou que la vengeance dont je rêvais allait se concrétiser, j’ai obtenu la même satisfaction, le même soulagement, que si j’avais été jusqu’au bout pour le tuer de mes propres mains et ainsi avoir ma revanche. Désormais, il m’indiffère. Les rôles ont changé. Il n’a plus le pouvoir. Il n’est d’ailleurs plus rien. Peu de personne sont venues le voir, en plus. Je ne sais pas à qui il pourrait manquer, en restant croupir ici. J’ai fini par me faire à l’idée, au moins, que c’était pire qu’une exécution sur le coup, même si Silvery s’est plutôt bien accommodé à sa vie de taulard, de ce que j’avais compris. Pourtant, ce n’est pas faut que j’en avais oublié ce que je voulais dire.

« Au fond, qu'est-ce que ça change, que ça soit moi ou un autre ? Tu aimes bien avoir un auditoire, non ? »

Ou alors… le fait que ce soit moi est réellement important pour lui ? Parce qu’il m’a vu me briser complètement ? Qu’il a pris un malin plaisir à me faire souffrir, malgré la frustration de ce même soir, quand je suis arrivé au Bloc ? Ou alors c’est moi, là, qui me donne trop d’importance. Et lui qui fait semblant. J’ai néanmoins toutefois l’impression que ma venue ne le laisse pas si indifférent qu’on pourrait le croire. Il en a pourtant torturé d’autres, des gens comme moi. J’ai juste eu l’occasion de lui faire payer ses méfaits. Je me souviens. Je n’étais pas venu pour blablater ou l’écouter raconter sa vie.

« J'étais venu pour te soutirer des infos sur les Monarchistes. Il paraît que t'as pas mal la côte, chez ceux d'ici. Tu sais sûrement quelque chose à ce sujet. »

Et c’est sûrement l’une des dernières choses que je viendrai lui demander avant un moment. D’ailleurs, je ne le sais pas encore, mais c’est notre dernière conversation. La dernière fois que je le vois. Si je savais… Cela me ferait étrange, quand même, oui. Je ne lui aurais sans doute pas parlé de sujets aussi banals. J’aurais sans doute essayé de comprendre, en écoutant ses propres termes, comment on peut en venir à avoir un esprit aussi tordu et malsain.
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 10 Juil 2022 - 2:33
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Alexander Nagel-Jung
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Ah, non, ce n’est pas parler d’autre chose qui va me distraire de mes idées les plus noires. Mais bon. J’en ai un peu marre que Sirius me pose des questions sur mon état. Je ne vois pas l’interêt. Premièrement, car il n’est pas réellement préoccupé à mon sujet et deuxièmement, car ça me fatigue. J’essaie de ne pas trop essayer de songer au fait que le maitre dresseur a tenté, d’une certaine manière, de comprendre ce qui m’arrivait. C’était bizarre et je suis frustré rien qu’à y penser. Enfin. C’est peut-être… je sais pas. Peut-être que c’est pas si fou, de dire, aussi étrange que cela puisse paraître, que Sirius, à défaut de comprendre, s’est assez penché sur mon cas pour analyser certains mécanismes de mon fonctionnement. Le fait qu’il admette que cela aurait pu être lui ou un autre prouve qu’il s’est mis à distance de tout ça. Un auditoire… oui. Je ne suis qu’une étoile qui n’a pas brillé. Ou qui s’est simplement disloquée dès sa lumière aura été visible. Une star dans les coulisses de ma cellule. L’ombre de la grande diva que j’aurais pu être. Eh. Au moins, j’aurais été la vedette du bloc R. Ils me détestaient tous, certes, mais je regrette ce temps où l’on me craignait.

Mais bon, on ne retourne pas dans le passé. Je ricane doucement.

« C’est vrai. La tronche du public n’a pas grande importance. Après tout, un grand acteur saura mettre toute son âme dans sa performance, peu importe ce qu’il a en face de lui dans les gradins. »

J’aime voir les choses ainsi. S’il faut mourir, autant que ma vie ait été une grande tragédie en cinq instants. Un prologue sur mon hubris, des chœurs qui chantent mes ratés, annoncent le châtiment divin qui s’ablatera sur moi et ma famille de mégalomanes et accompagnent mes grandes envolées lyriques jusqu’à la fin, inéluctable. Puis, exit, la nuit tombe sur le théâtre. Et je disparais avec lui. Quelle longue journée ce fut et j’aurais rempli mon travail de protagoniste pathétique. Je ne saurais pas dire si Samaël a vraiment eu de l’importance, du fait qu’il ait assisté à ma représentation et à mes gesticulations. Mais, ce qui est certain, c’est qu’ils sont rares, ceux qui sont restés jusqu’à la fin du spectacle.

Au moins, tout rentre dans l’ordre peu après. Le maitre dresseur m’interroge enfin. Sur les Monarchistes. Je ne sais pas pourquoi je suis visiblement surpris. Probablement car c’est devenu le cadets de mes soucis, depuis plusieurs semaines. J’avais presque oublié… c’est vrai. Je prêchais les prophéties à quelques disciples et je me donnais corps et âmes pour leur écrire des grands drames en vers sur le sujet. Tout ça pour rien. Comme d’habitude. En repensant à l’absurdité et à la vanité de toute cette histoire, je ricane de nouveau, un plus long moment cette fois-ci. Je soupire à la sortie de mon rire, puis reprend la parole.

« Héhé, j’avais oublié, ça. Elle était marrante, cette histoire de Monarchistes en prison. »

De là à dire que j’avais « la côte », héhé… pas vraiment non. Je n’ai plus la côte auprès de qui que ce soit, dans aucun domaine, actuellement. Pas que cela m’importe vraiment, vu où j’en suis rendu. Je parle de ce temps où j’étais désiré au passé, comme si j’avais 90 ans. Cette période est clairement révolue, plus aucun Monarchiste ne veut de moi. Cependant, c’est mignon qu’il formule ça ainsi pour que je m’adoucie. Il le sait, que je suis sensible à la flatterie.

« La côte, hein… Ah, tu cherches à me flatter, là, Sisi-chou… tu penses que je vais t’en dire plus si tu procèdes ainsi, hm ? Tu me connais si bien ! »

Il a raison. Ça marche. Enfin… je ne vais pas tout lui déballer non plus. Surtout que ma mémoire me joue des tours ces temps-ci, à cause du manque de sommeil. Cependant, je crois qu’il va être déçu. Je n’ai pas grand-chose à raconter. Et puis… je suis encore plein de rancune vis-à-vis de ce qui s’est passé, il y a quelques mois de cela.

« Si j’étais toi, je m’attarderais pas avec les Monarchistes du coin, ce sont des feignasses qui savent pas ce qu’y veulent. »

Mon ton est soudain devenu plus tranchant. Oui, des bons à rien. Des ignares. J’en passe et des meilleures. Je grogne. C’est pas que j’y tenais hein… euh… vraiment pas. Non. Je sais pas. Si je ne tenais absolument pas à ce petit groupe, à ces réunions stupides et à ce rôle de prêcheur du dimanche, serais-je aussi irrité en y repensant ?

« Je leur écrivais des super pièces et des légendes sur l’élu, qui est pas Shaja, d’ailleurs, spoiler alert, si on lit les textes c’est carrément sûr que c’est pas lui… mais bah, y s’en foutaient y préféraient jouer aux cartes ! Tsk ! »

J’en sais rien de qui est l’Elu. J’aurais aimé que ce soit moi. Je me disais que ça au moins, à défaut de donner sens à mon existence, ça aurait permis de me faire obeïr par un certain nombre de personnes. De simplement, me faire servir, me prélasser, faire quelques apparitions de temps à autre pour réciter mes textes absurdes. Ça aurait été simple. Et, surtout, j’aurais été libre.

« Toute façon, depuis que- »  

J’allais continuer dans mon emballement, mais je m’arrête net. Son nom me revient et a failli franchir mes lèvres sans que j’y prête la moindre attention.

Austin.

Le jeune Remi est parti depuis bien longtemps. C’était bien le seul qui m’estimait dans ce purgatoire. Et même avec ça… j’hésite à balancer son nom, à lui qui est sorti de prison et qui doit surement être devenu proche de sphères monarchistes importantes maintenant. Son nom à lui qui me faisait confiance, qui croyait en moi. Qu’est-ce que ça changerait pour ma tronche, après tout, que je poucave ? Une fois de plus ou de moins… je n’en suis plus là. Ce n’est pas tant la jeunesse ou l’innocence ce quelqu’un qui m’a le plus empêché de trahir ou de faire des horreurs, après tout, Sirius en sait quelque chose. Je laisse passer un silence. Après un court instant, je me résigne et ravale le nom de mon ancien allié. Pas la peine de m’applaudir, hein. J’ai juste la flemme d’avoir cette responsabilité.

« … Actuellement, c’est un type nommé Klein, qui s’occupe des Monarchistes du coin. Je sais pas trop ce qu’y font comme ils m’ont jarté. Enfin, non, c’est pas eux qui m’ont quitté, c’est moi qui les ait largués en premier, tu sais… ! »

Je prononce cette dernière phrase avec un air faussement affecté de midinette de mauvaise foi. Bah, quoi, c’est un peu vrai. J’admets que je noie le poisson dans quelques cabotineries bien vaseuses.

« Enfin, je peux te réciter quelques sermons Monarchistes, si ça t'amuse. »

Mouais. Je pense qu’il s’en passera.

Avec Samamelle
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Alexander Nagel-Jung
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Lun 25 Juil 2022 - 12:16
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Samaël Enodril-Miyano


&&&



Here we go
again
"avec Alextasy"

S'il y a une chose qui n'aura jamais changé, chez lui, c'est bien sa mégalomanie. Son caractère le plus fidèle qui ne le quitte pas depuis le premier jour où je l'ai connu. Un souvenir que j'effacerai volontiers de ma mémoire si je le pouvais, mais ces choses-là, ça ne se contrôle pas. Sans le connaître ni d'Arceus, ni de Darkrai, il aura marqué un tournant dans ma vie où aucun retour en arrière ne put être possible. Ses airs grandiloquents, son ego dont la taille est égale à celle de sa dépression, son égoïsme à toutes épreuves... La prison n'aura pas terni des ambitions démesurées ni impossibles à atteindre. Le voilà acteur de son propre manège avec, il l'a trouvé, un public de détenus prêts à écouter ce qu'il a à entendre. La seule chose qu'il lui reste. Qui aurait cru qu'un jour nos pouvoirs seraient inversés ? Que je pourrais décider un jour de sa vie et de sa mort ? Aujourd'hui je sais qu'une partie de la population eut tellement de haine envers le Régime qu'un décès de plus d'un de ses membres passerait comme une lettre à la poste, sans que ça ne choque grand monde pour peu qu'ils soient au courant. Je pourrais même engager des gardiens pour faire le boulot à ma place, vu qu'ils adorent se défouler sur les prisonniers. Un comportement sur lequel je les ai réprimandés il y a peu, car je ne tolère pas qu'on rende la vie des détenus, aussi meurtriers soient-ils, encore plus misérables qu'elle ne l'est déjà. Parce que dans le lot je fais, oui, du favoritisme ; que je sais que Clive pourrait être la cible de ce genre de choses et que je ne l'ai jamais permis à ceux qui gardent l'étage dans lequel il se trouve. À mes yeux, rester enfermés dans un endroit toute sa vie et voir ses rêves d'avenir être réduits en poussière est pire que la mort instantanée. Un pénitencier pour moi n'est pas un endroit où on tabasse les détenus comme si on souhaitait les abattre quand ils sont dans leur état le plus faible. Sans doute que je n'ai pas assez fait attention auparavant à la manière dont les geôliers traitaient leurs pensionnaires, et je le comprends aujourd'hui.

Cette histoire de Monarchistes semble toutefois ne plus être d'actualité, vu la manière dont il en parle. Était-ce une erreur d'aborder le sujet ? Il était évident qu'une telle secte pouvait attirer son intérêt. Fut plus évident encore qu'il aurait pu prétendre être cet élu de la légende dont les adeptes sont si friands. Semblerait-il que ce soit en réalité davantage un jeu pour lui, mais en tout cas pas quelque chose sur lequel il serait bien sérieux. Une distraction. Il en faut, dans le genre d'endroit où il est condamné à croupir. Une source d'inspiration qui lui aurait permis un temps de montrer à ses camarades son côté littéraire. Enfin. Qu'est-ce que je m'en fiche. Et pourtant. Je ne peux m'empêcher d'écouter ce qu'il a à dire malgré tout comme si je ne le reverrai jamais après cette journée. Il faut dire que des entretiens avec Silvery, je n'ai jamais voulu en avoir beaucoup. Il fallut que je le questionne sur les Monarchistes car rumeurs disaient qu'il pourrait aider là-dessus. Il ne perdait rien de toute façon à déballer son savoir et je savais que parmi les prisonniers il y en avait, des fans de la légende, qui se prenaient soient pour les gardiens du fanatismes, soient pour les objets de ce dernier. Déception de la part du blond platine pour l'indifférence que ses collègues ont manifesté à l'encontre de ses sermons auxquels il paraissait tout de même tenir. Cela lui permettait probablement de se raccrocher à une histoire ; de montrer ce qu'il savait faire. Il y avait donc bien une chose qui continuait de l'animer un peu entre ces quatre murs froids et inhospitaliers. Je me méfie des Monarchistes de façon générale en oubliant qu'il y a dans le lot des personnes innocentes qui n'ont pas forcément un mauvais but mais qui cherchent simplement, comme moi à une époque, à se démarquer des autres et à devenir spécial. C'est difficile de leur en vouloir s'ils ne font rien de mal même si je ne pense pas que cette histoire de légende ou d'élu soit une bonne chose, attirant davantage les grosses têtes que ceux qui n'ont pas vraiment d'arrière-pensée à ce sujet.

Dans son discours, il s'arrête un cours instant toutefois, comme si une pensée le traversait. Allait-il sortir une information, finalement ? Le sentant pensif très brièvement, il revient toutefois vite à la charge pour conclure en me donnant un nom. Je reste quelques secondes immobiles, ne cachant pas ma surprise à l'entente d'une réelle donnée importante qu'il a été enclin à me partager. J'aurais cru que ce serait plus difficile voire impossible de soutirer quoi que ce soit de lui en réalité. Le sachant rancunier, je ne peux pourtant être stupéfait bien longtemps du fait qu'il ait vendu la mèche si ce groupe l'a effectivement lâché. Je ne dirais pas que j'en aurais fait autant mais il n'y a en fait rien de surprenant à son comportement. Mais... C'est tout. Ce qu'il m'a déclaré est mieux que rien mais je ne pourrais rien tirer de plus de sa part. Pourquoi en suis-je déçu, au fond ? Je devrais être soulagé que ce soit fini. Soulagé que je n'ai pas à traîné une seconde de plus dans cet endroit. Je n'ai pas vu le temps passer. Je demeure ici néanmoins depuis plus longtemps que je ne pourrais le croire. Alors quoi ? Rien, je présume. Il n'y a pas de raison supplémentaire qui me pousse à rester en ce lieu si je peux me trouver ailleurs. Contrairement à mon interlocuteur, une famille m'attend dans un foyer chaleureux. Je ne le plains pas. Je ne l'envie pas non plus. Il a mérité sa place.

« Garde-ça pour tes admirateurs en cellule. Ça leur fera une distraction, au moins. »

Je me permets un sourire moqueur tant que je suis dans une situation de supériorité. Oui, j'en profite. Je n'en ai pas honte. Il a éveillé tant de cauchemars chez moi que je prends un malin plaisir à savourer ce retournement de situations. C'est agréable. Mais je ne devrais pas y prendre trop goût non plus. Il n'y a pas de fierté à se sentir plus dignes que des êtres pathétiques dans son genre. Le rictus s'affaisse. Le masque, lui, est abattu depuis longtemps. Il m'a vu dans la position la plus critique qui soit, avant d'en profiter lui-même afin de m'enterrer un peu plus. Je ne me suis jamais vraiment défoulé pour exprimer toute la colère et la haine que je ressens à son égard. L'amener en cellule pour qu'il y demeure constituait la meilleure des vengeances. La plus satisfaisante de toutes. Cela suffit-il à ce que je sois en paix avec moi-même ? Son souvenir gardera toujours une place en moi, comme une cicatrice qui ne partira jamais. Pourtant, alors que je pourrais piquer une crise et me déchaîner en abusant de ses chaînes, je sais que ça ne servirait à rien et que ce n'est pas ça qui pourrait effacer ce qu'il a gravé dans mon esprit. Je ne perdrai plus mon temps à le faire. Celui qu'il me reste doit être à présent consacré pleinement à ceux qui me sont chers aujourd'hui. Car c'est une chance que lui ne possède pas, et que sur ça et d'autres points, au final, toutes les victoires que j'ai acquises sont celles qu'il n'a jamais pu atteindre et qu'il ne pourra désormais jamais avoir. Je m'estime heureux et chanceux.

« Je suppose que je n'ai pas de raison de te faire attendre davantage, alors... »

Dis-je, avant de prendre quand même mon temps. J'ai du mal à véritablement partir, comme si je craignais d'oublier quelque chose d'important. Mais il n'y a plus rien désormais que nous pouvons faire l'un pour l'autre. L'objectif a été accompli. Rester plus longtemps que nécessaire est stérile et sans intérêt. Je me lève donc en reprenant mes affaires. Signal qui indique aux gardes de revenir maintenant que notre entretien s'est fini.

« Je vais te libérer. Les fidèles n'attendent pas. Tâche de ne pas faire trop de vagues ou je serais obligé de revenir. »

Plus je me tiens loin de cette prison, mieux je me porte. Ignorer son existence et nier les responsabilités que j'ai dessus, ce serait toutefois bien immature. Lorsque la porte m'est ouverte, je m'y dirige mécaniquement même si quelque chose au fond de moi voudrait me retenir. Comme un pressentiment. Mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. C'est sûrement juste le fait de quitter cette pièce d'interrogatoire, car un poids lourd m'est déjà enlevé quand la sortie s'offre à moi. Une dernière fois, je me retourne cependant dans la direction du plus âgé. Continuer à l'appeler par son nom du Régime ne fut pas judicieux, tout compte fait. Dio Silvery n'est plus de ce monde depuis qu'il a été enfermé.

« Auf Wiedersehen... Alexander. »

Est-ce que je le reverrais bientôt ? Je n'espère pas. Mais j'attends le rapport prochain de son psy pour savoir comment les choses vont évoluer. En bien, en mal... Qui sait. Cela ne m'a jamais regardé ni même intéressé plus que ça. Je n'ai simplement pas hâte au prochain grabuge qui se produira ici, alors je vais prier Arceus pour que les choses se calment, ou il finira par y avoir un mort.
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 1 Jan 2023 - 0:49
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Alexander Nagel-Jung
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C’est ridicule. Je suis partagé entre le « qu’est-ce que je fais encore là » et le « je t’en supplie restes je ne veux pas me retrouver seul ». J’oscille entre ces deux humeurs en boucle depuis que j’ai commencé à aborder mes aventures avec les monarchistes. Tout me semble soudainement irréel à nouveau. Bien trop absurde et insurmontable pour que l’envie de hurler sur mon interlocuteur ne me remonte pas le long de la gorge. Cette affaire de Monarchistes me remet soudain dans la figure à quel point je suis seul. A quel point ma mort ne va faire aucune différence. Au fait que personne ne sera là pour m’en empêcher. J’ai soudain envie d’implorer Sirius, ou plutôt, Samaël, pour qu’il me dise de rester en vie. Qu’il me donne une seule bonne raison, car je ne saurais pas la trouver par moi-même. C’est quand même navrant d’en arriver là. Même la compagnie de mon père rendrait ça plus confortable. Ses tentatives pathétiques d’exprimer autre chose que du dédain me manqueraient presque. Ah, punaise, je suis vraiment désespéré à ce point. Je le savais déjà, mais l’heure est grave.

Tout ça, je n’en soufflerais rien à mon interlocuteur qui me lance des piques. Pfff… ah, si seulement elles pouvaient m’atteindre comme c’était autrefois le cas. Je m’enflammais dès qu’on moquait mes grandes tirades mégalomanes, je devenais féroce. C’était tellement mieux que le vide. Tellement mieux que le sourire en coin sans âme que j’adresse à Sirius lorsqu’il dit qu’il me laisse partir. Pense-t-il vraiment que des gens m’attendent, entre ces gros murs très froids ? Ou même au dehors ? Ludwig, peut-être ? Tu parles. Ce n’est même pas Soltan qui lui a monté la tête, c’est simplement qu’il a mieux à faire. Qu’il ne se sent sûrement pas bien en ma présence. J’entrouvre la bouche pour lui rétorquer quelque chose comme « je ferais des vagues juste pour revoir ta face dépitée ». Mais rien ne me vient. Je ne parviens pas à être mordant ni même à ricaner de manière suffisante comme je sais habituellement si bien le faire. Je me sens aspiré par un vide infini. Il m’a déjà eu. Chacun de mes pas semble m’attirer six pieds sous terre. Tout est tellement lourd. Tellement pénible. Tellement étranger à toute forme de sens. Et si rien n’a jamais vraiment eu de sens, que la vie est absurde… actuellement, j’ai désespérément besoin de faire sens de tout ça. Il faudrait pouvoir raisonner et penser droit, pour ça.

Ce n'est pas le Dr Nikolos qui a fauté dans cette histoire. Il a essayé. Je le déteste pour ça, d’ailleurs. Une partie de moi espère qu’il se détestera aussi en voyant qu’il n’aurait rien pu faire. Une partie de moi espère qu’iels se sentiront tous mal, tous coupables… mais… mon existence n’a pas tant d’importance, hein ? J’ai eu beau m’en convaincre, ma présence en ce monde n’a jamais été plus signifiante que celle d’un vulgaire asticot.  Et cette idée me fait vriller l’esprit. Plus que d’habitude, je veux dire. Ma vie n’a jamais eu d’importance pour quiconque. Et ce n’est pas aidé par le fait que mes propres parents n’ont jamais caché qu’ils me préféraient mort.

J’émets un soupir mi-amusé mi-agacé en entendant l’autre qui tente de s’exprimer dans ma langue maternelle. S’il a peut-être vu ma douleur, alors elle ne l’a certainement pas atteint. Et puis, de toute façon, qu’est-ce que ça changerait ? Mon sourire disparait dès que mon visage n’est plus dans le champ de vision du maitre dresseur. Un rire cassé file entre mes lèvres.

« Héhéhé… tu parles aussi bien l’allemand que mon père parle le français. Super mal. »

Oui ça manque de saveur par rapport à mes piques habituelles, on est bien d’accord. Je souffle encore et, sans me retourner, je prononce les dernières syllabes que je n’adresserais jamais à Samaël.

« Adieu. »

Il n’entendra plus ma voix. Il ne verra plus mon sourire de petit con sadique à nouveau. Car… je sais que c’est terminé. Je n’ai plus la force. Je me suis éteint il y a déjà des semaines, des mois… je ne sais plus, à vrai dire. Je n’ai pas envie d’attendre. J’ai déjà mon plan en tête. Je ne dérangerais personne, pour une fois. Je partirais sans tragédie, sans même une dernière tirade dont j’ai le secret. Car si j’opérais ainsi, l’on pourrait m’en empêcher, n’est-ce pas ? Puis… c’est la seule solution pour arrêter enfin de se faire dévorer par le vide, hein ? Suis-je lâche ? Peut-être bien. Je n’aurais jamais le courage de certains. Je ne suis peut-être pas si malin non plus. Je… toute ma vie me semble un mensonge. Une histoire que je me suis inventée. Et je suis trop endormi pour me recréer une existence désormais. Donc… oui. Ce n’est pas de gaîté de cœur, mais il vaut tout abandonner ici.

Je suis fatigué. Je suis tellement fatigué.

Il est temps de faire ce que j'aurais du faire bien avant que l'on ose m'enfermer.

Pas d'apothéose. Pas de morale signifiante de fin de tragédie. Juste l'exodos imminent de mon âme vers le néant.

Avec Samamelle
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Alexander Nagel-Jung
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Ven 6 Jan 2023 - 12:40
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