Chou blanc ou patate mal lunée 3
Falaises de l'Ouest - Mi-Avril 2024

Cette semaine, j’ai rarement vu Marilyn et ses frères et sœurs aussi euphoriques. C’est depuis le retour de Shizune que j’ai remarqué à quel point la ferme était devenue calme en son absence. Je m’y étais plutôt bien habitué, à cette maison ou ça ne crie pas tout le temps (pour le coup je parle de cris de joie et de jeu, pas d’autre choses plus négatives), c’était plus reposant. Enfin, ce n’est pas à propos de moi. Ce qui compte c’est que Marilyn, Iris, Mikoto et Soltan sont réunis avec Shizune et en ont l’air assez heureux. J’ai l’impression que mon tuteur est moins au bout de sa vie depuis quelques jours, j’ai l’impression que tout va bien, en fait… Ou, du moins, que c’est ce que tout le monde se dit : que maintenant, il n’y aura plus de problèmes, que Shizune va rester pour toujours. Appellez-moi parano si vous voulez et c’est peut-être parce que je n’ai pas eu de vie de famille réjouissante que je pense ainsi, mais… il y a quelque chose qui cloche. Peut-être suis-je un petit peu envieux aussi, des trois enfants Green-Onizuka qui semblent si heureux avec leurs deux géniteurs, après tout, je ne sais pas vraiment ce que ça doit faire, je me dis que vu comme ça, ça doit être agréable à vivre. Mais, je ne sais pas, il y a quelque chose de bizarre et je ne suis pas le seul à le penser.

Vu comme Zlatan s’entend bien avec son cousin le fermier, j’aurais pensé qu’il appréciait Shizune également. Mais en réalité, lui et la Onizuka ne s’échangent que des paroles polies et nécessaires. Pourtant, la japonaise est quelqu’un de plutôt sociable et franche quand elle est chez elle et l’ancien psy ne m’a jamais donné l’impression d’être quelqu’un de froid, à ma connaissance, c’était plutôt l’inverse. Le fait est que moi et le Eriksen nous sommes un peu retrouvés « à part » au milieu de ces grandes retrouvailles… je ne m’en plains pas, même si je trouve ce changement brusque pas vraiment confortable.

Enfin, il ne faut pas croire, je suis très, vraiment très content pour les Green-Onizuka, mais… Enfin, ce n’est pas non plus que je n’aime pas Shizune, mais… je n’ai jamais été proche d’elle et elle ne s’est jamais vraiment occupée de moi comme mon tuteur le fait et puis, on ne peut pas forcément apprendre à apprécier quelqu’un qui n’est jamais là. Ce n’est pas comme si Soltan en avait beaucoup parlé et avait eu l’air heureux de son absence (d’ailleurs, malgré son retour il a toujours un air distant et parfois embêté quand il se relâche en l’absence de ses enfants) et que Marilyn avait régulièrement de crises de colère car sa mère n’était pas là… Enfin, je veux dire, si Shizune avait été là, j’imagine que certaines situations auraient pu être apaisées plus rapidement. Enfin, Marilyn ne se serait pas sentie aussi triste et mal dans sa peau au point de tout le temps se disputer avec son père et… bref…

Je me mets à soupirer en regardant la mer depuis le bord de la falaise, les pieds battant dans le vide. Tout cela ne me regarde pas vraiment, m’enfin… je vis quand même à la ferme avec eux et je ne peux pas m’empêche de me sentir comme un étranger quand même. Je ne devrais peut-être pas me plaindre ou faire mon gamin en manque d’attention, m’enfin…

« Ça va ? »

L’adulte assis à côté de moi sur la falaise a l’air aussi perplexe que je le suis. Par la force des choses, je traine plus avec Zlatan, ces derniers temps. On doit avoir l’air de deux émos, à regarder le vide depuis le bord d’une falaise… « Big mood », comme dirait Alice. Probablement car on est un peu deux émos, quelque part et qu’on aime effectivement bien regarder des paysages sans rien dire parce que c’est apaisant.

« Hm, oui. »

Dis-je en haussant les épaules. C’est finalement le week-end et les autres étaient partis à Baguin pour la journée, mais nous avions préféré rester à la ferme, pour finalement partir nous promener et nous reposer de l’animation et du boucan que produisait la petite famille réunie. Tout ça pour dire qu’un peu de calme est le bienvenu.

« C’était un peu bizarre, cette semaine… »

Observais-je pour moi-même, sachant quand même que le Eriksen m’entendra. Je l’entend soupirer brièvement à son tour. Il a l’air d’accord avec moi.

Modération : C'est reparti :V Une appa en MN - Falaises, s'il vous plait

Chou blanc ou patate mal lunée 3
Falaises de l'Ouest - Mi-Avril 2024

Je passe peut-être un peu pour le rabat-joie de service, quand j’y pense. Enfin Marilyn à un moment m’avait fait « bah quoi, t’es pas contente ? t’es difficile, hein ! » comme si je devais absolument être aussi réjoui qu’elle. En un sens, je peux comprendre qu’elle veuille faire partager son bonheur, surtout que ça fait longtemps que je ne l’avais pas vue si contente, mais… c’est parfois un peu envahissant et la brunette peut manquer de délicatesse. Un peu comme Shizune et Soltan qui compensent en essayant de donner l’impression que tout va bien. Mais (et c’est là que vous pouvez m’appeler gâcheur d’ambiance) je ne peux pas m’empêcher de me demander : si Shizune décide de repartir comme elle est revenue, quel effet ça va encore avoir sur toute sa famille… ? Le sait-elle seulement ? Je ne peux m’empêcher de me sentir inquiet pour la famille de mon tuteur et je me sens soudain un peu ma à l’aise, donc je gratte un peu mes ongles nerveusement.

« Tu sais, euh, c’est pas que j’aime pas Shizune, hein, mais… je sais pas, si elle repart, ils vont faire quoi, les autres… ? »

Je n’ai pas envie qu’ils soient malheureux à cause de ça et je sais que Zlatan non plus. Enfin, je ne dis pas que personne n’est du genre à vouloir le mal de quiconque (je veux dire, vous avez vu mes parents et certains de mes camarades ?), mais, là, je sais que ce n’est pas le cas. Le brun cligna des yeux et fit un peu la moue avant de me répondre.

« Je vois bien ce que tu veux dire, mais c’est pas à toi de t’inquiéter pour ça, hein. »

C’est à moi de pincer les lèvres dans un air un peu boudeur. Ce serait bien que ce soit aussi facile qu’il le dit.

« Oui, mais, euh, je peux pas m’en empêcher, moi… »
« Je sais, je sais, c’est pas évident. »

Répondit-il comme s’il savait de quoi il s’agissait précisément. Je ne sais pas si Zlatan a aussi cette tendance à vouloir s’occuper des autres avant lui-même, mais… Oui, c’est ça, c’est pas évident.

« Enfin, toi, ça va mieux au fait ? ‘Fin, par rapport à ce dont on avait déjà parlé, quand… ? »

Euh… Ah oui, mince, la fois où on a parlé de dépression. Je ne peux m’empêcher de rougir d’embarras. J’ai vraiment raconté des trucs sur « ah je crois que je suis dépressif » à… argh. J’espérais qu’il avait oublié mais je sais qu’il n’est pas mal intentionné en me posant ces questions.

« Euh, euh… ah, oh, non, je… enfin, oui, mais… enfin je—je sais pas, j’ai… je suis un peu plus à l’aise avec l’idée mais… b-bref ! »

Bégayais-je sans trop savoir quoi dire et l’autre eut un léger mouvement de recul et agita la main comme pour dissiper le malaise dans l’air.

« Ah, euhm, t’inquiètes pas, je disais pas ça pour faire le psy avec toi ou rien, hein… je me demandais, juste et…. Aaaaaah ! Mais qu’est-ce que c’est que ça ?! »

Il s’interrompit et se tourna vers l’autre côté de la crête avant de se lever brusquement et s’éloigner de quelques pas en arrière. Je découvre ce qui lui a fait peur : un Pokémon insecte qui claque des mandibules et…

« Hé ! Mais c’est un Larvibulle ! Je savais qu’y seraient dans le coin ! »

Enfin, plus précisément, c’est Monsieur Miyano qui avait émis cette théorie quand on avait parlé de Lucanon. Il faudra que je lui dise !

« … Urhg… C’est juste une grosse larve, pas la peine de s’emballer… yurk… »

Grimaça l’adulte, visiblement saisi de frissons désagréables à la vue de l’insecte… je ne savais pas qu’il avait la trouille de ce genre de bestioles. A présent la Larvibulle se cogne à ma jambe et tente de me chasser à mon tour pour passer, mais je suis un peu trop occupé à être gaga sur le petit insecte.

Modération :  On envoie Kylian le Charmina* (Medicham) au combat ! Talent Force Pure (Pure Power) ; Hardi (Hardy) (tu peux c/c de làààà)
-> Rapide Ball x2

Merciiiiiiiii

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Falaises de l'Ouest - Mi-Avril 2024

Visiblement Larvibulle ne s’attendait pas à attirer l’attention de cette manière et m’observe depuis quelques instants d’un air interpellé. Alors qu’elle avait l’air pressée de nous dépasser quitte à nous chasser à coup de mandibules, l’insecte s’est finalement arrêté pour me fixer et a l’air de se demander ce que je lui veux. Je ne crois pas qu’elle soit effrayée… au contraire, elle a l’air assez sûre d’elle, voire téméraire. Elle lance des regards en coin à l’adulte qui m’accompagne et fait quelques pas vers lui, ce qui fait reculer l’ancien psy avec des « ih ! » franchement risibles. La Larvibulle semble alors très fière de l’effet qu’elle produit et a l’air de se moquer de Zlatan qui demande alors à Nausicaa, sa Xatu, d’approcher pour se cacher derrière elle… Mais l’oiseau psychique semble tout à fait indifférente aux « problèmes » de son dresseur et le regarda l’air de dire « mais débrouilles-toi, vieux sac ! ».

« Hé, Zlatan, c’est pas la petite bête qui va manger la grosse ! »

Bon, je sais que c’est pas cool de se moquer, m’enfin… Avoir peur d’un Larvibulle, y faut le faire, quand même ! Regardez moi cette toute petite bouille qui a l’air de jubiler !

« Ouais, euh, je sais, mais, euh… j’aime pas ça, c’est comme ça ! »

Ce doit être son côté fan des types psy faibles face aux insectes qui ressort, ça. J’imagine que c’est logique, en un sens… ? Quoique j’aime les types eau et je n’ai pas spécialement peur du type électrique, la preuve ? Sans doute que j’y pense avec un peu trop de sérieux, haha. Je me dis que je vais arrêter de taquiner le cinquantenaire manifestement mal à l’aise et reprote mon attention sur Larvibulle.

« Hé, tu voudrais pas venir avec moi ? Enfin c’est pas obligé, mais… je crois que mes autres alliés seront content de te rencontrer et tu as l’air cool et tout alors… ! Tu n’es pas obligée de rester bien sûr ! »

Je ne sais pas si Larvibulle a tout compris mais tandis que je me lève pour marcher un peu afin de terminer notre balade, elle se met à me suivre avec une certaine curiosité prudente. Une partie de moi a envie de continuer la balade parce que je ne suis pas très motivé à rentrer. J’essaie de l’ignorer depuis quelques jours à cause de ce que ce genre de sentiment négatif m’a déjà poussé à faire, mais… J’ai une impression depuis le retour de Shizune de revivre ce que j’avais ressenti avant ma fugue… Cette impression d’être de trop chez mon tuteur. Soltan m’a déjà assuré l’inverse mais même si je lui fais confiance, mon cerveau n’a pas l’air de vouloir accepter le fait que je puisse avoir ma place quelque part, à un endroit où je suis apprécié. Enfin, j’ai un peu l’impression de tourner en rond avec ce type de pensées qui me nouent la gorge et c’est frustrant. Il y a aussi l’angoisse de… Enfin… le fait que je n’ai nulle par ailleurs où aller. Enfin, si, mais je ne peux pas vraiment squatter chez Alice ou retourner chez Monsieur Miyano à chaque fois que je me sens « exclu » alors que je ne le suis pas. Je me mets à grogner, agacé par mes propres angoisses que je veux chasser et refouler. Mais je ne sais pas si c’est une très bonne idée. Finalement, je soupire et regarde mes pieds en marchant, avant de recommencer à parler.

« Dis, euh… tu crois que c’est nul et égoïste, que j’ai l’impression que… enfin, je veux que Soltan et les autres soient heureux et tout m’enfin… je me demande si j’ai une place là-dedans, en fait… »

Je ne sais pas comment le formuler mais mes paroles rendent apparemment l’ancien psy perplexe. Je ne veux pas qu’il pense que je lui parle comme à un psychologue, mais… il connait mieux Soltan et sa famille que moi et il y a tellement de choses que j’ignore et qui me font parfois m’inquiéter, avec ma peur maladive qu’on me fasse des cachotteries.

« C’est pas comme si j’étais de la famille en un sens… »

Je dis ça, mais… je ne sais pas vraiment ce que c’est une « famille » et je n’ai clairement pas de « bons » exemples à citer. Probablement car ça n’existe peut-être pas mais… je voudrais juste me raccrocher à quelque chose de stable, je crois.  

En continuant de marcher en silence, nos pas nous ont mené en contre-bas des falaises, plus près des montagnes, à un endroit où les flancs rocheux sont parsemés de petite grottes... On est heureusement bien loins du fief de Kaiser, à ma connaissance. J'aperçois cependant quelques habitants curieux qui nous regardent passer sur le chemin, n'osant pas trop se montrer.

Modération : Merciiii On continue histoire de pas clore de manière trop awkward avec une appa en MN - Galeries, please !

Chou blanc ou patate mal lunée 3
Falaises de l'Ouest - Mi-Avril 2024

« …ça n’a pas été facile pour toi, hein ? »

Est-ce qu’il sait de quoi il parle… ? Fait-il allusion à ce que j’ai vécu dans ma famille, comme on est sur ce sujet-là ? J’imagine que, peut-être, lui et Soltan ont peut-être parlé de moi. Que je le veuille ou non, il y a des choses qui finissent par se savoir. En plus, Zlatan n’est pas vraiment du genre à ne pas s’intéresser. Mais enfin, c’est si évident que ça, que j’ai des problèmes ? Je me sens rougir d’embarras… Il doit penser que je tente d’attirer la pitié pour des choses bien peu importantes et qui ne concernent que moi et ma sensibilité. Je n’ai pas dit tout ça pour qu’on me plaigne, m’enfin, j’imagine que je dois quand même avoir l’air un peu pathétique, sinon les gens ne réagiraient pas ainsi… ou alors je ne peux juste pas accepter qu’on s’inquiète pour ma pomme. Ne sachant comment interpréter les propos de l’adulte qui a l’air tout de même compatissant, je ne dis rien.

Que veut-il que je réponde ? Je ne suis pas à l’aise de me dire que ma vie n’a pas été « facile », je veux dire… c’est pas comme si j’avais manqué de confort matériel une seule fois… probablement même que vu le fric qu’on mes parents, ça m’arrivera jamais. Certes, ce sont les mêmes qui ont été clairement négligents avec moi et en ce sens, non, c’était pas exactement facile de grandir avec la sensation que personne n’en avait rien à faire de ma personne. Je baisse les yeux, je devrais peut-être rassurer l’adulte sur le fait que tout va bien mais il reprend la parole avant.

« Je peux pas parler pour Soltan mais, c’est pas son genre d’exclure quelqu’un à part si, bah, si y’a danger. »

J’essaie de ne pas penser au fait que Soltan semble rejeter Alex depuis plusieurs années, alors qu’ils avaient des rapports plus ou moins « normaux » avant… enfin, de ce que j’avais pu constater avec mes yeux d’enfant de 7 ans. Je ne sais pas trop ou me mettre… je ne voulais pas le forcer à essayer de me rassurer.

« Je pense que, bah… il veut pas te forcer sachant que t’es pas à l’aise avec tout ça, i mean, avec les histoires de famille. »

Pour le coup, je ne peux pas vraiment le contredire. C’est moi qui ait choisi de ne pas trop me mêler et même si les autres proposaient, j’ai préféré rester au calme. Ce n’est pas vraiment ça le soucis, donc. Puis, c’est vrai, il y a bien quelque chose qui me gêne un peu quand il faut parler de famille ou même réfléchir au concept mais vu mon vécu, c’est probablement pas anormal.

« Après, si vraiment ça te gêne qu’il agisse comme ça, tu peux aller lui dire. »

Hein ? Euh… Non c’est pas que ça me pose un soucis, ce n’est pas ce que je voulais dire !

« Ou je pourrais le faire. »

Quoi ? Mais, non, non, non ! Je secoue frénétiquement la tête de gauche à droite pour signaler au cinquantenaire que ça ne sera pas la peine. C’est gentil d’offrir de m’aider, mais je n’en demandais pas tant. Mais est-ce que je n’ai pas un peu des soucis pour accepter l’aide des gens, en un sens, aussi ? Je ne veux pas que Zlatan s’imagine des choses alors il me faut bien répondre, mais je sens que je vais m’emballer de nouveau et passer pour la drama queen de service.

« Non, mais, en vrai, c’est… je crois que… maintenant, chez eux, c’est aussi chez moi. Et je veux… enfin, je veux pas encore devoir partir parce que les gens qui me gardent ont des problèmes et que je serais… enfin, vous voyez, c’est déjà assez compliqué tous les trucs de tuteur, là, alors... »

Quelque soit la manière dont je regarde les choses, je n’arrive pas à me dire que je peux juste me poser sans rien faire ou sans essayer d’aider tout le monde alors qu’on ne me demande rien de particulier.

« Je veux pas causer plus d’ennuis qu’y ont déjà. A cause de ça… je sais même pas si j’ai ma place chez eux, même après tout ce temps. »

Je n’ai pas osé regarder mon accompagnateur à ce moment-là car je suis suffisamment embarrassé par mes propres bêtises, mais j’ai cru l’entendre retenir un soupir. Je ne peux m’empêcher d’être ultra-vigilants aux réactions des autres depuis toujours car je redoute de déplaire ou d’ennuyer. En croisant un Rototaupe un peu vener contre un gros caillou, nous restâmes quelques instants silencieux avant que le plus âgé ne finisse par répliquer.

« Non, mais… Tu sais que t’as pas à prouver des trucs pour garder ta « place » ? Et pour le reste, Soltan est un grand garçon qui sait assumer ses responsabilité et un peu de paperasse, hein. »

Les mots de Zlatan sont un peu directs mais comme il n’est pas sec, je prends tout ça un peu moins à cœur que j’aurais pu le ressentir. Il n’y a pas que ces histoire de « devoir » être impeccable du fait que j’ai tendance à me dire que je suis encore un étranger alors que la ferme, c’est censé être « chez moi » aussi. Y’a également le fait que je ne peux pas vraiment m’empêcher de m’inquiéter et de me dire que le retour de Shizune est un peu trop beau, d’autant plus que je sais qu’à chaque départ, c’est plus dur pour ses enfants et son compagnon.

« Moui, enfin… ça suffira peut-être pas… si Shizune repart encore, dans quel état y vont être, tous ? »

Je soupire, agacé parfois par mon propre pessimisme. Je donne un peu le bâton pour me faire frapper, des fois. Je veux juste que Marilyn, Iris, Mikoto et Soltan soient heureux et n’aient pas à se faire plus de soucis que nécessaire. Mais j’imagine que personne n’y peut vraiment quelque chose…

« Bah, j’sais pas. »

Ce n’est surement pas moi qui vais pouvoir faire un truc. C’est ce que le grand brun essaie de me faire comprendre, je crois. Que ni lui ni moi ne pouvons vraiment agir dans cette histoire, même si c’est pénible.

« C’est à eux deux, de gérer ça. M’enfin, ça va prendre du temps et probablement qu’il veut vous laisser en dehors, toi et les enfants. »

Marmonna le Eriksen, toujours pensif. La tournure des évènements ne semble pas le réjouir un max non plus, je peux voir qu’il est aussi préoccupé pour son cousin et ses petit.e.s cousin.e.s. Ahlala, pourquoi ça doit toujours être si compliqué.  

Modération : On fuit o/ Une dernière en MN - Galeries, please °W°

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L’idée de devoir partir de chez mon tuteur de gré ou de force me fait bien trop peur, désormais. Je suis assez paumé comme ça et j’aimerais bien que ça n’empire pas. Bien sûr, j’ai besoin d’être rassuré de temps à autre sur ce point, mais en ce moment je n’serais pas demander directement à mon tuteur… Je sais qu’il ne veut pas nous mêler à ses problèmes, mais… Qui va le rassurer lui, quand il en a besoin ?

« Ouais, mais, j’suis quand même inquiet… »

Grommelais-je, tout de même insatisfait de voir que Soltan est toujours dans son coin et ne parle jamais de ses soucis… ou même de lui. Moi qui n’aime pas qu’on me dissimule des choses et qui ait assez souffert des mensonges de mes parents ou de tout ce qu’Alex ne me disait pas, des fois, l’attitude du fermier me préoccupe. J’en ai un peu marre des vérités qui font mal qui sont cachées et… est-ce qu’on est toujours déçus pas les gens qu’on pense prendre comme modèles… ?

« Je connais pas bien Soltan, en vrai. Des fois j’ai juste peur que… je sais pas, il est bien avec moi mais… Enfin mes parents me cachaient des trucs vraiment moches alors… »

J’ai entendu Zlatan souffler du nez et baisser les yeux en retroussant les lèvres d’un air embêté. Il a l’air de comprendre ce à quoi je fais allusion.

« Tous les adultes sont comme ça ? Est-ce que vous avez tous trainé dans des sales histoires ? »

En faisant la moue, l’ancien psy est visiblement embarrassé par ma question. Pitié, qu’on vienne pas me répondre que je suis « trop jeune pour me poser ce genre de questions »…

« Yeah, no… mais tu sais ce qu’on dit, hein, personne n’est parfait. »

Bah, oui, je sais, ça… Je fais la moue, partagé par cette réponse passe-partout. Après tout, Monsieur Miyano l’a dit, que les adultes « ça craint un peu ».  

« Je pense que tu le sais déjà, mais, euh, ouais, c’est mission impossible de vivre 50 ans sans faire de grosses conneries. »
« Hmph… »

Je soupire, ne sachant pas si je suis insatisfait de cette réponse car c’est quelque chose que je n’aime pas entendre, autant pour mon cas ou celui des personnes que j’aime, comme Soltan ou Alex. Je ne veux pas vivre ainsi mais j’imagine que déjà, je ne suis pas irréprochable déjà à mon âge. J’ai pas été correct quand j’étais pote avec Raoul et que je jouais un peu au bully aussi, enfin, par complicité, ou même quand j’ai fait ma fugue.

« …On est obligé de grandir en faisant des trucs qui font du mal, alors ? »

A nous ou aux gens qu’on apprécie, je veux dire. Je vois Zlatan qui hausse les épaules et qui penche la tête sur le côté en m’adressant un sourire en coin un peu désabusé.

« Bah… of course ce serait bien de s’en passer. Mais bon… c’est comme ça qu’on apprend à s’connaître et à se protéger. »

…Quand je repense à ma fugue, je ne peux qu’admettre que c’est peut-être un peu vrai. Que si je ne l’avais pas fait, il y a peut-être pleins de trucs que j’aurais mis bien plus de temps à apprendre sur moi-même. C’était terrifiant et traumatisant, je vais pas dire que j’en suis sorti plus fort car ce serait un gros mensonge, celleux qui avancent que ce genre d’expériences rend invincible, je pense que c’est que des gros mythos. Ça marque à vie et je pense que c’est ce que Zlatan essaie de me dire… que vivre ce genre de choses vont nous apprendre, petit à petit, à nous préserver de ce qui n’est pas bon pour nous dans le futur. Du moins, c’est ce que j’espère. Redevenu pensif, je ne réponds pas et me re-concentre sur le paysage.

« Pour Soltan, je sais qu’il est chiant à être aussi renfermé et avec son bullshit de « gngngn ça va je suis trop fort et infaillible », hein… »

A son imitation de la grosse voix de fermier grincheux de Soltan à laquelle je ne m’y attendais pas, surtout que j’ai eu le droit au regard plissé et à la tête en « > : CCCC » qui va avec, j’ai un peu gloussé. L’autre, pince sans rire, revient à la normale, puis agite la main comme pour me faire signe d’oublier.

« Lui dis pas que j’ai dit ça, hein ! »

Plaisanta le grand brun et cette fois j’ai pouffé pour de bon.

« Nan, nan, promis ! Enfin, ça dépend combien tu me payes… »

Rétorquais-je avec un air roublard qui fit lever les yeux au ciel au vieux maigrichon qui émit un « ah, shit… » faussement embêté. Puis, il reprit un peu de sérieux en remettant ses mains dans les poches de sa veste en cuir.

« M’enfin, j’vais me répéter, mais, c’pas à toi de l’aider, c’est lui l’adulte. »

Ce genre de propos m’est encore un peu enigmatique. Je me dis que si je ne peux pas aider les autres, alors, ça ne sert à rien et je ne mérite pas de vivre dans la famille de mon tuteur… Mais le Eriksen n’est pas le premier à me faire ce genre de laius alors… On va dire que pour le moment, je vais me contenter d’y réfléchir à tête reposée. Puis, en vrai, j’ai déjà assez pris de place avec mes problèmes pour les dix ans à venir !

« Ou-ouais, enfin, bref… désolé pour mon étalement, hein… »

Dis-je avec un air piteux en n’osant plus trop regarder mon interlocuteur. Ce dernier haussa les sourcils et fit la moue en m’observant, l’air de dire « arrêtes ton bullshit tu me dois pas d’excuses ». On peut dire que le message est passé même si je me sens toujours un peu con-con. Au moins, j’étais un petit peu plus serein pour continuer et finir cette promenade.

Modération : Fuite ! Un petit scan de Cherch'Objet et on sera bons ! Merci beaucoup pour la modo !