/!/ TW : mention d'abus familiaux et d'homophobie /!/
Cela fait un petit moment que Lionel n’est pas sorti de chez lui pour une autre occasion que son travail. Il se sent depuis quelques semaines comme au milieu d’un orage. Le dehors lui fait peur depuis que sa relation avec ses parents s’est cassé la figure. Le coordinateur se sent bien naïf d’avoir cru que sa mère Sixtine ne raconterait pas leur conversation à la terre entière, ou que son père n’irait pas clamer haut et fort qu’il renie son fils cadet car « ce dégénéré n’est qu’une sale pédale de toute façon je le savais ». Si ça s’était arrêté là et que ses géniteurs avaient gardé leurs commentaires pour eux, Lionel n’aurait pas eu à trop s’en soucier. Mais, évidemment, Sixtine avait cherché à le joindre sans arrêt pendant des semaines et il recevait des courriels et appels de membres de sa famille qui s’autorisaient à lui faire part de leur avis sur la question de « son problème d’homosexualité ».
Ils n’ont vraiment rien compris, c’est à pleurer.
Et, pour être tout à fait honnête, c’est tout ce que Lionel avait fait de productif ces derniers jours : pleurer pour expulser le stress accumulé et se soigner de l’attitude blessante de ceux qu’il ne voulait plus jamais considérer comme sa famille. Fort heureusement, son compagnon était là, il trouvait du réconfort à ses côtés et aussi dans ses entrainements. Le Eriksen lui répétait qu’il n’avait pas à culpabiliser pour la connerie de ses parents. Aussi, il y avait sa psy, auprès de laquelle il s’excusait beaucoup pour « ouin ouin désolé je me sers de vous comme d’un bureau des pleurs bouhouhou je suis horrible tout ce qui m’arrive est ma faute je l’ai bien cherché je suis la pire personne du monde Père avait raison », entre autre choses.
Lionel a du mal à se dire qu’il verra un jour le bout de cette mauvaise période. Il en avait peur de sortir pour aller se changer les idées (même si, au moins, ses horaires de boulot lui permettait de se concentrer sur d’autres choses), peur de croiser ses parents, ou encore, peur que sa vie privée soit passée au crible par des tabloïdes qui auraient eu vent de rumeurs soufflées par sa famille (c’est bien la dernière chose dont il aurait envie actuellement, de se retrouver sur la une à côté d’un certain ex-champion mêlé a de sordides histoires de harcèlement sexuel). Oui, Lionel catastrophise un peu la situation. Mais s’il y a bien une chose qu’il craint dans son métier, c’est que sa vie privée devienne publique… il n’a jamais compris comment certaines célébrités peuvent supporter ce genre de choses et se remercie de s’être protégé un minimum.
Mais voila, maintenant, il a peur de sortir pour aller chez son ami Arthur qui l’a invité. Pas qu’il risque réellement de lui arriver quelque chose sur le chemin (surtout s’il y va à dos de son Etouraptor). Mais bon, il y a ça et la peur d’ennuyer Arthur avec ses histoires de famille. Bref, il y a toujours des excuses pour éviter de se changer les idées et continuer de se faire du mal quand on est dans une mauvaise passe.
Ça me fera du bien de voir des gens qui ne veulent pas absolument me faire des remarques déplacées.
…Oui, je sais que mes standards sont bas et qu’il est grand temps que je me trouve de meilleures fréquentations. La réalisation que son cercle proche est majoritairement toxique n’est pas très réjouissante. Lionel se dit que vu comme c’est parti et à son âge, il est trop tard pour espérer qu’il sera bien entouré un jour. Il n’y croit pas trop dans l’absolu mais… peut-être est-ce juste une nouvelle habitude à prendre ?
Je ne sais pas. Enfin. Je devrais y aller, sinon je vais être en retard !
Cela fait quelques temps que le bleu ne s’habille que pour le travail. Il a déjà perdu assez de temps à trouver une tenue qui lui plaise et qui soit assez présentable et chic pour un « repas casu chez un pote mais avec qui je suis pas non plus comme larrons en foire ». Il se sentait bien avec sa chemise a motif Poissoroy kitch, ses bretelles et sa petite veste noire. Il se demandait s’il n’était pas trop habillé mais…
Arrêtes de te regarder dans la glace, andouille ! Même si tu es très mignon mais… andouille quand même. Bref. Le coordinateur termina de préparer ses affaires et mit le gâteau qu’il avait préparé en prévision du déjeuner, grimpa jusqu’à la chambre pour faire ses au revoir à son partenaire qui ronflait encore, puis sorti en appellant Tuxedo Kamen qui l’emmènerait jusqu’à Erode.
Le trajet ne fut pas bien long à vol d’oiseau et Lionel atterrit bien vite avec son Etouraptor dans une clairière à quelques minutes de marche de chez Arthur. Lionel est rassuré de voir que son gateau n’avait pas été endommagé et laissa Safu la Sovkipou se balader à ses côtés, car elle avait insisté pour venir.
Le coordinateur arriva enfin dans le jardin de son ami de longue date, ajusta son accoutrement de manière un peu maniaque par habitude, puis frappa à la porte, non sans se sentir tout nerveux. Lorsqu’on lui ouvrit la porte, il sorti son plus joli sourire pour saluer Arthur.
« Bonjour, me voila ! Comment vas-tu ? Désolé je suis un peu en retard ! »
Dit-il alors qu’il était à l’heure. Les habitudes ont la vie dure. Le coordinateur franchit le pallier quand on l’y invita, et présenta le panier dans lequel il avait rangé son dessert.
« J’ai apporté un gâteau ! C’est aux baies Nanana, j’espère que vous aimez ça, je n’étais pas certain de vos gouts. »
En rangeant ses mains derrière son dos une fois son dessert posé en cuisine, le bleu observa l’intérieur de la bâtisse forestière, charmé par ce qu’il voyait.
« Tu es tout seul ? Je me suis permis de venir avec mes Pokémon… Tuxedo Kamen a bien volé, est-ce que tu aurais de l’eau pour lui ? Oh, et tu te souviens de Safu ? »Fit-il en montrant la Scobolide qui était restée dans le jardin à explorer, un peu par timidité, mais aussi elle était désormais trop grande pour passer la porte.
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