Dans ma région, il paraît que la meilleure pension pour obtenir un pokémon plante est celle du Natsume Miyano, l’élevage forestier, elle porte bien son nom. Ça fait longtemps que j’envisageais de prendre un œuf de vivaldaim parce qu’ils sont non seulement très beaux mais aussi parce que c’est un pokémon qui pourrait tenir compagnie à Pan, mon Cabriolaine. Alors, quand j’ai appelé ce matin-là pour demander les disponibilités et les conditions d’adoption, j’ai été plus que surprise et excitée en apprenant qu’un œuf était justement en attente d’adoption et que si je le souhaitais, je pouvais me déplacer, venir visiter la pension et remplir le formulaire de candidature à l’adoption du pokémon. En effet, il ne s’agit pas de laisser un dresseur non responsable prendre un vivaldaim ou n’importe qu’elle autre pokémon. Il faut pouvoir leur offrir de l’attention, un cadre de vie idéale et beaucoup de temps. J’ai longtemps discuté au téléphone avec le gérant et finalement, on a convenu d’une heure de rendez-vous plus tard dans l’après-midi. C’est à l’issu de cette visite et après m’être entretenu en tête à tête avec le propriétaire que j’ai obtenu son accord pour l’adoption du pokémon.

Aujourd’hui, j’ai été cherché mon œuf et je suis sur le chemin du retour, impatiente de pouvoir le montrer aux autres et de leur présenter le futur faon qui va sortir de la coquille. Seulement voilà, le temps a décidé de me mettre des bâtons dans les roues et une pluie diluvienne a fait déborder la rivière sur la route et empêche les voitures de traverser le pont. Tout est bloqué, les pompiers sécurisent les lieux pendant la police créé une déviation mais c’est loin d’être gagné. Habitué par ces intempéries et travaillant chaque jour au contact de la nature, je sors de la voiture et je me dirige vers le barrage de police pour proposer mon aide en présentant ma carte de ranger. Sous les trombes d’eau qui tombe, le policier me laisse franchir les barrières et me hurle dans l’oreille que mes collègues doivent arriver en renfort sous peu pour sortir les voitures bloquées sur le pont par les eaux. Il n’y a pas assez d’eau et de courant pour les emporter mais suffisamment pour les empêcher de circuler et donc les laisser bloqués au milieu du passage tandis que les propriétaires ont été évacués et attendent patiemment dans les camions des pompiers. Seule, je ne peux rien faire, même Néia n’est pas suffisamment costaud pour soulever une voiture toute seule alors j’attends l’arrivée des renforts qui ne tardent pas. Vive ma journée de congés.

« Ba Kido, qu’est-ce que tu fais là ?
- C’est un hasard mais puisque je suis ici, autant donner un coup de main.
- Bien vu, ta Draïeul est opérationnelle ?
- Et comment ! J’espère que ton Dracolosse l’est aussi, on va avoir besoin de lui. »

Mon collègue me sourit et fait sortir de sa pokéball son allié avant que je n’en fasse autant avec Néia. Les deux dragons se fixe un instant avec de se reconnaître et de se saluer, la pluie qui tombe à flot ne paraît pas les déranger et les voir communiquer calmement sous cette tempête a quelque chose de paradoxal. Mon ami prend les choses en donnant les directives à nos deux pokémons, la Draïeul attend mon accord et quand j’acquiesce, elle s’élance à la suite du Dracolosse pour soulever et déplacer le premier véhicule. Deux autres rangers s’occupent de créer des digues temporaires afin de réduire l’eau qui coule sur le pont, mieux vaut qu’elle déborde un peu plus sur les rives que de traverser les routes. Bien vite, les trois véhicules immobilisés sont tirés d’affaire et les dépanneuse et emmène ainsi que les propriétaires. Je souris en tapant sur l’épaule de mon collègue qui termine d’organiser l’intervention.

« Pas trop mal ton Dracolosse…
- Pas mal non plus ta Draïeul. »

Je souris en le saluant avant de regagner mon véhicule, assurée que tout est désormais sous contrôle. Le policier qui m’a laissé franchir le barrage me remercie et me souhaite une bonne journée. Je la lui souhaite en retour avant de grimper dans ma voiture, jetant un coup d’œil à l’œuf qui n’a pas bougé d’un poil. Heureusement sinon je me serai posée des questions. Malgré mon k-way, je suis trempée des pieds à la tête et je me dépêche de mettre le chauffage à fond pour me réchauffer. Une dizaine de minutes plus tard à peine et nous pouvons traverser et reprendre la route. Encore une trentaine de kilomètres et nous voilà arrivés à la maison. Je soulève délicatement l’œuf dans mes bras et l’emmène à l’intérieur, le déposant avec délicatesse sur la table de la cuisine. Je regarde autour de moi et constate avec soulagement qu’il n’y a pas de catastrophe, pas d’inondations ou de canapé détruit, pas de four allumé, de bouteilles de gel douche vidées sur le sol et de chasse d’eau qui coule, merveilleux. Mais où est donc Jelly ? Je fais le tour de l’appartement et le trouve endormi sur mon lit, sous la forme de Pan. Qu’est-ce qu’il est beau quand il est sage, avec toutes ses couleurs…  Je souris avant de foncer à la salle de bain et profiter du calme pour prendre une douche bien chaude. A peine suis-je pourtant sous l’eau que le bruit d’un verre qui se brise me fait sursauter.

« C’est pas vra… L’œuf ! »

Je sors en courant de la douche, attrape une serviette en passant que j’enroule autour de mon corps et traverse le salon en direction de la cuisine, manquant de m’étaler sur le carrelage avec mes pieds mouillés. J’étouffe un rire nerveux de soulagement en remarquant qu’à la place de l’œuf, il y a un Vivldaim sur la table de ma cuisine qui se demande comment il va descendre alors qu’il a déjà du mal à garder l’équilibre. A côté de lui, debout sur le sol, le métamorph a adopté la forme du nouveau venu dans l’équipe et essaye de lui parler, de le rassurer. Je souris en m’approchant et aide le faon à descendre en donnant tout ce que j’ai pour le soulever. Si la scène avait des allures de sketch, j’ai pourtant eu peur que le bébé ne tombe et je suis rassurée en le voyant faire le tour du propriétaire accompagné par Jelly. En voilà un qui ne perd pas de temps pour se mettre le nouveau dans la poche.