« Youhouuu ! »

Autre sortie, autre jour. Mais même protagoniste. Iida aime bien les balades, après tout, même si on pourrait croire le contraire, vu qu'il ne sourit pas beaucoup. Ce n'est pas avec Cheza et Espoir qu'il est parti, cette fois, mais il a préféré prendre avec lui deux Pokémon qui sont un peu dans son cas : c'est-à-dire ceux qu'on peut appeler des 'nouveaux' au sein de l'équipe. Mais bon, contrairement au Nounourson, Mihawk et Bonclay se sont immédiatement sentis chez eux à la Pension et n'ont pas eu trop de mal à s'intégrer. Il faut dire qu'ils sont très jeunes et facilement impressionnables par les plus expérimentés, et ce n'est pas ça qui manque au sein de la team du Maître Dresseur. L'ourson rose avait juste pensé que ce serait peut-être plus facile de se détendre à son tour s'il traînait avec des Pokémon qui venaient d'arriver et qui pouvaient être, comme lui, un peu confus ou perdus. Il faut dire que durant cinq ans, l'Enodril n'avait pas eu de nouveaux Pokémon jusqu'à l'arrivée du Passerouge chromatique. Et cette dernière a l'air très contente de pouvoir se promener librement. Les plus jeunes Pokémon évitent généralement de sortir hors de la Pension seuls. Quand Samaël a du temps libre et qu'il peut les accompagner, ils n'ont pas besoin de Pokémon plus forts. Mais le compétiteur peut de moins en moins trouver des moments à consacrer à ses alliés. Ou même à sa vie privée. Mais Iida est loin de s'en rendre compte, alors ça ne l'inquiète pas plus que ça, contrairement à Volt, qui ne le montre pas mais se soucie de son ami de longue date. L'Elecsprint est d'ailleurs encore aujourd'hui avec eux pour leur balade, car on préfère que tous les Pokémon débutants soient en compagnie d'un Pokémon plus âgé au cas où s'ils tombaient sur une espèce sauvage et dangereuse. Ou même sur des braconniers.

« On fait la course, Bonclay ? »

Pour l'une des premières fois depuis un bail, Iida se surprend à sourire légèrement. L'enthousiasme du Passerouge et du Furaiglon lui fait plaisir, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu'ils ressemblent un peu à des enfants, et que le Nounourson est un poil plus doux avec ces derniers. Il n'aime toujours pas qu'on ne le voie que comme une peluche, mais il pardonne aux plus petits. De son point de vue, ils ne savent pas reconnaître sa force, alors il veut bien leur laisser le bénéfice du doute. Mais les adultes, eux, doivent savoir comme il peut être redoutable ! Enfin... Pas tout de suite, puisqu'il n'est pas entraîné, mais... Enfin. Si seulement Samaël l'entraîne un jour. Il n'est pas sûr non plus que son dresseur l'ait pris pour le rendre plus fort, en vérité. Pour être honnête, il doit avouer qu'il était plutôt impressionné lorsqu'il scrutait de temps à autre les entraînements auxquels ses camarades avaient droit. Il espérait recevoir le même traitement, mais toujours rien de la part de l'humain aux cheveux lisses.

« J'arrive, Mimi !.. Hé, tu veux jouer avec nous, Iida ? »

Le Furaiglon, toujours au sol, prépare son envol tandis qu'il regarde l'ourson au poil épais. Ce dernier aime bien aussi l'oisillon parce qu'il ne l'embête pas trop, et qu'il a un air joueur qui lui rappelle comment il était lorsqu'il sortait à peine de son œuf. Il décline poliment son invitation et laisse donc Bonclay rejoindre son amie dans les airs. De toute façon, Iida n'est pas assez rapide pour rivaliser avec eux.

La Passerouge est plus rapide que son congénère. Une fois qu'elle atteint en première la ligne d'arrivée qu'ils ont fixé, elle pousse un petit rugissement de victoire. Mais Furaiglon ne se laisse pas abattre, lui demandant déjà une revanche. Les pas au sol du Nounourson sont plus lourds et plus lents, mais au moins, il prend son temps sans se presser. De toute façon, une grosse pâte comme lui, il a bien compris qu'il ne brillerait jamais par sa vitesse. Contrairement d'ailleurs à l'Elecsprint qui les accompagne et qui est venu se mettre à côté de lui. Iida lève les yeux brièvement vers Volt, soudainemment intimidé. Non seulement il fait le triple de sa taille, mais en plus il respire l'expérience. Sans être le Pokémon le plus puissant de son type, la forte électricité qui se dégage de son pelage et qu'il peut relâcher à volonté n'est pas négigeable. Iida a beau faire le ronchon, il avoue admirer un peu l'aura qui se dégage de lui et qui le rend, à sa vue, plutôt imposant pour un simple chien, tant et si bien qu'il a l'impression d'être assez piteux, en comparaison.

« Tu-Tu n'es pas obligé de te mettre à la même vitesse. Je vais te ralentir. »

Le Nounourson baisse un peu la tête, gêné. Volt ne répond pas tout de suite mais ne change aucunement sa cadence. Il laisse ses pattes marcher sur le sol avec légèreté, presque comme s'il en effleurait la surface. Nul doute que les cuisses puissantes dont il dispose pourraient lui permettre, s'il le voulait, de partir comme une flèche à travers la forêt, tel un éclair jaune et bleu. Pourtant, on dirait qu'il n'en a nullement l'envie. Il se contente d'offrir un sourire calme au Nounourson, qui lui, ne sait plus où se mettre.

« Il est bon, parfois, de prendre son temps.
- Venant d'un Pokémon électrique, c'est ironique.
- Héhé, c'est vrai... »

Cela n'a pas l'air de le déranger plus que ça, de suivre le rythme du petit ours. L'Elecsprint n'est pas un grand bavard, mais chaque phrase qu'il sort est dite sur un ton doux et ce n'est jamais méchant ou hypocrite. Une bonne pâte, en somme, et Iida croit qu'il comment à l'apprécier un peu. Déjà qu'il le respecte par sa force, mais la gentillesse l'attire, en réalité, même s'il a dû mal à se l'avouer. Il avait du mal avec la Herbizarre de l'autre jour car il croyait qu'elle était du genre à se vanter, mais l'amicalité dont elle a fait preuve lui a plu malgré tout et il ne s'en est aperçu qu'après coup. Personne dans l'équipe pour l'instant n'a été hostile envers lui ; mais tout le monde l'a bien défendu de s'approcher de trop près des gros monstres ou même du fameux Ectoplasma qui rôde dans le coin. Mais bon, il paraît que ce dernier traîne surtout pas loin de la Fantominus bleue que le Nounourson a pu apercevoir vite fait quelques fois. Y'a bien aussi la célèbre Ptéra de la Pension mais jamais il ne lui était venu l'idée de l'approcher, elle. Il ne sait pas encore trop quels Pokémon il a le droit d'approcher, sinon. Les premiers à l'accueillir furent le Tortank et l'Arcanin de la Pension, avec ensuite évidemment les trois ours du dresseur, Pandarbare, Ursaring et Polagriffe, qui furent attirés par le Nounourson pour des raisons évidentes et qui ont essayé de le guider le mieux possible. Mais là encore, il s'agit de Pokémon à la force non négligeable, et Iida en est facilement intimidé. Au moins, Volt est moins imposant physiquement, déjà. Ce dernier s'arrête d'ailleurs d'un seul coup, levant la truffe en l'air. Intrigué, Iida tourne lui-même la tête, mais il n'y a personne en vue. Il lui faut attendre qu'un grognement à sa gauche lui parvienne pour qu'il puisse enfin voir le Medhyèna à la couleur inhabituelle qui surgit de derrière un arbre.

Si le Nounourson s'est déjà tendu à l'approche du nouveau venu, Volt, lui, reste immobile. Il n'a pas l'air d'être très impressionné par les grognements du Mehyèna. En même temps, il était bien plus grand et plus fort que lui. Mais Iida n'avait pas son expérience et il ne pouvait pas non plus se targuer d'avoir des attaques très développés pour son niveau. Il tient quand même tête au chiot doré, refusant qu'on le prenne pour un lâche s'il décidait de fuir le combat. Mihawk et Bonclay, eux, se sont arrêtés sur une branche et observent le Pokémon sauvage d'un air curieux mais nullement effrayés. Ils sont à l'abri, par la voie aérienne. Volt ne bouge toujours pas, mais continue de sentir les odeurs de la forêt d'un air très concentré.

« On-On va devoir se battre ?
- Non, je ne pense pas qu'il osera. Et puis, même si ça devait arriver et que nous nous trouvions en difficulté, la cavalerie n'est pas loin.
- La cavalerie ?..
- Samaël et Windie sont partis dans la forêt aussi, ce matin. Mais je viens de sentir leurs présences, ils ne sont qu'à quelques mètres. »

Iida ne pose pas plus de questions, mais il est rassuré malgré lui de pouvoir compter sur d'autres s'il se trouve en danger. Que ce soit des humains qui l'embêtaient en le traitant comme une peluche malpropre ou des Pokémon qui se permettaient de l'agresser parce qu'il n'était pas très fort, ça ne lui plaisait jamais de savoir qu'il ne pouvait gérer la situation que par lui-même, alors que pendant longtemps il avait dépandu de sa mère. Mais depuis la disparition de cette dernière, il devait se débrouiller par lui-même et ça ne l'arrangeait pas toujours. Alors s'il a du mal encore à l'avouer, ça le réchauffe un peu de constater qu'il est entouré, désormais. Même s'il vient à peine d'arriver dans la bande, tout le monde l'approche et lui parle comme s'il en faisait parti depuis des mois, et avec toujours un respect de son espace vital quand il demande à ce qu'on le laisse tranquille. Et en dépit de son air ronchon, bah ça lui fait du bien, en vrai.