Dire Dire Docks

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La fillette brune sautille entre les flaques, un sourire aux lèvres. Curieuse, elle joue avec son reflet en tirant parfois quelques grimaces, lâchant parfois un rire ou deux.

« Maëlle, attends ! »

Noah courre pour rattraper sa sœur, manquant de trébucher sur quelques cailloux. Leur père les rejoint finalement au début de la caverne sous-marine. Lorsqu'elle l'entend venir jusqu'à eux, l'enfant relève ses grands yeux bleus vers l'adulte.

« Un Pokémon !
- Hééé, petite friponne, tu en as déjà deux ! C'est pas mal, pour votre âge !
- Mais t'as dit qu'on en aurait peut-être un troisième bientooot !
- J'ai dit que j'y réfléchirai peut-être avec votre mère à vos dix ou onze ans, pas avant ! »

Maëlle lâche un petit soupir déçu, mais qui ne dure pas toutefois. Vive, elle prend l'appareil photo jetable que le Champion Coordinateur lui a donné pour qu'elle s'amuse un peu durant cette sortie. L'anniversaire des jumeaux est tout proche. Leurs parents leur ont demandé s'il y avait quelque chose qu'ils désiraient absolument comme cadeau. Mais évidemment, ce qu'ils voudraient bien -même si Noah n'ose pas le dire- c'est un nouveau Pokémon. Ils sont cependant trop jeunes pour en posséder un troisième, alors Alois essaye de les orienter vers autre chose qui pourraient leur plaire. Cette sortie dans la caverne sous-marine nouvellement découverte n'a pourtant rien à voir. Quand le milicien en a entendu parler, il a seulement pensé que ça pourrait être une promenade sympa à faire avec les enfants. De plus, il a entendu dire que des Pokémon assez rares y avaient été vus.

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« Mais, mais tu sais euh... Charles-Henri et Diamond, ils ont déjà cinq Pokémon... »

Alois lance un regard circonspect à son fils, avant de s'accroupir à ses côtés.

« Noah... Tu sais pourquoi je ne veux pas. Ce ne sont pas des peluches, ce sont des êtres vivants qui peuvent attaquer et se défendre. Un enfant, peu importe comment il est, reste un enfant. On ne peut pas leur confier n'importe quoi. Tu comprends, n'est-ce pas ? »

Se retenant d'abord de grimacer face aux noms plus que ridicules que possèdent en outre lesdits camarades que le blondinet a cité pour faire contre-exemple, le Champion Coordinateur se doit de rajouter autre chose.

« Et tes copains ont des tas de Pokémon aussi parce que leurs parents ne peuvent pas s'occuper d'eux. Tu voudrais que maman et moi on soit trop débordés pour passer du temps avec vous ? »

Face aux questions oratoires de son père, Noah ne peut que secouer la tête, évidemment. Bien sûr qu'il est heureux que son papa et sa maman puissent trouver du temps à leur accorder, malgré leurs métiers respectifs qui peuvent être épuisants de temps en temps. Le Coordinateur ne va pas se plaindre, toutefois : il aime ce qu'il fait, et s'occuper de la milice de Baguin ne le dérange pas, pour le moment. Ce n'est pas encore assez contraignant pour qu'il veuille partir ; et heureusement, on ne l'a pas encore viré quand bien même ça va bientôt faire une dizaine d'années qu'il est à ce poste prestigieux. Noah ne va cependant pas répéter ce qu'il a déjà dit et ce que son père sait déjà : l'Hôtesse de Pension, maintenant que sa réputation a été établie, ne peut pas encore trouver beaucoup de temps à accorder pour elle et les jumeaux. Pas que ça dérange le cuisinier de pouvoir garder ses enfants plus longtemps parfois, mais il ne peut s'empêcher de s'inquiéter un peu. Ce ne sont pas ses affaires, toutefois, alors il n'ose pas faire de commentaires. Peut-être que ça changera avec le temps, qui sait...

« Un Pokémon ! »

Le plus âgé lève les yeux au ciel devant l'exclamation de sa fille.

« Maëlle, j'ai dit pas de Pokémo-...
- Mais non ! J'veux dire que y'a un Pokémon, là ! Une tortue toute bleue !
- Une tort-... Oh ! Serait-ce... »

Il se relève tout à coup pour rejoindre sa fille, suivi par le frère de cette dernière, et écarquille les yeux une fois arrivée à sa hauteur. Maëlle pointe du doigt un Carapagos sauvage qui a l'air de se reposer.

« Incroyable... Un Carapagos ! Vivant !
- C'est quoi un Capados ?
- C'est un fossile. Un fossile qu'on a ramené à la vie.
- QUOI ?! Mais c'est super rare, alors ! Noah, tu me fais une photo avec ? J'veux le montrer à tout le monde à l'école ! »

Noah semble ennuyé par la demande de sa sœur, mais il ne peut définitivement pas lui dire non. Alors il s'exécute tant bien que mal quand sa jumelle lui passe l'appareil et celle-ci prend aussitôt la pose.

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« Maëlle, va doucement, quand même, ne lui fais pas mal.
- Mais non, regarde, il est tout gentil ! »

La brunette tourne autour du Pokémon, essayant de le caresser alors que ce dernier semble vouloir qu'on le laisse se reposer tranquille. Noah essaye de prendre des photos pendant que sa sœur exécute des poses en demandant au Carapagos de ne pas bouger. Le Champion a bien de la peine pour cette pauvre bête qui n'a rien demandé, mais il sait que ses enfants ne seront pas brutes avec lui. S'il y a bien une chose qu'il leur a appris, c'est le respect envers autrui. Et ça commence avec les Pokémon, sauvages ou domestiques. Noah, d'ailleurs, a toujours été plus sociable avec les Pokémon qu'avec les humains, adultes ou enfants de son âge. Il a l'impression que les Pokémon, au moins, ne pensent jamais à se moquer de lui ou à la juger. Ils sont gentils avec lui, et écoute chacune de ses histoires. Cela lui fait du bien de parler avec eux. Ils sont une oreille attentive précieuse pour son jeune âge. Mais en attendant, il doit satisfaire la demande de sa jumelle en tenant l'appareil photo plus ou moins correctement.

« Fais voir, fais voir !.. Oh... Mais... On voit rien !
- Bah non. Faut donner l'appareil à un adulte pour qu'il nous donne les photos en vrai.
- Oh ! Papa, Papa, tu peux faire ça ? J'aimerais trop voir les photos !
- Euh... Moi, je ne peux pas le faire, mais je demanderai au vendeur, si tu veux. »

Après avoir hoché vivement la tête, Maëlle contourne le Carapagos pour aller à la recherche de d'autres Pokémon. Véritable petite exploratrice, elle regarde derrière chaque rocher, chaque petite cascade, à la recherche de perles rares qu'elle sait pouvoir trouver ici. Quand son père lui a dit qu'il y avait pas mal de Pokémon difficiles à trouver en temps normal, c'est, dans la tête de la gamine, à celui qui aura trouvé le moins commun. Mais un fossile vivant, c'est déjà un bon début.

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« Au revoir, petit Capados ! »

Amusé, son père lui souffle à l'oreille la prononciation correcte avant de les laisser, elle et son frère, filer devant lui à la recherche de nouveaux Pokémon à découvrir. Maëlle fait un signe de au revoir au Pokémon tortue avant de sautiller dans la grotte, s'amusant avec les jets d'eau. Son jumeau est au contraire un peu plus timide et n'ose pas encore sauter dans les flaques comme le fait la petite brune. Cette dernière joue même avec l'écho. Alois la rappelle gentiment à l'ordre pour ne pas déranger les Pokémon sauvages.

« HEEEHOOOOOO  ! 
- Fais attention : si tu fais trop de bruit, ils risquent de se cacher.
- Ah, oui, c'est vrai. Heeeehooooo... »

La grotte est quand même intimidante. Quand Maëlle va trop vite pour lui, Noah se raccroche à la jambe de son papa. Ses yeux gris-bleu observe la caverne avec curiosité et à la fois un peu d'appréhension. Cela se voit qu'il admire le lieu et en même temps en a peut-être un peu peur quand certains coins se font trop sombres malgré la forte lumière du jour. Mais il se laisse volontiers plonger les pieds dans l'eau, grâce à ses crocs qui lui permettent de ne pas souffrir des potentiels petits cailloux que peuvent cacher les mares. Il tend parfois la main sous une cascade ou contre les murs de la cave quand il sent de l'eau couler contre cette dernière, la rendant brillante et humide.

« Bon. Tout ça ne me dit pas ce que vous voulez pour votre anniversaire. Noah, tu as bien une idée, non ?.. »

Perdu dans ses pensées -ou sa contemplation, tout simplement- le petit blondinet ne répond pas tout de suite, mais relève brusquement la tête quand il sent la main de son géniteur pose doucement sa main sur ses cheveux. Quand il lui repose la question, l'enfant secoue la tête. Il n'en a pas la moindre idée.

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Alois tente de tirer un peu les vers du nez à son fils pour lui donner des idées ou au moins quelque chose qui l'inspire, mais le garçonnet n'a réellement envie de rien, ou de pas grand chose. Avec le salaire de son papa, ce n'est pas comme s'il pouvait manquer de quoi que ce soit. Il n'a pas envie d'un autre piano que celui à queue qui se trouve à l'Amphithéâtre, et il a déjà eu un violon tout neuf à noël. Maëlle, de son côté, calme haut et fort qu'elle veut un Pokémon et s'inscrire à la Ligue, mais bon, pour des raisons évidentes, elle ne peut avoir ni l'un, ni l'autre maintenant. C'est d'ailleurs un hoquet de surprise de cette dernière qui attire l'attention de son jumeau et de son père.

« Noah ! Noah, viens voir ! Y'a une lumière dans l'eau ! »

Intrigué, le concerné se rapproche pour parvenir jusqu'à sa sœur, suivant son regard. Il aperçoit, en effet, une lueur jaune et vive qui se déplace dans l'une des mares qui débouchent sur l'océan. La lumière grossit peu à peu, jusqu'à apparaître enfin à la surface de l'eau sous la forme d'un petit Loupio qui sort timidement la tête pour voir les énergumènes qui lui rendent visite. Comme il tremble un petit peu, Maëlle pense cette fois-ci à chuchoter dans l'oreille de son papa quand il les rejoint à son tour.

« Et ça, papa, qu'est-ce que c'est ? 
- C'est un Loupio, un Pokémon eau qui peut aussi générer de l'électricité. Celui-ci a l'air plutôt craintif.
- Il est trop mignoooon ! Quand je serai grande, c'est un Pokémon comme ça, que je veux ! »

Le petit blond reste indifférent, mais la brune aux yeux bleus fixe avec un grand sourire le Pokémon qui fait quelques tours dans l'eau, osant se montrer un peu plus maintenant que le silence est retombé. Maëlle ne tarde cependant pas à tourner son attention vers l'adulte avec une expression suppliante. Il sait déjà ce qu'elle va lui demander.

« Je peux pas l'avoir comme cadeau en avance, diiiis ?
- Tu sais bien que non, ma puce. Promis, un jour, si tu le veux vraiment, alors tu en auras un. Mais il faudra bien que tu t'en occupes.
- Ouaiiiis ! Attends-moi, petit Loupio, on reviendra te chercher ! Et on sera super copains ! »

Alois n'ose rien dire, mais il se demande si, parmi tous les Loupio qui existent sur Enola, sa fille pourra réellement retrouver celui-là en particulier. Il ne doute pas toutefois qu'elle est pleine de bonne volonté et est assez déterminée, alors peut-être... Mais juste pour son sourire lumineux et ses prunelles étincelantes, il serait presque capable de céder à son caprice de le capturer. Mais pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui.