Lundi 11 septembre 2023
Je stresse. Je ne sais pas trop comment c’est possible depuis tout ce temps. Je suis surpris par ces tremblements et ce cœur qui bat plus vite qu’à son habitude. Aujourd’hui est un grand jour. Un an que je me prépare à me lancer. Et je suis là. L’immeuble dans lequel je m’apprête à entrer est assez grand. Je l’avais déjà vu de loin mais n’y avait jamais réellement prêté attention. Je fuyais un peu à vrai dire. Même si le Centre d’inscription est comme neuf et qu’il transpire la modernité apportée à Vanawi depuis la reconstruction d’Enola, il continue à faire froid dans le dos. Ce mélange d’excitation et de peur n’est pas vraiment agréable. J’aimerais être surexcité comme certaines personnes qui attendent juste devant moi et gesticuler dans tous les sens pour montrer à quel point ma vie va changer après l’inscription mais ce ne serait pas moi. Je préfère rester calme, du moins montrer que je le suis. Je souris quelquefois quand ils se tournent de mon côté et prie intérieurement qu’ils ne viennent pas plus me parler. Je n’en ai pas envie. De toute façon, c’est sans doute la seule fois qu’on se parlera de notre vie. Quelques heures sur une vie entière ça fait peu. Je ne comprends pas comment on peut aimer se montrer à ce point-là. Pourtant ces gens qui attendent comme moi ne sont pas plus âgés. Bien sûr que la Compétition va nous permettre de devenir meilleur et d’évoluer dans le bon sens du terme, ce n’est absolument pas une raison pour que toute la ville entière nous entende. J’espère vraiment que notre file n’attire pas l’attention des passants. Si j’avais su qu’on serait aussi nombreux, je serai venu plus tard. La queue est tellement grande qu’elle dépasse les portes d’entrées. Nous sommes exactement cinq à l’extérieur et environ huit à l’intérieur. C’est assez long d’attendre ainsi juste pour remplir des feuilles. La seule chose qui est plaisante est de voir les nouveaux compétiteurs sortir du bâtiment avec leur œuf dans les bras, les yeux remplis d’étoiles et une détermination débordante. J’ai hâte de pouvoir ressentir ce qu’ils ressentent. Ce doit être tellement bon.
Une bonne quinzaine de minutes passent avant que ce soit enfin mon tour. Une femme au guichet me fait signe de la main et je la rejoins calmement. Mes membres tremblent encore plus et j’ai l’impression que mon cœur va sortir de mon corps. Je n’ai jamais ressenti ça. Je ne sais pas si c’est positif ou non. Mais je pense que cela devrait être agréable finalement. Je montre mon passeport enolian et présente mes deux compagnons. Bien blottis dans leur Pokéball situés dans ma poche, je ressens une bonne onde qui me fait du bien. Je suis très fier de les avoir attrapés tous les deux. Ils sont bien plus que des amis maintenant, j’ai hâte de parcourir l’île avec eux. La femme me fait ensuite asseoir dans une salle avec d’autres personnes pour que je puisse remplir moi-même le formulaire. La pièce est remplie et il ne reste qu’une seule chaise pour l’instant. Elle se trouve en plein milieu de gens silencieux, ils ont l’air très absorbés par ce qu’ils sont en train de faire. Je m’en réjouis. Moins il y a de bruit, mieux je me porte. Je m’assois doucement et commence à lire le formulaire. Les questions sont simples, il suffit juste de répondre comme on le souhaite. Comme la plupart des compétiteurs, je ne vais pas donner ma véritable identité. En tant que dresseur, je serai Taiyō. Ce mot signifie Soleil en japonais. Etant donné que mon prénom signifie Printemps, je voulais que mon pseudonyme concorde avec ce dernier. En printemps, le soleil commence véritablement à se lever et tout reprends vie. J’espère que ça me portera chance. Même si je sais qu’il ne suffit pas de ça pour réussir dans la vie.
Je remplis pour questionnaire en quelques minutes. N’étant pas très à l’aise dans ce genre d’endroit, je préfère me dépêcher tout en répondant au mieux possible. La femme au guichet récupère le formulaire et me dirige encore une fois vers une autre salle. C’est ici que les œufs sont donnés. A ma connaissance, il n’y a que sur l’ile d’Enola qu’un Pokémon est donné aux nouveaux compétiteurs. Je n’ai jamais vraiment compris le pourquoi du comment mais je trouve que c’est une bonne idée. Ainsi, chacun part de la même base. Nous sommes tous traités pareil et c’est une bonne chose. Cette fois-ci c’est un homme qui m’accueille, il me sourit gentiment et m’invite à l’approcher. Plusieurs œufs se trouvent à son dos, chacun appartiendra à un dresseur qui, je l’espère, s’en occupera de la meilleure des façons. L’homme se retourne et semble hésiter. Je ne sais pas sur quel critère il se porte mais il a l’air de prendre cela très au sérieux. Chaque œuf est différent par sa taille et sa couleur. On peut facilement reconnaître le type par la couleur par exemple. J’essaye de ne pas trop me faire influencer et préfère ne pas regarder jusqu’à ce qu’il revienne vers moi. Dans ses mains se trouve un œuf de bonne taille de couleur jaune et orange. Si je ne me trompe pas, il s’agira d’un Pokémon de type feu. Je suis fasciné par la beauté de cette chose et reste immobile tout en le regardant. Je lève doucement mes mains pour le récupérer et le serre contre ma poitrine. C’est une telle responsabilité que j’en ai presque envie de ne pas le toucher. J’ai tellement peur de le casser. Je sourie à l’homme qui me souhaite une bonne route, je le remercie tout bas puis m’apprête à sortir. C’est bon, c’est le moment. Je suis enfin officiellement un dresseur de Pokémon. Ma vie commence ici. A partir de maintenant, je ne suis qu’un seul objectif : celui de devenir plus fort. Je veux protéger les miens coûte que coûte. J’atteindrai ce but et quoi qu’il arrive, je suis sûr que mes parents seraient très fiers de moi.