Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

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Apparences |OS|
Marilou Roy-Morin


évolution de Archibald
Apparences

«Mercy?»

Ma voix me semble trop inquiète, trop tendue. Probablement que cet appel aurait pu attendre qu’elle soit rentrée. Sauf qu’à la découverte de cette nouvelle, probablement montée de toute pièce, je n’ai eu qu’un réflexe : attraper mon téléphone et composer ce numéro que je connais désormais par cœur. Sa réponse dans le combiné m’apparaît lointaine, comme du temps où nous habitions deux continents opposés. Je tripote nerveusement le pan du comptoir autour duquel j’ai entamé une marche rapide et circulaire, sans but aucun. Au moins, elle a daigné répondre à l’appel, sûrement surprise par celui-ci d’ailleurs. J’hésite maintenant que je l’ai au bout du fil, partagée d’émotions contradictoires. Il y a tellement que j’aimerais dire mais qui se refuse à franchir mes lèvres… J’ai l’impression que les mots se sont faits prisonniers de ma gorge incertaine. Je l’entends à l’autre bout du fil bouger, elle doit se demander à quoi rime ce silence. Elle n’a pas l’habitude après tout. Moi non plus. Je ne sais pas comment faire. Les pensées se bousculent dans ma tête.

«Marilou tu es encore là? Pourquoi tu m’appelles? Je dois retourner à mes rapports.»

«J-juste… ça aurait probablement pu attendre… Mais j’ai vu ce truc à la télévision sur une de ces chaînes d’informations sur les vedettes d’Enola…»

Même si après ce que j’ai découvert, je commence à douter de leur véracité. À vrai dire, j’ai toujours su que ces chaînes paparazzi avaient tendance à embellir ou exagérer certaines informations concernant les personnages les plus connus de l’île. Sauf que cette fois… cette fois c’est différent.

«Tu m’appelles au boulot pour un truc à la télévision?»

Sa voix n’a rien d’embêtée. J’y discerne plutôt une sorte de curiosité mêlée d’irritation. Je dois rapidement mettre fin à mes bégaiements si je veux maintenir cette conversation. Mais en même temps, peut-être qu’il serait effectivement plus sage de remettre tout ça à plus tard. Ou à jamais. J’inspire profondément, déçue de ma propre lâcheté. Il me semble qu’il y a eu un temps de ma vie où je parvenais à être… plus. Sauf qu’à l’époque, je n’étais qu’une bête adolescente avec ses problèmes d’adolescente. Maintenant, j’ai toujours cette impression piquante et désagréable qui vient avec l’inexpérience, devant des défis d’autant plus grands. Je me secoue et rassemble mon courage.

«Ils ont raconté que tu te remettais avec Weston.»

Voilà. C’est dit. Je souffle un peu mieux, sachant que le pire s’annonce encore. Sauf que d’avoir crevé l’abcès me campe un peu plus sur ma position. J’ai cessé mes errances dans la cuisine pour prendre place sur un fauteuil du salon, repliant mes jambes sous moi. Il y a silence au bout du fil et je pince les lèvres, habitée de remords. Je préfère qu’elle entende la rumeur de ma bouche de toute manière.

«Oui. J’ai vu ça passer. Tu sais bien que c’est faux.»

Bien que je n’en doutais pas un seul instant, de l’entendre le confirmer de vive-voix m’apporte tout de même un certain soulagement. Sa voix me paraît fatiguée, comme marquée par l’âge et les tracas qu’elle a pu vivre. Si je ne peux pas la voir, je l’imagine sans mal. Ses épaules qui se voûtent, ce regard hagard. Comme si elle portait ce poids constant qui fait qu’elle se traîne plutôt qu’elle avance. Je ne comprends pas, je ne comprendrai probablement jamais. Peut-être suis-je maladroite, peut-être est-ce que j’empire les choses. Mais j’ai fini d’être une spectatrice lâche, sans passion et sans compassion. Je ne peux plus vivre dans les gradins à me faire témoin d’autan de violence résignée sans agir. J’ai probablement franchi une frontière invisible, fait un pas de trop. Sauf que je ne suffirai plus, pas ainsi. J’ai passé trop de temps à observer et à me questionner. Je veux… Je veux comprendre moi aussi. Pas ce qu’il fait de se sentir habité des mêmes ténèbres. Je n’ai pas besoin de le ressentir pour être présente pour elle… non? Je me demande s’il vient un manuel pour ce genre de choses. Des cours sur l’art complexe de ne pas se planter. J’ai appris une chose au moins : on ne peut pas progresser sans au moins se lancer. Alors voilà.

«C’est pas pour ça que j’appelais. Je voulais savoir comment toi tu vas.»

Je serre les poings. J’avance dans l’obscurité, à tâtons. J’ai peur de tomber, mais j’avance. Le silence se fait insistant à l’autre bout du fil. Je me demande si j’ai un jour posé la question dans les véritables instants de vulnérabilité. Je me questionne aussi sur la manière dont elle accueillera cette main tendue. Je l’ai vu à plusieurs reprises se replier après tout. Elle ne le dira pas, mais je sais que cette rumeur l’affecte. Je l’ai suivie avec horreur et incompréhension. Je n’ai jamais cru que les paparazzis pourraient se montrer aussi insensibles aux répercussions que leurs hyperboles causeraient. Pour Mercedes, aussi fausse soit leur affirmation, c’est un rappel constant de beaucoup, beaucoup de souffrance. Elle n’a pas besoin de le dire. Je l’ai vu assez dans ses yeux ces derniers mois.

«Euh… Ça va, Marilou. J’ai l’habitude sincèrement.»

Son détachement m’en frustrerait presque. Cette rumeur m’a totalement outrée. Je sens la colère qui monte en moi, trop rapidement pour que je ne la retienne. Mon discours s’affirme dans la sympathie.

«C’est dégoûtant! Ils ne savent pas ce qu’ils disent! Comme si tu… Arh! En tout cas, je voulais juste m’assurer que tu étais OK parce que tu sais… Je suis là pour toi Mercy.»

Je me sens tellement, tellement maladroite. Et intimidée par mes propres paroles. Comme les premières fois où j’ai vu papa pleurer à l’annonce de son cancer de la peau, aujourd’hui guéri. Dans mon esprit, Mercedes est une «grande». Elle a toujours été celle pour me soutenir et m’apporter sa sagesse. Qu’est-ce qu’une gamine telle que moi pourrait bien faire pour venir en aide à ma cousine? Ou à mon père à l’époque? Je ne laisserai pas l’impuissance me clouer le bec, même si ça doit dire de trébucher quelques fois.

«J-je ne comprends pas tout ce que tu as pu vivre, e-et tu me trouves probablement trop immature pour tout ça et tu as sûrement raison. Mais je veux t’aider Mercy. Tu en fais vraiment beaucoup pour moi alors… s-si tu as besoin de parler à quelqu’un, j-je suis là.»

Encore une fois, il y a ce long silence qui résonne à mes oreilles. Je remarque alors enfin l’approche d’Archibald qui se glisse jusqu’à moi de son pas lourd caractéristique. Je lui caresse la tête en attendant nerveusement la réponse de ma cousine.

«Tu n’as pas à faire ça Marilou, c’est… Tu sais, les médias disent vraiment toutes sortes de choses sur les gens qui sont connus. Ils n’arrêteront pas. Oui, c’est vrai que cette fois, ça a fait mal un peu. Mais vraiment, j’ai l’habitude. Ce n’est pas toujours facile d’être sous les feux de la rampe, ça fait partie du boulot.»

Je me mordille la lèvre, habitée de l’impression qu’elle tente de m’apprendre une leçon plutôt que d’accepter mon aide. Mais soit. Aujourd’hui, je sème. Demain, on verra. J’hoche de la tête comme si elle pouvait voir ce que je fais.

«Okay. En tout cas, ce soir quand tu vas rentrer, je vais préparer une pizza au chorizo, on pourra manger ça devant un film avec un peu de kombucha!»

«Toi et ton kombucha… Combien de fois il va falloir que je te dises que je ne boira pas de ton jus de champignon!»


Elle rigole, ce qui me tire un sourire.

«Une bière alors.»

«Hum. Ça me va. Merci Loulou.»


Même si ce n’est pas la conversation que j’espérais, je suis satisfaite de sa conclusion. Mercedes a retrouvé cette chaleur que je lui connais. Pour ma part, j’ai abandonné ma posture anxieuse pour me réfugier à moitié contre le dos du Boskara qui accepte avec enthousiasme mes câlins.

«Oh et Mercy?»

«Hum?»

«Tu sais ton amie Sarah, du centre? J’aimerais retourner la voir, si ça te va.»


Je peux entendre sa surprise à l’autre bout du fil.

«Euh… Ouais, bien sûr, Marilou, quand tu veux. J’y retourne par contre, à tantôt!»

Précipitamment, la Championne raccroche me laissant seule avec mon projet. Pas tout à fait seule en fait, car Archie se tient toujours à mes côtés. Il a dû reconnaître chez moi les signes d’anxiété si souvent présents chez lui. Je repose mon téléphone avant de prendre son visage entre mes mains, lâchant un profond soupir.

«Qu’est-ce que tu en penses, Archie? Est-ce que tu crois que c’est une bonne idée?»

En guise de réponse, le mastodonte émet un grognement qui ressemble beaucoup à un roucoulement, me tirant un petit rire. Sa manière à lui de me signifier que j’ai peut-être raison d’agir ainsi, de me lancer à la poursuite de ce qui m’effraie pourtant. Dans ses yeux tendres, je lis une forme de courage que seul lui pourrait comprendre, lui qui a toujours été un grand nerveux, lui qui doit composer avec l’angoisse constante. Il se traite, jour après jour, se faisant un guide pour moi aussi. Parfois je me demande où est passé mon petit Tortipouss stressé par tout et rien. Il a progressé, mûri. En suis-je capable moi aussi? Comme s’il lisait mes pensées, le Boskara se met à émaner d’une lueur intense avant de changer de forme sous mon regard étonné. Son évolution renverse la table basse du salon sauf que je n’ai d’yeux que pour lui et sa nouvelle forme de Torterra. Avec délicatesse, mon vieil ami pose sa tête contre mon épaule et expire profondément. Je tremble un peu mais je comprends. Aujourd’hui les rôles s’inversent et cela me convient parfaitement.

(c)Golden
Marilou Roy-Morin
Marilou Roy-Morin
Compétitrice
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Mer 27 Fév 2019 - 0:26
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