Ongaku.
ft Minuit, Aurore & Ombre, PDV Mina, 4 mars 2024.
Cette journée en était une de repos. Cela ne m'arrive guère souvent d'en prendre une, & le plus souvent, je la choisis conjointement avec mon compagnon. Pas toujours, cependant ; malgré tout l'amour que nous nous portons, lui comme moi avons parfois besoin d'une journée rien que pour soi. & nous ne nous en privons pas, bien entendu. Aujourd'hui, après être sortie un peu avec Sakura, Sibylle & Minuit rendre une petite visite à mon ancien élève Silas ce matin, est une journée que je passerai en grande partie dans ma petite salle de musique. Assise au piano, Minuit accroupie sur le sommet de la caisse avec une petite Aurore aux yeux pétillants face aux mélodies que j'enchaîne depuis peut-être une heure ou deux, j'ai perdu le compte & peu importe. Cela faisait longtemps, trop à mon goût, que je n'avais pas pris suffisamment le temps de me poser au milieu de mes instruments, de simplement jouer les accords qui me viennent, une partition complète de temps à autres.. Juste à mesure de mes envies.
Sur le parquet, contre le flanc chaud de ma belle Démolosse venue profiter de ce moment avec nous, repose un petit Œuf jaune à la base noire qui s'illumine de temps à autres, pour des durées de plus en plus longues & régulières. Ce petit ne tardera pas à naître, & c'est bien pour cette raison que j'ai décidé de le prendre avec moi plutôt que le laisser à la Pouponnière. Je n'ai évidemment aucun doute sur l'espèce de ce bébé ; mon époux en a élevé bien assez longtemps à Hoenn pour que je les reconnaisse sans difficulté, & puis, n'était-ce pas ma spécialité de médecin, les Œufs & bébés Pokémon? Tout ceci, sans compter que ce petit pourrait fort bien rejoindre l'une de mes actuelles spécialités en tant qu'Eleveuse avec son évolution finale.. Après tout, il existe une forme psychique de Raichu. Nous verrons bien ce qu'il en sera, le moment venu. Pour l'instant, ce petit a bien le temps de grandir, de découvrir le monde, avant d'atteindre ses futures évolutions, un jour s'il le souhaite..
Un petit sourire en coin apparaît sur mon visage paisible, pour une fois dénué de tout masque, de toute carapace ; la musique où je m'égare est bien souvent une magie susceptible de produire cet effet-là. Les yeux clos, je me laisse entraîner au rythme de mes doigts sur le clavier, enchaînant douceur & puissance, euphorie & mélancolie.. Tel est mon univers, celui où j'évolue chaque jour sous ma lourde cape noire, cet art qui me met à nu, révélateur des tréfonds de mon âme & de mon esprit dont je dissimule chaque instant les plaies & les failles sous une froide neutralité. Un univers intime, que j'ouvre rarement à d'autres qu'à mes proches. Oh, j'ai déjà fait un peu de scène par le passé ; notamment en tant que NightRose.. Mais toujours avec des chansons choisies avec attention, transmettant des émotions & des messages bien ciblés, & non pas une porte ouverte vers les tréfonds de mon être. La scène ne me passionne pas plus que cela de toute manière, & je joue désormais plutôt pour moi-même, mon époux, nos enfants, nos alliés comme en cet instant, ou alors vraiment lors de réunions de famille. Plus devant des inconnus ou presque inconnus. La musique n'est pas ma carrière & ne le sera jamais, alors ce petit univers qui est le mien pourra demeurer mon petit sanctuaire.
- Chuuu!
Mes doigts s'immobilisent subitement au-dessus du clavier, alors que je m'extirpe de mes songes & que mon regard se porte vers l'origine de cette petite voix joyeuse. Au sol, près d'Ombre, un petit Pichu cesse de danser pour lever vers moi un regard interrogatif, intrigué. Un regard qui me fait comme un coup au cœur, ravivant le souvenir bien enfoui d'un autre membre de son espèce qui lui aussi aimait grandement la musique, & se mouvoir aux sons produits par mes instruments. Un certain petit Spark, fils du défunt Raichu de mon mari, & qui s'était si grandement attaché à notre petit dernier qu'il était convenu qu'il lui reviendrait un jour.. Lentement, je tends les bras vers le petit pour l'installer sur mes genoux, émue au-delà des mots. Puis la complainte du piano reprend sous mes doigts gantés, lancinante mais paisible, douce, puis peu à peu plus enjouée. Ravi, le petit pokémon se blottit confortablement sur mes jambes, observant avec grande attention la danse de mes mains sur les touches, écoutant avec plaisir chaque note de cette mélodie improvisée pour son arrivée dans ce monde si rude, mais si beau pourtant.
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