Un fois de plus, Lionel se retrouve à glisser sur la grande patinoire d’entrainement de Vanawi pour se vider la tête. Contrairement à la patinoire publique, il y a la place pour que plusieurs personnes viennent entretenir leur niveau et faire des figures. En plus, il y a peu de monde, aujourd’hui, alors le Roque-Lartigue ne se gêne pas trop pour prendre de l’espace. Voilà quelques dizaines de minutes qu’il travaille ses sauts en enchainant quelques spins simples et un peu mous, en improvisant entre deux figures au son des génériques d’anime qui passent dans ses écouteurs. Zorin le Farfuret tente de suivre son maître sur la glace et d’imiter les figures de ce dernier pour s’amuser et attirer l’attention du quarantenaire qui a la tête ailleurs depuis quelques semaines. Le petit chat de type glace et ses comparses Pokémon se demandent ce qui travaille le coordinateur à ce point et comme d’habitude les plus vieux alliés de Lionel avaient levé les yeux au ciel. Zorin avait eu l’impression devant les explications de Draupnir le Tenefix et Damoclès la Dardargnan que l’état de son dresseur était dû à des soucis avec ses géniteurs… La vieille Damoclès avait eu l’air de se demander pourquoi les humains avaient toujours cette obsession de toujours rester fusionnels avec leurs adelphes même si quand ces derniers ne se comportent pas toujours bien. Tous les Pokémon de l’équipe avaient l’air habitués à tout ça, blasés, même, depuis le temps.
Zorin continue donc de suivre le coordinateur sur la glace et à sauter en tournoyant sur lui-même, exécutant des roues et des pirouettes en dérapant sur la surface gelée artificielle. Il surprit le regard de Lionel sur lui qui lui envoya des sourires d’encouragement avant de retourner à ses propres figures avant d’aller prendre une courte pause sur le côté, là où ils avaient laissé leurs affaires. Le Farfuret grimpa le long de la jambe du coordinateur jusqu’ai l’épaule de ce dernier en train de boire et de passer une serviette sur son front. C’était un peu ridicule que le quarantenaire garde même ses faux cheveux pour les entrainements où le but n’était pas non plus d’être reconnu et ce n’était pas exactement optimal pour sa peau, mais, eh, il faut croire que le Roque-Lartigue préférait encore mourir à l’idée de dévoiler sa calvitie. C’est bien une des rares fois où il ose réellement maudire ses gênes paternelles, d’ailleurs. Pourquoi son grand frère, lui, avait la chance d’être encore aussi chevelu alors qu’il était plus vieux ?! Enfin. Lionel ne sait pas trop pourquoi il pense à tout ça, car ce n’est clairement pas la meilleure idée pour son moral ni pour se détendre. En grinçant des dents et en pestant avec un air de diva, le coordinateur repartit glisser sur la patinoire et Zorin s’accrocha à son épaule.
Le Farfuret eut vite le tournis et mal au cœur à force de pivoter en même temps que le coordinateur occupé à essayer de faire des doubles et manquant de tomber lorsqu’il ratait ses triples. Zorin miaula et pesta pour que l’humain s’arrête et ralentisse et souffla un peu en sautant sur la glace.
« Oups, désolé mon petit Zozo… »Entendit-il dire Lionel avec son air des plus culpabilisé. Apparemment, ce dernier en avait un peu trop fait pour se calmer. Mais, maintenant, l’attention du coordinateur se vit détournée de nouveau. Le type glace et ténèbres tourna la tête dans la direction que fixait le regard orangé de son maître. Ce dernier regardait une jeune fille en train de galérer comme il avait rarement pu le voir sur ses patins.
« Ça fait bientôt vingt minutes qu’elle en est là, elle me fait de la peine… »Fit le Roque-Lartigue en posant un doigt sur son menton d’un air pensif, sincèrement embêté pour l’inconnue qui galérait sur la glace artificielle. Elle ne semblait pas accompagnée par un professeur pour le moment. Bon, Lionel n’était pas prof et encore moins pédagogue (même pour la coordination, il parait que ses masterclass sont totalement obtuses), mais, si personne n’aide cette petite à tenir sur ses patins…
Oh, et puis zut, autant aller l’aider, ça me permettra de penser à autre chose qu’à ruminer !La grande perche aux cheveux bleu glissa jusqu’à la plus jeune et s’arrêta à quelques mètres, mains dans le dos et tout sourire. Son Farfuret re-grimpa sur son épaule et se fit discret en scrutant la jeune femme aux longs cheveux noirs dégagés de son visage par des jolis rubans de ses grands yeux curieux.
« Bonjour ! Lionel Roque-Lartigue, pour vous servir ! » Oui, c’est quelque peu gênant comme entrée en matière mais Lionel a appris a toujours bien se présenter avant d’aborder quelqu’un.
« Loin de moi l’idée de vous gêner, mais il me semble que vous ayez du mal à vous tenir sur vos patins… ? Je ne suis pas professeur mais si vous avez besoin d’aide je, hm, je connais bien les bases, disons ! »
Faux modeste comme d’habitude, le coordinateur tendit une main à la plus jeune pour concrétiser sa proposition. On aimerait dire qu’il ne se formaliserait pas d’un refus mais… ce serait un peu loin de la réalité, où il se détournerait avec une mine boudeuse d’enfant désappointé qui est forcé d’arrêter de jouer aux barbies pour aller dodo.
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