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Comment tourner autour du pot pendant 6 mois
Lionel Roque-Lartigue

Comment tourner

autour du pot

pendant 6 mois
Avec Samaël Enodril

"Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre dossier a bien été examiné et pris en compte par nos services..."

Les yeux du maitre coordinateur lisaient le mail avec une fébrilité certaine. En voyant la notification indiquant un courriel des services d’adoptions énolians, il n’avait pas vraiment pu s’empêcher de laisser son travail quelques minutes pour aller voir. Évidemment, il espérait que c’était une réponse qui lui indiquerait qu’il allait pouvoir prendre rendez-vous ou quelque chose de concret, après avoir passé plus d’un an en attente.

"Nous vous annonçons également que votre dossier vient de transiter sur la liste d’attente d’un autre service."

« Hein, quoi ? »

Qu’est-ce que ça veut dire, ça, encore ?

"Nous feront de notre mieux pour continuer d’examiner votre dossier et réduire votre attente du mieux possible."

Relisant plusieurs fois le courriel pour être certain d’avoir bien compris ce dont il retournait, le Roque-Lartigue finit juste par s’avachir dans son siège en soupirant longuement. Il se contenta de fixer l’écran d’un air blasé, prenant quelques secondes pour accuser le coup. En faisant tourner son handspinner, le bleu n’avait soudainement plus de motivation.

Sa journée n’était pas finie et il n’allait pas embêter son copain tout de suite pour se plaindre. Enfin, il ne ferait pas non plus comme si ça ne le peinait pas. Il le savait, que ce serait long, après tout. Mais avoir l’impression de patiner dans le yaourt en ayant comme aide seulement quelques lettres et mails censés rendre compte d'une progression, ce n’était pas la meilleure des sensations. Même si ce n’était pas un refus, ce mail était parvenu à le mettre mal.

Tu parles d’une déception… Si ça, continue on me répondra quand j'aurais 65 ans et je clamserais lorsque mon enfant fêtera la reussite de son bac !

L’été n’avait déjà pas été des plus reposants et le rush de fin de saison en remettait toujours une couche. Peut-être que le bleu avait besoin de vacances. Avoir le Eriksen chez lui était une chose des plus plaisantes, mais il leur avait fallu un certain temps pour parvenir à re-trouver des habitudes qui les mettait à l’aise tous les deux et également communiquer sur leurs problèmes respectifs. Il savait avoir été une source de stress pour son partenaire, et inversement, quand Zlatan refusait de se confier sur ses problèmes de sommeil et sa sensation d’être délaissé. Au moins, tout ça avait guidé Lionel vers une psy qui avait l’air correcte pour l’instant (Sirius avait gentiment accepté de lui donner quelques numéros « safe »). Mais il avait toujours cette sensation de ne pas trop savoir où donner de la tête.

Le Roque-Lartigue avait l'impression de ne jamais avoir fait quelque chose d’aussi difficile de sa vie qu’une thérapie. Il est certain que de cette manière, il était plus satisfait de lui-même. Chaque obstacle semblait aussi plus dur à encaisser, étant donné qu’il s’agissait de barrières à des choses qui lui tenaient réellement à cœur. Il ne se fichait plus autant de tout ce qui ne se rapportait pas à lui. Enfin, ce n’est pas qu’il s’en fichait complètement, mais… il trouvait toujours une excuse pour ne pas trop faire l’effort de s’intéresser, avant. Il avait un peu plus d’empathie pour les efforts et le travail d’autrui, aussi, pour le sens des responsabilités que demandaient son travail… c’était une nouvelle manière de l’apprécier. C’était mieux, mais beaucoup plus crevant. Probablement que c’est ainsi que cela devait être de base.

N’empêche que l’adoption, ça, ça stagne.

Le bleu se trouvait capricieux de s’énerver ici, l’esprit incapable de se concentrer sur autre chose, alors que d’autres personnes sont beaucoup moins bien loties que lui à cet égard.

Je n’aurais pas dû lire ce mail maintenant…

Il grogna et s’étala un moment sur son bureau, continuant de stimmer frénétiquement sous la table. Il ne tenait plus en place, d’un coup.

J’en ai marre, je veux sortir d’ici et aller courir en criant partout.

Pendant que le coordinateur était la face contre le bois de son bureau, son téléphone sonna et il dû décrocher avec un « gnn’allo ? » un peu à la masse. En reconnaissant la voix de l’assistante son collègue maître, le bleu se redressa rapidement, soudain tendu. Il se rappela qu’il devait renvoyer les papiers signer en vue de la grande soirée de clôture de la saison… de la paperasse d’organisation interminable, comme d’habitude, pour une fête qui allait encore coûter très cher et allait simplement être plus stressante qu’autre chose. Enfin. Lionel adorait faire le maitre de cérémonie et remettre des prix aux gagnants et aux favoris de l’année, c’était aussi pour ça qu’il avait voulu faire ce boulot, mais… enfin, bref, actuellement, il avait surtout envie de grogner.

« Oh, c’est vous, Camille. C’est à propos du dossier pour la soirée de clôture ? »

« Oui, c’est ça », qu’elle disait. Le regard du bleu se dirigea vers les papiers en question.

« Désolé, je… j’allais m’en occuper, j’avais des choses à finir avant ça. Vous pouvez lui dire que je lui rapporte ça en main propre bientôt ? Merci ! »

Lionel raccrocha et se précipita sur les papiers en questions.

Au moins, quand ce sera fait, on pourra souffler.  

En finir avec l’organisation de la soirée de clôture signifiait souvent quelques jours de battement plus tranquilles après les fin de saisons très remplies pour les liguien.ne.s et les champion.ne.s. Le bleu fit attention à bien tout relire, préoccupé de ne rien laisser passer qui puisse le concerner. Il connaissait la procédure mais ne voulait pas être encore à la ramasse. Sinon, Sirius allait vraiment en avoir marre de lui.

Il marchait toujours sur des œufs avec son collègue. Il essayait d’être plus détendu mais ne pouvais s’empêcher de s’imaginer que Samaël avait des attentes impossibles à satisfaire à son égard. C’est navrant, mais il espérait encore un peu que ses collègues conseillers lui disent « c’est très bien Lionel », comme pour compenser quelque présence paternelle qu’il n’aurait pas eu dans sa vie. Quand il avait confié ce rapport étrange qu’il avait à l’égard de l’attention donnée par ses collègues à Zlatan, ce dernier avait regardé ailleurs d’un air gêné, prononçant un « riiiiiiiight... » avant de dire à son copain de noter ça pour sa psy.

Enfin… c’est fini !

Comme il venait de terminer les papiers, le coordinateur quitta son bureau et rejoignit rapidement celui de Sirius. Il frappa à la porte, redit bonjour à Camille et fit finalement passer chez le maître dresseur.

« Bonsoir, je, euh, voila, c’est la paperasse pour la soirée de clôture. Après on sera libérés quelques jours, haha… tu te sens prêt pour tes discours et à distribuer les prix ? »

Moi pas du tout, là, je me sens au bout de mon slip et j’ai juste envie de m’échapper dans la nuit.

« Hm. Est-ce que… tu voudrais sortir prendre un verre pour fêter ça ? Enfin, je me changerais bien un peu les idées, la journée -et la saison en général- à été longue. Donc, euh… enfin, si tu veux, on peut se retrouver en bas quand on termine ? »

Je dois faire un peu pitié à être tendu comme la langue d'un Amphinobi sur laquelle on a trop tiré. Mais je crois que j’ai besoin de m’aérer un peu. Et puis, j’y pensais depuis longtemps.

Le coordinateur avait besoin de briser un peu le malaise avec son collègues, depuis le temps. Il se disait que des occasions plus « naturelles » pourrait lui permettre ça mais retardait toujours l’échéance. Puis il y avait eu la période trop longue de « ouin ouin Sirius n’embrasse pas mes traces dans le sable il me déteste ». On n’est jamais sous son meilleur jour au travail, de toute façon.

Sans plus tarder, le milicien laissa son collègue terminer son travail pour aller se charger du sien. Il prévint quand même Zlatan qu’il rentrerait potentiellement un peu plus tard. De toute manière, le Eriksen avait aussi des chose prévues ce soir et avait l’air fébrile de savoir quel genre de shitshow aura donné l’entrevue entre Lionel et son collègue, vu comme le bleu en parlait en tournant autour du pot depuis des mois sans jamais oser se décoincer les fesses devant Sam (cela dit, l'ancien psy lui avait quand même envoyé un SMS pour lui dire de "stay chill" avec un gif de Chovsourir mignon).

Le quarantenaire descendit à la fin de la journée au rez-de-chaussée, attendant de voir si son collègue le rejoindrait ou non. En voyant Sirius descendre à son tour, le coordinateur sourit par réflexe.

« Ah, bon, alors, on y va ? »

Il guida l’autre vers la sortie en s’apprêtant à lui proposer des endroits ou boire au calme.

« Hum, alors, on a le choix entre le bar plus proche et un autre, un peu plus éloigné, mais il est moins cher et avec plus de choix sur les boissons non-alcoolisées. »

Oui, c’est presque comme si le coordinateur avait répêté pour ce moment depuis un certain temps. C’en devient un peu ridicule.
Nuva-Eja - Aout 2025
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
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Sam 22 Aoû 2020 - 22:28
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Samaël Enodril-Miyano


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Comment tourner autour du pot
pendant 6 mois
avec Lioniais

Il y a un jour où vous vous rendez compte que votre vie a pris ou va prendre une nouvelle tournure décisive qui chamboulera toutes vos habitudes et ce que vous avez connu jusque là. Vous savez qu'un retour en arrière sera impossible et cette réalisation peut faire peur... Mais sur le moment, vous savez que vous le voulez également et que vous n'aurez aucun regret. Que ce n'est que la suite des choses et qu'il s'agit ni plus ni moins que la concrétisation de tout ce dont vous rêviez et du chemin que vous avez parcouru. Il fut long, fastidieux, douloureux. Mais il en aura valu la peine. Largement la peine. Je le sais aujourd'hui, je l'ai su quand nous avons démarré les démarches de la GPA et je le saurai à l'avenir maintenant que j'ai appris que la procédure avait fonctionné, nous laissant désormais dans une attente de quelques mois qui, je suis sûr, passeront à une vitesse folle. La demoiselle qui porte notre future enfant n'en est pas à sa première gestion et elle est charmante. Je m'assure bien évidemment qu'elle ne manque de rien durant la grossesse qui l'attend, car mine de rien, si elle sait ce que ça engendre au niveau des hormones et des transformations physiques, je fais en sorte qu'elle est tout ce dont elle a besoin.

« … Ne force pas trop au travail, d'accord mon Poussifeu ? »

Maman a l'autre bout du fil ne se doute de rien, pour le moment. Je me suis promis de lui dire de vive voix dès que nous nous verrons.

« Mais oui, promis... Au fait, une petite balade la semaine prochaine sur les côtes de l'île rocheuse, ça te dirait ?
- Oh, avec plaisir ! Il paraît que de nouveaux Pokémon sont apparus là-bas. Tu me rappelles pour qu'on se fixe ?
- D'accord, Maman. À plus tard. »

Un bref soupir m'échappe alors que je raccroche. J'ai hâte de lui annoncer mais je crois que je suis encore un peu fébrile. En soit, peut-être qu'il aurait fallu que j'attende au moins les six mois décisifs, mais je me connais : je n'arriverais pas à garder tout ça aussi longtemps, surtout que ma mère lit parfois en moi comme dans un livre ouvert. Hé, elle me connaît, à force...
M'étirant sur ma chaise de bureau, au sein de la tour de la Compétition, je me rends compte que l'heure de fin de travail approche à grands pas. Heureusement, je n'ai plus qu'à attendre que Lionel fasse sa part, à présent. Je dois avouer que c'est plutôt relax, de savoir qu'il peut gérer la moitié des tâches seul, désormais. Mais je suis de tellement bonne humeur en ce moment que je ne pense même plus à nos débuts compliqués, avec mon collègue. Malgré cette histoire avec les Monarchistes, je profite d'un peu d'égocentrisme ces temps-ci pour flotter sur mon petit nuage de bonheur. J'en ai bien le droit parfois, moi aussi. On dirait toutefois que je n'ai plus réellement à me préoccuper de ça puisque Zingaro s'en charge de son côté.

Comme Camille vient de me l'indiquer brièvement au téléphone, il compte me donner de lui-même le dossier pour la clôture de la Compétition. Et comme convenu, le concerné aux cheveux bleus entra en s'annonçant avant de lui confier les documents dont ils ont la garde. Avec une expression sereine, je le remercie d'un signe de tête avant de feuilleter distraitement les pages qui sont enfin remplies. Comme il le dit, ça nous fera des vacances, une fois que la clôture sera enfin terminée. Il faut dire que ces derniers mois ont été plutôt mouvementés pour tout le monde, alors un peu de repos ne pourra pas nous faire de mal. J'aime bien les cérémonies de fin de Compétition, pour tout dire. Cela me faisait rêver, enfant, de voir les Maîtres féliciter les gagnants. Je me disais, un jour, que j'aurai moi aussi ma place sur le podium. Hé... J'aurais jamais vraiment cru l'avoir un jour, et encore moins être celui qui distribuerait les trophées. Mais comme quoi... Ce n'était pas un mal, d'être un peu innocemment ambitieux. De bonne humeur, j'accepte même la proposition de mon associé et retourne à mon bureau pour terminer rapidement de relire avant de le rejoindre en bas de la tour, quittant mon uniforme pour la soirée. Mais je ne peux m'empêcher de remarquer quelque chose dans l'air, sans arriver à mettre le doigt dessus pour l'instant. Avec surprise, toutefois, j'entends qu'il parle de boissons non-alcoolisées. Tiens... Est-ce que les séances chez la psy l'ont aidé avec ses problèmes d'alcool ?.. Je me rappelle que c'était assez effrayant, il y a quelques temps... On verra bien ce qu'il se passe ce soir, je présume, mais ce serait une bonne nouvelle s'il allait mieux de ce côté-là. Pour une fois, je me permets même de lancer une vanne à son encontre, pas sur ce sujet cependant.

« Moins cher ?.. Le Maître Coordinateur a des problèmes d'argent ? Cela pourrait être un véritable scoop ! »

Je glousse, faisant un signe de la main pour dire au revoir à Camille avant de me laisser guider par le Coordinateur pendant que je reprends de mon sérieux. Je ne vois pas qu'il pense que je me moque de lui.

« On va aller à celui qui est plus loin. J'aurai plus de motivation à y aller, si tu es avec moi. »

Je glisse un sourire franc et déterminé pendant que nous nous mettons en route. Progressivement, néanmoins, je sens sur le chemin que mon collègue semble troublé par une chose que je ne peux identifier sur le coup. Je lui parle donc de tout et de rien jusqu'à ce que nous atteignons le bar dont il me parlait, carte fidèle à ce qu'il me décrivait. C'est en effet peu cher par rapport au riche quartier où nous nous trouvons ; il faut dire que les endroits autour de la fameuse tour de la Compétition ne vont pas abriter des coins peu chers, mais quand on connaît les bonnes adresses, on peut trouver de tout. J'ignorais que mon collègue avait ce genre de combine, pourtant. Je l'imaginais davantage fréquenter des lieux plus... chic ? Avec son pedigree on pouvait s'y attendre, après tout, mais je sens chez lui un je-ne-sais-quoi qui l'a fait changer. Le fait qu'il ne soit plus célibataire, peut-être ?.. À voir. En tout cas je plaisantais tout à l'heure mais je trouve ça quand même drôle qu'il m'ait parlé d'un bar 'peu cher' compte tenu de nos moyens. Croit-il que je suis en difficulté ou, au contraire, est-il endetté jusqu'au cou et je l'ignorais ? Cela m'étonnerait, à vrai dire, mais comme il y a encore des tas de choses que je ne sais pas à propos de Lionel, je ne peux que faire des suppositions. Une fois que nous sommes installés à une table, je commande un virgin mojito tout simple pour ma part. Une boisson un peu plus alcoolisée m'aurait tenté mais s'il tente de réduire sa propre consommation, alors je ne veux pas le narguer ou lui donner envie. Je préfère être solidaire sur ce côté-là, voulant lui montrer que je l'encourage d'une certaine façon. Après un petit silence, je me lance enfin sur ce qui m'intéresse, n'y tenant plus.

« Bon, allez. Crache le morceau. Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler, n'est-ce pas ? Y'a-t-il un sujet qui te tracasse, par hasard ? Je peux peut-être t'aider. »

Après coup, en fait, je réalise qu'il y ait également des chances pour qu'il veuille juste boire un verre avec moi afin que nous nous connaissions davantage, mais parler de ses soucis à l'autre, après tout, est également un moyen de rapprocher les gens, alors je lui tends en quelque sorte une main amicale qu'il doit à présent choisir de prendre ou non.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Lun 12 Oct 2020 - 1:04
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Lionel Roque-Lartigue

Comment tourner

autour du pot

pendant 6 mois
Avec Samaël Enodril

Bon. Eh bien j’ai bien fait de me dégonfler et de ne rien parier, car, finalement, il est vrai que j’ai sans doute vraiment paniqué pour rien en anticipant cette occasion depuis des semaines. Diantre, quel andouille.

Combien de temps le coordinateur n’avait-il pas passé à radoter devant sa psy et ses proches que « mééééé Sirius il me déteste ouin ouin il va me dire non et me regarder de travers et ce sera trop gênant », pour au final tomber des nues en voyant que la chose n’était pas du tout aussi manichéenne que dans sa tête. Enfin, il n’allait pas se plaindre et s’y appesantir des heures, car la tournure des évènements s’avérait plutôt positive.

Tout était allé très vite et quand Sirius rejoint le coordinateur au rez-de-chaussée, ce dernier affichait encore cet air de surprise un peu débile, comme si c’était étonnant que son collègue ne lui ait pas posé un lapin. Oui, la confiance, ce n’est pas encore ça, hein. Samaël avait l’air de bonne humeur, lui aussi heureux d’arriver à la fin de saison, de toute évidence. Ces périodes avaient toujours cette odeur de vacances indescriptibles même si, finalement, la nouvelle saison devait être préparée juste après et ne leur laissait pas tant de répit. C’était juste satisfaisant de pouvoir ranger une grosse année de travail derrière soi.

Lionel attendait la réponse de son interlocuteur avec une certaine appréhension qu’il tentait de masquer au maximum (peut-être devrait-il arrêter, il allait encore être épuisé à 21h). Il resta un instant interdit devant les plaisanteries de l’Enodril. Ce n’est pas la première fois que le ton humoristique de l’autre le laissait déstabilisé. Probablement que le quarantenaire a tendance à oublier que le maître dresseur n’est pas que la personne qu’il est au travail. Par ailleurs, ce ne serait pas non plus nouveau que l’ironie ne percute pas immédiatement avec le coordinateur. Il commençait d’ailleurs à connecter quelques fils, par rapport à ça, sans vraiment s’en rendre compte. Disons qu’il l’acceptait un peu mieux et ne se sentait moins attaqué personnellement.

« Ah, euh, non, mon compte en banque se porte bi-- ah, non, c’était une blague ! »

Ah, bah, super, moi qui voulait ne pas passer pour un demeuré, je dis ce que je pense à voix haute.

« Je me fais peut-être vieux et radin, ahahah ! »

Il haussa les épaules, se détendant légèrement en envoyant un sourire en coin. Il ne voulait pas raconter sa vie à l’autre mais le fait de proposer un endroit avec plus de choix lui semblait moins inconfortable pour l’autre. Aussi… bon, disons qu’il n’avait pas forcement envie d’aller dans un de ces endroits dont il avait l’habitude et dans lesquels il se jetterait, tout de suite, par habitude, sur un verre alcoolisé, voire trop alcoolisé. Il n’en avait même pas encore parlé à son compagnon, sa famille ou à sa psy, de tout ça, de son rapport à l’alcool. Mais, il se disait que le Eriksen devait en savoir quelque chose, vu comme le récit de son expérience avec la drogue avait raisonné en lui. Bref, en attendant, il évitait un peu ses bars habituels depuis quelques semaines.

« Plus sérieusement, c’est simplement que la personne avec qui je-- enfin, mon compagnon ne roule pas sur l’or donc, j’ai pris l’habitude de… bin, de changer mes habitudes à cet égard. »

Ce qui ne l’empêche pas de l’inviter assez souvent, mais Zlatan a tendance à bouder quand son comparse lui paye tout. Puis, ils aimaient juste bien découvrir de nouveaux endroits ensemble, donc, autant faire partager aux collègues, pendant qu’on y est. Les taquineries de Sirius et leurs conversations banales sur le chemin du bar eurent au moins le mérite de faire un peu oublier à Lionel ses mails des service sociaux et ses autres soucis du moment. Son attention s’en voyait affectée, mais il était de toute manière distrait de base et se raccrocha donc à son handspinner dès qu’il fut assis histoire de s’aider à se concentrer. N’osant pas trop se montrer en train de jouer devant son collègue, un peu par peur qu’on lui pose des questions ou qu’on lui fasse des remarques (parano un jour…), il continua de jouer avec son stimtoy sur la table tandis que le serveur venait prendre leurs commandes.

Sans trop savoir pourquoi, le bleu se sentit un peu rassuré de voir Samaël commander un cocktail sans alcool. Balbutiant légèrement pour s’éviter plus d’hésitation, il demanda la même chose sans trop réfléchir. Heureusement, il aimait bien les mojito, avec ou sans alcool. Il y avait de grande chance qu’il s’enfile quand même un bon verre de vin ou un apéritif en rentrant chez lui pour diner, mais bon.

Lionel allait relancer la conversation en parlant du lieu à l’Enodril, mais celui-ci prit les devants d’une manière inattendue.

C-comment ça, quelque chose qui me tracasse… je suis si transparent que ça ? Probablement que oui. Mais, enfin, je ne veux pas qu’il pense que je l’ai invité pour m’épancher sur mes malheurs… même si c’est très gentil à lui de me demander.

« Euh, je… je ne pensais pas que cela se voyait tant que ça ! Mais je ne t’ai pas proposé de venir pour ça, je ne veux pas t’embêter avec mes histoires ! Enfin… de toute façon, il n’y a pas grand-chose à dire, j’ai simplement quelques embêtements avec les services sociaux ces derniers temps. Et beaucoup de choses en tête. »

Et avec ma famille (même si je suis un peu débarassé des parents pour un moment, je crois), et avec l’alcool, et ces histoires de psy, enfin, tout ça, quoi.

Il avait formulé ses dernières paroles d’un ton le plus léger possible. Pour lui, c’était bien plus accablant que ce qu’il laissait paraître, mais, une fois de plus, il avait peur d’en faire trop.

« C’est tout de même sympa de demander. »

Ajouta-t-il, n’ayant pas envie d’avoir l’air d’envoyer péter son interlocuteur en lui disant « euh non mais Y’A RIEN VOYONS KESSTURACONTEs huhuhohoho ». Son but n’était pas de laisser Samaël sur la touche tandis qu’il se morfond sur sa vie, alors qu’il n’est pas à plaindre à bien des égards.

« Et toi ? Tout va bien, chez toi et… chez vous ? Vous avez prévu des choses avant la rentrée ? C’est vrai que ça fait toujours un peu court, pour prendre quelque congés, mais, tant qu’on peut en profiter… ! »

L’année avait été intense, entre la compétition et toutes ces tensions avec les monarchistes, le gouvernement et les anarchistes. Personne n’arrivait à se mettre d’accord sur comment gérer la situation et le statut quo était quelque peu insupportable pour tout le monde. D’ordinaire, Lionel se rassure en se disant qu’il fait ce qui est en son pouvoir pour protéger les civils, mais, là, il avait simplement la sensation de surveiller sans agir et donc, de ne vraiment servir à rien pour préserver qui que ce soit d’une crise qui pourrait éclater dès demain. Tout ça était bien entendu très sérieux, mais il ne voulait pas y penser ce soir. Ça ne servait pas à grand-chose de se morfondre.

« Enfin, c’est que tu as l’air de bonne humeur, ces temps-ci… je crois… ? »

Je ne suis pas très subtil ni doué pour lire les gens. Peut-être que je suis à côté de la plaque, hein.
Nuva-Eja - Aout 2025
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
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Jeu 15 Oct 2020 - 12:38
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Samaël Enodril-Miyano


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avec Lioniais

C'est peut-être aussi ma bonne humeur ces derniers temps qui me fait oublier les problèmes que j'ai pu avoir avec Lionel (qui commencent également à remonter aussi), mais je rayonne tellement qu'il serait difficile de me faire descendre de mon petit nuage. Ce qui ne m'empêche pas bien sûr d'écouter les dires de mon interlocuteur, cependant. Je suis surpris d'ailleurs de ne pas avoir remarqué auparavant les quelques changements qui se sont opérés chez lui. J'avais oublié pendant un instant qu'il avait quelqu'un dans sa vie, aussi, ce qui a peut-être contribué a amélioré le rapport qu'il a avec les autres, du moins celui qu'il a avec moi. Comme j'ai deviné juste, pourtant, il semble y avoir bel et bien un truc qui le chiffonne. Est-ce que cela aurait à voir avec euh... son compagnon justement ? (je ne sais pas pourquoi j'ai encore du mal à le voir avec quelqu'un) Mais visiblement non. Je suis surpris en outre qu'il me parle des services sociaux.
Il s'est passé quelque chose ?..
Peut-être qu'il n'a pas envie d'en parler, mais en tout cas, ça a l'air de pas mal le préoccuper. J'espère pour lui que ce n'est rien de grave. Les personnes dans notre situation n'ont, en général, pas à vraiment se mêler de ça, mais... Quelque chose à voir avec la personne avec qui il vit, tout compte fait ?..
De quoi je me mêle... Il n'a peut-être pas envie d'en parler.
Je suis curieux malgré tout mais je ne vais pas pousser le bouchon trop loin non plus. J'étais tellement dans ma bulle de bonheur pendant ces quelques mois que je n'ai pas fait assez attention à ceux qui m'entouraient. Je me disais naïvement que Lionel ne devait pas avoir tant de problème que ça, mais je me rends compte que je ne connais finalement pas grand chose de sa vie intime (j'entends par là tout ce qui n'est pas rendu publique par sa famille médiatisée). En même temps, nous ne nous dévoilons pas beaucoup de choses et c'est plutôt Faust que j'ai tendance à voir, mais... Pourtant, rien que part la cérémonie dans le dirigeable, je l'ai incrusté dans quelque chose qui fait parti de ma vie privée. Mais quand j'y ai réfléchi, je ne me voyais pourtant pas ne pas l'inviter. Il faut dire qu'il est un peu différent de celui que j'ai connu au tout début, et heureusement. Alors... J'imagine que c'est normal que je demande quand je vois que ça ne va pas fort, surtout que c'est lui qui m'a proposé de sortir ; c'était gentil de sa part.

À son tour il vient s'enquérir de mes nouvelles, devinant qu'il y a effectivement quelque chose qui me tire des sourires ravis depuis peu de temps. Je nageais dans le bonheur et les paillettes durant la période du mariage et même après, les déboires avec les Monarchistes venant teinter légèrement l'heureux tableau où je figurais. Mais leur ascension ne devait pas nous empêcher de continuer à vivre nos projets, et ils étaient encore nombreux pour ma part. Ce sont cette fois-ci les tous récents événements qui contribuent aujourd'hui à l'éclatante lumière qui irradie de moi. Lionel a raison sur ce point, et j'ai bien hâte que ça se concrétise désormais quand les mois décisifs seront passés. Néanmoins je crois que je reste encore timide à ce sujet et c'est pour ça que je sens mes joues chauffer lorsque je pense à la réponse. Je n'ose pas encore être tout à fait à l'aise avec des choses aussi personnelles en présence de gens dont je ne suis pas intimement proche. Ce n'est pas spontané et j'ai plus peur d'ennuyer les autres avec mes histoires. Mais puisque le Roque-Lartigue me le demande, je suppose qu'il doit être curieux de me voir dans un tel état de gaieté. Par politesse ou par réel intérêt, peu importe sur le moment : ça fait la conversation et s'il a quelques tracas, sans doute cherche-t-il un moyen de les oublier temporairement.

« Hmm... Je... »

Je profite que les virgin mojitos arrivent pour me concentrer là-dessus à la place pendant que je me sens déjà rougir. Je crains soudainement de prendre trop de place mais de toute façon il l'aurait appris tôt ou tard, étant donné que je ne pourrais vraiment pas être invisible là-dessus.

« Hm... Eh bien... Nous avons commencé des démarches pour faire une GPA. Nous serons bientôt parents, si tout se passe bien. »

Je m'empresse d'agripper ma boisson pour me mettre à la boire à une vitesse folle, comme si j'avais dit le truc le plus gênant au monde. Loin de là, pourtant, et je sais que Lionel ne sera pas du genre à se moquer ou à juger. Je ne veux pas donner l'impression que je m'étale. J'aurais souhaité que ça soit lui qui me parle de ce qui le dérange plus en détails, mais je ne veux pas le pousser non plus. Si ma vie l'intéresse vraiment... J'en serais honnêtement le premier surpris, mais après tout, jusque là, il s'était d'ailleurs montré d'un support relatif quant à mes choix de vie. Je ne sais pas si je m'y attendais, connaissant nos débuts, mais je ne vais certainement pas m'en plaindre.

« R-Rien de bien folichon... En-Enfin si, bien sûr !.. M-Mais ce n'est peut-être pas très intéressant... »

Je détourne le regard malgré moi entre deux gorgées, trouvant tout à coup le sol bien attirant. Je m'enfonce, là, je vais peut-être arrêter de parler. C'est étrange comme j'ai du mal à aborder le sujet, alors que c'est pourtant un (autre) rêve qui va bientôt être réalisé. Le début d'une aventure à laquelle rien ne pourra vraiment me préparer, en somme.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 18 Oct 2020 - 0:55
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Lionel Roque-Lartigue

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Avec Samaël Enodril

Le coordinateur est doué pour fait la conversation et pour observer ses interlocuteur.ice.s afin de trouver des nouveaux sujets à aborder. Il a tout de même remarqué qu’il faisait souvent de ne pas trop parler de lui à ce genre d’occasions. Du moins, pas de choses trop personnelles, car, pour se donner en spectacle en soirée ou en gala, Lionel se gène beaucoup moins (surtout quand il a déjà bu quelques verres). Mais ce n’est pas son but, ce soir, de parader. Il s’est un peu lassé d’avoir ce genre de comportement compensatoire, à vrai dire. C’est une habitude qu’il avait pris dans son adolescence, à la base parce qu’il voulait juste un peu d’attention de la part de ses parents. Maintenant qu’il avait commencé à couper les ponts avec ses parents, il prenait un peu de distance sur ce type de comportement et se disait qu’il avait (finalement) passé l’âge et que, surtout, ce n’était pas vraiment lui. Tout ça ne l’empêchait pas de continuer de se donner à fond dans les amphithéâtres, au contraire, il y prenait beaucoup plus de plaisir désormais et ça le rassurait, car il avait eu peur de perdre ce qu’il aimait en osant enfin prendre un peu de maturité.

Enfin. Pour revenir à Samaël, c’était réjouissant de le voir de bonne humeur. Les deux maîtres n’avaient pas toujours eu la relation la plus chaleureuse et ne seraient sans doute jamais les meilleurs amis du monde, mais quand quelqu’un rayonne comme le dresseur, il faut être aveugle et/ou insensible pour ne pas le voir ou s’en foutre. Lionel se disait qu’après l’avoir connu à ses débuts dans le poste de maître, c’est-à-dire en plein burn out, son collègue avait probablement travaillé sur certains de ses problèmes, lui aussi.

Comme quoi, même Sirius a des problèmes. Eh. Je sais, c’est évident mais… roh, ce que j’étais bête, quand même. Je croiserais mon moi de 2020 en train de ricaner dans son bureau comme si rien n’avait d’importance je… oh, euh, bah, je lui ferais les gros yeux. Car bon, quand même, j’aurais peur de le trigger trop fort en lui mettant une gifle.

Dans tous les cas, Lionel commençait vraiment à être curieux, vu que le plus jeune se mettait à rougir comme un Darumarond.

Ohohoh ! Serais-je tombé sur un dossier ?

Bon, il ne voulait pas mettre mal à l’aise le maître dresseur non plus, évidemment. Mais Samaël semblait s’empourprer sous le coup d’une émotion positive plus que l’inverse. Vu ce qu’il avoué par la suite, c’était évident que tout ce rouge était dû au fait que l’Enodril était encore sur son petit nuage et avait du mal à croire qu’il allait vraiment avoir un enfant avec son compagnon. Pour le coup, Lionel ne fut pas en reste bien longtemps et ne put s’empêcher de sourire largement comme un idiot.

« Ooooooh ! »

Fit-il en plaquant ses mains contre ses joues dans une attitude émerveillée, faisant tomber son handspinner par terre dans sa précipitation. Il était complètement gaga alors que son collègue n’avait qu’à peine donné de détails sur sa situation. Il en oublia complètement ses histoires de services sociaux sur le moment car il était sincèrement content pour son interlocuteur. Samaël avait l’air intimidé de parler de ça en public, c’était étrange de le voir ainsi… effectivement, c’est quelque chose d’assez personnel de raconter ça à un collègue, mais Lionel ne trouvait pas ça embarassant. Au contraire, il trouvait ça vraiment touchant que son collègue ose lui en parler.

« Non, non, ne sois pas gêné ! Je trouve ça vraiment formidable ! »

S’exclama le quarantenaire sans se rendre compte qu’il parlait fort dans son enthousiasme. Il remuait sur sa chaise sans pouvoir s’arrêter de sourire. Il allait sûrement rendre les choses encore plus gênantes pour son interlocuteur.

« Et ce n’est pas rien ! Je sais que, euh, eh bien, les procédures ne sont pas si évidentes que ça donc, félicitations ! »

Ça, il en savait quelque chose. Son sourire s’amenuisa un peu quand il repensa à son propre vécu à ce sujet.

« Enfin… je dis ça car, eh bien, d’expérience, avoir un enfant, même avec toutes les solutions alternatives, c’est loin d’être facile, quoi. »

Son expression redevint plus calme et compatissante. Il profita d’être revenu au calme pour ramasser son handspinner et recommencer à jouer avec pour se détendre.

« Avec mon exe-compagne, on voulait tenter une GPA, à l’époque, mais il s’est avéré que le problème venait de moi, au final, alors… ça n’a pas pu se faire. »

Bref, après ça, Shérylle et lui s’étaient séparés avant de réellement considérer l’adoption. L’ancienne coordinatrice avait eu un enfant de son côté par la suite et Lionel, pour sa part, avait beaucoup stagné dans sa frustration d’être stérile jusqu’à enfin penser à se relancer dans les procédures d’adoptions depuis presque 2 ans. En réalité, c’était sûrement mieux que Shérylle et Lionel n’aient pas eu d’enfants ensemble à l’époque. Le coordinateur manquait de maturité et ce n’est pas d’être parents qui auraient fait tenir leur couple plus longtemps, car le soucis venait clairement d’ailleurs.

« B-bref, je vous souhaite que ça se passe mieux-- enfin, bien. Que ça se passe bien pour vous ! »

Il allait dire « que ça se passe mieux pour vous que pour moi » mais s’était repris au dernier moment, avec la pensée qu’il avait peut-être un peu trop débordé sur des détails trop intimes. Et surtout, il n’avait pas envie de tout gâcher en mettant des pensées négatives dans la tête de l’Enodril qui pourraient le faire redescendre de son nuage.
Nuva-Eja - Aout 2025
Lionel Roque-Lartigue
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Jeu 22 Oct 2020 - 11:02
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Samaël Enodril-Miyano


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Contrairement à ce qu'une part de moi aurait pu penser, Lionel n'a pas l'air embarrassé par ce que je lui annonce. Au contraire, il semble... heureux ? Enjoué ? Je rougis encore plus lorsqu'il exprime sa surprise et son attendrissement. Je n'ai jamais partagé de moments comme ça avec mon collègue alors ça me fait encore drôle, mais... Cela me fait sans doute plus plaisir que ce que je pensais qu'il soit content pour moi. J'en suis même touché. Je ne l'ai pas dit à grand monde mais c'est une étape si importante dans ma vie que la partager est à la fois plus difficile et intimidant que ce que j'aurais pu penser. Au moins, comme ça, il est au courant et il n'aura pas à s'étonner de me trouver absent lorsque je poserai mon... mon congé... paternité ?..
Voilà que mes joues chauffent davantage -comme si elles ne pouvaient pas l'être plus-, tant et si bien que la boisson, aussi froide soit-elle, ne semble pas pouvoir calmer mon visage qui surcharge. Il semble au courant par rapport aux complications que les GPA peuvent engendrer, d'ailleurs. Il doit y savoir quelque chose... Ou alors il s'est renseigné un coup. Flatté de ses félicitations, je relève timidement le regard tout en reprenant mon calme pour l'écouter à mon tour. Je ne dis rien, mais j'ignorais qu'il avait... essayé lui aussi. Je comprends mieux maintenant. Lui aussi a dû regarder pour concevoir un enfant.

Lionel est... stérile ?
Je cligne des yeux, muet. Ça aussi, je l'ignorais... Enfin, normal, après tout. Ce n'est pas le genre de truc que tu dis à tout le monde comme ça. Mais j'en viens à considérer mon comparse sous un côté encore différent. Celui de quelqu'un qui souhaitait également être parent, mais qui s'est rendu compte qu'il ne pourrait jamais l'être d'une façon qu'il espérait au départ. Mes yeux se posent sur le handspinner avec lequel il joue, pensif. Je sais bien -et lui aussi doit le savoir- qu'il y a d'autres façons d'avoir des enfants que biologiquement, mais... Quand même, la nouvelle n'a pas dû être facile à digérer. Je ressens une pointe de peine lorsqu'il en parle, devinant derrière bien d'autres histoires. Celles exprimant des regrets, de la peine, de la peur, des doutes... Est-ce pour ça que son ex-compagne était devenue, justement, une ex ?.. J'ai entendu parler d'histoires de couples qui se séparaient parfois à cause de ça. J'ai toujours trouvé cela idiot et dommage, mais... Je me connais. Si je m'étais rendu compte que je ne pouvais pas enfanter, même si d'autres moyens existent, cela m'aurait chagriné aussi. Cela peut sembler bête, pourtant... Je ne peux pas dire que je ne peux pas comprendre, en un sens. Ça a dû être dur pour lui.

« Merci, Lionel. C'est gentil. »

J'esquisse tout de même un léger sourire reconnaissant, ayant encore du mal à croire ce qui se passe, ce qui va se passer dans quelques mois. J'ai hâte, mais j'ai aussi très peur. Enfin... Je me sens un peu mal d'en parler avec Lionel, tout à coup. J'ai pas envie d'enfoncer le couteau dans la plaie. Je ne peux qu'être sincère, sur le moment.

« Je suis désolé que ça n'ait pas pu se faire pour toi... Toi aussi tu veux des enfants, alors ? »

J'essaye quand même d'aborder un peu ce sujet-là avec lui. Découvrir une facette de sa part que je ne connaissais pas, mais que... j'aimerais apprendre à connaître. Se peut-il que j'ai plus de points communs avec le coordinateur que je ne pensais ? Cela m'aurait fait bizarre de considérer cela il y a quelques années, mais maintenant... Je n'en suis pas troublé. Mais je prends conscience soudainement que c'est peut-être un sujet sensible pour lui.

« En-Enfin, si tu ne veux pas en parler, c'est bien aussi. »

S'il n'avait pas eu envie d'en parler il ne l'aurait pas fait, en un sens, mais si c'est encore frais, je ne souhaite pas que cela fasse remonter en lui de mauvais souvenirs. Avec son compagnon actuel, peut-être qu'ils en ont parlé ensemble, aussi ? Je ne le connais pas, le grand type brun qui est son partenaire, mais si ça se trouve, ils ont ce genre de projets, tous les deux... Comme moi et Natsume, en un sens. Au fond, est-ce qu'il serait pas un peu temps que j'apprenne à mieux connaître les personnes comme Lionel dont je ne savais rien mais qui ont fait un bout de chemin de leur côté sans que je ne m'en aperçoive ?..
Samaël Enodril-Miyano
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Lun 12 Avr 2021 - 18:06
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Lionel est parano. C’est quelque chose de connu, à force. Il craint en permanence de ne pas plaire, de froisser les gens pour des choses souvent pas si graves que ça. Le fait qu’il insiste pour toujours se montrer sous son meilleur jour et qu’il s’agace quand on le voie autrement ne le rend pas forcément très approchable. Cela dit, il fait de son mieux pour s’assagir, essayer de se mettre au niveau des un.e.s et des autres… d’arrêter de faire l’enfant pour chouiner et éviter de travailler sur lui-même au moindre signe d’une erreur de sa part ou d’un rejet. Ses séance chez sa psy ont beaucoup aidé et il y a aussi son compagnon qui l’a poussé à se sentir plus en paix avec lui-même, et donc, à murir un peu. Ne serais-ce que pour cette histoire d’adoption, Lionel a besoin de cette remise en question. Mais il a également besoin d’échanger avec des gens dans la même situation que lui qui ne sont pas sa famille. Des gens comme Samaël, justement. Enfin, ce n’est pas que le bleu comptait forcément aborder le sujet de l’adoption en invitant son collègue, mais il espérait… oui, il espérait simplement une discussion au calme, sans le stress du travail et des faux-semblants qui peuvent en découler.

Ça le touche, de voir que son interlocuteur semble s’adoucir en face de lui. Le maitre dresseur semble touché par les propos du plus âgé, il n’a pas l’air de s’offusquer du fait que le coordinateur lui ait livré des détails assez personnels. Ce dernier ne comprend pas forcément ce qu’il a dit de particulier, mais laisse Samaël se remettre de ses émotions. C’est vrai qu’il n’avait pas réellement imaginé le plus jeune parent. Enfin, il n’y avait jamais réfléchi, en fait. On imagine rarement la vie de ses collègues hors du travail, en fait.

Toute cette conversation l’a également rendu nostalgique. Ce n’est pas que son mariage et sa vie avec Shérylle lui manque, mais, il ne peut pas s’empêcher, parfois, de regretter son comportement. Evidemment, il ne peut pas revenir en arrière ni annuler son immaturité et sa lâcheté à l’époque. Mais bon. Ça l’embarrasse, de se revoir comme il était alors, tellement impudent, mou et avait la tête profondément enfoncée dans ses fesses. Il n’avait qu’une seule chose à la bouche : « oui mais gngngn qu’est-ce que les gens et surtout papa et maman vont en penser ?! ».

Mais j’ai… j’ai changé, maintenant. Je… je crois ?

Cela dit, le coordinateur n’a pas raconté tout ça pour que l’autre le prenne en pitié. Enfin, ce n’est pas le cas, mais après ses remerciements, il a momentanément peur que Samaël se sente forcé de lui rendre la pareille. Mais bon, comme la psy de Lio a dit… il n’y a pas de raisons que l’autre se force ou fasse semblant de s’intéresser.

« Oh, merci, mais… ne t’en fais pas. Ça fait longtemps, maintenant. Même si toute cette histoire m’a longtemps rongé, ben… »

Trop longtemps, même.

« … Enfin, avec le recul, je pense que ce n’est pas plus mal et qu’on a évité une catastrophe ! J’étais immature et je n’avais aucune idée des responsabilités qui m’auraient attendu ! »

Il se met à rire un peu, prend une gorgée de sa boisson, fait faire des tours à son handspinner, espérant détendre un peu l’atmosphère. Samaël poursuit avec ses questions. Ce n’est pas que cela dérange Lionel, bien au contraire. Mais il n’a rien de très réjouissant à raconter et n’aime pas plomber l’ambiance. Il ne veut pas non plus que son collègue perde sa bonne humeur au sujet de ses propres procédures en apprenant que pour sa part, Lionel attend depuis fort longtemps.

Et puis, j’étais vieux jeu et très con, à répéter sans cesse les dires de mes parents. Au final, c’est une bonne chose qu’ils m’aient dit que l’adoption leur paraissait stupide à mon âge et sans être marié. Le déclic ne serait pas arrivé, sans ça.

« Mais, euh, oui. C’est quelque chose qui me tient très à cœur depuis… depuis toujours. Je sais que ça peut paraître tardif de ne m’y repencher que ces dernières années, mais, c’est maintenant que je me sens prêt. »

Même si je ne pense pas qu’on soit jamais vraiment prêt à être parent. Même si je crains toujours d’être un aussi mauvais père que mon propre géniteur. Au moins, je suis rassuré qu’il ne fera pas partie de l’entourage de mon enfant.

« Enfin, cela fait bientôt deux ans que j’ai commencé les procédures. J’espère des réponses tous les jours, mais cet après-midi, j’ai encore reçu une notification de transfert de dossier ! »

Il souffle du nez et se force à sourire. Un jour, ça viendra. Il n’y a pas de raisons qu’il poireaute toute sa vie. Il sait qu’un jour, il rencontrera son enfant et qu’il l’aimera. C’est tout ce qui compte, non ?

« Pardon, je ne veux pas plomber l’ambiance ! Et puis, tu ne risques surement pas de te retrouver dans la même galère que moi ! »

Oui, oui, assez parlé de moi.

« Donc… j’imagine que toi et ton conjoint, vous avez déjà une idée quant à la personne qui portera votre enfant ? Vous devez vraiment être impatients. Je le serais, à votre, place, héhé. »

Nuva-Eja - Aout 2025
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Sam 24 Avr 2021 - 11:56
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Lionel semble en parler d'une manière détachée, mais je suis sûr que ça l'affecte et l'a affecté bien plus qu'il ne laisse paraître. Il est vrai que, jusqu'à il y a quelques années, il manquait assez de maturité. Mais ça ne l'a pas empêché de faire d'écoute autrui, de faire des progrès et de prendre sur lui. Je me demande si un enfant l'aurait changé pareil. Ce n'est pas rien, après tout, on ne sait pas comment il serait sorti de cette expérience. Tant mieux cependant s'il se sent plus confiant et surtout plus responsable. Je pense en tout cas que, s'il est inquiet, il n'y a pas de mal à attendre d'être vraiment prêt pour connaître être parent. Il vaut mieux ça qu l'inverse, après tout, et c'est effectivement une preuve de maturité chez Lionel que de s'en être rendu compte et d'avoir patienté en conséquence.
Deux ans et toujours pas de réponse ?..
J'affiche malgré moi une mine désolée pour mon collègue. Quelle torture d'attendre depuis tout ce temps juste pour avoir la charge d'un enfant... En un sens, je comprends que ça puisse prendre aussi longtemps, mais quand même... On ne s'en rend pas compte, mais deux ans c'est énorme comme attente, dans ce genre de cas. Je ne sais rien des compétences que pourrait avoir Lionel pour élever un gamin, mais je trouve ça quand même injuste qu'ils le fassent poireauter comme ça. Pas comme si le Roque-Lartigue n'avait pas les moyens, en plus. Je crois aussi qu'il n'est plus célibataire. Je ne dis pas que ça va influer forcément, mais j'aurais pensé que ça pourrait aider à mettre son dossier en avant. J'ignore cependant quelle position il a dessus par rapport à son partenaire, si ce dernier voudrait assumer ou non. Je ne vais pas m'avancer là-dessus, mais cela devrait être facile même pour les adultes seuls. Je me sens gêné tout à coup de ne pas avoir eu autant de mal que lui. Je ne peux pourtant pas prétendre être un futur meilleur parent que Lionel, loin de là. Il n'y a pas de raison que j'y ai accès et pas lui, même si pour notre situation, nous ne passons pas par l'adoption ; c'est peut-être plus simple. Cela me rend tout de même intimidé d'étaler mon bonheur comme ça devant Lionel, mais j'imagine qu'il le fait aussi pour se changer les idées.

« Oh euh... Oui, on a choisi ensemble. On est très... impatients que ça nous arrive. »

Et c'est peu dire. Mais ça, je crois que c'est plutôt évident.

« Mais euhm... Bien sûr, ça rend très nerveux aussi. Je stresse à l'idée de ne pas être un bon parent. »

Les joues toujours un peu rouges, je contemple mon verre vide comme si ça pouvait me calmer alors qu'aucune réponse n'en sortira comme par magie. Aucun conseil pour être un bon père, aucune méthode pour apaiser les craintes... Mais en parler me fait un peu de bien, je dois dire. Et puis... Je n'oublie pas du coup que je suis plus chanceux que mon aîné.

« J'ai vraiment hâte, mais j'ai aussi très peur. Enfin... J'imagine que c'est normal. »

Je hausse les épaules maladroitement comme si de rien n'était. C'est simplement pour cacher au fond que tout ça, même si nous l'avons voulu, me fait paniquer comme pas possible et me réveille parfois en pleine nuit. Ce sera sans doute plus simple une fois que j'aurais atterri et que la grossesse sera arrivé à un stade plus avancé. Nous aurons eu le temps de cogiter, tout ça... Enfin, je suppose. Mais à en parler avec Lionel, je trouve qu'il paraît un peu moins anxieux que moi. Plutôt beaucoup moins, même. Est-ce juste une façade ? Je ne saurais dire. Mais je me demande comment il fait pour être aussi calme.

« C'est drôle, je ne t'imagine pas du tout être angoissé par ce genre de chose. Tu as l'air vraiment à l'aise et confiant en en parlant. J'espère que tu finiras par avoir une réponse positive. »

Je souris d'un air petit peu plus doux. En dépit de ce que j'ai pu penser de Lionel lorsque nous nous sommes rencontrés, je ne peux que constater le changement qui s'est opéré en lui, et ce de manière positive. En même temps, l'île nous a fait affronter de nombreuses épreuves qui nous ont davantage forgé. Je ne sais pas si c'est pareil pour lui, mais en tout cas, toutes nos aventures, quelles qu'elles soient, m'ont aidé à m'améliorer quelque part. Mais j'ai beau avoir survécu à des Pokémon légendaires et à des catastrophes en tous genres... Cette épreuve-là est la plus difficile que j'ai jamais éprouvé.
Samaël Enodril-Miyano
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Mer 15 Sep 2021 - 23:32
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Lionel Roque-Lartigue

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/!/ TW : ça parle de maltraitances sur des enfants et d'alcoolisme /!/

J’espère que je ne l’ennuie pas. Ce sont des sujets assez personnels et Samaël prefèrerait peut-être parler de tout ça avec quelqu’un dont il est proche. Par ailleurs… je ne devrait peut-être pas m’étaler ainsi sur ma vie. Je ne crois pas que ça l’interesse réellement.

Les hypothèses que le coordinateur ses fait dans sa tête et les intentions qu’il prête à son collègue sont évidemment sorties de nulle part. Il tente de chasser ces pensées négatives en se convainquant que ce n’est que lui qui cherche à dévaloriser tout ce qu’il peut offrir dès qu’il ose être un peu sincère. Il secoue la tête et se concentre sur les paroles de son interlocuteur qui lui fait part de ses peurs. Ce que Lionel entend alors lui fait beaucoup plus de bien qu’il ne l’aurait cru.

Oh… Sirius aussi a peur de mal faire… ? Je veux dire… LE Sirius ?! Je ne dis pas que je le pense parfait mais… ! Je n’ai pas l’habitude de le voir vulnérable. Je ne pensais pas que… qu’on avait des peurs aussi semblables. Je me sens moins seul, d’un coup. Je me sens moins stupide.

« Oh ! C’est… c’est tout à fait ma peur aussi ! »

Lâcha le coordinateur avec un certain enthousiasme. Un sourire presque triomphant est un peu étrange dans un moment pareil. Du coup, il baissa les yeux et fit tourner son handspinner de plus belle.

« H-hm, je veux dire… je pense que… euh… c’est normal. Mais… je ne pensais pas que… qu’il y avait des choses dont tu pouvais avoir peur. »

D’autant plus, des choses qui me font aussi peur à moi. Je veux dire… je sais que lui et Méphisto me méprisent un peu, à juste titre. J’ai fait beaucoup d’erreurs. Donc… enfin, donc il doit penser que c’est un peu honteux d’avoir des peurs semblables au miennes…

… Uh, en fait, c’est stupide, de penser ainsi. Bon sang Lionel, tu n’es pas le centre du monde !!

Il soupira pour se calmer. Finalement, cette conversation, c’est peut-être bien ce qui lui fallait, à Lionel.  

C’est durant ce genre d’échanges sincères que le coordinateur prend du recul sur sa vie sociale d’avant et se rend compte d’à quel point il se sentait seul et en décalage. Il pensait être quelqu’un de plutôt facile à approcher, toujours bien entouré par des amis attentionnés. Il se voyait comme quelqu’un de naturel et de sympathique qui a toujours le mot pour rire. Mais quelque chose n’allait jamais vraiment. Quelque chose ne faisait jamais sens. C’est comme un masque qu’il a porté toute sa vie sans même s’en rendre compte. Mis face à tous les changements des dernières années, le masque a craqué et a fini par révéler autre chose. Aux yeux du principal intéressé, ce qu’il y a derrière le masque est… sombre. Sans tomber dans le cliché excessif de l’artiste alcoolique torturé (même si des fois on en est pas très loin, hein), c’est ainsi que Lionel voit ça. Il y a un abime dont il a toujours cherché à se détourner. Il sait bien comment ça se passe, quand il y est. C’est le Cointreau au travail. C’est le fait de rejeter toute la responsabilité sur Sirius. C’est rejeter Shérylle quand elle change et trouve le bonheur de son côté. C’est tout ramener à lui, maudire l’injustice du monde en reprenant un verre qui le fera se sentir invincible. C’est s’isoler derrière le masque sans se rendre compte et se réveiller un jour en comprenant qu’il n’y a plus personne. Plus d’autre choix que de retourner dans les griffes du paternel qui nous dira comment être. Comment agir. Comment être servile. Comment reproduire le cycle. Encore et encore.

Lionel se dit depuis un moment déjà que ces faux semblants qu’il a du incarner en société, aux côtés de ses parents et même ce milieu où l’on doit surveiller la moindre de ses paroles… ça n’a jamais été pour lui.

En réalité, je ne vois pas comment quiconque apprécierait de vivre ainsi.

Changer, reprendre les bases, avoir seulement l’envie, trouver le courage de le faire, ça ne tient pas à grand-chose, finalement. L’excès de trop, une grosse baffe dans la gueule ou, parfois, une rencontre. Un peu des trois, dans son cas. Les ténèbres de Lionel, c’est la peur de retourner dans l’abîme. Où il est si peu lui-même qu’il n’y voit plus rien. Et si son enfant le voyait ainsi ? Et si cet enfant en subissait les conséquences, comme lui a fait subir Agamemnon ?

Quand Sirius me dit que j’ai l’air confiant… haha. Il ne sait pas combien ces mots ne font pas sens dans ma tête. Je ne sais pas ce que c’est, « avoir confiance en moi ».

« Ah bon… ? Pourtant, je n’ai aucun mérite. J’ai juste pris des cours d’éloquence quand j’étais ado ! »

Ça n’a pas vraiment de rapport, mais bon.

Le but du bleu n’est pas de faire de la prétention en parlant de ce genre de « cours de maintien pour gros riches », après tout, ce ne sont que des apprentissages pour prétendre être quelqu’un que l’on est pas sans jamais ciller et assommer les gens avec des jolies phrases, avoir le dernier mot même quand on devrait se taire. Rien de bien glorieux.

« Pour être tout à fait honnête avec toi, je suis terrifié de faire la moindre erreur la plupart du temps, hahahaha ! Encore plus avec cette histoire d’enfants ! »

Probablement pour ça que je parle comme le pire des PDG dynamiques de Linkedin et que j’ai l’air si peu naturel, d’ailleurs…

Il laisse échapper un nouveau rire nerveux. Il espère que ses paroles ne mettent pas mal à l’aise son interlocuteur.

« Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ma relation avec mes parents n’était pas… »

Il se tait avant que ces paroles réveillent encore trop de mauvais souvenirs. Il se sent un peu ridicule, d’avoir peur comme l’enfant qu’il était lorsqu’il croisait le regard furieux d’Agamemnon.

« Bref, je ne veux juste pas reproduire leurs… leurs… »

Il hésite avant de continuer, de peur de se montrer trop pathétique, alors que pour une fois, ce n’est pas sa faute.

Sirius n’a pas eu peur de se montrer vulnérable, lui. Alors…

« Leurs mauvais traitements. Sur mon propre enfant. Je ne crois pas que ça arrivera. Mais en même temps, je sais comment je peux être quand… »

Quand je suis dans un mauvais jour. Quand j’ai bu.

Il se remémore soudain les paroles de sa psy.
« En fait, vous pensez que si vous ne vous faites pas du mal en buvant ou en vous faisant passer pour quelqu’un d’autre, votre père va revenir vous battre ».
Il s’était senti extrêmement bête sur le moment. Puis il a appris que les adultes qui ont autrefois été des enfants maltraités par leur parents développent souvent (entre autres) un désir maladif de plaire et d’être parfait. Et ça fait sens.

Mais ça n’excuse pas toutes mes erreurs.  

« Je voulais m’excuser auprès de toi, à ce sujet, d’ailleurs. »

Ca n’a plus un rapport direct avec l’adoption et les enfants, mais cela fait longtemps que le coordinateur a ça sur le cœur. Qu’il a des remords et qu’il veut avancer.

« J’ai rejeté à de trop nombreuses reprises mes faiblesses sur toi et sur Mephisto au lieu de les regarder en face. J’étais persuadé d’être aimable, plus mature et ouvert d’esprit mais c’était tout l’inverse. Saches que… j’en suis vraiment désolé. »

Et que je suis sobre depuis des mois. Mais ça Sirius l’a peut-être déjà remarqué.  

Nuva-Eja - Aout 2025
Lionel Roque-Lartigue
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Sam 2 Oct 2021 - 11:44
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Il ne pensait pas que je pouvais avoir peur de quelque chose ?..
La pensée, quelque part, me flatte un peu, je dois l'avouer. Et me rire, aussi. Mais pas méchamment. Zingaro croyait vraiment que je n'avais peur de rien ?.. J'ignore d'où il tenait ça. Je ne sais pas si je donne cette impression ; quoique j'essaye, il est vrai, de ne pas laisser transparaître quelconque angoisse. Je me dis que je dois garder au moins une certaine façade devant les autres lorsque je me montre en tant que Maître Dresseur. Je dois représenter une figure de confiance et de force. Il est toutefois normal qu'il ait peur de comment il pourrait se comporter avec des enfants. Je dois avouer néanmoins qu'il semble avoir mûri, depuis qu'il a pris ses fonctions. Je ne le connaissais pas tellement au moment où il est devenu le collègue avec qui je devais bosser. Son prédécesseur m'était plus familier mais on ne peut pas dire que j'en étais proche non plus. Si je croyais que ma perception de Lionel allait difficilement changé, le travail qu'il a exécuté sur lui-même l'a transformé, pour mon grand soulagement. Et je sens qu'il est très honnête lorsqu'il avoue ce qui le terrifie avant tout. Car je peux le comprendre ; je le ressens également. Et je ne suis pas non plus très surpris d'entendre que sa relation avec ses parents fut compliqué ; les chiens ne font pas des chats et quand je repense à comment il était au début de nos prises de fonction... Eh bien ce n'était pas très glorieux, et je sentais que ça ne venait pas de nulle part, surtout. Les Roque-Lartigue seniors ne sont pas connus pour être des gens tout à fait aimables non plus, du peu que j'en sais. C'est pour ça que je suis, sans mentir, un peu surpris de le voir s'ouvrir ainsi sur ses défauts, ne m'y étant pas spécialement attendu. Cela révèle pourtant la maturité qu'il a prise au fil des années. Je ne serais pas en train de boire un verre avec lui, autrement. J'aurais au contraire eu peur, il y a quelques temps, de le voir abuser sur l'alcool. Un peu surpris aussi qu'il veuille sincèrement s'excuser auprès de moi. Je ne lui en demandais pas tant ; surtout quand je me disais qu'on avait petit à petit enterré la hache de guerre. Enfin 'hache de guerre'... Même le terme est fort, en soit, mais je ne partais pas enchanté au début de notre relation, alors voir les progrès qui ont été faits me satisfait assez. Je ne sais pas trop quoi en penser, pour dire vrai. Je n'étais pas préparé à ce qu'il me sache des excuses aussi honnêtes. Je ne vais pas dire que ça ne me fait pas plaisir, en un sens. Cela me soulage, quelque part. Je rêvais que ma relation avec Zingaro soit moins tendu et plus calme. Même si je n'en suis pas aussi proche qu'avec Méphisto pour des raisons évidentes, ça m'aurait fait un peu chié que le Maître Coordinateur soit un gros con. Nos rôles ne garantissent pas forcément que nous devons nous entendre, mais c'est tout de même plus agréable, quoi, en particulier lorsque nous devons collaborer sur des projets ensemble. Je m'autorise alors pour une fois à lui tapoter amicalement l'épaule avec une expression tranquille pour lui dire de ne pas s'en faire.

« Baah... T'en fais pas, va. Je le vois bien, que tu as fait des efforts, tu sais ? »

Bon, j'ai sans doute l'air de sonner paternant alors que ce mec a dix ans de plus que moi, mais je veux qu'il comprenne l'idée. Je veux tenter de l'encourager à ma manière car j'ai été plutôt impressionné de la façon dont il avait évolué, justement. Et il a peut-être besoin de l'entendre.

« Enfin... J'vais pas mentir et dire que j'ai jamais attendu d'excuses, mais... On en était arrivé à un stade où j'y pensais plus, et c'est plutôt positif, si tu veux savoir. »

Je vais pas commencer à dire que je suis 'fier' de ce qu'il est devenu car j'ai pas cette prétention là non plus, mais comme j'ai parfois l'impression qu'il a recherché mon aval, je veux lui dire qu'il a pris un bon chemin. La pente a été ardue a gravir mais un terrain verdoyant l'attend au sommet.

« Positif aussi que tu te poses ce genre de questions. Mais on sent que tu en as vraiment envie, de cet enfant, alors... Te voir te battre comme ça, sans abandonner, j'me dis qu'il sera pas entre de mauvaises mains, ce p'tit. »

Je me la raconte un petit peu là, c'est vrai. Je ne vais pas prétendre que Lionel sera un bon père sans l'avoir vu à l'œuvre. Qui suis-je pour parler de ça alors que j'attends moi-même avec impatience mais aussi une certaine angoisse le fait d'avoir un gamin ? Peut-être que je fais fausse route, après tout, je n'en sais rien. Mais si je sais une chose, c'est que s'il est capable de se remettre en question et d'avouer ainsi qu'il a fait des erreurs, c'est qu'il peut faire la même chose avec un enfant et qu'il tentera sûrement de comprendre comment bien s'en occuper. Car les pires parents sont ceux qui n'ont jamais cru que le problème pouvait venir d'eux.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 16 Jan 2022 - 16:49
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Lionel Roque-Lartigue

Comment tourner

autour du pot

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Avec Samaël Enodril

/!/ TW : ça parle de maltraitances sur des enfants et d'alcoolisme /!/

Bon, hum, euh… je ne vais pas vous cacher que rendu à ce point de la conversation, je me sens très émotif. Je veux dire, plus que d’habitude. Ce qui suit risque donc d’être encore plus inutilement dramatique qu’habituellement.

En dehors du cabinet de sa psy et de son partenaire, c’est la première fois que le coordinateur ose aborder le sujet de sa famille et de leurs maltraitances à son égard. Evidemment, ça n’est pas sans lui faire un pincement au cœur, sachant ce que ses mots sous entendent sans qu’il n’ait à s’épancher sur les détails les plus tristes de son enfance. On pourrait dire que de l’eau a coulé sous les ponts et que finalement, Lionel a su bien s’adapter, car le reste de sa vie n’a pas été bien difficile vu ses moyens. Il a toujours été doué pour l’adaptation, en fait, même si ce n’était pas vraiment par choix au départ. Il s’y est fait et s’est tu le reste de sa vie, faisant également taire ses propres désirs au passage, par habitude. A l’heure actuelle, il sait qu’il est bien trop tard pour espérer faire un procès à ses parents ou les voir punis pour leurs actions un jour. Ce n’est pas ce qu’il veut, d’ailleurs, ce qu’il veut, c’est ne plus avoir à faire avec Agamemnon et Sixtine. Tant pis si on le traite de lâche à cause de ça.

Alors que, soyons honnêtes, ce n’est pas moi le lâche, dans cette histoire.

Il se sentit tout chose quand Samaël lui confia qu’il avait remarqué ses efforts. Même si le contact de la main de son collègue sur son épaule n’était pas forcément bienvenu et poussa Lionel a se décaler poliment, il sentait que le plus jeune était sincère. C’est assez pathétique à admettre, mais elles sont nombreuses, les fois où il aurait aimé que ses parents lui adressent de tels mots. Sans le savoir, le maitre dresseur touche un point des plus sensibles chez le coordinateur qui sent sa gorge se serrer sous le coup de… il ne sait pas trop quoi, mais ce n’était pas négatif. Il sait bien garder la façade de manière générale, mais, là, l’exercice est plus difficile que d’habitude. Il se trouve bien bête d’avoir encore besoin de cette confirmation extérieur, comme un enfant. A son âge, il ne devrait pas avoir tant de temps à rattraper sur (il lui semble) le reste du monde (oui c’est un peu autocentré de penser ainsi mais bon, que voulez-vous, c’est Lionel). Ce qui le bouleverse le plus, en vérité, ce n’est pas directement la « confirmation » que lui offre Sirius (quoique, c’est tout de même plaisant), mais plutôt la réalisation que sa famille n’aurait jamais eu la décence de lui adresser de telles paroles. De simplement… accepter qu’il était un humain comme les autres et pas l’espèce d’automate parfait qu’on lui a appris à être. Il avait pleuré comme une madeleine quand c’était le Eriksen qui lui avait fait le même discours, mais là, il ne pouvait pas trop se mettre à sanglotter comme un bébé.

Et Arceus sait que je n’ai pas été le seul à subir de telles maltraitances dans mon, enfance et mon adolescence. Et que mon cas n’est pas le pire. J’aimerais tellement… qu’aucun enfant n’ait à subir ça. Chaque enfant devrait pouvoir grandir comme il lui plait pour devenir un adulte qui sait être heureux par des moyens sains.


Evidemment, même comme ça, ce ne serait pas si simple. Il y a trop de paramètres extérieurs à prendre en compte. Il le sait, Lionel, que cela ne fonctionnerait réellement que dans un monde idéal. Mais bon, s’il pouvait n’être qu’un petit engrenage dans un système qui permettrait d’aider des enfants à échapper à des situations d’abus, alors…

« Hm… euh… je… je ne t’en demandais pas tant. Ce… ça me fait plaisir. Je sais pas quoi dire. »

Ses yeux ne pouvaient plus croiser ceux de son interlocuteur et il se remit à faire tourner son handspinner, trop inhibé devant son collègue pour se mettre à flapper joyeusement des mains. Lionel n’a clairement pas assez confiance en lui pour exprimer sa joie à sa façon pour le moment, et dans ce genre de moment chargés en émotions, il lui est difficile de trouver les bons mots, son cerveau ne sachant plus sur quelle information ou stimuli se concentrer en premier.

« M-merci pour ta patience. Et pour ta confiance aussi. »

Lionel ne s’est jamais vu comme un « battant » ou quoique ce soit du genre. Même pas comme quelqu’un de spécialement fort ni doué, d’ailleurs (sauf pour la coordination et certains jeux vidéos, peut-être). Il ne sait pas s’il se « bat » pour avoir cet enfant à proprement parlé, juste… il fait ce qu’il faut. Et l’idée d’abandonner ne lui avait même pas traversé l’esprit. Sirius a raison, en un sens, ce n’est pas forcément une évidence et il faut au moins être persistant et patient. Un silence passe entre les deux compétiteurs. Lionel se met à imaginer son enfant rencontrer ceux de Samaël et de son partenaire et ne peut s’empêcher de sourire et rire doucement.

« Ça va nous faire une sacré marmaille pendant certaines heures de bureau ! »

En réalité, ce n’est pas certain que ce soit bien judicieux d’emmener des enfants au travail quand il peut-être appelé pour des urgences sur le terrain. Mais bon, l’image mentale est rigolote. Lionel a du mal à s’imaginer se séparer de son futur enfant et sait d’avance qu’il sera un papa poule et en plus, il gâte déjà beaucoup ses nièces et son neveu donc il n’ose pas imaginer avec son propre enfant. C’est que Lionel a envie de rattraper l’amour qu’il n’a pas pu avoir de la part de ses parents, donc, il risque d’être un peu dans l’excès ou…

Bon, si je me mets à faire des plans sur la comète, je risque de me rendre anxieux à nouveau. Donc, arrêtons-nous là.

Le coordinateur termine de siroter sa boisson tranquillement. Il est content, le bleu, d’avoir pu ce qu’il avait sur le cœur à son collègue et simplement, d’avoir pu discuter naturellement. Ça lui fait du bien, de voir, dans la manière où il réapprend à interagir avec les autres, qu’il a évolué et qu’il peut être heureux dans ses relations sociales et.. simplement accepté tel qu’il est. Bon, accessoirement, le fait est que depuis qu’il est sobre, son état mental s’est (étrangement) grandement amélioré.

« Hm… eh bien voilà. Je ne veux pas te retenir trop longtemps, tu dois certainement avoir hâte de rentrer retrouver ta famille ! »

Et Lionel aussi, après cette discussion. Enfin, dans l’absolu c’est plus son partenaire et ses Pokémon qu’il va aller retrouver, mais il a aussi envie d’envoyer un message à Nadia ou à Samson pour les emmener se promener ou faire une sortie dans les semaines à venir.

« Ne t’en fais pas, je paye. »

Dit-il simplement en esquissant un geste de la main vers la table et leurs consommations, avant de terminer tranquillement son verre.

Nuva-Eja - Aout 2025
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
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Lun 7 Mar 2022 - 11:44
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Samaël Enodril-Miyano


&&&



Comment tourner autour du pot
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avec Lioniais

Très souvent quand je parle à Lionel, j'ai cette impression qu'il estime sans doute un peu trop mon avis. Pourtant, je ne suis pas quelqu'un de vraiment important ou de très bons conseils. Je ne pensais pas l'atteindre de cette façon avec des mots car je ne juge pas que je puisse dire quelque chose de bien important. Toutefois, tant mieux si ça peut lui faire plaisir ou le flatter, car je suis sincère. Et pour quelqu'un que je jugeais négativement au départ, je suis surtout soulagé de constater ses efforts pour progresser, car il aurait pu rester au même point toute sa vie. Selon moi, il n'a pas à me remercier non plus pour quoi que ce soit. Patient, je peux l'être quand cela est utile. Est-ce que j'ai donné ma confiance à mon camarade ? Totalement, je l'ignore, mais j'ai décidé de faire un pas en avant pour améliorer notre relation, par obligation au départ et puis par envie ensuite. Jouant avec mon verre à présent vide, je glousse de bon cœur en imaginant une ribambelle d'enfants au travail. S'ils ont nos caractères, je ne vais pas promettre grand chose... Pas que je compte les ramener tous les jours non plus mais de temps à autre quand je devrai m'en occuper ils m'accompagneront sûrement, si ce sont des jours tranquilles. Je ne vais pas nier qu'il y a parfois des moments où il ne se passe rien, même si je préfère aller sur le terrain plutôt que de signer des papiers. Cela me fait chaud à la poitrine, ce genre de discussion. C'est du positif. Cela fait du bien. En dépit de ce qui se passe à l'extérieur, cela me fait dire qu'on a un peu le droit à des instants prospères de bonheur.

« Oh... Je ne déteste pas les moments avec toi. C'est quand mieux de s'entendre avec ses collègues. »

D'un signe de tête, je le remercie pour le règlement de la note. Pas que ça soit un très gros trou dans notre budget ce genre de sortie, n'est-ce pas ? Ni lui ni moi ne frôlons la précarité.

« Et comme tu dis, bientôt... Nous aurons d'autres préoccupations que sortir boire, je crois. »

Ma vie... Nos vies sont sur le point de changer. En bien, heureusement. Je peine encore à le réaliser, d'ailleurs, mais ça ne sera plus un problème quand, dans quelques années, des rires d'enfant résonneront à la maison. Et j'espère que Lionel y trouvera aussi la sérénité et l'épanouissement dont il a besoin. Il y a toutefois une chose à laquelle je ferai attention, c'est de ne pas perdre ce que j'ai avec Lionel; ou du moins, de savoir jusqu'où ça va nous mener, s'il progressera bel et bien dans le bon sens, et si je peux souffler du lien cordial que j'ai avec la deuxième personne en charge du sommet de la tour. Ce n'est pas un mauvais bougre, en soit. Il y a juste beaucoup à déterrer, sûrement.
La soirée se termine tranquillement. Les tables se vident, par conséquent le bar aussi. Mais comme il dit, j'ai hâte de retrouver les miens. Hâte de rentrer à cet endroit que je peux appeler mon foyer. Alors lorsque je le remercie encore et que nous allons chacun de notre côté, je suis du regard sa silhouette disparaître dans l'obscurité en me disant qu'il y a sûrement un avenir plus radieux qui nous attendent.
Samaël Enodril-Miyano
Samaël Enodril-Miyano
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Dim 26 Juin 2022 - 17:54
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