Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

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L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Masques (partie 3) (OS)
Lionel Roque-Lartigue

Masques (partie 3)

/!/ TW : alcool, comportement familiaux toxiques (allusions) /!/

Et donc, pour ne rien changer, c’est déjà le soir et je m’ennuie.

Normalement, Lionel ne s’ennuie pas si facilement. Quand il rentre chez lui après une journée de travail, il ne lui est pas difficile de trouver à s’occuper. Il n’a qu’à mettre la main sur une de ses consoles, quitte à regarder un anime en même temps, ou finir un peu de travail sur sa tablette. C’est une habitude vieille de plusieurs années et normalement, ça satisfait tout à fait le coordinateur. Ces  temps-ci, il y a toujours l’impression que rien ne marche. Tout l’ennuie au bout de quelques minutes et il doit trouver autre chose à faire. Ce n’est pas comme s’il n’avait pas d’idées, en plus, bien au contraire, il y a des tas de choses qu’il aurait envie de faire chez lui. Sauf que rien ne trouve satisfaction à ces yeux ce soir-là et le fan de dating-sim à aliens tsundere se retrouva à parcourir sa maison nerveusement en sentant une agitation croissante très désagréable se développer en lui à une vitesse folle. Ce qui est bizarre aussi, parce que quand il regorge d’idées, c’est plutôt réjouissant, mais, en l’occurrence, ça lui donnait juste envie de faire les cents pas et de se balancer sur sa chaise sans pouvoir se concentrer sur quoique ce soit.

Comme rien ne marchait de toute façon, Lionel céda à l’idée de sortir encore une fois vers le centre-ville. Bien sûr, en faisant ça, il ne pourrait s’empêcher de passer au bar. Il faut dire que boire le calme à tous les coups. Pour le moment, c’est encore impossible pour lui de voir ça comme une mauvaise chose ou simplement comme une forme de dépendance. En passant par les rues et les places plus fréquentées de la ville, le Roque-Lartigue eut la sensation d’être à l’aise au milieu des gens. Il ne put s’empêcher de se remémorer le fait qu’il y a à peine une semaine, c’était tout l’inverse… Se dire qu’il n’avait jamais remarqué ce genre de sensibilité chez lui le perturbait bien plus qu’il ne l’assurait en public. Enfin, bien entendu, jamais il n’avait parlé de son espèce de « crise » étrange de l’autre fois à qui que ce soit, car on lui dirait probablement que c’était un simple coup de panique de chochotte. Cependant, depuis, Lionel était devenu très vigilant et se posait beaucoup plus de questions lorsqu’il se sentait stressé « apparemment pour rien ». Ça ne lui plaisait guère. De se dire que d’un coup, son corps et son cerveau décident de lui dire qu’ils ne peuvent plus supporter certaines choses alors qu’il n’est même pas malade. Que sa nervosité semble décroître tandis qu’il entendait plus de bruit, croisait plus de monde le rendait un peu confus, mais il n’allait pas se plaindre.

Au moins, je re-fonctionne « normalement » à nouveau ! C’est peut-être que mon cerveau veut finalement arrêter de faire une scène et admettre qu’il s’est fait une montagne de peu de choses, à partir des évènements récents !

Sans se rendre compte que dans de telles conditions, il allait probablement faire des excès juste pour se prouver que « tout marche bien de nouveau », Lionel continua son chemin sous les arcades d’une démarche guillerette. De plus, ce n’est pas parce qu’il se sent de nouveau plus ou moins en forme (du moins, il en a l’impression) que cela va changer quelque chose à la manière dont il fait encore à moitié son travail. Ça, sur le coup, il n’y pensait pas, probablement trop obnubilé par l’illusion d’être soudain plein d’énergie, mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’il se reprenne un seau d’eau froide en pleine face de nouveau.

C’est dans cette étrange et improbable poussée d’énergie que Lionel s’arrêta soudain sous les arcades et plissa les yeux dans la direction d’un énergumène dont il avait déjà vu plusieurs fois la tête ces derniers temps.

« Oh ! Bonsoiiir ! »

Lança-t-il sans trop d’hésitation et avec un sourire jovial au Eriksen assis de manière improbable sur un muret et adossé à une colonne, sirotant dans son coin une pinte en tapotant sur son téléphone. Le brun, en levant son œil visible vers le grand imbécile heureux apparemment content de le voir mis quelques secondes à réagir.

« Hi. Ça va, « maître » ? »

Envoya-t-il avec un sourire narquois au coordinateur, lui envoyant assez nettement au visage le fait qu’il n’avait pas zappé la fameuse « soirée de la fourrière ». Ah, non, l’autre n’allait pas oublier comme ça que Lionel était Milicien. D’autant plus que lors de leurs discussions, Zlatan n’avait pas eu l’air d’être le plus grand fan de la Compétition et de ses sbires, bien qu’il n’avait pas formulé de réelle opinion à ce sujet.

…Zlatan, tu viens de tout gâcher. Hm.

Pauvre petit Lionel qui voulait oublier ses bévues des derniers jours au profit de la magie in-cro-yable de cette rencontre fortuite sous les arcades, c’était loupé. Même s’il sentit des sueurs froides coupables gagner sa nuque, le gosse de riche conserva tant bien que mal son sourire pour qu’il ne se change pas en une grimace crispée.

« Arhem, euh, oui, oui, très bien, très bien. »


C’est à ce moment-là que Lionel comprit bien qu’il n’allait pas vraiment mieux que ces dernièrs jours. Car, tout de même, il sait encore distinguer les moments où il ment des moments où il est sincère. Et là, il vient de dire qu’il allait « très bien » juste parce qu’il se disait que c’était déplacé de dire qu’il va mal. En réalité, il aurait peut-être préféré que l’unyssien ne sache pas pour son titre de co-chef de la milice. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas content d’avoir ce travail, au contraire, mais… en fait, il a trop honte de la manière dont il avait agi sous le titre de « Maître » ces derniers mois. Et comme Zlatan avait été gentil avec lui et que ces derniers temps c’est plutôt rare qu’on soit sympa avec lui, justement parce qu’il fait mal son travail, eh bien, le Roque-Lartigue ne voulait pas aborder ce qui aurait fait que l’autre aurait pu le voir sous un mauvais jour. Mais bon, maintenant, ça se savait. Ce qui était fait était fait, ses erreurs étaient toujours là, même s’il essaie de les oublier en conversant avec le sympathique touriste-docteur-punk-motard unyssien.

« Je… je suis vraiment navré pour l’autre fois, je ne voulais pas vous—te… te mettre des bâtons dans les roues. »

Ahaha ! Des bâtons dans les roues ! Car il a perdu sa moto ! C’était même pas fait exprès ! Euh. Arhem. Pas drôle.

Lionel, qui était encore débout devant le brun, avait fini par s’excuser d’une voix hésitante. Il avait l’impression qu’en s’excusant ici, il s’excusait d’être un peu nul comme milicien de manière générale. Peut-être que ça pouvait commencer par-là, quelque part. Enfin, les excuses, c’est bien, mais quand ça va avec des actes censés améliorer la situation, c’est mieux, dans le cas présent.

« Bah… c’est ton job. »


Oui, c’est son travail. Et ce travail, ce n’est pas de s’excuser en permanence en pleurnichant sur son incompétence, mais c’est justement de faire en sorte d’assurer la sûreté de ses concitoyen.e.s. Probablement que parler de ça est un peu bizarre aussi, maintenant qu’il y repense. Il n’est pas en service. Du coup, il ne devrait peut-être pas mélanger le privé et le boulot, enfin, c’est toujours ce qu’on dit. Faire ses excuses lui permettait au moins d’être transparent et de ne plus noyer le poisson quand il s’agit d’aborder ses occupations professionnelles. Dans tous les cas, Lionel tenta d’oublier le sourire en coin de l’autre quand il l’avait appelé par son titre de « Maître ». L’idée que Zlatan aussi se foute de sa tronche comme d’autres ne lui plaisait guère. Il ne valait mieux pas s’y appesantir.

« Euhm… et toi alors, tout va bien… ? Et ta moto ? »

Il préféra changer de sujet et enfonça ses mains dans ses poches, tapotant nerveusement du pied pour faire passer sa nervosité qui était de retour. Vu la moue que le Eriksen tira en continuant de boire sa bière, il n’avait pas de bonnes nouvelles à annoncer.

« Bof. Rien de nouveau. »


J’aurais bien voulu l’aider, moi… Mais bon.

Il n’y a pas grand monde qui y peut quelque chose, en réalité. Enfin, Lionel ne sait plus par cœur la législation pour les véhicules mis à la fourrière, mais il lui semble qu’il faut payer des amendes, des frais et aussi avoir les papiers qu’il faut. Bref, c’est pas vraiment évident à gérer quand c’était pas prévu au programme du voyage.

« Pardon... »

Marmonna le coordinateur, l’air piteux, ce qui fit relever la tête de l’écran de son téléphone à son interlocuteur. Avant de répondre, Zlatan émit un claquement de langue.

« Stop avec les excuses, je me débrouille très bien sans l’aide de la police et c’est pas ta pitié qui va la faire popper juste là. Quoique, ce serait cool, hein, mais bon. »

Le ton de l’unyssien était quelque peu irrité. Effectivement, ce n’est pas très rigolo, ce qui lui est arrivé de manière inattendue. Mais bien entendu, Lionel prit la mauvaise humeur manifeste et a franchise de l’autre pour lui.

Mais… mais… qu’est-ce que j’ai dit ? Est-ce qu’il me déteste ?


Après tout, il n’est pas habitué aux gens qui ne se gênent pas pour manifester le fait qu’ils ne sont pas très en forme ou de mauvaise humeur. Dans son milieu social, en général, on regarde de haut celleux qui se plaignent mais on n’en rate pas une pour s’épancher non plus. Lionel en sait quelque chose, c’est le premier à chouiner pour des choses pas très importantes comme son t-shirt Cutie Honey qui a rétréci au lavage. Devant l’agacement passager de l’autre, le bleu resta interdit en pinçant les lèvres et en regardant le sol d’un air penaud. En soi, Zlatan n’avait même pas l’air en colère après lui directement, d’ailleurs peut-être n’était-il même pas en colère du tout, mais avait juste le besoin de chigner un coup. Sans se cacher qu’il était un peu mal à l’aise car il ne pouvait s’empêcher de se sentir coupable, le Roque-Lartigue laissa l’autre le jauger en arquant un sourcil avant de reprendre :

« Tu voulais faire quoi ? Dire aux types de la fourrière de passer outre alors qu’on se connaît à peine ? »


Son ton s'adoucit puis il reprit son rictus habituel et Lionel eut moins l’impression de se faire bolosser. Pour le coup, il ne pouvait que plaider coupable. Sa main droite se mit à masser nerveusement son bras libre.

« Non, je… je n’y aurais même pas pensé… »


A la manière dont l’unyssien le regardait d’un air un peu blasé, même Lionel se dit que Zlatan devait clairement penser quelque chose comme « mais quel boloss ».

Je suis peut-être un boloss, mais au moins je suis un boloss qui respecte la loi… !


Persuadé que l’autre devait avoir une très mauvaise opinion de lui, Lionel se renfrogna un peu et ne savait plus quoi dire. Le Eriksen termina de vider son sac pour sa part, se parlant un peu à lui-même au passage.

« Ça m’emmerde parce que ça fout en l’air mes projets, mais, au pire, je peux aussi retourner à Cayagane. »

Comme il tendait l’oreille, Lionel se demanda si son interlocuteur avait un pied à terre à Cayagane. Peut-être des amis ou de la famille. Il aurait aimé lui demander mais vu comme avait tourné la conversation, le Roque-Lartigue devenait un peu parano et se disait qu’il ferait mieux de laisser le docteur-punk en paix car ce dernier n’avait peut-être pas envie de l’avoir encore dans son champ de vision après ce qu’il s’était passé à la fourrière. Mais en même temps, il hésitait, parce que si Zlatan ne voulait vraiment pas voir sa tronche, il ne lui aurait peut-être pas parlé de tout ça. Le soucis, c’est que Lionel ne savait pas quoi dire pour lui remonter le moral, donc, il se disait qu’il n’avait rien à faire ici.

Mais bon, en un sens… si je perdais un truc important, c’est vrai que je trouverais ça un peu bête qu’on s’excuse juste platement pour moi. Enfin, il a pas tord, ça fait pas avancer les choses, je suis un abruti, aussi.

Tout en tergiversant sans savoir quoi faire, mais en essayant tout de même de donner raison à l’autre pour ne pas faire de vagues, le bleu restait debout au milieu du chemin en continuant de tripoter nerveusement la manche de sa chemise. Il fut de nouveau tiré de sa torpeur par l’intonation posée et un peu enrouée de l’autre :

« Enfin, c’est pas grave, hein, sorry. Restes pas planté là, assieds-toi. »

Hein ? Il me déteste pas alors ?

« Euh… »

Normalement, Lionel n’hésite pas vraiment quand on l’invite quelque part. Il aime bien voir des gens et faire le con et fanfaronner pour épater la galerie. Mais ces dernières semaines ne sont pas exactement les plus « normales » de sa vie. Et en même temps, il a l’impression d’être plus à l’écoute de lui-même ces derniers temps, même si ça n’a pas l’air d’aider grand-monde. Puis, il n’y a pas que ça. Le coordinateur a plusieurs fois repensé à la manière dont il a rencontré l’unyssien et même s’il a envie de se dire que le hasard fait drôlement les choses, au fond, il sait que ce n’est pas un contact qui aurait eu lieu s’il n’avait pas eu cette crise bizarre. Il aurait passé son chemin, c’est tout, n’aurait jamais retenu le visage de Zlatan. Ça ce dernier n’est pas le genre de personne avec qui il traine d’ordinaire. A part quelques fois lors des conventions réunissant des fans d’anime, Lionel n’est jamais sorti de son cercle et même quand il essayait, ça ne marchait pas forcément, comme si la distance était trop grande. Cela est aussi à attribuer à ses habitudes de fréquentations. Il s’est conforté dans un certain mode de sociabilisation et de communication dans un milieu ou les contacts sociaux sont rarement marquants, rarement sincère. Aussi, même s’il trouve absurde de voir les choses ainsi, Lionel ne peut s’empêcher de voir l’unyssien comme « différent » des personnes qu’il côtoie le plus souvent. Et surtout, cette « différence » a quelque chose d’attrayant. Dans les rapports apparement moins faux-culs que cela induit, mais surtout, pour lui c’est une manière de fuir un peu les ambiances qui lui font plus de mal que de bien ces derniers temps. Oh, bien sûr, il a l’impression de se prendre des douches froides, de devenir un peu maso, en entendant le ton parfois cassant du Eriksen, mais… peut-être que c’est aussi ça, qu’il cherche.

« Ça m’gêne pas, je sais pas quoi faire de ma soirée, de toute façon. Enfin, tu fais ce que tu veux, hein. »

Reprit l’autre, qui avait perçu son hésitation, laissant de nouveau le Roque-Lartique abasourdi.

Mais… mais si ça le gêne pas, c’est que ça lui fait un peu plaisir, quand même ou… ?

Lionel cligna des yeux d’un air confus, puis l’arrivée d’un serveur qui lui demanda s’il pouvait prendre sa commande le fit finalement poser ses fesses sur le muret sous l’arcade et demander la même chose que ce que buvait son comparse. En commençant à boire à son tour, le quarantenaire laissa un silence s’installer entre lui et le Eriksen. Ça s’emmêlait toujours autant dans sa tête, il ne savait pas trop quoi penser de sa présence ici ce soir, du fait que tout ça avait été conditionné par ses sens qui jouaient aux montagnes russes ces temps-ci et que par conséquent qu’il était vigilant au point d’analyser le sens de chaque mot qui parvenaient jusqu’à ses oreilles. Au moins, avec l’unyssien, il n’aurait pas subir les speech habituels sur l’apparence et l’image de sa famille qu’il renvoyait. L’autre avait sûrement un point de vie très différent de ce qu’il a l’habitude d’entendre sur la Milice, le rôle des Maîtres… donc, le coordinateur était curieux. Même si, derrière cette curiosité, il y avait un espoir qu’on lui dise que le maître coordinateur (lui, quoi) n’est pas si demeuré que ça.  

« Dis-moi… »


Commença le bleu qui espérait avoir l’air de rien alors qu’il était tout sauf subtil. L’autre lui répondit par un « hm ? » et leva vaguement le regard de l’écran de son téléphone.

« L’autre jour tu disais qu’on pouvait être francs entre nous parce que y’a peu de chances qu’on se recroise, hein ? »

Bon, finalement on s’est recroisés, mais, il verra ce que je veux dire.

En entendant qu’il y avait un certain sérieux dans les mots de son interlocuteur, Zlatan finit par se redresser et plissa les yeux. Il avait l’air de se demander quelque chose comme : « mais qu’est-ce qu’y va me sortir, celui-là, encore ».

« Yeah, so ? »


Fit-il, l’air plus perplexe que d’habitude. Vu ce que Lionel lui sortit par la suite, c’était plutôt légitime.

« Tu penses quoi de la milice ? »

Il y eut un blanc de plusieurs secondes, pendant lequel Lionel vit le regard de son interlocuteur passer de l’étonnement à la blasitude. Zlatan but une gorgée puis soupira avant de reprendre, non sans envoyer au gosse de riche une moue quelque peu provocatrice.

« Huh ? De la milice ou de toi comme milicien ? »

Crotte de Vivaldaim, me voila grillé.

Être aussi transparent fit presque se vexer Lionel comme un pou. Evidemment, avec ce qui s’est passé, ce qu’on lui a dit, pourquoi est-ce qu’il poserait une question pareille.

Roh, mais si même les gens qui sont pas d’Enola, qui me connaissent à peine et qui travaillent pas avec moi me trouvent nul, c’est quand même… Pourquoi j’ai demandé ça en fait ?!

Probablement aurait-il dû juste commencer par simplement penser à bien faire son travail sans se soucier de quoi ça aurait l’air auprès d’une personne avec qui il avait à peine passé une soirée.

« Euh… Hahaha. Non, euh, en général… »

Et le pire, c’est que même en sachant qu’il ne dupait personne, il niait quand même. Autant dire qu’il tendait le bâton pour se faire taper. Zlatan entrouvrit la bouche pour répondre, puis la referma puis il sembla fixer une caméra invisible d’un air préoccupé. Avec son air de chien battu, c’était assez facile de le prendre en pitié et c’est probablement pour cette raison que le brun pris quelques secondes à chercher ses mots à la suite d’un un peu trop long « euuuuuuuh ».

« Ehm… désolé mais j’crois que mon opinion te ferait pas plaisir. Et, euh, si t’as mauvaise conscience je peux rien faire pour toi, moi. »

Ça avait le mérite à Lionel de faire ravaler son envie de se plaindre et de se faire passer pour un pauvre petit maître coordinateur incompris et maltraité. Il se sentit honteux de quémander ce type d’attention de manière tout à fait détournée à Zlatan qui avait sans doute d’autres chats à fouetter. Pourtant il avait pris la peine de lui répondre.

« Pour être parfaitement honnête, je m’en fous de tes trucs de milicien… »

Mais… mais…

Il fit la moue, ne pouvant s’empêcher de prendre un peu la mouche, ayant un peu l’impression de se faire bolosser. Mais c’est lui qui l’avait un peu cherché. Puis, quelques secondes après s’être fait « casser » et tandis qu’il sirotait sa bière, il repensa à ses mots, à pourquoi son interlocuteur avait pu le prendre de cette manière.

C’est pas parce qu’il est à peu près franc que je dois me reposer sur ce qu’il raconte pour me… c’est à moi de gérer mes problèmes, c’est vrai, qu’est-ce qu’il y peut, lui. Tu lui as demandé d’être direct, Lio, et tu as eu ce que tu voulais.

« …Mais, euh, je… »

Ce n’était pas vraiment la peine de chouiner après ça, mais, on a quand même affaire à Lionel. Chez lui, geindre, c’est presque une religion. Il avait commencé à ronchonner mais s’arrêta finalement en voyant que son voisin était en train de l’observer s’enfoncer en buvant sa bière au calme.

Hmph… D’accord, c’était peut-être un peu bizarre de poser ces questions à quelqu’un qui n’est qu’une simple connaissance, comme s’il allait me donner la réponse à tout.

« Non, ce... c’est vrai, tu as raison. Je ne devrais pas te demander ça. »

Fit-il d’une toute petite voix bien penaude, ne sachant pas si ces excuses serviront à quelque chose.

« T’aurais pas un peu mal à ton égo de maître ? »

M’enfin… pas la peine de m’enfoncer, j’ai compris…

En un sens il faut bien que ça lui  rentre dans le crâne d’une manière ou d’une autre. Là, c’était surement un peu trop « in your face » pour lui, donc Lionel ne répondit pas. A la place, il plissa les yeux, fronça les sourcils afin d’essayer de lancer un regard noir à son interlocuteur. Il n’y croyait pas vraiment lui-même alors évidemment, ça ne pouvait pas fonctionner.

« Je te vanne, sorry. Mais c’est la face que tu tirais, c’tait écrit sur ton front. C’était un peu trop tentant. »

Pfff… et après, il parait que c’est moi qui fait l’enfant !

A force, il le sait, qu’il est facile de se moquer de lui. Il a l’habitude, après tout, il n’a pas honte de son ridicule. Mais ce n’est jamais très agréable quand on entend quelqu’un se foutre de sa tronche de manière assez gratuite… bon, peut-être pas si gratuite que ça, mais, dans tous les cas, ce genre de méthodes n’est pas ce qui fera avancer les choses. Cependant, Lionel tenta quand même de jouer au plus malin et croisa ses bras en jaugeant son voisin d’arcade d’un regard suspicieux.

« Bin, quoi, tu n’en as pas, d’égo, toi, quand il s’agit de ton travail ? »


C’est tout de même un peu l’hôpital qui se fiche de la charité, venant de Lionel. Enfin, même s’il commence à se rendre compte qu’il est un gros fumiste, on ne peut pas dire que ce soit le type le plus consciencieux vis-à-vis de son travail. Sauf quand il s’agit de coordination, mais, là, ce n’est pas ce qui était remis en question. Il tire quand même de son titre de milicien beaucoup d’orgueil et n’abandonne pas l’idée d’en être à la hauteur. Mais ça, c’est aussi car il n’a pas grand-chose d’autre à quoi se retenir dans sa vie.

« Bah, non, je bosse pu. »

… Ah. Bah oui mais alors, je pouvais pas savoir et euh… euh… j’ai l’air con, là, encore ! Et puis pourquoi il est encore en train de sourire en coin avec un ton nasillard, il veut avoir le dernier mot ?


Jamais il n’avait envisagé que tout le monde n’ait pas un vrai travail qu’il aime d’amour ™ comme lui, évidemment. Mais maintenant qu’il repensait un peu à ce qui se disait depuis quelques minutes, Lionel se dit que cette conversation un peu absurde tournait un peu aux gamineries à la : « oui bah gnagnagna d’abbord j’ai raison et tu as tord et ouin et puis euh bah oui et toc, na ».

« Bah, euh, même et puis pour l’égo, eh ben, c’est celui qui le dit qu’y est… »

Quitte à être ridicule, hein.

Lionel fit volte-face vers son comparse de la soirée en se forçant à avoir l’air le plus futé. Ce dernier termina sa dernière gorgée puis ils échangèrent un regard amusé, juste avant de se mettre tous les deux à ricaner bêtement. Zlatan esquissa un signe de main

« Héhé. Ok, ok, c’est vrai. Mon égo de psy aussi emmerde des gens. Surtout mon cousin. »

Le Roque-Lartigue, qui avait tendu l’oreille, fut un peu interloqué. Le présumé docteur était donc psy. Lionel ne connaissait pas vraiment la différence entre les différents « psy », entre les psychologues, psychiatres, psychanalistes, psychothérapeutes, il ne s’y retrouvait pas. Pourtant, aller en consulter un.e des quatre ne lui ferait pas grand mal en ce moment, mais chez lui, ces pratiquant.e.s ont un peu mauvaise presse. Enfin, Lionel n’a rien contre ces gens, mais il ne comprend pas bien ce qu’ils font vraiment et comment iels arrivent à le faire. Peut-être devrait-il se renseigner, en fait. Cependant, le coordinateur ne put s’empêcher d’être interpellé par l’évocation du « cousin ». Est-ce que Zlatan ne s’entend pas avec lui ? Lionel fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté.

« Ton cousin… ? Qu’est-ce qu’il a, ton cousin ? »

Il ne put pas s’empêcher de demander des explications, au risque de paraître indiscret. Mais, en même temps, c’est l’autre qui en avait parlé le premier et de manière un peu énigmatique. L’unyssien hésita quelques secondes avant de se remettre à parler, non sans redevenir bougon.  

« Hm… rien de grave, m’fin, y m’a saoulé alors je suis parti pour bouder mais j’ai mal garé ma moto et tu connais la suite. »


C’est quand même pas de chance !

Si le ton de l’autre laissait penser qu’il préférait rire de sa situation ennuyante mais devant son récit, Lionel ne put s’empêcher d’avoir un peu de peine et de tirer temporairement la tronche. Il n’est pas vraiment bon pour détecter l’ironie donc, en prenant les propos de l’autre au premier degré, il a plus tendance à se retrouver à compatir. En voyant l’air un peu triste de Lionel, le Eriksen se sentit obligé de dédramatiser en secouant négativement la main.

« C’est pas grave, hein, ça nous arrive souvent ! Mais généralement on le fait pas en s’envoyant du caca dans la figure… »

Il y eut un blanc, le temps que les deux percutent ce qui venait de ce dire avant de se remettre à ricaner comme des bécasses. Lionel était particulièrement hilare étant donné qu’il ne s’attendait pas à ce que ce genre d’anecdote scato sorte de manière si naturelle (sans mauvais jeux de mots). En voyant Lionel se tenir le ventre en riant et en essayant de ne pas recracher sa bière par le nez ou ailleurs, le Eriksen gloussa à nouveau.

« Quoi, ça te fait marrer ? »

Son ton était faussement accusateur et ne fit que pouffer le bleu de plus belle. Il se sentait soulagé de rire un coup après le petit coup de pression et de malaise qu’il s’était pris quelques minutes plus tôt.

« Bah oui, le caca, c’est rigolo ! »

Lâcha Lionel entre deux gloussements gras. Apparemment, la bière commençait à faire un peu son effet, même s’il lui en faut plus pour être vraiment pompette. Si l’autre était plus pince sans rire, il en rajouta quand même une couche, l’air plus mélancolique que tantôt.

« Ouais, un peu, c’est fucking ridicule toute cette histoire. Et en plus, maintenant, je peux pu rentrer chez lui parce que je sais pas me garer ! »


Le Roque-Lartigue s’était calmé. Il adressa un sourire en coin compatissant à son interlocuteur, ne savant toujours pas trop quoi répondre. Zlatan se contenta de hausser les épaules et d’envoyer un regard d’excuse au quarantenaire qui venait de finir sa pinte.

« …Sorry, hein, je te vide tout mon sac alors que t’as rien demandé. »


Ohlala, j’ai vu bien pire, s’il savait… Au moins, là, on peut en rire et je ne fais pas qu’écouter en hochant la tête en ponctuant avec des rires. Pour le coup je fais vraiment très bien les rires, mais là n’est pas la question.

Sans perdre son sourire redevenu plus calme et moins crispé, Lionel secoua négativement la tête.

« Oh, non, ça va… »


Il se tut un moment, pensif et un peu attristé en se rendant compte que ça n’était pas vraiment si souvent qu’il pouvait avoir ce genre d’interaction assez naturelle avec d’autres personnes. Il ne se sentait pas surveillé à chaque mot, il ne se sentait pas obligé de sourire (il le faisait quand même, mais c’était encore par habitude) ni de jouer à l’andouille en permanence. Enfin, pour ce dernier truc, c’est vrai qu’il l’avait fait, puis il avait bien compris que le Eriksen trouvait bête qu’il se fasse plus stupide qu’il n’est en réalité. Tout ça le laissait un peu rêveur. Ça avait quelque chose d’un peu reposant, aussi, même si c’était un peu dépaysant. Il soupira sans quitter son expression nostalgique.

« Ces temps-ci, j’aimerais bien envoyer le crottin de des chevaux dans la figure de mon frère ou de mon père… »

Avoua-t-il d’une petite voix, comme si les concernés pouvaient l’entendre s’il parlait trop fort. Puis ce n’est pas très souvent que Lionel ose casser du sucre sur le dos de quelqu’un. Mais, après qu’il ait prononcé ses derniers mots, il eut l’impression de sentir temporairement un peu mieux.

En plus j’ai jamais beaucoup aimé les chevaux d’Hanson et Papa… enfin, ça me fait peur, un peu, ces bêtes, même si elles sont très gentilles, d’après Nadia. Je préfère les moutons et les vaches.

« Ah bon, mais qu’est-ce qui t’en empêche ? »

Mais dis-donc, voila qu’on m’incite à lancer des crottes sur ma famille, maintenant !

« Bah… c’est pas notre manière de communiquer j’imagine ! »

Blague à part, Lionel n’aime juste pas trop ce qui peut se rapprocher de l’agressivité envers une autre personne. Et puis, étant donné que de la violence, il en a assez eu de la part de son paternel, il veut à tout prix éviter de se comporter comme lui. Bon, après, plus il y pense, plus il se dit que du crottin frais, ça doit puer mais pas non plus être douloureux. Et s’en recevoir doit être tellement inattendu et bizarre que ça doit nous fermer le clapet pour un bon moment. Bref, le Roque-Lartigue pourrait encore en parler des heures et poser pleins de questions à Zlatan sur ce passionnant sujet, mais ça allait devenir un peu redondant.

« Mais… ton cousin t’en veut ? »


Avec ce que l’unyssien racontait et sans avoir tout le contexte, Lionel ne pouvait s’empêcher de se poser des questions et d’être préoccupé. Enfin, il comprenait rapidement que son interlocuteur devait crécher jusqu’à maintenant chez ce fameux cousin, qu’ils s’étaient disputés et donc, qu’il avait préféré aller faire un tour sur l’île en attendant que ça se tasse. Le psy ne sembla pas comprendre pourquoi l’autre avait l’air préoccupé et haussa les épaules, toujours avec un air un peu sarcastique.

« Euh… de l’avoir littéralement couvert de merde ? »


Roh, mais c’est fini, oui ?

Lionel se surprit à oser rouler les yeux en souriant en coin, s’efforçant de rester un peu sérieux. Cette blague arrivait à sa date de péremption, à force.

« Alors, oui, mais je veux dire, vous allez vous réconcilier, au moins ? »

Le brun-châtain cligna des yeux d’un air un peu confus, visiblement surpris que l’autre s’inquiète de sa situation familiale. Probablement est-ce dû au fait que Lionel n’a jamais eu une vie de famille franchement saine et n’a pas partagé de fous moments de complicité avec ses parents ou son grand frère. Il a quelques cousin.e.s qu’il aime bien du côté de sa mère, mais il ne les voit qu’une fois tous les 3 ans donc on ne peut pas dire qu’il en soit proche. En réalité, il avait tendance à « vivre » un peu au travers des histoires de famille des autres. C’est quelque chose que Shérylle lui avait fait remarquer d’ailleurs : il idéalisait totalement sa vie familiale à elle pour compenser le fait qu’il n’aimait pas la sienne mais refusait de l‘admettre. Et là, c’est un peu le même procédé pour Zlatan.

« Hein ? Non, euh, wait, c’est sympa de te préoccuper de… cpas c'que j'te demandais... »

Sans trop comprendre pourquoi l’autre rosissait bizarrement, peut-être un peu embarrassé, Lionel haussa les épaules.

« Non, pas du tout, je me sens pas obligé… mais je me dis que tu es tout seul à Zazambes et ça m’ennuie pour toi, c’est juste ça et... »


Pour le coup, ce n’était pas par principe ou pour avoir bonne conscience de dire des choses sympas à un inconnu sans rien faire une fois tous les trois mois. Il n’étaient pas proches, loin de là, mais le Roque-Lartigue (qui est aussi un peu en manque de lien social ces derniers temps), se prenait un peu de sympathie pour son interlocuteur. Zlatan recula légèrement et agita ses mains en signe de négation comme il l’avait déjà fait l’autre fois. Sauf que cette fois, en plus, il s’empourprait et bégayait en coupant Lionel au milieu de sa phrase.

« N-no ! I mean, euh, certes, mais j’ai pas besoin d’aide, hein ! T’es milicien, y’a d’autres gens à aider, hé ! »

Mais c’est un vrai tsuntsun, ma parole !

Pensa Lionel, en regardant l’autre jouer sa petite scène et s’enfoncer dans son embarras à mesure qu’il parlait. Il trouvait ça un peu drôle mais se contenta de le laisser finir avant de reprendre la parole.

« Ben, non, c’est pas ça, c’est juste que tu es sympa et que je t’aime bien alors, oui, je me pose la question de si ça va aller, quoi. »


Zlatan produit un bruit guttural qui mêlait rire et grognement de gêne et parla vaguement de la bière qui lui faisait monter le chaud au visage comme une excuse, que Lionel ne releva pas vraiment, enfin, il se contenta d’hocher la tête. Après avoir terminé sa pinte et arrêté de rougir, l’unyssien reprit :

« Enfin, euh, bref, ouais, ça va aller, hein. J’vais retourner à Cayagane, pis il me fera à manger pour qu’on discute. Y’a de la bonne viande et du bon fromage, par chez lui. C’est pas vraiment de saison mais, well. »


Ohlala, ça me fait penser que ça fait tellement longtemps que je ne suis pas allé dans ce très bon restaurant de Cayagane qui fait le meilleur bœuf que j’ai eu le plaisir de goûter. On n’a pas idée de me donner faim comme ça.


En pensant à un tel menu, Lionel soupira d’un air rêveur. Ce qui lui rappela qu’il n’avait pas mangé grand-chose ce soir. Il en oublierait presque que la famille, ça semble être sacrément compliqué pour tout le monde. Enfin, c’est évident mais Lionel a tendance à s’efforcer d’être optimiste pour atténuer la fatigue que la sienne lui engendre. Dire que c’est compliqué chez lui, c’est admettre que c’est probablement compliqué chez d’autres aussi et donc, que le problème est probablement plus large. A savoir, que si on arrête de faire plaisir à tout le monde, ça passe ou ça casse. Mais Lionel n’y est pas prêt, à ça, il a trop peur du rejet et de la détestation de gens qui… qu’il est lui-même en train de commencer doucement à détester. Mais, ça, il est hors de question qu’il se le dise. Ou qu’il le dise à qui que ce soit. C’est une des raisons pour lesquelles il avait perdu de vue Shérylle, pour ne citer qu’elle, mais elle n’était pas la seule à s’être lassée du fait que le coordinateur passait son temps dans le déni et en se forçant (et des fois il essayait un peu de forcer les autres aussi) à tout voir de manière ultra-optimiste.

Un peu perdu dans ses pensées, le Roque-Lartigue ne se rendit pas tout de suite compte qu’il avait involontairement snobbé son interlocuteur.

Roh non, on va encore me dire que j’écoute rien.

Cela dit, il tenta de se rattraper en brisant le silence.

« Hm ? Ah, oui, bon, c’est super, alors ! Tu as de la chance. »


C’est vrai, ce doit être bien de se réconcilier en discutant autour d’un bon repas. Enfin, avec ses standards au rabais, évidemment, ça lui paraissait formidable, au gosse de riche. L’autre se retourna vers lui et prit à son tour un instant pour atterrir.

« Euh, bah, c’est ok. Mais bon, on a été cons, quand même. »


Le plus âgé s’interrompit pour bâiller à s’en décrocher la mâchoire. Il se frotta un peu les yeux puis soupira posément.

« Huh. Serait temps que j’dorme, moi. »


C’est vrai qu’il avait l’air un peu assommé depuis quelques minutes. Lionel se redressa en voyant Zlatan entreprendre de se lever pour aller rentre son verre.

« Tout ira bien pour rentrer ? »


Demanda-t-il en emboitant le pas à l’autre afin d’avoir la confirmation sur le fait qu’il n’aura pas de soucis pour retourner là où il passait la nuit. L’unyssien, qui le dépassait de quelques centimètres, baissa les yeux vers lui et arqua narquoisement un sourcil.

« Oh, yeah. Je suis un grand garçon. »

Rooooh, j’ai vraiment pas le droit d’avoir quelque intérêt pour ton sort, hein, Zlatsuntsun ?


Pensa Lionel en pouffant en voyant l’air intéressant que se donnait l’autre grand idiot. Il n’est pas du genre à insister dans ce genre de situation¬¬ et se contenta donc d’envoyer un sourire apaisé à son comparse. Avant de lui dire au revoir, Lionel eut un éclair de lucidité et fouilla dans ses poches. Pas il ne sait quel miracle il trouva un stylo dans sa poche et le brandit avec un rictus triomphant sous les yeux du Eriksen qui plissa les yeux avec perplexité.

« Si tu as besoin de faire un gros trajet à Zazambes ou que tu as besoin d’aide, je te donne mon numéro, cette fois ! »


Ce n’est pas que parce qu’il a envie de lui renvoyer l’ascenseur pour la fois où ils s’étaient rencontrés, mais l’idée de lui donnait un coup de main, comme de le revoir ne lui déplaisait pas. Rendu muet par une suggestion qu’il n’attendait pas, Zlatan ricana brièvement et sortit son portable de sa poche et le tendit à son comparse qui fut surpris à son tour.

« Hé, tu sais que j’ai un phone pour le noter, aussi ? T’as quel âge, avec ton stylo, 60 ans ? »
« Roh ! Tu veux mon numéro, oui ou non ? »


Il ne prenait pas mal la réaction encore une fois un peu taquine du psy, mais préférait avoir une réponse claire, ne serait-ce que pour s’assurer que l’autre accepterait par plaisir. Bien entendu, le tsundere ne répondit pas mais lui mit quand même son téléphone dans les mains pour que Lionel y inscrive son numéro. Il en fut tout content put ranger son crayon là où il l’avait trouvé. C’est vrai qu’il n’y a plus grand monde qui note des numéros sur des petits bouts de papier pour les refiler ensuite. Sauf avec les cartes de visite, d’ailleurs, Lionel en avait mais il n’aimait pas trop les utiliser, c’était un peu « froid » à son gout. Enfin, maintenant, c’était fait.

« Enfin, voila, n’hésites pas. »

Zlatan rangea son téléphone dans la poche arrière de son jean noir et tira une petite moue.

« Hm, ouais, on verra, hein. »

En réalité, ce n’est pas certain que Lionel soit aussi disponible qu’il s’en donnait l’air, mais bon, il a tout de même quelques soirées libres en semaine. Les mains dans les poches, l’unyssien resta encore planté sur place quelques instants, puis inspira afin d’ajouter :

« Bref, bah, rentres bien aussi, hein. »

Il regarda le psy s’éloigner après lui avoir adressé un petit signe de la main et c’est ainsi que Lionel se retrouva de nouveau tout seul, bien qu’en meilleur état mental qu’avait de venir jusqu’ici. Un peu, du moins, enfin, ce court échange avait été rafraichissant même s’il lui avait parfois un peu fait l’effet d’un coup de savate dans les fesses. Globalement, ça lui faisait plaisir, cette rencontre, car cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu l’impression de se lier un peu d’amitié avec une autre personne. Si ce constat l’alarmait tout de même un peu, Lionel devait bien admettre que malgré son côté social, il ne s’entourait pas vraiment d’amis proches… la faute au manque d’occasions depuis qu’il se consacre à la coordination puis à son porte de milicien et une certaine difficulté à lier des liens naturellement. Mais, après tout peut-être bien que le coordinateur peut encore évoluer et petit à petit, finir par changer des choses dans sa vie, dans ses habitudes puis finalement dans son travail.
Zazambes - Début Juin 2024
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
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Mar 20 Aoû 2019 - 19:20
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