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Crépuscule (OS, évolution)
Lionel Roque-Lartigue

Crépuscule

Evolution de Zorin
/!/ TW : abus familiaux, shutdown/meltdown /!/

HRP : cet OS prend place quelques temps après les derniers et passe volontairement de manière assez vague sur certaines évènements de fin aout/septembre 2024. Je prendrais le temps de les relater dans d'autres OS comme je voulais un peu tester un mode de récit à plusieurs temporalités (est-ce que c'est une manière de détourner les retards d'écriture ? oui, tout à fait) !



« Non, Lionel est tout sauf brillant, vous savez… il est juste doué pour les concours… encore heureux. Sans ça, il ne ferait rien. »

…ça ne fait pas de sens.

Me dis-je, comme atterrissant après des années passé avec la tête sous l’eau. Un moment de lucidité me frappe tandis que mon regard parcourt la salle à manger et mes vitrines, et que je me rappelle une fois de plus de vieilles remarques de mes parents. Mes prix, mes coupes, mes médailles mes photos avec les autres artistes et sportif.ve.s que j’ai croisé dans ma vie. Des années de voyage et d’entrainement, de concours, des centaines d’heures passées sur scène. Pourquoi est-ce que je tiens tant à afficher tout ce parcours et ces victoires, hein ? C’est vrai. C’est peut-être mal, quand on est comme moi, quand on ne sait rien faire d’autre que se dandiner sur scène, d’exhiber ce genre de prix. C’est indécent. C’est narcissique. C’est juste pour attirer l’attention. En effet. Peut-être bien que si je demande de l’attention c’est parce que les personnes censées me soutenir ne l’ont jamais vraiment fait. Peut-être qu’au lieu du soutien et de la confirmation auxquelles mon frère a eu droit, je n’ai récupéré que les soupirs exaspérés et les regards méprisants.

Pourquoi me reprocher de vouloir être aimé ? Pourquoi me reprocher de vouloir de l’attention, de vouloir être félicité ? Oh, j’ai bien une idée de pourquoi. Car je ne suis plus un enfant et personne ne veut croiser un adulte capricieux et bruyant, qui ne sait pas se surveiller lui-même en public. Que voulez-vous, après tout, peut-être que je juge ne pas avoir pu profiter de mon enfance non plus ? Peut-être parce qu’à la moindre bizarrerie, la moindre fixation, la moindre perte de temps et d’énergie entrainée par mes lubies, j’étais puni, parfois juste frappé pour rien.

Mais pourquoi est-ce que je me plains encore ? N’ai-je pas eu tout ce que je voulais ? N’ai-je pas assez d’argent pour acheter tout ce que je voudrais durant le restant de mes jours ? C’est vrai. Tout est vrai. Y compris le fait que je me repose sur tout ce que ma situation peut m’offrir, que je me repose sur la chance que l’argent me donne pour détourner le regard des choses désagréables. C’est vrai. J’ai toujours eu la chance d’avoir le choix de tout, grâce à l’argent, grâce à ma famille. Mais surtout grâce à l’argent. A se demander si ce sont vraiment des êtres humains qui m’ont élevé. A se demander ce qui m’a le plus apporté entre eux et l’argent. Au moins, je suis rassuré sur une chose. Derrière moi, je laisserais au moins la trace d’une certaine humanité : mes concours. J’en ai la preuve dans mon salon. Peut-être est-ce pour ça que c’est si important pour moi. Il me faut des traces de ce que j’ai fait pour moi-même. Des traces, des preuves de mon existence, au moins dans l’histoire de la coordination, même si je juge qu’il ne peut pas y avoir de « meilleur coordinateur » et que je ne cherche pas à le devenir. Je me contente simplement d’honorer la scène, le public, qui m’ont simplement donné le plus beau des cadeaux : celui d’exister, de me raconter.

Lionel soupira longuement en grattant nerveusement une tâche poussiéreuse égarée sur une de ses étagères. Cela lui arrivait souvent, ce genre de rituel, avant de partir pur diner chez ses parents. Il était toujours très anxieux en anticipant ces entrevues familiales et se sentait toujours pris d’une folle envie de faire le ménage partout dans ce genre de contexte. Sauf que jamais il n’avait réussi à admettre que sa nervosité était dûe au fait de se confronter à ses parents, avant. Maintenant qu’il s’en rendait compte, cela rendait l’angoisse découlant de ces moments d’appréhension encore plus insupportable. A chaque fois avant et après ces repas, il se questionnait beaucoup trop, doutait de tout ce qu’il avait fait jusqu’à ce jour et de ses convictions. Il en faisait trop, ça, le bleu le savait bien et en plus, il était incapable de se raisonner ou d’avoir de la mesure dans toutes ces idées noires.  Mais, s’il n’allait pas à ces repas de temps en temps, cela allait devenir suspect. En plus, ce jour-là, il se sentait prêt à annoncer ses procédures administratives récentes pour l’adoption. Sauf que Lionel avait un mauvais pressentiment en se projetant vers la manière dont réagiraient Sixtine et Agamemnon sur la question. C’était rare (quoique, de moins en moins) qu’il ose prendre une décision qui va à l’encontre de l’avis de ses géniteurs, mais, il l’avait fait. En soi, c’était sa vie, rien ne l’obligeait à passer aux aveux. Sauf que c’était important pour lui, de faire ce pas en avant, d’affirmer cette décision et par ce biais, leur rappelait qu’il existait. Car il voulait vraiment être parent et ne voulait plus perdre un temps précieux en années qui pourrait l’empêcher de vivre pleinement cette expérience.  

Fatalement, l’heure tournait et il devait s’en aller pour Vanawi sans plus tarder. Lionel ne manqua pas de remarquer que certain.e.s de ses alliés avaient l’air un peu préoccupés de le voir partir de chez lui avec une mine un peu sombre. En leur promettant qu’il ne rentrerait pas dans trop longtemps et que tout devrait bien se passer, Aegis et Damoclès furent tout de même aux petits soins avec lui jusqu’à ce qu’il soit parti, non sans que le stress lui pèse. Sans dire qu’il avait mauvaise conscience de se forcer et avait l’impression d’être injuste de ne pas être très en joie en vue de son repas en famille.

Lionel ne sentit totalement à côté de ses pompes, presque comme hors de son corps dès qu’il arriva chez Sixtine et Agamemnon. Il avait l’impression dérangeante d’assister à tout ce qui se disait et d’entendre toutes les paroles qu’il prononçait comme s’il était un spectateur extérieur à la scène et invisible. En un sens, c’était vrai. Il n’avait pas envie d’être là. Et il avait envie de tout laisser tomber, de ne rien dire au sujet de la procédure d’adoption, de peur de se sentir encore plus mal. Mais s’il laissait tomber, il serait réellement venu pour rien à cette fichue réunion.

La seule qui avait l’air vraiment contente autour de la table, c’était Sixtine. Encore que Lionel n’avait jamais bien réussie à savoir quand sa maternelle était sincère ou non. Même Agamemnon et Hanson avaient l’air de faire acte de présence plus qu’autre chose. Enfin, ils parlaient affaire et devaient pensait que cela « rentabilisait » le temps perdu dans ce genre de repas.

Je devrais prendre des notes histoire d’avoir un pense-bête. Comme ça, si je finis par adopter, je saurais exactement dans quels travers ne pas tomber pour qu’il n’ait pas à souffrir de ce genre de contextes familiaux malaisants.

Maintenant qu’il y repense et même si c’est un peu tard pour se plaindre, Lionel se disait qu’il aurait aimé avoir plus de proches qui se seraient contentés d’être sincères entre elleux, au risque de se prendre le bec, tant qu’ils ne se voulaient que du bien. Plutôt que d’écouter son père compenser en parlant d’honneur familial, de situation sociale et de privilèges qui ne l’obligent pas (enfin, si, mais visiblement c’était trop lui demander) à payer ses impôts, et sa mère se cacher derrière des sourires faux et d’agréables banalités rassurantes. Mais il préférait largement entendre les banalités de Sixtine sur la météo et la fois où elle avait rencontré son amie Celestine De Bonnefoy en dégustation de vin chez Latourelle-Mazurier. Bref. Un repas en famille comme les autres chez Roque-Lartigue. Dans tout ça, le cadet aux cheveux bleu-verts s’était contenté de placer ses « oui oui » « oh eh ben alors » « c’est génial » « époustouflant » « oh ben je comprends » de manière stratégique pour ne pas trop attirer l’attention. Mais malheureusement, il faut croire qu’il ne se forçait pas assez aux yeux des autres et que pour cela, on revint finalement le chercher par le fond de la culotte.

« Et toi Lionel ? »

Le regard de Sixtine et celui des autres personnes présentes à table venaient de se fixer sur le cadet Roque-Lartigue qui manqua d’avaler ses haricots de travers. Pris de court (quoique pas vraiment étonné), il répondit par un « Hein ? » qui ne lui donna pas l’air très malin et donnait déjà l’autorisation à son paternel pour se foutre de lui.

« On ne t’entend pas beaucoup en ce moment, pendant nos repas ! Normalement on ne peut pas t’arrêter. »

Ça, il ne pouvait pas donner tord à Sixtine. Il y a des dizaines d’endroits où il aurait préféré être en ce moment, à commencer par sa plage à s’entrainer avec ses alliés ou dans son lit en train de faire la sieste en cajolant Zlatan. Enfin. Si sa mère avait un talent fou pour les sourires faux, Lionel avait beaucoup appris d’elle et ses rictus hypocrites pouvaient être tout aussi réussis.

« Oh, pardon, Maman, j’avais juste la tête ailleurs. »

Répondit-il, tout sourire, afin de se donner l’air le plus serein et de bonne foi possible. De l’autre côté de la table, Agamemnon lâcha un rire narquois en se resservant de vin. Le patriarche regarda son fils cadet en coin sans perdre son rictus moqueur, l’air de dire « ah, formidable, mon abruti de fils artiste cause, on va bien se marrer ».

« Comme c’est surprenant… »

Pour sûr, son paternel n’avait aucune considération à son égard. Pourtant, Lionel continuait d’être blessé et déçu par l’attitude du septuagénaire au crâne dégarni à son égard. Comme s’il espérait encore quelque chose de la part de ce vieux réac. En entendant l’ironie évidente dans les paroles de son père, le coordinateur sentit tout son corps se crisper et son regard dû s’assombrir en regardant Agamemnon, car ce dernier se mit à  lui rire au nez de plus belle.

« Cesses un peu de me faire ces yeux là. Tu n’as aucun humour. Pourtant tu es bien content quand tu peux amuser la galerie… au dernier rallye mondain tu… »

Quoi, le dernier rallye mondain ? Je n’ai plus le droit de rigoler un peu avec Marlène et Robert Rosebury, maintenant ?


C’est ce qu’on lui demande de faire, en plus, de sourire, de faire joli sur les photos et d’être agréable avec les invités. Lionel serra les dents sans savoir quoi répondre. La répartie, ça n’a jamais été son fort, malheureusement. Ce n’est pas nouveau qu’en mauvaise posture, le milicien est surtout bon pour se taire et faire l’autruche.

« Aggy, voyons, ne te moque pas, ce n’est pas de sa faute ! Tu sais bien que c’est sa manière d’être, il est juste gentil… »

Même si elle devait avoir l’impression d’être réellement du côté de son fils, Sixtine ne l’épargnait pas vraiment non plus. Mais, rendu là, c’était encore la routine à laquelle Lionel s’était habitué durant la plus grande partie de sa vie. C’était douloureux, mais ce n’était malheureusement rien d’ « anormal » chez les Roque-Lartigue. Donc, en se sentant blessé, Lionel ne pouvait que s’imaginer qu’il l’avait bien cherché ou qu’il était trop sensible. Quoique, depuis quelques temps maintenant, il commençait à se dire que quelque chose clochait dans sa manière de toujours être celui qui se sent mal, même quand c’est lui-même qui est agressé.

« Tu es trop douce avec lui, Sixtine, je te l’ai déjà dit… »


Oui, bon, ça, c’est encore à voir, hein…

C’est vrai que Sixtine était « douce » dans une certaine mesure. Mielleuse, même, à un point où on s’interroge sur ce qu’elle doit vraiment penser derrière cette amabilité de façade. Aussi, elle avait cet air de prendre peu de chose au sérieux, mais n’était jamais bien loin pour faire des reproches déplacés.

On m’a souvent dit que j’étais le portrait craché de ma mère, à la fois dans l’apparence que dans notre manière d’être. J’imagine que c’est assez vrai.

Il se dit souvent que c’est mieux ça que de ressembler à Agamemnon. Il a toujours été difficile pour Lionel de réellement en vouloir à Sixtine. Contrairement à son père et malgré la fausseté de sa mère, le coordinateur n’a jamais réellement eu l’impression que l’ancienne femme d’affaires lui voulait du mal.

« Allons, allons, on ne va pas se disputer ! »

Au moins, il n’avait pas l’air d’être le seul à avoir un tant soit peu envie que ce repas se passe à peu près bien et sans que personne ne reparte avec la boule au ventre. Quoique, pour le coordinateur, c’était déjà foutu : il était écœuré par son poulet aux baies. Mais bon, comme on lui demandait de raconter un peu sa vie (enfin, par là, on lui demandait de donner des nouvelles de son métier de Maître, surtout pas de ses concours), le milicien finit par répondre, en essayant d’être de bonne foi.

« Hm… je suis juste très occupé ces derniers temps avec le début de la saison. Et puis il y a beaucoup de patrouilles à faire en ce moment, entre les Anarchistes et le Monarchistes, la situation est un peu complexe à gérer. Heureusement, on a de bons médiateurs et… »

Le bleu fut interrompu par son père qui s’éclaircit la gorge de manière sonore.

Ah, super, je crois que Papa a un avis beaucoup plus pointu que le mien sur la question. Après tout, c’est comme s’il les avait faites à ma place, les patrouilles et les échanges avec les autres groupes, alors, quelle importance !

« Tu sais ce que j’en pense des médiateurs, moi ? Qu’ils ne nous servent à rien. Avec une bonne petite raffle on en parlerait plus, de ces agitateurs. Avec l’école de la bienpensance qui montent au créneau et va même défendre des prisonniers, en plus, ça nous a fait de la place pour les garde à vue… »

Evidemment… La violence, c’est tout ce que tu connais pour régler les petits désagréments.

Lionel tenta de ne pas le laisser paraître, mais il était franchement choqué par les propos que tenait Agamemnon. Pas qu’il était franchement surpris, mais, ça n’empêchait pas la violence des propos prononcés par le vieux dégarni de le heurter. Ce n’est pas non plus nouveau, après tout, Agamemnon avait bien supporté les méthodes du Régime, à l’époque. Comme d’habitude, personne n’allait oser dire quoique ce soit au patriarche. Pourtant, Lionel osa se manifester, probablement car il avait tout de même la certitude de mieux être informé sur le sujet que son paternel (en même temps, ce n’est pas très difficile).

« Enfin, Papa, non… c’est… tu ne peux pas dire que… »


On est plus au temps du Régime ni dans les années 40… Et je connais mieux ces détails diplomatiques que lui, quand même. C’est facile à dire quand on vit tout ça de loin et qu’on n’a pas à être sur le terrain et vivre des situations aussi tendues… Si on avait pas recours à des méthodes de médiation, on tomberait en pleine guerre civile à nouveau, mais, ça aussi, il s’en fiche, j’imagine ?

Les yeux d’Agamemnon auraient pu le fusiller sur place. Lionel n’était pas rassuré, mais plus que ça, il sentit que tenter de débattre était totalement inutile. Il n’était pas venu manger chez ses parents pour se faire engueuler comme un mal propre (enfin, avoir droit aux moqueries n’était pas franchement mieux) ni… franchement, dans ce genre de moments, il se demandait ce qu’il fichait encore installé avec eux autour de cette table. Plutôt que de continuer, Lionel parvint à simplement se resservir de vin sans s’excuser platement comme il avait la sale habitude de le faire. D’ailleurs, cela semblait agacer l’autre vieux réac d’être snobbé de la sorte. Bizarrement, le milicien ne trouva pas a sensation de victoire qui l’envahit désagréable du tout, sur le moment. Ça lui donnait du courage pour la suite.

« Laissons un peu de côté les sujets trop politiques ! Un repas en famille, c’est fait pour se détendre, après tout ! »


Sixtine n’aimait pas vraiment voir les gens débattre de sujets « trop sérieux » ou « trop politiques », surtout si le ton était amené à monter. Le silence revint autour de la table. Agamemnon marmonnait dans son coin et Lionel était content de constater qu’il articulait de moins en moins clairement à mesure que son âge progressait et ainsi, se ridiculisait. Il se demanda même depuis quand ce vieux chauve avait l’air aussi minable. Ce qui ne lui retirait pas son côté violent. En savourant encore sa minuscule victoire (ou peut-être était-ce son troisième verre de vin en cours) le coordinateur se sentit envahi d’un élan de bravoure soudain. C’est ainsi ce qui lui tournait en boucle dans la tête finit par sortir de manière tout à fait naturelle au beau milieu du silence pesant qui avait envahi la salle a manger.

« J’ai lancé une procédure d’adoption. »

Son ton était bien plus assuré qu’il ne le pensait. Il se tendit de nouveau s’attendant tout de même au pire. Pourtant, le plus important à ses yeux à ce moment-là était de ressentir que cette décision qu’il avait prise lui tenait réellement à cœur. Lorsqu’il avait revu Shérylle, le bleu avait déjà pu ressentir ça et s’était senti légitime d’avoir démarré ce procédé. Il était extrêmement sérieux en prenant cette initiative et pourtant, ce n’est pas ce que ses parents avaient l’air de penser en le dévisageant comme s’il avait fait une mauvaise blague.

« Une adoption… pour… ? Auprès d’un éleveur, j’imagine ? »

Sixtine avait vraiment l’air à côté de la plaque. Elle n’était pas choquée mais avait l’air quelque peu inquiète pour son cadet. Lionel sirotta un peu de son vin tout en répondant à sa mère.

S’il faut le dire plus clairement, alors…

« Non, non, une procédure d’adoption pour adopter un enfant. »
« Et le voila reparti… »


Si le paternel essayait encore une fois de faire de l’ironie pour se moquer de son fils cadet, Lionel pouvait sentir sa crispation. Evidemment qu’Agamemnon était totalement contre, il n’avait même pas besoin de le dire clairement, ça se lisait à sa grimace dégoûtée. Le milicien tenta d’ignorer le fait que l’attitude de son père lui faisait mal au cœur et s’apprêta à continuer, sans compter sur Sixtine qui allait en remettre une couche afin de l’infantiliser encore plus.

« Tu aurais pu nous en parler avant, mon petit Lion… »

« Mon petit lion »… j’ai 40 ans. Et pourquoi leur en parler avant, à part pour qu’ils m’en dissuadent ? Je suis assez grand pour savoir quand est-ce que je me sens prêt à commencer ces procédures.

Lionel tenta de respirer profondément pour ne pas se décomposer et perdre le début d’assurance qu’il avait presque réussi à prendre.  

« Et puis adopter tout seul, c’est un peu… enfin, tu sais ce que les gens disent des hommes de ton âge qui adoptent seuls. »

Le coordinateur demeura quelques instants silencieux. Oui, ça, il avait déjà entendu d’horribles amalgames au sujet des hommes qui adoptent seuls, sans parler de certains propos franchement sexistes ou mysogynes. Il n’avait aucune envie d’en débattre ni d’y penser et décida donc de jouer au plus con.

« Non ? Que disent-ils ? »

Son sourire le plus candide fit rabattre leur caquet eux deux septuagénaires. Après un nouveau silence insupportable de plusieurs longues secondes, ce fut une fois de plus Sixtine qui repris la parole. Sa main se posa sur celle de son fils qui aurait préféré être prévenu avant qu’on ne le touche ainsi.

« Ecoutes, ce n’est pas grave, reviens avec nous aux rallyes, on pourra certainement te trouver quelqu’un qui voudra partager ça avec… »


Hah. Alors ça, c’est très drôle.

Annoncer qu’il était déjà avec quelqu’un en ce moment, que ce quelqu’un était un homme et que ce qu’il ne comptait pas adopter en couple, ça serait certainement un peu trop d’un coup. Cela ajoutait à l’absurdité de la situation et de ce que lui disait sa mère. Il avait vraiment l’impression d’avoir vécu sur une autre planète pendant les trois quarts de sa vie mais que ses parents, pour leur part, étaient toujours sur une autre fréquence franchement lointaine de la réalité.

« C’est gentil, Maman, mais j’ai décidé de faire ça seul. »


Lionel ne put retenir un bref rire nerveux. Il retira sa main de celle de sa mère qui la serrait un peu fort à son gout.

« Mais enfin… ! »

Sixtine avait l’air sincèrement décontenancée. La matriarche dévisageait son fils comme si elle avait du mal à le reconnaitre ou comme si on lui faisait un canular (bientôt, elle partirait chercher la caméra cachée). Même si l’envie de rappeler à tout le monde qu’il était assez grand pour prendre ses décision, le coordinateur se disait surtout qu’il avait eu sa dose, qu’il avait essayé, mais que les réactions de ses parents n’étaient pas celles qu’il espérait.

Je ne sais pas ce que j’espérais, en réalité.


Probablement qu’on lui donne raison en ce qui concerne les mauvais pressentiments qu’il avait depuis plus d’un an au sujet de ses géniteurs. Cela lui retirait quelque poids sur la conscience mais pour le moment il se sentait surtout très mal à l’aise et très heurté par les réactions qu’on lui balançait à la figure. L’infantilisation ou le mépris, au choix. Si devant de tels retours, Lionel se sentait plutôt mieux vis-à-vis du fait d’avoir commencé à se fier à son propre jugement ces derniers temps, l’absence de considération de ses vieux n’était pas moins blessante.

« Ecoutes, laisses-le faire, si c’est ce qu’il veut, d’en avoir un qui va devenir comme lui… »

Au moins il ne deviendra pas comme toi…

Lionel tenta de rester impassible mais n’en pensait pas moins. Qu’entre toutes les personnes qu’il connait, ce soit Agamemnon qui s’apprête à donner son avis comme si le principal intéressé n’était pas à quelques mètres de lui, c’était la goutte de trop.

« Ça lui fera les pieds de voir qu’élever des gosses c’est pas vraiment aussi facile que de faire le mariole dans un hall de coordination… »


Les propos de son père étaient impossible à ignorer. La confiance que le bleu avait réussi à prendre ces derniers mois était en train de s’effondrer sous le regard suffisant de son paternel qui termina son assiette comme si ne rien était. Le poing de Lionel se serra fort sur la table, ses phalanges pâlirent et le quarantenaire tenta de garder son calme en portant son autre main à son verre de vin. Il avait baissé les yeux, comme d’habitude, mais releva doucement le regard, avec l’envie irrésistible de jauger méchamment son père et de lui sauter à la gorge. Il avait envie de se mettre à sanglotter bruyamment, aussi. Et surtout, de partir sur-le-champ. Même s’il détestait la violence, au bout d’un moment, Agamemnon dépassait les bornes et savait pertinemment qu’il poussait son cadet à bout afin de mieux asseoir sa domination. Mais ce fut le regard d’Hanson, aussi nerveux que lui, qu’il croisa en premier. Ce dernier semble lui intimer, non sans être franchement mal à l’aise lui-même, de s’apaiser, sans la moindre condescendance apparente. Au moins son grand frère avait plus ou moins l’air de ne pas être contre lui, ce coup-ci. Lionel ne commençait à ne voir en son paternel qu’un minable, mais pourtant, il ne pouvait rien lui dire. Sa gorge était trop serrée pour qu’i puisse réagir et lui dire quoi que ce soit et probablement était-ce mieux ainsi.

J’en ai assez fait. Je n’étais pas sûr que tout cela servirait à à quelque chose et j’avais malheureusement raison. Ils se fichent bien de mon bonheur. Alors pourquoi connaître leur avis est toujours aussi douloureux ?!


Le bleu se tut jusqu’à la fin de repas, ignorant le regards en biais victorieux d’Agamemnon qui pensait l’avoir remis à sa place. Oh, non, il l’avait juste fait taire comme il l’a toujours fait, en le rabaissant. Si Lionel n’avait pas passé l’âge il se serait simplement fait envoyer dans sa chambre après s’être reçu une baffe. Le résultat était le même.

Ce n’est pas comme si on avait pas tenté cent fois de me prévenir que ça ne servait à rien d’essayer.

Lionel se rappela ce que Shérylle lui disait, du nombre de fois où elle avait tenté de l’avertir ou de tirer des signaux d’alarme. Autant de fois qu’elle avait essayé, il l’avait repoussée ou ignorée. Pas étonnant que ça n’ait pas pu continuer longtemps entre eux. Mais les choses allaient être différentes, désormais. Lionel avait une idée d’où aller, de ce qu’il voulait vivre et explorer par lui-même, sans l’aide de ses géniteurs. Et quand il voit qu’il a pu lancer ses procédures, qu’il peut encore s’améliorer dans ses relations avec d’autres en apprenant à écouter, il commence finalement à se dire après des années d’hésitation que, oui, il trouvera mieux ailleurs. Il avait déjà trouvé mieux ailleurs, ne serait-ce qu’avec son travail de maître ou dans sa relation avec Zlatan, même si ce n’était pas simple tous les jours. Mais, Lionel avait compris que c’était le jeu, que quand on tient réellement à quelqu’un ou à quelque chose, il faut accepter d’affronter certaines difficultés. Ce n’est pas que choisir la facilité ne lui donnera jamais rien, mais, ce qui est certain, c’est que ce n’est pas comme ça qu’il pourra avancer.

Comme le silence était retombé sur la table et que tout le monde avait fini son assiette, Sixtine repris la parole, confirmant qu’il ne fallait pas réaborder ce sujet de l’adoption de Lionel.

« Qui veut du dessert ? »


Oh, eh bien, s’il n’y a que ça pour qu’ils ne l’ennuient plus avant qu’il ne reparte chez lui, Lionel en prendra, du dessert. Cette dernière partie du repas lui sembla interminable mais le milicien parvint quand même à éviter de rester jusqu’à l’heure du thé en inventant une excuse du genre « ah ohlala, Sirius a besoin de moi pour une formalité administrative vraiment très importante je dois y aller bisous ».

Pour Lionel, la meilleure manière de se vider la tête après le très mauvais moment passé chez ses parents était de s’entrainer un peu avec ses alliés. Comme il le lui avait promis, il appellera aussi Zlatan, mais, plus tard. Même s’il se doutait que son copain allait lui demander si le repas s’était bien passé, le coordinateur craignait de l’ennuyer avec ses histoires de famille et il avait aussi un peu mauvaise conscience de n’avoir rien dit au Eriksen au sujet de l’adoption. C’est bête, mais il craignait que l’autre se mettre une pression supplémentaire avec cette histoire ou s’imagine que Lionel attendit quelque chose de lui à cet égard. Enfin, ça restait bizarre de lui cacher ça donc il lui faudra passer aux aveux. Certainement en ce qui concerne ses problèmes familiaux (et surtout avec Agamemnon) également, même s’il ne savait pas s’il était prêt à tout raconter. Puis il appréhendait toujours un peu que son unyssien favori pense qu’il le prend pour son psy, ou même que ce dernier lui dise qu’il avait besoin de consulter (pas qu’il aurait tord).

Enfin… tout ça pour ça.

Probablement qu’il lui faudra quelque temps pour bien digérer tout ce qu’il s’est passé et se sentir un peu plus libre (et moins déprimé). En voyant qu’il n’était qu’à moitié « là » pendant leur entrainement, Aegis et Damoclès étaient un peu inquiètes et incitèrent leur ami à se reposer. Comme cela faisait plusieurs heures qu’il se braquait et ne trouvait plus la force de donner des consignes claires à ses Pokémon, le fait de ne pas réussir à bien guider l’entrainement frustra Lionel jusqu’aux larmes. Il se sentait encore plus stupide de pleurer pour « si peu de choses » et la sensation de n’être qu’un bon à rien n’arrivait pas à partir de son esprit. Dans ce genre de moments, il se disait que Zlatan avait bien fait de repartir à Unys temporairement, car il ne méritait clairement pas que l’autre se soucie de son existence à l’heure actuelle. Les Pokémon ne savaient pas quoi faire pour que leur humain se calme mais ce fut Gandiva et Draupnir qui décrétèrent qu’il avait certainement besoin d’un peu d’espace et d’être au calme pour le moment.

Il sembla au bleu que des heures passèrent avant qu’il ne soit assez calmé pour sortir de son bureau où il s’était enfermé pour regarder des passages tristes de ses anime favoris (bah, oui, c’est cliché, mais ça marche souvent assez bien). Le soleil avait effectivement baissé à l’horizon et quelques un.e.s de ses alliés étaient toujours en train de s’ébattre sur le sable. Moloch et Draupnir étaient en train d’observer Zorin le Farfuret et Shamshir le Kungfouine en train de jouer à se battre, enfin, ils essayaient de chorégraphier un peu leurs mouvements. Au moins, ils s’amusaient, car leurs bagarres pendant lesquelles ils envoyaient parfois des attaques spéciales ne ressemblaient pas à grand-chose et leur objectif principal semblait d’être simplement de finir par se rouler par terre. Tandis que la nuit tombait et que Zorin était en train de griffer le vide en accentuant ses mouvements de manière dramatiques, Shamshir sursauta et paniqua l’espace d’un instant de voir son partenaire de jeu favori se mettre à briller pour évoluer en Dimoret. Le Pokémon glace s’observa, encore éberlua et fut tout de suite encouragé par son ami de type combat pour aller défiler devant tous leurs alliés et obtenir des félicitations de la part de leurs senpai de type tenèbres et de Lionel qui était tout de même ravi  de voir deux de ses plus jeunes ami aussi heureux. Son téléphone se mit aussi à sonner à ce moment-là et le coordinateur s’empressa donc de répondre pour parler un peu avec Zlatan de sa journée. Sa vie avait clairement pris une nouvelle direction ces deux dernières années, néanmoins, malgré les difficultés rencontrée, Lionel ne souhaite plus qu’il en soit autrement.
Octobre 2024 - Chez les vieux/Chez Lionel
Lionel Roque-Lartigue
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Mer 11 Déc 2019 - 15:03
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