Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

Demandes de RPs et liens
Cendrée
cherche un.e partenaire pour un RP ou un défi.
Arthur, Zelda et Bartholomew
sont dispo pour de nouveaux RPs !
Pseudo
cherche ...
Pseudo
cherche ...
+ pour afficher vos demandes, contactez le staff !



Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Family issues 2 (OS)
Lionel Roque-Lartigue

Family Issues (Partie 2)


/!/ TW : mentions de dépression, problèmes d'addiction, comportements auto-destructeurs /


17 Septembre 2025 - Unys - Zlatan

Pour un mois de septembre, je trouve le jardin de la maison encore assez fleuri. Unys est une région plutôt nordique par rapport aux reste des USA, après tout, mais il reste quelques pousses surtout dans le potager, si j'en crois le fait que maman en train s'occupe de récolter ses légumes. Même si son audition fait des siennes depuis quelques années, je crois qu'Helène avait entendu arriver le taxi comme elle n'est pas spécialement surprise de me voir lorsque je passe la clôture du jardin. Damn, que ça fait du bien de se retrouver ici, d'un coup (et je ne dis pas ça parce que j'avais hâte de revoir les 12 chats et les 3 Miaouss de ma mère). Je ne me rendais pas compte avant d'arriver à l’aéroport du bien que ça fait de retourner « à la maison ». Enfin, c'est la maison de maman. Je n'ai plus d'appart depuis que j'ai rendu le mien un mois avant d'aller à Enola. Quel moi ça a avait été, d'ailleurs... un très mauvais mois pour Helène comme pour moi, même si je sortais finalement bien de désintox (changer de psy avait aussi été un très bon choix, mais passons). Bref, ce n'est pas que je n'étais pas bien chez Soltan ou chez Lio, hein, au contraire. Mais bon, ça reste pas « chez moi » ni des endroits où j'avais mes habitudes. J'en avais besoin et je ne regrette pas, mais revoir Helène me refait un certain coup au cœur. Même si on s'était plusieurs fois parlé en visio quand j'étais là-bas, j’appréhendais nos retrouvailles « physiques ». Pourtant, elle est toujours la même. Elle a encore coupé ses cheveux qu'elle a porté long très longtemps et qui sont passé du blond au gris depuis quelques années et son regard ne change pas, il est toujours aussi doux et malicieux à la fois. Voila, je souris comme un gros niais lorsqu'elle franchit les mètres qui nous séparaient encore et m'enlace, sa tête reposant contre mon torse me la fait paraître petite et  ça m'a toujours fait étrange de le constater. Enfin, ce n'est pas parce qu'elle se tasse qu'elle ne pourrait pas toujours m'étaler facilement avec quelques coups (pas qu'elle soit violente, hein, je plaisante, me faites pas dire ce que j'ai pas dit, laissez moi juste dire que ma môman est badass, une fois, hé). Rien que la prendre dans mes bras, ça me donne l'impression d'être reposé, probablement parce que l’appréhension retombe. Enfin, pas complètement, car je sais qu'on va reparler de certains problèmes à un moment où à un autre. Mais, pour le moment, je me sens bien et en sécurité. Brownie, le vieux chartreux de ma mère qui est aussi le plus câlin vient également me voir en miaulant de manière fort sonore et se frotte contre mes jambes, s'accroche à mes Santiags en grognant, espérant avoir des câlins lui aussi. Je précise que c'est vraiment le seul à être comme ça avec les humains ici.

Tandis que je me baisse pour prendre Brownie qui ronronne dans mes bras, ma mère remarque que je n'étais pas parti très chargé et je suis presque fier de lui dire que Soltan m'a filé des vieilles chemises à lui. Elle soupire en levant les yeux au ciel sans faire plus de commentaires. Oui, certes je pourrais m'acheter mes vêtements tout seul à mon age (mais euh, ça m'arrive, c'est juste que c'est cher et j'ai pu trop de thune depuis mes tours en rehab et mon voyage, je vous jure qu'en dehors de ça je suis plutôt économe, hein...), m'enfin je digresse à nouveau, là. Je suis Helène jusque dans la cuisine où elle chasse Zucchini, l'une des 5 chats de gouttières et Pumpkin, le petit rouquin d'à peine 2 ans, de la table puis met de l'eau à chauffer pour du thé. Je n'ai pas envie de m'asseoir si elle est debout mais je l'entends déjà me fustiger de ne pas me reposer... c'est pas moi qui ait le plus besoin de repos, hé. Je me suis endormi au moins 3 fois dans l'avion alors que j'essayais de rester éveillé, donc niveau sieste, j'ai ma dose. Je sens que mon sommeil va être un chaos infâme dans les prochains jours, mais bon, j'ai l'habitude. Enfin.

A force de digresser le thé est prêt et nous passons sur la terrasse où le soleil est agréable. Les jumelles Macaroni et Cheese et la vielle Nugget ont bien entendu capté qu'on mangeait des biscuits et commencent à réclamer de manière sonore. Franchement, je suis à peine revenu que je suis de nouveau habitué aux piques assiettes qui grimpent sur mes genoux pour essayer d'attraper les petite gâteau. Je regarde autour de moi sur la terrasse et voit que Maman a ajouté d'autres pots de fleur ça et là et quelques arches qui devaient être plus fleuries il y a quelques mois. Au moins, j'imagine que je n'ai pas à m’inquiéter du fait qu'elle ne s'ennuie pas trop toute seule dans son coin (enfin avec ses chats, quand même), car en plus elle me raconte que ses amies étaient là il y a encore quelques heures. Est-ce que j'aurais pas un peu mauvaise conscience... ? Hem... si, totalement. Et j'ai peur que maman le sente car je ne veux pas qu'elle pense que je suis là juste pour me racheter de quelque chose. Certes, ce n'est pas faux, je suis  aussi là pour ça car je m'en veux pour ce qui s'est passé avant ma désintox et je ne vois pas vraiment d'autres moyens pour... bon sang, je me suis déjà excusé des tas de fois, à force, c'est pathétique, je ne peux pas continuer de faire mes yeux de merlan frits comme un gamin et faire du zèle en espérant qu'on me dise « tu es pardonné je peux mourir heureuse ». Ouais, dit comme ça, ça sonne vachement mal. Mais j'ai jamais dit que j'étais malin. Enfin, si, je le dis souvent que j'ai toujours raison m'enfin faut être un peu bouché pour croire que je le pense vraiment et que je ne compense pas.

Dammit, je pensais au moins passer un jour ou deux sans m’obséder sur ce sujet qui fâche avant de formuler les choses proprement, après y avoir un peu mûrement réfléchi et... ah, ce n'est pas très réaliste, tout ça, hein ? J'ai beau parler du jardin et transmettre le bonjour de Soltan à maman, je n'arrive plus à penser à autre chose. Je suis trop con, je ne suis pas prêt à avoir cette conversation et probablement que jamais je ne le serais et je ne pourrais probablement pas me pardonner de... je sais, que ce n'est pas le pardon de ma mère, que j'attends, au final. Ce n'est qu'un argument car je ne peux pas me pardonner, moi, de pleins de choses mais principalement d'être « trop faible » pour ne pas retomber dans l'addiction. Pas comme si le psy m'avait dit des tas de fois que je resterais dans ce cercle vicieux tant que je penserais que me punir est la solution à tout. M'enfin... est-ce que c'est pour ça que je suis là ? Pour attendre une quelconque punition... ça paraît stupide, je n'ai plus 5 ans, et pourtant, quand je suis en face de ma mère je ne peux pas m'empêcher de faire le gamin, c'est ridicule.

« Tu es resté là-bas drôlement longtemps. »


Je sens que je commençais à tourner autour du pot en parlant de mon trajet en avion et du jardin quand ma mère a fait cette observation. C'est vrai, oui. J'ai clairement un truc sur la conscience car j'en deviens parano et j'ai l'impression qu'on me fait un reproche.

« Ouais. Désolé. »


Idiot. Arrêtes de donner la truite pour qu'on te frappe avec. Penaud, je me baisse pour embêter un peu Peanut Butter qui est en train de se battre contre le pied de la table et qui manque de me niaquer en feulant juste avant de repartir en courant et en faisant le gros dos.

« Pourquoi tu t’excuses ? Tu en avais besoin, non ? »

J'ai l'impression qu'on va m'accuser d'avoir fui les problèmes et c'est probablement un peu vrai. Mais en un sens si j'ai choisi de partir en voyage c'est que j'en avais besoin. Je sais que je suis coupable, mais je sais aussi que même si j'ai l'impression que c'est la solution, ce n'est pas de m'auto-flageller mentalement qui va aider.

« …J’imagine, ouais. »


Mes doigts se crispent sur ma tasse. C'est vrai. J'en avais besoin pour ne pas replonger. Si j'étais resté à Unys, que ce soit dans mon ancien appart, avec le même quotidien, même chez Helène... encore plus chez ma mère car je n'aurais pas réussi à éviter de lui renvoyer mon propre malaise. J'avais besoin de me retrouver, mais, maintenant que je suis là tout revient et j'ai l'impression que rien n'a changé en ce qui me concerne. Quelque soit la manière dont je regarde la situation, je ne peux que perdre. Perdre face à l'addiction, perdre face à la dépression, perdre face à moi-même. Dans ces moment je me demande pourquoi je suis tout de même entouré. Pourquoi je suis avec Lionel ou plutôt pourquoi lui est avec moi. Pff. Bon, ça suffit. Toutes ces pensées noires, ça ne me mènera nulle part. J'ai juste besoin de thé et de chats, pour le moment. Et de parler parce que j'aime bien parler.

« J’ai mauvaise conscience de t’avoir laissée comme ça, après ce qu’y s’est passé y’a 3 ans. Mais je... je fuyais pas, je... enfin, je crois pas, je voulais juste... »


Évidemment, ça devait sortir et faire aucun sens, hein. Tout le monde s'en serait passé. Objectivement, ces retrouvailles ne pouvaient qu'être étranges au début. Ce que j'essaie de dire c'est que cette distance que j'ai pris n'était pas contre elle ou pour prouver quelque chose. Mais ça, maman doit déjà le savoir

« Je ne suis pas seule, tu sais. Et puis, je crois que j’avais aussi besoin de cette distance entre nous. »

Cela me rassure un peu, qu'elle me dise ça. Enfin, je m'en doutais mais je suis content qu'elle soit franche et ne s'oblige pas à me réconforter car j'ai mauvaise conscience. Je sens la pression qui retombe et me réchauffe un peu. En même temps, j'ai envie de me dire que je n'ai pas saoulé Soltan et Lio pendant des semaines avec mes problèmes pour me dégonfler maintenant. Bon, y seraient les premiers à dire ne pas trop pouvoir me faire la leçon sur ça m'enfin. Z'avez compris.

« Ça m'a manqué. Toi, tout ça. »


Évidemment, c'est encore un peu bizarre, cette situation, on marche tous les deux un peu sur des œufs et on ne veut pas se fâcher, j'imagine que c'est humain. Que ce n'est pas que moi qui suis lâche car j'ai envie que les choses se passent bien malgré ma tendance à... à faire et dire des grosses, conneries, oui.

« Je suis vraiment désolé pour tout. »

J'en suis encore à l'étape « remords et excuses » quand même, j'imagine. Pourvu que ce soit juste temporaire.

« Je sais. »

Bah, oui, évidemment, pourquoi je dis ce que tout le monde sait déjà. Bref. Je ne sais pas trop quoi dire, ce n'est pas que je vis dans le passé ou quoi mais j'ai quand même encore besoin de parler de notre mésaventure. A l'époque, j'étais à côté de mes pompes et je m'imaginais qu'Helène allait me soigner d'une manière ou d'une autre. Enfin, j’ai cru que ce serait comme quand j’avais 20 ans. Mais je suis plus un gamin, même si j’agis comme tel un peu trop souvent donc c'était bien normal qu'elle décide de me laisser me débrouiller. Mais, il n'y avait pas que ça, qui faisait que son « refus » justifié m'avait carrément mis en colère à ce moment-là.

« J'ai vachement repensé à ce qui s'est passé. » Ne serais-ce qu'entre mes séances chez le psy et mon besoin de raconter ça à mes proches ces derniers mois. « C'est un peu débile, mais, j’te cache pas que j'ai craqué en réalisant que tu... enfin, que tu vieillissais. » Bonjour les euphémismes. Son refus m'a fait un déclic, en fait, le genre de déclic que j'étais pas prêt à avoir à l'époque. « Ça me fait toujours aussi peur mais à ce moment-là, la seule réaction que j’ai pu eu, c’est de t’en vouloir car j’pensais que tu m’ « abandonnais » à mon sort parce que… »
« Parce que j’ai 80 ans et que je vais mourir un jour ? »


J'ai eu envie de lâcher un « maiiiiis-euuuuuuuuh » à la Lionel quand il entend quelque chose qui ne va pas vraiment dans le sens de ce qu'il voulait entendre. J'aimerais qu'elle prenne un peu moins ça à la légère mais je ne crois pas que mon avis sur la question lui importe beaucoup. Je me mets à regarder ailleurs, navré d'avoir envie de me boucher les oreilles et de chanter « wake me uuup when septeeeembeer eeeends » en entendant Helène parler de mort. Oui c'est très hypocrite sachant que je passe ma vie à penser aux spectre et à l'au-delà entre autres trucs morbides. Enfin je ne pense pas qu'on soit pas obsédé par ces choses-là si on ne compense pas un peu une certaine peur de la mort. Je tire un peu la tronche après ses dernières paroles mais elle n'a pas l'air d'avoir envie de me ménager.  

« C’est la vie. Mais j’ai encore du temps devant moi, hein. »


Certes. C'est ce que je me dis également. Enfin, j'essaie. Je passe une main dans mes cheveux en espérant me détendre. Si je suis là, ce n'est pas pour repartir aussitôt parce qu'elle m'a dit qu'en fait ça va, elle a du temps devant elle. Elle m'avait parlé de travaux à faire chez elle et chez ses amies donc, j'imagine que j'aurais de quoi m'occuper de toute manière.

« Je veux juste être là pour toi et pour… »
« Tu sais, je suis bien, ici. J’ai mes amies qui viennent me voir tout le temps, je fais mes trucs de vieille, je peux faire livrer mes courses, j’ai mes légumes et mes fleurs… »


Et bientôt elle va me sortir un « j'ai bien vécu » hyper morbide ! Je sais, c'est hyper égoïste de ma part de faire le mur à ce point sur ces sujets mais j'espère que je finirais par mieux l'accepter.

« Mais ne fais pas cette tête, c’est joyeux, ce que je te raconte ! »

Déjà que je tire la tronche au naturel, si elle me le fait remarquer, c'est vraiment que je dois avoir une tête d'enterrement.

« Si tu y tiens il y a des travaux à faire dans la maison, je comptais t’en parler de toute manière. »


Oui, oui, me rendre utile. Ça, je sais faire. C'est bien aussi, se taire et bricoler ou faire des travaux manuels pour réfléchir. C'est rassurant. Maman sait bien comment je fonctionne à force, qu'il faut que je passe par ce type d'activités pour réfléchir. Généralement, quand je m'arrête de réparer ou retaper des trucs, comme j'avais fait il y a trois ans, ça peut paraître anodin, mais c'est le signe que quelque chose va mal. C'est bête, hein, mais les écarts dans la routine de ce type ne me rendent jamais assez vigilant sur le moment alors qu'ils sont toujours très, très révélateurs de mon état.

« Tout ce que tu veux. »

Je crois que ma mère s'est retenue d'ajouter quelque chose au vu de son sourire un peu ambigü. J'espère qu'elle ne pense pas que je ne suis pas sincère dans ma démarche et que je ne fais que ça pour me donner bonne conscience ou me rattraper. Il y a forcement un peu de ça, enfin... je ne suis pas encore vraiment fixé. C'est un peu la honte, de faire le kéké devant Lionel qui remet totalement en question ses choix de vie alors que je ne sais moi-même pas bien ce que je veux. J'ai l'air malin, hein, moi qui clamait haut et fort que la crise de la cinquantaine, c'était des conneries... enfin, oui, c'est un peu des conneries dans le sens où des « crises » c'est plus ou moins sain d'en faire tout au long de sa vie et pas juste à 40 ou 50 ans quand on se rend compte qu'on est passé à côté de soi-même. Enfin c'est l'impression que j'ai avec mon vécu, quand j'y repense, même s'il y a eu cette accalmie de quelques années où j'avais un job qui me prenait tout mon temps et mon énergie et... ah, ouais, such adulting, hein.  

Bref, pour le moment, j'ai juste envie de reprendre des habitudes plus reposantes. J'ai envie d'aider ma mère dans son quotidien, avec la maison, entre autre choses, mon raisonnement actuel c'est un peu : « maintenant que tu es vieille et que tu ne peux plus tout faire comme avant c’est à moi de prendre un peu soin de toi parce que je t’aime ». Je sens bien que ce qui la rend perplexe, c'est qu'elle craint que je fasse tout ça en compensation d'autre chose... et au dépit de mon propre désir. Je lui en parlerais, je me le suis promis, mais, pas maintenant.

« Enfin… racontes-moi ce qui t’a retenu si longtemps là-bas, plutôt. »


C'est ça. Je sais qu'elle se doute que j'ai « trouvé » de la motivation durant ces « vacances » (qui n'en étaient pas toujours vraiment) et probablement que cela était dû aux lieux où je me trouvais, aux gens avec qui j'ai trainé, qui m'ont, je dois bien avoué, plusieurs fois fait me demander si je ne voulais pas rester là-bas, au final. Néanmoins, je ne veux pas me mettre face à cette idée un peu persistante pour le moment. Je veux être avec ma mère et... oui, probablement qu'elle a raison de suspecter que je compense quelque chose. Hé, c'est pas évident de savoir ce qu'on veut, hein, je sais que je suis un dégonflé, j'en suis fier figurez-vous (spoiler : non, c'est juste une énième manière de noyer le poisson).

Je commence donc à lui raconter mes derniers mois en commençant par le début et avec une inclinaison toujours prononcée vers la digression (et Hélène y met aussi du sien avec des  « oh mais oui mais ça me fait penser que l'autre jour je suis allée chez Karen qui voulait que je garde ses chats »). Je lui montre aussi des photos de ses petites nièces et neveux avec Soltan, Shizune et avec les vaches. Hélène n'a jamais eu de grosses affinités avec les enfants des autres, mais elle admit tout de même que Mikoto, Iris, Marilyn et Ludwig étaient cute. Ça me rappelle que bien souvent, elle s'arrangeait pour repasser Illéas et Soltan à sa sœur Sophia quand ils étaient bébés car elle les trouvait tous bêtes et moches (sauf moi, apparemment j'étais le plus beau et intelligent bébé du monde, allez savoir pourquoi). Je lui montre aussi un peu les coins que j'ai vus durant mes vadrouilles en moto. Dans les montagnes, particulièrement, il y a des endroits qui m'ont fait me dire « ça doit être bien de vivre ici » à plusieurs reprises (mais, chut, faut pas le dire)... je n'ai jamais vraiment vécu à la campagne mais force est de constater que j'en ai de plus en plus envie. Faire mon petit garage quelque part, trouver des alternatives pour être indépendant aux niveau énergétique et... je m'égare encore. Après être passé sur quelques captures d'écran de memes que ma mère ne comprend toujours pas envoyés par mon neveu Tolan et par Ludwig, on arrive aux photos prises quand j'étais chez Lionel. Quand il avait le dos tourné j'en avais évidemment profité pour prendre son Tenefix en photo qui adorait prendre la pose avec ma Nostenfer et mon Cornèbre. Hélène m'observe en coin en remuant les sourcils de manière sous-entendante en faisant « oh, c'est Lioneeeel ! » lorsque je passe sur des photos de lui. Je grogne sans pouvoir m'empêcher de rougir comme un abruti. Après plusieurs secondes passés dans cette ambiance, je finis par céder et par admettre devant ma mère que c'est bon, qu'elle a gagné, qu'elle est la plus maline et qu'elle ne se trompait pas au sujet de Lionel et moi. Sans moquerie, elle m'observa l'espace de quelques secondes, visiblement attendrie et heureuse pour moi. Puis elle redirigea son regard vers les photos du téléphone.

« Il a l’air gentil. »


C'est vrai qu'il est gentil. Et sensible, créatif, spontané, très loin d'être aussi bête que ce qu'il le prétend ; je pourrais continuer cette liste qui ne sert pas à grand chose encore longtemps mais, il a juste cette présence que je trouve si attachante et qui fait que je me suis retrouvé tout de suite attiré par lui (faut pas lui dire, il va prendre la grosse tête, après). Je ne sais pas comment rétorquer autrement qu'avec un sourire un peu mélancolique car inévitablement, parler de lui me fait me figurer qu'il me manque déjà beaucoup. Vu l'heure, il doit être en train de dormir donc il ne verra mon texto que dans quelques heures, mais j'ai hâte de pouvoir entendre sa voix au téléphone lorsque je serais mieux reposé et plus disponible. Malgré tous ces bons souvenirs et ce que nous avons prévu pour nous parler et nous voir avec la distance, j'ai le cœur lourd et baisse un peu les yeux en repensant au moment où il nous a fallu nous séparer devant l'aéroport.

« Hem... Désolé. La séparation a été très dure. »

Je ne sais pas pourquoi je m'excuse devant ma mère d'être soudain un peu morose. Comme si elle attendait que je sois fou de joie à l'idée de dire « ouiiii j'ai presque 11h de décalage avec mon mec mais tout va bien yeehaw c'est formidable ».

« C’est débile, un peu, héhé. »
« Oh, tu arrêtes, hein ! »


Je ne l'avais pas vue rouler des yeux aussi exagérément depuis bien longtemps. Au moins le message est clair : « arrêtes de dire des conneries, maintenant et viens faire un câlin à moman ». Je ricane un peu de manière désabusée et passe une main dans mes cheveux en soupirant comme si cela camouflait mon blues passager. Je prefère parler d'autre chose sinon je vais me remettre à chouiner. Comme nous avons fini le thé, Helène me suggère d'aller m'occuper de ma chambre et après, on pourra s'occuper de donner leur repas aux chats ensemble. D'ailleurs, j'ai trouvé trois matous sur mon matelas dans les combles en allant poser mes affaires. Parmi eux, le vieux Ribs s'est planqué sous le lit, mais Porkchop et Cherry sont restés à m'emmerder pendant que j'essayais de faire le lit. Tout ce petit monde (et moi avec) est rapidement descendu en entendant les bruits de la boite de pâte et des croquettes pour manger. Je suis assez content de retrouver cette routine. J'imagine que je me réhabituerais vite, même si les habitudes que j'avais prises à Enola me manquent déjà pas mal. J'ai l'impression de faire tourner tout le monde en bourrique avec mon cinéma de « mais euh je dois rentrer à Unys mouiii mais Enola me maaaanque j'aimerais bien être avec Lio ou chez Soltan mais j'ai aussi envie d'être chez moman » et ainsi de suite. C'est sans fin. Il va bien falloir qu'un jour je fasse des choix pour moi-même et sans prendre d'excuses. J'y songe, hein. Il va juste me falloir un peu de temps car, que voulez-vous, je suis un peu lent, des fois.

***


16 Septembre 2025 - Enola - Lionel


« Zlatan, c'est l'heure. »

Le brun se retourne sur le canapé où il est allongé. Je vois bien qu'il fait semblant de dormir comme s'il espérait que cela fasse reculer l'heure du départ. Cela ne me fait pas plus plaisir à lui, mais il nous reste encore du temps.

« Ce n'est pas pour te presser mais il ne faudrait pas qu'on soit en retard à l'aéroport. »

Nous avons décidé de partir en moto après le déjeuner, histoire d'arriver à Vanawi un peu avant son embarquement. Le Eriksen retrouvera Soltan et sa famille là-bas, apparement, le fermier y tenait, en dehors du fait qu'il en profitait pour récupérer la moto et la rapporter à la ferme. Nous aurons encore un peu de temps ensemble sur la route et avant le départ, alors, j'aime me convaincre que je me sens bien pour le moment. Hah. Mon moi du futur et de ce soir, lorsque je serais rentré à la maison me ricanerait bien au nez, sachant le temps que j'allais passer à pleurer et crier dans mon oreiller. Comme d'habitude, je m'efforce d'avoir l'air le plus optimiste même si j'ai mal au cœur en pensant à notre très prochaine séparation. Zlatan m'a déjà reproché de jouer au petit ami parfait en faisant comme si tout allait toujours bien dans le meilleur des mondes et en m'efforçant d'être toujours disponible. Il n'a pas tord mais là, je ne savais pas vraiment comment m'y prendre autrement.

Après que Zlatan ait fait le tour de la maison en traînant les pieds pour vérifier qu'il avait toutes ses affaires, nous nous mîmes finalement en route, en faisant quelques pauses sur le chemin histoire de se dégourdir les jambes. L'ambiance n'était pas très joyeuse durant nos escales, toutefois et cela commençait à me déprimer. Mais, qu'est-ce que je pouvais dire... ? Je n'aime pas quand mon partenaire se contente de tirer la tronche comme ça sans rien dire mais je ne vais pas le brusquer pendant qu'il boit sa canette de coca. Je m’assois à ses côtés en regardant le paysage. On voir bien la forêt d'Erode depuis cette air de pause un peu isolé des routes côtières qu'on a décidé d'emprunter. J'ai beau être morose, je suis quand même content d'encore profiter un peu de cette accalmie en sa présence. Dans moins de 24h, tout reprendra de plus belle et nous n'auront que des moments assez limités pour nous parler et nous voir, avant que je vienne voir le Eriksen a Unys, comme, convenu. Nous avons parlé de ce qu'on ferait une fois loin l'un de l'autre, mais là, tout de suite, je ne peux pas m'empêcher de souhaiter qu'on se dise « viens, on reste là, finalement, on va pas à l'aéroport ». Mais ça ne marche pas comme ça, hein. Je suis peut-être bouché, mais pas intégralement naïf non plus.

« Sorry, Lio, t'imaginais ptet que ce serait plus sympa de monter à Vanawi avec moi. »

Zlatan finit par ouvrir la bouche. En me tournant vers lui qui avait le regard dans le vague, je m'inquiète de la tristesse et de la culpabilité qui transparaît dans sa voix. Confus, je l'observe se tourner vers moi en gardant son air piteux.

« Non, c'est pas... »

J'allais lui dire que ce n'était pas grave et qu'on y pouvait rien, que j'étais dans le même état et que je n'étais pas plus malin de faire comme si tout allait bien. Mais j'ai suspendu mes paroles en oubliant totalement ce que j'avais à dire en voyant les yeux de mon copain s'humidifier et ses traits se tirer juste avant qu'il n'enfouisse son visage dans mon cou. Je sens ses doigts saisir ma veste et la serrer fort tandis qu'il commence à sangloter contre moi. J'ai envie de lui dire des mots rassurants mais ma gorge se serre et m'empêche de parler distinctement. A la place, je passe mes bras autour de mon ami et caresse son dos et ses cheveux en espérant que cela l'apaise.

« S-sorry... »

Hoquette-t-il sans parvenir à s'arrêter de pleurer dans mes bras. Je le serre plus fort en sentant que mon ventre me refait mal. Les larmes ne viennent pas de mon côté, je me rends compte que ces manières que j'ai d'avoir l'air de positiver ne sont là que pour masquer mon blocage face au départ de l'homme que j'aime. Mes émotions restent étrangement bloquées dans ma gorge et je serre les dents malgré moi. C'est de plus en plus douloureux.

« J-je... et si ça s-sert à rien, tout... tout ça ? » Je ne saisis pas tous les mot de mon amant qui n'arrive pas à se calmer. « I... je... j-j'ai peur que... si je... si je suis pas assez... »

Le pauvre. Il a vraiment l'air mal. J'imagine qu'en se la jouant détaché cette dernière semaine, il masquait quelque chose, lui aussi. En même temps... pourquoi est-ce qu'il attend toujours que ses émotions débordent à force de trop ruminer jusqu'à craquer. Je ne sais pas si dire « je t'aime » tout le temps de peur que l'autre n'en ait pas assez soit franchement mieux ni qu'il ne m'arrive jamais de contenir mes sentiments moi aussi, mais, quand il fait ça, il sait que ce n'est pas sain. Sauf que je ne sais pas quoi dire quand il se persuade que si ça ne marche pas entre nous, ce serait entièrement sa faute. Qu'a-t-il pu se passer pour qu'il ait une si mauvaise opinion de lui-même... ? Le châtain se serre plus contre moi en cherchant ses mots durant de longues secondes. Ou sont-ce des minutes... ? Dans tous les cas, le temps semble s'être suspendu dans cette ambiance pesante.

« Je t-t'aime tellement. »

Ce n'est pas que ça ne me fait pas du bien de l'entendre, mais dans l'absolu, j'entends surtout mon copain sangloter plus fort sous le coup du surplus émotionnel donc... mes mots se perdent mais moi aussi, à l'heure actuelle, je ressens énormément d'amour à son égard malgré cette boule au ventre qui ne part pas.

« Moi aussi. »
« M-mais... f-faut que... j'dois r-rentrer. »
« Je sais, ne t'inquiètes pas. »


En dehors de continuer à l'enlacer je ne sais pas trop quoi faire d'autre. C'est dur, là, c'est vraiment dur et on ne pourra pas dire que ce n'était pas prévisible. J'ai envie de ressortir un tas de phrases clichées que je lui aies déjà adressées sur le fait qu'on va surmonter cette épreuve ensemble, que même avec la distance je l'aimerais toujours. Mais en réalité je ne suis pas du tout inspiré pour un discours lyrique.

« Ça va aller. »

Je sais que c'est quelque chose de vague à prononcer mais je le veux, je le veux tellement. Que les choses continuent d'évoluer dans le bon sens pour nous. Bref, je lui répété à voix basse ces quelques mots, en espérant que cela le rassure, mais aussi car répéter ces syllabes familières me permet actuellement de m'encrer à la réalité afin de ne pas m’effondrer à mon tour. Je suis soulagé quand je sens Zlatan finalement détendre ses épaules et se mettre à renifler. Au bout d'un moment il s'éloigne afin de se moucher comme il commençait à avoir du mal à respirer avec ses narines bouchées. Le châtain s'essuya les yeux et regarda ailleurs le temps de finir de se calmer, un peu honteux d'avoir craqué de la sorte. Il marmonna que c'était quand même mieux que ce soit fait maintenant que devant son cousin qui aurait eu de la peine et n'aurais vraiment pas su comment réagir. Puis, le Eriksen soupira longuement.

« Je dois vraiment rentrer. C'est... ma mère, je veux juste la revoir et... »

J'approche doucement ma main vers sa joue et la caresse tendrement tout en offrant un sourire à mon copain. Zlatan me l'a dit : il a eu son temps de réflexion, ces derniers mois, mais il est aussi fatigué par tout ça. Aussi dure que soit cette séparation, il sait que c'est ce dont il a besoin maintenant. Enfin, de retourner à Unys, en tout cas. Je veux juste qu'il soit serein avec ses décisions. De mon côté j'ai aussi fort à faire dans les mois qui viennent (et je ne suis pas vraiment au bout de mes peines et pas prêt à assister à ce qui allait se passer avec les Monarchistes) et pour ce qui est de nous... on ne sait pas vraiment ce que tout ça nous réserve, ni dans quoi on s'est vraiment lancés mais j'ai décidé d'avoir confiance.

Nous avons pris encore un peu de temps avant de reprendre la route jusqu'à Vanawi. Soltan était déjà avec ses enfants à l'aéroport, près de son pick-up et à l'époque. Je me suis fait discrêt tandis que les deux cousins causaient (et que les yeux rougis de mon partenaires n'échappèrent pas vraiment au fermier) et c'est plutôt Iris et Ludwig qui virent me parler spontanèment. J'espérais ne pas être de trop durant le moment qu'on prit avec les autres avant l'heure de l'embarquement, mais cette petite heure se passa plutôt bien, même si je constatais déjà à l'époque que Soltan avait un peu de mal avec moi... Zlatan me dit comme la fois où j'avais été invité à manger à Cayagane qu'il ne fallait pas lui en vouloir d'être méfiant et grognon, mais je crois aussi que ma tendance à ignorer un peu tout de la vie à la campagne ne m'a pas aidé. Dans tous les cas, je suis content que mon copain ait l'air apparemment à l'aise dans une telle situation. Il est content de pouvoir revoir ce petit monde une dernière fois. C'est vrai qu'il est très famille, dans son genre. L'heure tourne, cependant et le moment des au revoir finit par venir. Zlatan préférait faire son chemin dans l’aéroport tout seul et qu'on se sépare ici. Le pick-up garé dans un endroit peu passant nous permis de prendre quelques minutes d'intimité, tandis que Soltan attira l'attention des enfants vers un camion de glaces ("smooth", comme dirait l'autre). Lorsqu'on s'embrasse, je me surprend à serrer plus longtemps que prévu le châtain dans mes bras, comme si mon corps refusait de le laisser partir. J'en ai sans doute encore trop fait, en lui répétant que je l'aime et que je penserais à lui et que je lui écrirais tout le temps... mais, je crois qu'il a bien saisi mon attention et il me laissa m'étaler ainsi quelques minutes supplémentaires et sentir son odeur et la texture de sa peau et de ses lèvres une dernière fois avant son départ. C'est à cet instant que je sentis les sanglots commencer à monter le long de ma gorge. Je n'avais aucune envie que Zlatan me voie pleurer après que je lui ait déjà fait une scène et j'ai réussi à me retenir le temps qu'il salue son cousin et ses neuveux et nièces avec des accolades. Ni Soltan ni moi ne nous sommes éternisés après ça. Je ne suis pas sûr, mais je crois que le fermier aussi était un peu secoué par l'émotion (le fait que Mikoto pleure car il voulait que son tonton reste n'aidait pas). Nous nous contentâmes d'un minimum d'au revoirs avant de partir chacun de notre côté.

On sait déjà comment la suite de ma soirée se passa : j'ai juste pleuré dans mon coin pendant un bon moment. Quand j'ai fini par descendre pour manger quelque chose, Moloch était là pour me tenir compagnie et m'offrir de l'affection. En me voyant morose, d'autres de mes alliés tentèrent de me remonter le moral une fois que je fut sorti dans le jardin pour regarder la mer comme la dernière des caricatures de midinette dramatiques. Certains faisaient les idiots comme Zorin et Shamshir, d'autres en restant à mes côtés comme Aegis, fidèles au poste. J'essaie de me répéter ce que je disais plus tôt à voix haute : que « ça va aller ». Pour le moment je suis juste étrangement vidé de mon énergie même s'il faudra être d'attaque le lendemain et sourire quand même lorsqu'il faudra faire des discours. Dans l'absolu je ne sais pas bien comment je réaliserais une chose pareille alors que je l'ai fait toute ma vie mais, je trouverais un moyen, j'imagine.
Septembre 2025 - Unys/Vanawi
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Sam 1 Fév 2020 - 19:34
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: