Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

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Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

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Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
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Naiseries en anglais approximatif 1 (OS)
Lionel Roque-Lartigue

Naiseries en anglais

approximatif


Partie 1/3

trop_écrit_donc_on_divise_en_3_OS.odt
/!/ TW : insultes homophobes, évocation de masculinité toxique /!/


Je suis en train de me demander si mon cœur va vraiment finir par sortir de ma poitrine s'il continue à s’affoler ainsi. En tout cas je suis sûr que ce n'est pas l’atterrissage qui me fait cet effet :  j'ai le cœur plutôt bien accroché quand je suis en avion, c'est juste que je suis complètement surexcité à l'idée de retrouver Zlatan dans moins de trente minutes. En même temps je ne peux pas m'empêcher d'appréhender car je veux que tout soit parfait... et si Zlatan était déçu par ma venue si je me comportais comme un empoté ? Et si je déplaisais totalement à sa mère, et si les chats d'Helène me détestent ? Et si je n'arrivais pas à me remettre du décalage horaire et que je passais la semaine à dormir ? Tout ça est bien entendu surpassé par mon enthousiaste extrême qui me fait vibrer sur mon siège et me serre la poitrine entre plusieurs vagues de chaleur. Dans moins de vingts minutes je vais certainement pouvoir tenir mon copain dans mes bras. J'inspire profondèment en me levant. En avançant tranquillement dans la queue vers la sortie en vérifiant que j'ai bien tout dans mon sac, j'ai une pensée pour les Pokémon que j'ai laissés à la maison. Avec Aegis, Damoclès et Gandiva, ils sont entre de bonnes mains et Béatrice m’appellera en cas de problèmes. J'ai juste emmené Mercuria, Zorin, Ness, Kotetsu et Valgrin avec moi, de toute manière, je ne suis parti que pour une semaine. En sortant de l'avion je rallume finalement mon portable pour voir les messages que mon partenaire m'a envoyé. Apparement, il est arrivé et m'attend... L'aéroport m'a l'air bien plus grand que celui de Vanawi, j'ai un peur de me perdre en essayant de repérer les panneaux traduits en français.

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Il me semble que l'avion de Lionel est arrivé. Il faudrait que je m'avance vers la porte où il va débarquer pour l’accueillir. J'ai l'impression que mes jambes me lâchent quand je dois me lever pour aller à sa rencontre. Si ça continue je vais devoir trouver quelque chose pour me tenir quand je vais le voir en chair et en os, ça va être ridicule. J'ai aussi peur de m'endormir comme un abruti au milieu du chemin... c'est que j'ai pas dû dormir beaucoup plus que 2h la nuit dernière tant j'avais hâte d'être à ce midi et finalement revoir Lio (du coup j'ai ronflé toute la matinée et j'ai failli être à la bourre). Je me suis joué et rejoué des tas de fois la scène de nos retrouvailles et maintenant... j'ai l'impression de sentir mon cœur battre dans ma gorge mais j'ai aussi peur de ne pas assurer. Je veux qu'il se sente bien pendant cette semaine, qu'on puisse profiter.

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J'ai passé les portes et les contrôles sans m'éterniser, maintenant, il faut que je récupère ma valise. Autour de moi je vois des gens qui retrouvent les personnes venues les récupérer et si j'essaie de surveiller si je vois mes affaires sur le tapis, mon regard dérive vers l’accueil et la sortie d’où devrait arriver mon copain. Je détourne le regard quelques instants pour prendre ma valise et il me suffit de faire volte-face pour finalement le voir. Le temps se suspend un instant jusqu'au moment où il me remarque aussi. C'est un peu dramatique mais il s'est passé une seconde en suspens avant que je laisse mes affaires sur place pour franchir rapidement la distance nous séparant. Une fois devant lui, ma gorge est serrée et je n'arrive pas à prononcer un mot tandis que je prends un instant pour fixer Zlatan juste devant moi. C'est fou, je ne me rappelais pas qu'il était si grand ! Pourtant, je suis loin d'être petit. Il a les cheveux qui ont poussé donc il les a attaché pour qu'ils ne retombent pas trop dans son visage comme avant, ça lui va bien. Il a l'air aussi tellement plus en forme, c'est quelque chose que j'avais remarqué durant nos appels, qu'il avait meilleure mine. Mais, c'est totalement différent de le revoir en vrai. Je trouvais qu'il s'était embelli et qu'il avait l'air d'avoir repris de la confiance ces derniers mois, mais c'est la première fois que je le vois rayonner de cette manière juste en face de moi.

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Mes jambes vont lâcher, cette fois. Il faut vraiment que Lio arrête de me fixer comme ça et que je cesse de le regarder dans le blanc des yeux aussi comme s'il venait d'être déposé ici par des aliens. Revoir son sourire, son regard pétillant en vrai me fait bien plus d'effet que je ne l’aurais imaginé et me laisse sans voix. Abruti, je devrais dire quelque chose là... Je déglutis avec difficulté jusqu'au moment où nous arrivons finalement à nous exprimer.

« Je... tu crois que... » « Can we est-ce que... ? »

J'en perds à la fois mon français et mon anglais. On s'interrompt et Lionel souffle du nez avant de rire brièvement. Bon sang, il est adorable. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de lui sauter au cou afin de le serrer contre moi. Mon cœur s'emballe, j'ai l'impression de devoir me tenir à lui pour ne pas m’effondrer sous le coup de l'émotion. C'est trop bon de retrouver ces sensations, ses gestes précautionneux tandis qu'il entoure ma taille avec ses bras, son odeur, la texture de ses joues et de son cou, de ses mains contre ma nuque et mon buste.

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Je ne dois pas sentir très bon après presque 18h d'avion... Pourtant, Zlatan a l'air de s'en ficher et me serre plus fort. Je sens son souffle sur mon cou, je retrouve le plaisir de glisser mes doigts dans ses cheveux, de les passer contre le creux de son dos, même si ce n'est qu'au travers de son pull. Après un petit moment à rester enlacés, j'ose regarder autour de nous. Tout le monde est occupé à retrouver les siens et a plutôt hâte de s'en aller de l'aéroport. Je déglutis et re-dirige mon regard vers le visage de mon partenaire. On s'observe tout en surveillant ce qui se passe autour de nous.

« Tu... tu crois qu'on peut... ? »

Je me demande si ce serait déplacé de s'embrasser ici, si ça le dérangerait. Zlatan cligne des yeux et a l'air de s'interroger également à ce sujet. Après avoir suffisamment observé les autres voyageurs, on se regarde de nouveau.

« …Well, personne fait gaffe à nous, so... »

C'est vrai, tout le monde est bien trop pressé de partir d'ici et se  fiche bien de nos retrouvailles. Au pire, ils oublieront à l'instant où on sera hors de leur vue. Je me détache et sourie à mon comparse, opinant pour répondre à nos interrogations. Il me renvoie mon sourire et se penche tandis que je me rapproche et je peux enfin presser mes lèvres contre les siennes.

---


On a tellement attendu ce moment, je suis si soulagé de retrouver toutes ces émotions familières. Tiens... ? J'ai l'impression que ses joues sont momentanément humides.. est-ce qu'il est à ce point bouleversé aussi ? Notre baiser ne s'éternise pas et je me détache le premier pour voir Lionel passer une main contre ses paupières afin de sécher quelques larmes, il renifle un coup puis me regarde à nouveau en souriant. Je veux le réconforter en prenant son visage dans ma main, caressant sa joue avec mon pouce. J'ai la gorge qui se serre sous le coup de l'émotion et parvient me contrôler, mais je crois que le message est clair : on pourra continuer ça à la maison, on en a besoin, pour compenser ces derniers mois. Là, il y a du monde, on est un peu submergé par ce nos retrouvailles provoquent en nous, bref, on a besoin de calme.

Lionel va rapidement chercher ses affaires et je l'emmène jusqu' à la voiture. Petit à petit, on se remet à se parler de choses banales : je lui demande comment son voyage s'est passé, si ses Pokémon, sa famille et ses collègues n'ont pas trop mal pris son départ en vacances... s'il reste allusif sur sa famille, les choses ont l'air de s'être bien passées comme il ne s'y était pas pris au dernier moment. Lionel est surpris par le froid en sortant dehors, pourtant, il s'est bien couvert en prévision mais réajuste son écharpe... pour une fois, il ne sera pas sur une île tropicale pour Noêl et a même des chances de voir de la neige pour les fêtes. Je le guide rapidement jusqu'à la vieille voiture de maman qui doit nous attendre à la maison (à moins qu'elle soit allée faire de la marmelade chez Karen, la voisine). Une fois dans la voiture, Lionel passe son bras autour de mes épaules, m'embrasse la joue à nouveau et me fait rosir en me disant qu'il trouve que je suis « très beau avec les cheveux plus longs » et que j'ai l'air en forme. C'est vrai qu'en revenant à Unys je me sentais assez mal et j’appréhendais, mais les choses se sont améliorées au fil des semaines. Évidemment, c'est en premier lieu car j'ai enfin pu me reposer convenablement, contrairement au moment où j'étais en voyage où je n'avais pas tant d'endroits « à moi » pour me poser réellement... en réalité, si je me sens plus épanoui, c'est parce que j'ai retrouvé ce confort, que je fais des choses que j'aime, que je m'occupe de moi et aussi parce que ma relation avec Lionel me fait du bien. Je veux dire, c'est la base, que ça me fasse du bien et me donne envie d'évoluer pour aller mieux et... cela faisait probablement trop longtemps que je n'avais pas accepté de la bienveillance à mon égard. Que ce soit de moi à moi ou par d'autres personnes. Enfin, bref, oui, je vais bien, là et je suis trop heureux que Lionel soit là pour le voir. Je l'embrasse sur les joues et le front, puis je crois qu'on échange des « je t'aime » entre autres mièvreries avant de se mettre en route. Lionel a toujours froid donc il faut bien mettre le chauffage qui pue de la voiture. Il se met à commenter ce qu'il voit dans le paysage et parle un peu des voyages qu'il avait fait à Unys quand il reconnaît certaines rues et bâtiments de loin. Il me pose des questions sur ma mère, apparemment, il a le trac à l'idée de la rencontrer, c'est que comme d'habitude, il veut trop bien faire. C'est mignon, hein, mais Hélène l'aime déjà beaucoup et cela m'étonnerait vraiment que les choses se passent mal. Le coordinateur me fait un peu de peine à être complètement tendu lorsqu'on arrive finalement à la maison, il ose à peine caresser les chats qui nous observent, même Brownie qui est ravi de voir un invité, comme ça signifie juste plus de câlins pour lui.

---


J’emboîte le pas à Zlatan et j'essaie de me détendre en entrant chez sa mère. En regardant autour de moi avec une certaine nervosité, je remarque qu'il y a réellement des chats partout. En arrivant dans la cuisine, le Eriksen trouva un mot de sa mère sur la table expliquant qu'Helène était effectivement partie faire de la marmelade et par ailleurs, une partie du mot m'était adressé.

Lionel, make yourself at home, sleep, eat, play with the cats (except Pumpkin, he's a pain in the ass since the doctor last week).
I'm very excited to meet you <3
H.


Mon copain me traduit les passages que je ne comprends pas. C'est trop mignon ! Entre deux rires attendris, je commence déjà à bâiller. Diantre, c'est vrai que je suis crevé. Et j'aurais aussi besoin d'une bonne douche. Zlatan propose donc qu'on aille poser mes affaires, me laissant le choix entre prendre la chambre d'amis et dormir avec lui comme il connaît mon sommeil léger... c'est vrai que j'aurais envie d'avoir une nuit complète, ce soir. Mais bon, je crois que je serais capable de dormir même avec une tornade au dehors, pour une fois et j'ai un peu trop envie de dormir en tenant le Eriksen dans mes bras. Je monte donc avec mon partenaire jusqu'à sa chambre, sous les combles. Évidemment que même s'il a rangé certaines choses (si j'en crois les cartons qui traînent) il a gardé des vieux posters, ses consoles, ses livres sur des sujets variés et un peu esotériques ou obscurs, ses films et romans d'horreur... il n'a pas assez de place sur son étagère et le bureau alors beaucoup de livres et DVDs traînent empilés par terre, sans soucis de classement apparent. Je ne reconnais pas grand chose en dehors de Devilman, Castlevania et Resident Evil, mais ça lui ressemble bien, tout ça. Je m’affaisse sur le lit avec un soupir de bien-être, réveillant au passage Nugget et Zucchini qui dormaient. Nugget est une chatte de gouttière toute grise au poil ébourriffé tandis que Zucchini a une robe plutôt calico à dominante noire et rousse. La première se rendormit aussitôt, mais la seconde préféra repartir par l'escalier en remuant la queue dans une attitude agacée. Zlatan, qui a rangé ma veste, retire finalement la sienne et ses santiags afin de me rejoindre en s'asseyant sur le bord de sa couche. Mon regard s'est perdu dans l'exploration des lieux, se concentre un moment sur le grand velux au-dessus du lit... je n'avais pas remarqué les gros nuages sombres dans le ciel, Zlatan me dit qu'il va très probablement neiger dans les jours qui viennent.

« Roh, non, pas la neige... »


Grimaçais-je en continuant d'observer le ciel au travers de la vitre. Zlatan se marre et m'observe avec son habituel sourire narquois. A l'aveuglette, ma main cherche celle de mon copain installé sur le bord du lit. Nos doigts finissent par se trouver et s'entremêlent. Je me redresse pour être à la hauteur du Eriksen et pose ma tête contre son épaule. Je ferme les yeux, je me sens paisible. C'est si calme, ici, il fait bien chaud j'ai l'impression que le temps a ralenti pour nous permettre de mieux rattraper ces derniers mois. Ma main serre plus fort celle de mon partenaire afin d'attirer son attention. Je dirige mon visage vers le sien, fixe ses yeux vairons puis vais l'embrasser du bout des lèvres, presque timidement dans un premier temps, puis en collant ma bouche à la sienne avec plus de ferveur. Mon cœur s'emballe à nouveau, mon ventre fourmille et se réchauffe d'une manière qui fait poindre le désir au creux de ma cage thoracique. Je me détache des lèvres de Zlatan, déglutis et m'enfouis dans son cou. Je me mets à fixer sa gorge et ses clavicules que je vois dépasser de son col en V à manches longues. Il porte toujours ses vêtements plutôt près du corps, ça lui va bien et je crois qu'au travers des regards que je lui lance, il se sent désiré et prend de la confiance et s'offre à mes yeux d'un air fier. Bon sang, il me fait vraiment envie. Je résiste à l'envie de le pousser contre les draps tout de suite pour embrasser et mordiller son cou et les reliefs du haut de son torse. J'admets sans honte qu'il m'en faut peu, après des mois, pour sentir le désir se remettre à vibrer intensément de mon estomac jusqu'à mon bas-ventre.

« Ça va, j'te gêne pas trop ? »

Ironise mon amant qui a bien vu que j'étais en train de le reluquer.

« Euh... oups, c'est.. c'est que ça fait longtemps, tu es tout près et tu sens bon, alors... »

Je rougis mais ne suis pas vraiment désolé. Zlatan a un rictus joueur et s'approche à son tour afin de me rendre mon baiser, plus intense que tantôt. Mon visage et mon corps se réchauffent encore lorsque je l’attire d'avantage contre moi, caresse sa cuisse et son ventre (j'ai l'impression qu'il s'est épaissi, d'ailleurs, c'est réjouissant), lui répond avec enthousiasme lorsque je sens sa langue se frayer un chemin entre mes lèvres et ses doigts passer sous mon pull afin d'investir de petites parcelles de mon dos. J'ai beau être crevé, j'ai très envie de lui, j'ai besoin de retrouver ces sensations familières ; la texture et la chaleur de sa peau et de ses lèvres, son odeur, les sons produits par ses soupirs, la manière dont il me touche... j'en oublie ma fatigue sur le moment. Je suis pris de court quand mon partenaire interrompt notre baiser et me laisse comme deux rond de flancs avec mes pensées et mes joues enflammées. Le Eriksen m'observe avec une expression malicieuse.

« Tu voulais pas prendre une douche ? »

Ah, si, c'est vrai. Mais en fait, on a tout notre temps.

« Ah, oui, mais avant ça, j'ai envie de câlins ! » Je lèche mes lèvres furtivement, passe une œillade séductrice le long du visage et du corps de mon vis-à-vis. « Et comme tu me fais très envie, si tu veux, on... »
« Hm. Good idea. »


Les joues du Eriksen rosissent à leur tour. Il a ne m'a pas laissé finir ma phrase mais il a bien compris. Je le sens plus empressé aussi à mesure que les secondes passent. Il se lève afin de faire sortir Nugget et vérifier qu'il n'y a pas d'autre chats sous le lit, puis il ferme finalement la porte. Ce qui s'est passé ensuite ne regarde que nous.

---


« Mais-euuuh, pourquoi tu m'as laissé dormir ? J'aurais pu rater ta mère... »
« Roh, chillax, elle rentre que dans une heure ou deux... »


Lionel a boudé pendant environ 10 secondes car il s'est assoupi rien qu'une heure après la douche. Je l'ai attendu comme promis pour nourrir les chats et je n'allais pas le réveiller tant il était adorable en roupillant tel un bienheureux avec un filet de bave lui coulant de la bouche, même s'il n'avait plus ses cheveux à ce moment-là. Il en avait besoin et ce n'est pas ça qui le re-décalera d'avantage, au point où il en est. Même si la nuit commençait à tomber au dehors avec les jours brefs de l'hiver, il n'était pas bien tard et je me suis contenté de faire faire un tour de la maison et du jardin à Lionel. Évidemment, tout ce qui l’intéressait, lui, c'est de trouver des photos dossiers de moi... je ne vais surtout pas lui céder les albums photos tout de suite, no sir. Maman s'en chargera très bien à ma place. Cela dit, ça n'empêcha pas le bleu de s'attarder un moment dans le salon pour regarder certains cadres photo. Il me demanda de lui présenter les gens sur les clichés et découvrit donc le visage de mon cousin Illeas, de ses enfants, de son conjoint et de ses parents... il était surpris que Soltan ne soit pas beaucoup sur les photos. Même si Lionel et le fermier ne s'entendront probablement jamais trop, le coordinateur émit un « oh... » compatissant lorsque je lui expliquais que Soltan était en froid avec sa famille depuis des années. J'imagine qu'avec ce que le Roque-Lartigue traverse actuellement, ça résonnait un peu en lui. Évidemment, il y a aussi des photos de moi à 10 ans qui traînent dans le coin aussi et Lionel n'en peut plus de me dire que j'étais trop mignon avec mes tâches de rousseur et mes cheveux tout lisses (ça me fait repenser que j'étais plutôt blond, jusqu'à mes 4 ans). En revenant dans la cuisine, mon copain passe du coq à l'âne et a très envie de préparer quelque chose pour quand Helène sera de retour à la maison. Hem, j'ai honte de mon inefficacité en cuisine mais j'imagine que si on fait ça ensemble ça pourrait être marrant... et vu comme Lionel a l'air fixé sur son idée, il sera difficile de l'en détourner.

Il opta pour une tarte au pomme en trouvant les bons ingrédients et je l'ai surtout regardé faire en essayant de ne pas me couper plus de 5 fois en épluchant les pommes. Moi et la cuisine, ça fait 36, je sais vraiment pas y faire et comme j'assume pas j'ai tendance à dire « euh bah euh on s'en fiche de la recette go impro ». Comme ça, si c'est raté, bah, au moins, c'est pas surprenant. Arhem. Bref, c'est exceptionnel que je m'en sorte juste avec 2 coupures aux doigts sur lesquelles Lionel se fit un plaisir de mettre du désinfectant et des pansements. Pffff... quel idiot. Hein. Huh. Huhu. C'est au moment où Lionel met à la tarte au four et que j'entreprends de faire la vaisselle que la porte d'entrée claque et que maman se manifeste. Elle a ramené des pots de marmelade et nous trouve dans la cuisine, remarque que ça sent bon, regarde dans le four d'un air guilleret et remarque que Lionel est tout stressé derrière moi. Et tout rouge aussi, pourtant, il le sait que ce n'est pas la peine de se mettre la pression ainsi, ma mère l'adore déjà (surtout s'il lui fait des tartes aux pommes).

« Euh.... hello, Mrs Eriksen. »


…What. Il l’appelait par son prénom au téléphone. J'arque un sourcil en le laissant faire, je ne vais pas me moquer, vu comme il a réellement l'air de galérer et Helène le laisse également venir à elle avec un sourire apaisant.

« I ame, hm... it iz véri naysse tou bi hirre. Tanke you fore inviting mi ! »

Il ne se débarrassera probablement jamais de son accent français mais je crois qu'il a vraiment répété pour l'occasion, je regarde ma mère qui a l'air, comme moi, de trouver ça plutôt attendrissant. Comme d'habitude, j'ai l'impression que Mon partenaire à tendance à surjouer sur « hihi mais non je suis trop bête je sais pas parler anglais » mais ce n'est pas comme s'il ne comprend rien quand il essaye. Helène se contente de prendre ses mains et de lui envoyer de grands sourires afin de lui répondre.

« I'm so happy to meet you ! Can I hug you ? »


Ah, oui, c'est vrai qu'elle est tactile comme ça. Je me rappelle qu'à une époque, ça m'agaçait, je trouvais ça forcé et ridicule, mais c'est réellement spontanée chez elle de saluer les gens de cette manière. Au moins, à force de m'avoir entendu protester, elle a fini par prendre l'habitude d'attendre le consentement des gens. Lionel nous regarde alternativement et a l'air interloqué.

« Euh... heuggue mi ? »


Fait-il pour s'assurer d'avoir bien compris et ma mère hoche la tête avec enthousiasme. Un peu plus confiant, le bleu finit par hocher la tête et ma mère lui donne son fameux câlin. Lionel est encore tout rouge après ça et passe une main sur sa nuque en ricanant bêtement.

« I did ze tarte in the four... euh... It iz... I hope you layke itte. »

Maman émet un « haaaanw » attendri, gourmande comme elle est, tu m'étonnes qu'elle soit plutôt ravie.

---


Zlatan part terminer la vaiselle et me laisse comme deux ronds de flancs devant Helène. Je me sens tout bête maintenant que je la rencontre en chair et en os et je ne sais moi-même pas trop pourquoi je suis si intimidé. Normalement, je gère les situations de rencontre, je sais faire bonne impression, avec ou sans la barrière de la langue. Probablement que c'est parce que je suis sincère et que les personnes avec qui je vais passer Noël ne font pas ça juste pour se tranquilliser la conscience. Je n'ai pas envie de faire semblant devant les Eriksen. Hélène regarde le four et la minuterie, a l'air de dire qu'il reste du temps et m'invite à la suivre pour que je l'aide à transporter les paquets de confiture et des paquets de marrons que son amie Karen lui a donné, si j'ai bien tout compris. Je suis gêné de lui demander de parler un peu plus lentement pour que je saisisse un ou deux mots et aussi de la contraindre implicitement à essayer de me traduire en français. Mais, donc, si j'ai bien compris, elle va inviter quelques amies pour les fêtes et donc, il faudra l'aider à faire la cuisine... j'imagine du coup que les Eriksen ne font pas de grands rassemblements familiaux pour Noël ? Enfin, qu'ils ne font pas ça avec la famille de la sœur d'Helène ? Peut-être que la tradition s'est perdue depuis que les grands parents de Zlatan sont décédés... je ne sais pas trop, mais, bref, ça ne me regarde pas. S'il y a bien quelque chose qui commence à rentrer dans ma cervelles ces derniers mois... c'est qu'il existe bien des manières d'être « en famille », autant qu'il y a de personnes, en fait.


*****



Et voilà. Deux jours plus tard et après deux nuit bien trop longues (mais bien reposantes), j'ai fait avec Hélène le tour des albums photo. Après avoir un peu écouté aux portes de manière assez peu discrète pendant que la mère de mon copain me racontait des anecdotes croustillantes, Zlatan est monté faire la sieste. Lorsqu'Helène est partie se reposer à son tour je suis monté rejoindre mon partenaire sans bruit et nous avons un peu dormi étalés l'un sur l'autre. Même si on avait la veille prévu d'aller se promener un peu, il a commencé à neiger fort dehors du coup, on s'est dit qu'on avait la flemme et on est resté à l'intérieur.

Vous voilà donc en train de glander comme des porcs avec des chats très collants qui m'empêchent d'aller répondre à mes mails tranquillement. Non, Brownie, je n'ai pas spécialement envie que tu me fasses renifler tes fesses même si tu es vraiment mignon. Je sais que j'avais dit que je laissais le travail un peu de côté cette semaine, mais ça reste la moindre des choses de voir si tout se passe bien au QG quand même et de répondre quand je peux... j'ai laissé du travail à Sirius donc je peux bien lui envoyer des signatures sur des papiers quand il en a besoin. Enfin bref. Zlatan est pour sa part en train de bouquiner. Des fois je me dis que si je pouvais lire aussi vite que lui, ça me ferait gagner un temps fou ! En le regardant concentré je me rappelle des photos que sa mère m'a montré plus tôt, parce que dessus, on le voyait bien souvent en train de bouquiner ou de jouer avec ses kapla ou ses legos. Je me rappelle aussi les photos où il était plus pagé, avec ses cousins. Pensif et toujours rempli d'interrogations au sujet de son enfance et de sa famille (je sais, c'est un peu une obsession), je pose ma tête sur l'épaule du châtain afin d'attirer son attention. Il profite de l'occasion pour me serrer un peu contre lui et me titiller en m'embrassant le front et en faisant jouer ses doigts le long de mon épaule et de mon bras. Chatouilleux que je suis, je ricane et lui dis d'arrêter car j'ai des questions à lui poser. Le Eriksen arqua un sourcil, perplexe à l'idée de se faire interroger sachant que je venais de passer du temps à regarder de vieilles photos, mais il posa quand même son livre afin de m'écouter.

« Dis, je me demandais... Vous ne fêtez pas Noël en famille, en fait ? »
« Bah... si ? »


Son sourire retomba et il m'observa en biais, de la façon dont il m'observe quand je dis une connerie ou quelque chose qui lui déplait. Je repense à ma question et me rend compte que j'ai mal formulé ma pensée. Evidemment qu'ils fêtent Noël en famille, Helène et lui... je me demandais plutôt si c'était une tradition d'être juste tous les deux ou s'il leur arrivait de faire autrement.

« Oui, euh, non, je veux dire, avec la famille de ta tante ? »

Après une brève pause, Zlatan inspire et hoche la tête en comprenant finalement où je voulais en venir.

« Aaah, ça... pas tous les ans. » Il hausse les épaules. « M'man en a marre du mari de Sofia, sa sœur, des fois et j'aime pas passer les fêtes sans elle. »

Ah ? Je n'imaginais pas Hélène mal s'entendre avec quelqu'un de sa famille. Mais bon, aucune famille n'est parfaite, même si je tends à vouloir le croire. Je commence malgré moi à m'inquièter pour le peu de choses qu'on vient de me dire, cela même si mon copain garde son air détaché en continuant à me raconter ses histoires.

« C'est rien de dramatique, hein, juste que ça jamais cliqué, lui et Helène. »


J'ai toujours du mal à l'imaginer mais je le crois sur parole. Chacun a ses propres limites, j'ai tendance à l'oublier, des fois. Mon interlocuteur marque une pause et se met à fixer un point devant lui, l'air pensif.

« Je crois que Ronald lui rappelle son père et que ça la met mal à l'aise, en fait. »
« Son père donc... ton grand père le militaire ? »


Le « père » en question, je crois qu'il s'apellait Horatio, si mes souvenirs sont bons. J'ai déjà pu entendre ce prénom au détour de quelques conversations mais je n'ai jamais vraiment eu plus d'informations. J'imagine qu'on a un peu tous un grand-père sur lequel on a des histoires plus ou moins bizarres, drôles ou craignos à raconter... j'ai de plutôt bon souvenirs de mes grands-parents maternels, Marie-Lysiane et Vincenzo... ils étaient complètement gâteux de moi quand j'étais enfant, je me souviens que Papa leur reprochait de trop me donner des cochonneries à manger. Du côté de mon père, je n'ai que très peu connu ma grand-mère qui était déjà très vieille. Enfin, bref, je ne sais pas grand chose des ancètres Eriksen, si ce n'est qu'ils avaient une certaine histoire en rapport avec l'armée.

« Ouais. Dans le genre autoritaire et kind of... condescending ? »

J'imagine que ça veut dire « condescendant ». Dans tous les cas le portrait qu'il dresse ne sonne pas spécialement mélioratif.

« Papy et Ronald étaient chiants avec elle. Parce qu'elle avait un gamin toute seule, qu'elle ait arrêté d'aller sur le terrain pour rester à la clinique et être plus dispo pour moi... j'étais un peu un boulet et j'avais besoin d'elle, so...»


Ça m'a l'air de faire beaucoup pour une personne, dit comme ça. Je ne suis par certain de comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette histoire mais Zlatan n'en parle pas avec une douce nostalgie dans la voix. J'ai l'habitude de le voir plus doux, narquois ou grognon mais rarement avec un air aussi dur qu'actuellement. Je me demande ce qui lui inspire cette soudaine noirceur dans le regard. En tout cas ce n'est pas la première fois qu'il a l'air de dire qu'il est un poids pour sa mère ; j'ai l'impression que ça le tourmente un peu. Je penche la tête sur le côté et scrute son visage, plus interpellé que vraiment inquièt pour le moment. Après quelques secondes de silence, Zlatan cessa finalement de regarder le vide fit volte-face dans ma direction, forçant un sourire d'excuse.

« Sorry. Family stuff. Y'know. »

S'il veut dire par là que les problèmes de famille, j'en ai aussi, c'est un peu vrai. Mais, j'espère qu'il ne s'interrompt pas pour moi. Peut-être ne veut-il simplement pas en parler plus que ça... ? Je vais tenter de tâter le terrain de manière assez peu subtile.

« Du coup, ça a toujours été juste elle et toi, chez vous ? »


Cela ne me gêne pas qu'il me parle de sa mère ou de ses histoires de famille. Si cela lui permet de s'ouvrir un peu... enfin, sans qu'il ne se force, bien sûr, c'est... enfin, je me dis que ça doit sans doute lui faire du bien et je ne veux pas qu'il s'empêche de dire ce qui lui tient à cœur.

« Yeap. Quand j'ai pu habité chez elle me suis dit qu'elle se mettrait ptet avec quelqu'un, mais, nope. » Je le regarde s'apaiser. « Elle est heureuse comme ça, I guess. Enfin, j'espère. »

Je sais qu'il se fait du soucis pour Hélène, maintenant qu'elle est âgée et qu'il veut s'occuper d'elle. Zlat a tendance à se fermer quand je lui demande si cela le rend heureux. Soit il évite la question, soit il se justifie pendant 5 minutes que c'est bien comme ça qu'il est heureux et que c'est tout ce qu'il désire, comme s'il était outré que je puisse demander un truc pareil. Mais, à côté, il me dit quand même qu'il voudrait revenir à Enola et vivre pas loin de moi... je ne suis pas très futé, mais j'ai quand même la sensation qu'il n'a pas envie d'admettre qu'il ne sait pas quoi choisir pour lui-même.

« Et toi... ? »
« Hein ? »


Je m'attendais à ce que la question le prenne un peu de court. Il m'observe avec une certaine méfiance. Je ne perds pas mon sourire en précisant ma question.

« Toi, tu penses que tu pourrais vivre avec quelqu'un d'autre, un jour ? » Je le vois qui tend ses épaule et échappe un bref rire, espérant détendre un peu l'atmosphère. « C'est pas une question piège, je suis juste curieux car ça me travaille aussi un peu, ces temps-ci. »

Mon comparse lâche un « ...oh ». Ce n'est que du conditionnel, mais ma question n'en est pas moins sincère. En repensant à notre conversation le jour où je lui ait parlé de l'adoption, je n'ai pas oublié ce que lui disait sur l'idée de revenir me voir. Je ne veux pas le presser ou exiger une réponse particulière de sa part... mais, j'aimerais juste qu'on puisse parler simplement de ce genre de choses.

« Erh... j'sais pas, j'crois que j'me suis habitué à être seul et donc j'ai un peu peur de... enfin, j'réfléchis mais... c'est, enfin, c'le changement, tout ça. »


Le Eriksen me donne une réponse un peu vague. Néanmoins, ce qu'il dit résonne en moi. Je pense que je comprends son sentiment

« Oui. J'ai... un peu la même. Enfin, c'est très important pour moi d'avoir mon indépendance maintenant, tu sais comment je suis attaché à ma routine, en plus. »

Je pense que ce n'est pas anodin que j'ai tant insisté pour partir dans cette école à Kalos à peine majeur puis que je sois très souvent parti à l'étranger par la suite. Il y a toujours eu un malaise croissant à l'idée de me poser à Enola, à un endroit à proximité de mes parents. J'ai cru que cela partirait avec mon poste actuel et le fait d'être tranquille à Zazambes et... en fait, que je sois loin ou proche géographiquement de ma famille, j'imagine que cela n'atténue pas mon inconfort et cette impression que je suis fliqué, qu'ils ont le droit d'avoir un contrôle sur ma vie. Ceci étant, actuellement, j'ai pris des libertés que jamais je n'aurais osé prendre il y a quelques années et c'est incroyablement libérateur. Difficile, aussi, car je n'ai jamais été moins confiant en la légitimité de mes actions. J'ai parfois l'impression de vivre dans le passé à décortiquer ce qui a pu m'a finalement conduit à récemment faire des choix bien éloignés de ce qu'on a essayé de m'enseigner jusqu'à aujourd'hui.

« J'ai vécu quelques années avec Shérylle, mais si on était pas presque toujours en train de travailler je ne pense pas qu'on se serait aussi bien supportés. Puis j'étais trop préoccupé par l'idée de plaire à mes parents avec cette histoire de « me caser »... t-tu sais... enfin, je me disais que pour avoir des enfants... il fallait forcément... t-tu vois... »

Maintenant j'ai toujours un peu honte d'admettre que je m’abreuvais d'idéologies complètement absurdes. Mais je crois aussi qu'on peut dire que ce n'est pas aussi facile que se dire « c'est des conneries »... car c'est un sacré cercle vicieux dans lequel je me suis mis. Vouloir des enfants. S'entendre dire qu'on doit être en couple (hétérosexuel, cela va sans dire) pour en avoir. S'accabler de ne pas pouvoir avoir d'enfants biologiques. Réaliser que l'idée d'être absolument en couple pour être parent est absurde. Envisager d'autres solutions. Se rappeller qu'on est formaté et totalement obsédé par l'idée de se fondre dans la norme, de ne pas faire désordre. Paniquer. Essayer d'oublier et d'enfouir tous ses désirs et ses plans. Attendre que cela refasse surface et retourner à la première étape. Sauf que je ne suis plus allé au-delà, j'ai mis le frein et j'imagine donc que... je me suis un peu résigné à ne plus aller vers les gens. Parce qu'au fond, je le savais, que j'étais faux. Que je suivais des plans et un code de conduite qui ne correspondait pas à mes envies. Bref.

---


J'observe Lio perdu dans ses pensées. Moi-même, je suis un peu déstabilisé par cette conversation car  plus j'y réfléchis, moins je sais ce que je veux. Je ne suis pas très bon pour vivre seul, pourtant j'ai grand besoin de ma tranquillité. Je n'aime pas l'idée de vivre à distance de chez mes proches mais j'aspire à être indépendant. L'un n'empêche pas l'autre, à ce qu'il paraît, mais je crois qu'on peut conclure que l'idée de vivre seul ou avec quelqu'un est loin d'être un choix aussi facile que cela en a l'air.

« Et maintenant t'as changé d'avis ? »

J'imagine que oui, s'il adopte seul. Le bleu a pourtant l'air un peu déstabilise par mes propos. Il me donne l'impression de ne pas se sentir légitime dans ses décisions la plupart du temps.

« Euh-euh... eh ben, en fait, je peux pas... enfin, avoir d'enfants de manière « classique », enfin, biologiquement, disons. Je suis stérile, voilà. »


Je cligne des yeux sans savoir quoi dire. Je ne peux pas dire que je sois franchement surpris. Il ne me l'avait pas dit en ces mots mais il avait déjà fait des allusions sans s'y appesantir. Visiblement, c'est un vrai problème pour lui, mais qu'il se sent peut-être finalement de surmonter vu ses décisions récentes.

« Alors l'idée d'adopter ça a toujours été dans ma tête mais je me disais que comme c'était pas comme ça que ma famille voulait que... c'est bête, mais pendant très longtemps, je ne voulais surtout plus y penser parce que je me disais que ça ferait désordre. »


Je vois mon copain essayer de raisonner le fait qu'il se soit forcé à coller à des normes toute sa vie. Je ne crois pas qu'il y ait grand chose à comprendre... la société actuelle n'est pas vraiment le temple sacré de la tolérance donc tout le monde fait ce qu'il peut pour se débrouiller avec ça, certains en deviennent totalement tarés ou juste des gros connards. Je ne suis pas vraiment le dernier pour jouer à l'edgelord et faire croire à qui voudra bien l'entendre que je ne suis pas comme tout le monde et que les règles et la norme me passe au-dessus... m'enfin, il n'y a pas plus faux.

« Hé, je... je pige pas trop tout ça non plus. J'ai pas eu une famille hyper classique m'enfin, des fois, j'me dis que... I guess, c'est plus pratique de suivre les modèles qu'on voit partout. »
« J'ai cru si longtemps que ça me rendrais heureux, alors que... c'est vraiment absurde. »


Je soupire et lève les yeux au plafond. Sans blagues, je ne suis pas si éloigné que je le prétends de beaucoup de comportements normés. Je ne prétends pas comprendre tout ce que Lio a vécu mais je le rejoins un peu sur le fait que pour ne pas avoir d'ennuis, parfois, on se fond dans la masse et on refoule. C'est bien pratique, de pouvoir passer pour un hétéro en se disant que la réalité des personnes LGBTI ne nous concernera jamais. Si j'avais rencontré Lionel quelques années plus tôt, j'aurais été encore plus stupide et dans le déni vis-à-vis de mon attirance. Probablement que j'aurais dit encore plus de de conneries. La vérité c'est que je ne me suis jamais senti ni hétéro ni vraiment... ni franchement masculin. Mais, j'ai grandi et évolué avec l'habitude de me faire agresser verbalement et parfois physiquement quand je n'étais pas assez tout ça.

« Yeah... me too. »

Je souris à Lionel. Le fait d'être avec lui met en lumière beaucoup de choses que je n'osais pas essayer de comprendre avant, qui deviennent plus claires avec le temps. Et donc qui deviennent flippantes, aussi.

« I... je veux dire... grandpa voulait ptet pas mal faire en jouant au daron avec moi m'fin, y se disait que si j'avais pas de père, fallait que moi, je sois, tsais, l'homme de la maison, que je sois pas faible, que j'ai une nana à protéger. »


J'ai toujours été très mauvais pour protéger qui que ce soit, moi-même compris. Probablement aussi que je n'ai jamais été un bon partenaire car arrivé dans une relation je me retrouvais comme un con à essayer de jouer au mec et comme on pouvait s'y attendre, ça fonctionnait pas vraiment, surtout quand je bloquais totalement dès qu'on en venait à un stade plus sentimental.

« Et surtout y voulait pas que j'sois... t'sais. A faggot. »

Bah, ouais. Car, sinon, aucun de ses précieux conseils ne pourraient plus fonctionner. Je me suis longtemps dit que ce choix de mots était anodin mais, bien au contraire. Aujourd'hui je me dis qu'en utilisant de pareils termes, on cherche forcément un peu à agresser, complexer quelqu'un sur ses attirances et la manière dont il ou elle choisit de vivre avec autrui. L'idée, c'est bien de provoquer la peur par l'intimidation, ni plus ni moins. Rien de surprenant au fait qu'avec ma peur de l'abandon, je sois tombé dans le panneau et dans des biais homophobes et transphobes.

« Euh... c'est... »


Ah, oui. Je crois que Lionel a compris l'insulte à laquelle je faisais allusion, mais il a l'air de se demander quelque chose comme « est-ce que c'est bien ce que je crois ? non, quand même pas... ». Eh bah si mon pauvre ami. Rétrospectivement, peut-être que c'est ce qu'Horatio pensait de moi et il pensait pouvoir m'aider à m'en sortir et à me protéger avec ses conseils de vie dont je me serais bien passé.

« Le mot en français ce serait, euh, « pédé », I think... ? »
« Ah. »

Le bleu baisse les yeux, visiblement peiné pour moi. J'ai envie de minimiser l'effet que ces paroles ont pu me faire, comme d'habitude, mais je n'ai pas envie de mentir. Lio se rapproche. J'ai envie de jouer les durs et faire comme si tout cela avant céssé de m'affecter, préférer en rire, mais je ne fais pas trop le malin et me hâte d'accepter le réconfort qu'on me donne en autorisant le coordinateur à me prendre dans ses bras.

« Est-ce que... enfin, depuis que tu es avec moi, tu te sens comment par rapport à tout ça ? »

Je le laisse me caresser les cheveux et relève les yeux vers lui.

« Hein, euh... » Je ne pige pas tout de suite pourquoi il me pose une telle question. « Bah... mieux. Ça... enfin, ça fait du bien d'être un peu plus à l'aise avec ça. Un peu moins... refoulé ? »

Je suis toujours dans le refoulement, mais ce n'est plus au point où je nie en bloc quand je passe mon temps à penser à Lionel et à faire des rêves pas franchement innocents avec lui. Je ne sais pas vraiment comment j'ai trouvé le courage d'admettre que j'étais attiré par lui, mais c'est pas important. Il était juste trop irrésistible.

« Oui, c'est pareil pour moi ! »

Mon rire s'ajoute au sien. Au moins, on est deux à galérer avec nos questionnements. Il s’affaisse de manière à ce qu'on s'installe plus confortablement l'un sur l'autre, m’accueillant dans ses bras tandis que je repose le dos posé partiellement sur son épaule et son torse. Je pourrais presque ronronner quand m'enlace ainsi. Je cogite les yeux fermés en profitant du silence, ouvrant de temps en temps mes paupières pour regarder les gros flocons tomber au dehors.

« Et... euh... pour l'adoption ? » En tergiversant, je me suis retrouvé à l'interroger sur ce sujet. « Ça... ça se passe comment ? »

Je ne sais pas si Lionel ose trop me reparler de tout ça après la manière dont ça s'est passé lorsqu'il m'a annoncé avoir débuté la procédures. Ça me peinerait qu'il pense que c'est un sujet à ne pas aborder alors que c'est important pour lui. Quand bien même je ne sais pas trop quoi faire par rapport à ça (pas que Lionel me demande de prendre parti ou de l'accompagner dans cette procédure), je sais qu'il n'a pas beaucoup de support de son entourage à cet égard donc je veux au moins lui offrir le mien. Dans un premier temps, le coordinateur ne me répond pas mais m'embrasse le front. Je n'ai pas fait ni dit grand chose de bien incroyable mais il a quand même l'air touché.

« Hm, ils ont bien mon dossier, maintenant, il faut attendre, c'est long. Mais la législation est assez souple en Enola, comparé à d'autres pays. Rendu là je ne peux qu’espérer et me préparer, de toute façon ! »


Je n'y connais pas grand-chose. Mais c'est connu qu'une adoption, c'est long et beaucoup de procédures administratives pénibles, que ce soit « souple » ou non.  

« J'espère que si je vis avec un enfant un jour j'arriverais à assumer au quotidien, enfin, de partager ma vie et de faire de chez moi un lieu où il ou elle se sentira bien... de... enfin, de le rendre heureux... tu vois. »


Mon partenaire bafouille et a du mal à trouver ses mots. Évidemment, il doit se dire qu'il ne veut jamais reproduire les choses qu'il a vécu avec ses parents et déjà se mettre une certaine pression. On ne peut pas déjà imaginer comment ce sera le moment venu, ça doit être un peu anxiogène, du coup. Mais, à force, je connais un peu Lionel, je sais comment il est avec les enfants et j'ai pu témoigner de sa gentillesse et sa sincérité à leur égard. Je ne sais pas ce qu'il faut pour être un bon parent, ni si quelqu'un le sait.

« Tu t'en sortiras. »


Je le pense. Je ne vois pas pourquoi Lionel ne s'en sortirait pas si ma mère a réussi à faire en sorte que je ne me casse pas à force de faire n'importe quoi. Il n'est pas plus bête qu'un autre. Je me retourne afin d'être à plat ventre contre mon copain et face à lui. Il m'entoure les épaules avec ses bras et me serre, enfouissant son visage dans mes cheveux. Je le serre aussi et embrasse le haut de son torse au travers de son pull. Il est si confortable, j'ai envie de me rendormir juste là, tel un bien heureux. J'entrouvre les yeux, caresses ses bras machinalement.

« Dis... si ça marche, tout ça, tu me présenteras ? »

Je ne sais pas si c'est exactement comme ça que je voulais formuler ma pensée. C'est sûrement naïf, ce que je raconte là. Ce n'est pas pour partir du principe qu'on sera encore ensemble dans plusieurs années, mais, j'aimerais bien voir ce qu'il y a pour nous dans le futur.. Évidemment c'est plus facile à dire qu'à faire et ça va demander un peu plus que juste de jolies pensées comme celles-ci. En tout cas, je veux faire mieux.

Lionel est toujours dans mes cheveux et gratte mon dos. Je le sens respirer paisiblement entre mes mèches. Après un petit moment, il finit par me répondre, faisant s'allonger mon sourire par la même occasion.

« Bien sûr. »


J'essaie de ne pas penser au fait que Lionel sera déjà parti dans moins de 6 jours. Il faut qu'on profite. J'espère que je trouverais bientôt le moyen d'aller le voir à mon tour car plus ça va, plus j'ai de mal à me passer de tout ça.

Unys - Décembre 2024
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
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Dim 23 Fév 2020 - 22:49
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