Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

Période en cours
Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

Intrigues et Events
Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
Découvrez un mystérieux astéroïde.

Demandes de RPs et liens
Cendrée
cherche un.e partenaire pour un RP ou un défi.
Arthur, Zelda et Bartholomew
sont dispo pour de nouveaux RPs !
Pseudo
cherche ...
Pseudo
cherche ...
+ pour afficher vos demandes, contactez le staff !



Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Le thé était tiède (OS)
Lionel Roque-Lartigue

Le thé était tiède


/!/ TW : chantage affectif, homophobie, abus familiaux


C’était déjà l’été et Lionel avait enfin décidé qu’il était temps de faire avancer les choses avec sa famille. Cela faisait seulement quelques semaines qu’il avait repris contact avec sa mère et malgré la fatigue de la fin de saison, il avait l’impression d’y voir un peu plus clair depuis qu’il s’était un peu ouvert à son grand frère. Ils avaient même prévu d’aller en vacances ensemble à la fin du mois d’août (sans leurs parents, évidemment) et cela faisait bien longtemps que ça ne leur était pas arrivé. Après en avoir beaucoup parlé avec son partenaire et sa psy, le bleu avait fini par se dire qu’il n’avait plus envie de se cacher par rapport à sa relation et ses préférences romantiques. Il ne prévoyait pas de faire de grande annonce lourdingue ni de rendre ça public, évidemment (c’est qu’il n’avait absolument pas envie que Zlatan soit ennuyé alors qu’il n’a rien à voir avec le monde du show biz), il trouvait ça plutôt inutile et n’avait pas besoin de confirmation publique non plus. Le temps avait beaucoup fait pour qu’il finisse par se dire qu’il était inutile d’en faire tout un plat. C’était important pour lui, mais il commençait à accepter qu’il ne devait pas attendre la confirmation de tout son entourage et  faire reposer son bonheur là-dessus, même si la chose lui était encore difficile à accepter. Lionel mentirait s’il disait qu’au travail et même chez lui, il n’attendait pas l’attention et les compliments à un niveau souvent déraisonnable.

Pour avancer, il devenait urgent qu’il fasse le tri dans son entourage proche : cela faisait trop longtemps que cela gâchait sa vie et envenimait ses relations avec les gens qu’il voulait réellement garder auprès de lui. A cause de ça, il ne faisait plus confiance aisément, attendait d’autres personnes des choses qu’elles ne pouvaient pas lui offrir, se sentait dévasté au moindre signe de rejet… ça ne pouvait plus durer. Le déclencheur, ça avait été de constater que se complaire dans ses angoisses faisait qu’il avait failli délaisser son partenaire. Convaincu qu’il resterait malheureux et en colère pour toujours, Lionel avait fait la bêtise de projeter ça sur son copain, convaincu que de toute manière, il ne saurait jamais rien faire de bon pour autrui en général. Au moment où le Eriksen venait d’arriver d’Unys, il avait clairement besoin de Lionel et pendant ces quelques semaines, le bleu avait fui en s’enfermant dans son travail, de peur de ne pouvoir aider Zlatan, de ne pas être un partenaire parfait car il avait lui-même ses soucis. Par conséquent, voir que le châtain n’en dormait plus lui avait fait l’effet d’un electrochoc et l’avait ramené les pieds sur terre. Les semaines qui avaient suivi avaient été fortes en émotions et faibles en sommeil, mais, ça en avait vallu la peine.

Après ces derniers mois chargés en hauts, en bas et en travail sur lui, le coordinateur ne cachait pas un sourire gaga en voyant le Eriksen remplacer des pièces de sa moto dehors en fredonnant, alors que lui restait sur la terrasse à observer. Ça lui évacuait un peu de nervosité due à la visite imminente de sa mère. Il était content de leurs progrès ces derniers mois, que leurs problèmes de communications semblent moins insurmontables depuis que Zlatan s’était ouvert sur ses problèmes de sommeil pour de bon et donc forcé Lionel à arrêter un peu d’être dans son déni. Le bleu s’appuya le coude sur la table et se perdit un peu dans l’admiration de son copain dont les cheveux étaient de plus en plus long. En le regardant, Lionel avait l’impression que son partenaire était changé physiquement, dans un bon sens. Il avait l’air plus à l’aise et confiant dans son corps depuis un moment et cela réjouissait beaucoup le bleu de le voir ainsi.

Sixtine venait simplement prendre le thé, mais les deux hommes avaient décidé de sauter sur l’occasion pour sortir du placard. Zlatan avait beaucoup blagué de manière très lourdingue ces derniers jours pour cacher sa nervosité à base de « can I stay in my underwear ? », mais l’illusion n’avait pas tenu très longtemps. Lionel s’efforçait d’être optimiste mais au fond, il se disait qu’il avait probablement trop d’espoir. Cela restait important à ses yeux de le dire à  Sixtine. Il avait encore un peu d’affection et d’estime pour elle malgré tout. Ce serait sûrement assez décisif pour leur relation. Mais probablement pour le mieux dans tous les cas. Il avait bien vu que malgré la réaction muette d’Hanson au départ à l’annonce de sa relation avec le Eriksen, cela leur avait permis de débloquer quand même quelque chose et maintenant, ils se parlaient beaucoup plus. Comme quoi, être sincère, des fois, ça amène vraiment de bonnes choses.

Lionel posa son portable quand le bruit d’une voiture se fit entendre devant l’entrée de la propriété. Zlatan alla se laver les mains avec un « oh shit here she comes... ». Le Roque-Lartigue se sentait, pour sa part, étrangement calme. Il se leva pour aller ouvrir la porte à la septuagénaire au chignon bien ajusté et donc l’épingle a cheveux végétale était assortie avec la broche de son chemisier à fleur. Probablement que le Eriksen aura quelques remarques à faire à ce sujet avec un sourire en coin dans quelques heures.

« C’est moi ! »

La vieille dame n’avait pas perdu un instant avant de sauter sur son fils, de lui faire un câlin et de déposer de gros bisous sur ses joues, qui laissèrent Lionel un peu horrifié sur le moment. Il s’essuya les joues par réflexe, sentant qu’elle lui avait collé du rouge à lèvre dans le processus.  

« Bonjour mon chéri ! »

Elle parlait fort, très mondaine, comme d’habitude. Lionel la trouvait déjà agaçante et commençait à regretter. Encore plus de l’imposer à son copain. La Roque-Lartigue avança dans le jardin en chatonnant et regarda les plantes, commentant l’état du jardin comme si elle s’y connaissait. Elle eut droit à quelques câlins de la part du Tenefix de Lionel qui aimait bien la mère de son dresseur malgré tout. Passant devant le garage, Lionel échangea un regard nerveux avec son partenaire qui avait été royalement snobbé par la plus âgée. Le coordinateur articula un « sorry » à la destination du cinquantenaire qui se rapprocha. Lionel en profita pour engager la conversation.

« Tu m’as l’air en forme dis-moi... »

Sixtine lui adressa un nouveau sourire un peu trop large pour être sincère. Il le connaissait, ce sourire.

« Oh, mais cela fait si longtemps que je ne t’ai pas vu ! Je me languissait de mon fils adoré. »

Ah, elle va me sortir qu’elle se sentait seule, aussi ? A cause de moi ? J’espère que non.

Voyant que son copain s’était tendu, Zlatan fit quelques pas jusqu’à se retrouver à ses côtés, bien en vue de la septuagénaire qui eut l’air surprise de le voir. Tandis qu’il s’essuyait les mains, prêt à dire « bonjour », la dame aux cheveux gris et aux yeux orangés comme ceux de son fils eut le temps de l’observer de la tête au pied, non sans avec une petite étincelle confuse et dédaigneuse dans le regard. Puis, elle se retourna vers son fils.

« Tu as encore des problèmes de chauffage ? Bonjour mad- monsieur le réparateur ! Pardon, avec les cheveux long je croyais que... ohohoh ! »

Il y eut un silence pesant. Lionel se sentit vraiment mal. Une boule se forma dans sa gorge sous le coup de la gêne. Il avait beaucoup imaginé cette rencontre mais… celle-là, il n’imaginait qu’elle aurait l’audace de la faire. Zlatan cligna des yeux, un peu choqué également.

« Wow. Rude. »

Sentant le plus grand se tendre derrière lui et voyant son sourire fondre comme neige au soleil, Lionel balbutia pour reprendre la parole et assouplir un peu l’ambiance.

« Maman ce n’est pas le réparateur, c’est Zlatan… et, non, mon chauffage est réparé, maintenant. »

Il se sentit bête de ne pas trouver mieux à dire sur le moment ou ne pas mieux défendre son partenaire mais… la situation qu’il pensait avoir prévue le prenait totalement de court.

Sixtine prit encore un moment, en silence, pour observer le Eriksen en détail, toujours aussi peu intéressée.

« …Ah. Oh. Un ami à toi ? »

Nouveau silence gêné. Lionel entendit son copain prendre une longue inspiration tandis qu’il croisait les bras sur son torse.

...Bon. Je ne pensais pas que le sujet viendrait si rapidement sur la table, mais « here goes nothing » !

« Euh, eh ben en fait-- »
« Oh, attends ! Il faut vraiment que je t’emmène dans ce magasin qui vient d’ouvrir en centre ville ! »


Sixtine le coupa sans même prendre le temps d’entendre ce qu’il avait à dire.

« Mais tu n’étais pas là pour prendre le thé ? »

Décontenancé, il ne trouva rien de mieux à rétorquer. Il sentait que sa propre nervosité alimentait l’agacement de Zlatan près de lui. Probablement que prendre le thé n’était pas une si bonne idée. Il était le premier à avoir envie de faire ravaler son mépris à sa mère, mais il ne voulait pas que tout ça termine en engueulade dans son jardin.

« Ah, oui, c’est vrai, j’ai changé d’avis, quand j’ai eu la nouvelle de l’ouverture. »

Bon… tant pis pour nos plans, j’imagine.

Sixtine était déjà repartie vers le taxi qu’elle avait fait patienter à l’entrée. Elle attendait son fils, maintenant, sans se douter de rien. Lionel lui fit signe d’attendre le temps qu’il aille chercher ses affaire à l’intérieur.

Il rentra dans le garage en soupirant, mains sur les hanches voyant que son partenaire l’observait avec un mélange d’inquiétude et d’irritation dans ses yeux vairons.

« Je suis vraiment désolé… je ne pensais pas qu’elle... »

Le Eriksen se contenta de secouer négativement la tête et de dire à Lionel que ce n’était pas sa faute. Le bleu voulait tout de même aller avec sa mère, ou que ce soit qu’elle ait prévu d’aller. Il voulait se débarrasser de ça. Ce n’était pas pour se faire du mal. Mais pour ne pas avoir de regrets. En rentrant dans la maison pour prendre son portefeuille, il s’excusa encore de l’attitude de Sixtine et aussi de ne pas pouvoir faire ce coming-out en présence de son partenaire. Ce dernier se contenta de soupirer une nouvelle fois en s’appuyant sur le mur, répétant que ça irait. Avait que le bleu de parte, Zlatan le retint quelques instants. Il fit glisser une main rassurante contre la joue et la nuque du coordinateur.

« You sure ? You don’t have to do this. »

Oui, je sais.

Lionel afficha un sourire décidé. Il était angoissé, fatigué par avance, mais confiant.

« Oui, ça ira… sorri for ze mess. »

L’autre roula des yeux puis le laissa partir après l’avoir embrassé et souhaité un bon courage. Il lui fit promettre de l’appeler ou de lui envoyer un message s’il avait besoin de lui.

« Je t’aime ! »

Le bleu s’en alla rapidement dans le taxi, se mettant en route vers le centre-ville de Zazambes, jusqu’au fameux magasin de luxe que voulait voir Sixtine.

*****



Les deux Roque-Lartigue sortirent du magasin deux heures plus tard avec les achats de Sixtine. Lionel ne tenait plus en place et avait besoin de s’asseoir et de jouer avec son handspinner d’une manière ou d’une autre. Il n’avait pas pu en placer une depuis qu’il était rentré dans le taxi et ne se sentait pas très bien, mais réussit à négocier de s’installer à une table au calme dans un parc et à l’ombre. Il fut bien content de ne pas avoir oublié ses lunettes de soleil (pour une fois) pour se protéger à peu près des éblouissements. Il se sentit un peu apaisé en mangeant et en buvant quelque chose, puis en prenant l’occasion de stimmer sous la table, évitant donc des questions du genre « mais tu as encore des jouets comme ça à ton âge ? ».

Après un petit moment, il repris assez de poil de la bête pour se mettre à ronchonner, profitant d’une pause dans le flot de paroles de Sixtine qui parlait encore de sa dernière sortir avec Celestine de Bonnefoy et des dernières affaires d’Agamemnon.

C’est triste, un peu. Enfin...

« Tu aurais pu me prévenir que tu voulais aller faire les magasins, finalement. »

Les imprévus, ce n’est pas son truc. Ça le met très mal à l’aise et cela fait deux heures qu’il prenait sur lui. Évidemment, ça ne plu pas trop à Sixtine.

« Oh, quoi, tu n’est pas content ? »

Oh, je suis ra-vi d’avoir passé des heures à t’entendre dire des choses racistes sur la provenance des sacs à mains que tu as acheté… j’avais envie de disparaître dans un trou de Sabelette.

« Si, si… mais tu sais que je n’aime pas les imprévus... »

Pourquoi je lui dis que-- bref.

Les habitudes ont la vie dure. Il ne pouvais pas s’empêcher de mettre sa mère à l’aise quand même en étant magnanime.

« Allons, cela en vallait la peine, non ? Et puis, tu es jeune, tu ne vas pas être fatigué pour ça ! »
« Oui, bon... »


Cela n’a rien à voir avec mon âge.

Qu’il aille expliquer ça à sa mère qui fait une obsession de son âge depuis qu’il n’a plus 10 ans et demi. Il n’allait pas s’y risquer, sachant que cela ne changerait pas grand-chose.

Avant de parler des sujets pour lesquels il faisait cette sortie avec Sixtine au départ, Lionel s’accorda un petit temps de réflexion, mangeant encore quelques morceaux du mille-feuilles qu’il avait pris. Il en avait mangé des bien meilleurs mais n’allait pas faire la fine bouche.

San surprise, Sixtine, qui ne supportait toujours pas le silence, se remit à parler, posant des questions sans trop réfléchir et Lionel avala de travers.

« Depuis quand tu es ami avec ton plombier ? »

Toussant dans sa serviette en papier, le coordinateur parvint à répondre après un petit temps.

« Maman, ce n’est pas-- il a un nom ! »

J’y crois pas ! Ca la fait rire, en plus !

« Oh, je plaisante, simplement, il a une dégaine de… »
« De quoi ? »


En quoi c’est drôle ?! Qu’est-ce qu’elle va me sortir, encore ?

« Rien, mais ça se voit que… enfin, financièrement, ça ne doit pas être facile pour lui. »

Il y eut un blanc. Lionel n’en croyait simplement pas ses oreilles. Cela ne le surprenait qu’à peine. Mais il n’en revenait pas que sa mère fasse ce genre de jugements hâtifs sur son copain de manière aussi impudente. Il était d’autant plus gêné sachant qu’il lui arrivait d’avoir ce genre de réflexes de gros riche, lui aussi. Dans tous les cas, il était énervé, maintenant mais s’efforça de rester à peu près calme, même si son débit de parole s’emballait.

« Et alors ? J’ai passé l’âge qu’on me dise avec qui j’ai le droit de traîner... »
« Ohlala, ce que tu es susceptible aujourd’hui. »


Bon sang… je n’ai même pas le droit d’avoir le moindre état d’âme avec elle, c’est ça ?!

« Je ne suis pas susceptible ! Je n’aime juste pas qu’on fasse des jugement hâtifs sur mon copain ! »

Le silence qui suivit fut plus froid, sembla plus long à Lionel qui était complètement à fleur de peau, désormais. Il n’avait pas réfléchi avant de parler et se dit, bêtement, que cette fois, Sixtine avait compris. Mais la réponse de cette dernière, après une gorgée de thé, témoignait une fois de plus qu’elle était complètement ailleurs.

« D’accord, d’accord ! Tu as le droit d’être ami avec qui tu veux... »

...Elle n’a pas compris ou elle va juste ignorer ce que j’ai... ?

Ravalant sa salive, Lionel se prépara à en remettre une couche. Le chat était hors du sac, maintenant, s’il le fallait il se répéterait jusqu’à ce que sa mère comprenne.

« Euh, Maman, tu as entendu ce que je viens de dire ? »
« Hm ? »


Une courte inspiration.

C’est bon. Ça ira.

« Je te dis que Zlatan n’est ni mon réparateur ni juste un ami, c’est… mon copain. Mon petit ami. On est ensemble. En couple. »

Sixtine se tut, le regard fixant le vide. Elle s’était arrêtée de tourner sa cuillère dans sa tasse. L’atmosphère était devenue froide. Ce n’est pas ce qu’il espérait ce matin, mais l’espoir de Lionel avait de toute façon fondu comme neige au soleil depuis l’arrivée de sa mère. Elle était surprise, évidemment, mais n’avait pas l’air ravie du tout. Lorsqu’elle finit par poser sa cuillère sur sa soucoupe pour se remettre à siroter son infusion, le coordinateur cru vraiment que la vieille dame allait changer de sujet.

« ...tu es gay ? »

Tiens. Je suis surpris qu’elle connaisse l'existence de ce mot.

La manière dont elle avait brisé le silence trahissait sa déception. Le bleu ne lui devait pas d’explications, mais il trouva l’énergie de lui répondre quand même.

« On est dans une relation gay, oui. Mais je suis bi : je suis toujours attiré par les personnes des autres genres. »

Mais pourquoi est-ce que je lui explique ça… elle va poser encore plus de questions, maintenant et je n’ai pas envie de les entendre.

« Tu aimes toujours les femmes, alors ? »
« Bah, oui. »


Pour une raison que Lionel devina aisément, Sixtine eut soudain l’air un peu rassurée. C’était devenu malaisant. Il sentait qu’elle allait en fait tout un plat, mais il ne se sentait pas de partir tout de suite.

« Je ne devrais pas être étonnée, je me suis toujours dit que tu étais un original sur ce point. »

Lionel roula des yeux. Évidemment, maintenant, elle allait faire comme si elle savait depuis toujours pour noyer le poisson. Bientôt, il allait avoir droit à des anecdotes sur son enfance et sa vocation de coordinateur qui ne seraient que des remarques clichées et homophobes dissimulées.

Visiblement agacée par la froideur des réponses de son fils, Sixtine poussa un soupir agacé. Elle n’osait même plus croiser son regard, elle qui a tendance à fixer habituellement.

« Que fait-il dans la vie ? »
« ...il n’est pas plombier. »


Il manqua de glousser de manière désabusée, presque fier de son sarcasme qui ne manqua pas de piquer Sixtine au vif. La septuagénaire s’empourpra et baissa encore une fois les yeux.

« Oh, j’ai compris, arrêtes un peu ! »

Le bleu se remit à manger son mille-feuille, satisfait de voir la honte changer de camp. Cela lui redonnait un peu d’énergie.

« Il était psychologue à Unys. Maintenant il cherche du travail. »

Pourquoi je lui dit ça, par Arceus ?!

« Comment ça ? Il ne fait rien ? »

Et voila, je le savais… elle m’énerve.

« Ce n’est pas tes affaires, ça. Et, non, il ne fait pas « rien ». »

Décidément, Sixtine n’appréciait pas le répondant de son fils et tenait à le lui faire savoir.

« Pardon, mais quand on n’a pas de métier et qu’on ne gagne pas d’argent c’est un peu comme si on ne faisait rien ! »

Lionel eut envie de réagir mais après mure réflexion, il comprit que cela ne servirait probablement qu’à enclencher un nouveau dialogue de sourds.

« Ne t’en fais pas je n’ai pas besoin de son argent, de toute manière... »

En quoi ça lui importe, de toute façon ?

Il n’arrivait pas à se dire que Sixtine essayait de comprendre. En vrai, il avait plutôt l’impression d’être devenu une sorte de bête curieuse aux yeux de sa mère. Les questions de cette dernière étaient sèches. Elle finirait par le faire culpabiliser si cela continuait comme ça. Probablement devrait-il penser à arrêter tout ça, maintenant que c’est fait.

« Vous allez vous… hem… vous marier… ? Il paraît que c’est autorisé, maintenant. »

Clignant des yeux, le bleu fixa la plus âgée. Il décela quelque désabus dans sa voix mais tenta de ne pas s’y attarder. Cela l’aurait étonné qu’elle se réjouisse qu’il existe depuis des lois autorisant les couples homosexuels a avoir les mêmes droits basiques que les couples hétéros. L’idée que sa relation avec Eriksen soit sérieuse dérangeait Sixtine, c’était évident.

« Oui, c’est autorisé, en Enola. Mais ce n’est pas dans nos projets. Ce qui ne veut pas dire que je suis moins sérieux au sujet de cette relation. »

Le coordinateur était devenu tout à fait neutre. Il ne voulait pas brasser plus d’air et gaspiller plus d’énergie là-dedans. Il commença à penser à un échappatoire mais… bêtement, il espérait encore.

Je suis stupide… pourquoi je n’arrête pas avant qu’elle dise quelque chose qui me fasse réellement mal.

Blessé, il l’était déjà, pourtant. Il ne pouvait pas s’empêcher de demander, une fois encore, un semblant d’approbation.

« Je voulais juste que tu saches que je suis heureux avec lui. Je pensais que ça te ferait plaisir. »

Mais visiblement, j’avais tord.

Sa gorge se serra.

Pourquoi est-ce que j’ai encore besoin qu’elle me dise « c’est bien » ? Je suis vraiment ridicule.

« C’est juste tellement soudain… cela fait longtemps ? »
« Un peu plus d’un an. »


Ses réponses allaient devenir machinales. Il ne tentait plus de garder le contact visuel, se focalisait sur ce qu’il mangeait et buvait.

« Alors tu as vraiment abandonné l'idée d'avoir des enfants ? »
« Si, je veux toujours adopter. »


Il n’arrivait pas à se dire qu’elle essayait de s’intéresser. Sa curiosité soudaine lui semblait malsaine. D’ailleurs, il était profondément mal à l’aise. Surtout maintenant qu’ils se remettaient à parler d’enfants et d’adoption et qu’il se remémorait ce que lui avait déjà dit sa mère à ce sujet. D’ailleurs, elle ne tarda pas à donner son avis sur ça aussi :

« Ça ne doit pas être facile, pour un enfant, de grandir avec des parents-- »

Non. C’est… cette fois je… cette fois, j’en ai marre.

Sa gorge le brûlant, il finit par hausser le ton. Loin de crier, Lionel sortit de sa passivité et coupa sa mère en se redressant légèrement au-dessus de la table.

« Je ne te demandes pas ton avis ! Surtout si c’est pour dire des choses aussi blessantes ! »

Je voulais juste… non, je n’aurais pas du « vouloir » quelque chose. C’est… j’ai été stupide.

« Mais enfin ! Je m’inquiète simplement pour toi ! »

Il sentit ses yeux s’humidifier. Il se sentait bête, épuisé et avait envie de se cacher loin de ce malaise qui l’empêchait de prendre congé tout de suite. Il finit par se lever, rangeant ses affaires sans un mot, assez frénétiquement pour que Sixtine se lève et comprenne qu’il était à bout.

« Ne te mets pas dans des états pareils, mon petit lion… tu-- »

Bon sang, qu’elle ne recommence pas avec ça aussi !

« Arrêtes de m’appeler comme ça ! J’ai 42 ans !! »

De nouveau, il lui avait coupé la parole, plus autoritaire. Tant pis s’il réagissait trop à chaud. Il ne s’en voulait pas. Il en avait assez fait. Il avait essayé. Probablement trop pour bien peu de résultats.

Posant des sous sur la table pour régler les consommations et ajouter des pourboires à rapporter au bar, le coordinateur prit congé un petit moment et ressortit du bar sans un sourire. Il attendit avec une patience qui le surprit lui-même que Sixtine prenne ses sacs de course pour se lever à son tour. Pour une fois, il lui avait fermé son clapet. Après un bref silence gêné, Lionel indiqua à direction de la place la plus proche.

« Je te raccompagne. Je t’appelle un taxi. »

Il était déjà au téléphone sans prêter plus d’attention aux regards presque suppliants que lui adressait sa mère.

Je veux juste partir d’ici.

« Mais Lionel, enfin, ce n'est pas la peine de le prendre comme ça ! »

Il prit une longue inspiration pour reprendre contenance. Mais il ne pouvait s’empêcher pour autant de répondre avec le cœur au bord des lèvres.

« Comment dois-je le prendre alors ? Je dois bien le prendre, que tu doutes de ma capacité à m’en sortir et à être heureux à chaque fois que je fais ma vie comme je l’entends ?! »

Muette, la vieille dame ne put rétorquer. Probablement que les mots de son fils ne faisaient pas beaucoup de sens sur le moment, mais il était temps que ce qui était resté si longtemps enfermé sorte.

« Tu… tu crois que… que tout va bien pour moi, quand vous passez votre temps à me prendre pour un débile avec Pap-- avec Agamemnon ?! J’en ai marre que vous vous voiliez la face au sujet de-- »

De cette famille de merde !

Il ne voulait même plus appeler son géniteur « Papa », maintenant. Il était réellement en colère et actuellement, il se disait qu’il allait peut-être réussir à les éloigner de sa vie pour de bon. Car, il réalisait bien que c’est probablement ce qu’il voulait depuis longtemps : qu’ils ne soient plus dans la vie.

« Mais enfin… qu’est-ce qui te prend ? »


S’insurgea Sixtine qui n’appréciait pas que son interlocuteur se permette de leur sortir ses quatre vérités. Lionel s’était emporté sans se mettre à crier. Il reprit son souffle, légèrement calmé avant de pouvoir reprendre.

« J’en ai juste marre de ton mépris… de votre mépris à toi et Papa. Vous pouvez vous le garder et me laisser tranquille, maintenant. »

Je n’en peux plus. C’est… Je le savais que ça se passerait ainsi. Je crois que… j’avais besoin de-- de voir que j’avais raison. Que je n’étais pas juste un sale con parano d’imaginer que ma propre mère ne pourrait juste pas accepter mes choix sans discuter et continuer de me prendre pour un demeuré.

Sixtine n’avait même pas l’air de vraiment comprendre la frustration de son fils. Il aurait préféré qu’elle réagisse réellement, qu’elle dise sincèrement comment tout cela la fait se sentir. Il aurait au moins espéré de l’honnêteté, à défaut de ne pas pouvoir obtenir le moindre encouragement.

« Je ne le diras pas à ton père, si c’est ce qui t’inquiète... »

Le regard rivé vers le sol et le visage enfoui derrière sa main tremblante, Lionel n’avait clairement pas envie de continuer cette conversation. Il voulait juste rentrer à la maison, se cacher dans sa chambre, serrer Zlatan dans ses bras puis sortir voir ses Pokémon, peut-être plonger un coup dans la mer pour se défouler et crier afin de se décharger.

Quand à ce que que ferait Sixtine après cette conversation… il s’en fichait.

« Peu importe. Dis-lui ce que tu veux. Je ne le verrais plus, de toute façon. »

Ses dernières paroles, prononcées plus sèchement, choquèrent sans aucun doute la matriarche qui porta une main sur son cœur. Un silence passa, Lionel n’avait qu’une envie : y mettre fin en partant de la gare au plus vite.

« Donc… je suppose que ce n'est pas la peine de compter sur toi pour le repas de ce dimanche, une fois de plus… ? »

Mais fous moi la paix avec tes déjeuners de famille à la con.

« Non. Ne m’attendez plus. Au revoir. »
« Au revoir et… je… non, je… rien. Rentres bien. »


C’est… c’est fini.

Est la première pensée qui traversa l’esprit du bleu en voyant sa mère partir. Une coupure. C’est ce qu’il ressentait, alors. C’était… ce n’était ni bon, ni mauvais. Cela lui donnait une impression de s’être débarrassé d’un poids immense, mais il avait tout de même ce nœud dans la gorge et dans la poitrine qui lui donnait envie de pleurer.

J’espérais quelque chose. Je n’aurais du rien attendre. Au fond, je le savais et c’est sans doute mieux ainsi mais je… mais ça fait mal quand même.

Il accéléra le pas vers la plage, pressé d’atteindre le bercail. Arrivé chez lui, sa première envie fut de monter sans sa chambre. Il se laissa tomber sur le lit, restant immobile un long moment sans parvenir à bouger. Sa respiration était irrégulière, parfois longue et profonde, parfois absente quand il l’oubliait au profit de la multitude de pensées embrouillées qui lui donnaient l’impression qu’il avait fait la pire erreur de sa vie. Sauf que non, ce n’était pas aussi catastrophique que ce dont il était persuadé sur le moment. Simplement, un très gros poids sur sa conscience, dont il refusait de se séparer depuis fort longtemps, était en train de s’alléger. Il n’osait pas penser à la suite, à comment il devait réagir, comment cela influencerait ses relations.. comment il allait réussir à gérer les nouveautés. Il se disait que c’était anormal que cela le paralyse plutôt que de l’exciter, de lui donner envie de découvrir tout ça.

Et si je me trompais ? Si j’étais le coupable, dans cette histoire ? Si je n’arrivais jamais à assumer toutes ces décisions, que je ne parvenais jamais à me faire confiance… ? Je… j’ai fait le bon choix, j’ai fait ce que je voulais faire pour être mieux avec moi-même alors…

Alors pourquoi j’ai envie de pleurer comme si tout allait s’effondrer autour de moi ? Comme si c’était la pire des décisions… ?

Quelques étages plus bas, Zlatan revenait juste d’une brève balade en moto qui l’avait bien détendu. Il avait été vraiment énervé par la scène de Sixtine et aussi de la voir forcer, manipuler Lionel à faire comme si ne rien était avec ses caprices. Il espérait que les choses se soient bien passées quand même, surtout que son copain ne l’avait pas prévenu de son retour. En revenant à l’intérieur, le Eriksen comprit vite que Lionel était là en voyant ses chaussures sur le pallier. Oui, sur le pallier. Pas à leur place habituelle dans le placard. Lionel déteste que ses chaussures traînent dans le chemin, donc, ce n’était pas anodin. Mais, peut-être que le motard se faisait des idées. Cela dit, il monta quand même vers le premier étage avec précaution, rendu inquiet par le silence envahissant.

« Lio ? »

En passant devant la porte de la chambre, il appela d’une voix calme. Des bruits filtrèrent depuis l’intérieur de la chambre, témoignant de la présence de Lionel qui ne voulait pourtant pas répondre.

Le bleu avait sursauté en entendant les pas et la voix de son partenaire approcher. Il ne voulait pas pleurer devant le châtain mais avait aussi intensément besoin de l’avoir contre lui. Après un petit moment, son amant réitéra son essai depuis l’autre côté de la porte, probablement inquiet.

« Hey, ça va ? Je peux entrer ? »

Le coordinateur parvint à marmonner un « oui » peu audible mais suffisant pour transmettre le message. Après être entré, Zlatan commença par s’asseoir sur le lit, demandant à Lionel s’il acceptait le contact physique. Avant même qu’il n’eut terminé de poser sa question, le bleu s’était réfugié dans le bras du plus grand et le serrait fort. En entendant Lionel se mettre à renifler ûis à sanglotter fort, le châtain comprit que les choses ne s’étaient pas bien passées avec Sixtine. Il serra plus fort le bleu contre lui, caressant doucement son dos pour le détendre. La gorge de Zlatan se serra sans qu’il ne puisse vraiment contrôler sous le coup de l’inquiétude de voir son partenaire dans un tel état. Il était aussi en colère envers la famille de ce dernier même s’il n’y a pas grand-chose qu’il pouvait faire.

« It’s ok. I am here. »

De longues minutes passèrent. Zlatan laissa son copain se décharger en pleurant contre lui. Le bleu  sentait sa gorge et sa poitrine le brûler, mais plus il sanglotait, plus il sentait son corps s’alléger. Il ne se rappelait pas la dernière fois où il avait autant pleuré. Après un long moment, il finit par se calmer, respirant par la bouche à cause de son nez obstrué. Il prit le mouchoir que lui tendait son partenaire et souffla fort pour se soulager. Il reposa sa tête contre l’épaule de Zlatan, s’excusant d’avoir mis de la morve partout en continuant de reprendre son souffle. Le silence était revenu et le chatain continua de le serrer, le réconfortant par d’autres caresses contre ses bras, dans ses faux cheveux sur ses épaules. Après un petit moment, l’unyssien osa parler à voix basse.

« Ça va mieux ? »

Le bleu leva ses yeux orangés humides vers le plus grand puis hocha la tête affirmativement. Le sourire de Zlatan lui mit du heaume au cœur, tout comme sa question suivante qui le réconforta dans l’idée que ça irait mieux, maintenant.

« Tu veux en parler ? »

Le coordinateur ne pouvait qu’hausser les épaules et secouer la tête avec résignation. Il soupira longuement.

« Il n’y a vraiment rien à dire. »

Il se mordit la lèvre, sentant sa gorge se serrer à nouveau. Il s’en voulait d’avoir gaspillé tant d’énergie pendant si longtemps pour un tel résultat. D’avoir été si naïf. D’être tombé si longtemps dans des manipulations, dans du chantage de personnes qui n’avaient jamais été là pour lui quand il en avait besoin, si ce n’est financièrement.

« Je… je me sens tellement con. D’avoir espéré qu’elle puisse comprendre ou... »

Ses propos étaient hachés par des reniflements et il s’efforçait de ne pas se remettre à pleurer. Il aurait voulu être plus malin, pour ne jamais se faire piéger. Pour comprendre plus tôt. Ne pas être un boulet pour les gens dans son aveuglement. Il ne pouvait pas se cacher derrière tout ça pour ses erreurs non plus. Mais il se disait que s’il avait réglé ses histoires de famille avant, alors, peut-être qu’il aurait fait moins de bêtises. Il se serait entouré plus sainement… il n’aurait pas tant à rattraper. Zlatan le regardait encore, et il ne voyait pas dans ses yeux vairons la moindre déception ou le moindre mépris, bien au contraire.

« T’es pas con. »

Peut-être, peut-être pas.

Il ne se sentait pas de se lancer des fleurs, pour une fois. Il était juste reconnaissant aux personnes qu’il avait réussi à garder ces dernières années. Dont son copain qu’il n’en finissait pas d’adorer de manière parfois inconditionnelle et idéalisante. Mais, c’était bon, d’avoir quelqu’un qui est là pour soi et qui a aussi envie qu’on soit dans sa vie. Un sourire réapparut sur les lèvres du Roque-Lartigue fatigué, mais soulagé. Il se sentait bien. Il se sentait en sécurité.

« Je t’aime. »

Le Eriksen s’allongea avec son partenaire, lui faisant face et caressant sa joue en lui renvoyant son sourire.

« Me too. I’m proud of you. »

Il l’embrassa tendrement sur le front, le laissant revenir à lui pour être câliné à son tour.

Ils somnolèrent un petit moment ainsi, jusqu’à l’heure ou ils commencèrent à avoir faim. Lionel proposa de commander quelque chose à manger tout en jouant un peu à la console, ce que Zlatan n’aurait pas pu refuser.

Quelques jours plus tard, Lionel se chargea d’envoyer une lettre à Agamemnon et Sixtine, leur disant qu’il ne fallait plus compter sur sa présence aux repas de famille ou à leurs galas. Qu’il n’avait plus envie de les voir dans ses conditions, tant qu’ils ne respecteraient pas sa vocation, ses choix de vie et sa relation avec Zlatan. Oh, il y avait des chances qu’Agamemnon veuille l’incendier par téléphone après ça, mais… Lionel avait juste hâte d’avoir le plaisir de lui raccrocher au nez afin d’avoir une bonne raison de bloquer le numéro.

Il y avait beaucoup de choses qui étaient loin d’être rangées dans sa vie, mais pour le moment, le coordinateur avait juste hâte à ses vacances qu’il passerait, pour une fois, uniquement entouré de gens qui lui voudraient du bien.
Zazambes - Juillet 2025
Lionel Roque-Lartigue
Lionel Roque-Lartigue
Elite
Voir le profil
Sam 12 Sep 2020 - 13:12
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: