L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
OS simple Pour Silas, le projet se concrétise. Chaque planche, chaque clou posé, et devant lui le rêve se forme tel qu’il se l’est projeté, lors de ses rares instants où il se l’est permis ses dernières années. Même des mois après, il ne se reconnaît plus à son réveil, cette chambre étroite dans la maison centenaire qui surplombe le terrain. Son terrain. Aussi réelle soit l’idée désormais, le jeune homme ne parvient qu’avec peine à y croire. Encore une fois, il s’avance à la fenêtre de la salle à manger, considérant le ciel de ses orangers et pourpres qui enjolivent le ciel. Il s’est levé tard ce matin, un peu avant le soleil, mais il peut encore se le permettre. Il n’y a que quelques Œufs dans la pouponnière, et pour l’instant aucun pensionnaire que ses propres Pokémon, encore limités au nombre de trois. Le brunet sait bien qu’il lui faudra animer un peu l’endroit, faire de la publicité et vendre l’endroit, mais les réparations de ses infrastructures et l’installation d’autres prennent du temps, et sans l’aide de travailleurs employés à cet objectif, Silas n’y parviendrait jamais. Le contracteur l’aura bien aidé à coucher sur papier la multitude d’idées qui le traverse régulièrement, à faire des plans détaillés. Maintenant, la grange a été parfaitement adaptée pour recevoir les Œufs, petit centre de naissance dont l’éleveur ne pourrait être plus fier, mais le moulin, qui sert de dortoir aux pensionnaires, a encore besoin d’être rénové. Silas grignote une tartine grillée au beurre, partagé entre l’idée de faire ses courses ou de mener à bien un certain projet qu’il entretient depuis un moment. Cette dernière primant finalement sur la première, il avale le reste de son thé, posant le tout sur la pile déjà bien garnie de vaisselle sale sur le comptoir avant de sortir, Sherine sa Germignon sur les talons.
Silas apprécie grandement sa vie ici. Il ne regrette pas avoir choisi une terre plus loin de la ville, à environ une vingtaine de minutes de voiture de la ville, si ce n’est davantage. Il reste assez en proximité pour attirer des dresseurs, une fois qu’il saura bien les accueillir. Il lui arrive, même maintenant, de louer la chambre valide de la vieille maison à un Compétiteur de passage. Se situation dans la périphérie plus agricole de la région de l’est, il peut faire souvent ses courses à pied et se diriger vers le marché, obtenant ainsi des produits frais. Il raffole des fromages des environs, délicieux et goûteux. Puis le terrain se situe à proximité à la fois des montagnes, offrant une vue plutôt agréable sur le volcan, et de la région humide et du Lac Anula notamment. Il a la chance d’avoir un petit ruisseau qui traverse son terrain, ce qui fera bien plaisir aux Pokémon aquatiques un jour. Oh, Silas en a tant des projets. Déjà, acheter ce lopin de terre fut toute une expérience pour lui, plutôt démuni en affaires. Puis il a fallu rendre l’endroit habitable, réparer les égouts, l’eau courante et l’électricité car l’endroit était abandonné depuis belle lurette et servait à l’origine de camping. Puis la maison… Il a fallu presque tout arracher pour recommencer, mais encore beaucoup est à faire pour véritablement vivre confortablement. Petit à petit, le tout prend forme, mais Silas travaille majoritairement seul et sans aide, les changements prennent donc du temps.
«Ce matin, je pensais aller voir les Œufs avec Suhana, remplir vos gamelles puis lancer un petit projet. J’aimerais beaucoup ton aide, Sherine, tu crois que tu pourras faire quelques trucs pour moi?»
La Germignon a levé la tête vers lui tandis qu’ils se dirigent vers la pouponnière. Comme toujours, Silas lui a parlé si doucement qu’on le croirait presque murmurer. Comme son dresseur demande peu de l’aide, elle en profite pour accepter, soulagée qu’il s’y adonne. C’est qu’il a de l’orgueil, l’eno-syrien à ses heures. Incapable d’accepter que Sherine ne lui prête ses lianes quand visiblement, il aurait besoin de bras supplémentaires. Avec enthousiasme, elle hoche la tête et presse un peu plus le pas, curieuse de savoir ce qu’il a l’intention de préparer. Le travail à la pouponnière a quelque chose de routinier. Trois Œufs reposent dans les incubateurs. Pour l’instant, la Pension ne compte qu’une dizaine d’incubateurs, un chiffre que l’Hôte désire doubler d’ici peu. Il veut faire de cette Pension un lieu propice à la reproduction, et pour ce faire il doit être en mesure d’accueillir les œufs. Silas vérifie l’état de chaque Œuf, reconnaissant chez eux les signes de maturation. Si deux d’entre eux ne sont pas sur le point d’éclore, le dernier montre des signes encourageants d’une naissance dans les jours prochains. Suhana et lui lavent les coquilles et les reposent délicatement à leur place, sous l’œil attentif de Sherine. Un jour, s’occuper des Œufs fera partie de ses tâches. La Ronflex aide ensuite son dresseur à préparer le repas et elle et Sherine mangent ensemble avant que tous ne se séparent. Silas amène une chaudière de fruits à Idriss, qui dort encore dans le moulin, avant de se diriger vers le cabanon infesté d’araignées où il garde une part de son matériel.
«Bon, alors voici ce que nous allons faire, Sherine! Nous allons faire un terrain d’entraînement. Ce ne sera pas bien compliqué, et tu vas pouvoir m’aider à tondre la pelouse.»
Un terrain d’entraînement s’avérera essentiel pour le travail de l’Hôte de Pension. Faire un peu d’exercice aux pensionnaires, et pourquoi pas leur apprendre quelques attaques pour améliorer ses services? Silas, tant bien que mal, récupère la tondeuse qu’il doit manipuler d’une seule main. Il a l’habitude maintenant, ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’un exercice facile. Heureusement, ce n’est pas lui qui entretient la pelouse de tout le terrain, mais plutôt un employé à contrat, car il y mettrait des années. Le jeune homme trace d’abord le terrain à l’aide de rubans colorés, lui ensemble, Sherine et lui débarrassent l’endroit de l’herbe excessivement haute. La Germignon utilise son attaque Tranch’Herbe tandis que son dresseur utilise la tondeuse. Une fois le rectangle bien tondu, les deux s’amusent à tracer les lignes du terrain à la peinture blanche. Ils ont presque terminé lorsqu’une voiture passe l’entrée et s’enfonce lentement sur le petit chemin rocailleux. Silas se redresse, surpris par cette arrivée. De toute évidence, il ne s’agit pas d’un travailleur, car ceux-ci sont déjà attelés à la peinture et l’installation de la clôture depuis tôt ce matin-là. Un client peut-être? La voiture se gare près de la pouponnière, où elle est accueillie par Suhana. La Ronflex observe l’automobile de grands yeux curieux. Émerge de la berline noire un homme d’une trentaine d’année, d’apparence plutôt chic. Il porte des lunettes fumées, ce qui n’inspire pas grand-chose à Silas, qui s’approche en trottinant.
«Bonjour monsieur, bienvenue à la Pension du Moulin du Ruisseau! Je suis l’Hôte de Pension ici, Shirani. Je peux vous aider?»
L’étranger se retourne vers lui après une contemplation de la Ronflex qui le surplombe de sa taille.
«Vous recevez des pensionnaires ici?»
Silas tique un peu sur le manque de courtoisie de l’homme, mais l’appât d’un premier contrat officiel de pensionnat le force à conserver son masque de politesse. De toute façon, il a l’habitude, c’est naturel chez lui.
«Oui tout à fait. Suivez-moi, je vais vous faire visiter les installations.»
«Hum… ouais, je n’ai pas vraiment le temps pour ça. Écoutez, je dois être à l’aéroport dans une heure et je ne trouve personne pour s’occuper de mes Pokémon. Ils ne sont pas faciles à vivre. Je veux juste que vous me les gardiez sans poser de questions.»
D’accord, il veut une gardienne, pense Silas, de moins en moins chaud devant la froideur de l’homme qui lui fait face. Un peu pris de court, il laisse un silence s’installer, que l’inconnu remplit en retirant de sa ceinture deux balles, deux Luxe Ball.
«Les voilà. Et voici la compensation monétaire. Je vous offrirai la même somme à mon retour.»
Silas tente de répliquer tandis que l’inconnu lui refile dans la main les deux balles de ses alliés. L’Hôte de Pension passe tout près d’en échapper une, toussant d’un air gêné en les accrochant à sa propre ceinture et en récupérant les billets d’Opals tendus par son interlocuteur. En voyant la somme, il pâlit.
«M-monsieur, je vous remercie, mais c’est presque le double de ce que je demande pour mes services.»
«Disons que je compense pour le mal que vous aurez à vous donner avec ces deux-là. Aller, je reviens le 22 vers le début de l’après-midi pour les récupérer.»
«V-vous ne voulez pas signer de contrat? Quels services désirez-vous exactement?»
«Comme vous voulez. Je dois partir maintenant.»
L’homme est déjà en train d’ouvrir la portière de sa voiture de toute façon.
«Attendez! Vous ne voulez pas… Leur dire au revoir? Une semaine c’est plutôt long.»
L’homme lui adresse un de ces sourires à la fois condescendants et épuisés. Silas se sent petit, tout à coup, et un peu imbécile. L’inconnu aux lunettes fumées entre dans la voiture et s’empresse de démarrer en plombes, faisant demi-tour à grande vitesse en produisant une pluie de graviers. Suhana et son dresseur échangent un regard incertain. L’Hôte tient encore les billets de son tout premier client officiel. Son tout premier client!
«Suhana? Ça y est… On est lancés.»
Sans surprise, la Ronflex soulève son dresseur de terre et lui offre un énorme câlin. Silas se permet un rire, même si ce premier client s'avère infect. Pierre par pierre, son projet se concrétise. (c)Golden