Il a fallu que je fasse preuve de patience mais j’ai enfin obtenu un œuf de zorua. Je l’attendais depuis longtemps et avec tellement d’impatience que je ne l’emmène partout avec moi et j’en prends soin comme si c’était mon propre enfant. Quidam en serait presque jaloux si le grand chien n’attendait pas la naissance du renardeau avec autant d’impatience que moi. Lui aussi il guette sans cesse l’œuf, le renifle, sursaute parfois quand il croit qu’il a bougé mais le pauvre devra encore attendre un peu, tout comme moi. Environ encore une semaine avant de voir naître le zorua mais je ne suis plus à ça près puisque j’ai patienté des mois pour obtenir l’œuf. Mais si mon impatience est étanchée, n’est pas le cas pour celle de l’arcanin qui veille nuit et jour sur le précieux petit. Même à l’heure de manger, il se dépêche d’avaler sa gamelle à toute vitesse pour retourner auprès de son précieux et le couvrir de coups de langue, dès fois que quelqu’un y est touché… C’est drôle et j’ai hâte de le voir quand le zorua aura éclot.

Aujourd’hui, j’ai prévu de rendre visite, comme chaque semaine, au refuge de pokémons pas très loin de chez moi pour donner un coup de main comme bénévole et visiter les pokémons que je connais. Il fait un peu frais et je ne veux pas risquer d’emmener l’œuf alors Quidam reste à la maison pour garder un œil sur lui et c’est Néia qui me serre de monture afin de gagner du temps. Pas que je sois feignante ou que je n’aime pas marcher mais c’est beaucoup plus rapide par les airs même si c’est moins rassurant. En arrivant, je fais le tour pour dire bonjour à tout le monde et m’enquière des nouvelles de la semaine. Apparemment, il y aurait trois nouveaux pensionnaires, deux malosses et une pikachu. Une pikachu ? On en voit pas souvent dans les refuges, ils sont plutôt populaires et dociles et ne faisaient pas partie des idéaux du régime qui préférait s’armer de pokémons puissants et effrayants. Enfin, ce n’est pas une généralité mais souvent, c’était le cas.

« Elle est arrivée quand ?
- Avant-hier et elle refuse de manger. Elle est timide mais docile, très gentille. Elle a une blessure à la patte arrière droite, une vilaine coupure mais on l’a soignée et elle commence à aller mieux. Elle aurait besoin d’une famille d’accueil pour prendre soin d’elle en attendant que quelqu’un veuille l’adopter. On a peu de places en ce moment… C’est triste mais on a de plus en plus de mal à placer nos protégés. »

Je grimace, comprenant tout à fait les difficultés du refuge pour y avoir travaillé régulièrement un moment et pour continuer à participer à la vie de l’association. Après un échange assez long avec la directrice qui est aussi mon amie, je vais visiter les pensionnaires, sortant ceux que j’ai l’habitude sortir, nettoyant les boxes sales, offrant un peu de complicité à d’autres et des moments de détente. Puis, j’arrive dans la zone de quarantaine où la petite pikachu se repose, roulée en boule sur un coussin bien moelleux. Elle m’entend entrer et se redresse, m’accueille un peu nerveusement mais je lui parle, la rassure, lui souris. Elle accepte de me laisser l’examiner sous toutes les coutures et après une dizaine de minutes à la câliner, elle vient se coucher sur mes genoux et se blottir dans le creux de mon bras. Je craque, elle est adorable mais aussi amaigrie et faible…

« Je pourrais la prendre à la maison le temps qu’elle reprenne du poids et du poil de la bête. Je pense qu’elle s’entendre sans soucis avec mes autres compagnons, il ne devrait vraiment pas y avoir de problèmes, ça lui fera peut-être même du bien. Tu en penses quoi ?
- Si tu peux, ça nous arrangerait énormément, on attend encore deux nouveaux pokémons d’ici la fin de semaine qui seront transférés d’un refuge plus au nord pour leur laisser une chance ici d’être adoptés alors…
- Bon ba on fait comme ça alors, je l’emmène. Elle rentre dans sa pokéball ?
- Oui, elle ne rechigne pas, tu pourras la transporter sans danger.
- Très bien. »

Je reste encore un long moment à la câliner jusqu’à ce qu’elle me fasse pleinement confiance et qu’elle s’endorme dans mes bras puis, je la fais rentrer dans sa pokéball que j’attache à ma ceinture à la place de celle de Quidam que je n’ai pas prise. Je termine d’aider au refuge, jusqu’à ce que le soleil décline dans le ciel et que tout le monde ait eu son repas du soir. Après un bon café et des bavardages, je rentre à la maison, promettant des nouvelles à la directrice de l’association tout en repensant à la pikachu affamée dans sa pokéball. C’est difficile des fois, on ne peut pas sauver tout le monde, je ne peux pas adopter chaque pokémon mignon que je vois ou même devenir famille d’accueil pour tous. Ce n’est pas possible et ça me fend le cœur à chaque visite au refuge, malgré que les pokémons soient bien traités, ce qu’il leur faut réellement, c’est un bon dresseur et une famille… Je ne peux pas leur offrir à tous mais je fais de mon mieux pour qu’ils soient heureux, qu’ils apprennent à vivre comme des pokémons et non des armes et qu’ils trouvent tous un bon maître. En attendant que ce soit le cas pour la boule de poils que je ramène à la maison, je vais m’assurer qu’elle retrouve la forme et la santé, c’est ce que je peux faire de mieux.