Héhé. C'est bien dommage que Axel ne se plaise pas à venir ici. Cela me permet de profiter pleinement de l'éleveur pour moi tout seul ! Enfin presque, si on compte les Pokémons... Mais ils nous laissent généralement tranquilles. J'aurais pu continuer à faire un hymne intérieur à la nature et aux arc-en-ciels durant notre petite promenade parce que tout simplement je suis détendu, mais le destin voulut que Natsume se rétame sur une pierre. Enfin, à y regarder de plus près, il s'agit d'un Oeuf. Un Oeuf de Larveyette plus précisément, enfin selon mon copain. Tiens donc... Lui qui raffole de cette espèce, cela ne m'étonne pas qu'il l'ait reconnu. Je ne suis pas surpris non plus de trouver un tel Pokémon en ces lieux : il semblerait que ce soit le domaine des Pokémons Plante et Insecte en tous genres. Après avoir vérifié que le Miyano n'avait rien, je regarde aux alentours pour apercevoir les géniteurs du petit.

« Je n'en ai pas vu, mais on peut regarder par là-bas, peut-être ?.. »

J'ai beau ne pas être éleveur, cela ne m'empêche pas de me sentir concerné par le sort du nourrisson. Il ne pourra décemment pas survivre ici tout seul, et encore moins alors que j'aperçois de loin des Vaututrices qui sillonnent les cieux à la recherche de la moindre proie potentielle, et cet Oeuf serait la victime parfaite pour leur déjeuner. Ou celui d'un Sucroquin sauvage, en l'occurrence. Mais je n'ai pas besoin de jouer les 'protecteurs' pour cette fois, puisque Natsume s'en sort très bien tout seul et n'hésite pas à défendre l'Oeuf avec une férocité digne d'un... parent. Et l'image est, je vous avoue, assez amusante, surtout que je ne l'aie que rarement vu dans un état pareil, mais étant donné la situation, c'est compréhensible. N'ai-je pas après tout veiller sur les Oeufs de mes propres Pokémons avec une hargne semblable ? J'ai bien failli y passer, d'ailleurs, quand je me souviens de la façon dont j'ai préservé l'Oeuf de Yami, l'un des tous premiers que j'avais reçu.

« Allons, allons... Personne ne serait capable de t'arracher cet Oeuf des mains. Nous finirons bien par retrouver ses parents. Je vais envoyer mes oiseaux, si tu veux. »

Je pose doucement ma main sur son épaule dans un geste rassurant.
Du moins, je l'espère, qu'on va les retrouver.
Je libère tous mes compagnons de ma team Elite, puisqu'ils volent tous, ils partent immédiatement après que je leur ai expliqué la situation. On déconne pas quand il s'agit d'une famille de Pokémons.

« Doit-on prendre des précautions particulières avec lui, en attendant ?.. »

Pas que je m'y connaisse beaucoup en Oeufs, mais je peux toujours me rendre utile si ce petit a besoin de quoi que ce soit.

Je me sens un peu inutile, là. Mais j'imagine qu'en ce qui concerne le domaine de l'élevage, je ne devrais pas miser sur le fait de servir à quelque chose quand mon copain s'occupe de la situation et semble même prendre très à cœur son job même hors pension ; ce qui est tout à fait normal, en somme. Mais il est vrai que je n'avais plus eu l'occasion de le voir en plein dans son élément, et surtout dans un tel état de panique. Il est inquiet, ça se comprend. Mes tentatives pour le rassurer sont malheureusement vaines, alors je ne peux à présent que me reposer sur mes alliés pour qu'ils trouvent la moindre piste. Tandis que la Pyrax du japonais s'occupe de réchauffer l'Oeuf, je scrute le ciel pour repérer ne serait-ce qu'un battement d'aile d'un de mes compagnons partis en éclaireurs. Je suis surpris toutefois par la question que me pose soudainement mon petit-ami. En portant mon attention sur lui, je cligne des yeux, ne m'étant pas attendu à ce qu'il me demande ça d'un coup alors que je le pensais vraiment concentré sur l'Oeuf. Ce n'est pas une pensée qui me traverse l'esprit, pour tout dire. J'ignore si j'ai bien le droit d'être là, si je suis assez légitime pour m'autoriser une pause ou si tout le monde attend que je reste à mon poste. Pour le coup, je n'ai même pas vérifié que j'avais mon portable sur moi. Peut-être que cela fait des heures que les pauvres employés de la tour essayent de me joindre. Je ne suis pas stupide au point de ne pas les avoir prévenu, mais je n'ai certes pas attendu qu'ils soient d'accord pour filer hors de mon bureau. Pour toute réponse, je hausse donc les épaules, l'air de rien, comme si ce n'était qu'un menu détail.

« T'oublies que c'est moi l'boss, maintenant. Qui irait me réprimander ? Swan ? Elle a pas qu'ça à faire, de me surveiller. Et en général, quand Scatha ou Smaug sont sortis, on évite de me déranger. »

Je me la raconte peut-être un peu, mais je ne lui énonce là que des faits. J'abrège pour éviter de lui dire plus précisément que ma position dans la Milice me permet quelques libertés et que j'ose parfois m'en servir. J'essaye néanmoins d'abuser le moins possible de mes privilèges, même s'ils se révèlent assez utiles à de nombreuses reprises. Je pourrais même donner des directives à Faust, si je le voulais. Une signature et un tampon de ma part peuvent même servir seulement de preuves pour autoriser un projet. J'ai encore parfois un peu de mal à considérer mon emploi de la bonne manière de telle sorte à ce que je n'arrive pas à m'organiser, mais je fais toujours de mon mieux pour que le travail soit bien fait. Et c'est pour pouvoir faire de temps à autre des promenades comme celles-ci que je travaille comme un forcené jusqu'à des heures pas possibles pour qu'on me laisse tranquille. Alors je n'ai pas vraiment de remords, là.

« Ne t'en fais pas pour ça. J'ai bien le droit de m'autoriser un jour de congé de temps à autre. C'est quand même plus agréable de savoir que je pourrai rentrer avec toi à la maison ce soir plutôt que retourner à ce bureau austère et pompeux. »

J'esquisse un sourire doux et sincère avant de me rapprocher de lui, frottant brièvement mon visage contre le sien. Qu'il est bon de ne pas avoir à bosser jusqu'à tomber de fatigue, quand même. J'ai même remarqué que j'avais un petit peu plus d'énergie que d'ordinaire, ce qui n'est guère étonnant. En fait, je n'ai pas fait la remarque, mais il n'y a vraiment que dans un cas où on pourrait croiser Tristan que cela deviendrait un problème. Pas que l'avis du Weber compte énormément, mais je n'ai pas envie d'écouter ses sermons, et surtout pas quand Natsu est avec moi.

« Ce ne serait gênant que si nous tombons sur des gens qui ne m'aiment vraiment pas, mais comme je suis actuellement, je n'ai pas beaucoup d'ennemis. Alors je ne m'inquiète pas outre mesure. De plus... »

Définitivement trop tenté, je me rapproche subitement de l'Hôte pour lui glisser un bisou sur la joue.

« Je suis plutôt bien, ici. »

Je laisse mes yeux passer de son visage à l'Oeuf qu'il tient entre les mains, n'arrivant pas à faire attention plus que ça au Flabébé qui vient de passer tout près de nous. En le voyant avec un bébé Pokémon contre lui, on pourrait avoir du mal à croire à son malaise avec les enfants, et pourtant...

Si j'avais l'impression qu'il était légèrement tendu, tout à coup, j'ai peut-être rêvé, finalement, quand j'aperçois son regard doux sur moi et ce sourire joueur. Je ne retiens pas un gloussement face au rappel de ce fameux jour où nous sommes partis camper pour la première fois. C'était assez ridicule, de me faire voler mes Poké Balls par ces piafs de malheur, mais puisque tout s'est bien terminé au final, je me permets, comme mon copain, d'en rire franchement. Ce sont de bons souvenir, malgré tout, je ne vais pas le nier. Cela fait quoi... Cinq ou six ans depuis ? Déjà ? Je ne vois plus le temps défiler. Rester assis toute la journée derrière un bureau vous fait perdre la notion du temps, quand j'ai trop de dossiers à traiter. Mais je regrette ces moments où je ne travaillais pas encore autant. Où je pouvais profiter de chaque jour qui passait ; de façon plus ou moins productive, mais... Je n'avais jamais la sensation désagréable d'être une machine.

« Un bébé à gérer ? Tu parles de lui ou de moi, là ? »

Je lui lance une œillade, d'humeur taquine à plaisanter sur mon compte. Je ne suis pas assez hypocrite pour ne pas me rendre compte que j'ai pas mal de dépendance envers mon petit-ami. Pas assez pour que ça soit alarmant, mais trop pour que je sois embêtant. Je ne vais pas le cacher, ça, que je me conduis parfois en gamin en manque d'attention, quand bien même je lancerais un regard meurtrier à quiconque oserait me comparer à Axel. Je sais me débrouiller, quand je veux, mais... C'est en même temps si tentant de profiter du Miyano, surtout depuis son retour où je n'arrête pas de le coller et d'abuser du fait que je lui ai aussi manqué.

« Parlant de bébé, ce n'est pas si souvent que je peux te voir et t'assister dans ton élément. Mais... Ça te va pas si mal, les enfants, finalement. »

Je ricane de nouveau, mais sans pour autant dans le but de le mettre mal à l'aise. Ou même de lui envoyer des signaux. Ce n'est pas mon objectif, pour une fois.
En relevant légèrement les yeux, je remarque toutefois le plumage de Tori, qui plane maintenant de notre côté. Je scrute l'Oeuf, inquiet. Quand mon Roucarnage fait ça, c'est qu'il revient sur ses pas pour être sûr de n'avoir rien oublié. Et, accessoirement, qu'il n'a pas vu le moindre Larveyette dans les parages.

« M-M-Mais je ne vois pas de quoi tu parles ! »

Moi, une brute ?.. Meuh non, ce n'est pas mon genre. Je peux être très doux, quand je veux, d'abord ! Et puis euh... Il me sous-estime, déjà. Si ça se trouve, j'ai un talent caché pour m'occuper des Oeufs, moi aussi, hé ! Quoi, comment ça, je dis n'importe quoi ? Bon c'est pas parce que j'ai été habitué à m'attirer des ennuis quand j'étais ado que ça me doit me poursuivre encore aujourd'hui, j'ai fait des efforts, quand même, depuis le temps. Enfin... J'ai bien du aider Natsu quelques fois au sein de sa Pension quand je n'avais pas encore tant de boulot, mais c'est bon, je sais que je suis maladroit, hein...
Je me racle la gorge, scrutant l'Oeuf avec inquiétude. Ce que me dit l'éleveur n'est pas du tout rassurant, mais je fais confiance à sa capacité d'analyse. S'il le dit, alors... Alors cet Oeuf aurait été abandonné ?.. Je n'ose pas y croire. Je n'avais jamais connu de Pokémons qui avaient fait ça, mais... Serait-ce possible ? Même Nakama, qui n'avait aucune fibre paternelle, avait pu s'occuper de Yamamoto de temps à autre, et lui avait appris toutes ses techniques de défense, au cas où. Mais voir ce petit rejeté de ses géniteurs... Cela me brise le cœur. Et je ne suis pas le seul. Je me suis dit qu'il existait peut-être un espoir et j'étais sur le point de mettre un peu d'optimisme, mais Tori finit enfin par se poser près de nous. Du regard, je l'interroge sur le fruit de ses recherches, mais c'est bien ce que je craignais. En le voyant secouer la tête, je devine alors qu'il n'a rien vu non plus. Pas de Larveyettes pour venir rechercher le petit. Les autres de mon équipe ne tardent pas non plus à revenir pour me donner la même réponse. Je pousse un léger soupir, peiné pour ce bébé Pokémon, et rappelle finalement mes compagnons dans leurs balls après les avoir remercier de leur aide.
C'est mon petit-ami le premier qui tente de nous faire penser à autre en changeant de sujet. Surpris, je me mets à réfléchir, et observe les cieux un instant.

« Hmm... En fait je me demandais si euh... Si y'avait des Gueriaigles et des Furaiglons, dans le coin. Mais euh... Si jamais ça te gêne, ça me dérange pas de revenir plus tard. »

J'agite nerveusement mes doigts, conscient que mon copain et les oiseaux... Cela fait beaucoup, disons. Il tolère les miens mais je ne veux pas imaginer ce qui se passerait si l'un des mes Pokémons Vol s'en prendrait par mégarde à l'un de ses Pokémons Insecte, par exemple. Ironiquement, nos spécialisations s'opposent un peu. Mais je ne veux pas lui imposer de m'accompagner, justement. Il n'est pas obligé, je peux m'en occuper un jour de mon côté. Pour le moment, je veux juste profiter du temps que j'aie avec lui, alors autant faire quelque chose qui nous plaise à tous les deux, sans qu'il ne soit mal à l'aise.
Mon attention se tourne toutefois vers l'Oeuf, de nouveau, ne pouvant m'empêcher d'y penser malgré tout, évitant au passage un Flabébé qui vient dans ma direction sans trop savoir lui-même où il se dirige.

« Mais qu'est-ce qu'on va faire de l'Oeuf, alors ? On ne peut tout de même pas le laisser ici... Est-ce que... Est-ce que tu vas le prendre avec toi ? »