Le réveil sonne quand je suis déjà sous la douche. Je saute maladroitement hors de la cabine, de la mousse plein les cheveux et dégoulinante d'eau pour éteindre l'alarme. Je trébuche dans les pattes de Quidam, -toujours au mauvais endroit au mauvais moment- et je m'étale, complètement nue, sur le parquet de ma chambre. Je ravale un gémissement alors que le Caninos court se planquer sous le lit, le pauvre a eu une peur bleue ! Je le laisse se remettre de ses émotions pendant que je retourne me rincer avant d'être en retard. J'enfile ma tenue de ranger, rien de plus agréable, laisse mes cheveux détachés et je file. Quand j'arrive à la base des rangers, une cabane moderne et toute équipée à l'orée de la forêt, je ne m'y attarde pas. Deux collègues me saluent, j'avale en quatrième vitesse un croissant et un café et je me dépêche de prendre mon tour.

Aujourd'hui, je suis assignée à la zone de la rivière Talus, lieu qui me plaît particulièrement. En général, tout y est très calme et j'ai l'occasion d'observer de nombreux pokémons sauvages qui viennent boire à la rivière. Je décide de commencer par le bas de la zone et de remonter le court d'eau. Je sors Quidam et Pan de leur pokéball et les regarde s'éloigner pour explorer les environs. Je les laisse faire et me concentre sur mon propre terrain. Tout est calme jusqu'à ce que les aboiements du Caninos me sortent de ma rêverie. Je prends quelques secondes pour déterminer leur localisation et je m'élance en contrebas. Avant que je ne vois quoique ce soit, un plouf bruyant me laisse supposer que quelqu'un ou quelque chose est tombé à l'eau alors j'accélère. Enfin, je débouche sur les lieux de l'incident... Non, c'est juste Quidam qui se fait arroser par un pokémon remuant bruyamment dans l'eau, d'où le plouf. Je soupire et rejoins Pan qui se tient à distance et regarde la scène d'un air curieux, comme s'il voulait se joindre à eux mais qu'il ne savait pas trop comment faire. Quant à moi, j'ai couru tellement vite que je me concentre pour ne pas rendre le croissant que j'ai avalé un peu plus tôt dans la matinée.

Modération:

Je regarde avec plus d'attention quel pokémon bougonne dans un coin : un Bargantua. Je grimace, ils ne sont pas très beaux mais à regarder de plus près, celui-ci semble plus clair que ses congénères... Un shiney ! Je sors un appareil photo accroché à ma ceinture et fait un cliché du poisson en pensant à un collègue passionné par les pokémons à nageoires. Je souris en rangeant l'appareil et observe le poisson cracher des jets d'eau sur Quidam qui saute de droite à gauche pour les éviter... Jusqu'à ce qu'il dérape et tombe à l'eau, faisant fuir son nouvel ami. Le pauvre Caninos qui déteste l'eau bat des pattes pour rejoindre la rive et je me penche pour l'aider à s'y hisser. Ils s'ébroue violemment et nous asperge, Pan et moi. Son instant de panique passé, il me fixe en remuant la queue et s'éloigne de nouveau, cette fois-ci à l'opposée de la rive. Je soupire en haussant les épaules, il est temps de continuer à bosser.

Tout est toujours aussi calme sur les berges de la rivière. Juste un jeune Gobou égaré qu'il a fallu aider à retrouver sa mère, une maman pas très heureuse d'ailleurs qui a bien manqué de nous briser la nuque en croyant qu'on tentait de lui prendre son petit. Au moins la matinée n'a pas été particulièrement ennuyante ! J'ai couvert environ la moitié du secteur quand je suis rejoins par un collègue pour pique niquer. Les sandwichs sont à peine déballés que nous sommes vites rejoints par plusieurs Nénupiots à la recherche de restes à grapiller. Quidam, jaloux, se serre contre moi et m'adresse son regard de chien affamé. Je finis par partager la fin de mon repas en plusieurs petits bouts pour ne pas faire de jaloux. Mon collègue, amusé, finit par faire de même et tout le monde a double ration ! Je souris alors que nous discutons de notre matinée, il m'explique qu'il a repéré à plusieurs reprises des empreintes de pas dans une zone pourtant interdite au publique, il redoute du braconnage et m'encourage à me méfier, ce que je compte bien faire. Nous nous séparons sur cette promesse et je reprends mon exploration en trottinant sur la berge de la Tulus.

Modération:

Après des heures de patrouille et rien de bien nouveau, il est temps de prendre le chemin du retour. Quidam et Pan passent devant et malgré la jolie journée ensoleillée qu'on a eu, la fraîcheur de l'hiver commence à se faire sentir au fur et à mesure que le soleil décline dans le ciel. Il n'est que 17 heures mais je me dépêche quand même de rentrer, la journée a été longue. Sur le chemin du retour, un bruit bizarre attire mon attention. Je m'approche de l'eau et aperçois un autre Bargantua en pleine chasse. Je le regarde quelques minutes avant de reprendre ma route et d'être cette fois-ci alertée par un mouvement vif sur ma droite. Quidam se met à grogner et Pan se place entre l'obscurité et moi dans une position défensive. Je le rassurer d'une caisse sur la tête avant de m'avancer prudemment.

" Qui est là ?! "

Pas de réponse, je continue à m'approcher quand deux silhouettes se mettent à courir à toute vitesse pour m'échapper.

" Quidam, ne les lâche pas ! "

Aussitôt dit, le Caninos s'élance à leur poursuite, suivie par Pan qui fait des bonds impressionnants et rattrape très rapidement Quidam. ils poursuivent leur course et moi, je traîne des pieds à l'arrière. Ils finissent par s'arrêter, bloqués par la Tulus et je leur donne l'ordre de ne pas bouger. Manifestement, j'ai affaire à deux adolescents qui s'amusent à braver les interdictions pour venir observer des pokémons sauvages. Ca aurait pu être pire, pour les pokémons si ça avait bel et bien étaient des braconniers... Mais aussi pour eux. Ce n'est pas seulement pour les espèces animales que nous interdisons l'accès à certaines zones de la jungle mais également pour les touristes. Chaque année il y en a qui ignorent les panneaux et se perdent et chaque année on recense quelques cas d'attaques de pokémons sauvages qui défendaient simplement leur territoire. Je soupire en les sermonnant brusquement et je les raccompagne sous leurs excuses et leurs promesses de ne plus recommencer. Ils ont l'air penauds et sincèrement désolés alors je ne leur colle pas d'amende mais j'en profite quand même pour leur lister des exemples des tragiques accidents qui sont déjà arrivés dans le coin, ce qui a le mérite de les faire pâlir et de m'amuser.

Modération:

On finit par arriver à bon port. Les jeunes rentrent chez eux et j'en profite pour rester un peu au boulot, discuter avec des amis et boire un verre. Je remarque à peine le temps passer et quand je décide d'y aller, il est déjà plus de 19 heures. Le chemin du retour se fait rapidement et en rentrant, après avoir nourrir les deux monstres, j'avale moi-même une plâtré de pâtes. Une douche rapide et je me glisse sous un plaid, bien au chaud, Quidam serré contre moi et Pan couché à mes pieds. Je les gratifie de quelques caresses avant de grignoter quelques carreaux de chocolat devant un vieux téléfilm à l'eau de rose. Pas que j'aime ça mais le chocolat vous aide à mieux tout accepter. Qu'est ce que j'aime le chocolat. D'ailleurs, les quelques carreaux se transforment vite en rayes et à la fin il ne reste que l'emballage. Au moins, avec tout l'exercice que je fais, je peux me le permettre sans risquer de prendre un gramme ! Quidam essaye bien de me voler un carreau avant que je l'ai fini mais je lui répète, pour la énième fois que le chocolat est un poison pour lui. Concept qu'il ne semble pas bien comprendre manifestement. Alors, je me lève pour aller leur chercher une friandise, il n'y a pas de raisons après tout. Après une vingtaine de minutes à supporter cet horrible film, nous finissons par craquer et nous endormir sur le canapé, serrés les uns contre les autres.

Quand je me réveille, la télé s'est éteinte, il est plus de 23 heures 30. Je me lève aussi discrètement que possible, endolorie par ma position inconfortable et je me traîne jusqu'à mon lit. Je me glisse sous la couette puis je ferme les yeux. Un instant, comme chaque soir, j'adresse une pensée silencieuse et intime à Micah, peu importe où il est, s'il peut me voir, m'entendre. Je ne crois pas en ces choses là, la réincarnation après la mort ou bien les anges gardiens mais je le fais quand même, pour moi. Et puis, encore ensommeillé de ma sieste sur le divan, je me laisse sombrer dans le sommeil en pensant à la journée de demain.

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