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| Le lougaroc est sagement allongé sur la table d'intervention tandis que je procède avec minutie à la réalisation d'une biopsie. Je lui présente le petit ustensile qui me servira à faire le prélèvement et il me donne son accord silencieux en hochant lentement la tête, sans quitter pour autant le moindre de mes mouvements du regard. Pas par crainte, Cachou me fait confiance mais c'est simplement de la curiosité. Il ne présente aucun signe de stress ou d'inquiétude, je fais très attention à lui. Et puis il a plus ou moins l'habitude de servir de sujet d'expérience. Ça peut sembler barbare dit comme ça mais il s'agit simplement de prélever de manière très occasionnelle quelques cellules, un peu de sang ou de simplement étudier son comportement comme lors de sa phase pré-évolutive qui m'a donné beaucoup de soucis. Je procède à petite anesthésie locale, laisse quelques minutes à la crème pour faire son effet puis je prélève quelques précieuses cellules de peau que je m'empresse de déposer dans la boîte stérilisée et réservée. Je désinfecte la petite égratignure et gratifie de caresses et de remerciements le patient Lougaroc qui me lèche le visage en remuant vivement la queue, fier d'avoir pu rendre service.
Sur le couvercle de la boite, je note la date de prélèvement, le nom de l'animal, son genre, son âge et sa forme à savoir : 19/02, Cachou, Lougaroc mâle de forme diurne âgé de 13 ans. Il est important d'être précis car les échantillons peuvent être amenés à être conservés quelques temps et surtout parce que je ne suis pas le seul à travailler au laboratoire de recherches, mes collègues procèdent à leurs propres analyses et il faut éviter tout risque d'échanges d'échantillons. C'est pourquoi les règles sur les échantillonnages sont très strictes. Je jette un coup d'œil à ma montre, il est bientôt 16 heures. J'ai environ une heure avant que le crépuscule ne commence à s'installer pour faire mes premières observations. Je prépare rapidement mon post de recherches et allume le microscope. Il ne me reste plus qu'à placer mon échantillon préalablement prélevé sur une lame de verre où je dépose également une goutte d'eau avant de terminer la préparation de l'observation en déposant une lamelle sur la surface.
Si tout le monde sait avec assurance que les rocabots peuvent adopter plusieurs formes selon l'heure à laquelle ils évoluent, on ne sait pas exactement à quoi est due cette particularité. Qu'est ce qui influence exactement l'animal et à quel niveau ? C'est bien ce que j'essaye de découvrir depuis quelques temps maintenant et mon principal sujet de recherches. Depuis la découverte de l'existence de cette particularité, elle a principalement été ramenée à des pokémons aux différences similaires tels que Noctali et Mentali par exemple. Cependant, des études scientifiques ont montré qu'il ne s'agissait pas d'une influence comparable et que le cas des évolis était strictement à part. J'ai épluché toutes les théories, toutes les investigations et les tests qui ont été menés dans le but de répondre à ces questions mais les hypothèses les plus folles sont posées sans réussir pour autant à les prouver. Si on a presque la certitude qu'il s'agit d'une histoire de gènes, on ne parvient pas à déterminer avec précision si c'est une histoire de variation alléliques ou alors un mécanisme naturel qui déclenche l'évolution. Comme exemple, je pourrai citer les cycles de reproduction chez les ovins et les caprins. Les variations saisonnières de l'activité sexuelle sont liées à la sécrétion d'une hormone : la mélatonine. L'information photopériodique (éclairement ou obscurité) est captée au niveau de l'œil par la rétine. Elle est ensuite transmise par voie nerveuse jusqu'à la glande pinéale. Celle-ci sécrète alors la mélatonine qui est le messager permettant au système nerveux central d'interpréter le signal photopériodique. Si on pouvait prouver l'existence d'une telle hormone chez les rocabots, cela expliquerait les différentes formes possibles selon la période de la journée à laquelle évolue le pokémon. Mais jusqu'ici, rien de semblable n'a été mis à jour et le problème majeur qui retarde la recherche est qu'il est impossible d'étudier le phénomène d'évolution au microscope ou aux appareils de mesure comme il est faisable techniquement avec des pierres d'évolution sur des pokémons qui y répondent. Alors voilà, en prélevant des cellules sur un jeune lougaroc à peine évolué, j'espère observer l'une des hypothèses existantes et obtenir des réponses.
Après bien sûr, je ne suis pas sans connaître les légendes sur les lycanthropes dont le Lougaroc tire son nom originel. Cependant, la lune n'est pas la seule source d'influence puisqu'il existe au moins deux autres formes connues de jour et possiblement une troisième qui n'a jamais été observée et dont l'existence est pourtant suggérée. Alors, les astres seraient-ils les responsables des formes mouvantes et si c'est le cas, dans quelle mesure ? Toujours plus de questions et si peu de réponses. Des légendes évoquent aussi l'existence de pokémons légendaires capables de faire pleuvoir la nuit sur le monde ou au contraire d'illuminer la planète des jours entiers. C'est alors que serait apparu l'influence des astres sur les rocabots. Une forme diurne pour celui qui dévore le soleil, une forme nocturne pour celui qui invite la lune. Quelle est la part de vérité dans cette histoire ? Et alors, la forme crépusculaire serait-elle la naissance de la rencontre de ces deux forces ? Encore des questions sans réponses mais qui doivent avoir un fond de vérité explicable par des faits scientifiques. Je l'espère, j'y crois même. | | | | |
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