Polly pesta, grogna, jura de façon indécente et s'arrêta, essouflée, courbée en deux sur ses poumons qui criaient grâce. On va ... s'arrêter ... un peu ... continua t-elle, inspirant l'air glacé qui brûlait aussi sûrement que de la lave en fusion. Elle resserra un peu plus son survêtement fourré et observa le paysage en contrebas. Le froid ici était intense, mais la vue était sublime. Dans un bruit de tissu, la tête de Flèche jaillit d'entre ses seins : serré contre elle, dans un petit baudrier de cuir qu'elle lui avait confectionné à la manière d'un porte-bébé, le pokémon hibou profitait de la balade et de sa chaleur, enfoui sous sa veste, contre son tee-shirt. Flèche hulula, appréciant aussi l'air vivifiant, quand bien même Polly toussa et cracha ses poumons. Elle avait décidé de venir s'entraîner dans des endroits incroyables, le dimanche matin. Il lui avait semblé comprendre que les hauteurs étaient épuisantes, car l'air s'y faisait rare.

C'est la Polly qui va se faire rare si on s'arrête pas pour boire un coup gromella t-elle encore, en s'approchant d'une corniche : la plaine herbeuse était couverte de givre, si haut, proche du sommet. En son centre, il y avait un lac gelé sur lequel le soleil se reflétait en brillant comme des diamants. Droite, massant les muscles de son dos et de ses cuisses d'une main, elle attrapa sa gourde et but jusqu'à ce que sa soif soit apaisée. Il nous reste elle vérifia sur sa montre à son poignet, Plus d'une heure pour courir et s'entraîner. A midi, j'ai rendez-vous, les enfants, et ma moto va avoir besoin de quelques minutes pour chauffer, en bas. On va par om, les chéris ? Ombre se mit à léviter pour redevenir une boule de gaz, fantominis au sourire hilare ; quant à Flèche, elle s'était assoupie, et n'avait nul avis à donner. Polly grimaça : contourner le lac ? Rejoindre le sommet en courant vite ? Redescendre ? Escalader des corniches ? Dangereux, tout ça. C'était ce qui lui plaisait.

modération:

Polly, les mains sur les hanches, hocha la tête - ils allaient contourner par la droite ! Se remettant à courir au petit trot, elle s’élança, rapide, repoussant ses cheveux qui tombaient devant ses yeux, de sa tresse dénouée. Soudain, Ombre jaillit devant elle, la surprenant au point qu’elle freina des deux pieds. Près d’eux, une masse ronflante bavait au sol - Polly fronça les sourcils puis éclata de rire en voyant le filet de bave frôler la terre gelée. Le lokhlass devant elle, endormi sur sa carapace tel un chacripan trop repus, ronflait doucement, le ventre gonflé. La policière hésita puis s’approcha du gigantesque pokémon. Les lokhlass étaient connus comme des bêtes sages, anciennes et gracieuses. Or, celui-là était loin du compte : nulle grâce, nulle douceur. Juste le côté balourd et endormi de la bête. Polly posa la main sur la peau imperméable et d’un bleu royal du pokémon, sentant sa respiration sous sa peau. Ombre jaillit à nouveau, ricanant - et avant que Polly n’ait pu l’empêcher, il traversa le Lokhlass dans l’intention de lui faire une farce. Ombre ! Nom d’Arceus, tu ne pouvais pas …

Le lokhlass secoua sa tête dont la corne droite frôla la jeune femme ; elle recula de quelques pas, impatiente de voir le pokémon eau s’éveiller. Il papillonna des yeux, baîlla à s’en décrocher la machoire, et regarda soudain les intrus. Polly, voûtée comme prête à courir loin d’un danger, et dont le sweat écarté montrait la petite tête de Flèche, curieuse. Ombre voletait devant eux en riant, son sourire guoguenard s’étirant sur son corps intangible. Le lokhlass brailla soudain, non pas un chant beau mais un cri de défi. Il frissonna sous l’insulte quand Ombre roula sur lui-même en lui tirant la langue. Bon. Je pense qu’on n’a plus le choix. Flèche ! Tu vas me faire le plaisir de réveiller ce mal élevé ! C’était l’hopital qui se foutait de la charité. Feuillage !

L’imposant pokémon se tenait devant eux, comme une masse, une île dans ce désert gelé. Il était sublime, malgré son espèce de maladresse ambiante, à moins qu’il ne fut juste pas bien réveillé. Ombre rôdait, obéissant fantôme. Déjà, Polly sortait de sa poche des pokéballs achetées exprès : on lui avait dit le plus grand bien de ces petites balles multicolores. Elle avait bien envie de tester leur efficacité : ce petit monstre lacustre allait être à elle ! Choisissant une rapideball, elle escompta que les attaques porteraient et affaibliraient le pokémon. Flèche s'était envolée, faisant fi du froid pour attaquer comme le lui avait ordonné sa maîtresse. Un tourbillon de feuilles vertes, contrastant avec la glace, apparurent pour voleter vers le Lokhlass.

modération:

L'imposant pokémon eau attaqua en premier - Polly avait-elle mal calculé la vitesse de la petite brindibou ? Le pistolet à o mouilla le plumage de Flèche, qui s'ébroua rapidement pour ne pas geler sur place. Le crâne tout hérissé à cause de l'attaque, c'est passiblement énervé que Flèche lança sa propre attaque, et joie, feuillage fit mouche ! Polly exulta, mais déchanta aussitôt. Le combat tournait au bain de vinaigre : l'onde folie avait rendu Flèche confuse, au point que sa seconde attaque se retourna contre elle. La petite brindibou se posa, confuse et éperdue. Le Lokhlass ricanna, ce qui mit Polly encore plus en rogne. Tu vas voir toi ! Je vais t'apprendre à rire du malheur des autres !

Flèche suivit l'ordre de Polly et s'éloigna d'un bond ou deux, laissant un couloir de tir. Polly aurait préféré aller se battre elle-même, mais ce n'était pas possible. Et puis, elle, si elle se prenait une attaque pokémon, ça risquait d'être plus grave. Elle passa le pouce sur la pokéball jaune et bleue, et la montra au lokhlass. Normalement, elle pouvait avoir encore l'avantage. Normalement. Tu vas être à moi. Tu vas venir avec moi, et ton sale caractère tu vas te le mettre où je pense ! Je peux faire beaucoup de choses avec toi, okay ? Alors SOIS A MOI. cria t-elle en lançant la pokéball un peu maladroitement. La boule jaune et bleue virevolta jusqu'au Lokhlass. Elle voulait capturer ce premier pokémon, elle voulait lui montrer ce qu'elle valait en le capturant. Etait-ce si égoïste ? Flèche émit un hululement, et Polly s'approcha d'elle pour caresser son crâne et remettre de l'ordre dans ses plumes, observant la balle qui bougeait.

modération:

Polly calmait la brindibou et la séchait en passant sa main sur ses plumes, tout en gardant un oeil sur la pokéball. Sa main gauche sur Flèche, la droite était proche de sa poche à pokéballs vides, prête à dégainer cette deuxième balle qu'elle préparait pour l'imposant pokémon. Pourtant, alors qu'une brise glacée se levait, la pokéball cessa son mouvement. Polly resta un moment silencieuse, dans l'environnement neigeux, puis alla chercher la pokéball, la Brindibou se posant sur son épaule, les griffes plantées dans sa veste fourrée. Je promets de bien m'occuper de toi. Je vais t'appeller Nessie. Repose-toi pour le moment. Pardon d'avoir dérangé ta sieste de tout à l'heure. Polly regarda la petite balle jaune et bleue : ce petit objet contenait l'imposant pokémon. C'était presque de la magie pour elle, quand aux yeux d'autres c'était de la science. Calmement, elle reporta la pokéball à sa ceinture, et se tourna vers Ombre qui tournoyait dans le vent. Continuons notre course, du coup ! On fait le tour du lac, et on repart fit la policière.

Ils avaient après tout perdu dix bonnes minutes à réveiller le lokhlass, à se battre contre lui, à le capturer. Elle devait ne pas trop traîner. Sautillant sur place pour se réchauffer, elle repartit en courant sur la berge herbeuse qui craquait sous ses pas, gelée. Le lac scintillait sous le soleil doux qui ne parvenait pas à réchauffer les hauteurs de la montagne. La prochaine fois, on ira s'entraîner aux concours. Il va vraiment falloir qu'on s'entraîne, sinon pour notre premier concours, on se fera battre comme plâtre ! Et ça, hors de question ! Flèche s'était de nouveau glissée contre son tee-shirt, à l'abri du froid. Ombre tournoyait autour d'elle, gazeux et intangible. Il tournait pour acquiercer aux paroles de Polly. Il faudrait que je regarder les vieux enregistrements que j'ai fait, pour apprendre. Je n'ai aucune idée de comment mettre votre beauté en avant. Il y a une boutique qui vend une boîte à poffins, en ville, peut-être que j'en achèterai une après avoir reçu mon salaire. Tout en pensant à tout ça, Polly s'était mise sur une vitesse de croisière, ses muscles chauffés, tendus. La policière observa autour d'elle les pokémons qui vivaient là : des piafabec réunis les uns contre les autres dans les arbres, pour pallier au froid. Des otarias au fond du lac, remontant ici ou là pour prendre une bouffée d'air et repartant nager au fond, tout au fond, dans l'eau bleue comme la nuit. Polly caressa à travers son gant la pokéball contenant Nessie : elle avait trouvé son petit monstre dangereux. Elle était heureuse.

modération:

Le vent forcissait, au point que Polly se demandait si elle n'allait pas devoir faire demi-tour. Tout en vérifiant que Flèche était bien au chaud, Polly se mit à courir un peu plus vite. Un mouvement vers sa droite, vers le lac, la fit ralentir et tourner la tête : une blizzi s'amusait sur la glace telle une patineuse, s'amusant en faisant jaillir de la neige accumulée sur la glace, ou roulant sur l'eau gelée. Jusqu'à ce qu'elle croise le regard éberlué de Polly et ne se mette à s'excuser pour l'avoir éclaboussée. Polly sourit et agita les mains - ou plutôt la main, l'autre tenant Flèche contre elle. Oh, non, non, ce n'est rien, c'est nous qui t'ennuyons, continue à jouer ! Voir les pokémons s'ébattre dans leur milieu naturel avait quelque chose d'agréable, de naturel et de beau. Voir les pokémons jouer, sans avoir peur d'être attaqué, c'était sympa.

Polly, après avoir discuté quelques minutes avec la blizzi pour la rassurer et lui dire que ce n'était rien, repartit en courant. Elle avait envie de rentrer chez elle, pour boire une bonne bière et acheter des frites au restaurant d'à côté. Elle l'avait bien mérité, après sa course de ce dimanche matin. On ira acheter à manger en rentrant. Tout va bien, pas trop froid, Ombre ? Le fantôme roula sur lui-même, puis sous forme de volutes fantômatiques, s'inséra dans l'ombre de Polly où il n'aurait plus froid. Polly éclata de rire, et continua à courir, ayant presque fini son tour du lac gelé. Elle transpirait, son corps tendu, les muscles douloureux. C'était ce qu'il fallai pour s'entraîner : un peu de douleur et de beaucoup d'efforts. Que penserait Angarade de cette façon d'agir ? Polly n'en savait rien. Et Weston ? Et ses anciens coéquipiers ? Tous savaient son côté buté et extrême, au point qu'elle n'hésitait pas à foncer tête baissée. Polly haussa les épaules, serra Flèche contre elle et continua à courir, le souffle court, son haleine formant une buée sur ses lèvres.

modération:

Polly aimait la vitesse. Que ce soit à moto, en voiture ou à pied. Ce qui comptait c'était la sensation grisante de liberté. Chaque foulée tendait chacun de ses muscles, sa peau se couvrait d'une délicieuse pellicule de sueur que refroidissait le froid ambiant. Et surtout, dans cet univers de froid total, elle avait l'impression d'être libre, libre de tout. Ombre lécha son mollet d'une main fantomâtique, attirant son attention sur une petite créature duveteuse et tellement blanche qu'elle n'aurait pas fait attention. Un goupix d'alola, qui semblait avancer, la tête baissée, l'échine courbée. La pauvre créature semblait porter tout le malheur du monde. Polly freina des deux pieds, quand le goupix se planta devant elle, levant une tête tristounette. Le pokémon était mignon, le genre de pokémon qu'elle trouvait même trop mignon, idéal pour la ménagère, mais pas pour elle. Pourtant, elle était sensible à sa douleur ou à sa tristesse intérieure.

Eh bien, qu'est-ce qui t'arrive, mon petit ? Polly tendit une main que le goupix dédaigna, mais ne bougea pas du chemin. Le policière leva un sourcil et frissonna dans le froid ambiant. Il fallait qu'elle se décide : elle laissait le pokémon là, ou elle agissait. Or, elle détestait rester sans agir. Ecoute, j'aime pas spécialement les pokémons mignons. Mais t'as pas l'air d'agir comme un pokémon mignon, à chercher caresses et à se faire complimenter. T'as l'air au contraire assez triste. Assez ... je sais pas. Du coup j'te propose de venir avec moi. Ombre et Flèche peuvent te dire que je m'occupe bien d'eux, autant qu'ils s'occupent bien de moi. Flèche sortit sa tête et hulula son assentiment, petite chose qu'elle avait sauvée du bracconage ; quand à Ombre, il ondula dans l'air en ricannant, vieil ami fantôme. Polly tendit une main et de l'autre attrapa une pokéball - jaune et bleue, comme celle utilisée pour Nessie. Je pense que tu pourras m'aider dans les concours. En attendant mon équipe de colosses. Tu veux venir avec moi ? On sera amis. Polly avait envie de caresser sa fourrure et de chasser le dédain, la tristesse et la méfiance du regard du petit renard blanc. Alors, ayant fini son argumentaire, elle lança la pokéball doucement sur la créature duveteuse. Elle le trouvait trop mignon, oui, mais elle préférait mille fois la compagnie des pokémons. Elle aimait les pokémons. Tous. Insectes comme fantômes. Tous les types. Même ces pokémons populaires, mignons, qu'elle trouvait trop adorés. Même eux. Même ce goupix. Elle l'appréciait déjà.

modération: