Quoi de neuf sur l'île d'Enola ?

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Printemps 2025

~22 - 28° / Températures en hausse et grand soleil !

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Intrigue n°3 : « Ferveur »
L'Elu auto-proclamé des Monarchistes fait son entrée ! La Compétition, Elixir et le Gouvernement sont en crise et les Anarchistes demandent la démission du Chef du Conseil.
Mini event n°1 : Panique à Vanawi !
Un blocus Anarchiste est en cours à Vanawi, sous surveillance des forces de l'ordre.

Missions et Défis
Un guide dans les ruines (mission)
Faites découvrir les ruines du Titak !
La comète (défi)
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Interlude familial I (0S /!/ contenu violent / sensible)
Alexander Nagel-Jung
Interlude familial I
/!/ TW : violences verbales et physiques, manipulation par l'omission et la déformation, etc. Je rappelle que ces manières d’interpréter les paroles et les relation interpersonnelles nuit aux personnes et le but de ces OS n'est jamais d'appliquer la moindre approbation au raisonnement d'Alexander ou de lui donner des circonstances atténuantes. /!/

Depuis mes dernières séance chez le psy, j'ai passé de très mauvaises semaines. Ce type est censé me faire me sentir mieux, et tout l'effet que ces consultations me font, c'est me rendre agité et irascible. Aujourd'hui, je me sens particulièrement mal et énervé. Mes maux de ventre sont revenus plutôt sauvagement, et le fait que je refuse de manger suffisamment lorsque les matons ne me surveillent pas n'arrange rien à l'affaire. Mais mon appétit est coupé et manger me donne envie de vomir. Chose que j'ai fait ce matin, d'ailleurs, en rentrant de l'infirmerie. Je crois qu'on ne m'a pas vu la tête dans les toilettes, car personne n'est allé vérifier que je n'avais pas recraché mon traitement. Moi-même je n'en sais rien. Et puis, ce n'est pas parce qu'une gellule sur deux ne passe pas que je vais me mettre à assassiner des gens. Mais pour être honnête sauter à la gorge du premier venu me plairait bien si je n'étais pas enfermé dans cette prison à la con. Je crois que les dernières paroles que j'ai adressé à un autre être humain remontent à plusieurs jours. Cela fait longtemps que je ne me suis pas senti d'humeur si massacrante. Oh, et pour couronner le tout, mon cher Papounet vient me voir aujourd'hui. Contre toute attente, je vais quand même aller lui causer, le malmener verbalement et peut-être vomir au parloir histoire de bien le dégoûter. J'ai envie de voir souffrir quelqu'un pour me décharger de mes propres contradictions et me persuader que mon Père me déteste bel et bien, comme ça, je pourrais lui donner tord, et aussi donner tord à mon psychologue. Je ne sais pas si ça marchera, mais j'espère au moins le faire s'énerver et me balancer des saloperies à la face, pour que je les rapporte au psychologue et... Oh, j'en sais rien, j'ai envie de faire tenir le masque, vous voyez. Comme si le fait de pousser les gens à me détester et à m'insulter allait m'obtenir la moindre crédibilité... J'arrive encore à me persuader que l'autre empaffé de psychiatre ne voit pas clair dans mon jeu. C'est bien pour ça que je panique et que je suis dans un tel état d'agitation : je suis pris au piège, bloqué face au mur. Je sais que je ne pourrais pas fermer les yeux éternellement et faire comme si ce mur n'existait pas. Ce mur... je ne sais même pas ce qu'il représente, quels sentiments il retient de passer jusqu'à moi. C'est bien ce qui me fait peur. Ce psy, Helmut, ils veulent m’ouvrir la porte vers tous ces trucs que je ne veux pas voir. Ils veulent simplement me voir souffrir, comme tout le monde, il pensent que c'est ce que je mérite. Et objectivement, c'est vrai, je mérite ce qui m'arrive. Mais après, qu'ils ne fassent pas comme s'ils voulaient m'aider. C'est leur propre satisfaction qui leur importe, quoiqu'ils en disent ! Ah, et la première personne qui dit que je prends mon cas pour une généralité, bah... Vous avez tord. C'est pas du tout du tout vrai.

En arrivant au parloir, je reste planté en cherchant du regard un gros nerd à lunettes un certain temps. Aucune trace de lui, et cela me laisse à la fois satisfait et songeur. Il a enfin compris que c'était inutile de venir à part pour qu'il se fasse du mal, et il a décidé d'être honnête avec lui-même ? Magnifique ! Wunderbar ! Mais en même temps, j'avais vraiment besoin de me défouler et... Ah... Non. Fausse joie, courte joie. Le gros binoclard s'est simplement changé en hobbit blonde à lunettes qui me fixe d'un air impassible. Je ne savais pas que Maman comptait venir jusqu'ici un jour... Bouger son cul osseux jusqu'ici, je pensais pas qu'elle ferait un jour l'effort. Mais je ne vais pas la féliciter pour autant. Nos regard se croisent et il à moi aussi il me faut un temps pour comprendre que c'est bien elle, et aller m'asseoir en face d'elle, derrière la vitre qui nous sépare. Martha m'observe de haut en bas, l'air perplexe. Elle aussi, elle a vieillit. En même temps, pas étonnant qu'elle ait des rides pareilles à force d'avoir toujours les sourcils froncées et le périnée aussi contracté.

Je n'ai aucune envie de ce qu'elle fout là et ne lui adresse pas un sourire, même pas narquois ou arrogant. C'est dire comme sa présence m'indiffère.

« Il est où l'autre ? »
« Y'a juste moi. »


Répond-elle après avoir cligné des yeux et quelques secondes d'hésitation, sur un ton des plus mornes. C'est à moi de cligner des yeux et de lever les yeux au ciel.

« Ah. »


Ce n'est pas de la déception. Mais je m'ennuie d'avance. Nous n'avons rien à nous dire, avec Martha.  Elle n'a jamais prêté attention à moi, et en ce qui me concerne, je ne la connais qu'à peine. Je n'ai pas souvenir d'une conversation de plus de plus d'une minute que nous aurions eu. Par contre, elle va devenir gênante, à me fixer comme ça. On dirait qu'elle m'a jamais vu... Ah, mais, elle ne m'a jamais vu, c'est vrai. Elle a passé sa vie à m'ignorer.

« Quoi ? J'ai une verrue sur le visage ? »

Encore une fois, elle est surprise par mon ton agressif et accusateur. Même si elle fronce les sourcils avec irritation, elle ne réagit pas plus que ça. Ce qu'elle est chiante.

« Non. Ça fait juste un choc. Je savais que tu avais changé physiquement, mais là... »


Mon rire dédaigneux la coupe au milieu de sa phrase. Bah voyons ! Elle ne m'aurait même pas capté si je n'étais pas venu à elle ! Elle pourrait même parler à un autre taulard en ce moment qu'elle ne s'en rendrait même pas compte ! Avouez que ce serait cocasse.

« Ouais, c'est même surprenant que tu m'aies reconnu alors que jamais t'as daigné me regarder ! »


Elle pince les lèvres et soupire une première fois. Voila, si je continue comme ça, Martha va finir par se fâcher toute rouge et partir pour ne jamais revenir, et c'est tout ce que je lui demande.

« …C'est vrai, en tout cas. Que tu ressembles à ton grand-père, un peu. »

Héhé. Tu m'étonnes. Elle connaît mieux son beau-père décédé que son propre fils. Comme c'est surprenant... Je roule des yeux devant l'air nostalgique de la blonde et ne m’attendrit pas une seule seconde.

« Bon, bref, qu'est-ce que tu fais là ? Papounet a enfin clamsé ? »

Deuxième soupir. Les épaules de Martha retombent, son visage se penche sur le côté, le regard qu'elle fixe sur moi se lasse, roulerait presque alors qu'elle cligne lentement les yeux, me toisant avec fatigue. Dommage pour elle, je ne fais que commencer.

« Roh, ça va, pas la peine de me regarder comme ça, si on peut plus rigoler... »

Son regard sombre ne dévie pas du mien. Cette fois-ci, elle ne soupire pas, mais enchaîne.

« Il ne pouvait pas venir. »
« Il a fini par en avoir marre de moi ? »


Nouveau silence, toujours plus confus que les précédents. La blonde arque un sourcil pour m'inviter à continuer, ne comprenant probablement pas où je veux en venir.

« Ou alors il a compris que sa démarche était stérile et égocentrique et ne peut à nouveau plus se voir en peinture ? »

La voilà qui hausse les sourcils, dévie le regard sur le côté, se masse l'arrête du nez, soupire avec suffisance l'air de réaliser que cette conversation va être longue et pénible pour elle. Ce tombe bien, c'est le but. Je veux qu'elle pète un câble et s'en aille avec des remords. Oui. Comme si c'était elle qui passait ses nerfs sur moi en ce moment et pas l'inverse. Roh, allez, faites donc comme si c'était pas moi le plus rageux et haineux en ce moment !

« Il a la grippe. »

Mais quelle excuse de con.

« Hein ? Je vais devoir avaler comme excuse qu'il a réussi à s'enrhumer en Alola ? »


L'air de dire « cause toujours, tu m’intéresses », je commence à me gratter le menton avec suffisance. Eh, mon œil, hein ! Si il a attrapé une grippe, alors je suis le Roi Georges III !

« Il revenait d'une semaine en Allemagne. A notre âge il vaut mieux pas laisser-- »


Ça ne me convainc pas plus. J'hausse les épaules.

« T'aurais pu trouver mieux. » Je pince les lèvres avec un détachement forcé avant de continuer sur mon argumentation absurde. « Si c'était vrai, pourquoi il aurait envoyé sa bonne femme pour se faire un alibi, hein... »
« C'est moi qui ait décidé de venir. »
Oh, super. Génial. Elle veut peut-être que je l’applaudisse pour ça ? « On allait pas gâcher le billet. »
« Ah, toujours des excuses... »


Et pan ! Y'a que la vérité qui blesse ! Du moins, je croyais que ça allait l'affecter. Mais pas du tout. Helmut aurait grimacé et regardé ailleurs, à sa place, et marmonné. Car il sait bien qu'il ne fait que ce donner des excuses pour ce qu'il a fait quand il est ici. Et pour se sentir mieux. Mais ce n'est pas mon père qui est en face de moi... C'est cette femme qui me sert de mère et que je ne connaît même pas.

« C'est toi qui posait la question. Je ne fais que te répondre. »

Et comme je ne la connais pas, alors, je vais continuer d'accuser et de l'insulter à travers son époux. De la rendre coupable par rapport à ce qui se passe entre moi et mon père. La faire se sentir inutile, suite à cette conversation, lui faire comprendre qu'elle a perdu son temps... Ce serait déjà pas mal comme début, et comme motif pour faire en sorte qu'elle ne revienne jamais ici, non... ? Et puis, mon estomac est lourd, me fait mal, ma tête est tout aussi pesante et tourne à cause de la faim et de l'angoisse. Donc, dire des saloperies, ça me fait penser à autre chose, ça fait tenir le masque.

« Laisses-moi deviner... Il a fait tout un cinéma pour dire qu'il en avait marre, qu'il était au bout de sa vie à chaque fois qu'il devait se confronter à moi, que c'est trop dur, il a tellement chouiné que finalement, t'as dit «booh, ok, j'y vais, Grizzli » ! »

Décidément, rien en l'affecte, cette fichue pierre à forme humaine. Elle ne sourcile pas à la moindre provocation. Bon sang, j'étais là pour me défouler de mes rendez-vous chez le psy, pas pour me trouver dans une situation sembable ! Et, oui, je me plains. Même si je n'en ai aucun droit. Contrairement à d'autre qui passent leur temps à se flatter en descendant les autres, au moins, je m'en rends compte et je l'assume. C'est bien ce qui pose problème à mon psy et aux gens qui osent venir m'ennuyer. C'est lâche, c'est digne du dernier des enfoirés stupides, tout ce que vous voulez, mais c'est mon dernier rempart. Peu importe si j'outrepasse toutes les règles du respect et de la réserve. Je dois survivre.

« …Même si c'était ça, la raison, ton père est humain et il peut bien avoir des moments de faiblesse. »

Oh. Je vais pleurer. Pourquoi une personne aussi insensible qu'elle ose me faire la leçon sur le ressenti de mon père ? Si je tiens mon manque d'empathie de quelqu'un, c'est bien d'elle. Comment ça, c'est moi qui me donne le plus d'excuses, dans toute cette histoire ? Je ne vous entends pas derrière mon swag et mon absence de lucidité.

« Eh, sans blague, il ne sait faire que ça, être faible. Vous êtes mariés depuis combien de temps maintenant ? »
« Quel rapport ? Je vois pas où tu veux en venir. »
Martha s'est redressée et semble plus détachée qu'au début de notre « conversation ». Elle hausse les sourcils d'un air peu concerné. « C'est moi qui ait décidé de venir, je n'ai pas besoin de ton père pour prendre des décisions. » Un claquement de langue plus tard, elle a pu marquer une pause avant de reprendre. Son regard de reproche se calme un instant et regarde ailleurs, plus affecté et coupable. « Et accessoirement, il n'y a pas de raison qu'ils n'y ait que lui qui supporte tes humeurs alors qu'on t'a fait à deux. »

Quel dévouement. Wah. Je devrais presque applaudir. 30 ans après, ils se rappellent qu'ils sont parents. Super. Je suis ravi. Ra-vi.

« Oh, c'est si mignon. C'est lui qui t'as mis cette idée dans la tête ? Ou bien tu t'es rappelée que t'avais des gosses, 30 ans plus tard ? »

Et le pire, c'est que je crois qu'elle commence à être amusée de ma provocation. Elle soupire une nouvelle fois. Avec dédain, ce coup-ci. Je n'aime pas vraiment la tournure que prennent les choses.

« Un jour tu comprendras qu'on est deux personnes distinctes. »

Appelles-moi « demeuré », pendant que tu y es.

« Merci, ça, je le savais. »
« Je comprend pas tes insinuations, alors. »


J'inspire profondément, m’affaisse dans ma chaise en levant les yeux au ciel. Pourquoi suis-je le seul à me rendre compte... ? Entre elle et mon psy, qu'est-ce qu'ils ont à croire à la sincérité du gros ?

« Oh, Mamounette, sérieux... Tu es aveugle. »
« Seulement myope. »


C'est bien ce qui me semblait, ça la fait dertainement marrer intérieurement. Elle ricanera moins quand elle comprendra, comme moi, que le type qui lui sert de mari est le dernier des connards.

« Tu piges pas que tu es complètement manipulée par ton dépressif de mari ? »


Elle n'a l'air ni surprise, ni affectée. Elle hausse les sourcils, et m'invite à continuer. Ou plutôt à m'enfoncer. Et j'y fonce. Tête baissée.

« Tu en as marre qu'il revienne d'Enola en faisant la tronche, qu'il chouine et qu'il se plaigne du fait que votre fils soit tombé si bas, qu'il soit en prison, il te fait tellement pitié que tu ferais tout pour qu'il aille mieux... Moi aussi, hein, je l'admet, il est très fort. Il a toujours l'air si coupable qu'on finirait presque par y croire ! »

Durant mon discours, l'expression de Martha n'a pas changé d'un pouce. Elle n'a pas bougé un cil.

« Moi, je sais que c'est du cinéma. Toi, t'es même pas capable de t'en rendre compte. »

Après quelques secondes de silence, ma mère articule un « waow » muet, puis regarde ailleurs en prenant une profonde inspiration. Son regard passe plusieurs fois de moi au vide, mais elle n'a visiblement rien à répondre à mes bêtises.

« ... C'est quoi ton problème ? »
« Oh, il me pose toujours cette même question. C'est dingue ce qu'il est insidieux, hein ? »


Là, en revanche, elle fronce de nouveau les sourcils et semble irritée. Elle se redresse sur sa chaise et me fixe en plissant les yeux.

« J'ai bien fait de venir, je peux mieux évaluer la situation ainsi. Pourquoi t'es aussi suspicieux ?! Helmut n'est vraiment pas fier de ce qui s'est passé... Et moi non plus. »
« Ouais, bah, j'espère bien, hein ! Et pourvu que ça dure. »


Elle se remet à grommeler et à soupirer. Elle se penche un peu et se gratte nerveusement le crâne, l'air confuse.

« C'est si difficile à admettre, qu'on veuille peut-être s'expliquer, et, j'en sais rien, moi, se faire pardonner ? »

Ah, voilà, on y arrive.

« Faudra faire mieux que ça. Et quand bien même, ça n'arrivera jamais. Je veux pas vous pardonner. Je veux juste que vous culpabilisiez à mort, souffriez en essayant, encore et encore, et en échouant. »


Un instant, j'ai ru qu'elle allait enfin cèder et se dresser pour m'engueuler. Elle a un mouvement vers l'avant, j'ai cru un instant qu'elle allait finalement m'incendier mais... Non. Quelle déception. On ne peut rien en tirer. J'aurais vraiment préféré voir le gros à sa place, lui au moins, il répond aux provocations.

« C'est bien ce que je dis... c'est quoi ton problème ? »
« Demandes à mon psy, il a déjà des idées assez claires sur la question, et lui aussi, il pense que je vois tout en noir. »


Bon, ça commence à faire beaucoup de soupir. En un sens, y'a-t-il vraiment une réaction plus appropriée à mon comportement actuel... ? Probablement pas. Moi aussi, je suis fatigué.

« … Tu me rappelles ton père. »
« Oh, tu ne vas pas non plus te mettre au mélodrame, hein ? J'ai pas apporté de quoi noter ! »


Pitié. Je veux pas encore avoir affaire à la séance nostalgie qui ne veux rien dire.

« Quand on s'est rencontrés.. » Oh, non. « On était complètement amers et incapables d'admettre la sincérité des gens. On était toujours sur la défensive. Tout ça c'est... Tout ce que tu fais, c'est jeter ton propre dégoût de toi-même à la gueule des autres. Et prendre ton cas pour une généralité, accessoirement. »

Waaaah. Dis-moi des choses que j'ignore. Que...Quoi, comment ça « si je sais que j'ai des problèmes, pourquoi je ne cherche pas à les arranger » ? Ahah ! J'en vois au fond qui n'ont pas suivi !

« Je connais la chanson. Sauf que je ne culpabilise pas pas, moi. Je vous jure que je me regarde avec plaisir dans la glace et que jamais je ne me sentirais mal pour ce que j'ai fait ! Car après tout, c'est votre faute ! »

Hein, quoi, la logique ? Mais je n'ai jamais dit que c'était logique, hein... Dans tous les cas, ça énerve Martha. Enfin. Il aura fallu du temps mais j'ai bien fait de persévérer !

« Tu reproches à ton père d'inspirer la pitié, mais ne profites-tu pas aussi de ton propre malaise pour  te donner des excuses pour être cruel, accusateur, et profiter des gens à ta façon ? »
« Ah ! Je tiens de vous deux, il faut croire, alors ! »


Je n'aime pas le sourire narquois qui prend place sur le visage de la lunetteuse, d'un coup. Comme si je lui avais tendu la perche et donné exactement l'ouverture qu'elle attendait.

« En effet. Comme nous, tu es faible. »
« Pardon ? »


Mais-euuuuh ! Répêtes un peu, si tu l'oses, d'abbord, vilaine ! Non, en vrai, je suis véxé pour de vrai. C'est pas cool. Je rigole, je ne vais pas faire ma victime, hein, le monde n'est pas contre moi... C'est moi qui suis en croisade contre le reste des êtres humains, à ce qu'il paraît. Pourquoi ? Bah, j'en sais rien, moi, je vous répondrais que c'est parce que je suis né comme ça. Le bon sens quand à lui dira que c'est simplement que je suis pathétique, peureux et totalement bouché. Le bon sens est tout aussi simpliste que moi, dans ce cas. Voila qui est singulier.

« Si ce n'était pas le cas, alors pourquoi sans cesse mettre ça sur le dos de ton père. Tu compenses, admets-le. »

D'un mouvement vif, peu contrôlé, je m'affaise dans mon siège, les yeux révulsés vers le ciel. Ph, pitié, on a dit pas les violons !

« Haaaaan... »

Un râle d'ennui et de rage que je ne contrôle plus vraiment sort d'entre mes lèvres. Elle me pousse à bout, je ne veux plus l'entendre. Mes doigts forment alors un pistolet factice qui s'appuie sur ma tempe. Avec un « pan ! » je fais semblant de me tirer dans la tête, le faux flingue part en arrière, et moi, je m’affaisse sur le côté. Elle n'a pas plus déprimant comme réplique. Non, vraiment, je crois que je préfère passer la journée dans une fosse commune. Aussi vivement et brusquement que je me suis faussement flingué la tronche, je me redresse avec un sourire provocateur et me rapproche de la vitre.

« Tu aurais pu m'apporter du cyanure pour que je me suicide d'ennui si c'est pour avoir des conversations aussi déprimantes ! »

Martha a un mouvement de recul. Mon ton est de plus en plus agressif et je sens mes doigts fourmiller, ma tête qui tourne. J'ai l'impression que quelque chose me submerge, m'empêche de me contrôler. La blonde a remarqué mon malaise, je crois, et s'est tue. Le silence qui suit est tendue. Je crois qu'elle a remarqué que mon agressivité n'était pas feinte... Eh, s'il n'y a que ça qui marche avec elle pour lui faire comprendre des choses, je vais pas me gêner. En plus, ça la détendra. Ça a l'air de plus en plus la gêner, mon regard agressif, en plus.

« Quoi ? Je te mets mal à l'aise ? »


Mon sourire s'élargit alors que je tapote sans ménagement contre la vitre de plastique pour la ramener à la réalité. Elle relève vers le regard vers moi, l'air confiant. Tss... Y'a donc rien qui la fait frémir, cette conne ?! J'ai vraiment envie de la voir qui souffre un peu plus... En fait, ça fait bien longtemps que je n'avais pas ressenti cette adrénaline cruelle couler dans mes veines. Ah, on a voulu m'endormir avec ces foutus médocs, mais je suis toujours là.

« Bon, tu vas me répondre ? »

Je ne le vois pas, mais un maton placé à l'entrée a posé les yeux sur moi, et son corps s'est tendu, il est prêt à intervenir.

« Je t'ai assez entendu. Ça ne sert à rien de discuter plus longtemps avec toi. »


Elle compte se barrer comme ça.. ? C'est tout ?! Elle ne va même pas s'énerver ou souffrir un peu, cette vieille bique frigide ?! Si elle avait vraiment de bonne intentions en venant ici, elle pourrait au moins me faire se plaisir, non ? Poufiasse, je va t'apprendre à te barrer comme ça. Si c'est moi le lâche, alors elle, elle n'est pas mieux ! Cette fois, je me suis tendu, rapproché de la vitre plastifiée pour y cogner brusquement et avec force de mon poing. Je ressens une vive douleur dans mes phalanges qui me fait grimacer, et Martha se fige de nouveau devant la violence soudaine de mon comportement et de ce coup.

« Espèce de connasse, tu vas me faire le plaisir de pas te barrer comme ça. Ton enfoiré de mari a intérêt à voir que je t'ai-- »


Mon intention se voit totalement détourné par la présence dans mon dos qui m'enserre par derrière pour me repasser des menottes. Le maton a fini par sévir et appelle même ses copains au cas où il y aurait besoin. Brusquement, je pousse sur mes jambes pour me redresser et le sommet de mon crâne frappe le visage du maton qui recule en se tenant le nez, m'insultant au passage de tous les noms. Mais il n'est pas tout seul. D'autres arrivent et finissent de m'immobiliser. Derrière la vitre, Martha ne rate pas une seconde de la scène, elle est pétrifiée alors qu'on me plaque le visage contre la table et me tient les bras dans le dos pour m'attacher les poignets ensemble. Est-ce enfin de la panique, du regret que je vois dans ses yeux. Alors qu'on se prépare à me tirer par le col, un sourire cruel envahit mes lèvres. Au final, j'ai quand même gagné. Au final, j'ai quand même pu voir son visage déformé par le remords, à elle aussi, qui pourtant est si douée pour jouer l'impassibilité. Pourvu que cela lui serve de leçon et qu'elle ne revienne plus ici.

Quand à ma punition, elle fut plutôt ennuyeuse. On comprit que j'avais d'une manière ou d'une autre recraché mon traitement à l'insu des matons et cela m'est retombé dessus en plus de mon comportement au parloir. 15 jours de confinement en cellule disciplinaire individuelle, ça devrait me faire les pieds, à ce qu'ils disent. Pas de distractions, pas question d'aller jouer avec les copains. Bah. Au pire, je vais juste un peu m'emmerder et pleurer un peu, car il faut bien se sentir vivre de temps en temps.
Avec maman Martha.
Niveau de sel : au dessus de 9000.
Alexander Nagel-Jung
Alexander Nagel-Jung
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Mar 27 Mar 2018 - 11:41
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