In the Shadows.
ft Minuit & Brasier, PDV Mina, année 2014.
C'était une matinée comme tant d'autres, en soit. La Pension était ouverte depuis quelques semaines à peine, & j'accueillais depuis peu une petite harde de Malosse, partageant le terrain pour le moment simplement avec des Medhyèna et des Chacripan. Ainsi qu'avec les pokémons que certains dresseurs, mes premiers clients, me confiaient quelques temps. Le reste viendrait en temps & en heure bien sûr, mais c'était déjà un bon début. J'avais même eu mes premiers œufs. Un futur Medhyèna, & deux petits Malosse trônaient fièrement dans la Pouponnière encore bien vide pour le moment, mais cela commençait fort bien. Enfin, l'un des trois m'inquiétait tout particulièrement, & occupait depuis deux jours la toute première couveuse dont j'avais équipé mes installations : plus petit que la normale, il avait tendance à s'illuminer un peu trop souvent, un peu trop tôt. Le bébé semblait vouloir naître trop vite. Une impression qui se confirma bien vite, ce matin-là, alors que je visitais ma Pouponnière comme chaque matin pour un petit contrôle rapide. Cet œuf brillait trop, intensément & durablement. Fort typique ; mon ancien travail m'avait bien appris les signes. N'était-ce pas mon ancienne spécialité de Médecin Pokémon, après tout? Rapidement, j'approchais de la couveuse, ouvrant celle-ci. Dépitée ou pas, il me fallait bien admettre que je ne pourrais plus rien faire pour retarder l'échéance ; le tout premier nouveau-né de mon élevage allait naître un peu trop vite. Repoussant mon capuchon après m'être assurée d'un regard que Minuit avait bien refermé la porte derrière nous, je posais mes deux mains sur la coquille en un geste doux, apaisant. Quelques secondes plus tard, une toute petite Malosse se tenait sous mes paumes, toute recroquevillée sur elle-même, tremblante de froid, mais levant vers ma Noctali & moi-même de grands yeux emplis de confiance & d'affection ; un regard qui me transperça de part en part, alors que je la prenais dans mes bras & l'enroulait dans ma cape pour la réchauffer, murmurant des mots apaisants.
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Solène m'avait prêté son Arcanin. J'avais bien tenté de rendre la petite Malosse à ses parents, qu'elle puisse s'intégrer dans la harde & trouver auprès d'eux la chaleur dont elle avait cruellement besoin. Mais ceux-ci l'avaient rejetée. Trop petite, trop frêle sans doute. Minuit lui avait épargné de peu un vilain coup de croc par son intervention vive & efficace, mais la toute petite avait tout de même subi une belle griffure à l'oreille. Dépitée pour elle, je l'avais couverte de couvertures & mise au soleil, en la présence de mon cher Ziggy qui s'efforçait de lui offrir toute la chaleur qu'il pouvait ; mais sa température corporelle n'était évidemment pas suffisante pour réchauffer une petite chienne de type feu ne parvenant pas encore à le faire par elle-même. Alors j'avais appelé mon frère de cœur & mentor à l'aide, & celui-ci en réaction m'avait envoyé sa fille & son Arcanin. Arès était resté plusieurs jours, jusqu'à ce que la petite nouvelle-née parvienne à s'éloigner de lui sans grelotter, qu'elle soit même capable de cracher ses premières petites flammèches ; signe définitif que son corps parvenait enfin à réguler sa température. Mais ses parents la rejetaient toujours, sa mère plus particulièrement puisque finalement son père & les deux autres Malosses que j'élevais s'en fichaient un peu désormais ; & la petite se contentait d'observer la harde de loin quand je l'encourageais à aller avec eux, cachée dans l'ombre d'un des arbres du Bosquet. Avec le temps, je la découvrais très timide, peu assurée. Malheureusement, le rejet des siens aura sans doute joué dans ce trait de son caractère. Elle revenait toujours vers nous, chaque soir, après avoir passé sa journée solitaire à observer de loin ceux de son espèce. Alors petit à petit, je cessais de l'encourager à les rejoindre. & puis, Brasier était revenu.
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La toute petite Malosse avait eu très peur de lui, fier Démolosse, dans un premier temps. Mais il s'était montré très doux, très patient. C'était lui qui était venu la chercher, qui lui avait appris à lui faire confiance. Puisqu'elle ne rejoignait pas la harde, il l'avait prise sous son aile. Il lui avait enseigné comment se défendre, comment défendre la Pension. Il lui avait même appris comment s'interposer dans un conflit entre les pokémons appartenant à l'élevage pour l'arrêter, & elle s'était mise petit à petit à le faire ; du moins, tant que la harde de Malosse n'était pas en jeu. Car souvent dans ces cas-là, c'était sa mère qui était en tête, & la petite n'osait toujours pas lui faire face, laissant Brasier ou un autre calmer ces conflits-là. Malgré tous les efforts du chien des enfers, elle restait très timide, avec une certaine tendance à se dissimuler dans les ombres, souvent derrière lui.. Même s'il avait au moins réussi à lui faire gagner un peu d'assurance en tant que protectrice & gardienne de la tranquillité de la Pension ; ce même rôle que lui-même occupait, & pour lequel elle avait donc pu très aisément suivre son exemple.
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En vérité, je ne saurais dire à quel moment elle a réellement rejoint notre équipe, quittant définitivement le rang de « pokémon de l'Elevage du Tonnerre Nocturne » pour devenir « alliée de l'Hôtesse de Pension ». Je crois bien que c'était Brasier qui avait fini par lui proposer cette solution, ou bien Minuit peut-être. Ce sont eux deux en tout cas qui m'ont rejointe au salon de ma demeure, un beau matin comme tant d'autres dès l'aurore, entraînant pour l'un la petite Malosse dans son sillage, pour l'autre une Pokéball qu'elle me tendait fièrement. & je n'avais pas posé de questions, me fiant totalement à leur jugement, y songeant de toute manière depuis quelques temps -& la Noctali chromatique le savait parfaitement, bien sûr-. M'agenouillant devant la petite, je l'avais prise contre moi, comme le premier jour. Je lui avais parlé doucement, de la même manière, rassurante. J'avais quêté son avis, assuré que cela ne me gênerait en rien si tel était son choix. Je lui avais présenté la ball de capture, en un geste symbolique, sans pour autant activer le mécanisme. C'était elle-même qui l'avait fait, du bout de sa petite truffe. Ombre avait rejoint l'équipe officiellement, ce matin-là.
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