Les bourges

à la plage
Capture n°18

« Bon, on y va, là ? »

Tolan tira la manche de son oncle Zlatan qui bâillait encore alors qu’il s’est réveillé il y a environ 2h pour la visite de son cousin et de son neveu. Lionel et Illéas quittèrent des yeux leurs tasses de thé pour observer l’autre duo dont les t-shirts à l’éffigie de leurs groupes favoris auraient pu être assortis.

« Huh,  deux secondes, vas-y doucement avec ton vieil oncle. »
« Mais si on attend que la noblesse ait fini le thé le Hot Topic il sera fermé ! »

Tolan fit un geste vague dans la direction de son père et du coordinateur. Illéas ricana doucement dans sa tasse et Lionel émit un « hein, quoi » des plus niais, ce à quoi le père Green lui répondit qu’il lui expliquerait, après avoir traduit de l'anglais. Zlatan finit par se lever et avertit son partenaire qu’il partait devant avec son neveu et le Roque-Lartigue comprit rapidement que les deux avaient peut-être envie d’être tranquilles pour avoir leurs délires.

« Oui, d’accord alors-- euh… ok, so, wi will mitte you, euh, afteure ! »

Tenta le bleu en anglais, préoccupé de faire un peu plus d’efforts qu’il n’en faisait avant à ce niveau.  Ce n’est pas qu’il attendait des félicitations à ce égard (enfin, si, toujours un petit peu), seulement, après des mois, son esprit avait fini par percuter qu’il n’y avait pas de raison que ce soit toujours les autres qui parlent en français pour qu’il comprenne mieux. Zlatan adressa un sourire à son comparse et Tolan roula des yeux de manière excessive lorsque son oncle alla embrasser furtivement son copain avant de partir vers le chemin de la place conduisant au centre-ville.

Gaga l’espace de quelques instants, Lionel s’étira et reprit le grignotage des biscuits qu’Illéas avait ramené. Il l’aimait beaucoup, le père Green et avait été ravi que lui et Tolan passent les voir tandis qu’ils créchaient encore pour une petite semaine chez Soltan, à Cayagane.

« J’espère qu’il fera attention quand même, hm. Il était encore bien fatigué hier. »

Marmonna Lionel pour lui-même. A cela, le grand binoclard à ses côtés se recoiffa ses cheveux noirs grisonnants d’une mains puis lui répondit un « he’ll be fine » qu’il s’efforça de croire. C’est que depuis leurs récentes discussions, Lionel était un peu insécure au sujet de son copain et surveillait toujours un peu trop son attitude pour faire plaisir. Ça lui passera un jour, peut-être… au moins, il commence à en être un peu conscient.

Les deux gosses de riches traînèrent donc sur la terrasse en profitant du soleil de fin d’après-midi encore un petit moment en discutant du jardin et de la plage. Lionel fit d’ailleurs faire un petit tour à Illéas pour montrer ses plantes et ses Pokémon juste avant de partir vers le centre-ville à leur tour. Dantès, le Tenefix d’Illéas et Draupnir, celui de Lionel s’amusaient à sauter dans l’ombre de l’autre tout en emboîtant le pas à leurs humains.

« Au fait, s’il y a des choses que vous n’avez pas encore vu, je peux vous emmener ou vous prêter une carte pour le téléport ! »

J’en ai beaucoup trop, de ces cartes… en plus Zlatan rechigne encore à les utiliser car il est trop superstitieux avec ça !

Lionel rouvrit la conversation sur les activités de son poto à lunettes tant qu’il était à Enola.

« Oh, c’est vrai… j’irais bien voir le désert et les mines du sud mais Tolan n’est pas très motivé, pour les visites. »

Avec un « oooh ! » enjoué, Lionel commença à vendre un peu (en bon chauviniste) les quelques lieux touristiques du sud évoqués par Illéas. Évidemment, rester en ville ou juste prendre du bon temps sur la plage était aussi une très bonne manière de passer le temps.

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Lionel le premier admettra sans vraiment rougir que les visites ne sont pas son truc. S’il a choisi de vivre dans le sud, ce n’est clairement pas pour les ruines ou les mines mais bien pour profiter des plages toute l’année et profiter du soleil. Quand vienent les soirs d’été, même à Zazambes il lui arrive d’avoir froid, cela dit… c’est dans ces moments-là que le Roque-Lartigue se dit qu’il devient vraiment vieux, car il commence à dire des choses comme « où est mon châle il y a une petite fraicheur ce soir ». Ou alors c’est juste un argument pour piquer un bout du plaid de son copain afin de se blottir avec lui. Un peu des deux, de toute évidence.

« Oh, j’avoue que j’ai fait tellement de sorties scolaires aux mines quand j’étais jeune, il fut un temps où je connaissais les vidéos d’introduction par cœur et je les récitais. Mais ils les ont enfin changé récemment... après 25 ans ! Touenti yerz afteurre ! »

Le bleu sourit en coin, conscient que son anglais restait limité. Il se sentait un peu mal, d’avoir laissé ça de côté si longtemps alors que de son côté, Zlatan avait dû beaucoup plus pratiquer que lui. C’est que monsieur de maître coordinateur a tellement l’habitude qu’on lui traduise tout que… bref, maintenant, il avait envie de rendre la faveur et de reprendre ses bases d’anglais laissées un peu à l’abandon. Son horrible accent français ne disparaitra sans doute jamais, toutefois.

Ça m’apprendra à avoir dormi pendant les cours de langue !

« Enfin ! Si Tolan veut- if Tolan wantte tou sté at my… home… ? My maison, quoi. Euh. It iz good. »

Illéas parlant français, c’était finalement plus clair si le coordinateur continuait de parler dans sa langue maternelle. Le binoclard se contenta d’un sourire en coin un peu gêné en reprenant la parole, en français.

« Oh, non, ne t’embête pas avec ça. On ne veut pas vous déranger. »

Lionel secoua la tête négativement.

« Non, au contraire ça… ça nous fait du bien de voir un peu de monde ! On était un peu reclus ensemble depuis deux semaines et… enfin, ça nous a fait du bien mais, enfin, surtout de te voir, toi, c’est apaisant ! »

Les dernières semaines avaient surtout consisté en longues discussions, des fois sur des choses pas très importantes mais qui les avaient aidé à retrouver leur rythme. Clairement, le moral n’était pas toujours présent. Pas sûr de bien comprendre Illéas arqua un sourcil.

« Mais… tout va bien ? »

Lionel hocha la tête.

« Oui, ça va. Enfin, tu connais Zlatan. Il est fatigué et angoissé, il a besoin de temps, en plus, il n’est pas chez lui et j’ai tendance à être un peu rigide dans mes habitudes.»

Mais bon, j'ai commencé à me soigner. La nouvelle psy a l'air très gentille et moins malaisante que le précèdent.

« Puis, avant que tu vienne, on parlait de toi et de Soltan et ça lui a rapellé ce qu’il se sont dit la dernière fois et… enfin, tu sais. »

Le grand lunetteux croisa les bras et fronça les sourcils d’un air confus.

« Non, je-- »

Une voix stridente répétant des « gros connard ! » les interrompit. Ce n’était qu’un Pijako mais les insultes gratuites du volatile les laissa presque choqués. Heureusement, Draupnir et Dantès se hâtèrent d’aller chasser le perroquet bleu en feulant. Illéas soupira puis reporta son regard sur le quarantenaire qui s’est remis à rire.

« Je ne suis pas au courant, mais, qu’est-ce qu’il s’est passé avec Soltan… ? »

Oups. Je parle trop, moi. Je ne voulais pas mettre les pieds dans le plat !

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Mis face au mur, le bleu hésita tout de même à dire ce qu’il savait à Illéas. Il ne voulait pas foutre la merde entre le binoclard et son frère alors que les deux Green venaient de se retrouver. C’est que de ce qu’il sait, Lionel doute que le cousin de son partenaire prenne très bien  le fait que Soltan s’est comporté comme…

Hm… je ne sais pas s’il était tant jaloux à cause de sa possessivité que vraiment homophobe mais…

« Hmm… je ne sais pas si... »

Illéas croisa les bras et observa Lionel par-dessus ses lunettes, avec son meilleur sourire en coin de commère. Le coordinateur regardait ailleurs en faisant la moue, désormais, presque tenté de poker ses doigts entre eux d’un air embarassé.

« Je ne voudrais pas que ça… enfin… que vous vous preniez la tête entre frères à cause de ça ! »

Le cinquantenaire fronça les sourcils et croisa les bras, l’air un peu plus sérieux.

« C’est si grave que ça ? »
« Euh ! Non-- Oui-- je ne sais pas ! Je dis juste que… enfin, ça a affecté Zlatan sur le moment. Assez pour qu’il fasse la tête à son cousin depuis. »

Après un court silence, Lionel finit par craquer et par dire ce qu’il savait à Illéas. Le Green eut l’air un peu outré, mais pas vraiment surpris. Il se contenta de soupirer en levant les yeux au ciel. Le Roque-Lartigue se tendit légèrement comme s’il avait fait une bêtise.

« Enfin, euh, je dramatise peut-être ! Ne me prends pas trop au pied de la lettre. »

Mais Illéas n’avait pas l’air spécialement nerveux ou alors il le cachait très bien.

« Oh, no, this-- Soltan a toujours été comme ça. Il est… pénible, quand de nouvelles personnes entrent dans la vie de ses proches. »

Hm. Ça ne me paraît pas très sain, ça… enfin, ça ne me regarde pas. Quoiqu’il a vraiment un problème avec moi. Ça m’énerve un peu, j’aimerais bien qu’on puisse s’apprécier simplement, mais bon… je ne peux pas tout avoir, j’imagine.

« Ça lui passera. Do not loose your sleep over it. »

Illéas adressa un sourire apaisant au coordinateur qui fit de son mieux pour le traduire et le croire.

Ça veut dire quelque chose comme « ne te rends pas malade pour ça » ou « ne t’en préoccupe pas » il me semble-- Ah !! J’avais pris la bonne résolution d’arrêter de me mettre en position de me faire paterner par tout le monde !

« Je, euh… j’essaie-- i will traye. »

Le plus vieux envoya un sourire en coin à son ami gosse de riche qui avait l’air un peu rassuré. Zlatan ne lui en voudra sûrement pas d’en avoir parlé à Illéas, mais il faudra qu’il lui dise quand même, histoire d’être transparent.

En continuant de marcher et de discuter, les deux fans de Tenefix s’égarèrent dans d’autres discussions, Illéas parla plus amplement de Soltan, du fait qu’il avait été surprotégé enfant et qu’on avait clairement mis trop d’attente en lui et Illéas. Tout ça sonnait un peu familier pour Lionel et il se demanda, lucide l’espace de quelques secondes, si la raison pour laquelle Soltan avait tant de mal avec lui, c’était notamment car il lui rappelait son vécu… ? Illéas avait même dit quelque chose comme « de toute façon, Soltan n’assume même pas de vouloir de l’attention de la part de sa propre famille, maintenant ». Cela sonnait un peu triste aux oreilles du Roque-Lartigue, mais son attention fut rapidement détournée vers une adorable boule de poils en train de jouer dans le sable.

La vue de le Zigzaton aux couleurs un peu emo-punk ne put que rappeller certaines personnes aux deux hommes qui échangèrent un regard amusé.

« Ah ! Elle est adorable ! On dirait Tolan ! »

Illéas arqua un sourcil et émit un rire nerveux.

« Tolan, adorable ? On parle du même ? »
« Mais oui, il est adorable ! »

Probablement que Lionel réagit ainsi car il n’a qu’une relation d’oncle distant par procuration avec l’adolescent au look gothique. Le binoclard, pour sa part, s’approcha de la chienne bicolore qui remuait gaiement en les voyant arriver, marmonnant que si elle n’appartenait à personne, il la ramenerait bien à son fils, qui l’adorerait sûrement « comme il aime bien les « trucs emo-goth » ».

Oh, c’est trop mignon…

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Ah, moi aussi quand j’aurais des enfants je voudrais les gâter comme ça. Peut-être que je les gâterais beaucoup trop d’ailleurs, je devrais faire attention.

Le bleu sortit son téléphone en attendant que son ami termine d’échanger avec la Zigzaton ravie d’avoir de la compagnie. Les deux Tenefix réunis à ses pieds observaient le chien noir et blanc avec une certaine méfiance, probablement peu rassurés par l’énergie ténébreuse que cette dernière dégageait malgré le fait que… bon, elle avait l’air plutôt inoffensive en réalité.

Illéas s’était mis à caresser le toutou punk qui lui faisait la fête. Il finit par la prendre dans ses bras où elle se trouvait comme une bienheureuse. Lionel ne s’attendait pas à ce que le binoclard soit du genre à apprécier les bêtes, avec son look de vieux prof propre sur lui. Il s’autorisa à s’avancer pour grattouiller le ventre de la chienne bicolore.

Je préfère les chats, normalement, mais bon, elle est juste adorable.

Lionel suggéra à son accompagnateur de rejoindre le centre-ville pour retrouver les deux autres. Ils pourraient aller boire un verre ou prendre le goûter quelque part ensemble. En plus Draupnir commençait à geindre de vouloir s’arrêter quelque part pour grignoter et se refaire une beauté, surtout après avoir croisé un Machoc crâneur sur la plage a l’air fort fringant et fier de son physique. Il s’était d’ailleurs gentiment moqué en le montrant du doigt au coordinateur, l’air de dire « héhé on dirait toi quand tu fais le con sur la plage » et Lionel avait juste levé les yeux au ciel.

Ils arrivèrent sans tarder au port de plaisance et Lionel appela son copain pour savoir où les retrouver. Évidemment, les explications du Eriksen en « there is a fountain and a bar » étaient un peu vagues mais avec des noms de rues, le petit groupe ne tarda pas à se retrouver. A peine Illéas eut fait signe aux deux qui les attendait que son fils accourait pour voir la Zigzaton de Galar.

« OMFG ! Are you fucking serious ?! »
« Language. »

Très peu  préoccupé par l’idée de ne pas dire de gros mots dans l’absolu, Tolan continua de jurer émerveillement devant la petite chienne noir et blanche qui jappait joyeusement et remuait la queue la la vue de l’adolescent. Elle finit par grimper dans les bras de Tolan qui avait une expression béate sur le visage. Zlatan rejoint son copain et posa un bras contre l’épaule du coordinateur, l'expression mi-provocatrice, mi-faussement suppliante.

« Do you have something for me too ? »

Lionel haussa les sourcils sous le coup de la surprise puis se mit à rire.

« Sorry, I just have maye bioutifoul smaile. »

Le Eriksen fit mine d’être déçu en roulant des yeux mais ne put s’empêcher de glousser tandis que le bleu passait son bras autour de ses épaules et proposer d’aller manger un bout tous ensemble.

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